Centre Antoine Vitez asbl Théâtre de l'Aléna asbl Château de Sclessin

Chapitre VI : Le Théâtre de L’Aléna
Une fois de plus, ces rebondissements grotesques m‟avaient éloigné de
l‟essentiel, mon travail d‟artiste et en l‟occurrence, d‟auteur. Il était temps et vital pour
moi que je me replonge un peu “en dedans de moi-même” pour y écouter cette
rivière sourde qui se fait parfois pressante et que je laisse jaillir une nouvelle pièce.
Toujours frileux par rapport à l‟intérêt pour les autres de ce travail, je décidai de
prendre la canne blanche de l‟adaptation et réécris d‟après le conte original, une
version plus effrayante et initiatiquement sexuée de “La Belle et la Bête”.
Je voulais aussi et avant tout offrir un rôle magnifique à Stéphanie.
Dans cette période, nous dûmes nous rendre à une évidence, il manquait de salles
de spectacles de petite taille sur Liège et nous étions fort sollicités pour accueillir des
projets. Pourtant, nous n‟avions pas encore de locaux adaptés, de matériel,
d‟expérience. Le grand hall d‟entrée du château, souvenez-vous, celui avec les
voitures démontées, ne nous servait que de remise et avait une taille suffisante pour
commencer à rêver d‟étendre les activités du centre à la production et l‟accueil de
spectacles. La création de “La Belle et la Bête” suivie d‟une mise en scène de
Georges Courteline et d‟un accueil autour de Pasolini, nous assurait de bons débuts
éclectiques.
Pas de fauteuils mais des bancs inconfortables et dans un premier temps,
du matériel d‟éclairage loué. Très vite, je compris qu‟il ne serait pas viable de
continuer à louer du matériel car cela serait vite très onéreux et nécessitait sans
cesse des montages et démontages. Je me mis en quête de devis pour l‟achat de
l‟ensemble de ce qui nous était nécessaire. Le devis fut pour nous, énorme et
s‟approchait des 18.000€ alors que le chiffre d‟affaires du Théâtre fraichement
constitué était de 678€ et celui du Centre, de 15.000€ l‟an. Et nous parlons ici de
chiffre d‟affaires! Je ne me démontais pas pour la cause et me rendis, avec un
dossier complet, à ma banque pour obtenir un prêt. Vous lisez bien, je n‟écris pas,
“demander“, mais “obtenir“, et tout se joua sur cette nuance. Le directeur de l‟agence
était ennuyé et ne voyait pas comment accepter cette demande alors même que les
garanties étaient inexistantes. En même temps, il était sincèrement sensible au projet
de l‟association. Il me pria de revenir le lendemain pour rencontrer d‟autres
personnes de la banque mais ayant des fonctions extra locales.
Je m‟exécutai et le lendemain, je revins. Malheureusement, mon allié potentiel, le
directeur de l‟agence, homme d‟une soixantaine d‟années, n‟était pas encore sorti
d‟une réunion à Bruxelles et était donc injoignable. Je vous rappelle qu‟en 2000, les
portables n‟étaient pas encore généralisés. Ne me laissant pas démonter par les très
jeunes collaborateurs que j‟avais face à moi, je leurs fis par de mon étonnement.
Rien n‟était prêt alors que je venais signer les documents et non discuter car le
matériel devait être retiré le jour même pour permettre le spectacle du soir!
Je ne mentais pas pour le spectacle sauf qu‟il s‟agissait de la générale.
Mon aplomb, mon étonnement les ébranla. Y avait il eu malentendu? Le directeur de
l‟agence s‟était-il personnellement engagé? Personnellement déjà équipé d‟un
portable, j‟augmentai la pression avec des invités de marque que je prenais à témoin
d‟une annulation possible à cause d‟un flottement de ma banque.
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