La Fée amante et le Chevalier: De l'interdit premier au rite sacrificiel ...
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<strong>La</strong> <strong>Fée</strong> <strong>amante</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>Chevalier</strong>:<br />
<strong>De</strong> l’interdit <strong>premier</strong> <strong>au</strong> <strong>rite</strong> <strong>sacrificiel</strong><br />
Michel Stanesco<br />
Strasbourg<br />
Dame, ... n’aiez polir,<br />
..................<br />
Se li segrei vus sunt oscur.<br />
(Marie de France, Yonec)<br />
Une des images <strong>le</strong>s plus flatteuses que se renvoie l’homme moderne<br />
est cel<strong>le</strong> de l’individu qui refuse de se plier <strong>au</strong>x contraintes <strong>et</strong> <strong>au</strong>x<br />
interdictions, qu’el<strong>le</strong>s soient de nature religieuse, socia<strong>le</strong> ou mora<strong>le</strong>. On se<br />
souvient du fameux slogan de 1968 de la future intelligentsia occidenta<strong>le</strong>:<br />
‘il est interdit d’interdire.’ I1 n’était nul<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> fruit hasardeux d’une<br />
joyeuse rhétorique, d’ail<strong>le</strong>urs passab<strong>le</strong>ment élémentaire, mais l’aboutissement<br />
prévisib<strong>le</strong> d’un long processus idéologique. Pourtanî, assez curieusement, ces<br />
jeunes qui usaient à tout propos de termes comme ‘interdit’ <strong>et</strong> ‘transgression’<br />
semblaient ignorer l’hypothèse fondamenta<strong>le</strong> de celui qui avait lancé la mode<br />
de ce vocabulaire: à savoir que ie monde humain s’était constitué en tant que<br />
tel précisément parce qu’il s’était donné des règ<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> monde animal<br />
ignorait. Georges Batail<strong>le</strong> partait du principe que la différence entre l’homme<br />
<strong>et</strong> l’animal réside en ce que <strong>le</strong> <strong>premier</strong> se définit par des interdits, alors que<br />
<strong>le</strong> second est limité par <strong>le</strong> seul donné naturel.<br />
F<strong>au</strong>t-il rappe<strong>le</strong>r que toute mythologie témoigne d’une scission<br />
originaire? Le geste fondateur de la divinité n’est <strong>au</strong>tre que celui de la<br />
séparation: séparation des ténèbres <strong>et</strong> de ia lumière, des cieux <strong>et</strong> de la terre,<br />
des e<strong>au</strong>x <strong>et</strong> de la terre ferme, des anim<strong>au</strong>x selon <strong>le</strong>ur espèce, des anim<strong>au</strong>x<br />
<strong>et</strong> des hommes, de l’homme <strong>et</strong> de ia femme, du sacré <strong>et</strong> du profane. Fait à<br />
l’image de Dieu, l’homme est lui <strong>au</strong>ssi une ‘conscience discriminatoire’, pour<br />
reprendre une formu<strong>le</strong> de Batail<strong>le</strong>.<br />
<strong>De</strong> toute la littérature fiançaise, l’époque médiéva<strong>le</strong> comprend sans<br />
doute <strong>le</strong> plus vaste répertoire d’histoires concernant <strong>le</strong>s interdits <strong>premier</strong>s,<br />
ceux qui tracent <strong>le</strong>s limites de l’humain. Ces histoires lui sont fournies non<br />
seu<strong>le</strong>ment par la Bib<strong>le</strong> <strong>et</strong> par la tradition chrétienne, par l’héritage de<br />
l’antiquité gréco-romaine, par <strong>le</strong>s civilisations des Celtes <strong>et</strong> des Germains,<br />
mais <strong>au</strong>ssi par <strong>le</strong> nouvel imaginaire constitutif de l’occident. Car, sous <strong>le</strong>s<br />
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4<br />
allures à la fois naïves <strong>et</strong> raffinées du féerique <strong>et</strong> du merveil<strong>le</strong>ux, la littérature<br />
courtoise n’hésite pas, el<strong>le</strong> non plus, à revenir <strong>au</strong>x interrogations originaires<br />
de l’humanité. Ainsi en est-il de l’un de ses lieux <strong>le</strong>s plus communs, à savoir<br />
<strong>le</strong>s amours entre un chevalier <strong>et</strong> une fée, en d’<strong>au</strong>tres mots, de l’union entre<br />
deux êtres que sépare une fracture métaphysique. Pour l’être mortel, c<strong>et</strong>te<br />
union revêt l’ambiguïté d’une expérience religieuse: el<strong>le</strong> est terrifiante <strong>et</strong><br />
désirée, étrange <strong>et</strong> pourtant familière, répulsive <strong>et</strong> captivante. Ces relations<br />
fortement contrastées engendrent des tensions qui ne peuvent se résoudre<br />
<strong>au</strong>trement que par une opération <strong>sacrificiel</strong><strong>le</strong>.<br />
Si <strong>le</strong> motif de l’union entre un mortel <strong>et</strong> un être surnaturel est universel<br />
(voir the mortal-me<strong>et</strong>s-fairy story enregistrée par <strong>le</strong>s folkloristes), l’histoire<br />
sous sa forme la plus développée est médiéva<strong>le</strong>. I1 s’agit, bien sûr, du Roman<br />
de Mélusine, qui nous a été conservé dans deux versions, l’une en prose,<br />
l’<strong>au</strong>tre en vers, <strong>au</strong>x a<strong>le</strong>ntours de 1400. C<strong>et</strong>te histoire est néanmoins une<br />
constante de l’imaginaire médiéval, de l’époque de Marie de France <strong>au</strong> sièc<strong>le</strong><br />
d’Antoine de <strong>La</strong> Sa<strong>le</strong>; el<strong>le</strong> appartient à la tradition ora<strong>le</strong> comme à la<br />
littérature savante; enfin, el<strong>le</strong> transcende volontiers <strong>le</strong>s frontières des genres,<br />
car on la rencontre à la fois dans <strong>le</strong>s lais br<strong>et</strong>ons <strong>et</strong> <strong>le</strong>s romans, dans <strong>le</strong>s<br />
chansons de geste <strong>et</strong> <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s courtoises.<br />
Pour des raisons de commodité, je prendrai comme point de départ<br />
la légende de Mélusine. El<strong>le</strong> peut se résumer de la façon suivante: ‘une fée<br />
épouse un mortel en lui imposant <strong>le</strong> respect d’un interdit. Le coup<strong>le</strong> jouit<br />
d’une prospérité éclatante <strong>au</strong>ssi longtemps que l’époux humain tient sa<br />
paro<strong>le</strong>. Le pacte est violé: la fée disparaît <strong>et</strong>, avec el<strong>le</strong>, la prospérité qu’el<strong>le</strong><br />
avait apportée en dot’ (Harf-<strong>La</strong>ncner, 1993, pp. 10-1 1).<br />
<strong>La</strong> critique reconnaît unanimement dans l’interdit posé par l’être<br />
surnaturel <strong>et</strong> sa transgression par <strong>le</strong> mortel <strong>le</strong> noy<strong>au</strong> des légendes de type<br />
mélusinien. L’injonction peut prendre <strong>le</strong>s formes <strong>le</strong>s plus variées. Mélusine<br />
impose à son futur mari de ne jamais essayer de la voir <strong>le</strong> samedi. <strong>La</strong> fée<br />
Presine exige de son mari, <strong>le</strong> roi Elinas, de ne pas la voir ‘en sa gésine’,<br />
c’est-à-dire avant <strong>le</strong>s re<strong>le</strong>vail<strong>le</strong>s. Le modè<strong>le</strong> mélusinien est très productif sur<br />
ce point. Dans <strong>le</strong> folklore gallois <strong>et</strong> anglais, chacune des nombreuses<br />
analogues de Mélusine interdit à son époux de la voir nue ou dans certaines<br />
rircensmces, de lui :e;irccher se:: origim cu d’y faire a!!usion, de !a frapper<br />
(Roberts, pp. 281-96). Dans ie folklore irlandais, l’union doit rester secrète:<br />
<strong>au</strong>ssi l’époux ne doit-il sous <strong>au</strong>cun prétexte inviter son seigneur (ou un<br />
étranger, un prêtre, une femme) à la maison; ou bien il ne doit pas prononcer<br />
<strong>le</strong> nom de la fée, si el<strong>le</strong> en a un; ne pas la frapper trois fois, que ce soit
intentionnel<strong>le</strong>ment ou non; ne pas la frapper avec de la terre glaise, du fer,<br />
de l’acier, avec la bride du cheval; ou encore ne pas tuer une brebis noire,<br />
un phoque; ne pas faire l’amour avec une <strong>au</strong>tre femme; ne pas faire des<br />
remarques méprisantes sur ses enfants; ne pas s’adonner <strong>au</strong>x jeux de hasard;<br />
rentrer à la maison en rapportant toujours des brindil<strong>le</strong>s pour ie feu <strong>et</strong>c. C<strong>et</strong>te<br />
rapide énumération ‘gives evidence to a degree of vari<strong>et</strong>y that is amazing in<br />
such a short and simply constructed narrative’ (Almqvist, p. 272).<br />
Les interdictions ne sont pas un trait spécifique des seu<strong>le</strong>s légendes<br />
mélusiniennes. <strong>La</strong> fée de type morganien impose éga<strong>le</strong>ment à son amant un<br />
interdit: el<strong>le</strong> lui défend de chercher à ia voir (Le Roman de Purtonopeus de<br />
Blois) ou lui impose une obéissance absolue (Le Bel Inconnu). Le héros qui,<br />
r<strong>et</strong>enu par une fée dans l’<strong>au</strong>tre monde, veut revenir temporairement <strong>au</strong>près<br />
des siens, doit lui <strong>au</strong>ssi respecter un tabou: ne pas manger ni boire une<br />
nourriture terrestre (Guingumor); garder précieusement un obj<strong>et</strong> (anne<strong>au</strong>,<br />
tison) donné par la fée (Désiré); ne dévoi<strong>le</strong>r à personne son séjour dans <strong>le</strong><br />
roy<strong>au</strong>me féerique (ûgier <strong>le</strong> Dunois).<br />
Qu’une interdiction soit imposée par la fée mélusinienne à son époux<br />
pour qu’el<strong>le</strong> puisse rester <strong>au</strong>près de lui ou bien qu’une condition soit imposée<br />
par la fée morganienne afín de rendre possib<strong>le</strong> <strong>le</strong> r<strong>et</strong>our de son amant dans<br />
ie roy<strong>au</strong>me féerique, il est évident qu’une tel<strong>le</strong> union ne va pas de soi <strong>et</strong><br />
qu’el<strong>le</strong> est entachée de quelque déf<strong>au</strong>t initial. <strong>La</strong> variété quasi illimitée des<br />
interdits démontre qu’ils ont peu d’importance en eux-mêmes. Ils ne<br />
concernent que <strong>le</strong> coup<strong>le</strong>, ils sont en quelque sorte un contrat à va<strong>le</strong>ur limitée,<br />
un engagement de personne à personne, en absence de témoins. Ils délimitent<br />
ies conditions de possibilité de l’union.<br />
C’est pourquoi l’interdit que l’être surnaturel pose à son amant ou à<br />
son époux nous paraît secondaire. Le véritab<strong>le</strong> interdit se trouve en mont<br />
de l’histoire <strong>et</strong> il est non-dit: il concerne l’union entre un être appartenant<br />
<strong>au</strong> monde des humains <strong>et</strong> un être de l’<strong>au</strong>tre monde. Entre ces deux êtres il<br />
existe une disparité ontologique. C’est précisément la transgression de c<strong>et</strong><br />
interdit qui entraîne ia conclusion d’un pacte entre <strong>le</strong>s amants ou <strong>le</strong>s époux.<br />
C<strong>et</strong> interdit fondamental concerne la séparation entre <strong>le</strong>s vivants <strong>et</strong> ies morts,<br />
l’humain <strong>et</strong> <strong>le</strong> surhumain, l’ici-bas <strong>et</strong> l’ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> profane <strong>et</strong> <strong>le</strong> sacré. A<br />
l’<strong>au</strong>be du lyrisme antique, <strong>le</strong>s poètes <strong>le</strong> savaient: ‘il y a ia race des hommes,<br />
ii y a la race des dieux’, chantait Pindare; ‘un fossé nous sépare par la<br />
puissance qui nous est attribuée.’ A l’époque du déclin, ies Grecs ne l’avaient<br />
encore point oublié. Certes, on racontait que <strong>le</strong>s dieux s’éprenaient parfois<br />
d’un être mortel, mais ce n’était que fab<strong>le</strong>s. Philostrate relate qu’un jeune<br />
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6<br />
homme s’était épris de la statue de ia Vénus de Cnide, représentée nue; il<br />
lui faisait de riches dons, afin qu’el<strong>le</strong> l’acceptât pour époux. Apollonius de<br />
Tyane m<strong>et</strong> en garde l’imprudent contre c<strong>et</strong>te ‘ivresse’: ‘Les Dieux aiment des<br />
déesses; ies hommes, des femmes; <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x, des femel<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur espèce;<br />
chaque être aime son semblab<strong>le</strong>, pour enfanter des êtres semblab<strong>le</strong>s à lui.<br />
Quand il y a union entre deux êtres d’espèces différentes, c’est une<br />
monstruosité, ce n’est pas un hymen’ (Philostrate, VI, XL).<br />
On s’imagine que de tel<strong>le</strong>s unions étaient possib<strong>le</strong>s à un âge<br />
primordial, in iZZo tempore. <strong>La</strong> mythologie, <strong>le</strong>s contes de fées gardent <strong>le</strong><br />
souvenir d’un temps privilégié, où ‘rien n’était encore stabilisé, <strong>au</strong>cune règ<strong>le</strong><br />
encore édictée, <strong>au</strong>cune forme encore fixée’ (Caillois, pp. 131-32). Mais dès<br />
que <strong>le</strong>s ancêtres <strong>au</strong>raient enfermé chaque chose <strong>et</strong> chaque être dans <strong>le</strong>urs<br />
limites, ils <strong>le</strong>s <strong>au</strong>raient privés ‘de tous <strong>le</strong>s pouvoirs magiques qui <strong>le</strong>ur<br />
perm<strong>et</strong>taient de réaliser à l’instant <strong>le</strong>urs désirs, <strong>et</strong>, sans connaître <strong>au</strong>cun<br />
obstac<strong>le</strong>, de devenir sur-<strong>le</strong>-champ ce qu’il <strong>le</strong>ur plaisait d’être. L’ordre, en<br />
eff<strong>et</strong>, ne s’accommode pas de l’existence simultanée de toutes <strong>le</strong>s possibilités,<br />
de l’absence de toute règ<strong>le</strong>: <strong>le</strong> monde connut alors <strong>le</strong>s limitations<br />
infranchissab<strong>le</strong>s qui confinent chaque espèce dans son être propre <strong>et</strong> qui<br />
l’empêchent d’en sortir. Tout se trouva immobilisé <strong>et</strong> <strong>le</strong>s interdits furent<br />
établis afin que l’organisation, la légalité nouvel<strong>le</strong>s ne fussent pas troublées’<br />
(Caillois, pp. 132-33). Un enseignement qui traverse tout <strong>le</strong> Moyen Age est<br />
que Dieu a établi toutes choses ‘dans <strong>le</strong> nombre, ia mesure <strong>et</strong> <strong>le</strong> poids’. I1 y<br />
a un ordre universel qu’il convient de ne pas transgresser. A oublier c<strong>et</strong>te<br />
vérité première, nous risquons de prendre un drame aventure métaphysique<br />
pour une histoire économique ou une aventure sentimenta<strong>le</strong>: la condition<br />
posée par la fée est réduite à un simp<strong>le</strong> contrat matrimonial, quand el<strong>le</strong> est<br />
considérée comme une juste contrepartie des avantages qu’el<strong>le</strong> accorde à son<br />
amant ou à son mari; ou bien el<strong>le</strong> est vue comme une mise à l’épreuve qui<br />
perm<strong>et</strong> à la fée de savoir si son partenaire est digne de son amour.<br />
Et pourtant, l’humain <strong>et</strong> l’être féerique éprouvent chacun la nostalgie<br />
d’une tel<strong>le</strong> union sacrilège. <strong>La</strong> dame malheureuse de Caenvent, enfermée par<br />
son mari jaloux dans un donjon, se souvient d’avoir souvent entendu conter<br />
ces aventures merveil<strong>le</strong>uses où <strong>le</strong>s dames avaient des amants qu’el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s<br />
pouvaient voir (Marie de France, Yonec, vv. 95-104). <strong>De</strong> son côté, l’être<br />
sumiture! qui deviendra son ammt iû désire ûrdemment de@ !on@emps,<br />
mais il ne peut sortir de son pays avant que la dame ne l’appel<strong>le</strong>. <strong>La</strong> fée Mélior<br />
recourt à un stratagème bien compliqué pour attirer Partonopeus dans son î<strong>le</strong><br />
lointaine: el<strong>le</strong> fait organiser une chasse à laquel<strong>le</strong> participera <strong>le</strong> jeune homme;<br />
el<strong>le</strong> envoie un sanglier qui doit l’entraîner loin de ses compagnons; perdu,
Partonopeus passe la nuit dans la forêt; <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain, des serpents <strong>et</strong> des<br />
guivres l’empêchent de rebrousser chemin; el<strong>le</strong> envoie une nef qui échoue sur<br />
un rivage désert; el<strong>le</strong> guide <strong>le</strong> navire qui n’a pas d’équipage vers son î<strong>le</strong>.<br />
C<strong>et</strong>te étonnante abondance de moyens que la fée déploie pour arriver<br />
à ses fins ne doit pas nous cacher un fait bien simp<strong>le</strong>: la fée est toute<br />
puissante, mais pas <strong>au</strong> point de satisfaire, à l’instar d’une jeune fil<strong>le</strong>, son désir<br />
d’épouser un chevalier, Et-il <strong>le</strong> plus be<strong>au</strong> de la cour. Si el<strong>le</strong> ne peut joindre<br />
son amant que sous <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> de la nuit, <strong>au</strong> sens propre du terme, ce n’est pas<br />
pour <strong>le</strong>s raisons socia<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong> allègue, mais parce que dans son î<strong>le</strong> el<strong>le</strong><br />
participe d’ un tout <strong>au</strong>tre monde, insaisissab<strong>le</strong> <strong>et</strong> incommunicab<strong>le</strong>, dont la<br />
force pourrait tr<strong>au</strong>matiser <strong>et</strong> paralyser <strong>le</strong> mortel. Une fée prend souvent la<br />
préc<strong>au</strong>tion de ne pas se montrer directement <strong>au</strong>x yeux des humains; <strong>au</strong>ssi se<br />
fait-el<strong>le</strong> précéder par des fées subalternes, dont la be<strong>au</strong>té, tout extraordinaire<br />
qu’el<strong>le</strong> soit, n’éga<strong>le</strong> pas cel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur maîtresse.<br />
Bien qu’il soit sous ie charme de l’être surnaturel, l’homme a pourtant<br />
<strong>le</strong> sentiment d’avoir transgressé l’ordre du monde <strong>et</strong> d’encourir <strong>le</strong> plus grand<br />
péril. C’est ce qui justifie <strong>le</strong> sentiment d’angoisse de <strong>La</strong>nval sur <strong>le</strong> chemin<br />
de r<strong>et</strong>our, que rien ne motive logiquement, car il vient de passer l’après-midi<br />
dans <strong>le</strong>s bras de la plus bel<strong>le</strong> femme qui soit:<br />
Mult est <strong>La</strong>nval en grant esfrei;<br />
de s’aventure vait pensant<br />
e en sun curage dotant.<br />
Esbaïz est ... (Marie de France, <strong>La</strong>nval, vv. 196-99)<br />
L’<strong>au</strong>tre monde apparaît comme <strong>le</strong> contraire du monde des vivants, son<br />
envers, un lieu transfiguré, interdit <strong>et</strong> dangereux. <strong>La</strong> nef de Guigemar a une<br />
signification funèbre, rappelant <strong>le</strong> lit sur <strong>le</strong>quel gît, mourant, <strong>le</strong> père d’Yonec.<br />
L’être surnaturel se montre parfois sous des aspects zoomorphes, oise<strong>au</strong>,<br />
biche, cerf, sanglier. Le héros ressent un effroi primitif s’il assiste à la<br />
métamorphose de l’être surnaturel en humain, comme la dame d’Yonec <strong>au</strong><br />
moment où <strong>le</strong> grand oise<strong>au</strong> féerique se transforme en chevalier:<br />
<strong>La</strong> dame a merveil<strong>le</strong> <strong>le</strong> tint;<br />
li sans li remut e fremi,<br />
grant pour ot, sun chief covri. (Yonec, vv. 120-22)<br />
Quand Raymond, après avoir erré toute la nuit dans la forêt, voit la be<strong>au</strong>té de<br />
Mélusine, il en est ‘esbahi’, frappé de stupeur, la be<strong>au</strong>té de la fée est redoutab<strong>le</strong><br />
<strong>et</strong> Raymond ne sait pas s’il est mort ou vivant. En réalité, <strong>au</strong> bout de la nuit,<br />
7
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il est arrivé sans s’en douter à la charnière des deux mondes. D’<strong>au</strong>tres héros<br />
veu<strong>le</strong>nt forcer c<strong>et</strong>te limite. Suivie par Grae<strong>le</strong>nt, la fée avertit son ami de ne pas<br />
traverser la rivière qu’el<strong>le</strong> vient de franchir, sinon il se noiera, malgré tous ses<br />
efforts. Le chevalier pénètre dans l’e<strong>au</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> courant l’emporte. A la prière de<br />
ses suivantes, ia fée accepte de <strong>le</strong> tirer de l’e<strong>au</strong> <strong>et</strong> de l’emmener en son pays.<br />
Les gens disent que <strong>le</strong> chevalier serait encore vivant; mais c<strong>et</strong>te croyance est<br />
démentie par <strong>le</strong> cheval de Grae<strong>le</strong>nt, qui réussit à s’échapper du f<strong>le</strong>uve <strong>et</strong> qui<br />
erre depuis dans ia forêt, inconsolé de la perte de son maître (Luis féeriques,<br />
Grue<strong>le</strong>nt, w. 663-726). En apprenant son origine féerique, Tydorel s’enfonce<br />
dans <strong>le</strong>s e<strong>au</strong>x profondes du lac dont son père était sorti: il n’en reviendra plus<br />
jamais (<strong>La</strong>is féeriques, Tydorel, w. 485-88).<br />
Le contact prolongé avec l’être surnaturel est dangereux. Libre de<br />
toute contrainte socia<strong>le</strong>, <strong>La</strong>nval voudrait volontiers demeurer <strong>au</strong>près de ia fée<br />
I <strong>au</strong>-delà de l’après-midi, mais cela est impossib<strong>le</strong>: ‘mon ami’, lui dit la fée,<br />
<strong>le</strong>vez-vous,<br />
~<br />
Vus n’i poëz demurer plus.<br />
A<strong>le</strong>z vus en; jeo remeindrai. (Lunval, vv. 160-61)<br />
<strong>La</strong> dame de 1’I<strong>le</strong> Celée révè<strong>le</strong> à Florimont <strong>le</strong>s conséquences néfastes de <strong>le</strong>ur<br />
union, dont ie secr<strong>et</strong> a été découvert par la mère du héros:<br />
Se en cest païs remenoie,<br />
Jai avant d’un mois ne vivroie;<br />
Et se t’en voloie mener<br />
Quant de si ne te poi emb<strong>le</strong>r,<br />
Ne vivroies pas longuement,<br />
Ains morroies soudaignement (Aimon de Varennes, vv. 3829-34)<br />
I1 f<strong>au</strong>t bien convenir que <strong>le</strong> sentiment d’effroi qui saisit l’être humain <strong>au</strong> plus<br />
profond de lui-même ne procède pas d’une quelconque logique narrative:<br />
rien ne nous empêche d’imaginer <strong>La</strong>nval <strong>au</strong> comb<strong>le</strong> de la félicité ni<br />
Guigemar bercé par ia mer, embarqué sur une nef dépourvue de signification<br />
funéraire. Et pourtant ces détails qui ne sont pas strictement nécessaires à<br />
l’économie du récit résistent à tout processus d’esthétisation. Ardemment<br />
désirée, l’union avec la fée suscite en même temps une émotion vio<strong>le</strong>nte de<br />
frayeur panique. Ce mélange de fascination <strong>et</strong> de teerreur est <strong>le</strong> sentiment que<br />
ressent l’homme <strong>au</strong> contact avec la force ambiguë du sacré.<br />
I1 n’est pas donné à tout <strong>le</strong> monde de transgresser l’interdit. Rien ne<br />
distingue <strong>le</strong> héros de ses semblab<strong>le</strong>s, sinon qu’il est l’homme du destin. Le
mortel est parfois désigné par <strong>le</strong>s astres. Mais pour accéder <strong>au</strong> surnaturel, il<br />
f<strong>au</strong>t abandonner sa condition humaine. <strong>La</strong>nval a l’intuition de c<strong>et</strong>te nécessité<br />
quand ii déclare à la fée qu’il est prêt à quitter tous ses semblab<strong>le</strong>s @ur vus<br />
guerpirui tutes genz, v.128) pour rester à jamais <strong>au</strong>près d’el<strong>le</strong>. Pour ce qui<br />
est de Raymond, la séparation du monde se fait sur <strong>le</strong> mode dramatique: il<br />
est <strong>le</strong> meurtrier du comte de Poitiers, qui est à la fois son onc<strong>le</strong> nourricier<br />
<strong>et</strong> son seigneur. Le meurtre du seigneur par son vassal est assimilé <strong>au</strong> Moyen<br />
Age <strong>au</strong> parricide. En d’<strong>au</strong>tres mots, Raymond a commis un doub<strong>le</strong> sacrilège.<br />
Mais ce meurtre est pourtant involontaire: la justice médiéva<strong>le</strong> ne punit pas<br />
<strong>le</strong> meurtre involontaire. Raymond est à ia fois innocent <strong>et</strong> coupab<strong>le</strong>, pur <strong>et</strong><br />
impur. <strong>De</strong> ce point de vue, il présente une symétrie avec Mélusine: la prison<br />
dans laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> a enfermé son père, une grotte de ia montagne des fées,<br />
est une expression euphémisée pour indiquer la condamnation à mort.<br />
L’ambiguïté fondamenta<strong>le</strong> qui marque la fée est sensib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s<br />
aspects antithétiques du pur <strong>et</strong> de l’impur que revêt sa présence dans <strong>le</strong><br />
monde. I1 ne fait pas de doute que Mélusine soit une force bienfaisante. El<strong>le</strong><br />
apporte à son mari la prééminence socia<strong>le</strong>, de nombreux fils, ia force, la<br />
richesse. El<strong>le</strong> réintroduit parmi <strong>le</strong>s humains un passé fabu<strong>le</strong>ux, un âge d’or.<br />
L’humanisation de Mélusine est cependant incomplète <strong>et</strong><br />
conditionnel<strong>le</strong>. Avant son mariage avec Raymond, el<strong>le</strong> ne s’écarte pas de la<br />
Fontaine de Soif <strong>et</strong> ne se rend pas à la cour du comte de Poitiers, <strong>le</strong>quel est<br />
<strong>le</strong> seigneur de son mari. En fait, el<strong>le</strong> ne sortira jamais du territoire qu’el<strong>le</strong> a<br />
fait délimiter par la pe<strong>au</strong> de cerf. Si el<strong>le</strong> prend un bain, c’est pour éliminer<br />
son impur<strong>et</strong>é. I1 ne s’agit pourtant pas de l’impur<strong>et</strong>é spécifiquement féminine,<br />
mais, comme <strong>le</strong> dit Cl<strong>au</strong>de Lecouteux, du fait que l’être surnaturel n’arrive<br />
pas à se défaire tota<strong>le</strong>ment de l’Autre Monde (Lecouteux, p. 180). Sa<br />
réclusion hebdomadaire montre que l’interdit n’est pas entièrement <strong>le</strong>vé. Le<br />
monde du sacré est celui du défendu parce que dangereux. <strong>La</strong> souillure de<br />
la fée peut être une souillure nocive non seu<strong>le</strong>ment pour son mari, mais<br />
encore pour l’ensemb<strong>le</strong> de la société.<br />
D’une part, la fée apporte la régénération <strong>et</strong> des forces nouvel<strong>le</strong>s. <strong>De</strong><br />
l’<strong>au</strong>tre, el<strong>le</strong> possède une force dangereuse à même de porter atteinte à la<br />
cohésion socia<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> apporte une richesse sans limitation, qui ne doit rien<br />
<strong>au</strong> labeur, <strong>et</strong> qui risque de perturber l’économie du monde humain; une<br />
progéniture excessive (Mélusine accouche de tripl<strong>et</strong>s), particulièrement<br />
robuste <strong>et</strong> partiel<strong>le</strong>ment monstrueuse. C’est précisément <strong>le</strong> visage de ses fils<br />
qui est bestial, à savoir ia partie <strong>le</strong> plus proprement humaine <strong>et</strong> considérée<br />
comme la plus proche de l’image de Dieu: l’aîné, Urien, a <strong>le</strong> visage tout en<br />
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largeur, une grande bouche, un oeil rouge, d’immenses oreil<strong>le</strong>s; Eudes a <strong>le</strong><br />
visage rouge; Guy a un oeil plus bas que l’<strong>au</strong>tre; Antoine porte sur la joue<br />
une patte de lion velue, <strong>au</strong>x griffes acérée; Ren<strong>au</strong>d naît d’un seul oeil, placé<br />
tout en h<strong>au</strong>t de la tête; Geoffroy possède une dent de sanglier qui sort de sa<br />
bouche de plus d’un pouce; Fromont a sur <strong>le</strong> nez une tache velue comme<br />
la pe<strong>au</strong> d’un loup; Horrib<strong>le</strong> naît avec trois yeux, dont l’un sur <strong>le</strong> front.<br />
Contrairement donc à ce que l’on a dit, ces tares ne vont nul<strong>le</strong>ment en<br />
s’atténuant. II n’y a que ies deux derniers enfants qui sont norm<strong>au</strong>x, mais<br />
ils ne jouent <strong>au</strong>cun rô<strong>le</strong> dans l’histoire. Comme l’a constaté Jean-Jacques<br />
Vincensini, ‘l’alliance voulue par la Merveil<strong>le</strong>’ conduit à la confusion des<br />
genres, à <strong>le</strong>ur indistinction (Vincensini, p. 84).<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, ces descendants marqués physiquement sont plus robustes<br />
<strong>et</strong> plus forts que <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres gens. Ils <strong>au</strong>ront une carrière extraordinaires parce<br />
que bénéficiaires d’un renouvel<strong>le</strong>ment de la vie, d’une régénération. En ce<br />
sens, l’union de l’homme avec une fée apporte l’espoir d’une communion<br />
avec une surréalité, avec un principe de vie. Loin d’être marqués par une<br />
absence, un manque, comme on l’a dit, <strong>le</strong>s enfants de Mélusine disposent<br />
d’un mystérieux surcroît de puissance. Mais c<strong>et</strong>te surabondance court <strong>le</strong><br />
risque d’être partiel<strong>le</strong>ment mal ordonnée.<br />
<strong>La</strong> confusion de l’ici-bas <strong>et</strong> de l’<strong>au</strong>-delà est un sacrilège. I1 appartient<br />
à un temps fort qui ne peut se prolonger indéfiniment. En témoigne l’échec<br />
inéluctab<strong>le</strong> de ce genre d’union, par exemp<strong>le</strong> celui du mariage du roi Elinas<br />
avec la mère de Mélusine ou celui des amours entre <strong>le</strong> père de Raimond <strong>et</strong><br />
la fée, amours dont nous par<strong>le</strong> Jean d’Arras. Le rétablissement de l’ordre ne<br />
pourra se faire que par l’expulsion de l’être surnaturel. L’union avec la fée<br />
suscite <strong>le</strong> malaise des hommes plutôt que l’envie, la jalousie, la haine.<br />
L’antagoniste n’est pas un personnage hosti<strong>le</strong> <strong>au</strong> coup<strong>le</strong>: il n’est jamais un<br />
félon, mais un fils, un frère, la mère, <strong>le</strong> père, <strong>le</strong> précepteur, un religieux. Ce<br />
personnage n’est pas simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> porte-paro<strong>le</strong> de l’opinion publique, il est<br />
la manifestation du r<strong>et</strong>our à l’ordre cosmique. Or, comme l’observe Roger<br />
Caillois, ‘l’ordre du monde se nourrit de sacrifices <strong>et</strong> de renoncements’<br />
(Caillois, p. 165). Au ‘sacré d’infraction’ doit succéder un ‘sacré de<br />
régulation’, qui suppose <strong>le</strong> r<strong>et</strong>ranchement radical de l’être surnaturel de la<br />
société des humains. Rempli de frayeur devant <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> épouvantab<strong>le</strong> de<br />
i’a‘o‘oaye incendiée, ie père a peur que sa lignée ne soit m<strong>au</strong>dite. En Îait, elie<br />
ne l’est que dans la personne d’Horrib<strong>le</strong>, l’enfant <strong>au</strong>x trois yeux; la mère <strong>le</strong><br />
sait <strong>et</strong> fait tuer son dernier fils à morphologie instab<strong>le</strong>, car ‘il ne peut en être<br />
<strong>au</strong>trement’. <strong>De</strong> son côté, <strong>le</strong> père conjure <strong>le</strong> malheur qui gu<strong>et</strong>te sa<br />
descendance: il procède alors à un <strong>rite</strong> <strong>sacrificiel</strong>. Et comme toujours, <strong>le</strong>
sacrifice est alors perp<strong>et</strong>re <strong>au</strong>x dépens de l’être <strong>le</strong> plus cher. Rappelons que<br />
<strong>le</strong> sacrifice ne tient pas essentiel<strong>le</strong>ment à une attitude de conscience<br />
subjective. Ce n’est qu’après <strong>le</strong> dénouement du drame que l’époux a <strong>le</strong><br />
sentiment du péché. I1 se confesse <strong>au</strong> pape, puis se r<strong>et</strong>ire dans un ermitage<br />
non pas parce qu’il n’a pas respecté <strong>le</strong> pacte imposé par la fée, mais parce<br />
qu’il avait passé outre l’ordre du monde.<br />
<strong>La</strong> transgression du pacte par ie mari signifie <strong>le</strong> r<strong>et</strong>our à la légalité<br />
primordia<strong>le</strong>. Le r<strong>et</strong>our à l’ordre initial est obligatoire, sous peine de voir <strong>le</strong><br />
monde s’effondrer: <strong>le</strong> fils tue son frère, <strong>le</strong> p<strong>et</strong>it enfant tue ses nourrices; pour<br />
échapper à la fatalité, il f<strong>au</strong>t s’éloigner du foyer familial. Tout comme<br />
l’interdit <strong>premier</strong> est un non-dit, de la même façon <strong>le</strong> <strong>rite</strong> d’expiation n’est<br />
pas explicite, mais voilé: ou bien c’est un tiers qui pousse <strong>le</strong> mari à ne pas<br />
respecter <strong>le</strong> pacte; ou bien il est présenté comme un acte involontaire. Quoi<br />
qu’il en soit, pour s’être acquis <strong>le</strong> concours du surnaturel, <strong>le</strong> héros ne peut<br />
que courir à sa perte.<br />
<strong>De</strong>puis longtemps, l’homme s’imagine volontiers que la littérature est<br />
un défi lancé <strong>au</strong>x interdits. Or, el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong>s défie que pour mieux <strong>le</strong>s rappe<strong>le</strong>r<br />
sans <strong>le</strong>s dire. <strong>De</strong> ce point de vue, Georges Batail<strong>le</strong> avait probab<strong>le</strong>ment raison:<br />
‘la littérature ne fait que prolonger <strong>le</strong> jeu des religions dont el<strong>le</strong> est l’héritière<br />
essentiel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> a surtout reçu <strong>le</strong> sacrifice en héritage: c<strong>et</strong>te aspiration à<br />
perdre’ (Batail<strong>le</strong>, p. 92).<br />
Oeuvres citées<br />
Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, Göttingen, 1933.<br />
Bo Almqvist, ‘The Melusine Legend in Irish Folk Tradition,’ in Mélusines continenta<strong>le</strong>s <strong>et</strong><br />
insulaires, Actes du colloque international tenu <strong>le</strong>s 27 <strong>et</strong> 28 mars 1997 à l’Université<br />
Paris XII <strong>et</strong> <strong>au</strong> Collège des Irlandais, Paris: Champion, 1999, pp. 263-79.<br />
Georges Batail<strong>le</strong>, ‘L’histoire de l’érotisme,’ in Oeuvres complètes, Paris: Gallimard, t. VIII, 1976.<br />
Roger Caillois, L ’Homme <strong>et</strong> <strong>le</strong> Sacré, Paris: Gallimard, 1950.<br />
<strong>La</strong>is de Marie de Frunce, traduits, présentés <strong>et</strong> annotés par <strong>La</strong>urence Harf-<strong>La</strong>ncner, texte<br />
édité par Karl Warnke, Paris: Le Livre de Poche, L<strong>et</strong>tres gothiques, 1990.<br />
<strong>La</strong>isféeriques des XIIe <strong>et</strong> NIIe sièc<strong>le</strong>s, présentation, traduction <strong>et</strong> notes par A<strong>le</strong>xandre Micha,<br />
Paris: GF-Flammarion, 1992.<br />
<strong>La</strong>urence Harf-<strong>La</strong>ncner, Les <strong>Fée</strong>s <strong>au</strong> Moyen Age. Morgane <strong>et</strong> Mélusine ou la naissance des<br />
fées, Paris: Champion, 1984.<br />
<strong>La</strong>urence Harf-<strong>La</strong>ncner, ‘Introduction’ à Coudr<strong>et</strong>te, Le Roman de Mélusine, Paris: GF-<br />
Flammarion, 1993.<br />
Cl<strong>au</strong>de Lecouteux, Mélusine <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>Chevalier</strong> <strong>au</strong> cygne, Paris: Imago, 1997.<br />
Philostrate, Apollonius de Tyane. Sa vie, ses voyages, ses prodiges, éd. Guy Rach<strong>et</strong>, Paris:<br />
Editions Sand, 1995, VI, XL.
12<br />
Bryn<strong>le</strong>y F. Roberts, ‘Melusina: Medieval Welsh and English Analogues,’ in Mélusines<br />
continenta<strong>le</strong>s <strong>et</strong> insulaires, pp. 281-96.<br />
Jean-Jacques Vincensini, ‘Samedi, jour de la doub<strong>le</strong> vie de Mélusine. Introduction à la<br />
signification mythique des récits ‘mélusiniens’,’ in Mélusines Continenta<strong>le</strong>s <strong>et</strong> insulaires,<br />
pp. 77-103.