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officiers proches des idées <strong>du</strong> national-socialisme, connues sous la dénomination de « cercle Däniker-<br />
Wille ». 75 Dans le conflit qui a divisé non seulement Guisan et Wille mais aussi une partie de l’armée,<br />
c’est le camp de Guisan qui l’a emporté en exigeant la démission de Wille ce que ce dernier finit par<br />
accepter.<br />
Cette courte description de la carrière d’Ulrich Wille nous montre que l’homme qui a présidé la fondation<br />
de PJ pendant quarante-sept ans est une personnalité pour le moins problématique. Il ne fait aucun<br />
doute qu’il a des liens familiaux et politiques très forts en Allemagne et qu’il ne renie pas lors de<br />
l’avènement de Hitler au pouvoir, bien au contraire. Quant à connaître l’influence réelle qu’il a eue à PJ,<br />
respectivement à l’Œuvre, l’état des recherches ne permet pas de le dire. Dans l’étude de Walter<br />
Leimgruber et al., nous apprenons que le conseil de fondation ne se préoccupe guère de l’Œuvre ; entre<br />
1926 et 1973, elle n’est mentionnée que deux fois dans les procès-verbaux. Il reste tout de même une<br />
lettre de Wille dans laquelle il parle des « enfants de la grand-route ». En février 1929, il s’adresse en<br />
tant que président de la commission de fondation de PJ au Conseil fédéral pour solliciter une<br />
« subvention prise sur les fonds fédéraux » en faveur de l’Œuvre. Dans sa longue lettre, il décrit l’action<br />
entreprise :<br />
« Nous avons pu, dans le laps de temps de deux ans et demi, grâce à l’Œuvre d’entraide pour les enfants de la<br />
grand’route mise sur pied dans ce but, éloigner d’un milieu néfaste plus de cents enfants menacés et manquant de<br />
soins qui n’avaient jamais connu jusque-là les bienfaits de l’école régulière et garantie, ni aucune autre forme<br />
d’assistance et les confier à d’honnêtes parents nourriciers ou à des institutions bien tenues. »<br />
Plus loin, Wille expose que pour l’administration de l’Œuvre, PJ a renoncé au principe de<br />
décentralisation (cf. plus bas). Elle est dirigée « à partir de sa centrale » qui est Zurich. Car, explique-til,<br />
contre « le mal » la « communauté suisse toute entière » doit s’engager. C’est « en implantant [les<br />
enfants] dans un entourage adéquat » qu’on parviendra à combattre « dès la prime jeunesse leur<br />
tendance héréditaire à voyager et à ne rien faire ». 76 En annexe, il joint l’« arbre généalogique de la<br />
famille Fecco ». Comme les Zero et les Markus, les Fecco font partie des familles dont on a dressé<br />
l’arbre généalogique et, comme nous le voyons dans ce cas-ci, ce document est diffusé comme preuve<br />
<strong>du</strong> caractère héréditaire <strong>du</strong> nomadisme. Ces arbres généalogiques ont apparemment circulé librement<br />
parmi les gens intéressés à l’Œuvre, comme nous le verrons aussi plus loin.<br />
75 Willi Gautschi, General Henri Guisan. Die schweizerische Armeeführung im Zweiten Weltkrieg, Zürich 1989,<br />
pp. 493 ss.<br />
76<br />
Nicolas Meienberg, Le délire général. L’armée suisse sous influence, trad. de l’allemand, Genève 1988, pp.<br />
197-200. Cette lettre a été ren<strong>du</strong>e publique grâce à l’action de Nicolas Meienberg de faire photographier des<br />
documents de la famille Wille lors d’une exposition à Meilen en 1987.<br />
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