VOLTAIRE ET LA CHINE - Ville de Genève
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46. Anciennes relations <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la Chine, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux voyageurs mahométans, qui y allèrent<br />
dans le neuvième siècle ; traduites d’arabe : avec <strong>de</strong>s remarques sur les principaux<br />
endroits <strong>de</strong> ces relations, Paris, 1718, p. I. B.P.U., Bibliothèque <strong>de</strong> la Grange, <strong>Genève</strong>.<br />
L’abbé Eusèbe Renaudot (1646-1720), auteur <strong>de</strong> cet ouvrage, est sans doute le plus grand connaisseur <strong>de</strong>s<br />
langues orientales à la fin du XVII e siècle, principalement l’arabe, le syriaque et le copte. Les Anciennes relations…<br />
avaient, entre autres finalités, celle <strong>de</strong> ruiner l’idée d’une antiquité <strong>de</strong> la Chine, évi<strong>de</strong>mment préjudiciable<br />
à l’Ancien Testament. Notre exemplaire porte une mention autographe précisant que « M. Renaudot est le<br />
traducteur et éditeur <strong>de</strong> ces relations. M. <strong>de</strong> Guignes a retrouvé dans la bibliothèque du roi <strong>de</strong> France le ms arabe<br />
dont s’est servi M. Renaudot. » Suivent la cote du document et l’affirmation selon laquelle « M. <strong>de</strong> Guignes a<br />
prouvé que ce n’est point un ouvrage supposé. » Une notice autographe supplémentaire, mais d’une autre main,<br />
précise en bas <strong>de</strong> page que « M. Langlès a fait imprimer le texte arabe à l’Imprimerie royale » mais que « ce<br />
volume n’a pas été mis dans le commerce. » Elle le sera finalement en 1845, grâce aux soins <strong>de</strong> M. Reinaud.<br />
47. Meditationes sinicae, Lutetiae Parisiorum… [Fourmont], 1737, pp. 140-141. Bibliothèque<br />
publique et universitaire, <strong>Genève</strong>, Hh 3.<br />
Etienne Fourmont (1683-1745) se distingua très vite comme un éminent orientaliste et fut nommé en 1715 professeur<br />
<strong>de</strong> langue arabe au Collège <strong>de</strong> France, où il succéda à Galland, l’éditeur <strong>de</strong>s Contes <strong>de</strong>s Mille et une<br />
Nuits. Chargé d’établir, avec Arcadio Hoangh, jeune lettré chinois jadis présenté à Louis XIV, une grammaire<br />
chinoise, il se mit à l’œuvre. La mort <strong>de</strong> Hoangh en 1716 le laissant seul, Fourmont poursuivit son enquête sur la<br />
langue chinoise en s’entourant d’une impressionnante documentation. Quelques doutes ayant été prononcés sur<br />
son érudition, il fallut que l’abbé Bignon se livrât à une comparaison <strong>de</strong> la grammaire <strong>de</strong> Fourmont et <strong>de</strong> celle <strong>de</strong><br />
Prémare, parue en 1730, et les déclarât équivalentes, pour qu’on reconnût enfin la qualité du travail réalisé.<br />
Cependant la Grammaire chinoise <strong>de</strong> Fourmont n’était toujours pas publiée. En 1737, l’auteur en détache la<br />
partie initiale qu’il intitule Meditationes sinicae et qu’il présente enfin au public. Deux reproches sont généralement<br />
adressés à Fourmont : comme historien, il a forcé son argumentation pour, à toute force, prouver<br />
l’antiquité <strong>de</strong> la Chine ; il s’est en cela, contrairement à son collègue Fréret, privé d’une véritable métho<strong>de</strong><br />
d’investigation historique. S’agissant <strong>de</strong> sa Grammaire chinoise, certaines <strong>de</strong>scriptions sont jugées peu satisfaisantes,<br />
à l’instar d’ailleurs du volume que nous présentons, jugé par E. Bréhault « utile à consulter » mais<br />
globalement « obscur et confus. »<br />
48. Linguae sinarum mandarinicae hieroglyphicae grammatica duplex, latine, & cum<br />
Characteribus Sinensium… [Fourmont], Lutetiae Parisiorum, 1742, page <strong>de</strong> titre. Bibliothèque<br />
publique et universitaire, <strong>Genève</strong>, Hh 4.<br />
Cinq ans après avoir édité ses Meditationes sinicae, Fourmont publie cette grammaire comparée, généralement<br />
considérée comme l’œuvre <strong>de</strong> sa vie. A la fin du volume se trouve imprimé, en caractères chinois, le Catalogue<br />
<strong>de</strong>s livres chinois <strong>de</strong> la Bibliothèque du Roi, lequel mentionne près <strong>de</strong> quatre mille titres, fruit <strong>de</strong>s fructueuses<br />
relations que Fourmont entretenait avec les missionnaires jésuites envoyés dans l’Empire du Milieu.<br />
49. Dortous <strong>de</strong> Mairan, Lettres au R.P. Parrenin, Jésuite, missionnaire à Pékin, contenant<br />
diverses questions sur la Chine, Paris, 1770, Institut et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />
Jean-Jacques Dortous <strong>de</strong> Mairan (1678-1771) est l’un <strong>de</strong>s physiciens les plus réputés du XVIII e siècle. On le<br />
compare souvent à Fontenelle, auquel il succéda en 1740 dans la charge <strong>de</strong> secrétaire perpétuel <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>de</strong>s Sciences. Deux <strong>de</strong> ses travaux ont marqué son époque : sa Dissertation sur la glace, en 1715, et surtout son<br />
Traité physique et historique <strong>de</strong> l’aurore boréale, en 1733. Dans ses Lettres au R.P. Parrenin, dont la première<br />
édition est <strong>de</strong> 1759, Dortous <strong>de</strong> Mairan se livre à une étu<strong>de</strong> comparée <strong>de</strong>s langues arabe et chinoise, et tisse entre<br />
la Chine et l’Egypte <strong>de</strong>s rapports que Voltaire se hâte <strong>de</strong> dénoncer, sitôt l’ouvrage reçu. Le patriarche <strong>de</strong> Ferney<br />
et le vieil académicien échangent quelques lettres, parmi lesquelles celles du 16 août 1761, où Voltaire écrit :<br />
« Je n’ai jamais osé vous braver, Monsieur, que sur les Egyptiens, et je croirai que ce peuple est très nouveau,<br />
jusqu’à ce que vous m’ayez prouvé qu’un pays inondé tous les ans, et par conséquent inhabitable sans le secours<br />
<strong>de</strong>s plus grands travaux, a pourtant été habité avant les belles plaines <strong>de</strong> l’Asie. Tous vos doutes, et toutes vos<br />
sages réflexions envoyées au jésuite Parrenin, sont d’un philosophe, mais Parrenin était sur les lieux, et vous<br />
savez que ni lui, ni personne, n’a pensé que les adorateurs d’un chien et d’un bœuf, aient instruit le gouvernement<br />
chinois, adorateur d’un seul Dieu, <strong>de</strong>puis environ cinq mille ans. »<br />
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