VOLTAIRE ET LA CHINE - Ville de Genève
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37. Flaubert, Le Théâtre <strong>de</strong> Voltaire : L’Orphelin <strong>de</strong> la Chine, manuscrit autographe, Institut<br />
et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />
Les commentaires portés par Flaubert sur l’œuvre théâtrale <strong>de</strong> Voltaire sont relativement abondants. Il y travaillait<br />
en 1845, puisqu’il écrit à cette date à son ami Le Poitevin : « J’analyse toujours le théâtre <strong>de</strong> Voltaire ; c’est<br />
ennuyeux, mais ça pourra m’être utile plus tard. On y rencontre néanmoins <strong>de</strong>s vers étonnamment bêtes. » Dans<br />
L’Orphelin <strong>de</strong> la Chine, Flaubert dénonce surtout les incohérences psychologiques <strong>de</strong>s personnages. Zamti est<br />
celui qu’il estime le moins : « Quel personnage insipi<strong>de</strong> que ce Zamti. Allez, continue-t-il à Idamé, abandonnez<br />
ma vie à Gengis, il n’aura pas <strong>de</strong> peine à vous la donner. Il sait très bien qu’Idamé n’a nulle envie <strong>de</strong> le faire tuer,<br />
malgré sa menace. Rapprochez cela <strong>de</strong> la fameuse scène <strong>de</strong> Don Alphonse et <strong>de</strong> Lucrèce [dans Lucrèce Borgia,<br />
<strong>de</strong> Hugo] ».<br />
Représentations <strong>de</strong> la Chine au XVIII e siècle… et après<br />
38. Pompe funèbre et habits <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil sur les morts parmi les Chinois, gravure <strong>de</strong> Van <strong>de</strong>r Aa,<br />
1700, Institut et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />
Hillebrand van <strong>de</strong>r Aa (1660-1721) était originaire <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong> et fils du sculpteur Bou<strong>de</strong>wyn Pietersz van <strong>de</strong>r Aa.<br />
Il fit <strong>de</strong> nombreuses gravures pour son frère Pieter, libraire et imprimeur <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>, visita les In<strong>de</strong>s, et<br />
résidait encore à Batavia l’année <strong>de</strong> sa mort. Cette gravure, qui date <strong>de</strong> 1700, présente une pompe funèbre chez<br />
les Chinois. Il s’agissait, au tournant du siècle, d’un sujet sensible, les rites funéraires du Céleste Empire étant au<br />
centre <strong>de</strong>s querelles religieuses qui opposaient, en France, les jésuites à leurs adversaires.<br />
39. Charlatans qui se mêlent <strong>de</strong> vendre le vent à la Chine, gravure <strong>de</strong> B. Picart, 1735, Institut<br />
et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />
Bernard Picart (1673-1733) s’est rendu célèbre grâce à ses Figures <strong>de</strong> Mo<strong>de</strong>s et Théâtrales, « véritable encyclopédie<br />
<strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> vers 1696 » d’après Bénézit. Installé dès 1711 à Amsterdam, où il prend la religion réformée, il<br />
mêle esprit français et goût hollandais et est rapi<strong>de</strong>ment considéré comme un <strong>de</strong>s graveurs les plus importants du<br />
début du XVIII e siècle. La représentation <strong>de</strong>s charlatans, ici très figée, reproduit fidèlement un archétype très<br />
courant sous la Régence et au début du règne <strong>de</strong> Louis XV.<br />
40. Dévôts mendiants <strong>de</strong> la Chine et charlatans qui se promènent sur <strong>de</strong>s tigres apprivoisés,<br />
gravure <strong>de</strong> B. Picart (1735), Institut et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />
L’intérêt <strong>de</strong> cette gravure rési<strong>de</strong> dans l’évi<strong>de</strong>nte confusion <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s et du domaine chinois. Ce sont <strong>de</strong>s récits <strong>de</strong><br />
voyages aux In<strong>de</strong>s qui, en effet, s’interrogent sur la possibilité d’apprivoiser <strong>de</strong>s tigres. Les « dévôts<br />
mendiants », en revanche, ne sont pas sans faire songer à l’arrivée <strong>de</strong> Matteo Ricci en Chine : on se souvient que<br />
Ricci avait troqué l’habit <strong>de</strong>s bonzes, qu’il avait endossé à son arrivée, pour celui <strong>de</strong>s lettrés, les bonzes et autres<br />
religieux étant fort déconsidérés dans l’Empire du Milieu.<br />
41. Quonin, divinité domestique <strong>de</strong>s Chinois, gravure <strong>de</strong> B. Picart, 1735, Institut et Musée<br />
Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />
A noter, dans cette gravure, les effets <strong>de</strong> perspective et l’insistance sur le caractère nourricier <strong>de</strong> la divinité, qui<br />
contribuent à produire une vision peut-être plus rassurante du bouddhisme.<br />
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