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Centre Antoine Vitez asbl Théâtre de l'Aléna asbl Château de Sclessin

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Ainsi, plus on est brillant, mais pas comme un diamant, plutôt comme une huître qui<br />

cache et polit son trésor, plus on a la faculté d‟être simple car appréhendant les<br />

choses avec plus <strong>de</strong> recul, plus <strong>de</strong> hauteur, cela permet <strong>de</strong> transmettre sans donner<br />

<strong>de</strong> leçon, sa quête, son travail artistique sans fioriture, sans trop d‟égo. Merci Marie<br />

Luce, merci Monsieur Bacri! Depuis, combien je regrette <strong>de</strong> ne plus avoir croisé votre<br />

route.<br />

Ainsi, dans cette machine financière et narcissique, il y avait quelques<br />

“quêteurs <strong>de</strong> graal”. Il me faudra bien vite apprendre à les distinguer <strong>de</strong> leurs avatars:<br />

les gardiens du temple. Ceux qui savent…<br />

Ceux qui, seuls, font <strong>de</strong> l‟art et jugent sans détours les autres. Les donneurs <strong>de</strong><br />

leçons, les critiqueurs qui confon<strong>de</strong>nt vertige <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur et vertige du vi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

leur profon<strong>de</strong>ur. Les « indéridables » qui font encore <strong>de</strong>s hiérarchies entre humour<br />

et drame, aujourd‟hui <strong>de</strong> société; qui aiment tant à étiqueter les autres et en même<br />

temps se révolter contre le cynisme ambiant et les classifications qu‟on leur colle.<br />

Ceux là, je n‟ai pas encore fini <strong>de</strong> les croiser dans les théâtres subventionnés où l‟on<br />

peut dépenser <strong>de</strong>s sommes folles en méprisant le public; dans les radios ou les<br />

télévisions ou l‟interviewer n‟a plus pour but <strong>de</strong> faire connaitre un artiste mais juste<br />

d‟alimenter sa petite chronique qui lui permet <strong>de</strong> se mettre en avant comme étant lui,<br />

la synthèse immédiate d‟une vie entière jetée en pâture au bétail <strong>de</strong>s téléspectateurs<br />

abrutis <strong>de</strong>vant leur écran, occupés à vivre la vie <strong>de</strong>s autres. Et je te coupe la parole<br />

car tu ne vas pas assez vite. Il faut résumer, trouver la petite phrase, le slogan qui<br />

résumera l‟œuvre <strong>de</strong> Molière, la pensée <strong>de</strong> Montaigne…<br />

Mais comme si cela ne suffisait pas, il faut se plier au ton actuel, être<br />

caustique et agressif, souriant pour épingler un tiers avec une couche <strong>de</strong><br />

“politiquement correct” qui soit irréprochable. Mais qu‟on ne se trompe pas. Je ne<br />

parle pas <strong>de</strong> critiques qui paraissent odieux aux imbéciles mais qui font leur travail <strong>de</strong><br />

lutte contre le nivèlement vers le bas!<br />

La culture est fondamentale et représentative d‟une société et tout le mon<strong>de</strong><br />

ne peut pas être “quelqu‟un” comme le laisse croire la “peopleisation” d‟individus<br />

charmants mais vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s idées.<br />

Vi<strong>de</strong>, voila bien le mot qui me hante <strong>de</strong>puis toujours. Durant <strong>de</strong>s années, j‟avais la<br />

douloureuse impression <strong>de</strong> n‟être qu‟un imposteur et ce n‟est qu‟après quinze<br />

années <strong>de</strong> confrontation avec le public, les élèves, le mon<strong>de</strong> que j‟arrive à me<br />

raisonner, les jours <strong>de</strong> grand soleil, et à continuer mon travail en acceptant<br />

simplement que ce que je crée puisse plaire et que cela n‟a rien <strong>de</strong> vil, <strong>de</strong> médiocre,<br />

<strong>de</strong> honteux ou <strong>de</strong> prétentieux<br />

Je pense, au fil du temps, avoir acquis un savoir-faire, un savoir être qui me donne<br />

plus <strong>de</strong> chance <strong>de</strong> réussir un projet en tant qu‟acteur ou metteur en scène. Le fait<br />

aussi <strong>de</strong> ne jamais oublier que ce savoir-faire me porte mais n‟est en rien un acquis<br />

clairement tangible pouvant servir <strong>de</strong> garant indéfectible. Juste quelques mètres<br />

carrés <strong>de</strong> plancher sur lequel je peux retomber mais au milieu <strong>de</strong> l‟océan!<br />

Mais revenons à nos crevettes.<br />

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