P.E. : Toxiques en héritage - Greenpeace
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1. Les voies d’exposition chimique<br />
« Quand des substances chimiques se retrouv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> conc<strong>en</strong>trations élevées dans des sécrétions<br />
corporelles comme le lait maternel, il faudrait<br />
immédiatem<strong>en</strong>t les retirer du marché. »<br />
Commission royale du Royaume-Uni sur<br />
la pollution de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (2003)<br />
Le DDT, les PCB et les dioxines font partie des<br />
substances chimiques de synthèse les plus<br />
dangereuses (et les plus étudiées) à avoir jamais été<br />
introduites dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Celles-ci, ainsi<br />
qu’un certain nombre d’autres pesticides chlorés,<br />
ont été officiellem<strong>en</strong>t classées comme POP<br />
(polluants organiques persistants) par la Conv<strong>en</strong>tion<br />
de Stockholm (conv<strong>en</strong>tion des Nations unies<br />
adoptée <strong>en</strong> 2001 et <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong> mai 2004).<br />
Leur production et leur utilisation int<strong>en</strong>tionnelles<br />
sont donc la plupart du temps interdites.<br />
Des POP pas perdus pour tout le monde<br />
Pourtant, ces douze substances et groupes de<br />
substances, parfois appelés collectivem<strong>en</strong>t les<br />
"douze salopards", ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t qu’une petite<br />
partie de l’<strong>en</strong>semble des POP. De nombreuses<br />
autres substances chimiques organiques persistantes<br />
continu<strong>en</strong>t d’être produites et utilisées comme<br />
ingrédi<strong>en</strong>ts pour des produits d’usage industriel,<br />
agricole ou de consommation courante. Des<br />
substances chimiques comme les retardateurs de<br />
flamme bromés, les alkylphénols, les muscs<br />
artificiels ou les phtalates se retrouv<strong>en</strong>t, suite à leur<br />
utilisation int<strong>en</strong>sive, largem<strong>en</strong>t dispersées dans<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. On <strong>en</strong> a retrouvé dans des régions<br />
et des animaux que l’on croyait à l’abri de toute<br />
contamination chimique. Ainsi, diverses substances<br />
chimiques bromées utilisées comme additifs<br />
retardateurs de flamme dans des plastiques et des<br />
textiles ont été retrouvées dans l’organisme d’ours<br />
polaires, de faucons sauvages, de cachalots ou<br />
d’être humains. Des recherches réc<strong>en</strong>tes indiqu<strong>en</strong>t<br />
que des substances chimiques dangereuses peuv<strong>en</strong>t<br />
migrer hors des produits de consommation lors de<br />
leur utilisation quotidi<strong>en</strong>ne, soit <strong>en</strong> passant<br />
directem<strong>en</strong>t dans l’air, soit <strong>en</strong> se désagrégeant sous<br />
forme de poussières contaminées (Gre<strong>en</strong>peace<br />
Pays-Bas, 2001 et 2003 ; Santillo et al., 2003a).<br />
Une prés<strong>en</strong>ce qui dure<br />
La production et l’utilisation délibérées des POP<br />
faisant partie des "douze salopards" ont été<br />
interdites ou fortem<strong>en</strong>t limitées au niveau mondial.<br />
Mais ces substances chimiques, tout comme de<br />
nombreuses autres <strong>en</strong>core <strong>en</strong> usage, sont<br />
persistantes : elles ne se décompos<strong>en</strong>t ou ne se<br />
biodégrad<strong>en</strong>t pas facilem<strong>en</strong>t et rest<strong>en</strong>t donc dans<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant des dizaines d’années, à<br />
des conc<strong>en</strong>trations qui ne diminu<strong>en</strong>t que l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t,<br />
pour peu qu’elles diminu<strong>en</strong>t. En 2003, le WWF a<br />
étudié les contaminants chimiques prés<strong>en</strong>ts dans le<br />
sang de 155 volontaires au Royaume-Uni, un pays<br />
où les PCB ont été interdits dès les années 70<br />
(WWF Royaume-Uni, 2003). La prés<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>core<br />
aujourd’hui de PCB dans leur sang montre combi<strong>en</strong><br />
de temps les substances chimiques persistantes<br />
peuv<strong>en</strong>t rester dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, et ce à quoi<br />
l’on peut s’att<strong>en</strong>dre concernant d’autres substances<br />
chimiques persistantes comme les retardateurs de<br />
flamme bromés.<br />
Jusqu’au sommet de la chaîne<br />
alim<strong>en</strong>taire<br />
Les substances chimiques les plus persistantes et<br />
bioaccumulables finiss<strong>en</strong>t fatalem<strong>en</strong>t par pénétrer<br />
dans nos organismes <strong>en</strong> remontant la chaîne<br />
alim<strong>en</strong>taire. Elles sont lipophiles (solubles dans les<br />
graisses) et ont par conséqu<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dance à<br />
s’accumuler dans les tissus adipeux des animaux,<br />
un processus que l’on appelle bioconc<strong>en</strong>tration. A<br />
mesure que les animaux se mang<strong>en</strong>t les uns les<br />
autres <strong>en</strong> remontant la chaîne alim<strong>en</strong>taire, les<br />
conc<strong>en</strong>trations peuv<strong>en</strong>t s’élever (bioamplification).<br />
Il <strong>en</strong> résulte que les prédateurs, situés <strong>en</strong> haut de la<br />
chaîne alim<strong>en</strong>taire, ont t<strong>en</strong>dance à accumuler les<br />
conc<strong>en</strong>trations les plus importantes de certaines<br />
substances chimiques dangereuses. Les humains<br />
aussi sont vulnérables car le régime alim<strong>en</strong>taire de<br />
beaucoup d’<strong>en</strong>tre nous inclut d’autres animaux.<br />
L’ampleur de la bioamplification dans le cas des<br />
PCB est illustrée par une étude sur les œufs<br />
d’oiseaux du lac Ontario, aux Etats-Unis. Les<br />
conc<strong>en</strong>trations de PCB dans les œufs étai<strong>en</strong>t 25<br />
millions de fois supérieures à celles mesurées dans<br />
l’eau du lac, ces substances s’étant accumulées <strong>en</strong><br />
remontant la chaîne alim<strong>en</strong>taire jusqu’aux poissons<br />
dont les oiseaux se nourrissai<strong>en</strong>t (Colborn et al.,<br />
1996).<br />
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