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« débilité mentale ». 10 A l’hérédité, s’ajoute un autre facteur : la criminalité. C’est ainsi que Hans Steck,
psychiatre vaudois, directeur de Cery de 1936 à 1960, affirme :
« La criminalité des faibles d’esprit est beaucoup plus grande que la criminalité des schizophrènes par exemple. C’est
parmi les faibles d’esprit que se recrutent les vagabonds, les prostituées, les assistés de toute sorte, les profiteurs
d’assurance. » 11
Dans les descriptions des différentes familles tziganes, un nombre considérable de personnes sont
signalées comme « simples d’esprit » et perverses. Or, cette catégorisation se retrouve aussi en
psychiatrie dans les années 1900-1930, comme nous le montre très clairement Philippe Ehrenström12 dans son article très intéressant sur le regard des aliénistes vaudois et genevois sur les aliénés durant
les trente premières années du 20e siècle. Il nous livre leurs réflexions sur ce mal également appelé
« oligophrénie » : selon le médecin adjoint et futur directeur de la clinique psychiatrique Bel-Air à
Genève, Ferdinand Morel13 , il comprend « les idiots, les imbéciles et les débiles mentaux et moraux » 14 .
Il est en général associé à un autre mal désigné comme « constitution perverse ». La constitution
perverse désigne « l’individualité dans la totalité de ses éléments héréditaires, tels qu’ils existent dès la
naissance » :
« Elle groupe des individus dont le comportement donne lieu à des conflits répétés avec la morale. Catégorie mal
définie qui est lieu de rencontre de débiles mentaux et moraux congénitaux. » 15
Comme le montre très bien Philippe Ehrenström, toute personne dont le comportement est réprouvé par
la morale sera désignée comme étant de constitution perverse. Alfred Siegfried par exemple, dans son
livre publié après sa retraite, décrit parfaitement la voie qui conduit une petite fille de huit ans à être
taxée comme appartenant à la catégorie des « débiles mentaux et moraux congénitaux » :
10 Steck, Hans : « Eugénisme et stérilisation », in : Société de patronage des aliénés et ligue d’hygiène mentale
du canton de Vaud, 1936 (tiré à part), p. 13.
11
Steck, H., « La pratique de la stérilisation légale des anormaux psychiques dans le canton de Vaud », in :
Revue médicale de la Suisse romande, LVe année, n° 13, 25 novembre 1935, (tiré à part) p. 881.
12 Ehrenström, Philippe, « Regards aliénistes dans les cantons de Vaud et Genève, de la fin du XIXe siècle aux
années 1930 », in Equinoxe, n° 3, Printemps 1990, p. 169.
13
Ehrenström, Philippe, « Regards aliénistes dans les cantons de Vaud et Genève, de la fin du XIXe siècle aux
années 1930 », in Equinoxe, n° 3, Printemps 1990, p. 171. Les réflexions de F. Morel sont tirées d’une
conférence qu’il a prononcée en 1932.
14 Ehrenström, Philippe, Regards aliénistes dans les cantons de Vaud et Genève, de la fin du XIXe siècle aux
années 1930, in Equinoxe, n° 3, Printemps 1990, p. 171.
15 Ehrenström, Philippe, « Regards aliénistes dans les cantons de Vaud et Genève, de la fin du XIXe siècle aux
années 1930 », in Equinoxe, n° 3, Printemps 1990, p. 171.
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