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Cahier du CEDIC no3.pdf

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mémoires, il est devenu clair que c’est le regard des étudiantes posé sur les familles de Tziganes qui<br />

est pertinent et non pas leur analyse <strong>du</strong> milieu des gens <strong>du</strong> voyage. Leur regard reflète un mode de<br />

pensée qui a dominé non seulement l’action de l’Œuvre des enfants de la grand-route mais aussi une<br />

partie de la société telle que nous l’avons montrée au chapitre sur Pro Juventute.<br />

Nous nous poserons également un certain nombre de questions sur le contenu de leurs travaux. Les<br />

arbres généalogiques établis par Jörger et Siegfried sont-ils repris? Sont-ils repris tels quels ? Ou les<br />

étudiantes ont-elles tout de même accompli un travail personnel basé sur l’observation et l’étude de<br />

cas, par exemple ? Quelles sont les solutions préconisées pour pallier ce qui est perçu comme une<br />

situation catastrophique ?<br />

Et après la Seconde Guerre mondiale, peut-on constater une rupture dans le style et le contenu des<br />

écrits ? Il n’est pas possible d’omettre cette question. A l’école sociale de Genève, aucun mémoire<br />

traitant de ce sujet après 1945 n’a pu être retrouvé. Cela pourrait avoir deux causes : en premier lieu,<br />

l’action de l’Œuvre n’a presque pas touché la Suisse romande. A Genève, par exemple, seule une<br />

personne aurait été victime de l’Œuvre. 125 Nous avons aussi vu plus haut que le conseiller d’Etat<br />

neuchâtelois Edgar Louis Renaud s’est plaint <strong>du</strong> peu d’intérêt que l’Œuvre porte à la Suisse romande.<br />

En deuxième lieu, nous avons constaté qu’avec le départ de la directrice, Marguerite Wagner-Beck, les<br />

échanges avec la Suisse alémanique sont devenus moindres.<br />

Par contre, nous avons trouvé trois mémoires terminés dans les années 1950 et 1960 à la<br />

Schweizerische sozial-caritative Frauenschule à Lucerne. Ces trois mémoires nous intéresseront en<br />

rapport avec le génocide perpétré contre les Tziganes par les nazis en nous nous demanderons si cet<br />

événement a marqué une borne dans le discours sur les Tziganes. Nous savons déjà que l’Œuvre a<br />

continué son action après la guerre comme si rien ne s’était passé. Leimgruber et al. nous le disent<br />

avec émotion :<br />

« Il est bouleversant de lire avec quel naturel, il [Siegfried] continue d’argumenter après 1945 avec le même vocabulaire<br />

et comment les théoriciens dont ils s’est inspiré continuent d’être cités sans le moindre scrupule. » 126<br />

125<br />

Walter Leimgruber, Thomas Meier, Roger Sablonnier, L’Œuvre des enfants de la grand-route, Archives<br />

fédérales, dossier n° 10, Berne 2000, pp. 50-51. Les auteurs de ce rapport constatent d’ailleurs : « En Suisse<br />

romande, les institutions officielles sont manifestement peu enclines à collaborer avec le Secrétariat général de<br />

Pro Juventute à Zurich. Il reste cependant difficile de savoir si leur manque d’empressement reflète une autre<br />

conception concernant le placement d’enfants, une autre attitude à l’égard des gens <strong>du</strong> voyage, voire une<br />

susceptibilité fédéraliste à l’égard de l’activité centralisatrice <strong>du</strong> Secrétariat général de Pro Juventute à Zurich. »<br />

126 Walter Leimgruber, Thomas Meier, Roger Sablonnier, L’Œuvre des enfants de la grand-route, Archives<br />

fédérales, dossier n° 10, Berne 2000, p. 60.<br />

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