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VOLTAIRE ET LA CHINE - Ville de Genève

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avoir mangé d’un fruit rouge. » La réponse, évi<strong>de</strong>mment attendue, reproduit les schémas que Voltaire avait<br />

développés dans ses écrits précé<strong>de</strong>nts : « Cela peut révolter, lui répondis-je ; mais non pas dégoûter ; <strong>de</strong> pareils<br />

contes ont toujours réjoui les peuples ; la mère <strong>de</strong> Gengis-Kan était une vierge qui fut grosse d’un rayon <strong>de</strong><br />

soleil. » Dans le privé, Voltaire ne semblait guère estimer le poème <strong>de</strong> Kien-Long.<br />

55. Pastoret, Zoroastre, Confucius et Mahomet, Paris, 1788, Institut et Musée Voltaire,<br />

<strong>Genève</strong>.<br />

Le comte <strong>de</strong> Pastoret (1756-1840), auteur d’un Eloge <strong>de</strong> Voltaire (1779), est couronné en 1785 par l’Académie<br />

<strong>de</strong>s Inscriptions pour ses travaux, au nombre <strong>de</strong>squels ce Zoroastre, Confucius et Mahomet. Après un tableau<br />

historique et critique « long, lent et lourd », si l’on en croit le rédacteur <strong>de</strong> la Correspondance littéraire, Pastoret<br />

défend une idée simple : « Si Mahomet, dit-il, connut mieux que ses prédécesseurs l’art d’enchaîner le peuple<br />

par <strong>de</strong>s opinions religieuses, l’art plus grand d’approprier ses dogmes au climat et aux besoins naturels <strong>de</strong> ceux<br />

auxquels il annonçait sa doctrine, on ne peut se dissimuler que Confucius n’ait développé avec plus <strong>de</strong> sagesse et<br />

<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur les principes <strong>de</strong> la morale, et que Zoroastre ne mérite <strong>de</strong> leur être préféré comme législateur . »<br />

« Il est dommage, précise la Correspondance littéraire, que le lecteur n’y soit pas conduit [à cette idée] par un<br />

chemin plus facile et plus court. » Pastoret se rendra plus tard célèbre pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la transformation <strong>de</strong><br />

l’église Sainte-Geneviève en Panthéon patriotique. L’Académie française lui est ouverte en 1820 : il y succè<strong>de</strong> à<br />

Volney.<br />

56. Clau<strong>de</strong> Farrère, Discours aux cinq académies, manuscrit autographe, 25 septembre 1946.<br />

Clau<strong>de</strong> Farrère est, <strong>de</strong> tous les écrivains intéressés par l’extrême Orient, un <strong>de</strong>s seuls à prendre le contrepied <strong>de</strong>s<br />

Segalen, Clau<strong>de</strong>l et autres Saint-John Perse. Pour lui, « la Chine, cela n’existe pas ; cela n’a jamais existé. »<br />

Dans un article du 1 er mai 1938 intitulé « Voyage en Chine », il précisait : « Quatre cent cinquante millions <strong>de</strong><br />

Chinois qui, presque tous, sont les plus admirables <strong>de</strong>s hommes, les plus patients, les plus tenaces, les plus laborieux,<br />

les plus ingénieux… Ils n’ont jamais formé une nation que sous le joug écrasant d’empereurs étrangers,<br />

envahisseurs et farouches. Les Ta Tsinn étaient mandchous, les Youen étaient Mongols, les Ts’rinn étaient<br />

Turcs. Entre ces dynasties terribles, qui ont forgé un cadre et une armature à l’empire, quelques dynasties chinoises<br />

se sont insinuées, ont végété, puis sombré dans l’anarchie… » Un certain Richard Chevreuil répond à<br />

l’écrivain quelques mois plus tard et l’accuse d’être aveuglé par la double admiration qu’il porte à Tsiang Kaï<br />

Chek et au Japon : son analyse <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> Changhaï, en particulier, est erronée : « Les Changhaïens,<br />

d’après M. Farrère, n’auraient été sauvés du massacre que par l’héroïque défense japonaise. »<br />

Le présent manuscrit est un peu plus tardif (1946). Clau<strong>de</strong> Farrère est invité à prononcer un discours sur la littérature<br />

<strong>de</strong>s voyages, et plus particulièrement sur les marins écrivains. Au détour d’une analyse <strong>de</strong>s raisons qui<br />

poussent les voyageurs à écrire, Clau<strong>de</strong> Farrère fait la triste constatation d’une uniformisation <strong>de</strong>s goûts et <strong>de</strong>s<br />

mo<strong>de</strong>s, laquelle atteint même Pékin et Lhassa. L’ennemi, on l’aura compris, est à chercher plus à l’ouest. La<br />

culture extrême orientale, pour Farrère, qu’elle vienne <strong>de</strong> Chine ou du Japon, a l’avantage <strong>de</strong> ne rien imposer,<br />

contrairement au modèle américain.<br />

57. Voltaire, Candi<strong>de</strong> [traduction chinoise], Pékin, mars 2000, Institut et Musée Voltaire,<br />

<strong>Genève</strong>.<br />

58. Voltaire, Le Siècle <strong>de</strong> Louis XIV [traduction chinoise], Pékin, 1991, Institut et Musée<br />

Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />

59. Voltaire, Lettres philosophiques [traduction chinoise], septembre 2002, Shanghai, Institut<br />

et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />

60. Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit <strong>de</strong>s nations [traduction chinoise], 3 volumes,<br />

Pékin, 2000, Institut et Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />

61. Voltaire, Dictionnaire philosophique [traduction chinoise], 2 volumes, 2000, Institut et<br />

Musée Voltaire, <strong>Genève</strong>.<br />

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