MEMOIRE PROFESSIONNEL Véronique BERGER - IUFM
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<strong>IUFM</strong> DE BOURGOGNE<br />
CONCOURS DE RECRUTEMENT DE PROFESSEUR DES ECOLES<br />
<strong>MEMOIRE</strong> <strong>PROFESSIONNEL</strong><br />
<strong>Véronique</strong> <strong>BERGER</strong><br />
NOM DU DIRECTEUR DE <strong>MEMOIRE</strong>:<br />
Mme JACQUES<br />
ANNEE 2004 N° de dossier : 03STA16290
« Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude<br />
d’être encore heureux. »<br />
Jules RENARD
INTRODUCTION<br />
PREMIERE PARTIE p. 4<br />
I. Les images p. 4<br />
A. La perception visuelle p. 4<br />
B. Les enfants et l’image p. 5<br />
C. L’image dans l’album p. 7<br />
II. Le texte p.8<br />
A. Le dialogue de l’image avec le texte p.8<br />
B. Le texte littéraire p.9<br />
C. Pour lire la littérature p.9<br />
SECONDE PARTIE p.12<br />
I. Lire, dire et écrire p.12<br />
A. A l’école maternelle p.12<br />
B. A l’école élémentaire p.13<br />
II. Apprendre avec les albums p.15<br />
A. Aimer lire p.16<br />
B. Apprendre à raconter p.18<br />
C. Apprendre à comprendre p.19<br />
D. Apprendre à écrire p.22<br />
CONCLUSION p.24<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
ANNEXES
Les statistiques révèlent que 20 % des élèves qui sortent de l’école ne<br />
savent pas lire ou pas suffisamment. En effet, beaucoup d’élèves savent<br />
déchiffrer ce qu’ils lisent mais ne le comprennent pas. Ce problème n’est pas<br />
nouveau. Les autorités en sont bien conscientes. Les instructions officielles<br />
insistent sur l’importance de cette maîtrise et proposent d’en faire une<br />
priorité.<br />
C’est pourquoi, le rôle de l’école maternelle est souligné comme déterminant<br />
dans la structuration des premiers apprentissages de la langue française.<br />
Une large place est également faite à la lecture au cycle 2 et au cycle 3.<br />
L’élève doit acquérir l’autonomie du vrai lecteur. « La maîtrise du langage et<br />
de la langue française, dans leurs usages scolaires, à l’oral comme à l’écrit,<br />
est l’objectif essentiel de l’école primaire. » 1 Lorsque les textes parlent de la<br />
maîtrise de la langue, il s’agit des capacités qui permettent à la fois des<br />
échanges oraux, de lire en comprenant des textes, et d’utiliser l’écriture.<br />
Ces capacités se construisent et se mettent en place au travers<br />
d’expériences tant au sein de l’école qu’à l’extérieur de celle-ci. Un autre<br />
point des programmes associe l’apprentissage de la maîtrise de la langue et<br />
une culture commune.<br />
Lire demande aux enfants un effort intellectuel important. Le plaisir de la<br />
découverte, la magie d’une histoire peut vite se transformer en corvée,<br />
lorsqu’on n’est pas complètement entré dans le monde de l’écrit. Le rôle du<br />
maître est de donner le goût de lire. Pour cela, il peut varier les textes,<br />
mélanger les genres, changer de support, faire appel à l’image, inviter un<br />
conteur ou un auteur... Les éditeurs publient des livres de plus en plus<br />
attrayants avec des textes diversifiés et des illustrations de plus en plus<br />
soignées. Albums, B.D permettent une lecture plurielle et pas seulement avec<br />
les enfants de l’école maternelle. Ils permettent aussi une fréquentation<br />
heureuse du livre…de retrouver le goût de lire.<br />
Il ne suffit pas de présenter ou de lire des albums pour faire de chaque<br />
élève un lecteur véritable. Il convient de proposer aux enfants une approche<br />
plus attrayante du livre par des démarches actives, une pédagogie adaptée<br />
pour amorcer le goût de la lecture. Je désire, au travers de ces quelques<br />
pages, comprendre les processus et les apprentissages qui amèneront les<br />
1 E.N Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Programmes de 2002
élèves à passer d’une culture de l’image, conçue souvent comme plus évidente,<br />
à une culture de l’écrit.<br />
Pour y répondre, je m’interrogerai en premier lieu, sur le rôle de l’image et<br />
de l’écrit dans les albums. Je tenterai également de cerner les difficultés<br />
rencontrées par les élèves pour entrer dans le monde de l’écrit et<br />
j’envisagerai les démarches à mettre en œuvre pour initier les élèves à la<br />
littérature en s’appuyant sur l’image.<br />
Image tirée d’Une histoire à quatre voix d’Anthony<br />
2
Première partie :<br />
Les albums sont des objets pédagogiques qui permettent de nombreux<br />
apprentissages, à la condition de les employer à bon escient. A force de<br />
vanter les mérites de ceux-ci, certains leur ont attribués un pouvoir<br />
intrinsèque. Mais il n’y a pas de magie de l’album. Ce n’est pas parce qu’un<br />
enfant a entre ses mains un livre qu’il deviendra lecteur pour autant, même si<br />
le livre est des plus attrayants. Les auteurs de Lire la littérature à l’école<br />
expliquent que lire demande un engagement de la part du lecteur, et que « la<br />
lecture littéraire exige du lecteur une véritable occupation des lieux, un acte<br />
d’appropriation » 2 . Les élèves doivent donc être initiés à cette conquête des<br />
textes littéraires.<br />
Un album, c’est un livre de littérature de jeunesse qui associe textes<br />
et images. Il répond souvent aux aspirations des enfants les plus petits avec<br />
des histoires proches de leur vie quotidienne. Les albums font aussi appel à<br />
l’imaginaire et aident les enfants à se construire en s’identifiant.<br />
C.POLANIEC les définit comme « des objets singuliers qui se prêtent à des<br />
lectures plurielles. » 3 Il existe, en effet, une polyphonie des discours entre<br />
textes et images qui composent l’album. Cette polyphonie incite le lecteur à<br />
une confrontation et à une interprétation. Quel rôle tient le texte et quel<br />
rôle joue l’image ?<br />
2 C Tauveron , Lire la littérature à l’école, Hatier, 2002<br />
3 In JDI, Lire des mots et des images, n°1571 du 2 octobre 2003<br />
3
A. La perception visuelle :<br />
Au niveau physiologique, l’image est une impression lumineuse sur la rétine<br />
interprétée par les zones corticales du cerveau. La perception visuelle<br />
consiste en la saisie et en la reconnaissance d’objets dans l’espace. La<br />
mémoire est mise en œuvre, et établit des liens avec ce qui est déjà connu.<br />
L’hémisphère gauche de notre cerveau gouverne la pensée abstraite tandis<br />
que l’hémisphère droit celui de la pensée intuitive, celui de l’espace et des<br />
formes. L’étude des images permet leur activation conjointe et réciproque.<br />
La perception visuelle est liée à la culture. Les cadres de perception<br />
évoluent dans l’espace et dans le temps. Chaque époque est marquée par des<br />
conditions générales de vie et par le milieu naturel. Les facteurs<br />
socioculturels définissent la relation aux objets et donc par conséquent à<br />
l’image et à l’écrit. En effet, la perception s’affine et se prolonge dans le<br />
concept d’espace grâce aux apports culturels. L’intuition du volume, la<br />
perception des distances, les « schèmes sensori-moteurs » (Piaget), la<br />
mémoire sont autant de facteurs cognitifs qui permettent progressivement<br />
d’entrer dans une interprétation de ce qui est vu. Les langues traduisent ces<br />
différentes interprétations. Par exemple, un terme sera au féminin dans une<br />
langue alors qu’il sera au masculin dans une autre. Ce qui est aussi le cas des<br />
couleurs. Leur symbolisme est différent en fonction de la culture. Par<br />
exemple, la couleur du deuil en Afrique est le blanc, alors qu’en Europe c’est<br />
le noir. Les auteurs de Sémantique de l’image expliquent que le symbolisme<br />
attaché aux objets et aux signes linguistiques varie d’une culture à l’autre.<br />
Par conséquent, la langue influence la perception. Ainsi, « la perception<br />
visuelle dépend des apprentissages, des patterns (modèle simplifié d’une<br />
structure, schéma) et des valeurs culturels. » 4<br />
Les images semblent pouvoir se passer du discours, de traduction,<br />
d’interprétation. Elles semblent montrer la vie directement, en être la pure<br />
reproduction, d’où le refus de les commenter. Lorsque notre regard se pose<br />
sur un dessin, une peinture, une photographie, l’intention de l’auteur nous est<br />
imposée. Il a choisi d’exprimer une idée, son point de vue. Il est nécessaire<br />
de s’arrêter, d’analyser son œuvre, sans quoi nous restons prisonnier de<br />
notre première impression. Il n’y aurait pas autant de publicité si ce procédé<br />
était inefficace. Au même titre que l’on apprend à lire, on apprend à<br />
4<br />
C. Cocua, C. Peyroutet, Sémantique de l’image, pour une approche méthodologique des messages<br />
visuels, Delagrave, 1996<br />
4
egarder sans quoi on risque d’engendrer une culture médiocre. On regarde<br />
sans comprendre, sans saisir l’intention. Il est donc nécessaire d’éduquer les<br />
enfants à regarder. Leur regard peut être prisonnier d’une vision utilitaire,<br />
d’un système. Pour apprécier une image, il faut se donner les moyens de la<br />
juger sous toutes ses formes et son sens. Il est nécessaire de la décoder.<br />
B. Les enfants et l’image :<br />
L’enfant a d’abord une saisie intuitive des images. Il doit apprendre à<br />
analyser celles-ci pour se dégager de ce qui est intuitif, de ce qui attire le<br />
regard. Il est nécessaire de développer le sens de l’observation, la<br />
créativité, d’intéresser à la construction des images. Rien ne semble<br />
pourtant plus facile que de reconnaître des fruits sur un tableau. L’art<br />
moderne nous apprend que l’objet figuré appartient à un univers de<br />
convention et cela quelque soit le réalisme avec lequel l’objet est représenté.<br />
Toute représentation graphique n’est lisible que parce qu’elle évoque d’autres<br />
représentations où cette représentation est reconnue et elle possède du<br />
sens. Cette habitude visuelle fait défaut à l’enfant ; il doit l’acquérir.<br />
M.Durand et G. Bertrand, auteurs de L’image dans le livre pour enfants<br />
expliquent que cette initiation aux sens immédiats de l’image passe par deux<br />
étapes :<br />
o Créer chez l’enfant une sorte d’automatisme afin de lui<br />
permettre d’identifier sans hésitation l’objet présenté. En<br />
d’autres termes, donner à l’enfant la possibilité de lier la<br />
représentation et son modèle, de saisir dans certaines<br />
configurations de lignes, de couleurs, la représentation<br />
d’animaux, d’êtres humains, de plantes, etc.<br />
o Permettre l’identification d’évènements ou d’actions<br />
représentées : reconnaître les relations qu’entretiennent les<br />
différents objets représentés dans une même composition.<br />
Dans un premier temps, l’enfant découvre l’image grâce à son expérience du<br />
monde. Il s’accoutume à la différence qui sépare la réalité de sa<br />
représentation dans un espace à deux dimensions. Les imagiers utilisés dans<br />
les écoles maternelles sont un exemple de nos propos Ils font appel aux<br />
souvenirs du quotidien de l’enfant. Celui-ci voit vraiment ce qu’il reconnaît.<br />
Mais l’image est inséparable de la parole. Identifier, c’est nommer. Si l’adulte<br />
est capable de lier l’image et son concept, la représentation et le mot, sans<br />
extérioriser sa pensée, il est nécessaire à l’enfant de le faire à haute et<br />
5
intelligible voix. J’ai pu observer des enfants de MS jouer avec des imagiers<br />
de la façon suivante : ils nommaient le plus rapidement possible les images<br />
observées. Ils essayaient d’aller de plus en plus vite, et ils faisaient une<br />
sorte de concours de vitesse entre eux. Dans cet exemple, on peut constater<br />
que la perception est bien liée à l’acquisition du langage. L’intervention de la<br />
parole permet une appropriation de l’objet et procure à l’enfant un plaisir<br />
évident. « Qu’il est accueillant ce monde de l’image où l’on peut dominer les<br />
choses de la voix et du regard ! » 5<br />
Dans un imagier, les images sont souvent sous un format identique,<br />
celui de vignettes carrées. C’est le domaine de l’intemporel et de l’immobile.<br />
Il n’y a jamais de décor ni de mouvement. Les images sont juxtaposées, il n’y<br />
a entre elles aucun lien de cause à effet. Elles ne s’associent pas pour<br />
suggérer un évènement. L’enfant y fait la découverte du monde figuratif, il<br />
apprend à identifier le motif et à lier le langage et la perception de l’image.<br />
Petit à petit, dans l’album présenté aux enfants l’image se remplit, elle<br />
incorpore plusieurs motifs, elle les met en scène, elle donne du sens. L’enfant<br />
entre dans la « lecture » de l’image : il identifie les évènements. Certains<br />
albums pour tout petits ont associé simplicité et rigueur dans les formes<br />
pour acheminer le lecteur vers une complexité croissante de l’image. Les<br />
animaux ou les humains représentés adoptent des attitudes et des gestes<br />
caractéristiques d’actions identifiables par l’enfant. Les éléments ne restent<br />
pas isolés et créent un réseau de significations, tout un système de relations<br />
logiques. L’image ne se borne plus à montrer, elle raconte. Elle oblige alors<br />
l’enfant à chercher les évènements, à développer une attitude face à l’image.<br />
Attitude qui sera toujours identique face à d’autres représentations ; à<br />
savoir s’interroger sur les liens sémantiques existant entre deux figures<br />
dessinées ou peintes sur un même support. « L’image est une énigme, elle<br />
exige d’être interprétée, elle fait jaillir une double question : non<br />
seulement « Qu’est-ce que cela représente ? » mais : « Qu’est-ce que cela<br />
veut dire ? » » 6 Les hypothèses émises à son sujet nécessite l’utilisation du<br />
langage. L’enfant va devoir, pour définir ce qu’il voit, nommer les motifs,<br />
décrire les relations qu’il perçoit, sous la conduite de l’enseignant qui le<br />
sollicite. L’image éveille la parole de l’enfant, une parole organisée,<br />
structurée selon les règles grammaticales. Le discours oral accompagnera<br />
longtemps la description des images, la relation de l’enfant avec l’image.<br />
Dans son article paru dans Les Actes de Lecture, C. Duprat explique que<br />
l’imaginaire de l’enfant ne se construit pas sur les mêmes bases selon l’âge<br />
des enfants. Les plus jeunes sont davantage réceptifs sur le plan psychique<br />
au travail de l’imagination. Les plus grands, vers l’âge de neuf, dix ans sont<br />
5 M. Durand, G. Bertrand, L’image dans le live d’enfants, Ecole des loisirs, 1975, p.99<br />
6 Ibid., p.106<br />
6
moins spontanés, plus conditionnés aux normes sociales de rationalisation.<br />
Elle fait la constatation suivante : Les enfants s’approprient l’objet-livre en<br />
le manipulant, en le touchant et par l’observation ainsi ils entrent dans le<br />
monde de l’écrit. Et dès que la lecture devient synonyme de déchiffrage<br />
linguistique, les conduites intuitives de l’enfant laissent place à une attitude<br />
scolaire où la lecture n’est plus source de plaisir mais objet intellectuel de<br />
décodage de signes. Ainsi, il existe un passage entre le monde de l’image<br />
attaché à l’enfance et un monde de l’écrit associé au monde des adultes : une<br />
sorte de conversion culturelle.<br />
C. L’image dans l’album :<br />
Dans un album, l’image est souvent ce qui attire le regard de l’enfant. Les<br />
couleurs, les formes sont étudiées par les illustrateurs pour attirer<br />
l’attention des enfants, pour leur rendre le livre attrayant. L’image est<br />
rarement le narrateur premier de l’histoire. Bien qu’elle n’ait pas pour autant<br />
le second rôle. Elle peut avoir plusieurs fonctions. L’image dans l’album pour<br />
enfants peut avoir plusieurs fonctions :<br />
• Une fonction connotative qui rappelle l’univers de référence,<br />
• Une fonction explicative qui remplit les « blancs » du texte,<br />
• Une fonction symbolique qui délimite des univers intérieurs,<br />
• Une fonction faussement explicative qui introduit une dimension<br />
humoristique en raison du décalage avec le texte,<br />
• Une fonction inter iconique qui emprunte des éléments de référence<br />
à la culture des arts visuels.<br />
Elle soutient la fiction, offre des visions de l’histoire. Elle n’est pas la<br />
traduction du texte, ni son reflet littéral. Elle peut être complémentaire au<br />
texte ou en conflit. Elle peut redire le texte en y ajoutant quelques<br />
informations. Les images sont cadrées et révèlent une prise de vue, indiquent<br />
aussi un implicite qui nécessite une interprétation. Si les images ont<br />
beaucoup de mal à prendre en charge le temps, elles triomphent dans la<br />
description. Les techniques d’illustration traduisent la tonalité de l’ouvrage,<br />
soulignent un sens particulier, un suspense, jouent sur la subjectivité.<br />
L’image, du fait de son cadrage dirige le lecteur, use des plans, des<br />
directions pour activer des sentiments, des sensations, des émotions…et ses<br />
interprétations.<br />
7
L’articulation des illustrations et du texte sont au service du sens prévu par<br />
l’auteur/illustrateur, ou l’auteur et l’illustrateur, en complémentarité ou en<br />
opposition. Dans un texte illustré, les images représentent des scènes. Pour<br />
les albums, on peut dire que la signification provenant du texte seul est<br />
différente de celle provenant de la lecture des seules images. L’articulation<br />
entre texte et images produit un effet encore différent.<br />
A. Le dialogue de l’image et du texte :<br />
Comme nous l’avons vu, il existe un dialogue entre le texte et l’image<br />
dans les albums. Le texte remplit trois fonctions principales vis-à-vis de<br />
l’image de l’album : une fonction de délimitation, de révélation et de<br />
complémentarité.<br />
En effet, le texte sert souvent à préciser les frontières de l’image. Par<br />
exemple dans Une nuit un chat d’Yvan Pommeaux, lorsque plusieurs images<br />
sont présentes sur la même page, le texte délimite celles-ci et facilite la<br />
lecture. Lorsque le texte vient désigner l’objet représenté, il agit comme un<br />
révélateur. C’est le seul qui soit en mesure de le faire. Il ôte l’ambiguïté que<br />
peut renfermer l’image de par sa complexité par exemple. Mais, la tâche du<br />
texte la plus fréquente dans les albums consiste à compléter l’image isolée.<br />
Il combat la polysémie de l’image, en particulier lorsque le dessin peut<br />
difficilement traduire des nuances affectives. Comment par un simple dessin<br />
représenter une colère feinte, le baiser d’un oiseau à une grenouille sans le<br />
prendre pour un coup de bec.<br />
Dans l’album, l’histoire est conjointement prise en charge par l’image<br />
et le texte. Celui-ci permet de dénommer les objets, les personnages, les<br />
lieux. Il raconte l’histoire ou tout du moins la trame de celle-ci. Il indique<br />
l’implicite dans un certain cadre. Il est construit pour produire un effet,<br />
mettre en œuvre une démarche intellectuelle de recherche. Un texte ne dit<br />
pas tout. Il existe des stratégies d’écriture entrant dans une forme<br />
littéraire, correspondant à un genre, à une tonalité particulière et à l’univers<br />
d’un auteur. C‘est ce que nous allons aborder dans ce nouveau point.<br />
8
B. Le texte littéraire :<br />
Parce qu’un texte est toujours plus que la somme des mots qui le<br />
composent, il exige des inférences pour être compris. Lire est donc plus que<br />
la simple identification des mots. Elle nécessite la rencontre avec la forme,<br />
la construction des textes : récits, poèmes, contes…mais aussi la<br />
confrontation à l’implicite du texte.<br />
En effet, un texte littéraire est souvent lacunaire, demandant ainsi au<br />
lecteur de participer à l’histoire, parfois même de l’achever. C’est le cas de<br />
certains récits de fiction. Le texte construit des énigmes pour donner au<br />
lecteur d’exercer sa sagacité. Le roman policier est construit de cette<br />
façon : les indices qui pourraient mettre le lecteur trop rapidement sur la<br />
piste du coupable sont tus, alors que d’autres sont soulignés pour mettre le<br />
lecteur sur une fausse piste. Ici le lecteur n’est pas seulement appelé à faire<br />
des inférences mais aussi à combler des manques, des vides.<br />
Dans un texte informatif ou explicatif, l’auteur doit guider son lecteur au<br />
mieux en n’utilisant pas de propos inutiles ou en n’omettant pas<br />
d’informations capitales. L’auteur évite l’implicite. Parfois le texte littéraire<br />
se présente comme les textes informatifs, qui se donne pour projet de<br />
guider au maximum le lecteur. Il en existe d’autres qui se veulent<br />
problématiques, construits avec des zones d’incompréhension ou des<br />
compréhensions plurielles. Le texte littéraire organise d’une certaine<br />
manière la confusion. C’est ce type de texte qui est privilégié par les<br />
différents auteurs proposant des approches ludiques de la littérature.<br />
« Singulièrement pour leur (les enfants) apprendre que lire c’est comprendre<br />
et, en l’occurrence, comprendre d’une certaine façon, très spécifique. » 7<br />
C. Pour lire la littérature :<br />
Comme nous venons de le voir, dans la littérature de jeunesse, la<br />
construction du récit peut empêcher la compréhension immédiate du lecteur.<br />
C. Poslaniec explique que « pour que quelqu’un lise, ait envie de lire, il doit<br />
avoir acquis beaucoup de petits savoirs qui concernent la maîtrise de la<br />
langue (décodage, phrases complexes, système anaphorique…), la sociabilité<br />
du livre (genres, collections, auteurs, classements…), les structures<br />
littéraires (narrateur, personnages, articulation texte/images…) et ses<br />
7 C. Tauveron, Lire la littérature à l’école, Hatier, Paris, 2002, p.17<br />
9
propres goûts (recherche de plaisir, thèmes de prédilection…) » 8 . Les<br />
activités que l’on peut proposer autour des livres ont pour objectif de<br />
mettre en place ces petits savoirs permettant de devenir un lecteur<br />
autonome.<br />
Une initiation à la structure du récit est nécessaire : il a un début et<br />
une fin. Il est composé de rebondissements en cohérence avec ce début et<br />
cette fin. Il répond à une logique interne qui peut être simple ou complexe en<br />
fonction du type de récit (aventures ou conte). Cette initiation s’accompagne<br />
d’une initiation à la fonction de l’image dans les albums. Tout d’abord, des<br />
albums sans texte où l’observation fine de l’image offre une entrée en<br />
lecture, l’image étant la voix narrative. Puis l’étude de l’articulation entre<br />
texte/image permettant de s’appuyer sur la logique textuelle et la logique<br />
iconographique pour permettre une meilleure compréhension.<br />
Les débuts de textes font partis de ces autres savoirs permettant de<br />
devenir un lecteur autonome. En effet, ils comportent un certain nombre de<br />
caractéristiques données par l’auteur pour aborder le livre. Une sorte de<br />
mode d’emploi, d’entrée en matière. La couverture, les paratextes<br />
construisent un horizon d’attentes. Les caractères, les images permettent<br />
de prendre conscience d’un mode d’organisation des informations narratives<br />
ou fonctionnelles. L’interprétation de chacun est possible. Les élèves<br />
émettent des hypothèses concernant l’histoire et développent ainsi des<br />
stratégies de lecture. Ici, les images n’apportent pas forcément les mêmes<br />
informations que le texte. Il faut alors distinguer celles provenant de l’un et<br />
de l’autre.<br />
Pour permettre aux élèves de construire des compétences de lecteur<br />
littéraire, on ne peut pas faire abstraction des questions de « narration » et<br />
de « point de vue ». Tout l’art littéraire du récit consiste précisément à<br />
inventer des modes de narration, des procédés techniques surprenants<br />
devant aussi produire du sens. C’est ainsi que tout point de vue partiel,<br />
changeant ou contradictoire pose de redoutables difficultés de<br />
compréhension à des élèves uniquement habitués au point de vue d’un<br />
narrateur omniscient. On voit l’importance de multiplier les expériences<br />
fictionnelles pour aider les jeunes lecteurs à faire face à toutes les<br />
situations. L’utilisation de l’album permet également de mieux saisir ces<br />
notions si difficiles à appréhender, notamment par le biais du dialogue entre<br />
les images et le texte.<br />
8 C. Poslaniec, Activités de lecture à partir de la littérature de jeunesse, Hachette, 2000, p.23<br />
10
Comme nous venons de le voir au travers de cette première partie,<br />
l’album de jeunesse est intéressant du point de vue du rapport texte/image.<br />
Il est nécessaire d’étudier ce que nous livrent l’un et l’autre, d’observer en<br />
quoi ils sont complémentaires ou très différents. Ou comment l’image<br />
conteste le texte, le domine ou en dit un peu plus long. Amener les enfants à<br />
comprendre l’implicite du texte et des illustrations, à saisir le jeu des points<br />
de vue, à découvrir les ambiguïtés, les contradictions, c’est développer chez<br />
eux les compétences du lecteur, et ce depuis le plus jeune âge.<br />
Ce travail permet à l’enfant de se cultiver, de se construire et de développer<br />
chez lui l’envie et le plaisir de lire et d’écrire des récits, parce qu’il les saisit<br />
mieux.<br />
Travail d’écriture à partir d’Une histoire à quatre voix<br />
11
Seconde partie :<br />
L’objectif principal de ce mémoire est de mettre en évidence les façons<br />
de permettre aux enfants de se cultiver au moyen des albums, et combien il<br />
est nécessaire de construire et de développer chez eux l’envie et le plaisir<br />
de lire et d’écrire. Il n’existe pas d’activités types, ou de méthodes que l’on<br />
puisse suivre à la lettre. Il existe simplement des enseignants soucieux de<br />
voir s’épanouir leurs élèves, s’approprier des savoirs fondamentaux. Les<br />
nouveaux programmes donnent des pistes de réflexion, des voies pour des<br />
activités pensées autrement. C’est ce que nous allons découvrir dans cette<br />
nouvelle partie.<br />
Dans ce nouveau chapitre, je m’attarde sur ce que recommandent les<br />
nouveaux programmes autour de l’apprentissage de la langue et en particulier<br />
sur ce qu’il préconisent concernant l’utilisation d’images lors de ceux-ci.<br />
J’ai trouvé bon de séparer leurs propos au sujet de l’école maternelle et<br />
ceux au sujet de l’école élémentaire afin de faciliter le va-et-vient avec le<br />
travail que j’ai mis en œuvre lors des stages effectués tout au long de<br />
l’année.<br />
A. A l’école maternelle :<br />
Le langage oral est l’axe majeur des activités. Les tout-petits ne savent<br />
produire que de très courtes suites de mots et ne disposent encore que d’un<br />
lexique limité. Construire des énoncés complexes et les articuler entre eux<br />
pour raconter une histoire, décrire un objet, expliquer un phénomène est un<br />
objectif à atteindre en fin de scolarité. Pour cela, l’enseignant doit<br />
12
permettre à chaque enfant de participer à des échanges verbaux, à de<br />
véritables situations de communication au sein de la classe. L’enfant apprend<br />
à se faire comprendre et à comprendre ce que les autres enfants disent.<br />
Pour ce faire, les situations verbales d’échanges sont inscrites dans le vécu<br />
de l’enfant. L’adulte doit beaucoup verbaliser, user de l’expressivité de la<br />
voix, formuler, reformuler, paraphraser… C’est le langage en situation.<br />
Au fur et à mesure que l’enfant maîtrise un lexique de plus en plus précis<br />
et abondant, qu’il acquière de nouvelles structures syntaxiques et formes<br />
linguistiques, il construit son langage. Les dessins, les photos sont de<br />
précieux supports à la structuration des représentations. Les contes, les<br />
histoires permettent une culture partagée par l’ensemble des enfants d’une<br />
classe, de l’école, voire des écoles. Jouer avec les images permet la<br />
construction d’un riche répertoire de représentations et de langage.<br />
Dès 4 ans, l’enseignant aide à l’appropriation progressive des formes<br />
écrites du langage et du principe alphabétique qui structure l’écriture du<br />
français. Il doit présenter aux travers de différentes activités les<br />
principales fonctions sociales de l’écrit, et familiariser ses élèves avec le<br />
français écrit pour leur permettre d’appréhender la distance entre langue<br />
orale et langue écrite. Les albums lus et discutés permettent aux enfants de<br />
prendre conscience que la parole a été fixée par l’écriture.<br />
Les programmes insistent sur la mise en place d’une première culture<br />
littéraire dès l’âge de 2 ans par l’impact des lectures et la verbalisation à<br />
propos d’images. Dès 3 ans, l’enfant est capable de reformuler ce qu’il a<br />
entendu et ce qu’il a compris ; la mémorisation étant soutenue par les images.<br />
Les débats interprétatifs, qui supposent un travail de compréhension, sont<br />
possibles dès l’âge de 5 ans. Les illustrations permettent de retrouver le<br />
texte mais aussi d’émettre des hypothèses sur le contenu.<br />
B. A l’école élémentaire :<br />
Au cycle 2, la maîtrise de la langue reste un objectif fondamental. Le<br />
maître organise et anime des débats qui rythment la vie de la classe, et qui<br />
construisent les apprentissages. Ainsi, l’enfant acquiert un vocabulaire plus<br />
riche et plus précis, développe et structure son langage.<br />
« La découverte d’albums ou d’histoires illustrées peut-être […] un moyen<br />
privilégié pour parvenir à faciliter la compréhension des textes narratifs. » 9<br />
Les auteurs des programmes soulignent que les images sont souvent utilisées<br />
9 E.N Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Programmes de 2002<br />
13
comme équivalent du message écrit. Il serait bon que la leçon de lecture<br />
débute par l’exploration d’une image. Et que tout travail de lecture puisse<br />
être accompagné d’un travail d’utilisation des images de façon réfléchie en<br />
arts visuels.<br />
Les images sont employées dans les différentes activités de la classe<br />
comme support de discussion. Il est nécessaire que le message dont ces<br />
documents sont porteurs, soit verbalement élaboré. Les éléments du langage<br />
iconographique doivent être identifiés. Les correspondances avec d’autres<br />
images rencontrées sont établies. Le point de vue du photographe, de<br />
l’illustrateur est également abordé. Il ne s’agit pas de décoder l’image, mais<br />
de s’assurer que les élèves ont un socle commun de compréhension.<br />
Au cycle 3, les lectures à haute voix du maître ou des élèves, les lectures<br />
silencieuses suivies d’échanges et de débats permettent d’affermir la<br />
compréhension des textes complexes et d’aborder les différences<br />
d’interprétations.<br />
La littérature à l’école primaire est simplement définie comme un<br />
ensemble de textes dont « la qualité littéraire ne fait aucun doute et que l’on<br />
s’approprie en les lisant.» 10 A partir de ces textes lus, un travail de réflexion<br />
collective est engagé et débouche sur des propositions d’interprétations.<br />
Les programmes stipulent qu’il est important que les élèves accèdent à la<br />
compréhension d’ensemble de l’œuvre lue. « L’essentiel est de permettre que<br />
l’œuvre vienne s’inscrire dans la mémoire de chacun par les divers aspects qui<br />
la constituent : personnage, trame narrative, expression… » 11 Les lectures<br />
doivent être abordées en réseaux ordonnés autour d’un personnage, d’un<br />
motif, d’un genre, d’un auteur… Le travail de compréhension, précisent-ils, et<br />
d’interprétation est source de questions qui peuvent être les thèmes des<br />
débats.<br />
Les albums ne sont pas exclus des œuvres proposées au cycle 3. Trentecinq<br />
albums sont présentés dans la liste de références des œuvres de<br />
littérature de jeunesse. Les programmes soulignent le rôle important voire<br />
prédominant de l’illustration dans les albums, et l’obligation de comprendre<br />
et d’interpréter l’ensemble texte/images. Les auteurs du document<br />
d’application demandent également de se reporter au programme et aux<br />
documents d’application du champ disciplinaire des « Arts visuels » pour<br />
aborder les illustrations des œuvres lues. En effet, il s’agit de découvrir les<br />
relations entre le texte et les images par effets de redondance,<br />
complémentarité, juxtaposition, divergence… afin de saisir la construction de<br />
sens de l’œuvre, et de comprendre comment les choix iconographiques<br />
10 Documents d’application des programmes, Littérature au cycle3, C.N.D.P 2002, p.6<br />
11 Ibid p.187<br />
14
influent sur le sens du texte, comment elles participent à l’élaboration de la<br />
signification.<br />
La plupart des écrits rencontrés en lecture peuvent être le point de<br />
départ de projet d’écriture. « L’enseignant peut inviter ses élèves à<br />
prolonger, compléter ou transformer une texte narratif. » 12 L’écriture d’un<br />
nouvel épisode, d’un dialogue, d’une description est une activité qui s’insère<br />
bien dans un travail autour d’une œuvre, expliquent les auteurs des<br />
programmes.<br />
Ainsi, les enfants doivent également découvrir le plaisir d’écrire. Puisque<br />
tout travail d’écriture s’appuie sur un réseau de lectures antérieures, il est<br />
nécessaire que les élèves puissent s’y exercer suite à la lecture d’œuvres<br />
lues. « C’est au moment où il écrit que l’enfant peut comprendre comment<br />
fonctionnent les systèmes énonciatifs des œuvres qu’il a lues » 13 .<br />
Développer le plaisir de lire et plaisir d’écrire, tout en permettant<br />
d’acquérir les compétences visées par les programmes, telle est donc le rôle<br />
de l’enseignant aujourd’hui. Voyons maintenant comment, lors de mes<br />
différents stages, j’ai pu mettre en œuvre ce qui est préconisé.<br />
L’album est une forme d’expression techniquement apparenté au 7 em<br />
art et à la bande dessinée, tout en restant lié à l’art du livre dans sa<br />
structure et sa littérarité. Sa forme artistique et littéraire incite à<br />
l’échange, au partage des émotions et des interprétations. L’album est une<br />
des voies d’accès à la communication. Et parce qu’il appelle des résonances du<br />
point de vue existentiel, émotionnel, intellectuel et culturel, il engendre un<br />
épanouissement des jeunes lecteurs. C’est ce que j’ai pu constater lors de<br />
mes stages en responsabilité en proposant diverses séquences autour<br />
d’albums adaptés à l’âge et aux objectifs de compétences stipulés dans les<br />
programmes.<br />
Cette nouvelle partie est donc la description des démarches entreprises<br />
lors de mes différents stages. J’ai choisi de présenter mon travail en<br />
partant des objectifs qui le traversent, et non des séquences telles quelles.<br />
Vous trouverez en annexe des précisions sur le déroulement de celles-ci pour<br />
chaque album utilisé.<br />
12 Ibid p.189<br />
13 Documents d’application des programmes, Littérature, CNDP, 2002, p.11<br />
15
A. Aimer lire :<br />
« La découverte d’un livre est une expérience qui doit être une source de<br />
plaisir » 14 . Un lieu où l’on rencontre des personnages, où l’on découvre des<br />
situations. Pour l’enfant, il s’agit d’un temps où il intériorise la fonction de la<br />
lecture, où il construit les raisons qui vont lui donner l’envie d’apprendre à<br />
lire, ou de lire.<br />
A l’école maternelle, l’adulte manifeste son comportement de lecteur. Les<br />
textes lus sont suivis des yeux parfois du doigt. Il explique aux enfants qu’il<br />
ne connaît pas l’histoire mais qu’il la découvre et la transmet parce qu’il sait<br />
lire. La source de plaisir devient le texte lu par l’adulte. Ainsi le plaisir est<br />
associé à l’acte de lire. Ce n’est pas le cas lorsque c’est une personne qui<br />
raconte une histoire. C’est elle qui devient la source du plaisir.<br />
Avant de commencer la lecture, l’adulte peut faire découvrir les images<br />
et susciter des hypothèses sur les histoires possibles. Les enfants sont alors<br />
impatients de connaître la « vraie » histoire, celle fournit par le texte.<br />
C’est ce que j’ai mis en œuvre avec les GS de l’école maternelle Saint-<br />
Exupéry de Chalon-sur-Saône : J’ai constitué deux groupes de lecture autour<br />
de deux albums différents ; Une nuit, un chat d’Yvan POMMEAUX et Plume<br />
de Hans DE BEER. Dans chaque groupe, j’ai procédé de la même manière. J‘ai<br />
présenté aux enfants la première de couverture et je leur ai demandé de<br />
formuler des hypothèses concernant l’histoire raconté dans le livre. Au<br />
préalable j’avais caché le titre du livre avec une étiquette. Je voulais faire<br />
comprendre aux enfants que le titre est aussi porteur d’informations, qu’il<br />
n’est pas choisi au hasard par l’auteur. J’ai mis par écrit leurs propositions.<br />
L’écrit sert aussi de mémoire. Puis nous avons débuté l’histoire par la lecture<br />
des premières images.<br />
J’ai pu constater qu’effectivement les enfants étaient impatients de<br />
connaître l’histoire. Leur écoute était plus attentive parce qu’ils cherchaient<br />
à savoir si leurs hypothèses étaient confirmées ou infirmées. En effet, ma<br />
lecture était ponctuée de petits « on avait raison » ou « on s’est trompé ».<br />
Je veux noter ici que j’ai constaté une différence dans l’intérêt des enfants<br />
en fonction de l’album étudié. Dans Plume, les enfants semblaient moins pris<br />
par l’histoire. J’avais choisi cet album parce qu’il me semblait plus facile à<br />
aborder avec des enfants étrangers, possédant peu de vocabulaire et de<br />
structures syntaxiques. Dans cet album, le texte n’apporte que peu<br />
d’informations supplémentaires, rendant ainsi la lecture peu passionnante.<br />
D’où l’importance de bien choisir les albums que l’on veut étudier avec les<br />
14 Rémy Stoecklé, L’album à l’école et au collège, Ecole des loisirs, 1999, Paris<br />
16
enfants. Le rapport texte/images doit engendrer un degré d’incertitude ni<br />
trop réduit, ni trop important, pour ne pas perdre l’intérêt des enfants, ou<br />
qu’ils se sentent perdus.<br />
J’ai pu constater l’enthousiasme des élèves lors de la première<br />
approche d’un livre de littérature de jeunesse, lorsque l’on débute la lecture<br />
par celle des images. Ici en l’occurrence, il s’agissait de la 1ère de<br />
couverture. Pendant le stage dit accompagné, j’avais débuté de cette façon<br />
la lecture de Kamo de D. Pennac avec les élèves d’une classe de CM2. Ces<br />
derniers devaient observer l’image présentée et émettre par petits groupes<br />
des hypothèses sur les histoires possibles. Ils devaient également expliquer<br />
quels éléments de l’image leur permettaient d’avancer telles ou telles<br />
propositions. L’ensemble des élèves a participé à l’émission d’hypothèses et<br />
ils semblaient pressés de débuter la lecture pour connaître l’histoire fournie<br />
par le texte.<br />
C’est aussi ce qui s’est produit avec une autre classe de CM2 lors d’un<br />
ATP de Français. Nous avons organisé en équipe, un travail de lecture autour<br />
du livre Les petits bonshommes sur le carreaux d’I. Simon et O. Douzou. Pour<br />
débuter la lecture de cet album avec les élèves, nous avons séparé la classe<br />
en deux groupes et nous ne leur avons présenté qu’une partie de l’histoire.<br />
Dans cet album, l’auteur joue avec l’espace et le point de vue, entre recto et<br />
verso. Nous avons donc lu le texte et présenté les images du côté recto à un<br />
groupe et, le texte et les images du côté verso à l’autre groupe. Les deux<br />
groupes ignoraient qu’ils allaient entreprendre un même travail mais sur des<br />
parties différentes de l’album. Par la suite, nous leur avons demandé de<br />
répondre à quelques questions en leur demandant où ils avaient pris les<br />
informations, dans le texte ou parmi les images. Lors de la confrontation du<br />
travail des deux groupes, les élèves ont manifesté beaucoup d’enthousiasme.<br />
Leur participation au travail de confrontation des réponses était intense. Ils<br />
étaient nombreux à s’exprimer et à partager leurs réactions, à justifier<br />
leurs réponses. Ils ont fini par comprendre qu’ils n’avaient pas lu la même<br />
histoire mais qu’elle n’en constituait qu’une seule, et ont exprimé le désir de<br />
la connaître en entier. Certains nous ont même demandé si nous leur<br />
laisserions un exemplaire de l’album pour qu’ils puissent le lire avant la<br />
prochaine séance.<br />
Au travers de ces différentes expériences, je peux conclure que l’entrée<br />
en lecture par le biais des albums (du jeu entre les images et le texte) crée<br />
chez les élèves l’envie de lire, de connaître ce que propose le texte, de voir si<br />
celui-ci confirme leurs hypothèses. L’effet de surprise active ce désir de<br />
17
lire, de savoir. Ils vivent avec intensité la relecture de l’histoire, ils sont<br />
prêts pour des moments palpitants.<br />
B. Apprendre à raconter :<br />
Les albums proposent des histoires complètes avec un début, un<br />
développement et une fin, avec des textes qui peuvent être écoutés ou lus<br />
d’une seule traite. Leur volume est réduit. Dans l’album, « le développement<br />
et le rythme narratif sont ponctués d’images qui constituent autant de<br />
repères favorisant notamment l’identification des personnages dans leur<br />
permanence et l’intégration des évènements successifs d’une même<br />
histoire » 15 . Ainsi en écoutant comme en regardant, les enfants apprennent à<br />
faire des récits. L’album permet une appréhension de l’organisation des<br />
récits, « une imprégnation par ses matériaux d’une grammaire implicite » 16 . Il<br />
permet également une mémorisation des évènements et autorise une<br />
construction de repères. Ainsi l’album est un outil donnant des clefs pour un<br />
langage d’évocation mieux organisé. L’enfant peut alors raconter à son tour.<br />
La relecture organise et approfondit la compréhension du déroulement. En<br />
devenant narrateur, l’enfant s’approprie l’histoire et son fonctionnement.<br />
Le travail entrepris avec les petites sections de maternelle Saint-<br />
Exupéry de Chalon-sur-Saône confirme ces propos. Ce travail avait pour<br />
objectif l’entrée dans l’album et dans la construction d’une histoire. Nous<br />
avons lu le livre Les aventures d’une petite bulle rouge de Iela MARI. Dans<br />
cet album il n’y a pas de texte pour confirmer ou infirmer les hypothèses<br />
émises par les enfants : C’est le rôle de l’image suivante. La lecture est une<br />
lecture d’images. Les enfants devaient donc décrire ce qu’ils voyaient sur la<br />
première image présentée puis sur la deuxième. Avant de leur présenter la<br />
troisième image, je leur ai demandé d’imaginer ce qui pouvait bien arriver à la<br />
bulle dans la suite de l’histoire. Certains enfants ont émis l’hypothèse qu’elle<br />
allait exploser. En découvrant l’envol de celle-ci, ils étaient surpris. Nous<br />
avons mis par écrit le texte de notre histoire. Ce travail s’est effectué de la<br />
même manière tout au long de l’album. Dans un second temps, j’ai demandé<br />
aux élèves de replacer dans l’ordre les trois premières images. Lors de ce<br />
travail, j’ai entendu plusieurs enfants se remémorer l’histoire en ordonnant<br />
15 Rémy Stoecklé, L’album à l’école et au collège, Ecole des loisirs, 1999<br />
16 Ibid.<br />
18
les images. Ils avaient donc grâce à l’image construit un ordre dans les idées<br />
et mémorisé des tournures de phrases.<br />
La dernière séance du travail effectué avec les deux groupes de GS de<br />
l’école maternelle de Chalon-sur-Saône s’est déroulée de la façon suivante :<br />
Les enfants ont raconté l’histoire qu’ils avaient lue en s’aidant des images. Le<br />
groupe qui a travaillé sur Une nuit, un chat à raconter l’histoire au groupe de<br />
Plume, et vis versa. Les images ont constitué la trame narrative leur<br />
permettant de se rappeler les différents évènements de l’histoire. Les<br />
élèves ne racontaient pas seulement ce qu’ils percevaient sur les images. Ils<br />
reprenaient les formulations, les idées contenues dans le texte. Leurs<br />
formulations étaient empreintes du travail effectué en amont : travail de<br />
lecture des images confrontée à la lecture du texte ainsi que des traces<br />
écrites, mémoire du travail effectué.<br />
Les séquences autour des albums Les petits bonshommes sur le carreau et<br />
Une histoire à quatre voix soulignent également le fait que l’album permet<br />
une appréhension de l’organisation du récit, en favorisant une mémorisation<br />
des évènements ainsi qu’une construction de repères. Bien que ces deux<br />
albums soient complexes dans leur construction, les images peuvent<br />
permettre à l’élève de trouver des indices lui permettant d’articuler le récit,<br />
de relier les évènements les uns aux autres. C’est ainsi que les élèves ont pu<br />
comprendre la construction en côté recto/verso des Petits bonshommes sur<br />
le carreau et articuler les différents points de vue dans Une histoire à<br />
quatre voix.<br />
L’album offre à la fois des histoires courtes et structurées, des images<br />
ponctuant le récit. Ces caractéristiques constituent des repères pour les<br />
élèves favorisant ainsi la compréhension du déroulement de l’histoire et<br />
l’appropriation de celle-ci.<br />
C. Apprendre à comprendre :<br />
« L image au lieu d’être une manière de traduction, de reflet littéral et<br />
plastique du texte, lit le texte à sa façon, en joue, en déjoue en filigrane<br />
possible, cherche à atteindre ce qui se profil derrière ce qui est dit. Elle<br />
accomplit, vis-à-vis du texte, la démarche même que le lecteur a à<br />
accomplir ; en ce sens elle est métamorphose exemplaire du lecteur du<br />
texte. » 17 C’est pourquoi, elle joue un rôle important dans la compréhension<br />
17 B. Buhorgel, Imaginaire et pédagogie, cité in l’album à l’école et au collège<br />
19
de l’élève, lui permettant une première lecture, une première interprétation.<br />
Les textes sont comme des « mille-feuille », selon l’expression de M.Meck 18 ,<br />
ils demandent du lecteur une exploration de ses différents sens. Il faut donc<br />
faire entrer les élèves dans cette recherche pour leur permettre l’accès à<br />
une compréhension approfondie de l’œuvre. Dans un album, le texte ne se<br />
suffit pas à lui-même, la compréhension prend en compte le texte et l’image.<br />
C’est pourquoi une des façons de rendre possible cette compétence est<br />
l’analyse du dialogue entre le texte et les images. Il s’agit alors de faire<br />
découvrir aux élèves la lecture du texte par l’illustrateur. Cette entrée<br />
dirige la lecture et l’interprétation des élèves. Ceux-ci vont devoir donner du<br />
sens à ce qu’ils voient, être attentifs aux « détails » voulus par l’illustrateur,<br />
aux éléments porteurs de sens (Référence à Magritte dans Une histoire à<br />
quatre voix). Le texte découvert par la suite apporte des éléments de<br />
confirmation de ce qui a été compris, ou/et modifie parfois le sens de ce qui<br />
a été constaté. Le travail d’observation, d’analyse de l’image se prolongera<br />
lors de l’étude du texte. C’est alors l’occasion de découvrir les indices<br />
textuels, le choix du vocabulaire, le type de phrases, les connecteurs<br />
utilisés, les pronoms… tout ce qui constitue la grammaire de phrase et de<br />
texte.<br />
Qu’il s’agisse du travail effectué avec les grandes sections de<br />
maternelle, les CM1 ou les CM2, l’effet est le même : les élèves confrontés<br />
aux images cherchent avec minutie le détail qui va échapper aux autres. Les<br />
élèves se lancent dans la compréhension de l’histoire, ils désirent<br />
comprendre et émettre des hypothèses plausibles. Ils font des liens avec ce<br />
qu’ils ont vu ou compris précédemment. Lorsqu’ils comparent leurs réponses,<br />
leurs hypothèses, ils sont à l’affût de ce qui ne va pas dans le même sens. Ils<br />
n’hésitent pas à revenir sur ce qu’ils ont perçu pour réaffirmer leur<br />
interprétation ou la modifier. Ce fut le cas d’un élève de CM2, lors de l’étude<br />
des Petits bonshommes sur le carreau. Ne comprenant pas pourquoi ses<br />
camarades n’avaient pas la même vision que lui, il s’est levé et a comparé les<br />
fascicules qui leur avaient été distribués. Il comprit alors que chaque groupe<br />
avait soit le verso soit le recto de l’histoire.<br />
La lecture d’images nécessite également un apprentissage. Leur<br />
interprétation peut s’avérer un exercice difficile. Ce fut le cas pour l’album<br />
Chez elle de Béatrice Poncelet. Les élèves ont eu beaucoup de mal à en<br />
parler. Le travail avait commencé par la lecture de la première image<br />
représentant un enchevêtrement de livres, faisant apparaître des<br />
personnages sombres. Cette profusion les a laissés perplexes. Je leur ai<br />
demandé de commencer par décrire ce qu’ils voyaient, des formes, des<br />
18 M. Meck, in revue des livres n°95, Les histoires de petites machines à faire comprendre<br />
20
couleurs. J’ai guidé leur lecture pendant un petit moment avant qu’ils<br />
puissent se lancer dans une histoire probable. La lecture d’images ne va donc<br />
pas de soi.<br />
Dans une histoire à quatre voix, les élèves comprirent assez<br />
rapidement qu’il s’agissait du même parc et que les personnages étaient les<br />
mêmes. Seule la lecture du texte leur a permis de comprendre qu’il ne<br />
s’agissait pas de sorties aux différentes saisons de l’année, mais bel et bien<br />
de la même sortie au parc vue par quatre personnages, et que les quatre<br />
saisons exprimaient l’humeur de ces différents personnages.<br />
La lecture du texte qui suit la lecture d’image permet d’aborder celui-ci avec<br />
un état d’esprit de chercheur. Les élèves se prêtent au jeu plus ou moins<br />
facilement. Bien évidemment, l’enseignant doit diriger les recherches, leurs<br />
donner du sens. Par exemple, dans l’album Chez elle, il aurait été difficile<br />
pour les élèves de retrouver l’histoire à partir des images. J’ai donc décidé<br />
de débuter par le texte. Les élèves avaient en leur possession le texte<br />
dactylographié, respectant la typographie choisie par l’auteur. J’ai ouvert les<br />
recherches en leur expliquant que nous allions découvrir un nouvel album, une<br />
nouvelle histoire par le biais de son texte. Je leur ai proposé alors après leur<br />
avoir lu le texte, de me dire qui était le narrateur de cette histoire.<br />
Plusieurs opinions firent jour. Je leur demandais de me chercher des indices<br />
dans le texte qui corroboraient leurs propositions. Le texte a été fouillé, les<br />
indices relevés et mis au tableau. Beaucoup de groupes de mots annonçaient<br />
que le narrateur était un enfant. A la grande surprise de tous, un seul mot<br />
indiquait le sexe de celui-ci. « C’est une fille parce que « quand je serai<br />
grande » ! » se sont-ils exclamés.<br />
Ces pratiques pédagogiques permettent de ne pas rester à la seule<br />
adhésion immédiate. Elles visent à faire jouer à l’album un rôle d’initiateur à<br />
la lecture. La façon de conduire la découverte d’un album doit éviter les<br />
questions ciblées visant à extraire les données immédiatement accessibles<br />
par l’image ou par le texte. Il ne faut pas chercher non plus à ce que les<br />
élèves résument l’histoire. En effet, l’objectif est d’entrer dans le jeu de<br />
l‘interprétation et de permettre aux élèves de se laisser prendre par<br />
l’histoire, le langage, les images. Il s’agit de rendre les élèves capables de<br />
faire émerger les potentialités de significations d’un texte complexe, le<br />
droit d’accéder au sens par ses propres recherches, et de comprendre qu’il<br />
existe une pluralité des interprétations. Le travail de compréhension est la<br />
principale difficulté des élèves. C’est dans le rythme s’instaurant entre<br />
lecture et discussions, anticipation, étude des relations texte/images que se<br />
constitue la compréhension des textes complexes. C’est un travail de va et<br />
vient qui rattache ce qui a été lu à ce qui va l’être.<br />
21
D. Apprendre à écrire :<br />
Le travail autour de l’album ne se limite pas à un travail de compréhension<br />
de ce qui est écrit. L’album est une formidable source à partir de laquelle les<br />
élèves peuvent exercer leur imagination. Inventer et écrire des textes à<br />
partir d’une image ou de l’histoire permet aux élèves de prendre en main le<br />
cours des aventures, la destinée des personnages, d’intervenir dans les<br />
situations. L’enseignant peut proposer diverses activités d’écriture donnant<br />
aux élèves l’occasion de fabriquer leur texte : continuer l’histoire, la<br />
transposer, la modifier, l’étoffer ou encore réécrire un autre point de vue.<br />
L’enjeu est important puisqu’il touche au rapport qu’a l’enfant avec la langue<br />
écrite, à l’installation du goût d’écrire. L’enfant découvre que dans cet acte<br />
l’imagination est liée à l’écriture.<br />
Lors de mon dernier stage dans l’école élémentaire d’Ecuisses, j’ai<br />
proposé deux activités d’écriture à mes élèves de CM1. La première<br />
consistait à écrire une histoire brève à partir d’une image choisie par mes<br />
soins. Il s’agissait d’une image du livre d’Anthony Brown, Une histoire à<br />
quatre voix, où les deux petits héros Réglisse et Charles jouent à la bascule.<br />
Les élèves n’avaient pas encore travaillé l’album et ne connaissaient pas ces<br />
personnages. Après un temps d’observation et la lecture d’une liste de<br />
questions (Qui sont ces personnages ? D’où viennent-ils ? Que font-ils ? Que<br />
va-t-il se passer ?), les élèves se sont mis à écrire de petits textes d’une<br />
petite dizaine de lignes. Ils s’étaient déjà exercés au récit précédemment,<br />
non sans difficultés. En effet, si un quart d’entre eux n’éprouvaient que peu<br />
de gêne à écrire un texte de plus de dix lignes, ce n’était pas le cas de la<br />
majorité d’entre eux. Les phrases complexes en étaient absentes, et<br />
l’utilisation des temps des verbes, des pronoms ainsi que des connecteurs<br />
aléatoires. De ce fait, l’articulation thème-rhème était approximative. J’ai pu<br />
constater qu’effectivement ces difficultés étaient présentes et qu’en plus<br />
que leur imagination semblait étroite, stéréotypée. Les textes se<br />
ressemblaient et semblaient collés à leur réalité. Par exemple, plusieurs ont<br />
exprimé l’idée que les deux personnages allaient rentrer jouer à la « game<br />
cube ».<br />
La deuxième activité a consisté en l’écriture d’une voix supplémentaire à<br />
celles déjà existantes dans cet album. Leur imaginaire avait été nourri par<br />
l’étude des images et des textes étudiés, par leurs découvertes concernant<br />
la construction de l’histoire. Cette activité est devenue une activité de<br />
création à proprement parler : ils ont écrit, réécrit cherchant à améliorer<br />
leur texte, désirant véritablement se faire comprendre et ne pas trahir la<br />
tonalité de l’histoire. Ils ont puisé dans l’histoire des matériaux de<br />
22
construction, des structures et des scénarios propres au récit. J’ai pu<br />
constaté une émulation, un désir d’inventer ; les élèves oubliaient qu’il<br />
s’agissait d’un acte scolaire. Tous les élèves ont participé non pas avec le<br />
même enthousiasme, mais avec le même désir d’écrire. La progression dans la<br />
qualité de l’écrit était notable pour tous les élèves. L’élève qui avait montré<br />
le plus de difficulté à écrire dans la première activité est un des élèves qui a<br />
manifesté le plus d’intérêt à ce nouvel écrit. Je pense que cette<br />
transformation est due à l’investissement qu’ils ont montré tout au long de<br />
l’étude de l’album.<br />
Ce que je peux dire, c’est que l’album étudié a permis à ces élèves<br />
d’inventer et de produire des textes de qualité. Ceux-ci étaient bien<br />
structurés. Le thème, le langage, les parties étaient adaptés,<br />
compréhensibles, clairs. L’album a donc favorisé une démarche active des<br />
enfants et a développé chez eux l’envie d’écrire.<br />
Lors du travail effectué autour des albums Plume et Une nuit un Chat, les<br />
élèves ont émis des hypothèses sur le déroulement de l’histoire. Je mettais<br />
par écrit chacune d’elles. Si je ne le faisais pas aussitôt, les élèves me<br />
rappelaient qu’il fallait écrire leur histoire. Les enfants comprennent<br />
l’importance de laisser une trace de ce qu’ils ont imaginé, créé. L’exercice est<br />
ardu quand il est donné de but en blanc. Les élèves ont du mal à mobiliser<br />
leur imaginaire, leurs capacités créatives dans le cadre scolaire. C’est pour<br />
cela que l’album peut amorcer ce travail. Les élèves ont un modèle qui les<br />
stimule et qui leur ouvre le chemin d’une expérience de liberté.<br />
L’enseignant doit par conséquent, proposer une démarche qui aboutira<br />
à la rencontre du texte et du lecteur. Il est nécessaire de doter les élèves<br />
d’une mémoire culturelle, d’un patrimoine où ils pourront puiser les matériaux<br />
nécessaires pour raconter à leur tour des histoires, écrire des textes.<br />
23
Tout élève est d’abord un enfant qui voit, qui entend, qui sent, qui<br />
répète et qui tente de s’exprimer. L’école a pour mission de lui apprendre à<br />
écouter, à parler et à dire, de lui apprendre à lire et à écrire. L’école doit lui<br />
donner les moyens de comprendre le monde qui l’entoure, et l’aider à entrer<br />
dans le monde des connaissances.<br />
Bien des méthodes, des théories sont proposées. Il y a toujours de<br />
nouvelles idées cherchant à améliorer et faciliter la tâche des enseignants.<br />
L’objectif de ce mémoire n’était pas de tester une nouvelle théorie mais de<br />
vérifier si les albums permettent du fait de leur spécificité une<br />
fréquentation heureuse du livre, voir de donner ou redonner le goût de lire.<br />
Nous avons vu que cette spécificité des albums concerne le fait qu’il<br />
raconte des histoires à la fois avec un texte et des images. Si les<br />
illustrations ont une fonction de représentation, elles jouent aussi souvent<br />
un rôle narratif tout en occupant une fonction expressive. L’album est un<br />
objet qui présente de nombreux intérêts, notamment du point de vue du<br />
rapport entretenu entre le texte et l’image. Il est nécessaire d’étudier ce<br />
que nous livrent l’un et l’autre ; d’observer en quoi ils sont complémentaires<br />
ou différents. Ou comment l’image conteste avec le texte ou on dit plus long.<br />
Comprendre l’implicite du texte et des illustrations, le rapport qu’ils<br />
entretiennent, saisir le jeu des points de vue, découvrir les contradictions<br />
est une compétence notable de lecteur que l’album permet de développer dès<br />
le plus jeune âge.<br />
Les activités pédagogiques que l’on peut proposer aux élèves au<br />
travers des albums permettent en effet de donner aux enfants des outils<br />
pour mieux lire, mieux voir, mieux créer et finalement mieux apprécier. Les<br />
différentes activités que j’ai pu proposer aux élèves lors de mes différents<br />
stages réservaient une grande part à l’expression orale, utilisant les images<br />
comme support. Pour les élèves de cycle 1, tant pour les PS que les GS, les<br />
activités d’écriture devait mettre en évidence le rôle de l’écrit comme<br />
mémoire de ce qui a été dit et/ou fait. Pour les élèves de cycle 3, le travail<br />
d’écriture avait pour objectif de se donner des outils pour expliquer son<br />
point de vue et se faire comprendre. J’ai essayé de varier les modes d’entrée<br />
dans l’album, alternant écoute, activités d’analyse des images et du texte. Si<br />
la lecture du texte au cycle 1 en confirmant ou non les hypothèses émises<br />
par les enfants en apportant des informations différentes ou<br />
complémentaires à celles apportées par les images, mettait en évidence la<br />
24
nécessité de lire pour comprendre et par conséquent celle d’apprendre à lire,<br />
au cycle 3 cette lecture du texte est complétée par une recherche et une<br />
analyse des indices textuels afin de permettre aux élèves de comprendre le<br />
fonctionnement de l’écrit et de se l’approprier. Les modalités de mise en<br />
place dans tous les cycles, passaient de l’écoute à la recherche active, de<br />
temps individuel à l’activité collective. J’ai pu apprécier l’enthousiasme des<br />
élèves à la lecture de ce genre de littérature, et aussi mesurer leur progrès<br />
dans la compréhension de la construction d’un récit ou dans l’écriture d’un<br />
petit texte. J’ai pu observer les effets que procure le dialogue des images<br />
avec le texte sur les élèves relevant leur intérêt pour l’écrit.<br />
Tout le travail de construction des séquences m’a appris qu’il n’y a pas<br />
de modèle à suivre dans l’enseignement de la littérature par le biais des<br />
albums, mais un travail d’analyse de l’œuvre par l’enseignant. Le choix d’un<br />
album ne se fait pas au hasard. Il est dirigé par les compétences que<br />
l’enseignant veut aborder avec ses élèves et aussi de leur âge. Pour cela le<br />
maître ne peut faire l’économie d’une étude du texte et des images et de la<br />
manière dont il va amener les élèves à découvrir tel ou tel point, telle<br />
particularité…Il lui faudra aussi réfléchir à la façon dont il pourra exploiter<br />
le texte et l’image en observation réfléchie de la langue, montrant ainsi à ces<br />
élèves que tout est lié, que tout a un sens. Une autre qualité des albums est<br />
qu’il permet d’acquérir une culture plastique. Les illustrations peuvent être<br />
étudiées du point de vue de la technique plastique utilisée : encre, gouache,<br />
collages…mais c’est là le sujet d’un autre mémoire.<br />
25
In JDI, « Lire des mots et des images », dossier n°1571 du 2 octobre<br />
2003 :<br />
• « Des images et des textes pour le plaisir de lire » J. Rioult<br />
• « Les albums sont des objets singuliers qui se prêtent à des lectures<br />
plurielles », C. Poslaniec<br />
• « La polyphonie narrative dans la lecture d’albums », B Marin<br />
In Les Actes de Lecture, n°72 décembre 2000, « Intérêt psychologique de<br />
l’album », C Duprat.<br />
C Cocua, C Peyroutet, Sémantique de l’image, pour une approche<br />
méthodologique des messages visuels, Delagrave, 1996<br />
Actes du congrès international, Jeux graphiques dans l’album de jeunesse,<br />
CRDP Créteil, 1988<br />
C Poslaniec, C. Houyel, Activités de lecture à partir de la littérature de<br />
jeunesse, Hachette, 2000<br />
J.P Lepri, L’album source d’apprentissage, CRDP de Charente Poitou, 1998<br />
Association française pour la lecture, Comment choisir des albums ? 2000<br />
Sous la direction de C. Tauveron, Lire la littérature à l’école, Pourquoi et<br />
comment conduire cet apprentissage spécifique ? de la GS au CM, Hatier,<br />
2002<br />
M. Durand, G Bertrand, L’image dans le livre pour enfants, Ecoles des<br />
loisirs, 1975<br />
Sous la direction de N. Zavialoff, La lecture ; De la neurobiologie à la<br />
pédagogie, L’harmattan, 1990<br />
R. Stoecklé, L’album à l’école et au collège, l’école, Paris, 1999
Illustration tirée de CHEZ ELLE de Béatrice Poncelet<br />
1
UNE NUIT, UN CHAT….<br />
Yvan POMMEAUX<br />
Dans une ville peuplée de chats humanisés, un jeune<br />
chat fait une sortie nocturne, pour la première fois.<br />
Ses parents sont inquiets et bien que la loi des chats<br />
s’y oppose, le père suit secrètement son fils, pour le<br />
protéger. Au cours de la sortie, le jeune chat<br />
rencontre une nouvelle amie, mais aussi le redoutable<br />
rat d’égout auquel le couple échappe de justesse.<br />
Séquence effectuée avec les G.S de l’école St-Exupery de Chalon sur Saône :<br />
Objectifs de la séquence : Faire découvrir aux enfants que le sens d’un livre<br />
peut dépendre conjointement du texte et des images. Donner l’envie de découvrir<br />
l’histoire.<br />
Chaque séance était d’environ 30 minutes.<br />
Séance 1 Objectif : Repérer l’histoire à l’aide de la première de couverture et des<br />
deux premières images de l’album.<br />
Les enfants devaient dans un premier temps décrire la première de<br />
couverture et émettre des hypothèses quant à l’histoire qui allait être lue.<br />
Le titre était caché. Cela fut une découverte supplémentaire et donnait à<br />
l’écrit une valeur égale à celle de l’image.<br />
Il en a été de même pour les deux premières pages. Les enfants ont décrit<br />
les images. Ils ont fait des hypothèses concernant le déroulement de<br />
‘histoire, qui ont été dictées à l’adulte. Puis nous avons lu le texte. Les<br />
enfants se sont rendus compte que le texte apportait des informations<br />
complémentaires qui, elles aussi, ont été mises par écrit.<br />
Séance 2<br />
Séance 3<br />
Séance 4<br />
Objectif : Effectuer des descriptions, savoir formuler son idée, s’exprimer<br />
dans un groupe, mesurer le rôle de l’écrit en tant que mémoire.<br />
Les enfants devaient se remémorer ce qu’ils avaient dit la séance<br />
précédente. Suite au défaut de mémoire, ils se sont rappelés que l’on avait<br />
mis par écrit tout ce qu’ils avaient exprimé. Après cette relecture, la suite<br />
de la découverte de l’album s’est poursuivie de la même manière que dans la<br />
première séance.<br />
Objectif : Être capable de se rappeler les différents moments forts d’une<br />
histoire.<br />
Déroulement identique à la séance 2, jusqu’à la fin de l’histoire.<br />
Se rappeler des différentes étapes de l’histoire et les dicter à l’adulte.<br />
Objectif : Communiquer des informations, se faire comprendre.<br />
Les enfants ont raconté au groupe qui travaillait sur un autre album l’histoire<br />
qu’ils avaient découvert, en s’aidant des images. Chaque enfant a pris la<br />
parole.<br />
2
PLUME EN BATEAU<br />
Hans DE BEER<br />
C’est l’histoire d’un petit ours blanc qui se nomme Plume.<br />
En jouant sur la banquise, il se fait prendre au piège<br />
dans un filet de pêcheur. Commence alors un long<br />
voyage vers une terre inconnue. Plume rencontre Nemo<br />
le chat du bateau qui va l’aider à rentrer chez lui.<br />
Séquence effectuée avec les G.S à l’école St-Exupery de Chalon sur Saône :<br />
Objectifs de la séquence : Faire découvrir aux enfants que le sens d’un livre<br />
peut dépendre conjointement du texte et des images. Donner l’envie de découvrir<br />
l’histoire.<br />
Chaque séance était d’environ 30 minutes.<br />
Séance 1 Objectif : Repérer l’histoire à l’aide de la première de couverture et des<br />
deux premières images de l’album.<br />
Les enfants devaient dans un premier temps décrire la première de<br />
couverture et émettre des hypothèses quant à l’histoire qui allait être lue.<br />
Le titre était caché. Cela fut une découverte supplémentaire et donnait à<br />
l’écrit une valeur égale à celle de l’image.<br />
Les enfants ont décrit les premières images. Ils ont fait des hypothèses<br />
concernant le déroulement de l‘histoire, qui ont été dictées à l’adulte. Puis<br />
nous avons lu le texte. Les enfants se sont rendus compte que le texte<br />
apportait des informations complémentaires qui, elles aussi, ont été mises<br />
par écrit.<br />
Séance 2<br />
Séance 3<br />
Séance 4<br />
Objectif : Effectuer des descriptions, savoir formuler son idée, s’exprimer<br />
dans un groupe, mesurer le rôle de l’écrit en tant que mémoire.<br />
Les enfants devaient se remémorer ce qu’ils avaient dit la séance<br />
précédente. Suite au défaut de mémoire, ils se sont rappelés que l’on avait<br />
mis par écrit tout ce qu’ils avaient exprimé. Après cette relecture, la suite<br />
de la découverte de l’album s’est poursuivie de la même manière que dans la<br />
première séance.<br />
Objectif : Être capable de se rappeler les différents moments forts d’une<br />
histoire.<br />
Déroulement identique à la séance 2, jusqu’à la fin de l’histoire.<br />
Se rappeler des différentes étapes de l’histoire et les dicter à l’adulte.<br />
Objectif : Communiquer des informations, se faire comprendre.<br />
Les enfants ont raconté au groupe qui travaillait sur un autre album l’histoire<br />
qu’ils avaient découvert, en s’aidant des images. Chaque enfant a pris la<br />
parole.<br />
3
LES AVENTURES D’UNE PETITE BULLE ROUGE<br />
Iela MARI<br />
Cet album est exclusivement composé d’images, sans<br />
une ligne de texte. Ce récit purement visuel joue sur la<br />
métamorphose de formes ; Il s’agit des aventures d’une<br />
petite bulle rouge soufflée par un enfant (un chewinggum)<br />
qui devient ballon, pomme, fleur, papillon et<br />
parapluie.<br />
Séquence effectuée avec les P.S à l’école maternelle St- Exupéry de Chalon<br />
sur Saône :<br />
Objectif de la séquence : Faire découvrir aux enfants ce qu’est une histoire,<br />
sa construction et la nécessité de l’écrit pour se souvenir.<br />
Ce travail a été effectué avec huit enfants, les séances ont duré environ 25<br />
minutes :<br />
Séances Objectifs Déroulement<br />
Séance 1<br />
Séance 2<br />
Séance 3<br />
Séance 4<br />
Participer à un échange<br />
collectif. Comprendre une<br />
histoire et le manifester<br />
en la reformulant avec ses<br />
propres mots.<br />
Remettre des images dans<br />
l’ordre chronologique<br />
Découvrir une des<br />
fonctions de l’écrit :<br />
garder en mémoire<br />
Présentation de l’album aux élèves. Je leur<br />
explique que cette histoire n’est faite que<br />
d’images et que nous allons l’écrire. Je débute la<br />
lecture par le titre en leur précisant que c’est la<br />
seule chose qui le soit. Puis je leur présente la<br />
première image. Je leur demande de me dire ce<br />
qu’ils voient et ce qui se passe. J’écris leurs<br />
réponses une fois que tout le monde est d’accord.<br />
Nous passons alors à la deuxième image. Même<br />
déroulement. Avant de passer à le troisième<br />
image, je leur demande s’ils ont une idée sur la<br />
suite des évènements (un peu difficile pour des<br />
PS). Puis on découvre la troisième image.<br />
Reprise de ce qui a été fait durant la dernière<br />
séance, lecture de ce qui avait été écrit.<br />
Déroulement identique pour la découverte des<br />
autres images.<br />
Idem pour la fin de l’album.<br />
Travail individuel : des petites cartes<br />
représentant les trois premières images sont<br />
distribuées aux enfants. La consigne est de les<br />
remettre dans l’ordre chronologique<br />
4
LES PETITS BONSHOMMES SUR LE CARREAU<br />
Isabelle SIMON, Olivier DOUZOU<br />
Un enfant regarde par la fenêtre. Il y a un petit<br />
bonhomme dessiné sur le carreau dans la buée. De<br />
l’autre côté, il y a des sans-abri. Ces images s’alternent<br />
toutes les doubles pages et ainsi varient les points de<br />
vue. Le texte varie de misère en misère en jouant du<br />
sens propre et du sens figuré.<br />
Séquence effectuée lors d’un atelier pédagogique en français:<br />
Objectif de la séquence : Approche de la polysémie verbale et<br />
textuelle comme aide à la compréhension et à l’interprétation d’un texte.<br />
Participer à un débat traitant du thème de la pauvreté<br />
Ces séances ont été effectuées avec 19 élèves de CM2 à l’école élémentaire<br />
de Sornay en quatre séances :<br />
Séances Déroulement<br />
Séance 1<br />
Séance 2<br />
Découverte de l’album au travers des photocopies du verso et du recto.<br />
La classe est divisée en deux groupes. L’une a la version recto, l’autre la<br />
version verso. Une lecture de l’album est effectuée partiellement par<br />
l’enseignant : il ne lit et ne montre que les images de la partie concernée.<br />
Les élèves lisent à leur tour l’histoire sur les photocopies. Ils doivent<br />
répondrent à un questionnaire (en sous groupe de 4 ou 5). Puis ces deux<br />
sous groupes mettent en commun leurs réponses.<br />
Retour en grand groupe classe où les élèves vont comparer leurs<br />
réponses et découvrir toute l’ambiguïté de l’histoire.<br />
Relecture de l’album, rappel du travail effectué. La classe est de nouveau<br />
divisée en deux groupes : Certains élèves ont des bribes du texte<br />
correspondant à des expressions au sens propre et au sens figuré se<br />
trouvant soit dans la partie verso et dans la partie recto. Les élèves<br />
doivent retrouver leur paire textuelle. Puis les élèves doivent reprendre<br />
ces expressions et les classer tout en en dégageant le sens.<br />
Séance 3 Débat sur le thème principal de l’album : la pauvreté<br />
Lien avec d’autres lectures telle la petite fille aux allumettes d’Andersen<br />
5
UNE HISTOIRE A 4 VOIX<br />
Anthony BROWN<br />
Une promenade dans un parc racontée par quatre personnes<br />
différentes : Une mère et son fils accompagnés de leur chienne,<br />
un père et sa fille accompagnés de leur chien. La police du<br />
caractère, les illustrations symbolisent et reflètent la<br />
psychologie de chaque personnage.<br />
Séquence effectuée lors du stage à Ecuisses avec des CM1 :<br />
Objectif de la séquence : Attirer l’attention des élèves sur la construction<br />
d’une œuvre. Découvrir que le sens d’une œuvre littéraire n’est pas immédiatement<br />
accessible.<br />
Chaque séance était d’environ 50 minutes.<br />
Séances Objectifs Déroulement<br />
Séance<br />
1<br />
Séance<br />
2<br />
Séance<br />
3<br />
Séance<br />
4<br />
et<br />
Séance<br />
5<br />
Développer l’observation<br />
Identification des<br />
personnages en s’appuyant<br />
sur des indices visuels.<br />
Ecrire une courte histoire.<br />
Se donner des outils pour<br />
écrire<br />
Motiver la lecture, mettre<br />
en évidence les quatre voix<br />
et le principe de<br />
construction de l’album.<br />
Travailler à plusieurs pour<br />
confronter les différentes<br />
compréhensions.<br />
Lecture d’images pour en<br />
découvrir l’implicite<br />
Expression écrite : Les élèves ont tous la même<br />
image devant les yeux. Ils devront écrire un petit<br />
texte en s’inspirant de cette image. Ils pourront<br />
décrire les personnages (caractérisation) ainsi que<br />
le lieu, envisager des épisodes.<br />
Reprise des premiers jets : les élèves complètent<br />
leur production à partir des constatations émises<br />
en commun.<br />
Les élèves sont répartis en quatre groupes de cinq<br />
élèves. Ils ont à leur disposition les photocopies<br />
couleur d’une voix (un chapitre). Ils répondent à un<br />
questionnaire, sous forme de tableau, de façon<br />
collective. (cf. page suivante)<br />
Mise en commun et découverte du travail des<br />
autres. Mise en évidence des points communs et<br />
des différences<br />
La séance débute par la lecture de l’album dans son<br />
entier par l’enseignant qui s’applique à changer<br />
d’intonation. Les livres sont distribués ensuite aux<br />
élèves. Un analyse de chaque personnage est<br />
entreprise au moyen des images : les vêtements, les<br />
formes, les couleurs, les ombres… Une description<br />
des lieux est également entreprise. Ce travail est<br />
effectué avec l’ensemble de la classe. Les<br />
différentes observations sont notées sur des<br />
affiches permettant ainsi d’effectuer des<br />
comparaisons entre les différentes voix.<br />
6
Séance<br />
6<br />
Séance<br />
7<br />
Séance<br />
8<br />
Séance<br />
9<br />
Analyse des indices textuels La séance débute par le rappel des éléments<br />
dégagés au sujet des personnages et des lieux :<br />
description et interprétation. Suite à ce rappel les<br />
élèves doivent repérer dans les textes des indices<br />
venant confirmer ou infirmer les informations<br />
données par les images : emploi des temps, niveau<br />
de langue, champ lexical de la subjectivité. On<br />
complète les affiches.<br />
Pratiquer l’écrit. Découvrir<br />
l’enrichissement par le<br />
changement de point de vue<br />
Se donner des outils pour<br />
écrire<br />
Utiliser le traitement de<br />
texte<br />
Les élèves doivent rédiger selon le point de vue d’un<br />
des deux chiens la ballade au parc, en se servant<br />
des indices visuels et textuels repérés, et en<br />
établissant une liste de critère. Il peut s’agir de<br />
Victoria, chien de pure race, bien élevée…ou<br />
d’Albert un bâtard fougueux.<br />
Corriger son texte avec les outils étudiés lors des<br />
séances en ORL et les consignes d’écriture<br />
construites ensembles lors de la séance<br />
précédente.<br />
Mise en page de son texte, insertion d’images et<br />
choix d’une Police correspondante au type de<br />
langage choisi.<br />
Voici le tableau qui a été distribué à chaque groupe de travail à la séance 3:<br />
Titre : Auteur :<br />
L’histoire :<br />
- Où se déroule l’histoire ?<br />
- Qui raconte l’histoire ?<br />
- Que fait le personnage principal ?<br />
- Qui sont les autres personnages ?<br />
Le lieu :<br />
Dans le texte, quels termes sont employés pour décrire le lieu ?<br />
Décrivez le lieu où se déroule l’action, les objets, les formes, les couleurs…<br />
Les personnages :<br />
Quels termes emploie le narrateur pour désigner les autres personnages ?<br />
Décrivez les personnages qui sont sur les illustrations. Qui sont-ils ? Comment sont-ils<br />
vêtus ?<br />
7
CHEZ ELLE OU CHEZ ELLE<br />
Béatrice PONCELET<br />
Une petite fille raconte ce qu’elle ressent lors des moments où<br />
elle est gardée par les uns ou les autres. Sans jamais les nommer<br />
elle les décrit en expliquant ce qu’elle éprouve et pourquoi.<br />
Textes (typologie, mise en page…) et images (styles, couleurs)<br />
illustrent les sentiments de cette enfant dont on ignore tout.<br />
Séquence proposée aux élèves de CM1 lors de mon stage à Ecuisses :<br />
Séances Objectifs Déroulement<br />
Séance 1<br />
et<br />
Séance 2<br />
Séance 3<br />
Séance 4<br />
Comprendre un texte en<br />
s’appuyant sur le<br />
traitement correct des<br />
expansions, des substituts,<br />
(dont les pronoms)<br />
Lecture d’images et liens<br />
avec les informations<br />
dégagées dans le texte.<br />
Interprétations fondées,<br />
laissées libre.<br />
J’ai distribué aux élèves le texte de<br />
l’album (réécrit en gardant la typologie<br />
sur un format A4). Je leur ai expliqué que<br />
nous allions découvrir un nouvel album et<br />
que cette fois nous débuterions par sa<br />
lecture. Les élèves ont lu le texte<br />
individuellement. Puis ils ont cherché par<br />
deux qui était le narrateur, tout en<br />
justifiant leurs réponses. Ils devaient<br />
chercher qui étaient les autres<br />
personnages, et relever la façon dont ils<br />
étaient désignés.<br />
Mise en commun et traces écrites.<br />
Découverte des images de l’album. Les<br />
élèves font une description de celles-ci.<br />
Puis ils doivent attribuer une image à un<br />
lieu de garde ou un personnage.<br />
Après le travail effectué par rapport au<br />
texte et aux images comment imaginez<br />
vous les personnages. Chez qui la petite<br />
fille aime-t-elle aller ?<br />
8
D’UNE CULTURE DE L’IMAGE A UNE CULTURE DE L’ECRIT :<br />
PROCESSUS ET APPRENTISSAGES<br />
RESUME : Lire demande aux enfants un effort intellectuel important. Le<br />
plaisir de la découverte, la magie de l’histoire peut se transformer en corvée.<br />
Au travers de ces quelques pages, j’étudie comment les activités autour des<br />
albums de jeunesse, histoires composées de textes et d’images, permettent<br />
de donner aux enfants des outils pour mieux lire, mieux voir, mieux créer et<br />
finalement donner ou redonner le goût de lire.<br />
MOTS CLEFS : Littérature, albums, images, lire, écrire