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Le Hull disparu, partie 2

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~ IHRO--------------<br />

IL NE<br />

FAUT<br />

Démolir<br />

l'église NOTRE-DAME_~~~~~~L<br />

SI vous VOULEZ APPUYER LE MOUVEMENT<br />

(IL NE FAUT PAS DÉMOLIR L'ËGLISE NOTRE-DAME)<br />

COMMUNIQUEZ AVEC<br />

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE L'OUEST DU QUÉBEC,C.P. 7, HULL, QUÉBEC<br />

22


-------------------------------------------------IHRO<br />

La paroisse<br />

Notre-Dame-de-Grâce<br />

de <strong>Hull</strong><br />

Romuald Boucher<br />

o.m.i. Directeur des<br />

Archives Deschâtelets.<br />

La paroisse Notre-Dame-de-Grâce<br />

de <strong>Hull</strong> fut, pendant plus d'un siècle,<br />

une grande paroisse ouvrière débordant<br />

d'activités. On peut percevoir cette réalité<br />

à travers l'étude de quelques-uns de<br />

ses édifices. C'est le but de ce court<br />

article.<br />

A peine arrivés à Bytown, en 1844,<br />

les Oblats de Marie-Immaculée sont<br />

invités à s'occuper de la petite population<br />

qui habite l'autre côté de la rivière.<br />

Il s'agit d'une population hétérogène<br />

composée principalement d'indiens et<br />

de blancs: protestants, anglais et français<br />

catholiques. La grande majorité<br />

des citoyens étaient soit des ouvriers<br />

employés aux moulins installés près des<br />

Chaudières, soit des gens de passage<br />

qui demeuraient en grande <strong>partie</strong><br />

durant l'année dans les chantiers des<br />

forêts environnantes. C'était une population<br />

pauvre et accepter de les desservir<br />

adéquatement, c'était se résigner à<br />

vivre dans d'énormes dettes et pour<br />

longtemps. Pour le clergé se fixer à <strong>Hull</strong><br />

n'avait donc rien d'attrayant et de prometteur.<br />

En 1840, pour accéder au<br />

désir de R. Wright, M. Brady avait fixé<br />

sa résidence à Wrighstown (<strong>Hull</strong>); il<br />

s'agissait d'une sorte de cabane qu'il<br />

transforma en chapelle-presbytère. Il<br />

Église Notre-Darne incendiée en 1888.<br />

Archives Deschôtelets, Ottawa.<br />

caressait bien le désir d'y ériger une<br />

église mais la population des villages<br />

des alentours s'y opposèrent vivement<br />

et il quitta tout.<br />

Chapelle des chantiers<br />

C'est peu après, en 1845, que le<br />

père Eusèbe Durocher, o.m.i. entre en<br />

scène. Il faut d'abord un lieu de réunion,<br />

une chapelle :<br />

«Une chapelle bâtie à la tête des Petites<br />

Chaudières, nous serait presque nécessaire.<br />

Toutes les cages de l'Ottawa<br />

passent là, ilfaut qu'elles y séjournent<br />

cinq à six jours au moins pour attendre<br />

leur tour pour sauter les Petites Chaudières<br />

... .Lorsque nous sommes montés<br />

la dernière fois nous en avons réuni<br />

au moins une centaine dans une petite<br />

maison, il était impossible de s'asseoir,<br />

23<br />

~<br />

nous leur avons dit la messe le matin, et<br />

nous serons obligés de continuer à y<br />

aller de temps en temps; mais c'est<br />

gênant dans une maison particulière.<br />

Cette chapelle dédiée à la Sainte<br />

Vierge et ornée convenablement pourrait<br />

devenir un pélerinage, où les uoyogeurs<br />

qui montent et qui descendent se<br />

mettraient sous la protection de celle<br />

qui est à juste titre appelée l'Étoile de la<br />

mer et le refuge des pécheurs» (Durocher<br />

à Guigues, 20 mai 1845)<br />

En 1846, M. Ruggles Wright donne<br />

un terrain de cent trente-deux pieds par<br />

soixante-quatre, situé au coin des rues<br />

Laurier et Salaberry. Une souscription<br />

auprès des enfants de la forêt rapporta<br />

mille dollars. <strong>Le</strong> 28 mai, on' commence<br />

les travaux et quinze jours plus tard la<br />

chapelle est prête à recevoir ses pre-


~<br />

IHRO------------------------------------------------~---<br />

miers fidèles. Mgr J.c. Prince, évêque<br />

auxiliaire de Montréal, a béni l'édifice le<br />

12 juillet 1846; ill'a dédié à Notre-Damede-Bonsecours.<br />

La chapelle mesurait<br />

quarante pieds sur vingt pieds. <strong>Le</strong> bâtiment<br />

avait deux étages. La <strong>partie</strong> supérieure<br />

était sans division, inachevée,<br />

n'ayant comme ornement qu'un petit<br />

autel en bois, et, pour décorations, que<br />

les quatorze tableaux du Chemin de la<br />

Croix. Dans le bas, on avait aménagé<br />

une salle spacieuse pour la commodité<br />

des jeunes gens qui y trouvaient des<br />

beaux lits comme dans les chantiers.<br />

La chapelle avait coûté 937,65 $. A<br />

deux reprises, elle fut agrandie par le<br />

père Frain d'abord et ensuite par le père<br />

Reboul qui y ajouta un transept et une<br />

petite sacristie. Elle pouvait ainsi accueillir<br />

deux cents personnes. Également<br />

une galerie extérieure, faisant face à<br />

Ottawa, fut construite un peu plus tard.<br />

<strong>Le</strong>s pères et même Mgr Guigues prêchaient<br />

souvent de cette chaire improvisée<br />

aux gens réunis devant la chapelle.<br />

Un petit clocher surmontait l'édifice.<br />

A partir de 1855, une messe y fut<br />

célébrée à tous les dimanches soit par<br />

les pères du Collège d'Ottawa, soit par<br />

ceux de la Cathédrale.<br />

Après la construction de la première<br />

église, la chapelle des chantiers<br />

fut convertie en école, la Petite école<br />

rouge, et les Soeurs de la Charité d'Ottawa<br />

traversaient la rivière chaque jour<br />

pour y donner l'enseignement.<br />

Première église<br />

En 1860, <strong>Hull</strong> prend un essor<br />

remarquable. C'est un village de grande<br />

envergure qui commence à se former.<br />

<strong>Le</strong>s industries sont en plein progrès.<br />

Des ouvriers d'Ottawa cherchent refuge<br />

à <strong>Hull</strong>. La population française et catholique<br />

augmente. <strong>Le</strong> village de <strong>Hull</strong> est<br />

érigé en mission sous le patronage de<br />

Notre-Dame-de-Bonsecours, le 1er<br />

novembre 1861. Il n'y a pas à hésiter; il<br />

faut à <strong>Hull</strong> une paroisse bien organisée,<br />

il faut d'abord une église.<br />

En 1868, le père Reboul commença,<br />

sur les plans de l'architecte <strong>Le</strong>cours, la<br />

construction d'une vaste église en<br />

pierre. L'année suivante , en 1869, le<br />

soubassement du nouveau temple fut<br />

livré au culte et vers la fin de 1870, Mgr<br />

Guigues eut la joie de procéder à la<br />

bénédiction solennelle de l'église.<br />

La population de <strong>Hull</strong> était alors de<br />

8 318 habitants dont 3 857 de langue<br />

anglaise. La paroisse Notre-Dame de<br />

<strong>Hull</strong> fut érigée canoniquement en 1871<br />

et confiée aux Oblats de Marie Immaculée.<br />

L'église cependant n'était pas<br />

encore terminée. Voici ce qu'en dit son<br />

curé:<br />

«L'église n'a 'que les quatre murs et<br />

manque de voûte, le choeur est aussi à<br />

faire. Pour la sacristie on latte les murs<br />

pour le plâtre; cette sacristie sera une<br />

des plus belles du Canada. Au dessus<br />

de la sacristie ily a une grande salle qui<br />

servira de réunion pour les Congrégations<br />

.... Actuellement la situation est<br />

assez triste. Dans la semaine onfait les<br />

offices dans le soubassement qui est<br />

une véritable cave. On dit qu'il y a 8 000<br />

âmes dans <strong>Hull</strong>. <strong>Le</strong> village est immense.<br />

<strong>Le</strong> flat (le flat <strong>Le</strong>breton, à Ottawa)<br />

dépendra aussi de nous; ainsi que la<br />

<strong>partie</strong> canadienne de la haute oille.»<br />

(Charpeney, lettre du 6 décembre<br />

1871).<br />

Pour continuer, on songe à obtenir<br />

le concours de M. Georges Bouillon,<br />

Église Notre-Darne incendiée en 1888.<br />

Archives Deschôtelets, Ottawa.<br />

24<br />

prêtre du diocèse et architecte, pour<br />

terminer les plans de l'église. Ce dernier<br />

fera, en effet, les plans de l'intérieur de<br />

l'église en s'inspirant de ceux de l'église<br />

de Lowell,au Massachussetts, construite<br />

par le père André-Marie Garin, o.m.i.<br />

<strong>Le</strong> 15 février 1871, les exercices commencent<br />

dans la nouvelle sacristie. On<br />

continue les travaux en 1872. A l'église<br />

primitive, qui mesurait cent vingt pieds<br />

sur cinquante-trois, et à la sacristie de<br />

soixante-quinze pieds sur quarante, on<br />

ajoutait un sanctuaire de soixantedouze<br />

pieds sur cinquante. Ilne restera<br />

plus que l'ameublement et l'embellissement.<br />

<strong>Le</strong> 24 mai 1874, un événement<br />

important eut lieu; on assista à la première<br />

messe pontificale dans l'église<br />

Notre-Dame. Elle fut chantée par Mgr<br />

Alexandre Taché, o.m.i., archevêque<br />

de Saint Boniface. En 1888, on projetait<br />

de faire construire un jubé dans la chapelle<br />

des Congrégations. Malheureusement,<br />

la même année, église et presbytère<br />

furent anéantis par un incendie qui<br />

détruisit une <strong>partie</strong> de la ville.


,.<br />

____________________________________________________ IHRO<br />

tglise et presbytère Notre-Dame.<br />

Archiues Deschâtelets, Ottawa.<br />

Premier presbytère<br />

Loger les pères lors de la fondation<br />

de la paroisse en 1870 fut tout un problème.<br />

Ils résidèrent d'abord dans une<br />

maison appartenant au notaire Tetreau,<br />

rue Inkerman (par la suite rue Champlain),<br />

qui en 1892 est devenue la résidence<br />

de Stanislas Simon. Après bien<br />

des tergiversations, les Oblats de <strong>Hull</strong><br />

prennent enfin possession de leur nouvelle<br />

maison. On était chez soi dans un<br />

édifice de cinquante-cinq pieds sur<br />

quarante-six. <strong>Le</strong> 4 mai 1876 Mgr Duhamel<br />

autorise l'installation du chemin de<br />

croix dans la chapelle intérieure de la<br />

maison de <strong>Hull</strong> qu'on appelle la chapelle<br />

Saint-Hyacinthe. On y demeura à peine<br />

seize années car un incendie vint tout<br />

ravager. Après l'incendie, une dame<br />

Bouliane offrit aux pères la moitié de sa<br />

maison. Ils y demeurèrent quelque<br />

.temps pour déménager ensuite dans<br />

une petite maison de bois attenante à<br />

l'Oeuvre de jeunesse, au coin des rues<br />

Albion et Victoria.<br />

Deuxième église<br />

Malgré un état financier assez précaire,<br />

le père Cauvin, alors curé de la<br />

paroisse, entreprit néanmoins la reconstruction<br />

de l'église et du presbytère. <strong>Le</strong>s<br />

plans des architectes Roy et Gauthier<br />

furent acceptés; le contrat de la maçon-<br />

nerie fut donné aux entrepreneurs Prénoveau,<br />

T urcot et Martineau et celui de<br />

la charpente fut adjugé à M. Bourque de<br />

<strong>Hull</strong>. Dès octobre 1888, on s'affaire au<br />

déblaiement du terrain; tandis que le 27<br />

mars 1889, les fondations du presbytère<br />

et de l'église sont commencées. <strong>Le</strong> 15<br />

septembre, Mgr Duhamel bénit la<br />

pierre angulaire de l'édifice et le père<br />

Augier, provincial, donne le sermon de<br />

circonstance. La construction va rondement<br />

tant et si bien que la communauté<br />

des Oblats prend possession du<br />

presbytère le 21 décembre de la même<br />

année. <strong>Le</strong>s murs de l'église sont terminés<br />

à l'automne de 1890 et la toiture au<br />

début de décembre. <strong>Le</strong>s travaux de l'intérieur<br />

sont confiés à MM. Paquet et<br />

Godbout de Saint-Hyacinthe. <strong>Le</strong> soubassement<br />

est ouvert au culte le30 août<br />

1891. <strong>Le</strong> dimanche 25 décembre 1892,<br />

l'église était à son tour ouverte au culte<br />

et bénite par Mgr l'Archevêque d'Ottawa.<br />

L'église de <strong>Hull</strong> passait alors pour<br />

la plus belle du diocèse et de beaucoup<br />

le plus magnifique monument de la ville.<br />

<strong>Le</strong> clocher s'élève à deux cent soixante<br />

pieds dans les airs; la longueur du temple<br />

est de cent quatre-vingt-dix pieds, la<br />

largeur en est de soixante-quinze dans<br />

la nef et de cent au transept. La voûte<br />

s'élève à soixante-neuf pieds de hauteur.<br />

<strong>Le</strong> sous-sol mesurait dix-sept<br />

25<br />

pieds de hauteur, contenait trois cent<br />

soixante-di x-huit bancs de trois places,<br />

de quoi accommoder près de milledeux<br />

cents personnes. L'église a cinq nefs et<br />

peut contenir deux mille personnes<br />

assises. Malgré ces dimensions imposantes,<br />

l'église de <strong>Hull</strong> suffisait à peine à<br />

recevoir les paroissiens. A la toute fin<br />

du dix-neuvième siècle, la ville de <strong>Hull</strong><br />

comptait 12 000 âmes en grande majorité<br />

de religion catholique et de langue<br />

française (2 269 familles dont 67 irlandaises).<br />

Voici comment M. Lucien<br />

Brault dans son ouvrage <strong>Hull</strong>, 1800-<br />

1950, p. 219, nous décrit cette église:<br />

<strong>Le</strong> 25 septembre 1892 Mgr Thomas<br />

Duhamel, archeuêque d'Ottawa, bénissait<br />

solennellement la nouuelle église<br />

Notre-Dame-de-Grâce. <strong>Hull</strong> possédait<br />

un temple qui faisait honneur aux<br />

paroissiens, aux desseruants et à la<br />

uil/e. De style romano-byzantin, auec<br />

sa pierre à bosses, ses coins piqués au<br />

marteau, ses longues fenêtres à plein<br />

ceintre, ses rosaces, sa tour monumentale<br />

et son clocher à jour s'élançant à<br />

260 pieds, l'église est un monument<br />

imposant. Sa crypte est tout entière au<br />

dessus du rocher sur lequel l'église<br />

repose. A l'intérieur on y trouve le<br />

maître-autel auec ses marbres et ses<br />

dix colonnes de prophyre, ses basreliefs<br />

et son tabernacle en onyx du<br />

Mexique, dont la porte est de bronze<br />

émaillé, au dessus de l'autel une statue<br />

de Notre-Dame-de-Grâce, de quinze<br />

pieds de hauteurs, une double sacristie,<br />

auec ses chasubiers et ses uestiaires,<br />

cinq nefs régulières, de longues<br />

rangées de bancs, des fenêtres de<br />

uingt-cinq pieds, une uoûte haute de<br />

soixante neuf pieds: le tout porte au<br />

recueillement»<br />

/1<br />

'"""<br />

Ëglise Notre-Dame.<br />

Archiues Deschâtelets, Ottawa.


-- IHRO-------------------------------------------------------<br />

Ce magnifique temple avait coûté<br />

200 000 $. On n'avait au départ que<br />

37 491,84 $. Malheureusement le 12<br />

septembre 1971, il subissait le même<br />

sort que le premier; ildisparaissait dans<br />

un violent incendie.<br />

Voici ce qu'on lit sur une plaque<br />

mise au profit des touristes sur le site de<br />

l'ancienne église:<br />

«Trois clochers se sont succédés sur<br />

cet emplacement. La première église<br />

catholique de <strong>Hull</strong>, une simple chapelle<br />

de mission appelée chapelle des chantiers<br />

et dédiée à Notre-Dame des voyageurs,<br />

fut construite en 1846, à l'angle<br />

sud-est de ce quadrilatère et devient<br />

plus tard l'école Saint-Etienne. L'accroissement<br />

rapide de la population<br />

catholique suscita la construction<br />

d'une grande église et d'un presbytère<br />

que le père Delisle Reboul fit ériger<br />

entre 1868 et 1872 à l'ouest de l'ancienne<br />

chapelle. Cette grande église,<br />

dont le clocher nefut jamais complété,<br />

avait des dimensions semblables à<br />

celle qui fut érigée sur les mêmes fondations<br />

après l'incendie du 5 juin 1888.<br />

Elle occupait le même espace mais faisait<br />

face à la rivière et à ce qui est<br />

devenu aujourd'hui la rue Laurier.»<br />

Après ce désastre une période<br />

d'hésitation suivit. Comment remplacer<br />

l'église? La restauration des ruines<br />

fut considérée comme un projet trop<br />

coûteux et l'idée fut abandonnée. Un<br />

plan pour insérer une chapelle dans un<br />

complexe commercial ou domiciliaire<br />

n'eut pas de suite. Entre temps les<br />

messes sont dites d'abord à l'Ëcole normale<br />

et au presbytère. On étudie la<br />

situation. Ëtant donné le manque de<br />

prêtres, le déplacement d'une large part<br />

de la population, la forte baisse de la<br />

pratique religieuse, le coût de plus en<br />

plus élevé de l'entretien des édifices, on<br />

décide, en 1972, de regrouper les quatre<br />

paroisses de 11lede <strong>Hull</strong> - Notre-<br />

Dame-de-Grâce , St-Rédempteur, Ste-<br />

Bernadette et Sacré-Coeur - dans ce<br />

qu'on a appelé Zone de Ille de <strong>Hull</strong>.<br />

Enfin la paroisse Notre-Dame de<br />

Ille, comprenant les quatre paroisses<br />

mentionnées, a été érigée par decret de<br />

Mgr Adolphe Proulx, évêque de Gatineau-<br />

<strong>Hull</strong>, le 7 juin 1982.<strong>Le</strong>s dites paroisses<br />

deviennent des communautés chrétiennes<br />

avec chacune leur lieu de culte<br />

mais sous la direction d'un seul curé.<br />

Pour la communauté Notre-Dame, le<br />

lieu de culte se trouve au 103,rue Fron-<br />

tenac. Il s'agit d'une salle très modeste<br />

qui peut accommoder au plus une cinquantaine<br />

de personnes. <strong>Le</strong> dimanche<br />

on ne célèbre qu'une seule messe. La<br />

communauté des Oblats qui dessert cet<br />

ensemble demeure au presbytère du<br />

Sacré-Coeur, au llS, boulevard du<br />

Sacré-Coeur.<br />

Deuxième Presbytère<br />

<strong>Le</strong> père Alexandre Faure dans un<br />

rapport adressé au supérieur général<br />

en 1904et paru dans les Missions de la<br />

Congrégation des Oblats de Marie<br />

Immaculée en mars 1904,nous décrit<br />

ainsi le presbytère:<br />

«Ilest parfait. <strong>Le</strong> Père Cauvin l'a voulu<br />

grand, spacieux, aéré, commode, bien<br />

chauffé, bien situé. Avec l'église, les<br />

dépendances où logent un gardien et<br />

sa famille, avec son jardinet et un boulingrin<br />

que garde une statue de Marie<br />

Immaculée, iloccupe entre quatre rues<br />

un espace de 12 lots. La façade est<br />

masquée par un carré de maisonnettes,<br />

mais à l'opposé, du côté du<br />

Presbytère Notre-Dame en 1975.<br />

Archiues Deschâtelets, Ottawa.<br />

26<br />

soleil levant, une galerie extérieure, qui<br />

nous dérobe aux regards trop curieux,<br />

nous offre un beau coup d'oeil: c'est<br />

l'Ottawa où se croisent l'antique canot<br />

d'écorce, relique du scolasticat, et le<br />

yatch dernier modèle; le pont «Afexondra»<br />

où se pressent tramways, piétons,<br />

voitures, trains à vapeur; les flèches<br />

jaunies de la cathédrale, le grand couvent<br />

des Soeurs Grises, la colline du<br />

Parlement, etc. La cuisine et le service<br />

de la maison sont confiés à trois<br />

bonnes filles qui font reluire partout<br />

une propreté parfaite, tandis que nos<br />

frères convers s'occupent de la sacristie,<br />

de l'église, du jardinage et gardent<br />

la porte. Au troisième, une bibliothèque<br />

bien montée offre à nos pères toute<br />

facilité pour l'étude, la préparation des<br />

instructions et des conférences théologiques.»<br />

En cette année 1904,le presbytère<br />

hébergeait 27 religieux oblats. Contrairement<br />

à l'église, l'édifice a été épargné<br />

lors de l'incendie de 1971. Il existe<br />

encore et est devenu la propriété de<br />

l'Hôtel Ramada.


----------------------------------------------------IHRO<br />

Oeuvre de jeunesse<br />

La jeunesse a toujours été une préoccupation<br />

de choix pour les responsables<br />

de la paroisse. En 1884, le père<br />

Maxime Harnois, fondateur de l'Oeuvre<br />

de jeunesse, avait été autorisé à<br />

bâtir, rue Albion (plus tard Dollard), un<br />

vaste édifice à deux étages - pour les<br />

besoins de l'Oeuvre - qui fut active<br />

durant deux ans. Au lendemain d'un<br />

incendie qui survint en 1887, seul le<br />

nom de l'Oeuvre resta attaché à l'édifice.<br />

<strong>Le</strong>s deux salles de la maison furent<br />

converties en chapelles dans lesquelles,<br />

chaque dimanche, on disait dix-huit<br />

messes, afin d'accommoder la population.<br />

Cette situation dura trois longues<br />

années, jusqu'à ce que le soubassement<br />

de la nouvelle église soit livré au culte.<br />

Ce bâtiment avait deux étages. L'étage<br />

supérieur servait de salle de théâtre,<br />

l'autre était à la fois gymnase, salle de<br />

billards et de jeux de toutes sortes. Vendue<br />

avec le terrain à la commission scolaire<br />

pour la somme de 6 000 $, en 1899,<br />

cette maison fut la proie des flammes en<br />

1900.<br />

Chorale de Notre-Dame de Grâce en 1947.<br />

ANQO, Fond «Ville de <strong>Hull</strong>».<br />

Roméo Sr-Pierre à l'orgue Notre-Dame de Grâce.<br />

ANQO, Fond «Ville de <strong>Hull</strong>».<br />

Salle Notre-Dame<br />

<strong>Le</strong>s Oblats décidèrent de construire,<br />

rue Notre-Dame, une salle de spectacle<br />

moderne pour remplacer celle que la<br />

conflagration de 1900 avait réduite en<br />

cendre. La salle fut prête en 1903. Elle<br />

coûta environ 5 966 $. Elle comptait 824<br />

sièges et quatre loges. <strong>Le</strong>s plans ont été<br />

confiés à l'architecte Charles Brodeur.<br />

Pendant quarante-deux ans (1903-<br />

1945) la Salle Notre-Dame de <strong>Hull</strong>,<br />

sera le foyer de l'art dramatique de la<br />

ville. Après cette date elle sera rénovée<br />

et disparaîtra complètement comme<br />

salle avec sa scène et son balcon, elle va<br />

devenir une maison pour les Oeuvres.<br />

Elleaura un sous-sol, un rez-de-chaussée<br />

~t un étage. Une nouvelle salle paroissiale,<br />

plus vaste et plus moderne sera<br />

construite de l'autre côté de la rue<br />

Notre-Dame.<br />

Une plaque, installée en face du<br />

site occupé par la salle paroissiale, nous<br />

renseigne sur son histoire :<br />

«Communément appelée la Salle Notre-<br />

Dame, le centre paroissial se trouvait<br />

en face de l'ancien presbytère, sur la<br />

rue Notre-Dame. trigé au lendemain<br />

du grand feu de 1900 le Centre paroissial<br />

allait devenir le centre de laparoisse<br />

27<br />

~<br />

Notre-Dame. En effet, c'est là que se<br />

rencontraient les nombreuses confréries<br />

et associations de l'endroit. C'est<br />

d'ailleurs sur la scène de la Grande<br />

salle que les «mordus» de théâtre amateur,<br />

tels les Prouosi, les St-Jean et les<br />

Larocque, firent leurs débuts. <strong>Le</strong> centre<br />

paroissial fut démoli le 23 février<br />

1973.»<br />

Un autre édifice, appelé, La Bourse<br />

du Travail, fut mis à la disposition de<br />

certaines oeuvres comme <strong>Le</strong> Droit,<br />

l'Union Saint-Joseph du Canada, et<br />

autres.<br />

Pour compléter l'étude des édifices<br />

de la paroisse Notre-Dame de <strong>Hull</strong>, il<br />

faudrait enchaîner avec les écoles et les<br />

autres maisons d'enseignement. Il est<br />

malheureusement impossible de les<br />

inclure dans le cadre de cet article.<br />

L'étude du demembrement de cette<br />

immense paroisse ne manquerait pas<br />

d'intérêt. Nous osons espérer que d'autres<br />

auteurs s'en chargeront.


-- IHRO----------------------------------------------------------<br />

<strong>Le</strong> choeur «illuminé» de l'ancienne église Notre-Dame,


~<br />

---------------------------------------------------------IHRO<br />

Des pionnières de<br />

l'éducation dans <strong>Hull</strong><br />

Soeur Germaine Julien<br />

directrice des études à<br />

l'école secondaire Saint-<br />

Joseph de <strong>Hull</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s Soeurs de la Charité<br />

d'Ottawa dites Soeurs Grises de<br />

la Croix<br />

En 1867, au moment où les Pères de la<br />

Confédération confiaient au gouvernement<br />

provincial le droit de légiférer sur les<br />

questions de l'éducation, <strong>Hull</strong> était un<br />

modeste village, une simple desserte avec<br />

une petite chapelle et sans prêtre résident.<br />

Pourtant, dès 1864, le Père Reboul, que<br />

l'on nomme à juste titre «père et fondateur<br />

de la ville de <strong>Hull</strong>», avait doté sa petite<br />

«paroisse Notre-Dame» de deux écoles,<br />

l'une pour les garçons, l'autre pour les filles,<br />

et d'un cimetière de quatre arpents sur les<br />

bords pittoresques de l'Outaouais.' Dans<br />

l'esprit de cet apôtre inventif et audacieux,<br />

le «village d'en bas» était appelé à devenir<br />

une cité prospère, où l'on pourrait naître,<br />

grandir, s'établir et y reposer à jamais.<br />

Deux écoles - ou plutôt deux classes<br />

- nécessitent des enseignants: les premiers<br />

maîtres d'école furent des Pères<br />

Oblats; ils regroupaient des enfants au premier<br />

étage de la Chapelle des Chantiers, et<br />

leur enseignaient le catéchisme ainsi que les<br />

connaissances jugées alors indispensables.s<br />

<strong>Le</strong> 16 juin 1866, un événement fort<br />

attendu donna à l'histoire de l'éducation<br />

dans <strong>Hull</strong> un tournant nouveau et décisif: la<br />

formation d'une commission scolaire distincte<br />

pour les catholiques, et portant le<br />

nom de «Notre-Dame de <strong>Hull</strong>x.><strong>Le</strong>s voeux<br />

du Père Reboul étaient exaucés, sa tâche en<br />

devint grandement facilitée. Sans perdre de<br />

temps, les nouveaux administrateurs scolaires<br />

se mirent à l'oeuvre. <strong>Le</strong> 7 novembre,<br />

ils réussirent à échanger un terrain qui leur<br />

avait été donné par Ruggles Wright, en<br />

1825, pour fins d'éducation, contre deux<br />

L'école Saint-Joseph de <strong>Hull</strong>.<br />

À gauche: aile construite en 1931.<br />

Au centre; l'école normale Saint-Joseph, construite en 1909,à droite: le couvent Notre-Dame de Grâce,<br />

bâti en 1890.<br />

beaux lots plus rapprochés, à l'angle des<br />

rues Wright et Church (aujourd'hui Saint-<br />

Jacques).<br />

Ils achetèrent la maison de M. Joseph<br />

Filiatreault qui s'y trouvait déjà et, à ses<br />

frais, le plus souvent aussi de ses mains, le<br />

Père Reboul'{a transforma en une école à<br />

laquelle on donna le nom de «Saint-Antoine».<br />

1867 : un simple passage<br />

A la suggestion du Père Reboul, les<br />

Commissaires résolurent d'engager deux<br />

Soeurs Grises, moyennant un salaire annuel<br />

de 120 $ chacune, pour prendre charge des<br />

deux classes ; l'une française, l'autre<br />

anglaise.<br />

<strong>Le</strong> 7 janvier 1867,deux novices arrivaient<br />

à <strong>Hull</strong> et y recevaient leurs premières élèves.<br />

Ces enseignantes ne s'en tirèrent pas trop<br />

mal si l'on en juge par le rapport élogieux<br />

que fit l'inspecteur à l'issue de sa visite:<br />

<strong>Le</strong>s réuérendes Soeurs D'Amour et Stafford<br />

du couuent d'Ottawa sont chargées de la<br />

29<br />

direction des deux écoles catholiques de ce<br />

uillage. Bien que l'école française soit trop<br />

nombreuse pour une seule institutrice, les<br />

élèues ont obtenu des succès qui font honneur<br />

au zèle et à l'habileté de leur maîtresse.<br />

L'école anglaise mérite également une mention<br />

honorable. 4<br />

1. Rapport sur les activités de la maison de l'évêché<br />

pour le second semestre de 1864, par le<br />

Père Grenier dans Gaston Carrière, o.rn.i.,<br />

Histoire documentaire de la Congrégation<br />

des Missionnaires Oblats de Marie-<br />

Immaculée dans l'Est du Canada, tome<br />

VII, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1968, p.<br />

287. Il cite «Missions des Oblats de Marie-<br />

Immaculée», 4 (1865), p. 200.<br />

2. Joseph Bonhomme, Historique de Notre-<br />

Dame de <strong>Hull</strong>, p. 64.<br />

3. Lucien Brault, Un siècle d'administration<br />

scolaire 1866-1966, La Commission des<br />

Ëcoles catholiques de <strong>Hull</strong>, 1966, p. 45.<br />

4. LE DROIT, Ottawa, 11 novembre 1918<br />

Lucien Brault, op. cit. p. 47-48 et aussi Lucien<br />

Brault, <strong>Hull</strong> 1800-1950, <strong>Le</strong>s Ëditionsde l'Université<br />

d'Ottawa, 1950, p. 187.


~<br />

IHRO----------------------------------------------------------<br />

Ce furent les premiers pas des Soeurs<br />

Grises dans le champ de l'enseignement en<br />

pays hullois. Cependant, cette présence<br />

d'un semestre ne fut qu'un simple passage<br />

qui n'eut pas de lendemain immédiat: en<br />

septembre 1868, elles furent remplacées par<br />

un laïque dont le salaire représentait 40 $ en<br />

moins pour une commission scolaire dont<br />

les revenus étaient très comptés.<br />

La décision fut-elle la meilleure? <strong>Le</strong>ur<br />

maigre salaire suffit-il à expliquer l'instabilité<br />

des instituteurs laïques qui se succédèrent à<br />

cette école en deux ans? Quoi qu'il en soit,<br />

les commissaires firent pression auprès des<br />

autorités religieuses, à la fin de juillet 1869,<br />

pour obtenir de nouveau les services des<br />

Soeurs Grises. <strong>Le</strong>urs démarches portèrent<br />

fruits et les Soeurs Grises vinrent à <strong>Hull</strong>,<br />

prendre la direction de l'enseignement aux<br />

filles. 5<br />

1869 : Un premier enracinement<br />

- la petite école rouge<br />

La petite Chapelle des Chantiers,<br />

même agrandie d'un transept et d'une<br />

sacristie, devint insuffisante aux besoins du<br />

culte. Convaincu que la population catholique<br />

de <strong>Hull</strong> allait croître rapidement, le Père<br />

Reboul entreprit la construction d'une vaste<br />

église en pierre, à l'emplacement même de la<br />

chapelle primitive qu'il fit transporter à l'ex-<br />

,<br />

·~<br />

·<br />

trémité du terrain. Quant à cette petite chapelle,<br />

il lui avait trouvé une assignation<br />

importante : devenir une école paroissiale<br />

pour filles. Ce fut la naissance de l'école<br />

Saint-Étienne. Il obtint aussi des Soeurs<br />

pour son école.<br />

Une lettre du Père Hyacinthe Charpeney,<br />

premier curé de la paroisse Notre-<br />

Dame, permet de mieux nous situer cette<br />

époque de notre histoire :<br />

Notre église est située presque vis-à·vis la<br />

cathédrale d'Ottawa. Elle est séparée de la<br />

rivière par un terrain large de quatre à cinq<br />

arpents occupé par un clos de bois, moulin<br />

appartenant à Monsieur Wright. Mais vous<br />

comprendrez mieux quand je vous dirai que<br />

l'église est bâtie à la place de l'ancienne<br />

chapelle qui a été transportée à l'autre bout<br />

du terrain, chapelle qui a été convertie en<br />

école tenue par les Soeurs Grises. <strong>Le</strong> village<br />

de <strong>Hull</strong> se trouve alors derrière l'église sur<br />

ces petites hauteurs qui naguère étaient<br />

couvertes de sapins et qui sont couvertes<br />

maintenant de rnoisons."<br />

Ainsi fut constitué un bloc qui méritait<br />

déjà à la desserte de devenir paroisse, un<br />

bloc que décrivait le même Père Charpeney<br />

avec illustration à l'appui, en réponse au<br />

questionnaire administratif de 1876 :<br />

Sur le bloc de l'église se trouvent bâties<br />

l'église, la sacristie, les hangars et la maison<br />

d'école de filles ou vieille église formant le<br />

carré suivant:<br />

1. Ëglise : 166 pieds x 162 - 40 000 00 $<br />

2. Sacristie: 75 pieds x 40 - 10 000 00 $<br />

3. Maison: (4 étages) 60 pieds x 46 - 4000 00 $<br />

4. Maison d'école et sheds: - 4 000 00 $'<br />

À partir de septembre 1869, des religieuses<br />

traversent la rivière matin et soir, en<br />

chaloupe ou sur la glace, selon les saisons,<br />

pour enseigner à la petite école où elles ont<br />

inscrit, en septembre, environ trois cents<br />

élèves.8<br />

. -1<br />

.,~ •..bd!<br />

1. Êqlise, 2. Sacristie, 3. Maison, 4. École (couvent rouge), 5. Couvent Notre-Dame de Grâce (1875), 6. Rue<br />

St-Jean Baptiste, 7. Rue Notre-Dame, 8. Rue Papineau.<br />

30<br />

Dans l'esprit de Mère Bruyère, les<br />

Soeurs Grises sont à <strong>Hull</strong> pour y rester.<br />

C'est d'ailleurs 1869 qui fut toujours retenu<br />

comme date officielle de l'arrivée des Soeurs<br />

Grises à <strong>Hull</strong>.<br />

Toutefois, les Soeurs n'ont pas encore<br />

de résidence. Pendant l'été 1870, le Père<br />

Reboul s'active à l'aménagement de la petite<br />

chapelle pour qu'elle soit le plus hospitalière<br />

possible, et le couvent sera prêt pour septembre<br />

comme le laisse entrevoir le Père<br />

Tabaret dans sa lettre à Monseigneur Guigues,<br />

alors en voyage en Europe : on a<br />

trouvé moyen d'arranger la chapelle «pour<br />

ménager un bon logement pour les Soeurs<br />

et de belles salles pour les classes: les travaux<br />

sont à peu près tarminéss.?<br />

<strong>Le</strong>s rénovations sont bien pensées; les<br />

Soeurs en sont à la fois fières et satisfaites.<br />

Mère Bruyère est heureuse d'en faire part à<br />

ses Soeurs:<br />

La vieille église en bois a été changée de<br />

place, elle est en ligne droite avec la nouvelle<br />

église en pierres. Elle a été agrandie. Elle est<br />

divisée en deux étages dans la nef, et en<br />

trois étages dans le choeur et la croix, ce qui<br />

fait trois grandes .classes pour les écoles<br />

paroissiales, une grande et même deux pour<br />

J'académie que nous commencerons cet<br />

automne. l!y aura en outre, une cuisine faite<br />

avec la sacristie, un réfectoire qu'on a<br />

ajouté, et un par/oir, une communauté, un<br />

balcon, une cloche pour appeler les élèves,<br />

un hangar, etc. Vous voyez que <strong>Hull</strong> se<br />

montre et sait bien faire les choses. 10<br />

Mère Bruyère n'avait pas attendu tant<br />

de satisfaction pour prendre une résolution<br />

qui enracinerait davantage la Congrégation<br />

dans le village de <strong>Hull</strong>: acheter un terrain,<br />

bâtir un couvent, une école. Voici un extrait<br />

du procès-verbal des délibérations du<br />

Conseil général du 30 avril 1870 :<br />

...Ia Révérende Mère a proposé d'acheter<br />

un beau terrain de cinq arpents sur la rivière<br />

Ottawa, à Hu!!, en face du Couvent et<br />

proche de la nouvelle église bâtie par le<br />

Révérend Père Reboul, que ce terrain si<br />

convenable était offert à des conditions raisonnables.<br />

Que les Révérends Pères y<br />

feraient transporter la vieille église en bois<br />

paur servir aux classes en attendant que<br />

nous puissions y bâtir des écoles. En outre<br />

que nous avions l'espoir d'y avoir une école<br />

5. Lucien Brault, Un siècle d'administration<br />

scolaire 1866-1966, <strong>Hull</strong>, 1966, p. 47.<br />

6. Hyacinthe Charpenay, o.m.i., <strong>Le</strong>ttre au Père<br />

Aubert, 29 février 1872, Archives Deschatelets,<br />

Ottawa.<br />

7. Hyacinthe Charpenay, o.m.i., Réponse au<br />

questionnaire administratif de 1876, Archives<br />

Deschatelets, Ottawa.<br />

8. Mère Elisabeth Bruyère, Circulaire du 26<br />

décembre 1869, Archives de la Maison mère,<br />

Soeurs de la Charité d'Ottawa.<br />

9. Père Tabaret, <strong>Le</strong>ttre à Mgr Guigues, le 15<br />

juillet 1870, Archives provinciales o.m.i., dossier<br />

Université d'Ottawa, 1870-1871.<br />

10. Mère Elisabeth Bruyère, <strong>Le</strong>ttre à Soeur Phelan,<br />

le 22 juillet 1870.


,..<br />

----------------------------------------------------------IHRO<br />

industrielle payée par la Législation de Québec.<br />

Ces propositions ayant été mûrement<br />

réfléchies, le Conseil a été unanime pour<br />

que nous fassions l'achat du terrain, malgré<br />

que nous redoutions l'énorme dette qui ua<br />

peser sur nous.!'<br />

En juillet, c'était chose faite. <strong>Le</strong>s<br />

Soeurs avaient un terrain, mais pas encore<br />

de résidence. Peu importe, elles étaient<br />

riches d'espoir, de courage et d'audace.<br />

Elles se savaient en service d'Église, et pouvaient<br />

compter sur la solidarité communautaire<br />

pour les épauler.<br />

1870 : <strong>Le</strong> couvent rouge; une<br />

école paroissiale, un pensionnat,<br />

une école privée<br />

<strong>Le</strong> 22 juillet 1870, la Commission scolaire<br />

obtient des Soeurs Grises qu'elles<br />

prennent en charge l'Ëcole Saint-Étienne,<br />

regroupant des filles parlant les deux langues.<br />

Trois Soeurs sont engagées au salaire<br />

annuel de 100,00 $ chacune.J2 D'autres<br />

Soeurs s'ajoutent à la petite communauté<br />

pour commencer l'école privée. Déjà les inscriptions<br />

sont nombreuses: deux cents<br />

élèves aux classes paroissiales, quarante à<br />

l'Académie.<br />

<strong>Le</strong>s fondations d'une oeuvre sont<br />

posées; Mère Bruyère s'empresse de l'annoncer<br />

à toute sa communauté:<br />

Nous auons une nouuelle maison à <strong>Hull</strong>, six<br />

Soeurs y résident toute la journée, mais<br />

comme cinq d'entre el/es sont postulantes<br />

ou nouices, elle uiennent coucher le soir au<br />

couuent (à la Maison mère, à Ottawa)13<br />

Mais ces jeunes Soeurs ne sont pas<br />

sans guide, ni formation; de plus, elles n'ont<br />

pas peur de l'effort:<br />

Hul/ n'a pour maîtresses de classes que des<br />

nouices et des postulantes; mais cela n'empêche<br />

pas qu'il y ait beaucoup d'enfants et<br />

une Académie de plus de 40 é/èues. 1.<br />

À l'école paroissiale, deux institutrices<br />

laïques secondent les Soeurs. Et l'animatrice<br />

de cette équipe enthousiaste, c'est<br />

Soeur Moreau, la première Supérieure résidente<br />

à <strong>Hull</strong>. Elle communie aux désirs<br />

apostoliques de Mère Bruyère et, comme<br />

elle, rêve de voir grandir à <strong>Hull</strong> un pensionnat,<br />

une école privée parallèle à celle qui est<br />

en train de s'épanouir sur l'autre rive de<br />

l'Outaouais: le pensionnat de la rue Rideau.<br />

Et Soeur Moreau établit pour son Académie<br />

un programme ambitieux: en plus de l'enseignement<br />

régulier, les élèves y recevront<br />

des leçons de dessin, de broderie, de couture,<br />

d'art culinaire et de musique.<br />

Dès septembre se concrétise égaiement<br />

une autre facette du rêve du Père<br />

Reboul et de Mère Bruyère: l'établissement<br />

d'un pensionnat. Il n'est pas nécessaire<br />

d'avoir un château pour héberger tant de<br />

rêves : tous coexistent dans la même maison;<br />

le pensionnat et l'Académie se retrouvent<br />

à l'étage de la vieille chapelle que la<br />

tradition appela longtemps avec une note<br />

d'attendrissement:


~<br />

IHRO---------------------------------------------------------<br />

rait ce qui manquerait de pierres, de chaux,<br />

de bois sec. <strong>Le</strong>s Soeurs ayant examiné les<br />

raisons pour et contre, il a été déterminé à<br />

l'unanimité que dès cet hiuer la Directrice du<br />

Couuent de <strong>Hull</strong> s'occuperait à faire charger<br />

toute la pierre qu'elle pourrait payer sur<br />

le terrain destiné au futur Couuent. 20<br />

1875 : <strong>Le</strong> Couvent<br />

Notre-Dame-de-Grâce<br />

Et le Père Reboul se remet à l'oeuvre. Il<br />

surveille de près la construction du couvent<br />

de brique rouge, édifié à l'angle des rues<br />

Alma (aujourd'hui Notre-Dame) et Division<br />

(Saint-Jean-Baptiste), avec façade sur la rue<br />

Division. La bâtisse mesure 40 pieds sur 80.<br />

Elle a deux étages et des mansardes : le<br />

premier étage a 11Yz pieds de haut et le 2e,<br />

11 pieds.ê' Des témoins l'ont vantée: «Elle<br />

avait grande allure, avec ses murs percés de<br />

larges fenêtres françaises, son perron en<br />

retrait, ses pelouses bien taillées et surtout<br />

son arrière-plan de vieux arbres.»22 <strong>Le</strong> Père<br />

Reboul eut la consolation d'y voir entrer les<br />

Soeurs, les pensionnaires et les élèves de<br />

l'Académie, en septembre 1876. Un avantage<br />

qu'il ne fallait pas méconnaître : «le<br />

nouveau couvent est bâti vis-à-vis le grand<br />

Couvent d'Ottawa, au point que les Soeurs<br />

peuvent se voir et presque se r econnaître.»23<br />

Mère Elisabeth Bruyère qui avait tant<br />

désiré l'avènement de ce jour, ne fut pas<br />

présente à l'inauguration: le coeur épuisé,<br />

elle mourut le 5 avril précédent, à l'âge de56<br />

ans. Elle partit, comblée de réalisations et<br />

d'amour: elle avait fondé une Communauté,<br />

qu'elle laissait riche d'oeuvres, d'institutions<br />

et d'ardeur apostolique. Quant au<br />

Père Reboul, illa suivit de près: il mourut à<br />

50 ans, le 2 mars 1877, en pleine mission<br />

apostolique, épuisé lui aussi par toutes les<br />

fatigues qu'un zèle apostolique inégalable<br />

avait suscitées.<br />

Ces deux bons serviteurs ne sont pas<br />

partis les mains vides: ils ont établi à <strong>Hull</strong><br />

des institutions solides, dont la population<br />

bénéficie encore aujourd'hui. Puissent leurs<br />

noms survivre à jamais et de manière tangible<br />

dans une ville où, les deux, de façon<br />

différente, il va sans dire, ont été des fondateurs,<br />

des pionniers.<br />

L'essor était donné; 13 pensionnaires<br />

et 96 externes viennent chercher au nouveau<br />

Couvent leur part de connaissance et<br />

de formation. A ce moment, l'école Saint-<br />

Ëtienne passe aux garçons et les fillesvont à<br />

l'école Saint-Antoine que le Père Reboul<br />

avait enrichie d'une annexe terminée le 11<br />

septembre 1876. En 1885, l'école Saint-<br />

Ëtienne est abandonnée: l'état de la maison<br />

ne permettait plus d'y loger convenablement<br />

des classes de façon régulière. <strong>Le</strong>s<br />

filles étaient au départ mieux partagées,<br />

mais avec la construction du collège Notre-<br />

Dame, et l'arrivée des Frères les garçons<br />

n'eurent plus rien à leur envier. Un autre<br />

«dérangement» les attendait.<br />

<strong>Le</strong> 21 avril 1880, la ville de <strong>Hull</strong> subit un<br />

premier grand feu : l'école Saint-Antoine<br />

brûle en même temps que tout un quartier<br />

de la ville. <strong>Le</strong>s filles se retrouveront temporairement<br />

à l'école Saint-Ëtienne ou au couvent,<br />

et pour peu de temps, car le montant<br />

des assurances permit la reconstruction<br />

rapide de l'école.<br />

<strong>Le</strong> Père Eugène Cau vin, curé de la<br />

paroisse, faisait alors <strong>partie</strong> de la Commission<br />

scolaire: il conçut le projet de reconstruction<br />

et en surveilla personnellement<br />

l'exécution. Ce fut une magnifique maison<br />

de pierre selon S.H. <strong>Le</strong>febvre qui la décrivit<br />

pour la communauté:<br />

La maison est en pierre et a trois étages. <strong>Le</strong><br />

corps de la bâtisse mesure 60 x 56 pieds et<br />

les ailes 20 x 60. La hauteur du premier<br />

étage est de 12 pieds 11 pouces. <strong>Le</strong> deuxième<br />

étage a 12 pieds et le troisième, Il pieds. Dix<br />

maîtresses y donnent l'instruction à près de<br />

800 enîantst"<br />

Devant tant de précision, peut-on douter<br />

du talent des femmes pour les mathématiques?<br />

Et les Soeurs sont fières d'entrer<br />

dans cette éçole qu'elles nomment fièrement«I'Ëcole<br />

Supérieure Saint-Antoine».<br />

On le sent rapidement à la simple lecture<br />

des chroniques communautaires du temps.<br />

<strong>Le</strong> 7 janvier 1881, les classes logées dans des<br />

locaux de fortune emménagent dans la belle<br />

école de huit classes avec en plus une salle<br />

de réunion. C'est le vrai paradis sur terre. <strong>Le</strong><br />

Il janvier suivant, Monseigneur Joseph<br />

Thomas Duhamel vient bénir la nouvelle<br />

école et célèbre une messe à laquelle assistent<br />

tous les élèves des Frères et des Soeurs<br />

au nombre d'environ «un mille».25<br />

1880-1888 : Deux écoles, une<br />

même communauté locale<br />

<strong>Hull</strong> progresse toujours; logées dans un<br />

même couvent, les Soeurs enseignent soit à<br />

l'école paroissiale, soit à l'école privée. L'histoire<br />

de ces écoles se confond dans les chroniques<br />

et dans les souvenirs des anciennes<br />

tant l'entente était bonne entre les deux<br />

groupes.<br />

Une initiative semble-t-elle prometteuse,<br />

les deux écoles l'acceptent d'emblée.<br />

C'est une époque où le partage et la mise en<br />

commun semblent tout naturels. Ainsi, en<br />

janvier 1882, on instaure une classe de couture<br />

pour les élèves de Saint-Antoine et de<br />

Notre-Dame-de-Grâce: le mercredi aprèsmidi,<br />

on s'adonne à la couture et au tricot.<br />

<strong>Le</strong>s deux écoles ont aussi leur classe<br />

anglaise qui paraît bien intégrée à ce milieu<br />

francophone.w<br />

Monseigneur Duhamel fait-ilune visite<br />

au couvent, les écoles paroissiales sont<br />

représentées, on lui lit une adresse en français<br />

et l'autre en anglais.ê? <strong>Le</strong>s mêmes examinateurs<br />

visitent les deux écoles en<br />

décembre et à la fin de l'année scolaire.<br />

Monsieur l'inspecteur Aug. Gay leur fait<br />

passer des examens,28 et dans les deux<br />

32<br />

écoles les résultats semblent très consolants.<br />

Maîtresses et directrice sont satisfaites<br />

: «<strong>Le</strong>s élèves répondirent bien. Ces<br />

examens eurent le succès que nous en<br />

attendions,» disent-elles modesternent.r?<br />

Ces examens sont d'ailleurs très solennels.<br />

<strong>Le</strong>s Pères Oblats, visiteurs de droit des<br />

écoles de leur paroisse, les Commissaires,<br />

parfois des Frères et certains parents<br />

accompagnent l'inspecteur ou le Surintendant<br />

de l'Instruction publique. <strong>Le</strong>s élèves<br />

subissent des examens oraux et écrits sur le<br />

catéchisme, la lecture, l'histoire, l'arithmétique<br />

et d'autres matières au gré des examinateurs.<br />

La durée de l'examen peut varier:<br />

ainsi, le 27 juin 1882, la séance dure toute la<br />

journée et se termine par la distribution des<br />

prix.<br />

De cette époque également, les anciennes<br />

ont conservé de touchants souvenirs.<br />

Donalda Simon, une élève de ce temps qui<br />

fut en communauté Soeur Marie-de-Lorette,<br />

nous en a laissé quelques-uns par écrit.<br />

<strong>Le</strong>s religieuses du Couuent offraient aux<br />

élèues externes qui apportaient leur dîner,<br />

une bonne assiettée de soupe moyennant<br />

un sou; il ua sans dire que toutes en prenaient<br />

pour dix sous; celles qui le désiraient<br />

auaient un dîner complet. Ces élèues<br />

auaient accès au même réfectoire que les<br />

pensionnaires, mais sur une table à part.<br />

Une Soeur ueillait sur tout ce petit monde<br />

affamé. Après le dîner, les élèues des deux<br />

catégories allaient s'amuser ensemble et<br />

prendre leurs ébats dehors, s'ilfaisait beau<br />

ou à la salle par mauuaise température. <strong>Le</strong><br />

bocage se trouuait où est aujourd'hui l'entrée<br />

du Pont Interprouincial et s'étendait<br />

assez loin à droite et à gauche. Pas une<br />

maison ne figurait là sinon des tentes d'Algonquins<br />

à gauche du Pont et du Couuent,<br />

en allant uers la GaUneau.30<br />

Comme leurs consoeurs du Couvent<br />

rouge, les élèves de Notre-Dame-de-Grâce<br />

et celles de Saint-Antoine raffolaient des<br />

congés, si courts soient-ils. Ces jours-là, la<br />

classe finissait à trois heures; les élèves<br />

20. Délibérations du Conseil Général, Procèsverbal<br />

de la séance du 4 décembre 1873.<br />

Archives de la Maison mère, S.C.O ..<br />

2l. <strong>Hull</strong>, Note de Soeur H. <strong>Le</strong>febvre, 1885.<br />

22. Soeur Paul-Émile, Réminiscences pour la préhistoire<br />

de l'École normale Saint-Joseph, Causerie<br />

prononcée le 23 novembre 1968, Archives<br />

de la Maison mère, S.C.O ..<br />

23. Père Hyacinthe Charpenay, <strong>Le</strong>ttre au Père<br />

Aubert, 1876, Archives Deschatelets, Ottawa.<br />

24. <strong>Hull</strong>, Note de Soeur H. <strong>Le</strong>febvre, 1885.<br />

25. Chroniques de notre Mission de <strong>Hull</strong>, 1879-<br />

1885, 11 janvier 1880.<br />

26. Ibid., 2 septembre 188l.<br />

27. Ibid., 29 juin 1882.<br />

28. Ibid., 16 décembre 1879.<br />

29. Ibid., 4, 5, 6 juillet 188l.<br />

30. Archives de la Maison mère, Soeurs de la<br />

Charité d'Ottawa, Soeur Marie-de-Lorette,<br />

Notes sur le Couvent de <strong>Hull</strong> dans les années<br />

de 1883 à 1888.


-----------------------------------------------------IHRO<br />

apportaient leur goûter et toutes se rendaient<br />

au bocage.<br />

Essayer d'exprimer la jouissance que cousait<br />

à toutes les élèves cet événement est<br />

impossible. Toute cette jeunesse raffolait de<br />

ce congé en plein air. Pensionnaires et<br />

élèves du dehors étaient très unies.3!<br />

Mais qu'avait ce bocage pour être si<br />

attrayant? De beaux arbres: peupliers, érables,<br />

pins, sapins et une vue attrayante sur la<br />

rivière sillonnée de voiles, de chaloupes. Et<br />

le traversier d'alors, le Laverdure!<br />

Oh! les <strong>partie</strong>s de bocage! Beaucoup de nos<br />

Soeurs, âgées maintenant, en parlent<br />

encore avec bonheur et enthousiasme tout<br />

comme s'ils eussent eu lieu récemment.<br />

Et la narratrice ajoute:<br />

Pour quelques-unes, 1883 c'est un souvenir<br />

de soixante ans.32<br />

Un dernier souvenir, d'un tout autre<br />

genre. Une religieuse mourut pendant<br />

l'année.<br />

Alors quand elle fut exposée, les Soeurs de<br />

l'Académie amenèrent à Ottawa par le<br />

bateau traversier les élèves de cette défunte<br />

afin de prier auprès de sa dépouille. Ce fut<br />

un événement, car voir une Soeur morte,<br />

exposée, presque assise sur des planches<br />

soutenues par des tréteaux, c'était chose<br />

extraordinaire, sans précédent pour les<br />

gens du monde. Aussi les élèves ont-elles<br />

longtemps parlé de cette excursion funèbre<br />

à la Maison-mère.33<br />

1888 : Une nouvelle orientation?<br />

Pour la deuxième fois, <strong>Hull</strong> est victime<br />

d'une conflagration. Cette fois, le Couvent<br />

Notre-Dame-de-Grâce n'est pas épargné: il<br />

n'avait duré que 13 ans. De lajolie bâtisse de<br />

brique rouge où coexistaient un couvent de<br />

religieuses, un pensionnat et une académie,<br />

il ne restait plus que des ruines. Des pompiers<br />

d'Ottawa étaient bien venus apporter<br />

du renfort pour empêcher l'incendie de<br />

s'étendre, mais le vent violent transporta<br />

des étincelles jusque dans les pins derrière le<br />

couvent, et ce fut un nouveau brasier. <strong>Le</strong>s<br />

treize Soeurs doivent se disperser; celles qui<br />

enseignent à Saint-Antoine logent dans leur<br />

école, les autres s'en vont à la Maison mère,<br />

et les pensionnaires éloignées de leurs<br />

familles sont reçues au pensionnat Notre-<br />

Dame-du-Sacré-Coeur, rue Rideau, à Ottawa.<br />

<strong>Le</strong>s externes sont admises à l'école Saint-<br />

Antoine,<br />

Après l'incendie, Monseigneur Duhamel<br />

rencontre Mère Demers, Supérieure<br />

générale, au sujet des classes de <strong>Hull</strong> relevant<br />

de nos Soeurs enseignantes. Il est<br />

décidé que l'école Saint-Antoine continuera<br />

comme avant et la Communauté louera une<br />

maison sur la rue du Lac (Laval) pour les dix<br />

Soeurs résidentes. Cependant, l'administration<br />

générale de la Communauté décide de<br />

discontinuer l'oeuvre du pensionnat et de<br />

l'Académie, dans l'intention de ne garder<br />

que les écoles paroissiales. Tout en appuyant<br />

cette décision, Monseigneur Duhamel<br />

conseille toutefois d'attendre que les intéressés<br />

en fassent la demande.ê"<br />

1890 : Un nouveau couvent, rue<br />

Notre-Dame.<br />

Cette fois, la Congrégation fit construire<br />

un couvent de pierre avec façade sur la rue<br />

Alma (Notre-Dame). C'est le deuxième couvent<br />

Notre-Dame-de-Grâce, mais celui-ci<br />

est exclusivement réservé aux religieuses,<br />

du moins, est-ce l'intention première du<br />

Conseil. La maison fut bénite le 25 avril<br />

1890, Treize Soeurs y habitent, la plupart<br />

enseignent à l'école Saint-Antoine. La maison<br />

est vaste. On y a même des salles de<br />

classes que l'on propose en location à la<br />

Commission scolaire pour des classes<br />

paroissiales sous leur juridiction. Voici les<br />

conditions telles qu'on les retrouve dans les<br />

chroniques du Couvent: 300 00 $ de location<br />

annuellement, par classe, ce qui inclut<br />

le logement, le chauffage, l'ameublement,<br />

l'entretien et le salaire de la maîtresse. L'offre<br />

est acceptée : en 1890, le couvent loue<br />

deux classes; en 1895, trois et en 1896, les<br />

quatre classes sont· occupées.<br />

Dès 1894, la maison nécessite des<br />

annexes, et la communauté fait l'acquisition<br />

d'un nouveau terrain pour y loger nos<br />

dépendances «ce qui occasionne de<br />

grandes dépenses» est-il noté. 35<br />

Une même menace semble toujours<br />

nous poursuivre: le 5 janvier 1895, nouvelle<br />

alerte : le feu est aux dépendances. Une<br />

grande <strong>partie</strong> de la remise est brûlée. Et, de<br />

nouveau, sans perdre courage, il faut réparer<br />

ce qui fut endommagé.<br />

~<br />

1887-1900: Deux grandes dames:<br />

J'Académie Saint-Antoine et<br />

J'Académie Sainte-Marie<br />

Avec la disparition de l'Académie<br />

Notre-Dame-de-Grâce, l'école Saint-Antoine<br />

vit croître considérablement sa clientèle.<br />

Elle offre le cours complet sanctionné par le<br />

Bureau Central: en 1893, 10 élèves se sont<br />

présentées pour le diplôme d'École Modèle.<br />

En 1895, cette école comptait 13 classes et<br />

597 élèves. Enfin, couronnement de plusieurs<br />

années de service aux jeunes de la<br />

région, Saint-Antoine se voit conférer le titre<br />

d'Académie par décret du Département de<br />

l'Instruction publique du Québec.<br />

Grâce à l'initiative du Père Lauzon,<br />

curé de la paroisse Notre-Dame, <strong>Hull</strong> fut<br />

dotée d'une nouvelle école pour filles qui,<br />

par la suite, joua un rôle de premier plan<br />

dans l'éducation des filles de notre région.<br />

Commencée en 1895, elle fut bénite solennellement<br />

le 13 septembre par Mgr J.-O.<br />

Routhier, V.G. et prit le nom de Sainte-<br />

Marie.<br />

<strong>Le</strong>s quatre classes louées du Couvent<br />

sont alors transférées dans cette école qui<br />

absorbe également les classes plus avancées<br />

de l'école Saint-Antoine. Huit reli-<br />

31. lbid.<br />

32. Ibid.<br />

33. Ibid.<br />

34. Mgr Duhamel, <strong>Le</strong>ttre à Mère Demers, 12 juin<br />

1888,<br />

35. Chroniques de Notre maison de Notre-Dame<br />

de Grâce, Hui!, 1890·1900, 11 juin 1894.<br />

Mai 1897 : groupe d'élèves de l'Académie Saint-Antoine. La flèche indique Madame Dona Laflèche-<br />

Sanche,<br />

33


~<br />

IHRO--------------------------------------------------------<br />

Classe des «finissantes» de l'Académie Saint-Antoine: août 1899.<br />

Assise, la 2e à droite, Madame Dona Laflèche-Sanche.<br />

gieuses y reçoivent un peu plus de 300<br />

élèves. La population croît rapidement. <strong>Le</strong><br />

12 septembre 1898, les deux Académies<br />

enregistrent au total 730 élèves; le 24 octobre,<br />

le nombre s'élève à 805, soit 448 élèves<br />

à Saint-Antoine et 357 à Sainte-Marie, si<br />

bien que le 12 décembre, une classe nouvelle<br />

s'ajoute à Sainte-Marie pour les 44<br />

élèves de surplus. Nombre qui ne parut pas<br />

trop élevé pour une seule classe si l'on en<br />

juge d'après la remarque de la préposée aux<br />

chroniques : «les quelques places vides ne<br />

tarderont pas à être remplies».36<br />

A ce moment, les deux écoles sont<br />

complémentaires et offrent le cours régulier,<br />

à partir du cours préparatoire, avec les<br />

étapes suivantes: 4e année : fin du cours<br />

élémentaire; 6e année: fin du cours modèle;<br />

8e année: fin du cours supérieur. C'est<br />

cependant à l'Académie Sainte-Marie que<br />

sont regroupées les élèves du cours Supérieur:<br />

7e et 8e années. <strong>Le</strong>s dénominations<br />

peuvent nous surprendre si nous comparons<br />

les degrés du temps avec ceux d'aujourd'hui.<br />

On ne peut mettre en parallèle la<br />

6e année de 1887 et celle de 1988. Au siècle<br />

dernier, les classes comportaient aussi des<br />

lettres: A, B, C, D, et, sans être un cancre,<br />

une élève pouvait normalement passer, par<br />

exemple, de la 3e année 0 à la 3e année A,<br />

sans être dans la situation d'une doubleuse.<br />

Au début du XXe siècle, après 30 ans<br />

de présence dans <strong>Hull</strong>, inspecteurs, animateurs,<br />

commissaires et parents semblent<br />

très satisfaits du travail des Soeurs Grises<br />

dans les écoles. <strong>Le</strong> 22 avril 1900, devant les<br />

excellents résultats obtenus par les élèves<br />

des écoles dirigées par les Soeurs, l'assemblée<br />

des Commissaires vote une résolution<br />

qui charge la Supérieure du Couvent, Soeur<br />

Ste-Emérentienne, de la surveillance «de<br />

toutes les classes tenues par les séculières».<br />

<strong>Le</strong> Bureau lui accorde aussi une Soeur pour<br />

la seconder dans la correction des concours<br />

et pour servir au besoin de suppléante en<br />

cas d'absence d'une religieuse.<br />

<strong>Le</strong>s rouages sont bien engrenés; tous<br />

les espoirs sont permis, et pourtant...<br />

1900 : La pire des conflagrations<br />

<strong>Le</strong> 26 avril 1900. C'était jour de congé.<br />

<strong>Le</strong>s Soeurs aperçurent une fumée épaisse<br />

du côté de l'Académie Saint-Antoine.<br />

Quelques-unes s'y rendirent en toute hâte,<br />

mais il était trop tard. Seul un piano et quelques<br />

livres furent sauvés.ê?<br />

La ville est en feu. Plusieurs témoins<br />

ont fait la narration de la pire conflagration<br />

que la ville de <strong>Hull</strong> ait connue. Ce fut vraiment<br />

un abîme de désolation.<br />

Il ne restait plus que l'Académie Sainte-<br />

Marie pour recevoir toutes les élèves de la<br />

ville.<br />

1897-1969: Rayonnement de l'Académie<br />

Sainte-Marie<br />

Née à la findu siècle dernier, survivante<br />

du grand feu de 1900, l'Académie Sainte-<br />

Marie était bien décidée à vivre et à grandir.<br />

Ses débuts sont prometteurs, comme le<br />

rappelle Soeur Paul-Émile :<br />

L'Académie ne tarda pas à s'imposer<br />

comme un véritable centre culturel pour la<br />

gente féminine de la ville. Si les arts d'agrément<br />

y fleurissaient comme il convenait à<br />

une académie - le mot sonnait haut en ce<br />

temps-là - les diplômes de l'Instruction<br />

publique que décrochaient chaque année la<br />

majorité des finissantes les faisaient rechercher<br />

comme enseignantes dans les écoles<br />

qui s'ouvraient un peu partout au profit<br />

d'une population industrieuse de croissance<br />

rapide. 38<br />

34<br />

Elle a déjà des finissantes :<br />

En 1901, brevet académique: 1 élève<br />

En 1901, brevet modèle: 12 élèves<br />

En 1909, avec l'ouverture de l'Ëcole<br />

N ormaIe, elle se sent menacée dans ses<br />

classes les plus avancées : désireuses de<br />

faire donner à celles qui s'orientent dans<br />

l'enseignement la meilleure formation pédagogique<br />

et littéraire possible, les maîtresses<br />

dirigent leurs meilleures élèves du côté de<br />

l'École Normale. Pour les favoriser, une<br />

entente est conclue le 5 septembre 1912 :<br />

<strong>Le</strong>s élèves de l'Académie Sainte-Marie<br />

seront admises gratuitement au cours<br />

modèle et académique de l'Ëcole Normale<br />

en considération de la somme de 350 00 $<br />

payée par la Commission à titres de salaires<br />

pour une Soeur maîtresse de la classe<br />

modèle et une de la classe académique.<br />

Treize élèves pouvaient ainsi devenir normaliennes,<br />

mais il y a une restriction:<br />

«Toute unité normalienne au-dessus de<br />

treize (13) sera taxée à la Commission scolaire<br />

au prix de huit (piastres) par année.»39<br />

Il ne s'agissait pas ici, comme on l'avait<br />

cru d'abord, de recevoir gratuitement des<br />

élèves de Sainte-Marie à l'école annexe<br />

d'y ouville, même si de fait, certaines le<br />

furent:<br />

«Cependant, dans l'intérêt des dites élèves<br />

de l'tcole Normale, nous avons admis les<br />

élèves de l'Académie ayant la capacité et<br />

l'âge requis à l'obtention du diplômeélémentaire<br />

à la fin de l'année de leur entrée à<br />

l'tcole Normale.sw<br />

Quant à celles qui n'avaient pas de goût<br />

pour l'enseignement elles préféraient rester<br />

à l'Académie, où l'on pouvait suivre un très<br />

bon cours commercial. Une autre orientation<br />

favorisait les élèves : l'enseignement<br />

ménager avec un programme et des cours<br />

bien équilibrés.<br />

Ce transfert de leurs meilleures élèves<br />

ne fut pas prisé de tous et de toutes: c'était<br />

une amputation que l'on ressentit vivement<br />

et dont on fit tacitement le reproche aux<br />

autorités de l'Ëcole Normale, en quête de<br />

recrutement.<br />

Bien située à l'ombre du clocher paroissial,<br />

l'Académie Sainte-Marie a toujours pu<br />

compter sur la présence et l'appui des Pères<br />

Oblats, ses fondateurs et ses protecteurs.<br />

Ils ont travaillé avec un zèle infatigable<br />

auprès des enfants de cette école, qui<br />

connut des années florissantes et fut pendant<br />

longtemps la «reine» des écoles paroissiales<br />

de la cité de <strong>Hull</strong>.<br />

36. Ibid., 12 décembre 1898.<br />

37 Suite des Chroniques du Couvent Notre-<br />

Dame de Grâce, 1900-1928,26 avril 1900.<br />

38 Soeur Paul-Émile, Réminiscenses pour la préhistoire<br />

de l'École normale Saint-Joseph, p. 4.<br />

39. Archives générales, 5 septembre 1902, <strong>Hull</strong>,<br />

École normale, Commission scolaire, folio<br />

1912.<br />

40.lbid.


~<br />

----------------------------------------------------------IHRO<br />

Et les Soeurs le leur rendaient bien. On<br />

pouvait toujours compter sur leur participation<br />

lors des fêtes religieuses ou civiles, et<br />

dans le déroulement quotidien de la vie<br />

paroissiale. C'est ainsi qu'on vit revenir,<br />

comme enseignantes, des anciennes du<br />

couvent Rouge et de Saint-Antoine et de<br />

Saint-Etienne. Entre autres, s. Sr-Norbert,<br />

qui de 1890 à 1896 «se dévoua exclusivement<br />

à la préparation des premières communiantes<br />

à Sainte-Marie». De 1910 à 1916,<br />

elle devient titulaire d'une deuxième année,<br />

au temps «où les démonstrations patriotiques<br />

et religieuses, à l'occasion de la Saint-<br />

Jean-Baptiste, de la fête du Sacré-Coeur, de<br />

la clôture des grandes retraites paroissiales.<br />

S. Sr-Norbert est l'âme de tous ces déploiements<br />

offerts par les écolières d'alors.»!'<br />

En 1916, la villecélébra le centenaire de<br />

la fondation des Oblats. «<strong>Hull</strong> vit se dérouler,<br />

par les rues de la ville, un rosaire vivant<br />

constitué par plus de deux cents fillettes,<br />

vêtues en blanc, de pourpre ou d'or, portant<br />

un bouquet de roses de mêmes tons, symboles<br />

des mystères de la joie, de la souffrance<br />

et de la gloire. En tête, un groupe<br />

dessinait la croix. Quinze groupes différents<br />

représentaient les Gloria Patri. <strong>Le</strong> double<br />

défilé de chacun des chapelets se réunissait<br />

au point voulu.»42<br />

Semblables déploiements se renouvelèrent<br />

souvent. En plus d'une imagination<br />

féconde, il fallait aux Soeurs un coeur généreux,<br />

capable de s'imposer un énorme surcroît<br />

de travail et un savoir-faire peu<br />

commun. La confection des costumes, des<br />

fleurs, des divers symboles, l'exécution du<br />

chant, de la parade, requéraient de l'habilité,<br />

de la voix et une grande variété de talents.<br />

<strong>Le</strong>s jeunes Soeurs étaient heureuses de<br />

seconder leurs aînées et leur présence<br />

transformait ces corvées en véritables fêtes<br />

fraternelles.<br />

En 1924, la bâtisse de douze (12)<br />

classes était insuffisante. On construisit une<br />

annexe qui lui permit d'en avoir vingt-quatre<br />

(24). De la rive ontarienne de l'Outaouais,<br />

on pouvait admirer ce bel édifice de pierre<br />

grise surmonté au centre d'un clocher élégant,<br />

qui est actuellement la propriété de<br />

l'Université du Québec.<br />

<strong>Le</strong>s religieuses oeuvrant à Sainte-Marie<br />

ont toujours cherché à ce que leur école ait<br />

le plus haut «standing» possible. Et leurs<br />

efforts ne furent pas vains: leur école pouvait<br />

se mesurer favorablement avec les<br />

autres du même niveau dans la province et,<br />

à bien des points de vue, ne le cédait en rien<br />

à sa concurrente, en qui elle vit parfois une<br />

rivale, l'Ëcole Normale Saint-Joseph.<br />

Soucieux de donner à leurs écoles une<br />

orientation de qualité et un essor constant,<br />

les Curés de Notre-Dame sont souvent<br />

intervenus pour l'oganisation et le bon<br />

déroulement de la vie scolaire, notamment<br />

pour le choix des directrices et le maintien<br />

de certaines enseignantes qu'ils jugeaient<br />

«indispensables à l'évolution de l'oeuvre».<br />

Ainsi, le Père Bourassa écrivait des lettres<br />

élogieuses pour transmettre une demande.<br />

impérative:<br />

(


~<br />

IHRO-----------------------------------------------------------<br />

Au service d'une population majoritairement<br />

ouvrière et appuyée par une Commission<br />

scolaire dynamique, les Soeurs<br />

essayent d'élever aussi haut que possible le<br />

niveau des études des filles: le 3 septembre<br />

1924, c'est l'ouverture d'une septième<br />

année avec cours d'enseignement ménager.<br />

48 L'année suivante s'ajoute une huitième,<br />

en 1929, c'est la ge; l'Académie<br />

compte alors 23 classes, A partir de septembre<br />

1939, elle a des élèves de lOe et de Ll e.<br />

Et en 1950, le cycle est complet, de la 1re à la<br />

12e année.<br />

Pendant toute sa durée, cette école a<br />

maintenu son idéal de culture; en plus d'un<br />

enseignement régulier sérieux, contrôlé de<br />

près par les directrices et leurs adjointes,<br />

elle a tenu à ce que ses élèves reçoivent ce<br />

complément de formation qui en ferait des<br />

personnes cultivées.<br />

La bonne diction y est à l'honneur et les<br />

cours se clôturent par des concerts."? Une<br />

tradition s'instaure qui voit peut-être son<br />

couronnement dans le succès obtenu par<br />

une élève de l'école au tournoi oratoire organisé<br />

par la Jeune Chambre de Commerce<br />

de <strong>Hull</strong>, pour les élèves de 12e secondaire, le<br />

25 février 1964. 50<br />

On cherche aussi à y développer le<br />

goût de la lecture, et l'école veille à enrichir<br />

sa bibliothèque, la plus ancienne du district<br />

scolaire, puisqu'elle avait été inaugurée par<br />

Monseigneur Duhamel le 6 février 1901.<br />

L'événement est conservé aux archives.>'<br />

Une tradition d'enseignement sérieux<br />

s'est instaurée dès les débuts: les inspecteurs<br />

sont satisfaits de leur visite. <strong>Le</strong>s élèves<br />

obtiennent des succès, la presse en est<br />

l'écho:<br />

«... nous les remercions de l'honneur qu'elles<br />

font rejaillirsur toute laparoisse. Ce sont les<br />

dignes filles des Révérendes Soeurs Grises<br />

de la Croix et, en les félicitant, nOLiSfélicitons<br />

les dévoLlées religieLises, tOLItspécialement<br />

et tOLItajjectueusement Révérende<br />

Soeur Saint- Thomas-d'AqLlin qLli,avec ses<br />

verrus et ses talents habitLiels, a SLi faire de<br />

ses jeunes filles de dignes institLitrices de la<br />

jeunesse; et de plus, il est à remorquer que<br />

pas Line seuie des élèves préparées par<br />

Révérende Soeur Saint- Thomas-d'AqLlin<br />

pour lefrançais et Révérende Soeur Joseph<br />

du Sccré-Coeur pOLir l'anglais, n'a failli<br />

depuis nombre d'an nées. »52<br />

La distribution des prix, dans la salle<br />

Notre-Dame, était la grande fête de «fin<br />

d'année scolaire». <strong>Le</strong>s journaux en rendaient<br />

compte avec beaucoup de détails et<br />

d'éloges. Il y avait d'ailleurs tout un programme<br />

de proclamations de succès et<br />

d'honneurs, entrecoupé de saynètes, d'opérettes,<br />

de gymnastique et de musique. <strong>Le</strong>s<br />

diplômées y ont longtemps reçu médailles<br />

d'or et couronnes; dès 1902, on décernait la<br />

médaille du lieutement-gouverneur.53<br />

La renommée de l'Académie Sainte-<br />

Marie n'était pas surfaite: l'école a fait ses<br />

preuves et ses anciennes lui sont restées<br />

très attachées. Pour resserrer leurs liens<br />

d'amitié, elles ont fondé, le 6 mai 1928, une<br />

association des anciennes de Sainte-Marie<br />

et de Saint-Antoine, l'histoire des deux<br />

s'étant en quelque sorte confondue à partir<br />

de 1897.<br />

Du début à la fin de son histoire, l'Académie<br />

Sainte-Marie sera sous la direction<br />

des Soeurs Grises, seize (16) directrices s'y<br />

succéderont :<br />

1897 Soeur Marie-Anne Roby<br />

1900 Soeur Sainte-Ëmérentienne<br />

Soeur Sainte-Alodie<br />

Soeur Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle<br />

Soeur Saint-Thomas-d'Aquin<br />

Soeur Sainte-Foi<br />

1927 Soeur Saint-Elphège<br />

lo931 Soeur Anne-Marie<br />

1938 Soeur Thérèse de Saint-Augustin<br />

1940 Soeur Saint-Florian<br />

1944 Soeur Marie-Stéphane<br />

1945 Soeur Pierre-Célestin<br />

1947 Soeur Jeanne-de-Domrémy<br />

1953 Soeur Charles-Étienne<br />

1961 Soeur Cécile-de-Rome<br />

En 1958, l'Académie Sainte-Marie avait<br />

enregistré 787 élèves; 222 au cours supérieur,<br />

de la 8e à la 12e; 565 au cours élémentaire,<br />

de la Ire, à la 7e. <strong>Le</strong> 9 avril 1959, en<br />

vertu d'une décision des Commissaires,<br />

l'École perdra son nom d'Académie et<br />

deviendra l'école secondaire Sainte-Marie. 54<br />

En septembre 1959, les élèves de Ire,<br />

2e et 3e s'en vont à l'école <strong>Le</strong>comte; il reste<br />

24 classes et 626 élèves. Peu à peu s'organise<br />

une école se limitant au secondaire. Ce<br />

sera chose faite en septembre 1961; les<br />

élèves des classes supérieures s'en vont, rue<br />

Laurier, dans la nouvelle Ëcole secondaire<br />

Immaculée-Conception; les élèves logées à<br />

l'école <strong>Le</strong>comte reviennent à Sainte-Marie,<br />

Élèves du cours modèle 1916-1917, dans la cour de l'École Normale.<br />

Source' Archives école SI-Joseph.<br />

36<br />

devenue école primaire et le demeurant jusqu'en<br />

1969, avec comme seule et dernière<br />

directrice Soeur Cécile-de-Rome.<br />

Deux écoles, l'une primaire, l'autre<br />

secondaire, issues de la même institution<br />

évoluent d'une façon indépendante: depuis<br />

1961, dans les deux cas, une Soeur Griseen<br />

assume la direction. Après 28 ans de service<br />

dont 13 comme directrice, Soeur Charles-<br />

Ëtienne se retire de l'Ëcole Immaculée-<br />

Conception en juin 1964; elle sera remplacée'<br />

par Soeur Isidore-Marie, dernière Soeur<br />

Grise à diriger cette école et qui le demeurera<br />

jusqu'en 1967.<br />

Ainsi, de 1897 à 1969, pendant 72 ans,<br />

les Soeurs Grises de la Croix (devenues<br />

Soeurs de la Charité d'Ottawa) se dévouèrent<br />

nombreuses et entreprenantes dans<br />

l'Académie Sainte-Marie, où elles étaient<br />

désirées et où elles ont donné tout ce que<br />

leur amour des jeunes, leur volonté de<br />

contribuer à la promotion féminine, leur<br />

conviction de faire une oeuvre d'Ëglise prioritaire<br />

ont pu leur dicter. <strong>Le</strong>ur souci fut aussi<br />

de conserver à la ville de <strong>Hull</strong>, et à la<br />

paroisse Notre-Dame, une école qui n'aurait<br />

rien à envier aux écoles privées ou à celles<br />

des autres villes du Québec.<br />

48. Chroniques de l'Académie Sainte-Marie, <strong>Hull</strong>,<br />

3 septembre 1924.<br />

49. LE DROIT, Ottawa, 6 juin 1929.<br />

50. Chroniques de l'Académie Sainte-Marie, <strong>Hull</strong><br />

25 février 1964.<br />

51. Suite des Chroniques du Couvent Notre-<br />

Dame-de-Grâce, 1900-1928, 6 février 1901.<br />

52. <strong>Le</strong> Temps, Ottawa, le samedi 16 août 1902,<br />

Soeur Saint-Thomas d'Aquin fut maîtresse du<br />

cours Supérieur pendant 15 ans.<br />

53. <strong>Le</strong> Temps, Ibid.<br />

54. Chroniques de l'Académie Sainte-Marie, <strong>Hull</strong>,<br />

p. 19 à 27..


~<br />

--------------------------------------------------------~IHRO<br />

1909 - Deux écoles complémentaires<br />

:l'école Normale Saint-Joseph<br />

et l'école Annexe Youville<br />

En 1902, le Conseil de l'Instruction<br />

publique présentait au Gouvernement un<br />

voeu, celui de fonder à <strong>Hull</strong> une École normale<br />

pour les jeunes filles qui se destinent à<br />

l'enseiqnement.ê- Des démarches s'amorcent.<br />

En 1906, Monseigneur Joseph-Thomas<br />

Duhamel qui considérait l'éducation de la<br />

jeunesse comme un devoir prioritaire de son<br />

ministère, s'entretint avec le Père Duhaut,<br />

curé de Notre-Dame, des avantages que la<br />

vaste <strong>partie</strong> québécoise du diocèse retirerait<br />

de l'établissement d'une école normale dans<br />

<strong>Hull</strong>. <strong>Le</strong>s Soeurs Grises promirent leur collaboration.<br />

Une correspondance s'établit<br />

avec le Département de l'Instruction publique.<br />

Qui fournirait le terrain et la bâtisse?<br />

Lors de l'ouverture officielle de l'École,<br />

l'honorable P. Boucher de la Bruyère rappela<br />

la genèse de cette fondation.<br />

lei, à <strong>Hull</strong>, il fallait le concours des Soeurs<br />

Grises de la Croix, illefallait non seulement<br />

pour enseigner les normaliennes, mais<br />

encore pour bâtir cette maison. Et ce<br />

concours n'allait pas sans sacrifices pécuniaires.<br />

En effet, encore que l'allocation du<br />

Gouuernement soit bien généreuse, confessons-le<br />

hautement, bien généreuse, dis-je,<br />

elle n'était pas pourtant assez éleuée pour<br />

rencontrer les dépenses régulières de l'Institution<br />

et payer les intérêts du capital de 64<br />

000 00 $, inuesti dans ce bel édifice scolaire.<br />

Enfin l'entente se fit en nouembre 1907 et le<br />

contrat fut signé en juin 1908. Monsieur l'architecte<br />

Brodeur dont le talent n'est pas à<br />

louer, tant il est maintenant connu et apprécié,<br />

donna les plans de cette École normale;<br />

et Messieurs Caron et Pépin, entrepreneurs<br />

intelligents et diligents, mirent debout cette<br />

maison de pierre et de cristal, cette nouvelle<br />

Alma Mater des normaliennes.<br />

A côté des noms des réuérendes Mères<br />

Demers, Kirby, Duhamel qui eurent à traiter<br />

auec le Gouvernement, je dois inscrire<br />

dans cette première page de nos annales les<br />

noms des réuérendes Soeurs Saint-Urbain<br />

et Saint-Albert, celle-ci, Directrice de l'tcole<br />

normale et celle-là, Supérieure de la Maison<br />

des Soeurs Grises à <strong>Hull</strong>; elles ont porté la<br />

fatigue principale des labeurs de l'installation<br />

et de l'organisation de cette Institution.<br />

Et combien cette tâche fut accablante et<br />

cependant admirablement accomplie, je le<br />

sais, moi, qui en fus l'édifié témoinS6<br />

L'engagement comme principal de<br />

l'abbé Sylvie Corbeil, professeur au Séminaire<br />

Sainte-Thérèse, était accepté. C'était<br />

une garantie de succès.>? L'emplacement<br />

est déjà tout indiqué: sur la rue Notre-<br />

Dame, à côté du couvent de 1890. <strong>Le</strong> 30 juin<br />

1908, on commence à creuser et l'on voit<br />

s'édifier une belle construction en pierre<br />

aussi imposante dans ses dimensions que<br />

dans la parfaite appropriation de ses locaux.<br />

En juillet 1909,les Soeurs ne peuvent chômer:<br />

leurs vacances, ce sont les corvées de<br />

Premier groupe de. normaliennes avec le Principal fondateur; l'abbé Sylvie Corbeil, en 1910.<br />

En haut, de gauche à droite: Soeur Saint-Albert, Mère Saint-Bruno, 2e rangée, à droite: Soeur<br />

Marie-de-Ia-Miséricorde.<br />

couture, de nettoyage et de déménagement<br />

pour que l'école puisse recevoir ses pensionnaires<br />

et ses externes.<br />

Il fallait des enseignantes: la Congrégation<br />

des Soeurs Grises y pourvut. Il fallait<br />

aussi des élèves et la Providence s'en est<br />

mêlée. Comme le rappelait élégamment une<br />

élève de la première heure, Madame Jeanne<br />

Moquin-<strong>Le</strong>ssard, lors des fêtes du centennaire<br />

de l'institution :<br />

L'école Normale naquit un jour de la ténacité<br />

d'un bon abbé.<br />

C'était la fin de l'été 1909, la construction<br />

de l'Ecole normale était complétée, les<br />

deux titulaires, principal et professeur,<br />

nommés, mais pas d'élèves ...<br />

M. l'abbé Sylvia Corbeil, découragé de<br />

ce que les inscriptions ne se faisaient pas,<br />

s'amène à la Commission scolaire, et<br />

demande des jeunes filles prêtes à entreprendre<br />

leur cours d'institutrices. On les lui<br />

refuse.<br />

Mais ce bon prêtre était tenace, et surtout<br />

confiant en la Providence. Il s'adresse<br />

donc à St-Joseph, et le prie de luiaider dans<br />

une nouvelle tentative auprès de MM. les<br />

commissaires. Nouveau refus. Mais St-<br />

Joseph veillait, et par de nouveaux arguments<br />

de l'abbé Corbeil, on confie à l'École<br />

normale quelques jeunes filles désireuses de<br />

poursuivre l'idéal qui leur était offert.<br />

Quelques élèves des 7e et 8e années<br />

des écoles de la ville de <strong>Hull</strong>, un peu de<br />

recrutement dans les villages environnants,<br />

des parents des religieuses de l'institution,<br />

et l'École normale ouvrait enfin toutes<br />

grandes ses portes, à une génération vieille<br />

aujourd'hui de cinquante ans!<br />

37<br />

Puisse St-Joseph continuer avec le<br />

même acharnement les mêmes succès, son<br />

oeuvre d'éducation, et nos filles, nos petitesfilles<br />

fêteront le Centenaire de l'institution,<br />

avec le même souvenir, le même amour que<br />

leurs grands-mamans de 1909.<br />

JEANNE MOQUIN-LESSARD<br />

tlèue 1909-1910<br />

<strong>Le</strong> 10 septembre 1909, même si la maison<br />

n'est pas terminée, c'est l'entrée de 32<br />

élèves, dont 26 normaliennes; 10 élèves au<br />

cours académique; 10, au cours modèle; 7,<br />

au cours élémentaire et 5, au cours préparatoire.<br />

59 <strong>Le</strong> même jour, c'était aussi la fondation<br />

de l'école annexe Youville avec trois<br />

classes pour filles et garçons. La première<br />

leçon d'observation a lieu quinze jours plus -<br />

tard dans les classes annexes. Ces classes<br />

serviront d'application aux normaliennes et<br />

formeront une véritable école modèle qui<br />

s'enrichira progressivement de tous les<br />

degrés du cours élémentaire et d'une classe<br />

maternelle. Nombreux sont les hommes et<br />

les femmes de <strong>Hull</strong> qui se disent fiers d'avoir<br />

fréquenté cette École annexe, et qui se souviennent<br />

du chant d'ouverture de leurs<br />

séances et fêtes annuelles:<br />

55. M. le Surintendant de l'Instruction publique,<br />

l'honorable P. Boucher de la Bruyère, Ouverture<br />

officielle de l'Ecole Normale, Annuaire de<br />

l'École Normale Saint-Joseph, <strong>Hull</strong>, no L,<br />

1910, p. 9.<br />

56. Ibid., p. 10.<br />

57. Soeur Paul-Émile, Réminiscences, op. cil. p. 3.<br />

58. Jeanne Moquen-<strong>Le</strong>ssard, Programme Souvenir,<br />

Jubilé, École Normale de <strong>Hull</strong>, 1959, p. 35.<br />

59. Chroniques de l'École Normale Saint-Joseph<br />

1900-1928, p. 83.


~<br />

IHRO------------------------------------------~----------<br />

Cours élémentaire 2e année: 1927-1928.<br />

Nous sommes la grande famille<br />

Que l'on nomme l'Ecole annexe;<br />

Dans l'Ecole Normale brille<br />

Ce fin et beau joyau connexe.<br />

Jolis bambins, belles fillettes,<br />

Beaux gros garçons, pleins de façon,<br />

Et demoiselles jeunes et belles,<br />

Forment l'école dont on raffole.<br />

Aux normaliennes, on donna une<br />

devise: «Per angusta, ad augusta» : «Par du<br />

labeur, à noble but».<br />

Ce programme exigeant, les Soeurs<br />

Grises l'on vécu avec foi et courage. Ici des<br />

noms de pionnières surgissent qu'il nous<br />

semble nécessaire de citer:<br />

«Soeur Saint-Albert, première directrice<br />

et future Supérieure générale. Femme<br />

de tête et organisatrice hors pair, elle s'employa<br />

à jeter des bases solides, donnant à<br />

son école une orientation progressive qui ne<br />

s'est jamais ralentie.»<br />

«Soeur Saint-Bruno, directrice de 1912<br />

à 1923. Femme à la direction sage et éclairée,<br />

femme aimée de ses élèves qui lui ont<br />

conservé toute leur affection. Elle aussi<br />

deviendra supérieure générale.»<br />

«Soeur Marie-de-la-Miséricorde, d'abord<br />

enseignante à l'École Normale, puis directrice<br />

à deux reprises. Femme maternelle,<br />

originale et artiste, elle a laissé le souvenir<br />

d'une grande piété et d'une discrète générosité.»<br />

L'implication de ces directrices fut facilitée<br />

par l'appui et le travail sérieux des Principaux<br />

qui les ont secondées dans la ligne<br />

qu'elles avaient adoptée. Chacun a laissé<br />

un~ empreinte bien personnelle qui a permis<br />

à l'Ecole Normale de grandir et de rayonner<br />

dans tout l'Ouest québécois. <strong>Le</strong> fondateur,<br />

l'abbé Sylvia Corbeil (1909-1928) eut le<br />

souci de former des femmes capables de<br />

penser correctement et de bien écrire: Sa<br />

«Normalienne en Belles-<strong>Le</strong>ttres» les a suivies<br />

et aidées quand elles durent mettre en<br />

pratique ce qu'il leur avait si méthodiquement<br />

enseigné. <strong>Le</strong> deuxième principal, M.<br />

l'abbé Paul Courte, (1928-1933), s'appliqua<br />

à former des chrétiennes éclairées, désireuses<br />

de s'engager dans leur milieu. Et<br />

l'école se souvient encore de l'honneur qui<br />

lui a été conféré en ayant comme troisième<br />

principal, Mgr Joseph Charbonneau (1933-<br />

Mgr Joseph Charbonneau, Principal de 1933 à<br />

1939.<br />

1939), qui devint successivement évêque de<br />

Hearst et archevêque de Montréal. Cet<br />

homme sage et doux, à l'intelligence ouverte<br />

et pratique, inaugura des cours de philosophie<br />

et de théologie, organisa des cours<br />

d'été pour les religieuses et accepta de dis-<br />

38<br />

penser lui-même des cours, malgré son travail<br />

de Vicaire général du diocèse d'Ottawa.<br />

Son successeur, M. l'abbé Paul Desjardins'<br />

qui fut principal pendant 17 ans, de 1939 à<br />

1956, s'employa à hausser le niveau des<br />

études littéraires et ces longues périodes<br />

d'entraînement et d'exercices. <strong>Le</strong>s sujets<br />

traités ont varié selon les époques, ils furent<br />

souvent ambitieux.<br />

On y compare les civilisations, et leurs<br />

méthodes:<br />

• L'Ëcole d'Autrefois et l'Ëcole d'aujourd'hui<br />

(1920);<br />

• L'éducation au 17e et au 20e siècle<br />

(1950);<br />

<strong>Le</strong> féminisme est un sujet favori : on le<br />

traite en 1922, puis 1924, en présence de<br />

l'honorable Cyrille Delage, qui est venu<br />

accompagné de sa femme et de sa fille.<br />

On y revient encore en 1952.<br />

On y confronte des écrivains:<br />

• Louis Veuillot et Frédéric Ozanam<br />

(1945)<br />

des politiciens :<br />

• Mercier et Chapleau (1949)<br />

des savants :<br />

• Louis Pasteur et Madame Curie (1942)<br />

des hommes célèbres:<br />

• Alexandre et César (1948)<br />

• Louis XIV et Napoléon 1er (1946)<br />

des héroïnes de la littérature française,<br />

dans le théâtre de Racine et celui de<br />

Claudel.<br />

On s'arrête aussi à des problèmes contemporains:<br />

• Presse ou radio (1950)<br />

• Parlons-nous français ou canadien?<br />

(1951)<br />

Conscientes des bienfaits d'une initiation à<br />

l'art dramatique, les Soeurs «exercent» chaque<br />

année une pièce qui met généralement<br />

en vedette des rôles féminins - ce qui s'explique<br />

aisément d'ailleurs dans une école<br />

réservée aux filles :<br />

• En 1936 : «Bathilde, reine de France»,<br />

drame historique en cinq actes;<br />

• En 1947, «l'Êglantin e» de E. Boulay,<br />

drame biblique en quatre tableaux;<br />

• En 1948, »Sainte Claire au jardin»;<br />

• En période de guerre, ce sera «L'Espionne»<br />

(1943).<br />

À l'époque ou les valeurs familiales traditionnelles<br />

sont ébranlées, ce sera «Gardienne<br />

d'amour» d'Yvonne Estienne, pièce à thèse<br />

sur le divorce (mars 1959) et «La combe aux<br />

oiseaux», drame social du même auteur<br />

(mars 1961).<br />

Pour la mise en scène et les décors, les<br />

Soeurs ont recours à des spécialistes et à<br />

des artistes, qu'elles trouvent le plus souvent<br />

chez leurs consoeurs.<br />

A d'autres moments, des expositions<br />

s'organisent. L'une des plus imposantes fut<br />

l'exposition de livres et de revues de langue<br />

française qui dura trois jours, les 4, 5, 6 mars<br />

1961.60<br />

60.lbid.


~<br />

----------------------------------------------------------~IHRO<br />

Une réalisation à citer, tant par la qualité<br />

de son organisation que par la permanence<br />

de sa vitalité, c'est l'Amicale des<br />

anciennes; créée en nov. 1922, elle se donnait<br />

un programme à sa taille :<br />

L'Amicale est une famille d'âmes fidèles à<br />

leur Alma-Mater. L'esprit dont cette fam ille<br />

uiura sera normalien: (a) <strong>Le</strong>s Anciennes<br />

s'acquitteront de leurs deuoirs d'éducatrices<br />

enuers leurs enfants en conformité<br />

auec la pédagogie qu'élèues·institutrices,<br />

elles pratiquaient; (b) elles orienteront uers<br />

l'école normale les jeunes filles chez qui se<br />

réuèle une uocation pédagogique; (c) elles<br />

entoureront de leurs sympathies les jeunes<br />

maîtresses de leur uillage et leur seront tutélaires<br />

contre qui les persécutent.61<br />

Elle s'affilie à la Fédération des Alumnae<br />

en 1931.<br />

Après 10 ans d'existence, elle avait à<br />

son crédit la fondation d'une bourse en<br />

faveur des normaliennes, et un cercle<br />

d'études non dépourvu d'intérêts. Soucieuses<br />

de formation continue, ses membres<br />

organisent des cours, des conférences,<br />

à l'intention des amicalistes. Elles travaillent<br />

à la promotion de la femme et à l'expansion<br />

de la Ligue catholique féminine diocésaine<br />

dont l'une d'elles est présidente. Jusqu'à la<br />

dernière année d'existence officielle de<br />

l'École Normale, cette Amicale a été fervente<br />

de son Alma Mater, heureuse dans.<br />

ses initiatives et persévérante dans ses<br />

réalisations.<br />

A ses débuts, l'École normale préparait<br />

aux diplômes académique et modèle. Elle a<br />

suivi l'évolution des programmes et des<br />

régimes imposés par le Département de<br />

l'Instruction publique : ainsi, en 1924, elle<br />

propose les diplômes élémentaire et supérieur.<br />

(En 1930, disparaît de la liste de son<br />

personnelle nom du docteur J. E. Fontaine,<br />

M.P., comme médecin de l'École Normale; il<br />

le fut pendant 20 ans.)<br />

La clientèle augmente; les locaux ne<br />

suffisent plus. Un besoin urgent d'espace<br />

supplémentaire se fait sentir.<br />

<strong>Le</strong> 2 février 1929, la Congrégation des<br />

Soeurs Grises fait l'achat de la propriété<br />

d'Adjutor Vézina, à l'angle des rues Notre-<br />

Dame et Saint- Laurent; le 16 mars, la cérémonie<br />

de la première pelletée de terre attire<br />

bien des curieux (et des curieuses). <strong>Le</strong>s travaux<br />

avancent à un rythme étonnant, si bien<br />

que le 31 septembre suivant, les 87 normaliennes<br />

peuvent prendre possession d'un<br />

grand dortoir, d'une salle attrayante et d'un<br />

gymnase que l'on trouve alors très vaste et<br />

surtout très utile. <strong>Le</strong>s 162 élèves de l'École<br />

annexe entrent dans six belles salles de<br />

classes spacieuses, éclairées et confortablement<br />

meublées.w Quant à la chapelle aux<br />

verrières attrayantes, on n'y entrera que le<br />

15 octobre suivant.sê<br />

La Communauté des Soeurs Grises<br />

vient de se charger d'une lourde dette que la<br />

crise économique ne viendra pas facilement<br />

renflouer.<br />

Un nouveau cours s'ajoute en 1937 : le<br />

cours supérieur avec 2 élèves. En 1938, le<br />

nombre de normaliennes est de 76; Il ans<br />

plus tard, il s'élèvera à 143. Quant à l'École<br />

Youville, elle offre tous les cours de la classe<br />

maternelle à la ge année et porte depuis<br />

Photos: Archives école St-Joseph.<br />

39<br />

1942 le statut d'école ménagère moyenne:<br />

en 1949, elle compte 430 élèves.<br />

A l'exception du professeur laïque, le<br />

corps professoral des deux écoles se compose<br />

exclusivement de religieuses, possédant<br />

toutes leur brevet supérieur, quelquesunes<br />

leur baccalauréat ès arts.<br />

L'avenir était prometteur.<br />

1950; Un 18 mai inoubliable.<br />

Et il y eut le 18 mai 1950.<br />

<strong>Le</strong> soir de l'Ascension, vers 10h20,<br />

l'alerte est donnée: l'école est en feu. Religieuses<br />

et normaliennes se hâtent d'évacuer<br />

les lieux. Un feu d'une rapidité inouïe détruisit<br />

alors complètement le couvent de 1890 et<br />

l'aile centrale de 1909, dont les murs seuls<br />

sont restés debout. L'aile de 1931, qui était<br />

construite à l'épreuve du feu, fut épargnée.<br />

61. Annuaire de l'École Normale de <strong>Hull</strong>, 1921-<br />

1931, numéro quatorze, p. 36.<br />

62. Chroniques de l'École Normale Saint-Joseph,<br />

1900-1928.<br />

63. <strong>Le</strong>ttre des Soeurs de l'École Normale à Mère<br />

Saint-Bruno, 31 décembre 1931, Archives de<br />

l'E.N., <strong>Hull</strong>.


~<br />

IHRO<br />

Toutes les normaliennes furent sauves;<br />

quant aux religieuses, qui avaient leurs dortoirs<br />

dans la vieille <strong>partie</strong>, elles subirent de<br />

lourdes pertes : quatre des leurs périrent<br />

dans l'incendie :<br />

Soeur Marie-du-Saint-Sacrement, professeur<br />

Soeur Jean-de-la-Croix, directrice de<br />

l'école Duhaut<br />

Soeur Marie-de-la-Visitation, professeur<br />

Soeur Maguerite-de-la-Charité, professeur<br />

<strong>Le</strong>s trois premières étaient d'anciennes normaliennes<br />

àe l'école; l'école normale perdaient<br />

trois professeurs. Une autre Soeur,<br />

Soeur Sainte-Annette, fut grièvement blessée.<br />

Photos: Archives école St-Joseph.<br />

40<br />

Parce qu'elles croyaient dans l'oeuvre<br />

de la formation des futures institutrices, les<br />

Soeurs Grises décidèrent de reconstruire,<br />

et de le faire le plus tôt possible pour que<br />

leurs élèves ne souffrent pas d'un retard<br />

trop prolongé. Des équipes travaillèrent<br />

jour et nuit, si bien que le 18septembre, trois<br />

mois après l'incendie, les élèves pouvaient<br />

réintégrer leur école et y suivre normalement<br />

tous leurs cours.<br />

Pour les religieuses du couvent, ce fut<br />

alors une diaspora de deux ans; certaines<br />

logèrent dans l'étroit édifice de brique rouge<br />

située derrière l'école, sur la rue Laurier,<br />

bâtisse modeste construite en 1913, qu'on<br />

appelait pompeusement «le château». Grâce<br />

à la compréhension de la Commission scolaire,<br />

celles qui enseignaient dans les écoles<br />

paroissiales purent loger dans leur école respective.<br />

En septembre 1952, le couvent était<br />

prêt à les rapatrier: heureuses de se retrouver,<br />

elles prirent possession de l'aile sise sur<br />

la rue Saint-Je an-Baptiste, mais avec entrée<br />

principale sur la rue Notre-Dame.<br />

Encore une fois, la confiance et l'audace<br />

avaient triomphé.<br />

En 1957, les normaliennes étaient 167,<br />

ré<strong>partie</strong>s en 7 classes. Après maintes<br />

démarches, M. l'abbé Saint-Jean réussit à<br />

implanter le cours d'études universitaires<br />

menant au baccalauréat en pédagogie. En<br />

1960, 27 élèves étaient engagées dans cette<br />

voie, sur un total de 164,dont 50 de la villede<br />

Hu1l 64<br />

Et il y eut le Rapport Parent<br />

Et il y eut le Rapport Parent avec ses<br />

répercussions sur les écoles normales de la<br />

province. <strong>Le</strong> 1er juin 1968,les dernières normaliennes,<br />

au nombre de 50, concluaient la<br />

belle et longue histoire de l'École normale<br />

Saint-Joseph, en la présence du premier<br />

évêque de <strong>Hull</strong>, Monseigneur Paul-Émile<br />

Charbonneau, venu célébrer avec elles l'Eucharistie.<br />

Depuis 1962, deux religieuses<br />

avaient tenu le poste de principale:<br />

Soeur Saint-Robert, 1962-1965<br />

Soeur Rita Denis, 1965-1967.<br />

Quant à l'École Youville, elle n'avait<br />

plus de classes du primaire depuis 1963 :<br />

seules furent conservées les deux classes du<br />

secondaire, les 8e et ge années. Avec l'arrivée<br />

en 1965 des élèves du cours d'Immatriculation<br />

du Collège Marguerite-d'Youville,<br />

si une oeuvre finissait,une autre commençait.<br />

1945-1967 : Collège Classique<br />

Marguerite-d'Youville<br />

L'an 1945 marque, avec le centenaire<br />

de fondation des Soeurs Grises de la Croix,<br />

l'ouverture du premier collège classique<br />

féminin de l'Ouest de Québec.<br />

64. Chroniques de l'E.N. 1954-1967, septembre<br />

1960.


~<br />

------------------------------------------------------------IHRO<br />

Premier groupe d'élèves du Collège Marguerite-d'Vouville après sa réouverture sur le<br />

boulevard Taché.<br />

C'est une fille de <strong>Hull</strong>, Soeur Joseph-<br />

Arthur (Clarisse Laramée), qui en fut la promotrice.<br />

Alors directrice de Scolasticat<br />

Notre-Dame-de-Grâce, elle rêvait de doter<br />

sa ville natale d'un collège offrant aux jeunes<br />

filles de sa région ce que leurs frères trouvaient<br />

à Saint-Alexandre depuis 30 ans.<br />

Dans sa pensée, les adolescentes des<br />

familles ouvrières seraient ainsi favorisées.<br />

Du rêve, elle passa aux actes sans tarder.<br />

<strong>Le</strong>s religieuses scolastiques acceptèrent<br />

de partager temporairement leurs<br />

salles de cours avec les futures collégiennes;<br />

le 1er mai, l'université Laval accordait un<br />

certificat d'affiliation et le 12 septembre suivant,<br />

trois élèves régulières, vingt à temps<br />

<strong>partie</strong>l et six professeurs donnaient au Collège<br />

Marguerite-d'Youville une existence<br />

concrète et officielle.w<br />

C'était très peu: c'était déjà beaucoup.<br />

Dans l'esprit des fondatrices se dessinaient<br />

les plans d'un collège moderne, bien équipé;<br />

les avant-gardistes osaient même parler de<br />

ce qui semblaient alors un luxe inoui, une<br />

piscine intérieure. Et les parents y allaient de<br />

leurs encouragements et de leurs conseils.<br />

Dès 1945, la Ville de <strong>Hull</strong> céda aux Soeurs<br />

Grises le terrain Fleming, entre le chemin<br />

d'Aylmer (boulevard Taché) et les voies du<br />

e.P.R. Suivit une longue suite de démarches<br />

et de requêtes auprès du gouvernement provincial<br />

en vue d'obtenir une subvention en<br />

faveur du collège projeté.<br />

Quant aux élèves, la rareté des locaux<br />

n'entravait pas leurs activités. En 1947, les<br />

24 collégiennes fondaient un journal étudiant,<br />

«le d'Youville», membre dès ses<br />

débuts de la Corporation des Escholiers<br />

Griffonneurs. (Deux ans plus tard, cette<br />

feuille étudiante mérita une Griffe d'argent<br />

pour la tenue littéraire de ses articles). En<br />

1948, le premier cycle du cours universitaire<br />

est établi; miracle d'ingéniosité, on réussit à<br />

maintenir huit cours dans quatre locaux.<br />

Déjà le Collège Marguerite-d'Youville est<br />

reconnu pour l'esprit de travail de ses élèves<br />

et l'ardeur à la fois tenace et sympathique de<br />

ses professeurs.<br />

<strong>Le</strong> 8 décembre 1948, le Collège fêtait sa<br />

première bachelière Hélène Rocque. Mgr<br />

Alexandre Vachon présidait la cérémonie; il<br />

confirmait ainsi la mission officielle de cette<br />

oeuvre d'éducation.<br />

Un collège, c'est unséminaire où l'on cultive<br />

les belles fleurs, et entre les belles fleurs, les<br />

plus belles sont les femmes instruites. Cette<br />

pépinière du Collège Marguerite-d'Youville<br />

a su développer de ces fleurs. Une seule<br />

s'est épanouie et avec quelle splendeur.<br />

Nous pouvons nous attendre à une riche<br />

éclosion de fleurs féminines dans un avenir<br />

raoorocbée<br />

Alors une crise de logement força les<br />

Soeurs Grises à fermer temporairement<br />

une institution dont l'essor était appréciable<br />

: en quatre ans, il avait formé quatre bachelières<br />

et enregistrait une centaine d'inscription<br />

dont dix en philosophie.<br />

A la suite des demandes réitérées et<br />

pressantes des citoyens de <strong>Hull</strong>, et grâce à<br />

une subvention provinciale de 60 000 $, la<br />

réouverture du Collège est annoncée. <strong>Le</strong> 13<br />

juin 1952, c'est la bénédiction du terrain;<br />

puis en septembre, 36 élèves enthousiastes,<br />

ré<strong>partie</strong>s en trois cours : Ëléments latins,<br />

Syntaxe et Méthode, prennent possession<br />

d'un modeste édifice, sur le boulevard<br />

Taché. Édifice qui parut alors spacieux et<br />

moderne avec ses six classes, son petit laboratoire,<br />

une salle de bibliothèque, un bureau<br />

de direction et un vestiaire. <strong>Le</strong> Collège revivait,<br />

la flamme de 1945 brûlait encore d'une<br />

même ardeur pour la culture française et la<br />

41<br />

formation chrétienne intégrale. Mgr Marie-<br />

Joseph <strong>Le</strong>mieux vint bénir le nouvel externat<br />

classique. Admirant la vitalité du jeune<br />

rameau qui promettait de survivre à sa<br />

transplantation, louant le souffle de saine<br />

jeunesse qui l'animait, il lui dit avec sagesse;<br />

«C'est le propre des oeuvres voulues par<br />

Dieu d'être fortifiées au lieu d'être abattues<br />

par l'épreuve.»67<br />

<strong>Le</strong> Collège a grandi lentement mais<br />

énergiquement. <strong>Le</strong>s inscriptions montèrent<br />

progressivement pour atteindre le consolant<br />

total de 204, en 1963, et avec treize<br />

professeurs à temps complet.<br />

Faute de locaux disponibles, on transformait<br />

rapidement une classe en salle de<br />

conférence ou en théâtre, gymnase, salle à<br />

dîner et même chapelle. <strong>Le</strong>s élèves y<br />

jouaient des séances dramatiques, présentaient<br />

des débats bien préparés, sur des<br />

thèmes reliés aux auteurs classiques: Corneille,<br />

Racine, Molière, ou sur des sujets<br />

plus universels: le féminisme, la survivance,<br />

la qualité de la langue. C'est dans ce tout<br />

petit collège qu'elles reçurent un jour la<br />

visite d'une des plus grandes dames de<br />

notre temps, Madame Georges Vanier,<br />

épouse du Gouverneur général.68 Par une<br />

étrange coïncidence, six jours plus tard,<br />

elles étaient elles-mêmes reçues à la résidence<br />

du Premier Ministre du Canada par<br />

Madame Diefenbaker. <strong>Le</strong>s professeurs<br />

avaient le souci constant de faire bénéficier<br />

leurs élèves de tous les avantages que leurs<br />

offrait leur région: c'est pourquoi, on inscrivait<br />

à l'horaire des visites à la Galerie Nationale,<br />

au Musée, aux Archives et à l'Hôtel<br />

des Monnaies. <strong>Le</strong> mouvement de J.<strong>Le</strong>. y<br />

était actif et rayonnant, le Cercle des Jeunes<br />

Naturalistes a connu aussi des heures bien<br />

enrichissantes.<br />

Désireuses de se retremper dans l'atmosphère<br />

fraternelle de leur Collège, les<br />

anciennes fondèrent le 5 novembre 1960<br />

une Amicale qui ne tarda pas à convoquer<br />

toutes les anciennes à un thé inaugural le 27<br />

novembre suivant.é?<br />

L'évolution inévitable du nombre de<br />

classes, les multiples exigences d'une formation<br />

intégrale incitèrent les Soeurs<br />

Grises à recommencer leurs démarches en<br />

vue d'obtenir du gouvernement l'aide nécessaire<br />

à un agrandissement devenu urgent.<br />

<strong>Le</strong> Ministre de la Jeunesse vint étudier sur<br />

place la situation et les projets; par la suite,<br />

grâce à la persévérance de l'Économe provinciale,<br />

Soeur Marie-Caroline, grâce aussi<br />

à un apport substantiel du gouvernement<br />

provincial, le collège put bénéficier du beau<br />

65. Chroniques du Collège Marguerited'Youville,<br />

<strong>Hull</strong>, septembre 1952.<br />

66. Ibid., 8 décembre 1948.<br />

67. Archives du Collège Marguerite d'Youville<br />

<strong>Hull</strong>,1964.<br />

68. Chroniques du Collège Marguerite d'Vou ville,<br />

<strong>Hull</strong>, 23 mars 1962.<br />

69. Ibid., 27 novembre 1960.


,.<br />

-------------------------------------------------------IHRO<br />

tout en demeurant au couvent Notre-Damede-Grâce,<br />

prend la direction de l'école St-<br />

,Joseph qui vient d'être construite." Ce<br />

n'est qu'en septembre 1917 que les Soeurs'<br />

viennent résider dans leur couvent que le<br />

bon Curé Larocque les aide à aménager par<br />

des <strong>partie</strong>s de cartes et des corvées. 77Devenue<br />

une école pour filles seulement en 1924,<br />

elle grandit rapidement et avait sa Ile année<br />

en 1956. <strong>Le</strong>s succès de ses élèves contribuèrent<br />

à la bonne renommée de l'école St-<br />

Joseph qui pouvait se mesurer avantageusement<br />

avec les autres écoles de même niveau<br />

dans la région de l'Outaouais. En 1958, par<br />

une décision de la Commission scolaire, les<br />

10e et l l e années furent transférées à<br />

l'école Sainte-Marie. C'est en 1976 que les<br />

Soeurs Grises se retirèrent de cette école<br />

dont elles ont gardé de consolants souvenirs.<br />

Larocque<br />

<strong>Le</strong>s Soeurs ne jouèrent ici qu'un rôle de<br />

suppléance, de 1921 à 1924, en attendant<br />

l'arrivée des Frères pour une école destinée<br />

aux garçons.<br />

Laverdure<br />

C'est en 1926, que les Soeurs Grises<br />

prirent possession de cette école toute<br />

neuve, avec ses douze classes dont trois<br />

destinées aux élèves de langue anglaise.78<br />

Pendant longtemps, les Soeurs qui enseignaient<br />

à Laverdure partagèrent le même<br />

couvent que leurs consoeurs de l'école St-<br />

Joseph. C'était, sur un plan plus modeste,<br />

une réplique de la formule du Couvent<br />

Notre- Dame-de-G râce.<br />

<strong>Le</strong>s Soeurs Grises de la Croix sont<br />

demeurées longtemps à Laverdure :on les y<br />

retrouve encore en 1975.<br />

Duhaut<br />

Fondée en 1890, cette école avait une<br />

tradition vieille de trente ans quand M. le<br />

Curé Lombard demanda à la Supérieure<br />

générale une religieuse qui prendrait la<br />

direction de son école. En septembre 1920,<br />

Soeur St-Jean-Baptiste-de-Ia-Salle, déjà<br />

directrice de l'école <strong>Le</strong>comte, accepta de<br />

superviser l'école Duhaut qui, en 1930,<br />

passa sous la même direction que l'école<br />

St-Thomas-d'Aquin. Deux religieuses sejoignirent<br />

à l'équipe des enseignantes. Ce n'est<br />

qu'en 1943 que l'école eut sa directrice résidente,<br />

Soeur Rocque, que quatre religieuses<br />

secondaient. Ce fut une époque de<br />

grande animation pour l'école, si l'on en juge<br />

d'après certains articles de journaux. <strong>Le</strong> 23<br />

juin 1954, vu la pénurie de religieuses, les<br />

Soeurs quittèrent définitivement cette école<br />

où elles avaient instauré un climat de travail<br />

et de vitalité qui eut les plus heureux<br />

résultats.<br />

Ëlèves'de 7e année de l'école Lauzon à l'occasion de la communion Solenelle en 1962.<br />

Lauzon<br />

Dès son ouverture, en 1926, jusqu'à<br />

son changement de vocation, en 1965, cette<br />

école fut toujours sous la direction des<br />

Soeurs Grises. Plus modeste que l'Académie<br />

Sainte-Marie, moins nombreuse aussi,<br />

elle fut une école accueillante, renommée<br />

par son dynamisme et la qualité de son<br />

enseignement. L'intérêt que lui ont porté<br />

ses pasteurs, les Pères Oblats, a certes<br />

compté pour beaucoup dans son évolution.<br />

Sainte-Bernadette<br />

Cette nouvelle école portait le nom de<br />

Roy quand les Soeurs Grises ont accepté,<br />

en 1938, la direction de la <strong>partie</strong> réservée<br />

aux filles. Certains locaux leur servirent de<br />

résidence, pendant deux ans, après l'incendie<br />

de l'Ëcole Normale. Et, l'école ayant<br />

changé de vocation, les Soeurs ne s'y trouvèrent<br />

plus après 1964.<br />

Saint-Bernardin<br />

Pour honorer les Soeurs Grises dont<br />

c'était le centenaire de fondation communautaire,<br />

les Commissaires donnèrent à<br />

cette école, érigée en 1946, le nom de la<br />

Supérieure générale, Soeur Saint-Bernardinde-Sienne.<br />

Pourtant, les Soeurs Grises ne<br />

faisaient pas alors <strong>partie</strong> du personnel enseignant<br />

de l'école. Elles y arrivèrent en 1955,<br />

et eurent quelque temps la direction de<br />

cette institution qui connut par la suite plusieurs<br />

statuts différents.<br />

<strong>Le</strong>s Soeurs de la Charité d'Ottawa ont<br />

aussi assuré, par interim, la direction des<br />

écoles Ste-Anne, <strong>Le</strong>comte, Notre-Dame,<br />

St-Raymond, Saint-Paul, Mgr Beaudoin. Au<br />

primaire, la dernière «Soeur Directrice» fut<br />

Soeur Georgette Baieil : elle avait dirigé<br />

l'école Mont-Bleu de 1979 à 1983.<br />

Une place d'honneur à la musique<br />

La paroisse Notre-Dame fut à l'origine<br />

d'une tradition musicale dont la population<br />

de <strong>Hull</strong> tira longtemps une légitime fierté."?<br />

43<br />

Chez les Soeurs Grises, c'est dès l'ouverture<br />

de l'Académie à la petite Chapelle<br />

des Chantiers que la musique reçoit une<br />

place privilégiée dans la formation des<br />

jeunes filles.<br />

Très tôt cet enseignement s'organise<br />

de façon systématique dans leur Congrégation<br />

: on adopte des programmes et on en<br />

vérifie l'application. Chaque année, une<br />

musicienne de la Congrégation, nommée<br />

responsable de cet enseignement, vient de<br />

la Maison mère présider aux examens des<br />

élèves musiciennes; elle est en quelque<br />

sorte


~<br />

IHRO<br />

milieu de nous, de nouveaux titres dignes du<br />

plus haut intérêt, surtout depuis l'affiliation<br />

du département musical à certains conservatoires<br />

réputés.<br />

Tout d'abord avec l'Académie de Musique<br />

de Québec. Mais comme d'après ces constitutions,<br />

l'Académie de Musique de Québec<br />

ne pouvait envoyer des juges pour examiner<br />

les élèves des Soeurs Grises dans leurs couvents<br />

respectifs, ainsi que depuis plusieurs<br />

années la faveur en a été sollicitée, elles ont<br />

jugé plus convenable, pour ne pas éloigner<br />

leurs élèves, de faire des arrangements avec<br />

le Collège Musical de la Puissance connu<br />

sous le nom de «Dominion College of<br />

Music», établi à Montréal qui ne fait aucune<br />

objection à ce sujet, pourvu que les candidats<br />

soient en nombre suffisant.<br />

<strong>Le</strong> premier de ces examens a eu lieu au<br />

couvent de Notre-Dame de Grâces de <strong>Hull</strong>,<br />

le 8 juin courant sous la présidence de<br />

M.P. y. Maley, secrétaire du Collège, accompagné<br />

de M. William Bohmer et de M.<br />

Arthur Dorey, du Collège de Musique d'Ottawa.<br />

Soeur Madeleine-de-Pazzi rêvait d'affilier<br />

son école à l'Académie de Musique de<br />

Québec, mais les règlements ne permettaient<br />

pas, semble-t-il, les visites d'examinateurs<br />

it inér ant s.ë! Elle l'affilia alors au<br />

Collège Musical de la Puissance établi à<br />

Montréal sous le nom de Dominion College<br />

of Music. <strong>Le</strong>s cours sont ainsi sanctionnés<br />

par des diplômes: élémentaire, junior,<br />

senior, lauréat; et les élèves font honneur à<br />

leurs professeurs comme en témoigne cette<br />

lettre du secrétaire du Collège 82<br />

Dominion College of Music,<br />

Montreal, June 11, 1904.<br />

The Rev. Superior,<br />

Grey Nuns of the Cross,<br />

<strong>Hull</strong>, Qué.<br />

Dear Madam,<br />

1 have much pleasure to inform you that<br />

ail the candidates presented by the Grey<br />

Nuns of the Cross, have successfully passed<br />

the examinations of this College, and that<br />

the following obtained honors, as follows :<br />

Senior - Laurence Chéné, distinction;<br />

Jeanne Fréchette, distinction; Jeanne<br />

Simon, grand distinction.<br />

Associate - Rhéa Corbeil, grand distinction.<br />

1 may say that no dictinction is accorded<br />

under the senior Grade, but that ail the<br />

pupils passed most creditably.<br />

On behalf of the examiners, 1 would<br />

congratulate you most heartily upon the<br />

admirable work done by your pupils and<br />

would further congratulate you in having<br />

such excellent and artistic instruclors in<br />

music at your Convents. Too much praise<br />

cannot be awarded these good sisters for<br />

the admirable manner in which they have<br />

trained their pupils.<br />

The diplomas will be forwarded to Mr.<br />

Dorey in a day or so.<br />

Belieue me,<br />

Sincerely yours,<br />

PERCIVAL J. ILLSLEY,<br />

Registar.<br />

En 1908, après avoir travaillé 18 ans à<br />

<strong>Hull</strong>, Soeur Madeleine-de-Pazzi est élue<br />

secrétaire générale de sa Congrégation.<br />

Son intérêt pour la musique ne s'éteignit pas<br />

puisqu'on la voit revenir administrer des<br />

examens même en 1936_<br />

Soeur Louis-Joseph lui succéda en<br />

1908; grande musicienne elle aussi, elle partageait<br />

l'enthousiasme et le zèle de sa devancière<br />

pour la promotion de la musique.<br />

Désireuse d'en moderniser les méthodes,<br />

elle se rend à Paris83 en 1938, avec Soeur<br />

Marie-Stella : les deux doivent suivre des<br />

cours à l'Institut de Pédagogie musicale. A<br />

leur retour précipité par l'entrée en guerre<br />

de la France, elles exposent les bienfaits de<br />

la Méthode Thiberge, dont le principal avantage<br />

serait le souci d'exercer toutes les<br />

facultés de l'enfant par des procédés favorisant<br />

l'acquisition de l'art musical. C'est une<br />

petite révolution qui eut d'heureux effets.<br />

En 1952, le rêve de la fondation d'une<br />

école de musique se concrétise sous l'instigation<br />

de Soeur Marie-de-la-Victoire. Elle<br />

commence modestement mais sûrement<br />

avec une dizaine d'élèves. En 1955, l'Ëcole<br />

de Musique Notre-Dame, affiliée à l'Université<br />

Laval, se révèle très prospère tant par le<br />

nombre que par le degré d'avancement de<br />

ses élèves. Elle compte 48 musiciennes;<br />

l'étude du violon s'est ajoutée à celle du<br />

piano et l'école est favorisée de la collaboration<br />

d'éminents pr ofesseurs.ê?<br />

En mai 1957, elle présente ses élèves<br />

aux examens universitaires pour l'obtention<br />

des diplômes Supérieur, Complémentaire,<br />

Lauréat, Brevet d'enseignement; et deux<br />

ans plus tard, elle fête avec joie les deux<br />

premières bachelières de l'école: Carmen<br />

Vincent et Claudette Auchu. Aux festivals<br />

de musique et de chant, ses élèves connaissent<br />

aussi des succès très enviables.<br />

«<strong>Le</strong>s examinateurs se disent «très satisfaits<br />

du magnifique travail des professeurs et des<br />

élèves»_85<br />

Un an plus tard, l'école de musique<br />

enregistre 75 élèves: 47 pour le piano, 20<br />

pour le violon, 5 pour l'orgue et 3 pour le<br />

chant. 86 <strong>Le</strong> statut de l'école se précise: le 21<br />

avril 1959, èlle devient un collège de musique<br />

affiliéà l'université de Montréal et rattaché<br />

au Collège Marguerite d'y ouville dont<br />

elle bénéficie de la Charte d'incorporation.s?<br />

On peut maintenant y préparer des élèves à<br />

la maîtrise en interprétation et en virtuosité.<br />

Depuis sa fondation, l'école de musique<br />

avait ses locaux dans le couvent de la rue<br />

Notre-Dame et souffrait forcément de la<br />

rareté et de l'exiguité des lieux. Mais ileut le<br />

privilège d'être le premier groupe à bénéficier<br />

de la nouvelle construction sur le boulevard<br />

Taché où se trouve aujourd'hui l'université<br />

du Québec; en 1963 il entre dans l'aile<br />

qui lui est réservée 88 . Son essor est assuré:<br />

directrice et professeurs s'installent enfin<br />

dans de beaux locaux préparés selon leurs<br />

44<br />

désirs avec des studios pour chacune des<br />

disciplines. <strong>Le</strong> nombre des élèves est consolant;<br />

filles, garçons, enfants, adolescents,<br />

adultes, ils sont chez eux dans leur sympathique<br />

et beau Collège. Pourtant, cette<br />

euphorie connaîtra vite un refroidissement:<br />

la réforme des institutions d'enseignement<br />

le frappera lui aussi. Avec la vente du Collège<br />

classique, iljoue ses derniers accords et<br />

à regret, ilfaut le dire, doit céder sa place au<br />

Conservatoire de musique de <strong>Hull</strong> qui occupera<br />

les mêmes locaux.<br />

Au cours de sa brève existence, le Collège<br />

de Musique Notre-Dame a participé<br />

activement à la formation d'élèves dont les<br />

noms font honneur à la région dans le<br />

domaine musical, entre autres, Pierrette<br />

Froment, Gaétan Robichaud, Hélène Clément,<br />

Marleen Finn, Claudette Minnie, Martine<br />

Jaworski, Louise-Marie Trottier.<br />

1970: École secondaire Saint-Joseph<br />

Que reste-t-il de tant d'années d'implication<br />

dans un milieu qui, de modeste village,<br />

est devenu une ville populeuse et<br />

progressive?<br />

Absentes des écoles publiques en 1987,<br />

les Soeurs Grises de la Croix sont encore<br />

présentes dans <strong>Hull</strong>. Elles le sont au même<br />

poste qu'en 1874, avec le même idéal et la<br />

même mission. .<br />

De l'Académie du petit Couvent rouge<br />

de 1870 sont sorties quatre écoles privées,<br />

quatre rameaux qui ont atteint une maturité<br />

honorable: l'Ëcole normale Saint-Joseph,<br />

l'Ëcole annexe Youville,le Collège Marguerited'Youville<br />

et l'Ëcole secondaire Saint-<br />

Joseph. <strong>Le</strong>s trois premières institutions<br />

sont inscrites dans l'histoire de <strong>Hull</strong> avec<br />

l'enluminure attachante que donne le souvenir..<br />

Elles ne sont pas <strong>disparu</strong>es à jamais;<br />

elles survivent et se prolongent dans la quatrième<br />

école privée, dont l'adresse officielle<br />

est aussi le 174 de la rue Notre-Dame. Elle<br />

naquit du regroupement des élèves du<br />

cours secondaire de l'école annexe avec les<br />

collégiennes qui avaient dû essaimer en<br />

1965.<br />

Après avoir adopté le statut d'école<br />

associée, pendant deux ans, elle reprit son<br />

indépendance et fut reconnue école privée<br />

d'intérêt public, le 6 avril 1970.<br />

81. Ibid.<br />

82. Ibid.<br />

83. Chroniques 1933-1942, Élèves, École Normale<br />

Saint-Joseph, <strong>Hull</strong>, 22 avril 1932.<br />

84. Chroniques 1954-1967, École Normale Saint-<br />

Joseph, <strong>Hull</strong>, 7 septembre 1955, p. 26.<br />

85. Ibid., 13 et 14 mai 1957, p. 90.<br />

86. Ibid., septembre 1967, p. 127.<br />

87. Ibid., septembre 1959, p. 162.<br />

88. Chroniques du Collège Marguerite d'Youville,<br />

1947-1965, <strong>Hull</strong>, 19 août 1963.


~<br />

----------------------------------------------------------IHRO<br />

Comme ses devancières, elle se voue à<br />

la formation chrétienne et intégrale des<br />

jeunes filles, qu'elle trouve attachantes et<br />

riches de vitalité; à son tour, elle éprouva<br />

l'acuité d'un problème propre à toute croissance<br />

normale: le besoin d'expansion.<br />

Alors, de nouveau, les Soeurs Grises - qui<br />

ont repris leur nom primitif de Soeurs de la<br />

Charité d'Ottawa - ont dû faire face aux<br />

risques inhérents à toute construction d'envergure<br />

à une époque d'instabilité économi-<br />

L'école Normale.<br />

Archiues Deschâte/ets, Ottawa_<br />

que et politique. Parce qu'elles croient<br />

toujours en la grandeur et en la nécessité de<br />

leur mission dans l'Ëglise et la société d'aujourd'hui,<br />

elles ont relevé le défi: sur la rue<br />

Laurier, une élégante annexe de briques<br />

rouges en est le signe permanent.<br />

L'Ëcole secondaire Saint-Joseph compte<br />

aujourd'hui 775 élèves; 22 religieuses font<br />

<strong>partie</strong> du personnel enseignant.<br />

45<br />

Quant au couvent de la rue Notre-<br />

Dame, il sert toujours de résidence aux religieuses;<br />

elles sont actuellement 50, qui<br />

participent toutes, d'une façon directe ou<br />

indirecte, à la bonne marche de l'école, à<br />

l'actualisation de sa mission, au grand projet<br />

éducatif que la Congrégation des Soeurs de<br />

la Charité s'efforce de réaliser à <strong>Hull</strong>, depuis<br />

122 ans.


~<br />

IHRO<br />

La communauté de l'école Cauvin.<br />

1re rangée de gauche à droite, les frères Michel, François, Eusèbe, dir., Félix et Aurèle,<br />

2ème rangée, les frères Oscar JOSEPH, Joseph et Laurent.

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