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Obésité et Ostéopathie : - Sciencelib

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’ostéopathie<br />

<strong>Obésité</strong> <strong>et</strong> <strong>Ostéopathie</strong> :<br />

Approche générale, rôle de la cage thoracique<br />

<strong>et</strong> évaluation de l’apport du traitement<br />

ostéopathique au sein d’une équipe<br />

multidisciplinaire.<br />

Soutenu le 28 mai 2010 par PLINET Simon<br />

Sous la direction de GEORGES Nicolas


Remerciements<br />

Merci à mes parents, qui m’ont soutenu dans la réalisation de ce travail, mais aussi dans la<br />

réalisation de mes proj<strong>et</strong>s de manière générale.<br />

Merci à Isabelle-Sophie pour ses lumières.<br />

Merci à Nicolas Georges pour l’aide qu’il m’a apportée au fil des années jusqu’à ce<br />

mémoire.<br />

Merci à la Clinique du Château de Venhes pour son accueil.<br />

Merci au Dr Sanguignol pour son ouverture d’esprit, <strong>et</strong> pour la confiance qu’il m’a accordée.<br />

Merci aux éducateurs sportifs, Fanny, Coralie, Thibault.<br />

Merci aux patients pour leur implication.<br />

Merci enfin à tous ceux qui ont apporté à leur manière leur touche à ce mémoire (Youri,<br />

Jean-Baptiste, Jules, F.Thuile, Mr Cyprien…)<br />

2


Sommaire<br />

Introduction……………………………………………………………………………………. 5<br />

Première partie : Etat des connaissances………………………………………………... 8<br />

1- Anatomo physiologie du complexe respiratoire………………………………. 9<br />

A- Généralités sur la cage thoracique…………………………. 9<br />

B- Biomécanique…………………………………………………. 11<br />

C- Les muscles……………………………………………..……. 18<br />

D- Les fascias………………………………………..…………… 27<br />

E- Cycles respiratoires………………………………………….. 34<br />

F- Volumes respiratoires………………………………………… 36<br />

2- L’obésité…………………………………………………………………………... 40<br />

1. Généralités………………………………………………………………. 40<br />

A- Définition………………………………………………………. 42<br />

B- Un phénomène de société…………………………………… 42<br />

C- Causes de l’obésité…………………………………………… 44<br />

D- Biologie du tissu adipeux……………………………………… 45<br />

2. Conséquences de l’obésité sur la santé respiratoire………………… 47<br />

A- Modification du système respiratoire………………………… 47<br />

B- Trouble ventilatoire restrictif………………………………….. 48<br />

C- Trouble ventilatoire obstructif <strong>et</strong> asthme…………………….. 48<br />

D- Le syndrome d’apnées du sommeil…………………………. 49<br />

E- Le syndrome d’obésité-hypoventilation……………………… 50<br />

F- L’examen pleuro pulmonaire…………………………………. 51<br />

3. Autres complications………………………………………………......... 53<br />

A- Complications du système digestif....................................... 53<br />

B- Complications du système ostéo-articulaire.......................... 55<br />

3


4. Prise en charge………………………………………………….…… 59<br />

1. Médecine classique……………………………..………... 59<br />

2. <strong>Ostéopathie</strong>………………………….……………………. 65<br />

3. Médecine chinoise…………..……………………………. 69<br />

Deuxième partie : Protocole……………………………………………………………… 73<br />

1. Introduction…………………………………….………….. 74<br />

2. Protocole expérimental………………………...………… 75<br />

3. Traitement des données………………………..………… 81<br />

Troisième partie : Résultats……………………………………………………………… 84<br />

Quatrième partie : Discussion……………………………………..……………………. 98<br />

1. Analyse des résultats……………………………………… 99<br />

2. Réflexions……………………………………………….….. 105<br />

3. Perspectives………..…………………………….……….. 109<br />

Conclusion…………………………………………………………………………………… 111<br />

Bibliographie…………………………………………………………………………………. 113<br />

Annexes……………………………………………………………………………………….. 116<br />

4


Introduction<br />

L’épidémie d’obésité ne cesse de gagner du terrain, <strong>et</strong> concerne aujourd’hui en France plus<br />

de six millions de personnes. Ces malades, car il s’agit bien d’une maladie, sont pris en<br />

charge par un système de soins en pleine restructuration ; ce système médical est, en eff<strong>et</strong>,<br />

peu adapté à la prise en charge des maladies chroniques invalidantes, du fait d’une<br />

approche dominée par les spécialités d’organes, <strong>et</strong> d’une absence de reconnaissance des<br />

approches médicales globales.<br />

Les Cliniques spécialisées pour les personnes obèses ont bien compris l’intérêt d’une prise<br />

en charge multidisciplinaire pour répondre au mieux à c<strong>et</strong>te maladie multifactorielle. Elles<br />

font intervenir nutritionnistes, cardiologues, pneumologues, psychologues, diététiciens,<br />

psychomotriciens, éducateurs sportifs, kinésithérapeutes, infirmières. Ce travail<br />

pluridisciplinaire perm<strong>et</strong> un diagnostic <strong>et</strong> un traitement (principalement des complications)<br />

nécessitant un plateau technique adapté, notamment pour la recherche d’un syndrome<br />

d’apnées du sommeil, de complications vasculaires, ou concernant l’éducation<br />

nutritionnelle.<br />

L’ostéopathe se place actuellement en dehors du cercle disciplinaire traditionnel impliqué<br />

dans la prise en charge des personnes obèses ; l’ostéopathie a cependant, en tant que<br />

médecine de première intention, un rôle particulièrement intéressant à jouer dans la<br />

prévention, le diagnostic, <strong>et</strong> le traitement de l’obésité. Soyons, dès à présent, clairs sur<br />

notre intention ; le traitement de l’obésité en ostéopathie ne doit pas se concevoir comme<br />

un traitement qui se substituerait à l’approche thérapeutique conventionnelle : il serait<br />

illusoire voire déontologiquement incorrect de voir l’ostéopathe prétendre suffire à lui seul à<br />

l’élaboration d’un programme de traitement thérapeutique compl<strong>et</strong> chez la personne obèse.<br />

Nous devrions plutôt le voir comme partie intégrante du processus global de la prise en<br />

charge du patient.<br />

L’ostéopathe doit pour cela avoir une connaissance précise de l’obésité, <strong>et</strong> connaître les<br />

principes de sa prise en charge dans notre système actuel par les différents acteurs de<br />

santé.<br />

Son rôle au sein de la population obèse, <strong>et</strong> vu par le système médical actuel, reste<br />

marginal. Nous avons pourtant en main des outils thérapeutiques qui pourraient agir sur les<br />

mécanismes de l’installation, voire d’aggravation de l’obésité. L’exemple peut-être le plus<br />

représentatif, serait celui de l’installation progressive d’une fibrose au niveau des cul-de-sac<br />

costo-diaphragmatiques ; les poumons chez la personne obèse ont rarement l’occasion de<br />

s’expanser correctement, occasionnant des fixations localisées de la plèvre. La reprise<br />

d’un effort physique, même modéré, sera alors freiné par une diminution de l’ amplitude<br />

thoracique, favorisant la sédentarité, <strong>et</strong> donc la prise de poids.<br />

5


Pour interrompre ce cercle vicieux, la libération de la cage thoracique ne pourrait-elle pas<br />

constituer un temps important de la prise en charge de la personne obèse en ostéopathie ?<br />

Une étude 1 chez des patients ayant subi une thoracotomie ou une sternotomie s’intéresse<br />

aux modifications de la capacité vitale respiratoire, <strong>et</strong> aux répercussions sur les douleurs<br />

post-opératoires, après un traitement ostéopathique. Il est apparu une amélioration de ces<br />

paramètres comparativement à un groupe témoin ; une meilleure mobilité thoracique postopératoire<br />

favoriserait une diminution de la douleur <strong>et</strong> inciterait ainsi à une meilleure<br />

capacité respiratoire. Qu’en est-il chez la personne obèse ?<br />

Le traitement ostéopathique pourrait, par une amélioration des capacités respiratoires<br />

notamment, agir comme aide complémentaire à la reprise d’une activité physique.<br />

Plus largement, notre traitement général, adapté à la personne obèse, pourrait participer à<br />

la prise en charge pluridisciplinaire du traitement de la personne obèse.<br />

Pourquoi utiliser le paramètre respiratoire comme l’axe fort de notre protocole ?<br />

L’un des grands principes de l’ostéopathie est de rendre de la mobilité à une structure qui<br />

gouverne une fonction. Ce lien structure/fonction a comme point d’origine les échanges<br />

tissulaires ; le système respiratoire est l’élément fondamental de l’oxygénation des tissus,<br />

<strong>et</strong> la preuve de son changement pourrait donc perm<strong>et</strong>tre d’évaluer l’efficacité de notre<br />

action. Nous pourrions, selon c<strong>et</strong>te même explication, agir sur l’approche holistique du<br />

corps par le biais éventuel qu’est la respiration.<br />

Nous voulons comprendre les mécanismes impliqués dans l’installation progressive de<br />

l’obésité, au niveau de la cage thoracique principalement, vers laquelle nous orienterons<br />

notre traitement en vue d’une amélioration de la capacité respiratoire chez les personnes<br />

obèses.<br />

Nous ne voulons cependant pas nous arrêter au traitement de la cage thoracique, qui<br />

constituerait une vision trop réduite du traitement ostéopathique de la personne obèse.<br />

1 S.Roussin <strong>et</strong> N.Lamothe, L’influence du traitement ostéopathique du thorax chez les patients ayant subi une<br />

thoracotomie ou une sternotomies, thèse soutenue en 2003, à Montreal (Collège d’Etudes Ostéopathiques de<br />

Montréal)<br />

6


Notre protocole de recherche pourra faire apparaître différentes informations. Nous<br />

étudierons l’apport du traitement ostéopathique chez les personnes obèses ; nous<br />

effectuerons une analyse posturale de la personne obèse, à laquelle nous soum<strong>et</strong>trons<br />

également un questionnaire simple sur le thème de l’ostéopathie <strong>et</strong> le traitement de<br />

l’obésité. Enfin, l’anamnèse nous perm<strong>et</strong>tra de rendre compte des principales complications<br />

musculo-squel<strong>et</strong>tiques rencontrées chez les patients obèses.<br />

C<strong>et</strong>te plurifocalité montre notre volonté d’étudier le patient obèse d’une manière si ce n’est<br />

complète, du moins sous plusieurs aspects.<br />

Pour objectiver l’amélioration de la capacité respiratoire après un traitement ostéopathique,<br />

qui se montrera attentif aux dysfonctions de la cage thoracique, nous utiliserons des<br />

mesures issues d’un débitmètre <strong>et</strong> du test de marche de six minutes ; ces mesures, prises<br />

avant traitement, puis trois semaines après, <strong>et</strong> recoupées avec un groupe témoin (sans<br />

traitement), pourra nous donner une information sur le bénéfice respiratoire apporté.<br />

Afin de correctement saisir les interrelations qui pourraient entrer en jeu entre le cadre<br />

respiratoire <strong>et</strong> l’obésité, il convient dans un premier temps d’étudier la cage thoracique à<br />

travers son anatomie appliquée, <strong>et</strong> sa physiologie.<br />

Dans un second temps, nous nous attacherons à définir l’obésité de manière globale.<br />

Nous devrons définir les mécanismes impliqués dans l’installation de l’obésité, <strong>et</strong> ses<br />

complications (respiratoires, ostéo-articulaires, digestifs). Nous nous intéresserons à son<br />

approche par la médecine classique, la médecine chinoise, ainsi que par l’ostéopathie à<br />

travers la vision de A.T.Still.<br />

7


PREMIERE PARTIE :<br />

ETAT<br />

DES<br />

CONNAISSANCES<br />

8


1) ANATOMO PHYSIOLOGIE<br />

A-Généralités sur la cage thoracique<br />

Chez la personne obèse, la cage thoracique pourrait constituer un temps important dans sa<br />

prise en charge en ostéopathie ; même si le choix des tests <strong>et</strong> techniques utilisés chez la<br />

personne obèse devra être réfléchi, notre approche générale de la cage thoracique reste<br />

semblable. Nous étudierons donc ici la cage thoracique de manière classique, <strong>et</strong> axée sur<br />

notre pratique ostéopathique.<br />

La cage thoracique nous donne une impression générale de rigidité ; elle sert, en eff<strong>et</strong>, de<br />

protection aux organes vitaux, c'est-à-dire aux poumons latéralement <strong>et</strong> aux éléments du<br />

médiastin (dont le cœur).<br />

Pourtant, outre son rôle de « carapace », la cage thoracique joue un rôle primordial dans la<br />

respiration, synonyme de mouvement <strong>et</strong> de vie. Elle est pour cela constituée d’un système<br />

osseux <strong>et</strong> cartilagineux souple <strong>et</strong> déformable, <strong>et</strong> d’environ 150 articulations, tributaires<br />

d’une bonne mobilité thoracique, <strong>et</strong> ainsi, nous le verrons, d’une fonction respiratoire<br />

efficace.<br />

Mais il serait une erreur de ne prendre en compte la cage thoracique que selon ce point de<br />

vue purement ostéo articulaire, car elle doit être considérée avec le système environnant<br />

musculo-fascial, vasculaire <strong>et</strong> nerveux, avec lesquels la cage thoracique entr<strong>et</strong>ient des<br />

rapports importants à connaître dans son approche quotidienne.<br />

Le thorax communique avec les autres cavités (crânienne <strong>et</strong> abdominale) par le<br />

diaphragme cervico thoracique en haut <strong>et</strong> le diaphragme thoraco abdominal en bas. Ces<br />

diaphragmes constituent des points faibles où s’exercent des différences de pression <strong>et</strong><br />

des tensions mécaniques importantes, notamment sur tous les tissus mous qui les<br />

protègent <strong>et</strong> les empruntent.<br />

Le médiastin, espace anatomique situé entre les poumons, se divise sur un plan frontal par<br />

l’arbre bronchique en une partie antérieure, constituée principalement par la loge<br />

péricardique (cœur) <strong>et</strong> une partie postérieure avec l’œsophage, la trachée, l’aorte, la veine<br />

cave, le système azygos, l’artère <strong>et</strong> la veine pulmonaire, le nerf crânien X, <strong>et</strong> le système<br />

lymphatique.<br />

9


Figure n° 1 : Coupe transversale schématique du thorax<br />

(source : http://www.cosmovisions.com/images/PizonH250.png)<br />

La cage thoracique est formée d’arrière en avant :<br />

c : colonne vertébrale<br />

a : aorte<br />

œ : œsophage<br />

m <strong>et</strong> m’ : médiastins<br />

Des vertèbres thoraciques : elles sont au nombre de 12 <strong>et</strong> présentent des fac<strong>et</strong>tes<br />

articulaires pour les côtes au niveau du corps vertébral ( ½ fac<strong>et</strong>te en haut <strong>et</strong> ½ fac<strong>et</strong>te<br />

en bas correspondant aux têtes de côtes) <strong>et</strong> au niveau de l’apophyse transverse (sur la<br />

face antérieure, correspondant à la tubérosité postérieure de la côte).<br />

Des côtes : ce sont des os longs, aplatis, en torsion sur eux-mêmes (rotation interne<br />

vers l’extrémité interne) <strong>et</strong> fortement obliques en bas <strong>et</strong> en avant. Les 12 paires de<br />

côtes rejoignent la colonne thoracique en arrière <strong>et</strong> le sternum en avant.<br />

L’extrémité postérieure comprend deux articulations :<br />

La tête de côte s’articule avec les corps vertébraux au niveau de la ½ fac<strong>et</strong>te inférieure<br />

de la vertèbre correspondante <strong>et</strong> au niveau de la ½ fac<strong>et</strong>te supérieure de la vertèbre<br />

sous-jacente. La tubérosité postérieure, elle, s’articule avec l’apophyse transverse de la<br />

vertèbre sous-jacente.<br />

L’extrémité antérieure des côtes se prolonge par un cartilage qui établit la jonction avec<br />

le sternum à l’exception de la 11 ème <strong>et</strong> 12 ème côtes qui sont des « côtes flottantes » non<br />

reliées au sternum.<br />

De la première à la 6 ème côte, chaque côte possède son cartilage individuel.<br />

10


De la 7 ème à la 10 ème côte, les cartilages des différentes côtes se réunissent sur le 7 ème<br />

avant de rejoindre le sternum (de ce fait elles sont appelées « fausses côtes »).<br />

Du sternum : c’est un os long <strong>et</strong> plat organisé en trois parties : le manubrium (tiers<br />

supérieur) en rapport avec les deux premières côtes, le corps sternal (deux tiers<br />

inférieurs) articulaire avec les côtes de la deuxième à la 7 ème , <strong>et</strong> enfin l’appendice<br />

xiphoïde (pointe inférieure).<br />

Les importantes variations de morphologie du thorax rencontrées d'une personne à l'autre<br />

sont le résultat de l'attitude <strong>et</strong> des postures individuelles adoptées, des organisations<br />

toniques personnelles ainsi que du mode respiratoire de chacun (avec sa coloration<br />

psychoaffective particulière).<br />

Ces multiples morphologies peuvent être décrites selon les deux grandes tendances :<br />

thorax ouvert ou « en inspire », soit :<br />

o dans le sens antéro-postérieur essentiellement, avec projection des cotes<br />

basses vers l'avant ;<br />

o dans les sens antéro-postérieur <strong>et</strong> latéral à la fois (en forme de « tonneau »)<br />

thorax fermé ou « en expire », soit :<br />

o étroit en antéro-postérieur avec le sternum creux ;<br />

o avec le bas du thorax serré mais le haut du sternum bombé.<br />

Ces formes thoraciques, avec toutes les variations possibles entre les typologies décrites<br />

ici, résultent donc d'une certaine « utilisation » du thorax dans le mouvement général <strong>et</strong> la<br />

posture, aussi bien que dans l'acte respiratoire lui-même. Mais elles déterminent aussi en<br />

r<strong>et</strong>our des « espaces respiratoires » spécifiques, caractérisés par des zones où sera<br />

valorisée soit l'ouverture, soit la ferm<strong>et</strong>ure, <strong>et</strong> ne laissant souvent que certaines<br />

disponibilités physiologiques de la respiration.<br />

11


B-Biomécanique de la cage thoracique<br />

a) Le système ostéo articulaire<br />

L’articulation costo vertébrale ; c’est une double arthrodie. Elle est constituée par la<br />

tête costale <strong>et</strong> par deux fac<strong>et</strong>tes costales, l’une au bord supérieur de la vertèbre inférieure,<br />

l’autre au bord inférieur de la vertèbre supérieure ; elles forment entre elles un angle dièdre<br />

dont le fond est occupé par l’anneau fibreux du disque intervertébral. C<strong>et</strong>te articulation est<br />

séparée par le ligament interosseux qui se fixe sur le somm<strong>et</strong> de la tête costale, ainsi que<br />

sur le disque intervertébral. L’articulation est renforcée par un ligament rayonné dans lequel<br />

on distingue trois faisceaux : supérieur <strong>et</strong> inférieur qui s’insèrent sur le corps des vertèbres<br />

adjacentes, <strong>et</strong> un faisceau moyen qui s’insère sur l’anneau fibreux du disque intervertébral.<br />

Figure n°2 : le complexe articulaire costo-vertébral<br />

(Source : Henry Gray, Anatomy of the Human Body, 1918)<br />

L’articulation costo-transversaire ; c’est une arthrodie. Elle est constituée de deux<br />

fac<strong>et</strong>tes ovalaires : l’une sur le somm<strong>et</strong> de l’apophyse transverse, l’autre sur la tubérosité<br />

costale. C<strong>et</strong>te articulation est renforcée par une capsule <strong>et</strong> trois ligaments : le ligament<br />

costo-transversaire interosseux (court <strong>et</strong> résistant) s’insère sur l’apophyse transverse à la<br />

face postérieure du col de la côte, le ligament costo transversaire postérieur (longue<br />

bandel<strong>et</strong>te rectangulaire) s’étend du somm<strong>et</strong> de l’apophyse transverse à la partie externe<br />

de la tubérosité costale ; le ligament costo-transversaire supérieur (épais, aplati <strong>et</strong><br />

résistant) s’étend du bord inférieur de l’apophyse transverse au bord supérieur du col de la<br />

côte sous-jacente.<br />

12


La côte est donc « fixée » au rachis par deux articulations assorties de puissants<br />

ligaments ; l’articulation costo vertébrale est plus solidement encastrée.<br />

Ces deux articulations forment un couple d’arthrodies mécaniquement liées : l’axe passant<br />

par le centre de chacune de ces articulations va définir un mouvement commun de rotation.<br />

L’axe sert de charnière à la côte, « suspendue » au rachis.<br />

Selon le niveau vertébral, l’orientation de c<strong>et</strong> axe, <strong>et</strong> donc le mouvement de la côte vont<br />

être modifiés.<br />

Au niveau des côtes supérieures, l’axe est situé sur un plan presque frontal : le mouvement<br />

d’élévation des côtes entraîne donc une augmentation principalement au niveau du<br />

diamètre antéro postérieur du thorax. On dit qu’elles décrivent un mouvement de bras de<br />

pompe. Parallèlement, le manubrium sternal se porte en haut <strong>et</strong> en avant.<br />

Au niveau des côtes basses, l’axe se rapproche du plan sagittal ; le mouvement d’élévation<br />

de la côte entraînera donc surtout une augmentation du diamètre transversal du thorax. Ce<br />

mouvement est dit en anse de seau.<br />

Au niveau des côtes moyennes, l’axe est situé approximativement dans une direction<br />

oblique à 45° ; l’augmentation de diamètre portera donc aussi bien dans le sens transversal<br />

qu’antéro-postérieur.<br />

Figure n°3 : Mouvements des côtes autour des articulations costo-vertébrales<br />

(Source : Kapandji I.A., Physiologie articulaire, tome 3, Maloine, 2004)<br />

Les mouvements des côtes dépendent donc de l’intégrité de l’axe mécanique entre<br />

l’articulation costo-vertébrale <strong>et</strong> costo-transversaire, <strong>et</strong> donc de l’intégrité de ces deux<br />

articulations (stabilité ligamentaire, bonne congruence articulaire…).<br />

13


L’articulation sterno-claviculaire<br />

C<strong>et</strong>te articulation présente un ménisque articulaire fibro-cartilagineux. La fac<strong>et</strong>te sternale<br />

regarde latéralement, céphaliquement <strong>et</strong> un peu en arrière, la fac<strong>et</strong>te claviculaire<br />

réciproquement. Les clavicules supportent la partie supérieure du sternum <strong>et</strong> s’opposent à<br />

son enfoncement.<br />

L’articulation présente quatre ligaments : les ligaments sterno-claviculaires antérieur <strong>et</strong><br />

postérieur (en relation avec les muscles sterno-hyoïdiens <strong>et</strong> sterno-cléido-thyroïdien), le<br />

ligament costo claviculaire, le ligament interclaviculaire (crée une notion de dépendance<br />

des deux clavicules), <strong>et</strong> le ligament costo-claviculaire.<br />

L’articulation sterno claviculaire protège, mais peut aussi comprimer tout le système<br />

circulatoire cervico-thoracique.<br />

Ainsi une fixation sterno-claviculaire peut avoir des conséquences vasculaires (vaisseaux<br />

sous-claviers <strong>et</strong> canal thoracique à gauche) <strong>et</strong> neurologiques (moins fréquent, surtout par<br />

rapport à la compression du nerf pneumogastrique à gauche avec un r<strong>et</strong>entissement<br />

cardiaque).<br />

Les articulations chondro-sternales<br />

Nous avons vu que le sternum s’articule avec les sept premiers cartilages costaux ; ces<br />

articulations sont considérées comme des arthrodies, <strong>et</strong> sont maintenues par une capsule,<br />

manchon fibreux constitué par le périchondre costal, un ligament rayonné antérieur <strong>et</strong> un<br />

ligament interosseux.<br />

Il a été remarqué qu’une fixation chondrosternale entraîne presque toujours une fixation de<br />

l’articulation opposée <strong>et</strong> des articulations chondro-sternales sus <strong>et</strong> sous-jacentes.<br />

Lors d’une chute, d’un accident ou d’un geste chirurgical par exemple, ces fixations<br />

peuvent mémoriser des tensions mécaniques anormales. Cela peut entraîner des<br />

problèmes mécaniques de tout le thorax, la colonne cervicale, les épaules, mais peut aussi<br />

provoquer des problèmes émotionnels récurrents (comme si le cerveau était informé<br />

continuellement de la peur générée par le traumatisme). C<strong>et</strong> aspect doit être pris en<br />

compte lors du traitement de c<strong>et</strong>te région.<br />

Les articulations sterno-sternales<br />

L’articulation sternale céphalique réunit le manubrium au corps sternal ; il s’agit d’une<br />

amphiarthrose munie d’un ligament interosseux. Elle se situe au niveau de l’angle de Louis<br />

<strong>et</strong> son fibrocartilage se continue latéralement avec le ligament interosseux de la deuxième<br />

articulation chondro-sternale (une fixation de c<strong>et</strong>te articulation, en général lors de<br />

traumatismes directs, provoque ainsi presque toujours une atteinte de la deuxième<br />

articulation condro-sternale).<br />

L’articulation sternale caudale, encore plus rudimentaire, est une synchondrose qui réunit le<br />

corps sternal à l’appendice xiphoïde. Les rares fixations à ce niveau peuvent entraîner des<br />

problèmes digestifs gastro-oesophagiens.<br />

14


) Les déformations du thorax lors de l’inspiration<br />

Prenons ici le thorax dans un plan sagittal, que l’on considèrera comme un pentagone<br />

déformable composé du rachis dorsal, de la première côte, du sternum, de la 7 ème côte <strong>et</strong><br />

de son cartilage costal ; on constate alors les déformations suivantes :<br />

Figure n°4 : le pentagone thoracique<br />

(source : Henry Gray, Anatomy of the Human Body, 1918)<br />

La première côte subit une élévation (par rapport à son centre articulatoire costo<br />

vertébral).<br />

Conséquence de l’élévation de la première côte : le sternum va aussi s’élever.<br />

Au cours de l’inspiration, dans la partie supérieure du thorax, le diamètre antéroposterieur<br />

augmente plus que dans la partie inférieure ; l’angle sterno costal, entre la<br />

première côte <strong>et</strong> le sternum va se fermer, s’accompagnant d’une rotation longitudinale<br />

du cartilage costal.<br />

La 7 ème côte effectue aussi un mouvement d’élévation autour de son articulation costo<br />

vertébrale.<br />

Le 7 ème cartilage costal, en restant parallèle à sa position initiale, suit les mouvements<br />

d’élévation de la 7 ème côte <strong>et</strong> du sternum. Grâce à la rotation longitudinale du cartilage<br />

costal, les angles entre d’une part la 7 ème côte <strong>et</strong> le cartilage costal de la 7 ème cote, <strong>et</strong><br />

d’autre part entre le cartilage costal de la 7 ème côte <strong>et</strong> le sternum vont s’ouvrir.<br />

15


Mais comment se déroulent ces mouvements adaptatifs au niveau des cartilages costaux,<br />

primordiaux pour assurer une amplitude correcte de l’ensemble respiratoire ?<br />

Le jeu élastique des cartilages costaux comprend la mise en jeu des articulations chondrocostales<br />

<strong>et</strong> sterno-costales, qui sont des encastrements de chacune des extrémités du<br />

cartilage costal :<br />

L’extrémité interne est encastrée sur le bord du sternum dans un angle dièdre ; les rares<br />

mouvements se font dans le sens vertical (pas de mouvement en torsion).<br />

L’extrémité externe est taillée en cône aplati d’avant en arrière, s’encastrant dans une<br />

surface inversement conformée au niveau de la côte ; les mouvements permis sont des<br />

déplacements latéraux <strong>et</strong> verticaux (mais pas de mouvement en torsion).<br />

Lors de l’inspiration, le sternum s’élève <strong>et</strong> le cartilage costal prend une direction plus<br />

horizontale créant un déplacement angulaire ; le cartilage costal se tord alors sur son axe<br />

<strong>et</strong> se comporte comme une barre de torsion. L’élasticité du cartilage va alors perm<strong>et</strong>tre<br />

d’emmagasiner l’énergie de la torsion <strong>et</strong> de la restituer, une fois la barre relâchée (principe<br />

du ressort amortisseur dans les automobiles).<br />

De la même manière, au cours de l’inspiration, l’énergie des muscles inspirateurs est<br />

emmagasinée dans les cartilages costaux <strong>et</strong> au moment du relâchement des muscles<br />

inspirateurs, le thorax revient à sa position de départ par la seule élasticité de ces<br />

cartilages.<br />

Ce phénomène de torsion joue donc un rôle très important dans le mécanisme de<br />

l’expiration, <strong>et</strong> on comprend qu’une altération des ces cartilages (rigidification, calcification,<br />

phénomènes dégénératifs..) puîsse entrainer une diminution rapide de l’amplitude<br />

respiratoire.<br />

Remarque sur les mouvements de rotation de la colonne thoracique :<br />

Les mouvements de rotation du rachis dorsal sont étroitement liés au thorax ; leur<br />

amplitude serait plus grande si la colonne dorsale n’était pas en étroite inter relation avec le<br />

thorax osseux. En eff<strong>et</strong>, au cours d’un mouvement de rotation, chaque étage vertébral<br />

entraîne la paire de côtes correspondante ; ce glissement est rapidement limité par la<br />

présence du sternum à partir duquel s’articulent toutes les côtes par l’intermédiaire des<br />

cartilages costaux.<br />

Au cours de la rotation, la paire de côtes, « prise » entre la vertèbre <strong>et</strong> le sternum, va ainsi<br />

se déformer grâce à l’élasticité costale <strong>et</strong> surtout chondrale.<br />

La souplesse du thorax intervient donc comme un élément majeur dans les mouvements<br />

du rachis dorsal ; son amplitude sera restreinte devant un thorax raide, avec une diminution<br />

de l’élasticité chondro-costale, une calcification des cartilages costaux par exemple.<br />

16


c) Le première anneau thoracique<br />

L'anneau thoracique est constitué d'arrière en avant par une architecture osseuse, la<br />

vertèbre thoracique, la côte, le cartilage costal <strong>et</strong> le sternum. Il est entouré de nombreux<br />

muscles <strong>et</strong> entoure lui-même le contenu du thorax : les plèvres, les poumons, une partie de<br />

la trachée <strong>et</strong> les organes médiastinaux : cœur, péricarde, aorte thoracique, gros vaisseaux<br />

de la base du cœur, thymus, œsophage <strong>et</strong> canal thoracique.<br />

Le premier anneau thoracique joue un rôle considérable :<br />

Il commande l'obliquité de l'orifice supérieur du thorax, la position de la clavicule <strong>et</strong><br />

de l'omoplate <strong>et</strong> donc du membre supérieur.<br />

Il commande l'obliquité du sternum <strong>et</strong> par son intermédiaire la morphologie générale<br />

du squel<strong>et</strong>te thoracique.<br />

Il maintient le dôme pleural par l'intermédiaire de ses adhérences <strong>et</strong> de la<br />

musculature scalénique. Selon Patur<strong>et</strong>, « la première côte repose sur la base du<br />

dôme pleural comme une demie couronne sur la tête ».<br />

Il est le point d'union <strong>et</strong> de transformation entre la zone cervicale, courbure<br />

secondaire, souple, dynamique, mobile, <strong>et</strong> la zone thoracique, courbure primaire,<br />

solide, stable, résistance, rythmique.<br />

Lieu de passage des gros vaisseaux, il doit conserver sa souplesse <strong>et</strong> sa mobilité<br />

pour ne pas gêner à distance la vascularisation du cerveau, le drainage lymphatique<br />

de la tête, du cou <strong>et</strong> du membre supérieur.<br />

Il assure la ventilation du somm<strong>et</strong> du poumon <strong>et</strong> son rôle physiologique respiratoire<br />

est prépondérant ; il est souvent considéré comme la clé du thorax.<br />

17


C-Les muscles<br />

Tous les muscles s’insérant sur le thorax vont jouer un rôle, secondaire ou non, dans la<br />

mobilité de la cage thoracique ; ils peuvent donc potentiellement avoir une action<br />

respiratoire, <strong>et</strong> peuvent donc influer sur la ventilation pulmonaire ; par exemple, ils peuvent<br />

agir suite à une faiblesse d’autres muscles, les aider, en conséquence, par exemple, à une<br />

résistance pariétale thoracique trop importante, ou au contraire perturber le cycle<br />

respiratoire notamment suite à un recrutement excessif d’un groupe musculaire.<br />

Nous allons simplement énumérer, ici, les muscles thoraciques en fonction de leur<br />

localisation, puis détailler certains muscles qui peuvent nous sembler importants à travailler<br />

en ostéopathie.<br />

a) Sur la face externe.<br />

• le sterno-cléido-mastoïdien sur la face antérieure du manubrium sternal<br />

• le scalène antérieur sur le tubercule de Lisfranc de la première côte<br />

• le scalène moyen sur la première côte<br />

• le scalène postérieur sur la deuxième côte <strong>et</strong> son faisceau accessoire sur la première<br />

• le sous-clavier sur la face supérieure de la première côte <strong>et</strong> du premier cartilage<br />

• le grand pectoral sur la face antérieure du sternum, sur les six premiers cartilages costaux<br />

<strong>et</strong> sur l'extrémité antérieure des cinquième <strong>et</strong> sixième côtes<br />

• le p<strong>et</strong>it pectoral sur les troisième, quatrième <strong>et</strong> cinquième côtes<br />

• le grand dentelé sur dix premières côtes<br />

• le p<strong>et</strong>it dentelé postérieur <strong>et</strong> supérieur sur les deuxième, troisième, quatrième <strong>et</strong><br />

cinquième côtes ; il existe parfois un faisceau sur la première côte<br />

• le p<strong>et</strong>it dentelé postérieur <strong>et</strong> inférieur sur les neuvième, dixième, onzième <strong>et</strong> douzième<br />

côtes<br />

• le grand dorsal sur les neuvième, dixième, onzième <strong>et</strong> douzième côtes<br />

• le grand droit sur l'extrémité antérieure de la cinquième côte, sur les cinquième, sixième <strong>et</strong><br />

septième cartilages costaux <strong>et</strong> sur la face antérieure de l'appendice xiphoïde<br />

• le grand oblique sur les sept ou huit dernières côtes, sur le cartilage de la douzième côte<br />

quand celle-ci est de type court<br />

• le p<strong>et</strong>it oblique sur les neuvième, dixième <strong>et</strong> onzième cartilages <strong>et</strong> sur la douzième côte<br />

• les surcostaux sur les douze côtes<br />

• l'ilio-costal sur les douze côtes<br />

• le long dorsal sur les neuf dernières côtes<br />

• le carré des lombes sur le bord inférieur de la douzième côte<br />

b) Sur la face endothoracique<br />

• le sterno-cleido-hyoïdien sur la face postérieure du manubrium sternal<br />

• le sterno-thyroïdien sur la face postérieure du manubrium sternal <strong>et</strong> sur la face postérieure<br />

du premier cartilage costal<br />

18


• le triangulaire du sternum sur la face interne des troisième, quatrième <strong>et</strong> cinquième<br />

cartilages costaux, sur la face interne de l'extrémité antérieure des troisième, quatrième <strong>et</strong><br />

cinquième côtes <strong>et</strong> sur la face postérieure du sternum<br />

• le diaphragme sur les six dernières côtes <strong>et</strong> sur la face postérieure de l'appendice<br />

xiphoïde<br />

• le transverse de l'abdomen sur la face interne des septième, huitième <strong>et</strong> neuvième<br />

cartilages costaux <strong>et</strong> sur la face interne des neuvième, dixième, onzième <strong>et</strong> douzième côtes<br />

• les sous-costaux, en nombre variable sur la face interne des côtes<br />

c) Entre les côtes<br />

• l'intercostal externe<br />

• l'intercostal moyen<br />

• l'intercostal interne<br />

Le diaphragme<br />

Il s’agit d’une coupole musculo-aponévrotique convexe vers le haut fermant l’orifice<br />

inférieur du thorax <strong>et</strong> séparant le thorax de l’abdomen. Son point culminant est constitué<br />

par le centre phrénique, d’où partent des faisceaux de fibres musculaires <strong>et</strong> s’insérant sur<br />

la face interne des cartilages costaux de la 6 ème à la 10 ème côte, sur les extrémités des<br />

11 ème <strong>et</strong> 12 ème côtes, sur les arcades qui réunissent les extrémités des trois dernières<br />

côtes, sur l’appendice xiphoïde, sur les arcades du psoas, les arcades du carré des lombes<br />

<strong>et</strong> enfin sur la colonne lombaire par les piliers (au niveau des corps vertébraux de la<br />

deuxième <strong>et</strong> troisième vertèbre lombaire pour le pilier gauche, <strong>et</strong> également au niveau de la<br />

quatrième vertèbre lombaire au niveau du pilier droit qui descend plus bas ).<br />

Le diaphragme, importante voie de passage d’éléments vasculo nerveux, est traversé par<br />

l’aorte, la veine cave inférieure, l’œsophage, les nerfs phréniques, les nerfs vagues, les<br />

nerfs grand <strong>et</strong> p<strong>et</strong>it splanchnique, le système azygos <strong>et</strong> hemi azygos.<br />

Il est innervé principalement par le nerf phrénique (émergeant au niveau de la troisième à<br />

la cinquième paire cervicale).<br />

A.T. Still disait littéralement du diaphragme : « Grâce à toi nous vivons <strong>et</strong>, à cause de toi,<br />

nous mourrons ». Cela est d’autant plus pertinent que le diaphragme influe en fait sur<br />

l’ensemble des fonctions vitales. Les échanges gazeux dans les poumons sont régulés par<br />

les différences de pression lors de l’inspiration <strong>et</strong> de l’expiration. Le métabolisme est<br />

également activé par les différences de pression induites par la respiration. Lors de<br />

l’inspiration, une pression centrifuge est générée, qui contrecarre l’action de la musculature<br />

périphérique. Ainsi, sont produites des modifications rythmiques de pression qui influencent<br />

la diffusion <strong>et</strong> l’osmose. L’inspiration aspire le sang en direction du thorax (nous le<br />

reverrons plus loin) ; les organes abdominaux sont comprimés, les sinus veineux<br />

19


intracrâniens <strong>et</strong> les veines du cou sont élargis. Si nécessaire, le diaphragme aide en cas de<br />

besoins statiques : des modifications des conditions de pression dans l’abdomen <strong>et</strong> la cage<br />

thoracique peuvent moduler la statique du rachis.<br />

L’abaissement du centre phrénique est rapidement limité par le tendon central, la mise en<br />

tension des éléments du médiastin, <strong>et</strong> surtout à cause de la présence des viscères<br />

abdominaux. Le centre phrénique devient alors le point fixe <strong>et</strong> les fibres musculaires<br />

périphériques vont alors élever les côtes inférieures, puis les côtes supérieures par<br />

l’intermédiaire du sternum.<br />

Le diaphragme est donc un muscle essentiel dans la physiologie respiratoire ; il va<br />

perm<strong>et</strong>tre à lui seul l’augmentation des trois diamètres du volume thoracique :<br />

Agrandissement du diamètre vertical par abaissement du centre phrénique<br />

Agrandissement du diamètre transversal par élévation des côtes inférieures<br />

(mouvements en anse de seau)<br />

Agrandissement du diamètre antéro-postérieur par élévation des côtes inférieures<br />

(mouvement en bras de pompe)<br />

Le diaphragme joue un rôle décisif dans les conditions de pression entre le thorax <strong>et</strong><br />

l’abdomen, sous-tendus par les deux autres diaphragmes (pelvien <strong>et</strong> thoracique supérieur).<br />

Une augmentation de la pression abdominale déplace le diaphragme vers le haut afin de<br />

maintenir un gradient de pression constant entre la cavité thoracique <strong>et</strong> la cavité<br />

abdominale. Ainsi, la pression dans le thorax est augmentée, ce qui, à la longue, gêne la<br />

respiration <strong>et</strong> la circulation. En cas d’efforts physiques importants, la musculature<br />

accessoire de la respiration doit être plus activement sollicitée. Ces deux éléments, tant les<br />

conditions de pression modifiées que la sollicitation de la musculature accessoire de la<br />

respiration, modifient la statique du rachis. Lorsque le diaphragme fonctionne pendant un<br />

certain temps en position haute, non seulement les axes de mouvement des organes sont<br />

modifiés, mais la direction de la pression exercée par les mouvements respiratoires sur le<br />

diaphragme est différente. De ce fait, l’ensemble de la mobilisation des organes liée à la<br />

respiration est modifié.<br />

Chez les personnes obèses, où le diaphragme est souvent en position haute (la masse<br />

abdominale pousse le diaphragme vers la tête particulièrement en décubitus), les organes<br />

ne travailleront donc pas dans leur physiologie ; on pourrait alors r<strong>et</strong>rouver des<br />

hypofonctionnements au niveau de la sphère viscérale.<br />

Le mouvement vers le bas du centre tendineux pousse les organes abdominaux vers le bas<br />

<strong>et</strong> l’avant. Il en résulte une pression sur le plancher du bassin <strong>et</strong> sur les muscles<br />

abdominaux. La pression sur le plancher du bassin tire vers l’arrière la branche pubienne,<br />

l’apex du sacrum avec le coccyx vers l’avant <strong>et</strong> la tubérosité ischiatique en direction<br />

médiale. Les ailes iliaques sont ainsi tirées vers l’avant <strong>et</strong> le dehors. La traction du plancher<br />

du bassin mobilise la base du sacrum dans un mouvement de contre-nutation.<br />

20


Il joue également un rôle dans des évènements tels que la toux, le rire, les pleurs, mais<br />

surtout, il participe de façon essentielle à la phonation. Il est alors sollicité ici de façon plus<br />

« contrôlée », dans une action coordonnée à celle de la respiration, la fonction automatique<br />

de la ventilation restant toutefois prioritaire.<br />

Les muscles intercostaux <strong>et</strong> surcostaux<br />

Avec le diaphragme, les muscles intercostaux externes <strong>et</strong> les surcostaux constituent les<br />

muscles inspirateurs principaux.<br />

Les surcostaux ont une insertion sur l’apophyse transverse <strong>et</strong> se terminent sur le bord<br />

supérieur de la côte sous-jacente en dehors de la tubérosité costale ; au cours de la<br />

contraction la tête de côte va s’abaisser, <strong>et</strong> la côte va s’élever.<br />

Les intercostaux externes ont une direction parallèle au muscle surcostal (en haut <strong>et</strong><br />

dedans), <strong>et</strong> seront aussi élévateurs des côtes (inspirateurs).<br />

Les intercostaux internes ont, eux, leurs fibres obliques en haut <strong>et</strong> en dehors,<br />

entraînant un abaissement des côtes (expiration). Ils ont des rapports étroits avec<br />

l’aponévrose endothoracique <strong>et</strong> la plèvre.<br />

Les muscles inspirateurs accessoires<br />

Les sterno-cléido-mastoïdiens <strong>et</strong> les scalènes (antérieur, moyen <strong>et</strong> postérieur) ne sont<br />

inspirateurs que lorsqu’ils prennent appui sur le rachis cervical rendu rigide par l’action<br />

d’autres muscles.<br />

Le p<strong>et</strong>it dentelé postérieur <strong>et</strong> supérieur.<br />

Le grand pectoral, le p<strong>et</strong>it pectoral, les faisceaux inférieurs du grand dentelé <strong>et</strong> le grand<br />

dorsal sont inspirateurs lorsqu’ils prennent appui sur la ceinture scapulaire ou les<br />

membres supérieurs (en abduction).<br />

Le grand dentelé va limiter deux espaces de glissement : l’espace omo serratique (en<br />

arrière <strong>et</strong> en dehors) <strong>et</strong> l’espace serrato thoracique (en avant <strong>et</strong> en dedans). Ces espaces<br />

conditionnent la mobilité du thorax <strong>et</strong> du membre supérieur, <strong>et</strong> des adhérences à ce niveau<br />

(après une immobilisation prolongée par exemple) doivent être travaillées.<br />

Les muscles expirateurs<br />

Les muscles expirateurs principaux sont les intercostaux internes ; le groupe des muscles<br />

expirateurs accessoires est représenté d’une part par les muscles abdominaux (grand droit<br />

de l’abdomen, grand oblique, p<strong>et</strong>it oblique) qui abaissent puissamment l’orifice inférieur du<br />

thorax.<br />

21


D’autre part, on trouve des muscles expirateurs accessoires au niveau de la région dorsolombaire<br />

: le muscle ilio costal, le longissimus, le p<strong>et</strong>it dentelé postero inférieur ainsi que le<br />

carré des lombes.<br />

Les grands muscles tels que le carré des lombes, le psoas ou le trapèze, servent de tropplein<br />

(d’ordre mécanique, métabolique <strong>et</strong> émotionnel) à l’organisme ; ils sont le miroir des<br />

tensions globales s’exerçant sur une personne.<br />

Ils sont peu souvent responsables de lésions primaires ; leur traitement n’est souvent<br />

efficace que sur une courte durée. En ostéopathie, nous travaillons préférentiellement sur<br />

les « p<strong>et</strong>its » muscles ; une fixation du sous-clavier par exemple est plus causale <strong>et</strong> plus<br />

pathogène, <strong>et</strong> son traitement est aussi plus durable.<br />

Intéressons nous à certains muscles, parfois peu étudiés, mais qui peuvent constituer pour<br />

nous un élément important dans le traitement thoracique.<br />

Le triangulaire du sternum<br />

Situé sur la face postérieure du sternum <strong>et</strong> des cartilages costaux, le triangulaire du<br />

sternum, considéré par Testut comme « un organe rudimentaire », oublié par la plupart des<br />

physiologistes en raison de sa situation r<strong>et</strong>ro-sternale, trouve son importance en raison<br />

même de c<strong>et</strong>te situation.<br />

Figure n°5 : Le triangulaire du sternum (vue endothoracique)<br />

(Source : Barral J.-P., Médecine ostéopathique le Thorax, Maloine, 1999)<br />

22


Il s'insère sur la face postérieure de l'appendice xiphoïde <strong>et</strong> du corps sternal jusqu'au<br />

niveau du quatrième cartilage costal par l'intermédiaire d'une lame aponévrotique. De là,<br />

ses faisceaux se dirigent obliquement en haut, en dehors <strong>et</strong> en avant vers la face<br />

postérieure <strong>et</strong> le bord inférieur des troisième, quatrième cinquième <strong>et</strong> sixième cartilages<br />

costaux <strong>et</strong> sur la partie adjacente des côtes correspondantes. Le faisceau le plus inférieur<br />

(sixième cartilage costal) est à direction presque transversale <strong>et</strong> se continue généralement<br />

avec les faisceaux supérieurs du transverse de l'abdomen (Testut, Patur<strong>et</strong>). Le faisceau le<br />

plus supérieur (troisième cartilage costal, accessoirement le deuxième cartilage) est à<br />

direction presque verticale. Il entre en rapport le péricarde <strong>et</strong> les culs de sac médiastinocostaux<br />

antérieurs dont il en est séparé par le fascia endothoracique. Un travail d’étirement<br />

du triangulaire du sternum aura donc un eff<strong>et</strong> sur les fixations pleurales.<br />

Il est également en rapport avec le diaphragme (avec lequel il forme le sinus costodiaphragmatique)<br />

ainsi qu’avec les insertions inférieures de l'aponévrose cervicale<br />

moyenne.<br />

Classiquement, il est considéré comme un muscle très accessoire, atrophié, sans rôle<br />

particulier si ce n'est comme muscle expirateur : « sa contraction abaisse les côtes » selon<br />

Rouvière, « la contraction de ses cinq faisceaux détermine l'abaissement par rapport au<br />

sternum des cartilages costaux » selon Kapendji.<br />

Or, tout comme les muscles intercostaux, le triangulaire du sternum est à la fois un muscle<br />

inspirateur <strong>et</strong> un muscle expirateur, selon qu'il prend son point fixe sur le sternum ou sur les<br />

cartilages costaux <strong>et</strong> selon que le sternum est fixé en inspiration par les muscles sternocleido-mastoïdien,<br />

sterno-hyoïdien <strong>et</strong> sterno-thyroïdien, ou en expiration par les grands<br />

droits de l'abdomen.<br />

Dans l'inspiration, les cartilages costaux se r<strong>et</strong>rouvent en haut, en avant <strong>et</strong> en dehors, le<br />

sternum en bas <strong>et</strong> en arrière, relativement aux cartilages costaux, mais dans l'espace, le<br />

sternum est monté <strong>et</strong> est proj<strong>et</strong>é vers l'avant. C<strong>et</strong>te montée <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te projection du sternum<br />

sont dues tout d'abord à l'action du premier <strong>et</strong> du deuxième anneau thoracique, ensuite à<br />

l'action des muscles qui s'insèrent sur le manubrium sternal (sterno-cleido-mastoïdien,<br />

sterno-thyroïdien <strong>et</strong> sterno-hyoïdien) enfin <strong>et</strong> surtout au triangulaire du sternum qui<br />

solidarise le pôle antérieur du thorax. Il faut voir, pour s'en convaincre les respirations<br />

paradoxales des asthmatiques pendant lesquelles le tirage inspiratoire des scalènes<br />

s'accompagne d'un enfoncement du sternum.<br />

Dans l'expiration, les cartilages costaux se r<strong>et</strong>rouvent en bas, en dedans <strong>et</strong> en arrière, le<br />

sternum en haut <strong>et</strong> en avant, relativement aux cartilages costaux. Mais dans l'espace, le<br />

sternum s'est abaissé, comme tout le thorax, tiré par les abdominaux <strong>et</strong> particulièrement les<br />

grands droits. C<strong>et</strong>te traction inférieure perm<strong>et</strong> au triangulaire du sternum de prendre son<br />

point fixe sur le sternum <strong>et</strong> d'abaisser les cartilages costaux.<br />

Mais la fonction du triangulaire du sternum ne se limite pas à ce rôle respiratoire. Il peut<br />

être considéré comme le point équilibrateur entre le cou <strong>et</strong> l'abdomen. En eff<strong>et</strong>, il est le<br />

point autour duquel s'harmonisent les tensions antérieures du cou <strong>et</strong> de l'abdomen.<br />

Prolongé en haut par l'aponévrose cervicale moyenne, en bas par la ligne blanche de<br />

l'abdomen <strong>et</strong> l'aponévrose des grands droits, il est la pièce essentielle de la ligne de gravité<br />

antérieure qui relie la jonction inter-incisive en haut avec la symphyse pubienne en bas.<br />

23


C<strong>et</strong>te chaîne aponévrotique antérieure passe par le triangulaire du sternum <strong>et</strong> comprend<br />

les trois clés ostéopathiques du corps qui sont le malaire, la clavicule <strong>et</strong> la symphyse<br />

pubienne. Enfin, le rôle du triangulaire du sternum sera mieux compris si l'on considère sa<br />

fonction au niveau de l'anneau thoracique : situé au pôle antérieur de l'anneau, en arrière<br />

des articulations chondro-sternales <strong>et</strong> chondro-costales, il a un rôle d'amortisseur <strong>et</strong><br />

d'égalisateur des pressions articulaires dans les mouvements respiratoires comme dans les<br />

mouvements forcés du thorax ou comme dans les traumatismes thoraciques. Il renforce le<br />

pôle antérieur du thorax.<br />

C'est la raison pour laquelle les traumatismes directs ont peu d'action sur les os, mais<br />

entraînent souvent des disjonctions articulaires entre le sternum, les cartilages <strong>et</strong> les côtes.<br />

Le triangulaire du sternum a donc lui aussi un triple rôle : une action mécanique<br />

respiratoire, une action d'équilibration générale de la ligne de gravité antérieure <strong>et</strong> une<br />

action d'amortisseur ou de protection du thorax <strong>et</strong> des organes intra-thoraciques.<br />

Le muscle sous-clavier<br />

Ce muscle, qui relie la face inférieure de la clavicule à la première côte (partie médiale),<br />

abaisse la clavicule <strong>et</strong> l’épaule <strong>et</strong>, lorsque l’épaule est en point fixe, élève la première côte<br />

pour devenir inspirateur accessoire. Il peut être considéré comme un ligament actif de<br />

l’articulation sterno-claviculaire.<br />

Figure n°6 : le muscle sous-clavier<br />

(source : Barral J.-P., Médecine ostéopathique le Thorax, Maloine, 1999)<br />

Une contracture ou une fibrose de ses fibres augmente l’étroitesse du défilé thoracique<br />

(déjà naturellement étroit), au point de créer des perturbations vasculaires <strong>et</strong> neurologiques<br />

(compression des vaisseaux sous clavier <strong>et</strong> du plexus brachial dans le passage formé par<br />

le défilé interscalenique <strong>et</strong> l’espace costo pectoral).<br />

Le sous-clavier est contenu dans une loge ostéofibreuse formée par son aponévrose <strong>et</strong> la<br />

clavicule ; c<strong>et</strong>te gaine s’unit à celle du scalène antérieur pour entourer la veine sousclavière<br />

: cela implique que chaque traitement du sous-clavier devrait s’accompagner du<br />

traitement des scalènes.<br />

24


Le sous-clavier est innervé par un fil<strong>et</strong> nerveux issu des 5 e <strong>et</strong> 6 e paires cervicales, <strong>et</strong><br />

s’anastomose avec le nerf phrénique. Toute irritation du nerf phrénique (d’origine viscérale,<br />

péritonéale ou ostéo articulaire) peut donc avoir un eff<strong>et</strong> sur le muscle sous-clavier. Nous<br />

connaissons bien en ostéopathie la relation importante entre l’épaule droite <strong>et</strong> le foie ; c<strong>et</strong>te<br />

correspondance peut s’expliquer neurologiquement par l’innervation du foie (capsule de<br />

Glisson) par le nerf phrénique. Ce dernier a ses fibres issues de C4 <strong>et</strong> C5 qui fournissent<br />

l’innervation du muscle sous-clavier <strong>et</strong> du système capsulo-synovial de l’épaule ; il existe<br />

donc bien ici une explication logique à c<strong>et</strong>te interdépendance.<br />

Nous r<strong>et</strong>iendrons que ce muscle intervient sur différents niveaux (ostéo articulaire,<br />

vasculaire, viscéral), <strong>et</strong> une perturbation de celui-ci peut donc perturber le système<br />

respiratoire <strong>et</strong> hémodynamique ; nous r<strong>et</strong>iendrons aussi qu’il intervient dans la<br />

compréhension du mécanisme d’apparition de l’épaule douloureuse d’origine viscérale.<br />

Les muscles sous_hyoidiens<br />

Ils sont au nombre de quatre, <strong>et</strong> sont disposés sur deux plans : le plan superficiel qui<br />

comprend le sterno-cleido-hyoidien <strong>et</strong> l’omo-hyoidien, <strong>et</strong> le plan profond constitué par le<br />

sterno-thyroidien <strong>et</strong> le thyro-hyoïdien.<br />

Leur insertion céphalique correspond à l’os hyoïde ; leur insertion caudale m<strong>et</strong> en jeu<br />

différentes pièces osseuses du thorax : la clavicule, l’omoplate, le sternum, <strong>et</strong> la première<br />

côte.<br />

La contraction de ces muscles provoque l’abaissement de l’os hyoïde <strong>et</strong> sa fixation qui<br />

perm<strong>et</strong> l’abaissement de la mandibule . Ils jouent aussi le rôle de fascia actif <strong>et</strong> de tenseur<br />

de l’aponévrose cervicale moyenne ; ils perm<strong>et</strong>tent d’amortir les grosses variations de<br />

pression qui pourraient affecter le système veineux cervico-thoracique.<br />

La musculature hyoïdienne joue un rôle lors de la déglutition, du bâillement, de la parole <strong>et</strong><br />

de la respiration. Sa principale fonction est sans doute d’éviter un collapsus de la trachée <strong>et</strong><br />

de l’œsophage lors des mouvements de la tête <strong>et</strong> du cou. Ils pourraient être alors impliqués<br />

dans le syndrome d’apnée du sommeil, notamment chez les personnes obèses.<br />

25


Actions spécifiques de différents muscles sur la respiration<br />

Afin de pouvoir élargir la cage thoracique <strong>et</strong> les côtes, le rachis doit être stabilisé. Cela est<br />

possible grâce au muscle iliopsoas <strong>et</strong> au muscle carré des lombes pour le rachis lombaire,<br />

<strong>et</strong> par le muscle grand dorsal en ce qui concerne le thorax. Le muscle carré des lombes <strong>et</strong><br />

le muscle iliopsoas stabilisent par ailleurs les deux dernières côtes <strong>et</strong> la partie supérieure<br />

du rachis lombaire, ce qui perm<strong>et</strong> au pilier du diaphragme d’avoir un appui stable.<br />

Les fixateurs de la scapula stabilisent c<strong>et</strong>te dernière <strong>et</strong> donnent la possibilité au muscle<br />

dentelé antérieur <strong>et</strong> aux muscles pectoraux de soulever les côtes. Nous y reviendrons plus<br />

tard, à l’occasion du traitement de l’obésité par A.T.Still.<br />

A la fin d’une inspiration profonde, le muscle sterno-cleido-mastoîdien sera activé. Il tire<br />

l’échancrure du sternum vers le haut <strong>et</strong> empêche une flexion de l’occiput pour que le regard<br />

reste horizontal.<br />

Remarque sur la signification émotionnelle des muscles antérieurs du thorax<br />

Il y a des millions d’années, l’Homme était bien plus proche de l’animal que de l’humain<br />

actuel ; il devait être vigilant, tuer pour manger <strong>et</strong> se défendre contre ses ennemis. Pour<br />

survivre, il fallait faire face sans arrêt à tous les dangers pour ne pas perdre la vie, car<br />

laisser passer un ennemi derrière soi signifiait la mort certaine. Les muscles antérieurs du<br />

thorax servaient à protéger l’Homme de ses prédateurs, <strong>et</strong> ont gardé en mémoire c<strong>et</strong>te<br />

notion d’occupation de son territoire, de ne pas le laisser envahir par les autres. De<br />

manière plus générale, c’est tout le système musculo fascial du thorax qui serait en relation<br />

avec nos peurs archaïques : peur de l’ennemi, de l’agression, de la blessure, de la maladie,<br />

de l’abandon <strong>et</strong> de la mort. Pour ces raisons, ils ont un rôle émotionnel important qu’il faut<br />

prendre en compte dans la libération globale du thorax.<br />

26


D-Les fascias du thorax<br />

La compréhension du système fascial est d’une grande utilité pour nous ; il protège chaque<br />

viscère tout en lui perm<strong>et</strong>tant une mobilité. Ce système est maintenu <strong>et</strong> suspendu au<br />

thorax ; toute fixation du thorax peut ainsi avoir un eff<strong>et</strong> sur les organes qu’il renferme <strong>et</strong><br />

inversement. Par exemple une lésion intercostale peut fixer une portion pleurale en raison<br />

des rapports existant entre les intercostaux internes <strong>et</strong> la plèvre (nous le verrons plus loin).<br />

Le système fascial thoracique va jouer plusieurs rôles, dont ceux de tenseur de la plèvre, <strong>et</strong><br />

d’activateur veinolymphatique lors de la respiration. Nous détaillerons ici les fascias en<br />

fonction de leur intérêt ostéopathique.<br />

L’aponévrose cervicale superficielle<br />

Elle a l’épaisseur d’une mince couche de cellophane <strong>et</strong> a peu d’attaches longitudinales. Elle<br />

n’est pas responsable de fixations importantes, néanmoins son attache sur l’os hyoïde<br />

(grande corne, bord inférieur du corps, somm<strong>et</strong> de l’apophyse hyoïde) peut éventuellement<br />

aider à indiquer une fixation.<br />

L’aponévrose cervicale moyenne<br />

Il s’agit d’un élément essentiel de la charnière cervicothoracique ; ses fixations sont lourdes<br />

de conséquence, principalement sur le système respiratoire.<br />

Elle s’attache sur tout le cadre ostéofibreux de l’orifice supérieur du thorax (scapula, bord<br />

postérieur de la clavicule, cartilage de la première côte, face postérieur du sternum, os<br />

hyoïde).<br />

C<strong>et</strong>te aponévrose dérive d’un ancien muscle cleido-hyoïdien, transformé chez les<br />

mammifères supérieurs.<br />

On ne lui décrit pas de rôle de suspension du péricarde <strong>et</strong> de la plèvre (sauf s’il existe une<br />

adhérence) ; on lui confère deux fonctions :<br />

Fonction musculaire : elle maintient les muscles sous-hyoïdiens dans une direction<br />

physiologique ; ces muscles, longs, minces <strong>et</strong> parfois courbes, s’en servent de tuteur pour<br />

accomplir leur fonction.<br />

Fonction circulatoire, essentielle à appréhender en ostéopathie. Tous les gros<br />

vaisseaux veineux de la base du cou (troncs veineux brachiocéphaliques, veines<br />

thyroïdiennes <strong>et</strong> veines sous clavières) traversent l’aponévrose cervicale moyenne dans<br />

des canaux fibreux . Maintenues ouvertes par un fil<strong>et</strong> fascial qui les tend, les veines restent<br />

béantes : c<strong>et</strong>te aponévrose a donc le rôle de tenseur latéral des veines. A chaque<br />

inspiration les insertions de l’aponévrose vont s’écarter (première côte, sternum <strong>et</strong> clavicule<br />

ce qui augmente la béance sur chaque phase inspiratoire <strong>et</strong> produit ainsi un appel sanguin.<br />

Notons que la veine vertébrale, qui passe par le canal osseux intertransversaire, est donc<br />

sous la dépendance de la colonne cervicale.<br />

27


L’aponévrose du sous clavier<br />

Elle continue l’aponévrose cervicale moyenne, s’insère sur le bord antérieur de la clavicule,<br />

contourne caudalement le muscle sous clavier <strong>et</strong> se termine sur le bord postérieur de la<br />

clavicule.<br />

L’aponévrose clavi-coraco-axillaire<br />

Elle s’insère sur la gaine du sous clavier <strong>et</strong> sur l’apophyse coracoïde ; elle entoure le p<strong>et</strong>it<br />

pectoral pour se terminer sur son aponévrose, la peau du creux axillaire <strong>et</strong> l’aponévrose<br />

brachiale.<br />

Son étirement, que l’on obtient par l’intermédiaire du bras (de manière à m<strong>et</strong>tre en tension<br />

le coracobrachial <strong>et</strong> le court biceps) perm<strong>et</strong> d’étirer l’aponévrose cervicale moyenne <strong>et</strong> de<br />

jouer sur le muscle sous-clavier.<br />

L'aponévrose thoracique profonde : le fascia endothoracique<br />

Le fascia endothoracique constitue une lame de tissu conjonctif qui recouvre toute la face<br />

interne du grill costal.<br />

« La paroi endothoracique, vue de l'intérieur apparaît comme tapissée d'éléments fibreux<br />

fragiles. Ce tissu cellulaire forme une nappe toujours peu épaisse, pauvre en graisse <strong>et</strong> à<br />

refl<strong>et</strong>s brillants. Sa transparence laisse voir le grill costal ; on a en somme l'impression d'un<br />

« vernis conjonctif » mince. Il ne présente aucune résistance à la dissection <strong>et</strong> les tractus<br />

menus qui le composent cèdent facilement au bistouri » 2 .<br />

En avant, dans la région rétro-sternale, il est étroitement uni d'une part au triangulaire du<br />

sternum <strong>et</strong> d'autre part à la plèvre. Il passe directement d'un hémithorax à l'autre en<br />

s'étalant derrière le sternum. Il est en rapport de continuité avec le tissu cellulaire du<br />

médiastin antérieur.<br />

En arrière, dans la région latéro-vertébrale, il est dense <strong>et</strong> distinct de la plèvre pariétale.<br />

Au niveau de l'orifice supérieur du thorax, le fascia endothoracique se continue directement<br />

avec l'appareil suspenseur de la plèvre. Il est indépendant de la plèvre pariétale <strong>et</strong> est<br />

solidement amarré aux éléments osseux voisins.<br />

Au niveau de l'orifice inférieur du thorax, il unit intimement la plèvre diaphragmatique au<br />

diaphragme <strong>et</strong> se perd au fond du sinus costo-diaphragmatique.<br />

Le fascia endothoracique se continue vers le haut avec la gaine viscérale du cou <strong>et</strong> vers le<br />

bas avec le fascia transversalis.<br />

2 Latarj<strong>et</strong> A. <strong>et</strong> Francillon J., Le fascia endothoracique, in Annales d'anatomie pathologique <strong>et</strong> d'anatomie normale<br />

médico-chirurgicale, n° 5, mai 1938, p. 457<br />

28


La plèvre<br />

Elle est constituée de deux feuill<strong>et</strong>s : le feuill<strong>et</strong> pariétal (important en ostéopathie) <strong>et</strong> la<br />

plèvre viscérale (accolée aux poumons). Ces deux feuill<strong>et</strong>s sont séparés par un espace<br />

virtuel qui n’apparaît qu’en cas d’épanchement gazeux ou liquidien. Il contient un film<br />

liquidien qui facilite le glissement du feuill<strong>et</strong> pariétal sur le viscéral lors des mouvements<br />

respiratoires.<br />

Ainsi à l’état normal, ces deux feuill<strong>et</strong>s restent accolés <strong>et</strong> glissent librement l’un sur l’autre ;<br />

ce glissement, sans frottement ni adhérence est garant d’une bonne solidarité mécanique<br />

entre les poumons <strong>et</strong> la paroi thoracique.<br />

Nous allons détailler les deux feuill<strong>et</strong>s <strong>et</strong> surtout le feuill<strong>et</strong> pariétal qui possède des attaches<br />

intéressantes en ostéopathie (diaphragme, côtes, dôme pleural…)<br />

Feuill<strong>et</strong> viscéral<br />

Il tapisse la surface du poumon <strong>et</strong> s’enfonce dans le fond des scissures pulmonaires.<br />

Au niveau du hile, ce feuill<strong>et</strong> ne s’enfonce pas mais se réfléchit au niveau du pourtour<br />

hilaire pour devenir pariétal ; la ligne de réflexion délimite le hile <strong>et</strong> forme au-dessous du<br />

pédicule le ligament triangulaire du poumon, tendu de la face médiale du poumon au<br />

médiastin.<br />

Feuill<strong>et</strong> pariétal<br />

Il tapisse la face profonde des parties latérales de la cavité thoracique, séparé de celle-ci<br />

par le fascia endothoracique.<br />

Le feuill<strong>et</strong> pariétal présente du point du vue topographique quatre segments :<br />

La plèvre costale, qui tapisse la face profonde des côtes <strong>et</strong> des espaces<br />

intercostaux.<br />

La plèvre médiastinale, qui s’étend d’arrière en avant depuis les gouttières costo-<br />

vertébrales jusqu’à la face postérieure du sternum où elle se moule sur le relief des<br />

organes médiastinaux.<br />

La plèvre diaphragmatique adhère à la face supérieure du diaphragme.<br />

A l’inspiration, la plèvre pariétale va donc être étirée par, d’une part, l’élévation des côtes<br />

(supérieures principalement, par leur mouvement en bras de pompe), <strong>et</strong> d’autre part la<br />

descente du centre phrénique.<br />

La plèvre est donc une structure particulièrement sollicitée par les 24 000 mouvements<br />

quotidiens du diaphragme.<br />

Le dôme pleural est la portion de la plèvre pariétale qui coiffe le somm<strong>et</strong> du<br />

poumon.<br />

Toute investigation du dôme pleural, en relation avec la partie supérieure du poumon, doit<br />

nous faire rechercher un comblement anormal de creux sus claviculaire qui pourrait nous<br />

faire suspecter un syndrome de Pancoast Tobias (nous le détaillerons lors de l’examen<br />

pleuro-pulmonaire).<br />

29


Le dôme pleural est constitué de fibres musculo-conjonctives, <strong>et</strong> est renforcé par des replis<br />

falciformes constituant le diaphragme de Sibson, issu des fascias des muscles longs du<br />

cou <strong>et</strong> de l’aponévrose préscalénique.<br />

Il comble l’orifice supérieur du thorax ; il est en rapport avec la première côte (trois<br />

centimètres au dessous du somm<strong>et</strong>), avec la charnière cervico thoracique en arrière, avec<br />

le sternum <strong>et</strong> la clavicule en avant <strong>et</strong> avec l’os hyoïde en haut.<br />

Le dôme pleural est suspendu grâce à des ligaments :<br />

- Le ligament costo-pleural ; il s’insère sur la première côte <strong>et</strong> se sépare en deux<br />

faisceaux, entre lesquels passent la première racine dorsale. Une tension excessive à ce<br />

niveau peut rentrer en jeu dans les phénomènes de névralgies ulnaires, syndrome du canal<br />

carpien.<br />

- Le ligament transverso pleural, ou encore appelé « p<strong>et</strong>it scalène », car il s’agirait<br />

en fait d’un scalène atrophié ; il s’insère sur l’apophyse transverse de la 7 ème cervicale, <strong>et</strong><br />

se termine sur la première côte.<br />

- Le ligament vértebro pleural est issu de l’aponévrose prévertébrale au niveau de<br />

la 6 ème , 7 ème <strong>et</strong> 1 ère vertèbre dorsale. Il est parfois décrit comme un faisceau du ligament<br />

longitudinal antérieur.<br />

Figure n°7 : l’appareil suspenseur de la plèvre <strong>et</strong> le dôme pleural<br />

(source : Barral J.-P., Le thorax manipulations viscérales, Elsevier, 2005)<br />

C<strong>et</strong> appareil suspenseur de la plèvre contracte des rapports très importants avec l’artère <strong>et</strong><br />

la veine sous clavière, ainsi qu’avec le ganglion cervical inférieur : d’avant en arrière<br />

reposent sur le dôme pleural les artères mammaires internes, la veine <strong>et</strong> l’artère sousclavière,<br />

l’origine des artères vertébrales <strong>et</strong> intercostales supérieures, le ganglion cervical<br />

inférieur <strong>et</strong> les branches les plus caudales du plexus brachial.<br />

30


Le ganglion cervical inférieur est situé dans une foss<strong>et</strong>te sus <strong>et</strong> rétro pleurale de Sébileau<br />

entre le ligament costopleural <strong>et</strong> le ligament vertébropleural.<br />

Il est constant mais sa forme est variable. De par son aspect irrégulier il est couramment<br />

appelé ganglion stellaire.<br />

Selon C. Fontaine <strong>et</strong> A. Drizenko il est dans trois cas sur quatre fusionné avec le premier<br />

ganglion thoracique ; on le nomme alors ganglion cervico-thoracique. Ce ganglion va<br />

recevoir les afférences du tronc sympathique de C8 à T1. Ainsi, il se forme une liaison avec<br />

les centres nerveux cilio-moteurs (de Budge) du névraxe. Classiquement, il n’existe pas de<br />

rameau communicant blanc au-dessus du 8° nerf cervical. Le rôle du ganglion cervicothoracique<br />

est capital : il est le seul en relation directe avec la moelle, par l’intermédiaire<br />

des rameaux communicants blancs.<br />

Il s’anastomose avec l’anse subclavière, le nerf vertébral de François Franck qui<br />

accompagne l’artère vertébrale : il se poursuit jusqu’au tronc de l’artère basilaire en<br />

réalisant un véritable plexus nerveux périartériel. Il est parfois appelé « nerf accélérateur<br />

cardiaque ». Il donne des rameaux pour la plèvre, les muscles prévertébraux <strong>et</strong> le nerf<br />

cardiaque inférieur. Enfin il s’ anastomose avec le nerf phrénique par une anse nerveuse<br />

en avant de l’artère subclavière.<br />

C<strong>et</strong>te attache cervico pleurale a une importance fondamentale dans la compréhension de<br />

la mobilité pleuro-pulmonaire ; l’appareil suspenseur de la plèvre est classiquement décrit<br />

comme l’axe de rotation du poumon (il effectue une rotation externe lors de l’inspiration).<br />

Le diaphragme cervico-thoracique constitue ainsi un carrefour stratégique (mécanique,<br />

vasculaire, nerveux, aponévrotique) lui conférant un rôle essentiel au<br />

bon fonctionnement thoracique.<br />

Ce diaphragme, nous l’avons vu est en étroite relation avec la jonction cervico-thoracique,<br />

très riche sur le plan anatomique. Toute tension anormale des tissus mous antérieurs aura<br />

un r<strong>et</strong>entissement sur le plan vasculo-nerveux, alors que les techniques ostéopathiques<br />

privilégient injustement le système ostéo-articulaire postérieur.<br />

Les quatre segments du feuill<strong>et</strong> pariétal décrits précédemment se poursuivent en formant<br />

les culs-de-sacs pleuraux qui sont de chaque côté :<br />

Cul-de-sac médiastino-costal antérieur (ou rétro-sternal). Il adhère au triangulaire du<br />

sternum ; l’étirement de ce muscle a donc un eff<strong>et</strong> sur les fixations pleurales.<br />

Cul-de-sac médiastino-costal postérieur (ou latéro-vertébral).<br />

Cul-de-sac médiastino-diaphragmatique.<br />

Cul-de-sac costo-diaphragmatique (ou inférieur).<br />

Ces lignes de réflexion pleurale peuvent contrarier la mécanique pleuro pulmonaire <strong>et</strong> costo<br />

sternale, surtout en cas d’adhérences.<br />

Chez les suj<strong>et</strong>s qui pratiquent très peu d’activité physique (obèses par exemple), les<br />

poumons n’auront jamais l’occasion de se gonfler au maximum <strong>et</strong> de remplir totalement<br />

31


l’espace disponible, particulièrement les culs de sacs costo-diaphragmatiques. A ce niveau,<br />

la plèvre pariétale thoracique <strong>et</strong> la plèvre pariétale diaphragmatique seront très souvent au<br />

contact avec un grand risque d’adhérences, qui siègent aux endroits où le glissement est le<br />

plus faible : l’apex du poumon, la racine du poumon <strong>et</strong> le cul-de-sac costodiaphragmatique.<br />

Les adhérences sont parfois soumises à un processus cicatriciel, <strong>et</strong> sont alors définitives<br />

(pleurésie, tuberculose, pneumothorax, pollution, traumatismes costaux…).<br />

Figure n°8 : Cul-de-sac costo-diaphragmatique droit<br />

(source : Barral J.-P., Le thorax manipulations viscérales, Elsevier, 2005)<br />

La figure n°8 nous montre bien les rapports intimes au niveau du cul-de-sac costodiaphragmatique<br />

entre la plèvre pariétale, la dixième côte, le tissu cellulo-graisseux, le<br />

diaphragme, <strong>et</strong> le foie par l’intermédiaire de la capsule de Glisson. Une vue plus médiane<br />

nous aurait montré les rapports du cul-de-sac antérieur avec le muscle triangulaire du<br />

sternum, les cartilages costaux <strong>et</strong> le sternum. Ce cul-de-sac comporte quelques zones<br />

d’insertion importantes : les articulations sterno-claviculaires, la 2 ème <strong>et</strong> 7 ème articulation<br />

chondro-sternale pour l’hémi-thorax droit, <strong>et</strong> la 4 ème <strong>et</strong> 6 ème articulation chondro-sternale<br />

pour la gauche.<br />

Nous devons bien garder ces rapports en mémoire lors du traitement de c<strong>et</strong>te région, qui<br />

peuvent nous perm<strong>et</strong>tre de mieux comprendre les systèmes d’interrelation mis en jeu au<br />

niveau de ces différentes structures.<br />

La plèvre dans son ensemble a une importance particulière pour nous car nous pourrons<br />

travailler par l’intermédiaire du cadre thoracique (<strong>et</strong> donc du feuill<strong>et</strong> pariétal) sur les<br />

32


adhérences pleurales, les culs de sacs. Nous verrons que ce travail est très bien adapté à<br />

la personne obèse, chez qui l’on remarque une ferm<strong>et</strong>ure des alvéoles des bases<br />

pulmonaires, associée souvent à une fibrose pleurale.<br />

Mais nous pourrons aussi travailler la plèvre au niveau de sa partie supérieure, le dôme<br />

pleural, <strong>et</strong> plus largement au niveau du diaphragme thoracique supérieur.<br />

Le péricarde<br />

Ce sac fibro-séreux entoure le cœur. Seule une p<strong>et</strong>ite partie du péricarde a des rapports<br />

directs avec la paroi chondrosternale (le reste est recouvert par les culs-de-sac antérieurs<br />

de la plèvre).<br />

Le sternum est séparé du sac fibreux péricardique par du tissu cellulaire lâche qui se<br />

condense en haut <strong>et</strong> en bas pour former les ligaments sterno-péricardiques supérieur (il<br />

échange quelques fibres avec l’aponévrose moyenne) <strong>et</strong> inférieur (moins résistant).<br />

On observe des ligaments vertébro-péricardiques, qui s’insèrent sur un épaississement de<br />

l’aponévrose cervicale profonde entre la quatrième vertèbre cervicale <strong>et</strong> la quatrième<br />

vertèbre dorsale.<br />

Les ligaments sterno-péricardiques supérieur <strong>et</strong> vertebro-péricardiques jouent un rôle<br />

important dans la stabilité du péricarde en position debout, ils perm<strong>et</strong>tent d’éviter une<br />

compression du cœur. R<strong>et</strong>enons que ces attaches supérieures du péricarde sont en<br />

rapport étroit avec la jonction cervico dorsale.<br />

33


E-Le cycle respiratoire<br />

Le cycle respiratoire se produit 12 à 15 fois par minute. Il comprend un temps inspiratoire<br />

auquel succède un temps expiratoire, suivi d’une courte pause avant la reprise du cycle.<br />

L’inspiration<br />

Elle est essentiellement active sur le plan musculaire, même si le facteur d’élasticité de la<br />

paroi thoracique <strong>et</strong> des poumons peut représenter une dynamique d’ouverture non<br />

négligeable.<br />

On peut diviser la phase inspiratoire en deux temps :<br />

La phase abdominale correspond à la contraction du diaphragme qui, comme nous l’avons<br />

vu, va descendre jusqu’à être stabilisé par la masse viscérale, qui elle-même sera<br />

contenue par la tonicité de la ceinture abdominale. La descente du centre phrénique<br />

provoque alors un gonflement abdominal qu’il peut être important à faire percevoir dans<br />

une approche proprioceptive (en précisant qu’il ne s’agit pas d’une entrée d’air dans<br />

l’espace abdominal…)<br />

La phase thoracique concerne le mouvement d’élévation des côtes inférieures (fibres<br />

musculaires du diaphragme en action avec le centre phrénique en point fixe), puis de<br />

l’ensemble de la cage thoracique grâce au relais pris par les muscles intercostaux externes<br />

<strong>et</strong> les muscles surcostaux.<br />

Nous avons vu que le diaphragme, inspirateur principal, joue un rôle capital dans la<br />

respiration ; il travaille en synergie avec la sangle abdominale, qui a donc aussi toute son<br />

importance ; elle doit être tonique <strong>et</strong> élastique :<br />

Si les abdominaux sont trop contractés, trop toniques, ils empêchent la descente du centre<br />

phrénique <strong>et</strong> l’ouverture abdominale. La respiration reste alors costale essentiellement.<br />

Si les abdominaux sont trop relâchés, le centre phrénique ne trouve pas d’appui pour<br />

déclencher l’ouverture costale. La respiration reste alors abdominale.<br />

Dans l’une ou l’autre de ces deux situations, l’efficacité du diaphragme est incomplète <strong>et</strong><br />

l’ouverture respiratoire reste limitée.<br />

L’expiration<br />

Au cours de l’expiration, la pression dans les poumons dépasse la pression atmosphérique,<br />

ce qui expulse l’air des voies respiratoires. Les poumons contiennent encore une certaine<br />

quantité d’air, <strong>et</strong> une plèvre intacte l’empêche de se collaber complètement. C<strong>et</strong>te phase<br />

respiratoire ne demande en principe aucune dépense d’énergie.<br />

En eff<strong>et</strong> nous avons vu que l’expiration normale est un phénomène purement passif de<br />

r<strong>et</strong>our sur lui-même du thorax par un relâchement des muscles intercostaux <strong>et</strong> du<br />

34


diaphragme entraînant un mouvement des côtes en bas <strong>et</strong> en dedans <strong>et</strong> un r<strong>et</strong>our du<br />

poumon par simple élasticité ( au niveau donc des éléments ostéo cartilagineux mais aussi<br />

du parenchyme, nous le verrons plus loin avec la compliance thoracique). L’énergie<br />

nécessitée par l’expiration est donc en réalité une restitution d’énergie produite à<br />

l’inspiration par les muscles inspirateurs, stockée au niveau des éléments élastiques du<br />

thorax <strong>et</strong> du poumon.<br />

Le diaphragme se relâche <strong>et</strong> reprend sa forme plus convexe (vers le haut) avec la<br />

remontée du centre phrénique. Dans la réalité « clinique », les tensions sont souvent telles<br />

que ce mouvement de relâchement du diaphragme devient insuffisant, mais il est aussi<br />

fréquent de constater que le réajustement d'une représentation mentale adéquate de ce<br />

mouvement perm<strong>et</strong> de r<strong>et</strong>rouver un accès vers la détente.<br />

Notons qu’en position verticale, la pesanteur intervient dans l’abaissement des cotes (du<br />

fait de leur propre poids).<br />

L’expiration est suivie d’une pause avant que le cycle suivant ne recommence ; c<strong>et</strong>te pause<br />

correspond au point de repos de la respiration avec un r<strong>et</strong>our au relâchement musculaire<br />

compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> à un état de r<strong>et</strong>our d’équilibre des pressions internes <strong>et</strong> des contraintes en<br />

étirement des différentes structures (contenant thoracique <strong>et</strong> poumons).<br />

L’expiration active va prolonger <strong>et</strong> intensifier la phase expiratoire. Elle perm<strong>et</strong> une expulsion<br />

plus complète de l’air (même s’ il reste toujours un volume résiduel dans les poumons). On<br />

peut décomposer c<strong>et</strong>te phase en deux temps :<br />

La ferm<strong>et</strong>ure active du thorax par les intercostaux internes, les p<strong>et</strong>its dentelés postero<br />

inferieurs, les grands obliques <strong>et</strong> les carrés des lombes qui vont accentuer la ferm<strong>et</strong>ure<br />

des côtes basses dans les trois directions de l’espace.<br />

Le serrage de la sangle abdominale ; les muscles abdominaux vont repousser la masse<br />

viscérale vers le haut <strong>et</strong> font remonter davantage le diaphragme dans l’espace<br />

thoracique ; cela perm<strong>et</strong> d’augmenter la pression intra-thoracique pour compléter<br />

l’expulsion d’air des poumons.<br />

L’expiration profonde peut m<strong>et</strong>tre en place des actions musculaires intenses au cours<br />

desquelles le tissu pulmonaire ainsi que les structures osseuses du gril costal sont<br />

amenées dans des compressions relativement importantes (notamment au niveau des<br />

cartilages costaux qui subiront un mouvement de torsion inversé par rapport au mouvement<br />

d’inspiration). Le seul relâchement de c<strong>et</strong>te action musculaire, en libérant ce « ressort »<br />

côtes/poumons, peut devenir déclencheur de l’inspiration suivante qui devient alors<br />

momentanément passive.<br />

Les centres respiratoires<br />

La respiration est contrôlée par des centres nerveux situés dans le bulbe rachidien <strong>et</strong> le<br />

pont de Varole. Dans le bulbe, on trouve le groupe respiratoire ventral <strong>et</strong> dorsal ; ce dernier<br />

est responsable du rythme respiratoire de base. Ses neurones produisent spontanément<br />

des influx nerveux qui se propagent aux muscles intercostaux externes <strong>et</strong> au diaphragme,<br />

35


entraînant leur contraction <strong>et</strong> donc l’inspiration. Après deux secondes, les neurones<br />

cessent de produire des influx ; les muscles se relâchent, c’est l’expiration.<br />

Les neurones du groupe respiratoire ventral sont inactifs durant la respiration normale mais<br />

ils sont activés lors de l’expiration forcée <strong>et</strong> provoquent la contraction des muscles<br />

intercostaux internes <strong>et</strong> des muscles abdominaux.<br />

Le groupe respiratoire ponté semble adoucir les transitions de l’inspiration à l’expiration <strong>et</strong><br />

vice-versa. De plus il inhibe le groupe respiratoire dorsal accélérant ainsi le rythme<br />

respiratoire.<br />

F-Les volumes respiratoires<br />

Pour débuter notre approche concernant les volumes respiratoires, intéressons-nous à la<br />

circulation aérienne dans les voies respiratoires.<br />

Nous pouvons l’illustrer par l’expérience de Funck qui consiste à remplacer le fond d’un<br />

flacon par une membrane élastique <strong>et</strong> à faire communiquer un ballon de baudruche avec<br />

l’extérieur par l’intermédiaire d’un tube traversant le bouchon. Il est alors possible d’obtenir<br />

le gonflement ou l’affaissement du ballon en tirant la membrane élastique vers le bas. En<br />

eff<strong>et</strong>, on augmente ainsi la capacité totale du flacon tout en y diminuant la pression ; la<br />

pression atmosphérique devient alors supérieure à la pression intérieure, ce qui va<br />

provoquer une entrée d’air par le tube <strong>et</strong> un gonflement du ballon.<br />

En imaginant le diaphragme jouant le rôle de la membrane élastique, le tube représentant<br />

la trachée, <strong>et</strong> le ballon les poumons, nous avons reproduit le mécanisme de l’inspiration.<br />

Inversement, le relâchement de la membrane élastique provoque une diminution de la<br />

capacité totale <strong>et</strong> une augmentation de la pression dans le flacon ; l’air dans le ballon va<br />

donc être chassé vers l’extérieur. C’est le mécanisme de l’expiration.<br />

36


Figure n°9 : expérience de Funk<br />

(source : Kapandji I.A., Physiologie articulaire, tome 3, Maloine, 2004)<br />

Précisons que ce modèle schématique comporte quelques approximations par rapport à<br />

notre modèle physiologique : comme nous l’avons vu précédemment, il existe au cours de<br />

l’inspiration une augmentation non pas du seul diamètre vertical, mais des trois diamètres<br />

par l’action des muscles respiratoires (<strong>et</strong> du diaphragme en particulier). De plus, les<br />

poumons occupent la totalité du volume intérieur du thorax <strong>et</strong> sont en relation étroite avec<br />

la cage thoracique (par l’intermédiaire de la plèvre).<br />

En observant l’ expérience de Funk, nous pouvons faire quelques remarques :<br />

La respiration repose sur l’augmentation ou la diminution du volume de la cavité thoracique.<br />

Une mauvaise expansion de la cage thoracique se répercutera donc directement sur<br />

l’amplitude respiratoire.<br />

Une expansion restreinte correspondrait dans notre expérience à une mauvaise descente<br />

diaphragmatique (diaphragme en expir).<br />

L’expansion de la cage thoracique repose sur différents systèmes (musculo squel<strong>et</strong>tique,<br />

fascial…) ; nous pouvons imaginer en observant la mécanique respiratoire complète que<br />

des dysfonctions de ces différents systèmes joueront un rôle important dans c<strong>et</strong>te<br />

expansion thoracique.<br />

Nous avons vu que la diminution de la pression intra thoracique à l’inspiration provoquait la<br />

pénétration de l’air dans les poumons ; elle provoque aussi une accélération de la<br />

circulation veineuse de r<strong>et</strong>our vers l’oreill<strong>et</strong>te droite. L’inspiration est donc un élément<br />

important du bon remplissage du cœur <strong>et</strong>, par l’intermédiaire de la p<strong>et</strong>ite circulation, d’une<br />

bonne arrivée du sang veineux jusque dans la paroi alvéolaire au contact de l’air frais qui<br />

vient d’y pénétrer.<br />

L’inspiration perm<strong>et</strong> donc l’apport aux poumons d’air <strong>et</strong> de sang.<br />

37


Figure n°10 : chasse sanguine vers le cœur<br />

(source : Kapandji I.A., Physiologie articulaire, tome 3, Maloine, 2004)<br />

On appelle volumes respiratoires les quantités d’air qui sont mises en jeu lors des différents<br />

temps de respiration.<br />

Au cours de la respiration au repos, on définit les volumes respiratoires de la façon<br />

suivante :<br />

Le Volume Courant (VC) correspond au volume mis en jeu au cours d’une<br />

expiration <strong>et</strong> d’une inspiration normale (environ un demi-litre).<br />

Le Volume de Réserve Inspiratoire (VRI) correspond au volume d’air<br />

supplémentaire mis en jeu sur une inspiration forcée (environ un litre <strong>et</strong> demi).<br />

Le Volume de Réserve Expiratoire (VRE) correspond au volume d’air<br />

supplémentaire expiré lors d’une expiration forcée (environ un litre <strong>et</strong> demi).<br />

La Capacité Vitale (CV) représente la somme du volume de réserve inspiratoire,<br />

du volume courant, <strong>et</strong> du volume de réserve expiratoire (environ trois litres <strong>et</strong><br />

demi).<br />

La capacité inspiratoire (CI) correspond à la somme du volume de réserve<br />

inspiratoire <strong>et</strong> du volume courant (environ deux litres).<br />

Le Volume Résiduel (VR) correspond au volume qui subsiste encore dans les<br />

poumons <strong>et</strong> dans les bronches (environ un demi-litre).<br />

La Capacité Résiduelle Fonctionnelle (CRF) représente la somme du volume<br />

résiduel <strong>et</strong> du volume de réserve expiratoire (environ deux litres).<br />

La capacité pulmonaire totale (CPT) représente la somme de la capacité vitale <strong>et</strong><br />

du volume résiduel (environ quatre litres).<br />

38


Figure n°11 : volumes respiratoires au repos<br />

(source : Kapandji I.A., Physiologie articulaire, tome 3, Maloine, 2004)<br />

Comment évoluent ces différents volumes au cours de l’effort ?<br />

Le volume résiduel ne change pas (air impossible à expulser), par contre on assiste à une<br />

augmentation du volume courant jusqu’à un maximum (on appelle le débit ventilatoire le<br />

produit de la fréquence respiratoire par le volume courant).<br />

Le volume de réserve expiratoire augmente de façon significative ce qui veut dire que<br />

l’amplitude de la respiration rapide se situe plus près de la dilatation maximum du thorax<br />

que lors de la respiration de repos. En conséquence de c<strong>et</strong>te augmentation, le volume de<br />

réserve inspiratoire diminue.<br />

39


2) L’OBESITE<br />

1) Généralités sur l’obésité<br />

A- Définition<br />

L’obésité se définit médicalement comme une accumulation excessive ou anormale de<br />

masse grasse ayant des conséquences somatiques, psychologiques <strong>et</strong> sociales, <strong>et</strong><br />

r<strong>et</strong>entissant sur la qualité de vie.<br />

En clinique, l’estimation de c<strong>et</strong>te masse grasse repose sur le calcul de l’indice de masse<br />

corporelle (IMC) ; c<strong>et</strong> indice est le rapport du poids (exprimé en kg) sur le carré de la taille<br />

(exprimée en mètres). Le seuil de l’obésité est fixé à 30, entre 35 <strong>et</strong> 40 on parle d’obésité<br />

sévère <strong>et</strong> à partir d’un IMC de 40, il s’agit d’ une obésité massive ou morbide.<br />

L’IMC est devenu la référence internationale dans la pratique clinique <strong>et</strong> épidémiologique.<br />

Pourtant, c<strong>et</strong>te méthode est fréquemment remise en question. Elle connait de nombreuses<br />

limites, concernant en particulier son caractère normatif <strong>et</strong> sa faible valeur prédictive au<br />

niveau individuel (pour un même IMC, la composition corporelle peut être différente de<br />

l’individu en fonction en particulier, de la musculature <strong>et</strong> du sexe).<br />

Pour un poids égal, les conséquences de l’obésité sur la santé, <strong>et</strong> notamment sur la<br />

fonction respiratoire peuvent être très différentes d’un suj<strong>et</strong> à l’autre. Plus que la quantité<br />

du dépôt graisseux, ce serait davantage la localisation de ce dépôt qui influencerait la<br />

fonction pulmonaire.<br />

Jean Vague a établi plusieurs morphotypes qui se distinguent non seulement en termes de<br />

risque, mais aussi sur le plan physiopathologique ; ce fait important n’est pas toujours<br />

reconnu, ce qui entraîne une confusion dans les études épidémiologiques, le travail clinique<br />

<strong>et</strong> le traitement. Nous avons pourtant affaire à trois conditions très différentes :<br />

L’obésité androïde donne une silhou<strong>et</strong>te en forme de pomme, elle est plus fréquente chez<br />

l’homme. Le tissu adipeux prédomine à la partie supérieure du corps : l’ abdomen susombilical,<br />

le thorax, les épaules, les creux sus-claviculaires, le cou <strong>et</strong>, de façon<br />

caractéristique, la nuque. Parallèlement le tissu adipeux apparaît diminué au niveau des<br />

fesses <strong>et</strong> des cuisses. On note souvent un visage coloré (érythrose) <strong>et</strong> chez la femme une<br />

pilosité accrue (hypertrichose). C<strong>et</strong> aspect évoque la silhou<strong>et</strong>te du malade atteint<br />

40


d’hypercorticisme (Syndrome de Cushing) mais on n’observe ni hypertrophie cutanée ni<br />

verg<strong>et</strong>ures ni amyotrophie caractéristiques de ce syndrome.<br />

Il est classiquement admis que ce type d’obésité augmente les risques de pathologies<br />

cardio-vasculaires <strong>et</strong> métaboliques (diabète, hyperlipidémie, hypertension artérielle <strong>et</strong><br />

athérosclérose). Moins fréquemment cité, notons la responsabilité de l’obésité androïde<br />

dans la diminution des volumes pulmonaires, <strong>et</strong> cela quel que soit le niveau d’IMC.<br />

L’obésité gynoïde donne une silhou<strong>et</strong>te en forme de poire ; elle est plus fréquente chez la<br />

femme. Le tissu adipeux prédomine c<strong>et</strong>te fois à la partie inférieure du corps : abdomen<br />

sous-ombilical, cuisses <strong>et</strong> fesses.<br />

Les risques métaboliques ne sont pas majorés par ce type d’obésité. Elle peut par contre<br />

se compliquer d’insuffisance veineuse des membres inferieurs, de dégradation articulaire à<br />

type de gonarthrose ou de coxarthrose, ou encore d’algies vertébrales (lombalgies avec<br />

hyperlordose lombaire).<br />

Le déterminisme de la répartition des graisses reste non élucidé <strong>et</strong> fait l’obj<strong>et</strong> de<br />

nombreuses recherches. A l’origine du type androïde on évoque des facteurs génétiques,<br />

environnementaux (stress, alcool, tabac, sédentarité), <strong>et</strong> endocriniens (hypersécrétion de<br />

cortisol, hyperinsulinisme, diminution de la testostérone chez l’homme <strong>et</strong> de la<br />

progestérone chez la femme).<br />

L’influence des hormones sexuelles sur la répartition des graisses pourrait expliquer que le<br />

risque de maladies métaboliques soit comparativement plus élevé chez l’homme que chez<br />

la femme avant l’âge de la ménopause (ce risque s’équilibre ensuite après la ménopause).<br />

La définition de l’obésité abdominale actuellement r<strong>et</strong>enue est un tour de taille de 90 cm<br />

chez la femme <strong>et</strong> 100 cm chez l’homme. Le tour de taille ne distingue pas les dépôts<br />

adipeux sous cutanés <strong>et</strong> viscéraux (seul le scanner perm<strong>et</strong>trait d’étudier la graisse intraabdominale).<br />

L’obésité viscérale, sous-groupe de l’obésité abdominale , correspond à une augmentation<br />

de la masse grasse intra-abdominale, péritonéale <strong>et</strong> viscérale ; elle affecte en particulier les<br />

dépôts adipeux intestinaux (mésentériques, épiploïques <strong>et</strong> rétropéritonéaux). Son<br />

r<strong>et</strong>entissement métabolique important serait une conséquence du drainage vers le foie par<br />

le système porte, des acides gras libres issus du tissu adipeux intra-abdominal.<br />

Habituellement l’augmentation de la masse adipeuse viscérale est accompagnée d’une<br />

répartition androïde des graisses, mais elle peut exister isolément, y compris en l’absence<br />

de surcharge pondérale.<br />

L’excès pondéral <strong>et</strong> plus particulièrement l’excès de tissu adipeux périviscéral intra<br />

abdominal est corrélé au degré de résistance à l’insuline (nous le verrons plus tard).<br />

Le syndrome polymétabolique correspond à une agrégation de symptômes chez un<br />

individu présentant une obésité viscérale ; celle-ci est associée à des anomalies de la<br />

tolérance au glucose, une dyslipidémie <strong>et</strong> d’autres facteurs de risque vasculaire.<br />

41


On évoque un syndrome polymétabolique lorsque coexistent au moins trois des éléments<br />

cliniques ou anomalies métaboliques suivants : un excès de poids avec une répartition<br />

abdominale dominante, une hypertension artérielle, des anomalies de la tolérance au<br />

glucose, une dyslipidémie (avec élévation modérée des triglycérides <strong>et</strong> une diminution du<br />

HDL-cholestérol, des facteurs de l’hémostase modifiés, une élévation de certaines<br />

protéines de l’inflammation, une élévation des gamma GT).<br />

En pratique, il convient de r<strong>et</strong>enir que certains éléments cliniques <strong>et</strong> examens simples<br />

confirment l’orientation en faveur du syndrome plurimétabolique :<br />

un antécédent familial de diabète de type 2 <strong>et</strong>, chez la femme, la naissance d’un<br />

enfant avec macrosomie<br />

l’indice de masse corporelle<br />

le tour de taille à mi-distance entre les fausses côtes <strong>et</strong> l’épine iliaque est un<br />

paramètre simple d’orientation<br />

une glycémie à jeun supérieure à 1,10 g/l <strong>et</strong>/ou supérieure à 1,40 g/l à la 2e heure<br />

de l’épreuve d’hyperglycémie provoquée orale (HGPO). En cas de normalité glycémique,<br />

une élévation de l’insulinémie à jeun supérieure à 15 mUI/ml. Des triglycérides supérieurs à<br />

1,5 g/l chez la femme <strong>et</strong> 1,7 g/l chez l’homme, un HDL cholestérol abaissé au-dessous de<br />

0,45 g/l chez la femme <strong>et</strong> 0,35 g/l chez l’homme;<br />

des Gamma GT élevées <strong>et</strong> l’évocation d’une stéatose hépatique non alcoolique.<br />

De tels paramètres conduisent dans le même temps à préciser le degré de sédentarité, à<br />

réaliser une enquête alimentaire minimale <strong>et</strong> à rechercher d’autres facteurs de risque de<br />

maladie coronaire ou d’atteinte hépatique.<br />

B- Un phénomène de société<br />

L’obésité devient un véritable phénomène de société. Aux Etats-Unis, c’est bientôt un<br />

adulte sur quatre qui est obèse. En France, elle est en n<strong>et</strong>te progression ; la proportion<br />

d’obèses est passée de 8,5% à 14,5% dans la population adulte, <strong>et</strong> concernerait<br />

aujourd’hui plus de six millions de personnes ; on constate une augmentation des inégalités<br />

entre les différentes classes sociales.<br />

On estime que si c<strong>et</strong>te progression alarmante continuait, il y aurait 20 % de Français<br />

obèses en 2020…<br />

Francis Delpeuch <strong>et</strong> Bernard Maire nous proposent un éclairage original de l’obésité dans<br />

notre société aujourd’hui.<br />

« L'obésité, un problème alimentaire ? Pas seulement. L'épidémie mondiale qui se profile<br />

révèle surtout les dysfonctionnements d'un système agro-alimentaire basé sur une logique<br />

42


industrielle, <strong>et</strong> rappelle que se nourrir est tout sauf simple. Comment mener une action<br />

efficace ? Devrons-nous plutôt apprendre à gérer une société d'obèses ? […]<br />

Notre goût pour le sucre est ancien <strong>et</strong> puissant : m<strong>et</strong>tez un peu d’eau sucrée sur les lèvres<br />

d’un nourrisson, il sourit immédiatement, preuve que l’attirance vers le sucre est innée.<br />

Certains anthropologues font même de notre goût immodéré pour le sucre l’un des facteurs<br />

qui ont pu favoriser, à l’origine, le développement considérable de notre cerveau de<br />

l’évolution (le cerveau ne peut en eff<strong>et</strong> fonctionner qu’en brûlant le glucose). Mais ce qui fut<br />

une attirance utile à une lointaine époque, où le sucre pur était rare, se révèle<br />

problématique en période d’abondance.<br />

Idem pour les graisses, vers lesquelles nous sommes, comme les autres animaux,<br />

irrésistiblement attirés. Leur présence dans un aliment procure un plaisir gustatif très fort.<br />

Mais la graisse contient, à masse équivalente, une quantité beaucoup plus importante que<br />

les autres types de nutriment (9kcal/g contre 4kcal pour les glucides ou protéines).<br />

Des millénaires de dis<strong>et</strong>te, voire de famine, ont sans doute conditionné notre attirance pour<br />

c<strong>et</strong>te nourriture très riche. Un goût pour le luxe que notre corps paie aujourd’hui au prix<br />

fort. » 3<br />

Notre corps paie le prix fort, mais c’est la société qui aujourd’hui en paye le prix fort, <strong>et</strong> doit<br />

pour cela trouver des stratégies thérapeutiques les mieux appropriées pour lutter contre ce<br />

fléau. Les dirigeants politiques semblent enfin prendre la mesure de la progression de<br />

l’obésité. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, devrait décréter l’obésité “grande<br />

cause nationale” d’ici la fin février <strong>et</strong> annoncer plusieurs mesures phares. Le rapport sur ce<br />

suj<strong>et</strong>, qui lui a été remis le 17 décembre 2009, n’a pas été rendu public pour l’instant.<br />

Sans attendre, des médecins, des nutritionnistes <strong>et</strong> des scientifiques se sont réunis pour<br />

bâtir un plan idéal en 19 actions à engager au plus vite (détaillées en pages annexes).<br />

Paul Campos est l'auteur de The Obesity Myth, (le mythe de l'obésité), un livre déjà bien<br />

connu outre Atlantique, qui est vite devenu une référence pour ceux qui réclament une<br />

réflexion authentique <strong>et</strong> des informations indépendantes à propos des régimes, de l'obésité<br />

<strong>et</strong> des problèmes de poids dans nos sociétés.<br />

« La minceur a une signification métaphorique en Amérique aujourd'hui. Les Américains -<br />

<strong>et</strong> particulièrement les élites américaines - lui attribuent de la valeur pour exactement la<br />

même raison que quelqu'un qui souffre d'anorexia nervosa : parce que ne pas manger<br />

signifie ne pas laisser place au désir. Etrangement, ce que les élites américaines trouvent<br />

le plus désirable est un corps dont l'apparence signale un triomphe de la volonté sur le<br />

désir lui même. Ainsi, la vertu du corps n'est pas tant indiquée par la minceur en ellemême,<br />

mais plutôt par les efforts qu'elle représente. Finalement l'acharnement contre la<br />

graisse est une cause <strong>et</strong> une conséquence de la transformation d'une mentalité de réussite<br />

par le travail à la mentalité américaine de régime. […]<br />

Le mythe de l'obésité prospère en Amérique parce que l'Amérique est une culture de<br />

désordres alimentaires. D'ailleurs, les symptômes principaux de c<strong>et</strong>te situation - nos taux<br />

3 Delpeuch F., Maire B., Tous obèses ? L’obésité, un choix de société, Dunod, 2006, 186p.<br />

43


croissants de "surpoids", de boulimie <strong>et</strong> d'anorexie - sont également des symptômes, <strong>et</strong> des<br />

métaphores d'un plus large ensemble d'inquiétudes culturelles. […]<br />

Pour les Américains les plus aisés en particulier, il est plus facile de traiter l'inquiétude au<br />

suj<strong>et</strong> de la consommation excessive en s'obsédant au suj<strong>et</strong> du poids, plutôt qu'en faisant<br />

réellement face à des menaces bien plus sérieuses à notre santé sociale <strong>et</strong> politique.<br />

Nous pouvons conduire de grosses voitures qui dégagent des tonnes d'hydrocarbure dans<br />

l'atmosphère. Nous pouvons consommer une part très disproportionnée des ressources<br />

naturelles limitées. Nous pouvons encourager une politique étrangère qui consiste à<br />

expédier les militaires partout sans prendre en considération les objections de nos alliés.<br />

Mais au moins nous ne mangeons pas ce cookie supplémentaire qui nous est offert. » 4<br />

C- Les causes de l’obésité<br />

Les facteurs susceptibles d’entraîner une prise de poids pathologique sont multiples <strong>et</strong><br />

partiellement identifiés. Interviennent des facteurs biologiques (pour une part génétiques),<br />

des facteurs environnementaux (urbanisation, abondance alimentaire), des facteurs<br />

comportementaux, psychologiques, psychosociaux <strong>et</strong> culturels (stress, perturbation<br />

émotionnelle).<br />

Parmi les circonstances déclenchantes les plus fréquentes figurent l’arrêt de l’activité<br />

sportive, les évènements hormonaux (puberté, grossesse, ménopause), émotionnels ou<br />

affectifs (dépression, deuil), les changements d’environnement relationnels (mariage,<br />

divorce, déménagement) ou professionnels (perte d’emploi), les interventions chirurgicales,<br />

le sevrage tabagique, certains médicaments (stéroïdiens, neuroleptiques ou<br />

antidépresseurs), exceptionnellement un traumatisme crânien ou une pathologie organique.<br />

Selon Rémi Burcelin, directeur de recherche de l'INSERM à Toulouse, l’ obésité n'est pas<br />

une affaire de calories mais de bactéries. La flore intestinale serait impliquée dans l'obésité<br />

qui serait créée par une modification de la flore intestinale due à une absorption importante<br />

de graisses. Si on mange très gras ; les bactéries qui se nourrissent de fibres diminueraient<br />

<strong>et</strong> disparaîtraient. L'organisme déclencherait alors le développement de cellules<br />

graisseuses. Les gènes de l'être humain pourraient être sous dépendance des bactéries.<br />

Voici les principales causes organiques de l’obésité :<br />

Les dérèglements endocriniens ( Hypercorticisme, hypothyroïdie, insulinome..)<br />

Les causes neurologiques, entrainant trouble de la prise alimentaire (traumatismes,<br />

encéphalite, syphilis, tumeur).<br />

Les causes génétiques (Syndrome d’Alström, Syndrôme de Bard<strong>et</strong>-Biedl). Ces<br />

syndromes associent obésité, hypogonadisme, souvent p<strong>et</strong>ite taille <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ard mental.<br />

4 Campos P., The Obesity Myth : Why America's Obsession With Weight Is Hazardous To Your Health, Gotham Books,<br />

2004, 304p.<br />

44


D- Biologie du tissu adipeux<br />

Chez l’adulte, le tissu adipeux comporte différentes cellules :<br />

- Des adipocytes matures qui contiennent de grandes quantités de triglycérides sous<br />

forme d’une gouttel<strong>et</strong>te lipidique<br />

- Des adipocytes de très p<strong>et</strong>ite taille<br />

- Des précurseurs adipocytaires<br />

- Des cellules endothéliales<br />

- Des macrophages, des vaisseaux <strong>et</strong> des nerfs<br />

- Des ganglions lymphatiques, un tissu de soutien.<br />

Les adipocytes matures représentent environ un tiers des cellules. Ce tissu est richement<br />

vascularisé <strong>et</strong> innervé. Les adipocytes sont en contact étroit avec les capillaires sanguins<br />

dont la perméabilité perm<strong>et</strong> des échanges métaboliques intenses. Le débit sanguin du tissu<br />

adipeux représente environ 3à 7 % du débit cardiaque chez le suj<strong>et</strong> mince, tandis qu’il est<br />

multiplié par 5 à 10 chez le suj<strong>et</strong> obèse. Le tissu adipeux se répartit en différents dépôts<br />

sous-cutanés <strong>et</strong> viscéraux, périphériques <strong>et</strong> centraux dont les caractéristiques diffèrent. Par<br />

exemple, les réserves lipidiques au niveau des hanches (obésité gynoïde) sont moins<br />

mobilisables que celles des adipocytes abdominaux (obésité abdominale).<br />

Le tissu adipeux est le principal réservoir d’énergie mobilisable de l’organisme.<br />

L’importance quantitative de la réserve énergétique lipidique est sans commune mesure<br />

avec celle de la réserve glucidique ; l’intérêt de c<strong>et</strong>te forme de réserve d’énergie est d’être<br />

particulièrement rentable en raison du caractère hydrophobe des lipides.<br />

C’est aussi un système de protection thermique <strong>et</strong> de protection mécanique.<br />

Enfin, l’adipocyte est un organe endocrine <strong>et</strong> paracrine.<br />

Le tissu adipeux, métaboliquement très actif, sécrète de nombreux peptides appelés<br />

adipocytokines. Ces peptides à eff<strong>et</strong> local <strong>et</strong> général rendent compte de l’importance du<br />

rôle endocrine du tissu adipeux. Ils créent un état inflammatoire chronique de faible<br />

intensité participant notamment à l’insulinorésistance <strong>et</strong> aux complications<br />

cardiovasculaires, <strong>et</strong> peut être aussi à certaines maladies respiratoires.<br />

La leptine produite par l’adipocyte participe à la régulation hypothalamique du<br />

comportement alimentaire <strong>et</strong> à la dépense d’énergie.<br />

La résistine, identifiée récemment, est excessive en cas d’obésité abdominale associée à<br />

une insulinorésistance qu’elle induit.<br />

L’adiponectine augmente la sensibilité à l’insuline <strong>et</strong> favorise l’oxydation des acides gras<br />

par les muscles. Sa production adipocytaire est réduite chez les suj<strong>et</strong>s obèses.<br />

La liste de ces adipocytokines est longue <strong>et</strong> n’est pas close : parmi elles,<br />

l’angiotensinogène <strong>et</strong> l’angiotensine II peuvent participer à la genèse de l’hypertension<br />

artérielle chez l’obèse. L’expression excessive du PAI-1 par le tissu adipeux hypertrophié,<br />

45


en particulier périviscéral, peut expliquer un risque thrombotique accru. Le facteur de<br />

nécrose tumorale D (TNF-D) dans ce même tissu adipeux aggrave l’insulinorésistance,<br />

participe au processus inflammatoire.<br />

Un excès pondéral abdominal <strong>et</strong> viscéral s’accompagne donc de multiples modifications<br />

sécrétoires adipocytaires qui concourent à l’insulinorésistance <strong>et</strong> à ses complications.<br />

Ainsi, les mécanismes à l’origine de la dyslipidémie, de l’élévation de la pression artérielle,<br />

des anomalies de l’hémostase <strong>et</strong> de la fibrinolyse <strong>et</strong> des dysfonctions endothéliales<br />

peuvent trouver leur explication au niveau de ces troubles de la production des<br />

adipocytokines.<br />

Le tissu adipeux est d’une exceptionnelle plasticité. Tout au long de la vie, il reste capable<br />

de se développer. L’augmentation de la masse grasse résulte d’une élévation de la taille<br />

des adipocytes (hypertrophie, de leur nombre (hyperplasie) ou des deux. L’hypertrophie<br />

précède généralement l’hyperplasie. La taille des adipocytes est le résultat de la balance<br />

lipogenèse/lipolyse ; au-delà d’une certaine taille, la cellule adipeuse ne grossit plus, c’est<br />

alors l’hyperplasie : il y a prolifération des cellules souches , qui vont se différencier en<br />

adipocytes.<br />

De nombreux facteurs, intrinsèques ou extrinsèques, moléculaires ou cellulaires, sont<br />

impliqués dans ce processus de prolifération du tissu adipeux.<br />

Une fois différenciées, les cellules ne r<strong>et</strong>ournent pas au stade de précurseur ; l’hyperplasie<br />

semble irréversible. Le niveau minimal de masse grasse qu’il est possible d’atteindre est<br />

donc limité par le nombre d’adipocytes. Si ce nombre est élevé soit constitutionnellement,<br />

soit à la suite du recrutement de nouvelles cellules lors de la prise de poids, il est difficile<br />

d’abaisser le volume de la masse grasse en dessous d’un certain seuil , sauf en cas de<br />

restriction alimentaire permanente.<br />

Cela explique pourquoi, au-delà d’une certaine ampleur <strong>et</strong> d’une certaine durée, le r<strong>et</strong>our<br />

au poids antérieur n’est plus possible.<br />

La physiologie des réserves énergétiques ne se limite donc pas à la question d’une<br />

balance entre entrées <strong>et</strong> sorties. Elle doit aussi tenir compte des capacités cellulaires <strong>et</strong><br />

anatomiques de stockage.<br />

46


2) Complications respiratoires de l’obésité<br />

Les complications respiratoires de l’obésité ont une place importante dans la prise en<br />

charge multidisciplinaire des patients obèses, en raison de leur fréquence <strong>et</strong> de leurs<br />

conséquences sur le pronostic <strong>et</strong> la qualité de vie.<br />

A-Modifications physiologiques du système respiratoire<br />

La compliance du système respiratoire est diminuée chez l’obèse (diminution de 35%),<br />

essentiellement en raison d’une diminution de la compliance de la paroi thoracique liée aux<br />

difficultés d’expansion des côtes <strong>et</strong> du diaphragme. La compliance pulmonaire est<br />

également abaissée dans l’obésité, les mécanismes incriminés étant l’augmentation du<br />

volume sanguin pulmonaire <strong>et</strong> la ferm<strong>et</strong>ure aérienne des bases pulmonaires.<br />

La mécanique respiratoire des obèses est affectée par la réduction des compliances<br />

thoracique, pariétale <strong>et</strong> parenchymenteuse en rapport, d’une part, avec l’infiltration<br />

adipeuse des muscles intercostaux, du diaphragme <strong>et</strong> de l’abdomen <strong>et</strong>, d’autre part, avec<br />

la limitation des mouvements du thorax (notamment par la cyphose thoracique <strong>et</strong><br />

l’hyperlordose lombaire) <strong>et</strong> l’augmentation de la pression mécanique intra-abdominale.<br />

L’augmentation des pressions mécaniques intra-abdominales, la baisse de la compliance <strong>et</strong><br />

la demande métabolique accrue sont responsables d’une augmentation du travail des<br />

muscles respiratoires. Le travail respiratoire est augmenté d’environ 60% chez l’obèse, <strong>et</strong> le<br />

coût énergétique de la respiration, estimé par la consommation d’oxygène des muscles<br />

respiratoires par litre de ventilation, est quatre fois plus élevé chez les patients obèses.<br />

C<strong>et</strong>te augmentation de la dépense énergétique peut se traduire par une fatigue générale<br />

importante au sein de la population d’obèses.<br />

47


B- Trouble ventilatoire restrictif<br />

L’anomalie fonctionnelle respiratoire la plus fréquente <strong>et</strong> la plus caractéristique de l’obésité<br />

est la diminution du volume de réserve expiratoire (VRE) ; c<strong>et</strong>te diminution du VRE dépend<br />

de l’importance de l’obésité, <strong>et</strong> elle est plus importante en décubitus dorsal qu’en position<br />

assise ou debout.<br />

La diminution du VRE est souvent associée à une diminution de la Capacité Résiduelle<br />

Fonctionnelle (CRF) ; elle est liée aux modifications des propriétés élastiques du poumon <strong>et</strong><br />

de la paroi thoracique. Du fait de la forte baisse du VRE, chez certains patients, la CRF est<br />

très proche du Volume Résiduel (VR) <strong>et</strong> ceci est associé à une diminution importante de la<br />

ventilation des bases pulmonaires.<br />

Au cours de l’effort, nous avons vu qu’il est normalement associé une augmentation du<br />

volume de réserve expiratoire ; dans le cas des personnes obèses, la faible dilatation<br />

thoracique ne perm<strong>et</strong> pas une expansion correcte de ce volume de réserve expiratoire,<br />

phénomène s’intégrant à la dyspnée d’effort de ces personnes.<br />

Le type d’obésité joue un rôle important dans les conséquences de l’obésité sur la fonction<br />

ventilatoire : l’obésité androïde entraîne une diminution plus importante du VRE, de la<br />

capacité vitale <strong>et</strong> de la capacité pulmonaire totale que l’obésité gynoïde.<br />

Un véritable trouble ventilatoire restrictif, défini par une diminution de la capacité<br />

pulmonaire totale, est beaucoup plus rare, <strong>et</strong> n’est le plus souvent observé qu’en cas<br />

d’obésité sévère voire massive.<br />

C- Trouble ventilatoire obstructif <strong>et</strong> asthme<br />

Plusieurs études ont montré que l’obésité est associée à l’existence d’un trouble ventilatoire<br />

obstructif portant sur les voies aériennes périphériques, en l’absence de tabagisme.<br />

D’autres études publiées au cours des dernières années suggèrent que la prévalence de<br />

l’asthme est augmentée chez les obèses. Plusieurs mécanismes peuvent être évoqués<br />

pour expliquer la relation entre obésité <strong>et</strong> asthme : majoration de la ferm<strong>et</strong>ure précoce des<br />

voies aériennes en expiration, fréquence accrue du reflux gastro-œsophagien. Cependant<br />

ce lien de causalité entre obésité <strong>et</strong> asthme n’est pas formellement démontré, <strong>et</strong> il n’est pas<br />

exclu que des facteurs associés à l’asthme puissent favoriser l’obésité (diminution de<br />

l’activité physique, corticothérapie orale).<br />

48


D- Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS)<br />

Il s’agit de la complication respiratoire la plus fréquente, <strong>et</strong> doit être recherchée<br />

systématiquement. Le SAS est défini par un index apnées-hypopnées (nombre d’apnées <strong>et</strong><br />

hypopnées par heure de sommeil) supérieur à 10. Chez une population d’obèses, environ<br />

un quart des hommes est atteint du SAS ; les femmes sont moins touchées (10%) car la<br />

prévalence du SAS augmente plutôt dans l’obésité de type androïde <strong>et</strong> abdominale.<br />

Les apnées obstructives rencontrées dans le SAS résultent d’anomalies anatomiques <strong>et</strong>/ou<br />

fonctionnelles des voies aériennes supérieures (VAS).<br />

Il existe un rétrécissement au niveau de l’oropharynx. Chez le suj<strong>et</strong> obèse éveillé, la<br />

perméabilité des VAS est maintenue grâce à une augmentation de l’activité des muscles<br />

dilatateurs des VAS. La diminution de l’activité des ces muscles pendant le sommeil, en<br />

particulier le genioglosse, favorise la survenue d’apnées obstructives.<br />

Les mécanismes de ce rétrécissement des VAS sont multiples : hypertrophie du voile du<br />

palais <strong>et</strong> des structures lymphoïdes, dépôts graisseux autour des parois postéro latérales<br />

de l’oropharynx vélaire <strong>et</strong> augmentation de la graisse sous-cutanée cervicale.<br />

Une augmentation de la compliance des VAS a été démontrée chez les patients obèses<br />

atteints de SAS <strong>et</strong> pourrait prédisposer à leur occlusion pendant le sommeil.<br />

Le SAS est associé à des complications cardiovasculaires qui aggravent les conséquences<br />

de l’obésité sur le système cardio-vasculaire (HTA, dysfonction ventriculaire gauche,<br />

maladie coronarienne <strong>et</strong> AVC).<br />

Il est donc important de savoir repérer les principaux signes cliniques du SAS ; son<br />

diagnostic précoce est essentiel, <strong>et</strong> nous avons un rôle à jouer dans le dépistage de ce<br />

syndrome.<br />

- Symptômes diurnes : asthénie chronique, troubles de l’humeur, céphalées<br />

matinales.<br />

- Symptômes nocturnes : ronflements, pauses respiratoires, polyurie, sensation<br />

d’asphyxie.<br />

49


E- Le syndrome <strong>Obésité</strong>-hypoventilation (SOH)<br />

Le SOH était considéré comme une curiosité quand il a été décrit pour la première fois il y a<br />

plus de 50 ans par Burwell (en 1956), qui décrivait un syndrome associant une obésité<br />

importante, une insuffisance respiratoire chronique hypercapnique <strong>et</strong> r<strong>et</strong>entissement<br />

cardiaque droit. Ce syndrome fut appelé « Syndrome Pickwickien » ; en eff<strong>et</strong>, le tableau<br />

brossé par Charles Dickens, du jeune garçon de ferme Joé, dans sa première nouvelle en<br />

1836 correspondait exactement à la présentation clinique de leur patient (Joé est<br />

sévèrement obèse, il a les jambes enflées, il s’endort immédiatement après le repas <strong>et</strong> il<br />

est le plus souvent assoupi ou somnolent).<br />

Le renouvellement indiscutable de l’intérêt pour le SOH depuis quelques années tient sans<br />

doute à la fréquence aujourd’hui reconnue de c<strong>et</strong>te affection qui représente sans doute<br />

actuellement, après le BPCO, la première cause d’insuffisance respiratoire chronique.<br />

Il existe pourtant très peu de données épidémiologiques concernant le SOH, <strong>et</strong> les<br />

statistiques données par différentes études montrent encore le flou concernant la<br />

proportion exacte du SOH chez une population d’obèses. Selon une étude nord-americaine<br />

récente, 31% d’obèses en milieu hospitalier présentent un SOH. Selon une autre étude<br />

(ANTADIR), chez 174 patients souffrant de SAOS <strong>et</strong> ayant un IMC > 40kg/m², 41 avaient<br />

un SOH soit 23,6%. Mais en pratique, plusieurs études s’accordent pour estimer la<br />

fréquence du SOH chez les obèses sévères en dessous de 10%. Il s’agit donc d’une<br />

affection qui est loin d’être la règle dans une population générale d’obèses, mais qui<br />

pourrait s’avérer de plus en plus fréquente.<br />

Le SOH est défini par l’existence d’une hypoventilation alvéolaire chronique (PaO2 < 70<br />

mmHg, PaCO2 > 45 mm Hg) chez des patients obèses ne présentant pas d’affection<br />

respiratoire. Contrairement à la définition historique du Syndrome de Pickwick, dans la<br />

définition actuelle l’obésité n’est pas obligatoirement sévère, <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>entissement cardiaque<br />

droit n’est plus mentionné. Notons par ailleurs que le SOH n’implique pas forcément un<br />

syndrome d’apnées du sommeil même si les deux affections coexistent souvent (un SAOS<br />

est présent chez environ 80% des patients SOH).<br />

Nous avons donc vu que la grande majorité des obèses ne présentent pas de SOH ;<br />

pourquoi alors certains obèses développent-ils une hypoventilation alvéolaire ? Les<br />

facteurs responsables de c<strong>et</strong>te hypoventilation survenant chez des obèses pourtant<br />

indemnes d’affection respiratoire chronique ne sont pas encore totalement élucidés. Le<br />

mécanisme principal de l’hypoventilation alvéolaire dans l’obésité semble être<br />

l’augmentation du travail respiratoire. D’autres mécanismes peuvent être impliqués :<br />

diminution de la performance des muscles respiratoires, dysfonctionnement des centres<br />

respiratoires, existence d’un SAS ; le rôle de la leptine est aussi parfois évoqué.<br />

50


F- L’examen pleuro-pulmonaire<br />

Le patient obèse consulte en général l’ostéopathe pour des arthralgies, ou des symptômes<br />

perturbant la vie quotidienne, mais jamais pour des affections viscérales intra-thoraciques ;<br />

certaines fixations ostéo-articulaires peuvent expliquer une dyspnée, une névralgie<br />

intercostale, des précordialgies. Pourtant sous ces symptômes se cachent parfois des<br />

maladies graves où un diagnostic précoce peut être salutaire. Certains patients, atteints de<br />

cancer ou de tuberculose, peuvent ainsi venir consulter pour des dorsalgies, des<br />

périarthrites scapulo-humérales, des cervicalgies ou des lombalgies. La fréquence des<br />

maladies respiratoires au sein de la population obèse est plus élevée que dans la<br />

population générale ; étudions à ce titre quelques signes pouvant nous aiguiller vers<br />

quelques grandes pathologies.<br />

L’examen général pourra se montrer attentif à l’observation du thorax, de signes fébriles<br />

(température, frissons, transpiration..), une dyspnée, à des bruits respiratoires anormaux :<br />

cornage (sifflement laryngo-trachéal), stertor (respiration bruyante avec ronflements) ,<br />

sibilances (sifflements qui accompagnent le murmure respiratoire). Il doit également<br />

s’attacher à caractériser la toux ; par exemple, dans l’insuffisance ventriculaire gauche, la<br />

toux est nocturne <strong>et</strong> exagérée en décubitus.<br />

L’inspection du thorax s’attachera à repérer d’éventuels œdèmes ; on suspecte une<br />

pleurésie lorsqu’il est localisé à une base. La pleurésie, ou plutôt ses séquelles,<br />

entraineront une contracture unilatérale des muscles paravertébraux au niveau des<br />

dernières articulations costo-vertébrales. C’est le signe des spinaux de Ramond. Notons à<br />

ce suj<strong>et</strong> que nos classiques tests ostéopathiques de mobilité costo-vertebraux relèveront à<br />

ce niveau une « banale » fixation unilatérale ; notre palpation est peut-être trop orientée sur<br />

des lésions ostéopathiques…<br />

Un œdème à la partie supérieure du thorax peut être du à une compression vasculaire<br />

médiastinale. Une circulation veineuse collatérale superficielle unilatérale dans les régions<br />

claviculaires évoque la compression du système veino-lymphatique par une tumeur ou un<br />

anévrysme médiastinal.<br />

Des signes généraux que l’on rencontre souvent en ostéopathie peuvent révéler des<br />

pathologies lourdes. C’est un faisceau de symptômes qui pourraient alors nous faire penser<br />

à une pathologie grave sous-jacente. Pour ne pas alourdir notre propos, nous ne nous<br />

attarderons pas sur les formes les plus aigües mais plutôt sur les formes débutantes, avec<br />

une émergence de symptômes encore discr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> frustes ; c’est à ce stade là que nous<br />

avons le plus de chance de les rencontrer.<br />

La plèvre pariétale est très sensible, <strong>et</strong> l’on pensera à une origine pleurale dans les algies<br />

vertébro-thoraciques augmentées par la toux <strong>et</strong> les inspirations profondes ; dans le cas<br />

d’une pleurite (pleurésie sèche), la douleur peut être sous la forme d’un point de côté limité<br />

<strong>et</strong> superficiel, ressemblant à une névralgie intercostale.<br />

51


Un pneumothorax spontanée peut se manifester sous la forme de cervicalgies, dorsalgies<br />

hautes avec irradiations intercostales ; les tests de mobilité m<strong>et</strong>tent en évidence des<br />

fixations musculo-ligamentaires de la jonction cervico-dorsale, avec cependant possibilité<br />

de mouvement. Le pneumothorax intervient en général dans un contexte de côte fracturée<br />

venant perforer la plèvre en relation avec des efforts importants ; mais parfois, lors de<br />

mouvements forcés réalisés par les bras <strong>et</strong> la colonne cervicale, certaines fibres<br />

supérieures de la plèvre sont étirées créant des micro-ruptures. Il se pourrait alors que de<br />

nombreux pneumothorax « a minima » échappent à tout diagnostic <strong>et</strong> se cicatrisent d’euxmêmes.<br />

Le patient se présenterait alors avec une cervicalgie, névralgie cervico-brachiale<br />

ou périarthrite scapulo-humérale d’origine « inconnue ».<br />

En cas de pneumothorax, toute manipulation est dangereuse, le risque de propagation du<br />

pneumothorax est réel, s’accompagnant alors d’un déficit respiratoire sévère.<br />

Atteint de tuberculose, le patient peut consulter pour une cervicalgie basse ou des douleurs<br />

d’épaules. Il présente souvent une pâleur, une maigreur, une fatigabilité, la présence de<br />

ganglions pré-scaléniques, rétro-claviculaires <strong>et</strong> axillaires, <strong>et</strong> des p<strong>et</strong>ites poussées de<br />

fièvre. C<strong>et</strong>te maladie connaît une recrudescence <strong>et</strong> peut réapparaître très longtemps après<br />

la primo-infection. Le signe de Ruault est le signe d’un début de tuberculose ; en posant les<br />

deux mains sur les épaules du patient, on ressent lors d’une inspiration une expansion<br />

saccadée ou r<strong>et</strong>ardée de l’un des somm<strong>et</strong>s.<br />

Une personne atteinte d’un cancer du poumon non diagnostiqué peut se présenter pour<br />

des douleurs vertébro-thoraciques assez sourdes le jour mais aigües la nuit. Il existe<br />

parfois des arthralgies, de la fièvre, une toux qui se modifie, un wheezing (bruit respiratoire<br />

anormal à tout moment de la respiration), une hémoptysie, une adénopathie préscalénique,<br />

une fatigabilité, une angoisse.<br />

Le syndrome de Pancoast Tobias est provoqué par une tumeur de l’apex du poumon ; les<br />

cellules cancéreuses envahissent les nerfs qui constituent le plexus brachial, provoquant<br />

d'intenses douleurs de l'épaule <strong>et</strong> du bord interne du bras, ainsi qu'une atrophie des<br />

muscles de la main. Ce syndrome s'associe fréquemment avec celui de Claude Bernard-<br />

Horner, dû à la paralysie unilatérale du sympathique cervical. Il se caractérise par une<br />

diminution de la pupille (myosis), un rétrécissement de la fente des paupières (ptosis), <strong>et</strong> un<br />

globe oculaire qui est plus enfoncé dans l'orbite (enophtalmie). La température de la joue<br />

est plus élevée que du côté sain <strong>et</strong> une sudation plus importante se manifeste du même<br />

côté de la face.<br />

52


3) Autres complications<br />

Les symptômes <strong>et</strong> maladies liés à l’obésité font intervenir de nombreux systèmes :<br />

- Cardiovasculaire (hypertension, maladie artérielle coronarienne, embolie<br />

pulmonaire, défaillance cardiaque congestive, stase veineuse des membres<br />

inferieurs).<br />

- Endocrinien (Hyposensibilité à l’insuline, intolérance au glucose, diabète de type 2,<br />

dyslipidémie, syndrome des ovaires polykystiques, stérilité, aménorrhée).<br />

- Musculo squel<strong>et</strong>tique (arthropathie dégénérative, rachialgies…).<br />

- Gastro-intestinal (reflux gastro-oesophagien, lithiase biliaire, hernie, stéatose<br />

hépatique).<br />

- Génito urinaire (incontinence urinaire d’effort, hypogonadisme).<br />

- Neurologique (accident vasculaire cérébral, hypertension intracranienne).<br />

- Respiratoire (dyspnée, syndrome d’apnée du sommeil, hypoventilation).<br />

- Psychosocial (discrimination sociale, dépression, invalidité professionnelle).<br />

L’obésité a également été associée dans des études épidémiologiques à une augmentation<br />

du risque de certains cancers : côlon, rectum <strong>et</strong> prostate pour l’homme, utérus, sein <strong>et</strong><br />

vésicule pour la femme.<br />

Les pathologies de l’appareil digestif <strong>et</strong> du système ostéo-articulaires sont particulièrement<br />

fréquentes chez le suj<strong>et</strong> obèse ; intéressons-nous y, de manière synthétique.<br />

A-Complications du système digestif<br />

- Le reflux gastro-oesophagien (RGO)<br />

Il correspond au passage d’une partie du contenu gastrique dans l’œsophage, ce<br />

phénomène physiologique devient pathologique lorsque les épisodes de RGO sont<br />

anormalement fréquents ou lorsqu’ils entrainent des lésions de la muqueuse<br />

œsophagienne. Il se manifeste par une brûlure ascendante rétrosternale avec pyrosis de<br />

déclenchement souvent postural (signe du Lac<strong>et</strong>) accompagné parfois de régurgitations.<br />

Les manifestations extra digestives sont principalement la toux chronique, l’asthme, les<br />

douleurs thoraciques pseudo-angineuses, l’enrouement de la voix. R<strong>et</strong>enons qu’il n’existe<br />

pas de parallélisme entre l’importance des signes cliniques <strong>et</strong> des lésions<br />

anatomophysiologiques.<br />

53


Le diagnostic ostéopathique rapportera une coupole en protection (hypomobilité) ainsi qu’<br />

une douleur au niveau de la dixième vertèbre dorsale. Le test de Manson recherche une<br />

douleur en regard du cardia, sur le cartilage de la sixième côte, complété par une<br />

pénétration des pouces vers l’apophyse xyphoide (patient allongé, jambes fléchies).<br />

Une majoration de la douleur par un appui gastrique conforte le test. Pour confirmer <strong>et</strong><br />

préciser le type de hernie, on utilise le test du verre d’eau : le bruit de « chasse d’eau »,<br />

perceptible au stéthoscope au niveau du cardia, se fait entendre environ cinq secondes<br />

après la prise d’un p<strong>et</strong>it verre d’eau. Si ce bruit survient au bout de sept ou huit secondes,<br />

on pense à une hernie par glissement (réductible en ostéopathie) ; à partir de douze<br />

secondes, on suspecte une hernie par roulement (chirurgical).<br />

Plusieurs facteurs favorisent le RGO : la diminution de la pression du sphincter<br />

œsophagien inférieur, la hernie hiatale, un mauvais péristaltisme, <strong>et</strong> un r<strong>et</strong>ard de la vidange<br />

gastrique.<br />

Près de 70% des obèses ont un RGO symptomatique. Les raisons de l’augmentation de<br />

l’incidence du RGO chez l’obèse sont spéculatives <strong>et</strong> probablement multifactorielles, mais<br />

le sphincter œsophagien inférieur <strong>et</strong> la vidange gastrique ne seraient pas en cause. La<br />

hernie hiatale, très fréquente chez l’obèse, <strong>et</strong> l’augmentation de la pression intraabdominale<br />

seraient en revanche directement en cause.<br />

Le RGO peut se compliquer d’œsophagite, d’une sténose peptique, d’un ulcère de<br />

l’œsophage, d’une hémorragie digestive, d’un endobrachyoesophage <strong>et</strong> d’un<br />

adénocarcinome.<br />

- La stéatohépatite non alcoolique<br />

Il s’agit d’une forme d’hépatite chronique avec des lésions histologiques ressemblant à<br />

celles observées au cours de la consommation excessive de boissons alcoolisées mais<br />

survenant en dehors de celle-ci. La stéatohépatite est en fait qu’une des étapes des lésions<br />

hépatiques observées chez le suj<strong>et</strong> obèse qui vont de la stéatose isolée à la fibrose<br />

avancée <strong>et</strong> à la cirrhose.<br />

L’obésité, le diabète de type 2, <strong>et</strong> les hyperlipidémies sont les facteurs de risque les plus<br />

importants de c<strong>et</strong>te pathologie ; elle concerne environ 60% des personnes obèses.<br />

La stéatohépatite est le plus souvent asymptomatique ; une fatigue, des douleurs vagues<br />

de l’hypochondre droit <strong>et</strong> une hépatomégalie sont les signes le plus souvent observés.<br />

- La lithiase biliaire<br />

L’obésité est un facteur lithogène reconnu, surtout chez la femme, <strong>et</strong> augmente n<strong>et</strong>tement<br />

avec l’IMC. La physiopathologie de la lithiase biliaire chez l’obèse fait intervenir la<br />

54


sursaturation de la bile en cholestérol. Elle est le plus souvent asymptomatique, mais peut<br />

se manifester par des douleurs de type colique hépatique (douleur nocturne brutale, irradie<br />

en hémiceinture vers l’épaule droite, la douleur peut être provoquée par le test de Murphy).<br />

Une perte de poids rapide est, chez l’obèse, un facteur de risque connu de lithogénèse ;<br />

sont également des facteurs favorisant la mutation du gène MDR3, la contraception, la<br />

grossesse, l’alimentation riche en calories, en sucres raffinés <strong>et</strong> pauvre en fibres,<br />

l’hypertriglycéridémie, les résections iléales, la nutrition parentérale prolongée <strong>et</strong> certains<br />

médicaments.<br />

B-Complications du système ostéo-articulaire<br />

Les manifestations rhumatologiques sont très fréquentes chez les personnes obèses, <strong>et</strong> si<br />

elles n’ont pas le même caractère de gravité que d’autres complications viscérales de<br />

l’obésité, elles sont cependant la principale cause d’altération de la qualité de vie <strong>et</strong> de<br />

handicap de ces patients.<br />

Notre axe de travail n’est pas ciblé sur les complications du système ostéo articulaire, mais<br />

dans notre optique d’une prise en charge globale de la personne obèse, nous nous<br />

attacherons néanmoins à étudier les pathologies ostéo-articulaires fréquemment<br />

rencontrées chez les personnes obèses.<br />

La gonarthrose<br />

Il est admis que l’excès pondéral est associé à une majoration du risque de gonarthrose,<br />

plus particulièrement chez les femmes. Il existe une corrélation avec l’ancienn<strong>et</strong>é de<br />

l’obésité.<br />

Les liens entre l’obésité <strong>et</strong> les autres localisations de l’arthrose sont moins n<strong>et</strong>s, concernant<br />

la coxarthrose ou l’arthrose digitale notamment. Nous nous limiterons donc ici à l’étude de<br />

la gonarthrose.<br />

La coexistence d’une douleur du genou <strong>et</strong> d’une gonarthrose radiologique ne signifie pas<br />

systématiquement que l’arthrose est la cause de la douleur ; c<strong>et</strong>te remarque est<br />

intéressante pour nous, ostéopathes, en nous rappelant qu’il ne faut pas être aveuglé par la<br />

cause la plus évidente au premier abord, <strong>et</strong> s’attacher à rechercher toutes les étiologies<br />

potentiellement responsables du symptôme.<br />

On distingue les symptômes en faveur d’une atteinte fémoro-patellaire (douleur antérieure<br />

à la descente des escaliers, en position accroupie, avec signe du rabot) de ceux en faveur<br />

d’une atteinte fémoro-tibiale (douleur mécanique en terrain plat, souvent interne).<br />

55


L’obésité semblerait être corrélée plus spécifiquement à l’arthrose fémoro-tibiale qu’à<br />

l’arthrose fémoro-patellaire.<br />

Dans tous les cas, le maintien d’une activité physique est recommandé : elle peut entr<strong>et</strong>enir<br />

la mobilité articulaire <strong>et</strong> la tonicité musculaire, mais aussi participer à la perte de poids.<br />

La goutte<br />

L’augmentation de la prévalence de la goutte constatée dans les pays développés depuis<br />

la fin de la seconde guerre mondiale est en grande partie liée aux modifications du<br />

comportement alimentaire. Il existe une corrélation très significative entre l’hyperurécemie<br />

<strong>et</strong> l’obésité.<br />

Le mécanisme de l’hyperurécemie associée à une surcharge pondérale sont multiples :<br />

excès d’apport alimentaire de purines (viandes) <strong>et</strong> d’alcool (qui favorisent la production<br />

d’urée), <strong>et</strong> de graisses (diminuent l’élimination rénale d’acide urique).<br />

Les pathologies rachidiennes<br />

Certaines pathologies rachidiennes se rencontrent, ou semblent se rencontrer plus<br />

fréquemment chez les personnes obèses :<br />

- Les lombalgies <strong>et</strong> lombosciatiques d’origine discale<br />

- Les lombalgies par arthrose inter-apophysaire postérieure (typiquement aggravées<br />

en hyperextension)<br />

- L’hyperostose vertébrale engainante de Forestier ; elle est r<strong>et</strong>rouvée chez 40% des<br />

personnes obèses ; elle est définie par le développement de volumineux<br />

ostéophytes vertébraux. C<strong>et</strong>te affection est diffuse <strong>et</strong> peut toucher toutes les<br />

enthèses, en particulier les genoux, les épaules, le bassin <strong>et</strong> la hanche. Elle est<br />

rarement douloureuse, mais est souvent la cause d’un enraidissement du rachis<br />

lombaire. Plusieurs études ont montré une association avec un hyperinsulinisme, <strong>et</strong><br />

font de c<strong>et</strong>te affection un trouble métabolique.<br />

- Le rétrécissement du canal lombaire ; l’association d’une discarthrose lombaire,<br />

d’une maladie de Forestier <strong>et</strong> d’une arthrose inter-apophysaire postérieure peut<br />

aboutir à un rétrécissement du canal avec compression positionnelle des dernières<br />

racines lombo-sacrées, <strong>et</strong> s’exprime par des douleurs ou de simples paresthésies,<br />

de traj<strong>et</strong> radiculaire, survenant à la marche <strong>et</strong> calmées par la position assise ou par<br />

le procubitus, positions qui agrandissent le canal médullaire.<br />

- La lipomatose épidurale ; l’obésité peut exceptionnellement en être responsable ; il<br />

s’agit d’une accumulation de graisse dans l’espace épidural à l’origine d’une<br />

souffrance radiculaire ou médullaire.<br />

Les tendinopathies<br />

- La tendinite de la patte d’oie est particulièrement rencontrée en cas d’obésité ; elle<br />

se traduit par une douleur de la partie supéro-interne du tibia. La pression r<strong>et</strong>rouve<br />

56


un point douloureux exquis <strong>et</strong> la flexion/rotation externe contrariée de la jambe sur la<br />

cuisse augmente parfois la douleur. C<strong>et</strong>te tendinopathie doit être distinguée de<br />

panniculoses du genou : il s’agit de masses lipomateuses sensibles des faces<br />

internes de genoux.<br />

- La tendinite du moyen fessier, également fréquente, sera évoquée devant une<br />

douleur de la région trochantérienne survenant en décubitus latéral, en particulier la<br />

nuit, <strong>et</strong> réveillée par les mouvements d’abduction de la hanche. Il existe un point<br />

douloureux précis sur l’insertion trochantérienne.<br />

Pathologies du pied<br />

L’obésité chez l’enfant semble perturber le développement normal de l’architecture du pied<br />

<strong>et</strong> pourrait constituer un handicap ultérieur limitant l’activité physique.<br />

Les femmes obèses de plus de 50 ans sont très souvent suj<strong>et</strong>tes aux talalgies plantaires ;<br />

elles se traduisent par une douleur exquise à la pression sur la tubérosité postéro interne<br />

du calcanéum en avant <strong>et</strong> en dedans du talon. Les clichés osseux peuvent montrer une<br />

ossification de l’enthèse de l’aponévrose plantaire (épine calcanéenne).<br />

Les pieds plats, le syndrome de Morton, l’hallux-valgus, les orteils en marteau seraient plus<br />

fréquents chez les obèses, mais la pathologie du pied du suj<strong>et</strong> obèse reste encore à<br />

étudier.<br />

Pathologies du métabolisme phosphocalcique<br />

- L’ostéomalacie est caractérisée par un r<strong>et</strong>ard de minéralisation de la matrice<br />

nouvellement formée ce qui conduit à une accumulation du tissu ostéoïde. C<strong>et</strong> excès du<br />

tissu ostéoïde donne un caractère mou à l’os diminuant ainsi ses résistances mécaniques.<br />

Elle peut être constatée chez les personnes obèses dans deux circonstances postchirurgicales<br />

: les courts circuits intestinaux jéjuno-iléaux <strong>et</strong> les gastroplasties, qui ont pour<br />

conséquence souvent tardive une malabsorption de la vitamine D.<br />

Un déficit en vitamine D chez les suj<strong>et</strong>s obèses peut trouver une explication par un manque<br />

d’exposition solaire (activité réduite, réticence à exposer leur corps au regard des autres),<br />

ou par les conséquences d’un régime trop restrictif.<br />

- L’ostéoporose ; l’augmentation de la masse adipeuse de l’organisme jouerait un rôle<br />

préventif de la perte osseuse post ménopausique. Ce rôle protecteur de l’obésité modérée<br />

a deux explications possibles : un eff<strong>et</strong> anabolique osseux lié à la surcharge pondérale, car<br />

on sait que l’augmentation des contraintes mécaniques sur l’os favorise l’anabolisme<br />

osseux. La seconde explication d’ordre endocrinien est sans doute la plus importante ; les<br />

femmes obèses ménopausées sont en hyper-œstrogénie relative du fait du « 3 e ovaire »<br />

que constitue leur tissu adipeux, qui a la capacité de pouvoir convertir l’androsténédione<br />

surrénalienne en œstrone. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> protecteur, moins marqué, existe aussi chez l’homme.<br />

57


Déséquilibres posturaux<br />

« L’existence se passe à libérer l’Homme de son tyran, la pesanteur » (V.Hugo)<br />

Si les mécanismes de contrôle de la posture sont peu décrits chez la personne obèse, il est<br />

tout de même établi que les contraintes biomécaniques <strong>et</strong> neuromusculaires associées à<br />

l'obésité constituent des facteurs de déficits posturaux majeurs. Cependant, d'autres<br />

facteurs, de nature plus cognitive <strong>et</strong> attentionnelle, pourraient également jouer un rôle<br />

important. Dans les travaux portant sur la prévention des risques de chute, deux situations<br />

de la vie quotidienne ont été identifiés comme étant les plus « risquées » : le passage d'une<br />

posture statique à une posture dynamique <strong>et</strong> le passage d'un obstacle survenant en cours<br />

de locomotion.<br />

L’obésité engendre des troubles du comportement moteur, très peu connus à ce jour, se<br />

manifestant le plus souvent par des pertes d'équilibre, voire des chutes plus fréquentes <strong>et</strong><br />

aux conséquences dramatiques.<br />

Dans le diagnostic posturologique de la personne obèse, certains points particuliers sont à<br />

observer :<br />

L’empreinte podale peut être faussée par la surpression ; il peut ainsi apparaitre un pied<br />

plat, alors qu’il serait creux en décharge. L’empreinte doit alors se prendre également<br />

assise, la comparaison des deux empreintes conduisant alors à un diagnostic plus fiable.<br />

L’étude de la marche doit être attentive à son équilibre, <strong>et</strong> au bon déroulé du pied. La<br />

cheville est sollicitée excessivement chez la personne obèse : on trouve une augmentation<br />

du couple de force au niveau de la cheville pour contrôler l’équilibre.<br />

Des modifications des paramètres de marche chez le suj<strong>et</strong> obèse ont été observées par<br />

Hills <strong>et</strong> Parker en 1991 : diminution de la vitesse de marche (particulièrement à la fin du<br />

premier pas), augmentation de la durée du cycle de marche avec diminution de la cadence,<br />

élargissement de la largeur du pas.<br />

Une perte importante de poids en un temps relativement court engendre une inadéquation<br />

entre les modifications biomécaniques importantes consécutives à c<strong>et</strong>te perte de poids <strong>et</strong> la<br />

représentation du corps ou schéma corporel qui n'a pas encore eu le temps d'intégrer ces<br />

changements.<br />

Selon Philippe Thoumie, qui étudie les capacités d’équilibration chez la personne obèse, il<br />

y aurait en eff<strong>et</strong> une instabilité liée à l’amaigrissement (même peu important), liée à une<br />

mémoire du mouvement.<br />

L’instabilité générale du patient obèse pourrait être améliorée, selon lui, par l’exercice<br />

physique <strong>et</strong> le renforcement musculaire ; l’intérêt de l’activité physique, qui se trouve ici<br />

dans l’amélioration de l’équilibre de la personne obèse, renforce notre idée par rapport à<br />

l’importance d’une prise en charge menant vers la reprise d’une activité physique.<br />

58


4) Prise en Charge<br />

1- Médecine classique<br />

A-Bases conceptuelles<br />

L’obésité est considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une<br />

maladie car elle m<strong>et</strong> en cause le bien-être physique, psychologique <strong>et</strong> social de l’individu.<br />

Longtemps mal prise en charge, elle fait désormais l’obj<strong>et</strong> d’une reconnaissance ; des<br />

efforts sont actuellement fait vers une prise en charge individualisée du patient (prise en<br />

compte de l’histoire pondérale, du comportement alimentaire, des dépenses énergétiques,<br />

de la situation psychologique).<br />

Si le traitement médical est proposé en première intention, il s’avère insuffisant pour les<br />

obèses les plus sévères ; c'est donc à ces patients qu'est proposée la chirurgie.<br />

Dans la pratique quotidienne d’un médecin de l’obésité, la collaboration avec les<br />

pneumologues <strong>et</strong> les cardiologues est de première importance. Le traitement de<br />

l’insuffisance respiratoire, la réduction de l’hypoxémie chronique, la prise en charge du<br />

syndrome d’apnée du sommeil sont les axes forts, mais encore insuffisamment<br />

développés, du traitement de l’obésité.<br />

B-Objectifs du traitement<br />

En 1998, l’OMS a défini des objectifs pondéraux ; on adm<strong>et</strong> à l’heure actuelle que la perte<br />

de 10% du poids initial est un objectif de première intention réaliste. Cela correspond à ce<br />

que la majorité des personnes obèses sont capables de perdre en 3 à 6 mois <strong>et</strong> de<br />

maintenir un an au cours des essais thérapeutiques. De plus, il est admis que c<strong>et</strong>te perte<br />

de 10% de poids est bénéfique pour la santé.<br />

En pratique quotidienne, le médecin trouvera plus volontiers une réponse à l’obésité en<br />

traitant ses complications, qui reste le traitement le plus immédiat, fiable mais reste<br />

symptomatique (le patient lui-même se plaindra plus souvent d’abord de gonalgies,<br />

lombalgies, sommeil non récupérateur).<br />

Les traitements du diabète, de l’hypertension artérielle, des dyslipidémies visent les mêmes<br />

objectifs que chez le suj<strong>et</strong> non obèse. Il est mis l’accent sur l’importance du traitement des<br />

complications respiratoires <strong>et</strong> de l’insuffisance cardiaque.<br />

59


C- Moyens thérapeutiques<br />

Médicaments<br />

Le médecin peut prescrire un médicament favorisant la réduction pondérale. Cependant, en<br />

aucun cas, le traitement de première intention de l'obésité passe par la prescription de<br />

médicaments seuls.<br />

Actuellement, deux médicaments sont proposés :<br />

o La sibutramine, commercialisée en France depuis mai 2001. Elle agit comme<br />

inhibiteur de la recapture de la sérotonine <strong>et</strong> de la noradrénaline. Les principaux eff<strong>et</strong>s<br />

secondaires sont une augmentation de la fréquence cardiaque (+ 3-7 bpm) <strong>et</strong> de la<br />

pression artérielle au repos (+ 2-3 mmHg). Elle ne doit être prescrite, après révélation de<br />

l'inefficacité d'un régime seul, qu'aux patients dont l'IMC est au moins égal à 30 kg/m2 ou à<br />

27 kg/m2 <strong>et</strong> présentant un facteur de risque supplémentaire tel que le diabète de type II ou<br />

une dyslipidémie.<br />

o Le Xénical ; il bloque une partie de l'absorption des graisses ingérées dans les<br />

aliments (30 %). Il perm<strong>et</strong> d'éliminer 30 g de graisses par jour soit l'équivalent de 300<br />

calories. Il n'a pas d'eff<strong>et</strong> secondaire sur le système nerveux, cardiaque ou pulmonaire. Il<br />

agit uniquement sur l'intestin.<br />

Le médicament Alli, commercialisé depuis mai 2009, est délivré dans les pharmacies sans<br />

ordonnance. Il s’agit d’une version allégée du Xenical.<br />

Certains médicaments ont été largement prescrits dans l'obésité mais se sont avérés<br />

inefficaces voire dangereux <strong>et</strong> sont actuellement interdits ou fortement déconseillés pour<br />

c<strong>et</strong>te seule indication. Il s'agit des diurétiques, des laxatifs <strong>et</strong> des hormones thyroïdiennes ;<br />

les médicaments coupe-faim, les anorexigènes ont été r<strong>et</strong>irés du marché européen en avril<br />

2000. Ils sont soupçonnés d'avoir de graves eff<strong>et</strong>s secondaires.<br />

Activité physique<br />

Réduire la sédentarité est la première mesure immédiate à obtenir, complétée, dans la<br />

mesure du possible, par la mise en place d’un programme structuré d’activités physiques<br />

modérées <strong>et</strong> régulières. L’activité physique favorise non seulement la perte de poids mais<br />

surtout son maintien en préservant la masse maigre, elle améliore les facteurs de risque<br />

vasculaire. Les conseils sont centrés sur l’activité physique de routine : il est conseillé une<br />

marche régulière de 30 à 45 minutes par jour ; la personne obèse peut ainsi voir dans<br />

l'exercice physique une façon de renouer contact avec son corps, de se réconcilier avec lui.<br />

Il s’agit d’ écouter respirer son corps, d’apprendre à le relaxer, à l’étirer, à le renforcer, à<br />

l’assouplir. Le véritable intérêt de l’activité physique serait alors de r<strong>et</strong>rouver le contrôle de<br />

son corps, de ses besoins, de ses envies, diminuer le stress <strong>et</strong> éviter les dérapages<br />

alimentaires qui ont été, le plus souvent, renforcés par la pratique des régimes.<br />

60


Outre leurs méthodes classiques (massages, électrothérapie à visée antalgique), les<br />

kinésithérapeutes m<strong>et</strong>tent l’accent chez les personnes obèses sur une rééducation<br />

aquatique qui perm<strong>et</strong> d’augmenter le confort du patient à l’effort <strong>et</strong> de réduire les eff<strong>et</strong>s<br />

ankylosants de la pesanteur.<br />

Dans les cas où les perturbations du schéma corporel <strong>et</strong>/ou de l’image du corps sont<br />

dominants, le recours aux compétences d’un psychomotricien est nécessaire. L’approche<br />

psychomotrice consiste à développer une connaissance vécue du fonctionnement corporel.<br />

Le psychomotricien, par l’intermédiaire de techniques de relaxation ou d’étirements, peut<br />

aider le patient, de façon ludique, à restructurer la perception qu’il a de son corps <strong>et</strong><br />

diminuer éventuellement l’influence du stress.<br />

Par l’intermédiaire de techniques m<strong>et</strong>tant en jeu le rythme, il peut aider le patient à recréer<br />

un certains nombres de coordinations dont la marche <strong>et</strong> lui faire reprendre goût au<br />

mouvement.<br />

Les éducateurs sportifs, qui interviennent dans des centres spécialisés, perm<strong>et</strong>tent une<br />

adaptation optimale de chaque patient obèse à leur activité sportive. Il peut lui être<br />

proposé, comme à la Clinique du Château de Vernhes, un atelier « respiration » à visée<br />

essentiellement proprioceptive.<br />

Autres activités<br />

Un certain nombre de moyens expressifs peuvent être exploités: le dessin, la peinture, le<br />

modelage <strong>et</strong> bien sûr la parole. L’un des objectifs de c<strong>et</strong>te approche est précisément de<br />

favoriser l’expression du vécu corporel du patient car c’est là l’un des éléments<br />

indispensables à la restructuration de l’image du corps.<br />

Dans c<strong>et</strong>te perspective, il s’agit d’offrir au patient un espace d’expériences concrètes, afin<br />

qu’il vive la réalité de son corps le mieux possible ; c’est alors que le corps peut enfin se<br />

faire oublier. Ce travail est en général proposé de façon individuelle mais il peut aussi être<br />

proposé en groupe selon les cas.<br />

Alimentation<br />

Le conseil nutritionnel vise à responsabiliser le patient <strong>et</strong> à lui donner les moyens d’adapter<br />

son alimentation ; les recommandations ont pour but de restructurer les prises alimentaires,<br />

de réduire la densité calorique, d’éviter les eff<strong>et</strong>s secondaires de la restriction mais sont<br />

aussi fondées sur la convivialité <strong>et</strong> le plaisir alimentaire, l’absence d’interdit, la<br />

démystification de la diététique (pas de régime « miracle »).<br />

La prescription consiste généralement en une réduction calorique de l’ordre du quart ou du<br />

tiers de la dépense énergétique de 24 heures.<br />

61


La consommation de sel ne fait pas « prendre du gras », mais il est néanmoins important<br />

de réduire les apports sodés selon les recommandations établies pour la population<br />

générale (moins de 6 g. de chlorure de sodium par jour), en particulier en cas<br />

d’hypertension artérielle ou d’insuffisance cardiaque.<br />

Aide psychologique<br />

La réorientation vers un psychothérapeute est fréquemment proposée au fil de la prise en<br />

charge tant il est vrai que les difficultés psychologiques contribuent à l’échec thérapeutique.<br />

Prendre en compte ce que génèrent psychologiquement l’astreinte <strong>et</strong> la contrainte d’une<br />

réduction calorique semble essentiel, comme par exemple la culpabilité du patient autour<br />

de l’acte alimentaire, autour des échecs de la perte de poids.<br />

Chirurgie<br />

Restée longtemps confidentielle en France, la chirurgie de l'obésité connaît depuis<br />

quelques années un développement important, lié essentiellement à la mise au point de la<br />

technique de restriction gastrique par anneau ajustable ou bypass gastrique réalisée par<br />

laparoscopie.<br />

Selon l’Agence nationale d’accréditation <strong>et</strong> d’évaluation en santé (ANAES), les indications<br />

concernent exclusivement les suj<strong>et</strong>s obèses présentant un IMC supérieur à 40 kg/m² ou à<br />

35 kg/m² en cas de comorbidités associées menaçant le pronostic vital ou fonctionnel.<br />

L’obésité doit être stable ou s’aggraver, malgré une prise en charge médicale spécialisée<br />

d’au moins un an, comprenant des approches complémentaires (diététique, activité<br />

physique, prise en charge des difficultés psychologiques, traitement des complications).<br />

- La gastroplastie<br />

Son principal intérêt réside dans la restitution de la sensation de satiété ; en eff<strong>et</strong>, la pose<br />

d’un anneau en silicone va diviser l’estomac en deux poches ; lorsque la supérieure,<br />

étroite, sera remplie, sa dilatation va stimuler le centre de satiété situé au cerveau, au<br />

niveau de l’hypothalamus. Une p<strong>et</strong>ite quantité de nourriture ingérée suffit ainsi à couper la<br />

faim.<br />

Pour obtenir le passage de c<strong>et</strong> anneau autour de la partie supérieur de l’estomac, il est<br />

pratiqué l’incision du p<strong>et</strong>it épiplon (la pars flacida), ainsi que du péritoine au niveau de la<br />

jonction oeso-gastrique , entre l’estomac <strong>et</strong> les piliers du diaphragme.<br />

Remarque : L’examen ostéopathique pourra s’intéresser aux adhérences au niveau du p<strong>et</strong>it<br />

épiplon, interférant sur une bonne mobilité hépatique.<br />

62


- La « sleeve gastrectomie »<br />

Elle consiste à r<strong>et</strong>irer une grande partie de l’estomac pour former un tube. Les aliments<br />

vont d’abord être ralentis (eff<strong>et</strong> restrictif comparable à l’anneau gastrique) puis vont être<br />

rapidement évacués vers l’intestin grêle. Il y aura une diminution du taux de ghréline ce qui<br />

entraînera donc un désintérêt pour la nourriture.<br />

- Le « Bypass »<br />

C’est une méthode récente importée des Etats-Unis. Elle consiste à réduire le volume de<br />

l’estomac en modifiant le circuit alimentaire ; les aliments vont directement du cardia (partie<br />

supérieure de l’estomac) à l’intestin grêle. Le phénomène de restriction alimentaire est<br />

toujours utilisé, ainsi que le principe de diminution du taux de ghréline, mais y est associée<br />

une malabsorption (les aliments sont moins digérés). La perte de poids est plus rapide mais<br />

peut s’accompagner de dénutrition, de carences vitaminiques<br />

D- Obstacles techniques à la médecine de l’obésité<br />

Les explorations modernes invasives ou non sont souvent mises en défaut par l’obésité<br />

massive ; les tables de radiologie, de scanner <strong>et</strong> d’imagerie par résonnance magnétique<br />

(IRM) n’acceptent pas les patients de plus de 160 kg, ou dont les circonférences de taille<br />

sont trop élevées.<br />

L’hypertrophie du tissu adipeux peut entraîner des artéfacts <strong>et</strong> gêner l’interprétation des<br />

examens tomodensitométriques.<br />

L’échographie s’avère souvent difficile <strong>et</strong> doit être réalisée par un radiologue expérimenté.<br />

La prise de la tension artérielle n’est pas toujours très fiable : les chiffres de pression<br />

artérielle, surtout diastoliques, peuvent être surestimés si le brassard n’est pas adapté à la<br />

circonférence du bras.<br />

La pharmacologie des médicaments est généralement très peu étudiée chez le suj<strong>et</strong><br />

obèse.<br />

Concernant la prise en charge chirurgicale, de nombreuses contre-indications existent, qui<br />

sont autant d’obstacles au processus thérapeutique : parmi celles-ci, citons les troubles<br />

psychiatriques graves (dépression sévère..), l’alcoolisme <strong>et</strong> les toxicomanies, les troubles<br />

du comportement alimentaire graves (boulimie), le coefficient de mastication insuffisant,<br />

l’existence d’une pathologie évolutive menaçant le pronostic vital (cancers, autres<br />

pathologies chroniques), ainsi que toutes les contre-indications liées à l’anesthésie<br />

générale.<br />

Le r<strong>et</strong>entissement de l’obésité sur la fonction respiratoire expose à un risque accru de<br />

morbidité respiratoire péri-opératoire. Les obèses les plus sévères opérés d’une chirurgie<br />

abdominale ou thoracique sont particulièrement exposés. L’adaptation des techniques<br />

anesthésiques aux spécificités physiopathologiques des patients atteints d'obésité morbide<br />

semble diminuer sensiblement la morbidité post-opératoire. Toutefois, il faut garder à<br />

63


l’esprit que l’obèse morbide est un patient à haut risque chirurgical <strong>et</strong> que plus<br />

particulièrement dans la chirurgie de l’obésité, la décision opératoire doit être mûrement<br />

réfléchie lorsque l’amaigrissement s’inscrit plutôt dans le cadre d’une chirurgie esthétique<br />

que de celle visant à diminuer les conséquences morbides de l’obésité.<br />

Ces difficultés objectives sont largement amplifiées par l’attitude de certains soignants. En<br />

1985, Le Barzic parle de « phobie du gras » comme standard culturel. Les professionnels<br />

de santé n’échappent pas à des préjugés négatifs vis-à-vis des obèses. S’ajoutent, pour les<br />

personnels soignants, les difficultés pratiques de mobilisation <strong>et</strong> de portage de ces patients.<br />

Les eff<strong>et</strong>s secondaires des multiples interventions diététiques, pharmacologiques, voire<br />

chirurgicales, prescrites <strong>et</strong> surveillées dans des conditions variables peuvent également<br />

brouiller l’analyse clinique.<br />

Ainsi par exemple, des symptômes tels que la dépression, malnutrition, désordre du<br />

comportement alimentaire sont souvent considérés à tort comme des caractéristiques<br />

primaires des suj<strong>et</strong>s obèses, alors qu’ils ne sont que le résultat des régimes restrictifs.<br />

64


2- <strong>Ostéopathie</strong> 5<br />

Même si les principes ostéopathiques de base restent identiques pour tout ostéopathe,<br />

nous pourrions ici rapidement nous égarer en regroupant différentes approches qui<br />

constituent aujourd’hui la richesse du monde ostéopathique. Nous nous contenterons donc<br />

volontairement dans ce chapitre d’étudier la démarche thérapeutique d’Andrew Taylor Still<br />

face à des patients obèses.<br />

A-Bases conceptuelles<br />

Andrew Taylor Still (1828-1917) est le fondateur du concept ostéopathique. Au travers de<br />

ses écrits, il expose ses principes mécaniques <strong>et</strong> philosophiques de l’ostéopathie jusqu’à<br />

son dernier ouvrage écrit en 1910 « <strong>Ostéopathie</strong>, recherche <strong>et</strong> pratique » ; ce livre peut, à<br />

juste titre, être considéré comme un résumé de son cheminement ostéopathique <strong>et</strong> comme<br />

un testament légué à ses successeurs. Il y rappelle tous les fondements déjà présentés<br />

dans les ouvrages précédents <strong>et</strong> développe sa conception du corps, de son fonctionnement<br />

<strong>et</strong> de son traitement qu'il propose pour toutes les régions du corps <strong>et</strong> leurs maladies. Il<br />

s’intéresse notamment à l’obésité à l’occasion d’un chapitre consacré à ce suj<strong>et</strong>.<br />

« Dans l’obésité, les artères délivrent les substances nutritives, mais les nerfs de la<br />

nutrition ne parviennent pas à les recevoir <strong>et</strong> à les utiliser pour les objectifs normaux. Il y a<br />

alors accumulation anormale dans le système d’une grande quantité de graisse. » Selon<br />

lui, si le carburant (« le charbon ») n’a pas été consommé <strong>et</strong> utilisé normalement, c’est à<br />

cause de l’existence de subluxations de vertèbres ou de côtes qui interfèrent avec la<br />

consommation de graisse.<br />

B-Objectifs du traitement<br />

« Mon objectif dans l’obésité est d’ajuster les différentes parties de la charpente, de les<br />

ramener à leurs relations normales <strong>et</strong> de rendre impossible toute pression anormale<br />

interférant avec le pouvoir des nerfs à conduire le sang à travers l’ensemble des parties, à<br />

distribuer <strong>et</strong> construire, ou toute gène du sang dans son travail de ramassage <strong>et</strong> de<br />

transport des déch<strong>et</strong>s, indispensable à un fonctionnement normal. »<br />

Son traitement de l’obésité n’a ici rien de spécifique ; il explicite son principe « la loi de<br />

l’artère est suprême ». L’artère désigne ici tout le système liquidien ; il doit être libre de<br />

5 Ce chapitre s’inspire largement de l’ouvrage « <strong>Ostéopathie</strong>, recherche <strong>et</strong> pratique » d’A.T.Still<br />

65


circuler au sein de le « charpente ».Pensons parmi les nombreux exemples à la première<br />

côte (compression du plexus brachial, des vaisseaux sous-claviers <strong>et</strong> du ganglion stellaire),<br />

à l’articulation sterno-claviculaire (compression des vaisseaux sous-clavier, du nerf<br />

pneumogastrique <strong>et</strong> du canal thoracique), ou encore au trou déchiré postérieur<br />

(compression de la veine jugulaire, <strong>et</strong> du nerf pneumogastrique entre autres).<br />

« Mon but a été d’obtenir que le mécanisme consomme <strong>et</strong> répartisse ce qui était<br />

nécessaire, <strong>et</strong> élimine le reste. Je désire que poumons, peau <strong>et</strong> reins jouent chacun leur<br />

rôle dans ce travail d’excrétion. Si la machine est dans une condition vraiment normale,<br />

vous pouvez espérer trouver une chair ferme, au lieu de la graisse flasque. »<br />

Il établit ici une relation importante entre l’obésité <strong>et</strong> les poumons en tant que système<br />

excréteur du corps. La définition de l’excrétion donnée par le Larousse (2010) est la<br />

suivante : « Évacuation hors de l'organisme, ou de la structure qui les a élaborés, des<br />

sécrétions ou des déch<strong>et</strong>s inutilisables ou nocifs ». On peut donc considérer le travail<br />

d’excrétion du poumon comme étant celui de la respiration (le dioxyde de carbone étant le<br />

déch<strong>et</strong> inutilisable).<br />

Nous pourrions ainsi comprendre qu’un bon fonctionnement du complexe respiratoire serait<br />

garant d’une bonne santé adipeuse. Ce complexe, constitué notamment de la cage<br />

thoracique, pourrait donc rentrer en jeu dans la compréhension de l’installation de l’obésité.<br />

C-Moyens thérapeutiques<br />

« la structure gouverne la fonction »<br />

A.T.Still utilise des tests palpatoires <strong>et</strong> visuels qui vont lui perm<strong>et</strong>tre de m<strong>et</strong>tre en évidence<br />

des caractéristiques récurrentes chez les personnes obèses.<br />

Ainsi il établit une liste des différentes « anomalies » structurelles observées chez les<br />

personnes obèses ; il incrimine la première <strong>et</strong> deuxième vertèbre dorsale (postérieures <strong>et</strong><br />

inclinées vers le haut par rapport à la troisième), les cervicales inférieures (tirées vers<br />

l’avant), les omoplates (extrémité supérieure tirée vers la colonne), <strong>et</strong> les clavicules (en<br />

arrière).<br />

« C<strong>et</strong>te condition osseuse produit une pression sur le ganglion cervical inférieur, les<br />

ganglions sympathiques, <strong>et</strong> les nerfs pneumogastriques. Etant donné c<strong>et</strong>te condition, nous<br />

ne pouvons espérer un fonctionnement normal des poumons, du cœur, des artères, des<br />

nerfs qui devraient préparer, distribuer <strong>et</strong> consommer les nutriments, régénérer le corps, <strong>et</strong><br />

maintenir sa forme <strong>et</strong> son état de fonctionnement normaux. »<br />

Remarquons que ces dysfonctions, qu’il faudrait aujourd’hui replacer dans notre nouveau<br />

système biomécanique, correspondent de par leur localisation au cadre osseux du<br />

66


diaphragme thoracique supérieur (composé d’avant en arrière du manubrium sternal , des<br />

clavicules, des omoplates, des muscles fixateurs <strong>et</strong> de la charnière cervico dorsale)<br />

Or, la ceinture scapulaire joue un rôle important dans les mouvements de la cage<br />

thoracique.<br />

Intéressons nous plus particulièrement à la scapula (omoplate), où A.T.Still remarque un<br />

déséquilibre tensionnel . Il décrit l’ extrémité supérieure de la scapula tractée vers la<br />

colonne ainsi que les extrémités inférieures s’écartant loin de la colonne ; ce mouvement,<br />

dit de sonn<strong>et</strong>te externe est provoqué par le dentelé antérieur notamment.<br />

La scapula joue le même rôle que la rotule pour le genou, celui d’augmenter le bras de<br />

levier de ce système musculaire. De chaque côté, le dentelé antérieur <strong>et</strong> le rhomboïde<br />

apparaissent comme une chaîne musculaire reliée par l’omoplate.<br />

La double action de ces deux muscles va perm<strong>et</strong>tre une stabilisation de la scapula qui va<br />

pouvoir ainsi servir de point fixe, <strong>et</strong> donner la possibilité aux muscles dentelé antérieur <strong>et</strong><br />

pectoral de jouer leur rôle respiratoire.<br />

On comprend alors l’importance d’un déséquilibre tensionnel de la scapula qui ne pourra<br />

plus alors efficacement jouer son rôle de bras de levier ; les muscles associés ne joueront<br />

plus pleinement leur rôle.<br />

Son traitement débute par les dorsales supérieures , puis il corrige les côtes, la colonne<br />

dorsale, l’atlas <strong>et</strong> le sacrum, <strong>et</strong> enfin les clavicules <strong>et</strong> les omoplates.<br />

Son traitement s’intéresse donc largement au contenant thoracique (côtes, colonne<br />

dorsale, clavicules, omoplate) ; parallèlement, on remarque que son traitement se complète<br />

uniquement par les deux pièces osseuses situées aux extrémités de la colonne vertébrale :<br />

l’atlas <strong>et</strong> le sacrum.<br />

La chronologie des évènements ainsi détaillée nous montre qu’il se concentre en premier<br />

lieu sur l’axe central rachidien (en incluant les côtes), <strong>et</strong> termine par les éléments<br />

périphériques. D’autres analyses de c<strong>et</strong>te chronologie sont sans doute possibles <strong>et</strong> ont pu<br />

nous échapper.<br />

D-Obstacles techniques<br />

L’ostéopathe se contente de sa main pour tout outil ; il n’est donc pas soumis aux<br />

nombreux obstacles techniques rencontrés par la médecine classique.<br />

Plus exactement, l’ostéopathe utilise tous ses sens, à l’exception du goût, pour poser son<br />

diagnostic ostéopathique. Nous pouvons ici faire un parallèle avec Hippocrate ; il indique<br />

dans le Corpus Hippocratum que, devant le malade, il faut considérer ce qui est saisissable<br />

par la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût <strong>et</strong> la pensée. Il résume ainsi les grands<br />

principes de l’observation clinique.<br />

67


Cependant, l’ostéopathe peut présenter certaines difficultés face à un patient obèse :<br />

- La recherche d’une dysfonction vertébrale, viscérale, d’une limitation de la mobilité<br />

d’un genou devra tenir compte de l’hypertrophie du tissu adipeux abdominal ou péri-<br />

articulaire dont l’importance peut rapidement limiter le jeu articulaire. La mise en évidence<br />

d’un épanchement articulaire peut, pour les mêmes raisons, s’avérer difficile.<br />

- Le patient obèse, nous le verrons, nécessite souvent de repenser complètement<br />

notre approche classique, <strong>et</strong> nous oblige parfois à réfléchir à une nouvelle structuration de<br />

l’organisation de notre séance (notion de handicap plus ou moins important, profil<br />

psychologique parfois pathologique).<br />

- Même si l’ ostéopathe ne se sert dans sa pratique d’aucun « appareil », il peut<br />

parfois lui être nécessaire d’avoir recours à certains examens complémentaires (pour une<br />

éventuelle hernie discale, anevrysme, kyste…).<br />

- Le traitement de la personne obèse nécessite de connaitre l’obésité, ses<br />

répercussions sur la santé, ses principes de traitements ; il existe en eff<strong>et</strong> chez les<br />

personnes obèses une grande diversité de tableaux cliniques, qui peuvent potentiellement<br />

comporter de nombreuses pathologies associée à l’obésité.<br />

Une connaissance de la physiopathologie du reflux gastro-oesophagien nous perm<strong>et</strong> de<br />

nous diriger plus spécifiquement chez la personne obèse vers une éventuelle hernie<br />

hiatale, <strong>et</strong> un travail diaphragmatique (équilibre des pressions). C’est donc une<br />

connaissance physiopathologique appliquée au patient obèse que le praticien devrait<br />

acquérir.<br />

68


3- Médecine chinoise<br />

A-Bases conceptuelles<br />

La manière dont la médecine chinoise analyse <strong>et</strong> conçoit la physiologie humaine est<br />

différente de celle de la médecine occidentale (<strong>et</strong> donc de l’ostéopathie, de l’homéopathie,<br />

de la naturopathie, <strong>et</strong>c.). Elle a été créée il y a 3 000 ans <strong>et</strong> dans un contexte philosophique<br />

<strong>et</strong> culturel très différent du nôtre. Par exemple, les organes tels que rate, reins, poumons,<br />

foie, cœur, vésicule biliaire, intestin grêle, gros intestin, estomac, vessie ont très peu de<br />

points communs avec notre approche actuelle du corps humain. Ils possèdent des<br />

fonctions dans l’organisme assez différentes de celles que nous leur attribuons chez nous.<br />

Pour la médecine chinoise, il est essentiel d’appréhender les mécanismes de la prise de<br />

poids <strong>et</strong> de comprendre les processus pathologiques de ce trouble. Une observation<br />

attentive pendant plusieurs siècles lui perm<strong>et</strong> de dire qu’il n’existe pas un seul <strong>et</strong> unique<br />

type d’obésité mais plusieurs, qui auront chacun leur propre traitement.<br />

En médecine chinoise, la graisse est considérée comme le produit de « mucosités » (Tan),<br />

c’est-à dire des liquides qui se sont accumulés puis condensés en substance plus solide.<br />

Ces mucosités (graisses) peuvent être engendrées soit par une hygiène alimentaire<br />

déréglée, soit par le dysfonctionnement de trois organes : la rate, les reins, le foie.<br />

La médecine chinoise distingue ainsi quatre principaux types d'obésité :<br />

Les mucosités « humidité »<br />

Les mucosités qui provoquent le surpoids ou l’obésité proviennent tout d’abord d’une<br />

hygiène alimentaire déréglée. Selon la vision chinoise, l’objectif de la digestion est de<br />

recevoir des aliments liquides <strong>et</strong> solides <strong>et</strong> de transformer le tout en une espèce de « soupe<br />

digestive tiède », afin d’assimiler ce qu’il y a de plus de subtil pour régénérer le corps.<br />

Trop d’aliments crus, froids, sucrés, de boissons froides, trop d’aliments qui engendrent<br />

l’humidité (produits laitiers, alcool, fritures, beign<strong>et</strong>s, charcuteries, sucreries sous toutes<br />

leurs formes…) pourront entraver c<strong>et</strong>te soupe digestive tiède <strong>et</strong> donc l'assimilation du bol<br />

alimentaire.. La prise des repas à des heures irrégulières, tardives le soir, ou en quantité<br />

insuffisante au p<strong>et</strong>it déjeuner <strong>et</strong> trop importante au dîner favorisent l'accumulation<br />

d’humidité digestive qui se transformera tôt ou tard en mucosités à l’origine du surpoids.<br />

Dans c<strong>et</strong>te situation, même si les organes fonctionnent correctement <strong>et</strong> que la digestion<br />

semble correcte, ce type d’alimentation peut favoriser la prise de poids.<br />

69


Vide du Qi de la rate<br />

Le Qi correspond aux fonctions d’un organe. En médecine chinoise, la rate est responsable<br />

des transformations du bol alimentaire. Si elle devient faible, l’humidité digestive est moins<br />

bien transformée, s’accumule <strong>et</strong> se transforme en mucosité. Dans c<strong>et</strong>te situation, même si<br />

l'alimentation est correcte <strong>et</strong> que les aliments nocifs pour le poids sont évités (voir cidessus),<br />

il est possible de rentrer dans un processus de prise de poids ; c’est ce qui<br />

explique que certaines personnes mangent peu <strong>et</strong> que malgré tout elles grossissent.<br />

Les principales causes du vide de la rate sont les surmenages (d'ordre intellectuel ou<br />

psychologiques), le manque d’activité physique, les maladies graves ou chroniques… Ce<br />

type de surpoids est très fréquent chez les femmes.<br />

Vide du Yang des reins<br />

Le Yang correspond aux fonctions d’un organe <strong>et</strong> à la capacité à réchauffer l’organisme.<br />

Les reins, en médecine chinoise, ont notamment pour rôle de « gouverner l’eau ». Cela<br />

signifie qu’ils perm<strong>et</strong>tent aux liquides physiologiques d’être bien assimilés, transformés,<br />

transportés afin de nourrir <strong>et</strong> humidifier tous les tissus du corps. Si les reins sont déficients,<br />

ces liquides organiques tendent à stagner puis, à la longue, à se concentrer en mucosités,<br />

lesquelles sont à l’origine de nos kilos superflus.<br />

Les causes principales de l’affaiblissement des reins sont le vieillissement, l’usage de<br />

certains médicaments refroidissants, les excès sexuels, la faiblesse constitutionnelle, les<br />

maladies graves ou chroniques… Là encore, malgré une alimentation irréprochable, en cas<br />

de vide du Yang des reins, il est possible de grossir anormalement. Bien entendu, une<br />

alimentation déréglée ne peut qu’aggraver la situation. Le vide du Yang des reins est<br />

souvent en cause dans la prise de poids de la ménopause ou de l’andropause (la bouée à<br />

la ceinture chez l’homme à partir de 40 ans <strong>et</strong> qui se confirme à 50 ans <strong>et</strong> plus).<br />

Surpression du foie<br />

Le foie « chinois » n’a rien à voir avec le foie « occidental » ou celui des naturopathes. Ses<br />

fonctions sont nombreuses ; il favorise notamment la circulation fluide du Qi, du sang, des<br />

liquides <strong>et</strong> des émotions dans le corps. En cas de gros stress émotionnel, de forte<br />

frustration, d’humiliation, d’amertume, de sentiment d’injustice, de colère (extériorisée ou<br />

intériorisée), la fonction de régulation du foie se dérègle <strong>et</strong> son énergie stagne. C’est ce<br />

qu’on appelle la « surpression du foie » (Gan Yu). Dans ce cas, il perd la capacité à faire<br />

circuler normalement les liquides physiologiques du corps qui s’accumulent, se condensent<br />

<strong>et</strong> se transforment en mucosités.<br />

Par ailleurs, c<strong>et</strong>te surpression du foie induit presque toujours un affaiblissement de la rate<br />

qui favorise aussi la production de mucosités… En d’autres termes, il s’agit d’un type de<br />

surpoids dont l’origine est émotionnelle. Les personnes souffrant de ce syndrome ont<br />

souvent des désirs compulsifs pour le sucré. La saveur sucrée sert « d’antidépresseur », ce<br />

qui est louable mais provoque parallèlement la prise de poids…<br />

Il est à noter que parfois les individus cumulent deux ou trois types d’obésité.<br />

70


B- Objectifs du traitement<br />

La partie essentielle dans le traitement de la personne obèse est donc de trouver à quel<br />

type d’obésité nous avons affaire pour pouvoir adapter sa prise en charge ; le traitement du<br />

dérèglement alimentaire, de la rate, des reins ou du foie ne répond pas à des objectifs<br />

aussi ciblés que dans la médecine classique. Il vise surtout à comprendre le<br />

fonctionnement quotidien du patient pour améliorer son comportement général, <strong>et</strong> en<br />

particulier alimentaire.<br />

C- Moyens thérapeutiques<br />

Quelle que soit la cause, le traitement passe toujours par une diététique impeccable. Il<br />

s’agit d’éviter les aliments à risques <strong>et</strong> de restaurer le fonctionnement normal de la rate.<br />

Citons ici quelques habitudes comportementales préconisées par la médecine chinoise ;<br />

certaines sont couramment admises par la médecine occidentale, d'autres nous sont<br />

étrangères :<br />

- Stopper absolument tout grignotage.<br />

- Consommer des aliments très digestes <strong>et</strong> beaucoup de légumes.<br />

- Réduire fortement la consommation des sucreries, laitages, alcools <strong>et</strong> aliments gras.<br />

- Manger chaud <strong>et</strong> supprimez le froid.<br />

- Manger cuit <strong>et</strong> supprimez le cru.<br />

- Ne pas boire au début mais plutôt en fin du repas <strong>et</strong> uniquement chaud.<br />

- Diviser par deux la consommation de glucides (pain, pâtes, pommes de terre,<br />

céréales…) pendant quelques semaines<br />

- Augmenter la portion de légumes <strong>et</strong> de poissons (maquereau, hareng, saumon, thon<br />

rouge, flétan du Groenland, sardine, éperlan, loup de l’Atlantique, bar, truite arc-enciel,<br />

crev<strong>et</strong>tes, moules, œufs de lump…).<br />

- Consommer plus de riz, de mill<strong>et</strong>, d’orge, de quinoa <strong>et</strong> de légumineuses pour évitez<br />

les céréales de la famille du blé qui sont très humidifiantes <strong>et</strong> génératrices de<br />

mucosités.<br />

- Avoir une activité physique régulière, de préférence quotidienne, car celle-ci active la<br />

- circulation de l’énergie, stimule le péristaltisme intestinal <strong>et</strong> aide à éliminer les<br />

réserves de graisses.<br />

Cependant, on n’oubliera pas que trois types d’obésité sur quatre en médecine chinoise ne<br />

sont pas directement liés à l’alimentation mais au dérèglement de certains organes. Faire<br />

un régime sans réguler ces organes serait donc illusoire.<br />

En plus de la réforme alimentaire, il semble ainsi important selon le cas de :<br />

- Renforcer la rate par des substances médicinales chinoises qui sont reconnues pour<br />

71


faire perdre du poids telles que Rhizoma atractylodis macrocephalae (Bai Zhu), Radix<br />

astragali membranacei (Huang Qi), <strong>et</strong> Fructus crataegi (Shan Zha).<br />

Avoir des heures régulières pour les repas, avec un vrai p<strong>et</strong>it déjeuner salé <strong>et</strong> manger<br />

léger le soir (cela favorise le fonctionnement de la rate).<br />

- Tonifier les reins par des substances médicinales chinoises reconnues pour faire perdre<br />

du poids telles que Radix polygoni multiflori (He Shou Wu), Cortex radicis<br />

acanthopanacis (Wu Jia Pi), Rhizoma drynariae (Gu Sui Bu).<br />

Éviter de boire trop d’eau en pensant que cela fait maigrir, c’est une idée totalement<br />

fausse <strong>et</strong> cela fatigue la rate <strong>et</strong> les reins.<br />

- Régulariser le foie par des substances médicinales chinoises reconnues pour faire<br />

perdre du poids : Pericarpium citri r<strong>et</strong>iculatae viride (Qing Pi), Fructus immaturus citri<br />

aurantii (Zhi Shi), Fasciculus vascularis citri r<strong>et</strong>iculatae (Ju Luo) <strong>et</strong> Radix bupleuri (Chai<br />

Hu).<br />

Dans la prise en compte des eff<strong>et</strong>s psycho-émotionnels sur l'obésité, il est aussi important<br />

de discuter des causes de stress, de colère <strong>et</strong> de frustration. Le traitement d'une cause<br />

émotionnelle responsable de crises de compulsion alimentaire par exemple, fait en eff<strong>et</strong><br />

partie du traitement global que propose la médecine chinoise.<br />

D-Obstacles techniques<br />

- les plantes chinoises sont chères. La pharmacopée chinoise est une science<br />

nécessitant une grande maîtrise car certaines plantes s’opposent, d’autres sont<br />

toxiques.<br />

- il est difficile de prouver scientifiquement les résultats de la médecine chinoise selon les<br />

méthodes scientifiques de la médecine occidentale, étant donné que les traitements<br />

chinois sont individualisés.<br />

72


DEUXIEME PARTIE :<br />

PROTOCOLE<br />

73


1) Introduction<br />

Notre démarche consiste à suivre un groupe d’une quinzaine de personnes obèses pour<br />

étudier le rôle de l’ostéopathe dans c<strong>et</strong>te maladie. Le traitement ostéopathique dans notre<br />

optique vise notamment à améliorer les capacités respiratoires, évaluées avant le<br />

traitement, puis après le traitement (trois semaines après) par les différents moyens<br />

pouvant être mis à disposition.<br />

Il semblait idéal pour cela de trouver une structure spécialisée, qui accueille un nombre<br />

important de personnes obèses <strong>et</strong> place directement le patient au sein d’une équipe<br />

interdisciplinaire.<br />

Une convention de stage a pu être signée entre la Clinique médicale du Château de<br />

Vernhes <strong>et</strong> l’Institut Toulousain d’<strong>Ostéopathie</strong> grâce à l’intérêt qu’a porté le directeur de la<br />

Clinique M. Sanguignol pour le proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> pour l’ostéopathie de manière générale.<br />

C<strong>et</strong>te clinique, installée au nord-est de Toulouse en bordure du Tarn, est spécialisée dans<br />

le traitement de l’obésité <strong>et</strong> de ses complications. Les patients sont en général hospitalisés<br />

pour une durée de trois semaines.<br />

Le séjour est axé sur l’éducation thérapeutique du patient <strong>et</strong> le bilan des complications de<br />

l’obésité (Syndrome d’apnée du sommeil, hypertension artérielle,…).<br />

Une centaine de lits dits de « Réadaptation Nutritionnelle » sont consacrés à ce type<br />

d’hospitalisation (sur une capacité d’accueil totale de 135 lits).<br />

La politique de la clinique s’appuie sur une prise en charge adaptée du patient, globale,<br />

pluri <strong>et</strong> interdisciplinaire ; le patient y est considéré comme personne unique dans ses<br />

dimensions physiques, psychologiques, biologiques, sociales <strong>et</strong> culturelles.<br />

L’équipe médicale est composée d’une part de 8 médecins, tous diplômés en nutrition,<br />

endocrinologie, éducation thérapeutique, gériatrie, soins palliatifs, prise en charge de la<br />

douleur.<br />

D’autre part, interviennent différents médecins spécialistes : cardiologues (3),<br />

endocrinologies-diabétologues (2), pneumologues (2), psychiatres (2), angiologue (1),<br />

un médecin de rééducation fonctionnelle ainsi qu’un médecin du sport.<br />

Il existe une pharmacie, avec un pharmacien <strong>et</strong> deux préparateurs en pharmacie.<br />

Enfin, l’équipe paramédicale est constituée de diététiciennes (7), de kinésithérapeutes (4),<br />

de professeur d’Education Physique <strong>et</strong> Sportive (4), de psychologues (4), d’ une<br />

orthophoniste <strong>et</strong> d’ un pédicure podologue.<br />

Chaque patient, à son entrée, subit des tests médicaux globaux pour connaître son état de<br />

forme générale, ses points forts <strong>et</strong> ses points faibles. Ils sera ainsi dirigé préférentiellement<br />

74


vers telle ou telle activité au cours de leur séjour. Par exemple, l’accent peut être mis au<br />

cours d’un séjour sur l’éducation nutritionnelle, ou bien sur l’activité physique.<br />

A l’issue de la visite médicale initiale, les patients ont un « score » du test de marche de 6<br />

minutes. Il s’agit d’un test simple de marche pendant 6 minutes à l’issue de laquelle est<br />

relevée la fréquence cardiaque ainsi que la distance parcourue (nous utiliserons ce test<br />

dans notre protocole).<br />

2) Protocole expérimental<br />

a) Population étudiée<br />

L’estimation des effectifs est de quinze personnes obèses.<br />

- Critères d’inclusion : patient obèse (avec un IMC supérieur à 30).<br />

- Critères d’exclusion : IMC inférieur à 30, pathologie ponctuelle au moment de la<br />

mesure du protocole (épisode infectieux…).<br />

Il existera également des contre-indications propres aux techniques spécifiques utilisées :<br />

fractures, ostéoporose, pathologie cardiaque (angor instable, troubles du rythme<br />

cardiaque), stimulateur cardiaque ou défibrillateur implanté, tumeurs, infections fébriles.<br />

b) Déroulement du protocole.<br />

- Au cours des premiers jours de leur arrivée, il sera réalisé auprès d’eux une<br />

première mesure du débit expiratoire, ainsi qu’un premier test de marche des six<br />

minutes, suivi de la séance d’ostéopathie. Au début de c<strong>et</strong>te séance, nous ferons<br />

remplir un p<strong>et</strong>it questionnaire concernant leur approche de l’ostéopathie ; nous<br />

procèderons à l’anamnèse à laquelle succèdera trois questions simples concernant<br />

leur vision de l’ostéopathie par rapport à leur maladie ; puis nous effectuerons, avec<br />

leur autorisation, une photo de profil (analyse posturale). Enfin suivra le traitement.<br />

- A la fin de leur séjour, c'est-à-dire à la fin de leur troisième semaine, une seconde<br />

mesure du débit expiratoire ainsi qu’un nouveau test de marche des six minutes<br />

seront effectués ; il leur sera demandé de remplir un questionnaire portant sur<br />

d’éventuels eff<strong>et</strong>s ressentis (imputables à la séance).<br />

- Parallèlement, un groupe témoin aura uniquement la mesure du débit expiratoire <strong>et</strong><br />

du test de marche des six minutes, à son entrée <strong>et</strong> sortie de la Clinique (sans<br />

séance d’ostéopathie) ; il servira, comparativement au premier groupe, à évaluer<br />

75


l’apport du traitement ostéopathique sur l’amélioration des capacités respiratoires<br />

<strong>et</strong> de la tolérance à l’effort.<br />

Anamnèse<br />

Il s’agit d’une anamnèse classique, où nous insisterons sur certains points, notamment<br />

concernant toutes les éventuelles complications propres à l’obésité.<br />

Pour appréhender l’obésité d’un patient, comme pour toute autre maladie, nous ne nous<br />

résumerons pas à l’état actuel du patient, mais nous nous intéresserons à l’histoire de sa<br />

maladie (ancienn<strong>et</strong>é, cause psychologique, étape pré-opératoire, post-opératoire,…).<br />

Observation<br />

Si l’on nous répète souvent au cours de nos études l’importance du temps de l’observation,<br />

celle de la personne obèse semble primordiale, tant il pourra nous donner de précieuses<br />

informations <strong>et</strong> nous faire gagner du temps.<br />

L’observation statique s’appliquera à définir à quel type d’obésité nous avons affaire<br />

(gynoïde, androïde ou abdominale) <strong>et</strong> à analyser le schéma postural du patient ; on<br />

observera notamment les courbures rachidiennes, les genoux (valgus/varus), les pieds<br />

(plats/creux), le polygone de sustentation. On peut y associer des informations palpatoires<br />

(état tensionnel).<br />

Nous observerons la respiration du patient : abdominale ou plutôt thoracique, sollicitation<br />

des muscles inspirateurs accessoires, montée des épaules, comportement des courbures<br />

rachidiennes… On recherche un déséquilibre de l’amplitude respiratoire des deux<br />

hémithorax.<br />

L’observation de la marche étudiera enfin l’attaque du talon, le déroulement du pas, les<br />

rotations opposées ou non des ceintures (pelvienne <strong>et</strong> scapulaire).<br />

Traitement<br />

Il est réalisé avant le traitement des diagnostics d’exclusions pour écarter d’éventuelles<br />

pathologies sous-jacentes (signe des spinaux de Ramon, signe de Ruault, comblement du<br />

creux sus claviculaire, anévrysme de l’aorte....).<br />

Le traitement ostéopathique consistera en une séance classique.<br />

Nous utilisons le test des rotateurs pour définir notre axe de traitement ; s’il est compliqué<br />

de le réaliser selon le patient, nous utiliserons le ten-steps (tests fasciaux globaux). Le test<br />

de flexion debout <strong>et</strong> assis (TFA/TFD) semble d’emblée pouvoir être oublié pour des raisons<br />

pratiques évidentes.<br />

76


Nous utiliserons des techniques structurelles, liquidienne, fasciale, viscérale, selon la<br />

nécessité, en privilégiant au niveau thoracique des techniques décrites par Jean-Pierre<br />

Barral comme des techniques de « libération tissulaire respiratoire » : il s’agit de maintenir<br />

la tension musculo-ligamentaire en fin d’expiration profonde <strong>et</strong> à la relâcher<br />

instantanément, juste au commencement d’une grande inspiration.<br />

Nous allons ici décrire quelques techniques, en expliquant leur intérêt chez les personnes<br />

obèses.<br />

Ce listing de techniques n’est en aucun cas à appliquer systématiquement à chaque<br />

séance, car comme nous l’avons indiqué, s’agissant d’une séance ostéopathique classique,<br />

nous les emploierons en fonction de leur cohérence dans le traitement. Il s’agit donc juste<br />

ici de m<strong>et</strong>tre en avant quelques techniques qui paraîssent intéressantes chez le patient<br />

obèse ; nous discuterons plus tard de leur pertinence.<br />

Synchronisation crânio-sacrée<br />

L’axe crânio-sacré est défini par la mécanique liant la mobilité crânienne à celle du sacrum<br />

par l’intermédiaire de la dure-mère, <strong>et</strong> ce, grâce notamment à la fluctuation du liquide<br />

céphalo-rachidien <strong>et</strong> au mécanisme respiratoire primaire. Sutherland le définit comme une<br />

impulsion rythmique des cellules de la névroglie.<br />

Les centres respiratoires, situés dans le bulbe rachidien, sont donc en relation étroite avec<br />

l’occiput ; il faudra donc, au début du traitement, veiller à une bonne synchronisation crâniosacrée.<br />

Articulation chondro-sternale<br />

La fixation de c<strong>et</strong>te articulation, trop souvent oubliée, est responsable selon Jean-Pierre<br />

Barral de précordialgies, de tachycardies, de dyspnées d’effort, de fixations dorsales<br />

récidivantes <strong>et</strong> d’une sensation de gène <strong>et</strong> d’inconfort thoracique.<br />

Son traitement pourrait donc participer de manière non négligeable au travail de<br />

« libération » de la cage thoracique, se traduisant par une amplification de l’amplitude<br />

respiratoire.<br />

C<strong>et</strong>te articulation est souvent lésée, au même titre que la première côte, par les chutes sur<br />

les mains, fréquentes chez le suj<strong>et</strong> obèse ; il existe en eff<strong>et</strong>, nous l’avons déjà étudié une<br />

diminution des capacités de contrôle de l’équilibre statique chez c<strong>et</strong>te population.<br />

L’articulation chondro-sternale peut également être lésée lors d’un choc en voiture, par les<br />

ceintures de sécurité.<br />

77


Le patient est en décubitus, le praticien est placé latéralement, <strong>et</strong> applique le pisiforme<br />

d’une main sur la portion chondrale concernée tout contre le sternum, alors que l’autre<br />

main soulève le membre supérieur homolatéral par le poign<strong>et</strong>. On distingue deux types de<br />

fixations (qui peuvent être de véritables subluxations) : un type antérieur <strong>et</strong> un type<br />

postérieur.<br />

Subluxation antérieure ; on exerce avec le pisiforme une pression caudale <strong>et</strong><br />

légèrement latérale ; l’autre main soulève le membre supérieur homolatéral du patient<br />

jusqu’à focaliser une tension au niveau de l’appui chondral. A ce stade de tension<br />

maximale, on réalise un thrust postérieur <strong>et</strong> légèrement latéral. Nous devons être précis, <strong>et</strong><br />

pas trop fort dans notre poussée car elle risquerait de créer une chondrite ou une lésion de<br />

l’articulation.<br />

Subluxation postérieure ; le praticien se place à la tête du patient, <strong>et</strong> applique le<br />

pisiforme d’une main sur la portion chondrale concernée pendant que l’autre main va<br />

exercer un contre-appui sur la partie sternale correspondante. On demande au patient<br />

d’inspirer <strong>et</strong> expirer plusieurs fois à fond ; au moment de l’expiration, on pousse <strong>et</strong> on<br />

maintient la partie chondrale en arrière <strong>et</strong> latéralement. On relâche c<strong>et</strong>te pression juste au<br />

moment où le suj<strong>et</strong> reprend une profonde inspiration. Toutes les forces du thorax vont alors<br />

se concentrer sur la main sternale, en libérant antérieurement la portion chondrale.<br />

C<strong>et</strong>te technique est à répéter trois ou quatre fois pour une meilleure efficacité. Il s’agit d’une<br />

technique dite de « libération tissulaire respiratoire »<br />

Aponévrose cervicale moyenne 6<br />

Nous avons déjà insisté sur l’importance stratégique de c<strong>et</strong>te aponévrose sur le plan<br />

circulatoire principalement ; elle est très souvent directement concernée dans le syndrome<br />

du défilé cervico-thoracique. C<strong>et</strong>te aponévrose va recevoir tous les traumatismes<br />

concernant la colonne cervicale <strong>et</strong> le thorax, ainsi que toutes les affections pleuropulmonaires.<br />

Le patient est en décubitus, la tête repose sur l’abdomen du praticien qui place son pouce<br />

dans le creux sus-claviculaire contre la première côte (en effectuant une latéroflexion<br />

cervicale homolatérale), vers le tubercule de Lisfranc, <strong>et</strong> la paume plus en arrière contre le<br />

rebord supérieur de la scapula.<br />

L’abdomen va faire une flexion <strong>et</strong> une latéroflexion controlatérale à l’aponévrose à traiter<br />

jusqu’à sentir la tension fasciale sur le pouce <strong>et</strong> la paume.<br />

Le pisiforme de l’autre main peut se placer entre la première côte <strong>et</strong> la clavicule pour étirer<br />

le muscle sous-clavier en même temps, ou bien la main peut servir de contre-appui sur<br />

l’épaule opposée, ou encore tenir la colonne cervicale.<br />

6 C<strong>et</strong>te technique s’inspire largement de l’ouvrage « le thorax - manipulations viscérales » de Jean-Pierre Baral<br />

78


Figure n°12 : Technique de l’aponévrose cervicale moyenne<br />

(source : Barral J.-P., Le thorax manipulations viscérales, Elsevier, 2005)<br />

cul de sac costo-diaphragmatique 7<br />

Notre travail au niveau de la plèvre consiste à travailler des segments pleuraux qui sont<br />

naturellement plus exposés aux adhérences.<br />

Pour un cul-de-sac costo-diaphragmatique gauche, on place le patient en décubitus latéral<br />

droit, la colonne lombaire en rotation droite, cage thoracique en rotation gauche. Le<br />

praticien se place derrière le patient, <strong>et</strong> fixe le bassin du patient avec la main appliquée sur<br />

son aile iliaque gauche <strong>et</strong> exerce une traction sur le membre supérieur gauche du patient<br />

en haut, en dehors <strong>et</strong> en arrière. On utilise la respiration pour accentuer l’ouverture.<br />

Traitement global de la plèvre 8<br />

Nous pouvons compléter le travail des culs-de-sac inférieurs par c<strong>et</strong>te technique.<br />

Le patient est allongé, les genoux sont inclinés du côté opposé à l’hémothorax traité,<br />

reposant sur la table ; la tête est aussi en latéroflexion/rotation du côté opposé. Les bras<br />

croisés, on place une main sur la tête pour accentuer la latéroflexion/rotation de la colonne<br />

cervicale ; l’autre main se place sur le cul-de-sac inférieur, en dessous de la 7 e chondro-<br />

7 C<strong>et</strong>te technique s’inspire largement de l’ouvrage « ostéopathie de la cage thoracique » de Pierre Mercier<br />

8 C<strong>et</strong>te technique s’inspire largement de l’ouvrage « le thorax - manipulations viscérales » de Jean-Pierre Baral<br />

79


costale. La main costale va se diriger en direction caudale <strong>et</strong> médiale, <strong>et</strong> au maximum de<br />

tension, les deux mains relâchent promptement leur appui ou maintiennent l’étirement,<br />

pendant une expiration lente <strong>et</strong> profonde.<br />

On peut dans un deuxième temps faire la même technique en compression, la main<br />

crânienne s’appliquant contre la clavicule <strong>et</strong> la 1 ère côte. Sur une expiration lente <strong>et</strong><br />

profonde, les deux mains vont comprimer le thorax en se redirigeant l’une vers l’autre ;<br />

elles maintiennent la compression de l’hémithorax pendant une grande inspiration.<br />

Triangulaire du sternum<br />

Figure n°13 : technique pleurale globale<br />

(source : Barral J.-P., Le thorax manipulations viscérales, Elsevier, 2005)<br />

Le traitement spécifique de ce muscle est peu connu, sans doute car il paraît être inclus<br />

dans le traitement du sternum, du péricarde, de la plèvre, du médiastin <strong>et</strong> des articulations<br />

chondro-costales <strong>et</strong> chondro-sternales. Jean-Pierre Barral, s’il avoue ne pas connaitre de<br />

test spécifique de ce muscle, nous invite à pratiquer quelques étirements de ses fibres<br />

dans les fixations importantes du thorax (ou dans les suites d’affection pleurale). « Nous<br />

80


avons été surpris parfois de libérer des fixations que nous n’avions même pas<br />

soupçonnées en pratiquant c<strong>et</strong>te manœuvre. » 9<br />

Le suj<strong>et</strong> est en décubitus, le praticien a les mains croisées <strong>et</strong> place une main en dessous<br />

du manubrium (les fibres du triangulaire ne s’insérant que sur le tiers caudal du sternum) <strong>et</strong><br />

l’autre main sur les côtes moyennes vers les chondro-costales. La main sternale va<br />

pousser en arrière <strong>et</strong> en haut pendant que la main costale va mobiliser les côtes en<br />

direction caudale <strong>et</strong> latérale. Il faut appliquer c<strong>et</strong>te technique des deux côtés.<br />

Rappelons-nous que ce muscle adhère aux culs-de-sac antérieurs ; nous pourrions, en<br />

connaissant les zones d’insertion importantes de la plèvre pariétale, étirer le triangulaire du<br />

sternum par rapport au cul-de-sac <strong>et</strong> inversement. Imaginons par exemple, pour l’hémithorax<br />

droit, la main médiane placée à l’identique, <strong>et</strong> la main latérale placée plus<br />

spécifiquement sur la septième articulation chondro-sternale, la seconde articulation<br />

chondro-sternale voire l’articulation sterno-claviculaire. La main latérale se r<strong>et</strong>rouverait<br />

alors plus haute que la main sternale. Le glissé divergent conduirait alors à pousser la main<br />

costale vers la tête du patient tandis que la main sternale effectuerait une traction caudale ;<br />

ce mouvement serait amplifié sur une phase expiratoire, <strong>et</strong> maintenu sur la phase<br />

inspiratoire suivante, <strong>et</strong> ce pendant quatre ou cinq cycles, conclus par une pression<br />

vibratoire dans un souci de réinformation tissulaire, <strong>et</strong> hypothétique défibrosage au niveau<br />

du cul-de-sac.<br />

Figure n°14 : technique du triangulaire du sternum<br />

(source : Barral J.-P., Le thorax manipulations viscérales, Elsevier, 2005)<br />

9 Jean-Pierre Barral, le thorax - manipulations viscérales. Elsevier, 2005, p.204<br />

81


3) Traitement des données<br />

Etude basée sur deux questionnaires différents<br />

Le premier questionnaire, rempli au début de la séance, nous perm<strong>et</strong> de connaitre la vision<br />

que se fait le patient vis-à-vis de l’ostéopathie.<br />

Le deuxième questionnaire, rempli à la fin de son séjour, soit trois semaines après la<br />

séance, perm<strong>et</strong> de se rendre compte de manière subjective du ressenti du patient par<br />

rapport à la séance.<br />

Nous présenterons ces données sous la forme de graphiques.<br />

Etude du débit expiratoire de pointe<br />

Le débit expiratoire de pointe (DEP) est la mesure du débit expiratoire de pointe obtenu lors<br />

d'une expiration forcée. La mesure du DEP se fait sur une courbe débit-volume obtenu par<br />

un p<strong>et</strong>it appareil appelé Débitmètre de Pointe (« Vitalograph standard » dans notre étude).<br />

Il s'agit d'un p<strong>et</strong>it appareil léger, précis, fiable <strong>et</strong> peu encombrant.<br />

Quand la manœuvre est bien exécutée, une valeur basse du DEP correspond à une<br />

obstruction bronchique ou à l'existence d'une restriction pulmonaire.<br />

La technique de mesure du DEP doit être stricte afin de pouvoir interpréter correctement<br />

les résultats. La mesure du DEP se fait en position debout. Pour effectuer la mesure, il faut<br />

gonfler au maximum la poitrine, bouche ouverte, introduire l'embout dans la bouche, fermer<br />

les lèvres de manière étanche autour de l'embout <strong>et</strong> souffler le plus fort <strong>et</strong> le plus vite<br />

possible. C<strong>et</strong>te séquence est répétée 3 fois de suite à quelques secondes d'intervalle. La<br />

meilleure valeur obtenue est prise en compte. Dans des conditions correctes de mesure, il<br />

existe une excellente fiabilité <strong>et</strong> reproductibilité des mesures du DEP.<br />

Nous confronterons les données issues des mesures de débit expiratoire avec l’IMC <strong>et</strong> le<br />

type d’obésité de chaque patient.<br />

Etude du test de marche de six minutes<br />

Ce test consiste à mesurer la distance la plus grande possible que peut parcourir un<br />

suj<strong>et</strong> sur une surface plane <strong>et</strong> en 6 minutes. Il évalue la réponse intégrée des systèmes<br />

cardio-vasculaire, respiratoire <strong>et</strong> musculaire lors de l’effort ; il évalue donc d’une façon<br />

globale <strong>et</strong> objective la capacité fonctionnelle à l’exercice. C’est probablement parce qu’il<br />

est pratique <strong>et</strong> simple à réaliser que le test de marche de six minutes est largement<br />

utilisé principalement dans l’évaluation de l’incapacité fonctionnelle en réponse à une<br />

intervention médicale dans les pathologies respiratoires <strong>et</strong> cardiaques.<br />

82


Nous nous en servirons pour comparer son évolution chez les patients traités avec celle<br />

observée chez le groupe témoin. Comme pour l’étude du débit expiratoire, nous<br />

m<strong>et</strong>trons en relation les données concernant le groupe traité avec l’IMC <strong>et</strong> le type de<br />

l’obésité. Ces deux études seront présentées sous la forme de tableaux, puis de<br />

graphiques.<br />

Etude du déséquilibre postural sur le plan antéro-postérieur<br />

Nous reportons sur une vue de profil du patient, deux verticales :<br />

La verticale postérieure, tangente avec le point le plus postérieur (en général au<br />

niveau fessier ou dorsal). Elle perm<strong>et</strong> de dégager différents troubles statiques :<br />

o Hyperlordose cervicale <strong>et</strong> thoracique avec les plans scapulaire <strong>et</strong> fessier<br />

alignés<br />

o Diminution des courbures avec les plans scapulaire <strong>et</strong> fessier alignés<br />

o Plan scapulaire antérieur<br />

o Plan scapulaire postérieur<br />

La verticale abaissée du tragus ; elle passe par l’odontoïde, en avant de la 4 ème<br />

dorsale, au niveau de l’articulation costo-vertébrale de la 3 ème côte, au centre du<br />

corps vertébral de L3, au niveau du grand trochanter, puis juste en avant de<br />

l’articulation tibio tarsienne.<br />

A partir de ces deux verticales, nous observerons si l’on peut dégager une tendance<br />

posturale chez le suj<strong>et</strong> obèse, sur un plan antéro-postérieur. Si c’est le cas, nous<br />

tenterons de corréler le déséquilibre repéré avec nos différentes observations.<br />

.<br />

Etude statistique des douleurs musculo-squel<strong>et</strong>tiques<br />

C<strong>et</strong>te étude est directement issue des données de l’anamnèse. Nous présenterons les<br />

douleurs musculo-squel<strong>et</strong>tiques les plus fréquemment décrites par les patients sous la<br />

forme d’un graphique (histogramme)<br />

83


TROISIEME PARTIE :<br />

RESULTATS<br />

84


Les premiers graphiques, issus d’un questionnaire rempli par le patient au début de la<br />

séance, nous perm<strong>et</strong>tent de nous rendre compte du ressenti du patient obèse à l’égard de<br />

l’ostéopathe.<br />

Notre discipline est basée sur l’écoute de la personne, écoutons-la…<br />

27%<br />

Graphique n°1<br />

Connaissez vous l'ostéopathie ?<br />

13%<br />

20%<br />

40%<br />

non, ou très mal<br />

un peu<br />

je connais, j'ai déjà consulté<br />

je consulte régulièrement<br />

Sur 15 patients interrogés, 3 déclarent ne pas connaître l’ostéopathie (ou de manière très<br />

approximative). Les 12 autres patients (80%) ont une connaissance plus ou moins précise<br />

de l’ostéopathie, bien souvent par l’intermédiaire d’un proche, mais aussi par rapport à leur<br />

expérience personnelle ; 40% ont déjà franchi la porte d’un ostéopathe, dont environ un<br />

tiers de manière régulière.<br />

85


Graphique n°2<br />

Pensez vous que l'ostéopathie puisse vous aider pour<br />

faire évoluer favorablement votre obésité ?<br />

73%<br />

7%<br />

20%<br />

je ne pense pas<br />

j'ai des doutes, mais pourquoi pas<br />

oui, je le pense<br />

Lorsqu’il est demandé aux patients obèses (après une explication succincte de notre mode<br />

opératoire) s’ ils pensent que l’ostéopathie puisse contribuer à jouer un rôle dans l’évolution<br />

de leur obésité, ils répondent majoritairement par l’affirmative (73%). Dans 20% des cas, ils<br />

ém<strong>et</strong>tent des doutes sans se montrer réticent.<br />

Enfin, 7% (un patient) ne pense pas que l’ostéopathie puisse lui être utile concernant son<br />

obésité.<br />

86


Un ostéopathe qui travaille en complémentarité avec<br />

des kinésithérapeutes, nutritionnistes, chirurgiens,<br />

pneumologues... Que cela vous inspire-t-il ?<br />

60%<br />

Graphique n°3<br />

0%<br />

On constate que si une majorité de patients fait confiance à l’ostéopathe au sein d’une<br />

équipe médicale, 40% déclarent néanmoins n’être pas suffisamment informés quant au rôle<br />

réel de l’ostéopathe dans une prise en charge pluridisciplinaire.<br />

40%<br />

un peu de méfiance<br />

peut être intéressant, mais pas<br />

assez informé<br />

confiance<br />

87


Diagnostic issu des tests ostéopathiques<br />

Les tests ostéopathiques effectués sur les patients obèses ont révélé plusieurs<br />

dysfonctions récurrentes :<br />

- charnière cervico dorsale fixée (11 cas)<br />

- première côte en dysfonction de supériorité (8 cas)<br />

- occiput en dysfonction de flexion (9 cas)<br />

- dôme pleural (restriction de l’ascension, le plus souvent à gauche)<br />

- articulation chondro-sternale en subluxation antérieure (souvent par groupe de 2 ou<br />

3 articulations chondro-sternales)<br />

- diaphragme fixé en position haute, avec hypertonie (8 cas)<br />

- fibula <strong>et</strong> membrane interosseuse (6 cas)<br />

- astragale en postériorité (4 cas)<br />

- rigidification de la colonne lombaire (10 cas)<br />

88


patients<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

Graphique n°4<br />

douleurs musculo squel<strong>et</strong>tiques<br />

lombalgies arthralgies<br />

apendiculaires<br />

douleurs cervico<br />

dorsales<br />

douleurs<br />

thoraciques<br />

Nous avons recensé ici les principales douleurs décrites par les 15 patients.<br />

douleurs<br />

musculaires<br />

Les lombalgies sont rencontrées chez plus de la moitié des patients, <strong>et</strong> sont<br />

associées chez la moitié des lombalgiques à des neuropathies (sciatalgie, cruralgie).<br />

A l’examen, ce sont plus précisément les 4 ème <strong>et</strong> 5 ème lombaires qui sont incriminées.<br />

Les arthralgies appendiculaires concernent très fréquemment les genoux (8 patients<br />

sur 12), mais aussi les hanches, les épaules <strong>et</strong> les pieds (avant pied). C<strong>et</strong>te<br />

population là souffre d’arthrose dans ¾ des cas (diagnostic radiologique antérieur)<br />

traitée parfois par anti-inflammatoires.<br />

La gêne thoracique décrite chez 3/5 des patients est décrite en général pendant<br />

l’effort comme une oppression thoracique, un étau, une constriction au niveau des<br />

côtes, du sternum, des côtes basses ou encore au niveau de la base du cou<br />

(diaphragme thoracique supérieur). Il s’agit parfois d’une douleur très précise<br />

(« aiguille plantée ») qui intervient souvent exclusivement au cours de la phase<br />

inspiratoire ; la douleur peut aussi être irradiante de la colonne vers le sternum ou<br />

peut être plus diffuse.<br />

Les douleurs cervico dorsales sont présentées chez 4 patients ; il s’agit d’une<br />

douleur diffuse, pouvant irradier latéralement. A la palpation, c<strong>et</strong>te zone est<br />

hyperalgique chez pratiquement tous les patients traités.<br />

Les douleurs musculaires concernent chez 3 patients sur 4 le triceps sural, <strong>et</strong> chez<br />

le dernier patient des douleurs musculaires diffuses.<br />

89


Observations posturales statiques<br />

Ces observations sont issues de photographies prises chez 8 patients traités.<br />

La verticale postérieure nous indique chez la grande majorité des cas un plan scapulaire<br />

antérieur avec dos plat (à l’exception de la patiente n°6), associé pour tous à une<br />

augmentation importante de la distance occiput /plan postérieur (théoriquement inférieure à<br />

deux doigts).La verticale passant par le tragus (ligne gravitaire) passe en avant du grand<br />

trochanter, <strong>et</strong> au niveau de l’avant pied. Il existerait donc un déplacement antérieur du<br />

centre de gravité.<br />

Patient n°1 Patient n° 2<br />

Plan scapulaire antérieur avec dos plat<br />

90


Patient n°2 Patient n°4 Patient n°5<br />

Patient n°6 Patient n°7 Patient n°8<br />

91


Voici les résultats des mesures des débits expiratoires de pointe, ainsi que les résultats du<br />

test de marche des six minutes ; ils sont associés dans les tableaux suivants à l’IMC <strong>et</strong> au<br />

type d’obésité de chaque patient. Les mesures sont faites à l’arrivée des patients à la<br />

clinique (« entrée »), puis trois semaines après, avant leur départ (« sortie »).<br />

Mesures du débit expiratoire de pointe :<br />

Suite à un dysfonctionnement au sein de l’organisation de la Clinique, les données relatives<br />

au groupe témoin, égarées, manqueront à c<strong>et</strong>te étude.<br />

Tableau n°1<br />

IMC Type d’obésité<br />

Débit expiratoire de pointe (DEP)<br />

En l/min<br />

entrée sortie<br />

Evolution<br />

1 31 Androïde 420 500 + 80<br />

2 42 Gynoïde 200 280 + 80<br />

3 40 Abdominale 280 390 + 110<br />

4 36 Gynoïde 350 330 - 20<br />

5 47 Gynoïde 400 440 + 40<br />

6 50 Gynoïde 350 370 + 20<br />

7 61 Gynoïde 310 350 + 40<br />

8 33 Abdominale 450 460 + 10<br />

9 39 Gynoïde 430 440 +10<br />

10 41 Abdominale 500 590 + 80<br />

11 40 Gynoïde 380 420 + 40<br />

12 34 Abdominale 350 250 - 100<br />

13 48 Abdominale 210 430 + 220<br />

14 43 Gynoïde 250 270 + 20<br />

15 33 Abdominale 390 370 - 20<br />

Progression moyenne + 41 l/min<br />

92


Résultats du test de marche des six minutes :<br />

La progression moyenne observée chez les patients traités est comparée à celle d’un<br />

groupe témoin.<br />

Tableau n°2 : groupe traité<br />

IMC Type d’obésité<br />

Test de marche de 6 minutes<br />

En mètre<br />

entrée sortie<br />

Evolution<br />

1 31 Androïde 675 780 +105<br />

2 42 Gynoïde 422 478 + 56<br />

3 40 Abdominale 398 451 + 53<br />

4 36 Gynoïde 580 654 + 74<br />

5 47 Gynoïde 275 392 + 117<br />

6 50 Gynoïde 533 552 + 19<br />

7 61 Gynoïde 145 206 + 61<br />

8 33 Abdominale 495 540 + 45<br />

9 39 Gynoïde 480 511 + 31<br />

10 41 Abdominale 713 745 + 32<br />

11 40 Gynoïde 620 660 + 40<br />

12 34 Abdominale 532 582 + 50<br />

13 48 Abdominale 550 608 + 58<br />

14 43 Gynoïde 520 591 + 71<br />

15 33 Abdominale 576 615 + 39<br />

Progression moyenne + 58 mètres<br />

93


Tableau n°2 bis : groupe témoin<br />

Test de marche de 6 minutes<br />

En mètre<br />

entrée sortie<br />

Evolution<br />

1 503 505 + 2<br />

2 520 602 + 82<br />

3 466 569 + 103<br />

4 344 380 + 36<br />

5 610 630 + 20<br />

6 545 561 + 16<br />

7 503 529 + 26<br />

8 466 475 + 9<br />

9 512 550 + 38<br />

10 427 503 + 76<br />

11 655 636 - 19<br />

12 591 600 + 9<br />

13 655 571 - 84<br />

14 460 521 + 61<br />

15 780 860 + 80<br />

Progression moyenne + 30,5 mètres<br />

94


Graphique n°5<br />

progression moyenne en mètre<br />

progression moyenne en l/min<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

Graphique n°6<br />

0<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Evolution du débit expiratoire de pointe selon le<br />

type d'obésité<br />

obésité abdominale obésité gynoïde obésité androïde<br />

Evolution du test de marche de 6 minutes<br />

selon le type d'obésité<br />

obésité abdominale obésité gynoïde obésité androïde<br />

95


Graphique n°7<br />

progression moyenne en mètre<br />

62<br />

60<br />

58<br />

56<br />

54<br />

52<br />

50<br />

48<br />

46<br />

44<br />

progression moyenne en l/min<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

-10<br />

-20<br />

-30<br />

Graphique n°8<br />

0<br />

Evolution du débit expiratoire de pointe<br />

selon le stade de l'obésité<br />

60<br />

-16<br />

Evolution du test de marche de 6 minutes<br />

selon le stade de l'obésité<br />

50<br />

35<br />

59<br />

71<br />

obésité modérée<br />

obésité sévère<br />

obésité morbide<br />

obésité modérée<br />

obésité sévère<br />

obésité morbide<br />

96


16<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

non, ou de manière peu<br />

significative<br />

Graphique n°9<br />

Avez-vous observé un nouveau confort ?<br />

oui au niveau de l'<br />

essoufflement, de<br />

l'aisance respiratoire<br />

au niveau d'éventuels<br />

symptômes annexes (mal<br />

de dos, genou..)<br />

Trois semaines après le traitement, il a été demandé aux patients d’évaluer, de manière<br />

subjective, les eff<strong>et</strong>s de la séance d’ostéopathie.<br />

Sur les 15 patients traités, 14 ont observé un nouveau confort concernant leur fonction<br />

respiratoire (essoufflement, aisance respiratoire), <strong>et</strong> 8 concernant d’éventuelles douleurs<br />

annexes relatives à leur obésité.<br />

Autre<br />

97


QUATRIEME PARTIE<br />

DISCUSSION<br />

98


1) Analyse des résultats<br />

Questionnaires<br />

Seul un cinquième de la population étudiée déclare ne pas connaître l’ostéopathie, ou très<br />

approximativement. En se penchant de plus près sur le graphique n°1, si les 80% restants<br />

déclarent connaître l’ostéopathie, la moitié de c<strong>et</strong>te population là semble toujours en avoir<br />

une connaissance assez floue. Le graphique n°3 nous montre à son tour que dans 40%<br />

des cas, les patients obèses se déclarent insuffisamment informés.<br />

C<strong>et</strong>te méconnaissance relative observée concernant l’ostéopathie pourrait s’expliquer par<br />

deux phénomènes ; tout d’abord, par l’inexistence actuelle de l’ostéopathe au sein du<br />

cercle multi-disciplinaire impliqué dans le traitement de l’obésité.<br />

Ensuite, les patients obèses présentent souvent une attitude résignée, fataliste (« il n’y a<br />

rien à y faire, à part maigrir ») ; cela ne les encourage pas à pousser la porte de<br />

l’ostéopathe .<br />

Pourtant, après une explication simple des différents mécanismes impliqués dans l’obésité,<br />

<strong>et</strong> leur prise en charge par l’ostéopathe, 73% des patients pensent que l’ostéopathie puisse<br />

jouer un rôle dans l’évolution de leur obésité. A ce niveau, il est important d’expliquer au<br />

patient que nous ne « guérissons » pas l’obésité, nous donnons simplement un coup de<br />

pouce (aisance respiratoire par exemple, qui leur perm<strong>et</strong>trait de reprendre une activité<br />

physique dans de meilleures conditions) : l’implication du patient est donc essentielle.<br />

Diagnostic ostéopathique<br />

Dans notre approche philosophique de l’ostéopathie, nous gardons une approche<br />

holistique du corps humain ; le patient obèse doit, avant d’être vu comme un obèse, être<br />

vu comme un patient. C’est pour cela que nous ne devons pas nous enfermer dans un<br />

protocole de traitement spécifique, car chaque traitement est différent. Nous pouvons, en<br />

prenons en compte c<strong>et</strong>te considération, proposer certaines orientations (à partir des<br />

observations issues du traitement), d’une part dans le choix des techniques utilisées,<br />

d’autre part concernant les axes de traitement qui sembleraient cohérents.<br />

Notre travail ostéopathique s’est attaché en premier lieu à r<strong>et</strong>rouver une bonne<br />

synchronisation crânio-sacrée ; l’occiput se r<strong>et</strong>rouve souvent en dysfonction de flexion. Il<br />

est important de r<strong>et</strong>rouver une bonne fluctuation du liquide céphalo rachidien ; sa<br />

fluctuation transversale est augmentée par la technique de compression du 4 ème ventricule<br />

<strong>et</strong> perm<strong>et</strong> sa propagation dans le corps, le métabolisme cellulaire, <strong>et</strong> stimule ainsi la<br />

vitalité de l’organisme. Il est aussi intéressant de vérifier une bonne fonction de l’occiput<br />

par rapport à sa proximité avec les centres respiratoires.<br />

99


Il apparait une localisation importante des dysfonctions au niveau du diaphragme<br />

thoracique supérieur. Notre approche initiale axée sur la cage thoracique a souvent<br />

conduit à un traitement de c<strong>et</strong>te région (A.T. Still insistait, nous l’avons vu, sur le<br />

traitement de la charpente de ce diaphragme thoracique supérieur chez la personne<br />

obèse).<br />

Il est fréquemment apparu des fixations de la cage thoracique au niveau des culs-de-sac<br />

inférieurs, du sternum, des articulations chondro-sternales, ainsi qu’au niveau de la<br />

colonne thoracique, sans toutefois pouvoir dégager une récurrence de ces dysfonctions, à<br />

l’exception de l’ articulation chondro-sternale, en subluxation antérieure, mais sans<br />

individualiser un niveau costal précis.<br />

Le traitement du diaphragme thoraco-abdominal est apparu comme la phase la plus<br />

critique du traitement. Précédé d’une palpation de l’aorte abdominale (test d’exclusion),<br />

qui s’avère souvent difficile, son traitement s’appuie sur une bonne coopération<br />

respiratoire du patient ; des exercices respiratoires proprioceptifs simples préalables<br />

étaient souvent nécessaires pour obtenir une coopération satisfaisante. La technique dite<br />

du « lift diaphragmatique » (étirement du diaphragme par l’intermédiaire des côtes<br />

inférieures) se montre peu appropriée au suj<strong>et</strong> obèse, préférant des techniques fasciales.<br />

La sphère viscérale a révélé des dysfonctions centrées autour de l’estomac (ligament<br />

gastro colique, p<strong>et</strong>it épiplon, ligament gastro-phrénique, hernies hiatales par glissement<br />

chez deux patients), mais aussi autour du côlon descendant <strong>et</strong> du sigmoïde (racines du<br />

sigmoïde, Fascia de Toldt).<br />

Le foie déborde souvent largement du gril costal (hépatomégalie).<br />

Les lombalgies basses correspondaient à une rigidification de la colonne lombaire, avec<br />

parfois des dysfonctions lombaires au niveau de la quatrième ou cinquième vertèbre<br />

lombaire.<br />

Observation posturales<br />

Nous avons remarqué une n<strong>et</strong>te prédominance d’un déséquilibre postural chez les<br />

personnes obèses ; elles présentent un déplacement antérieur du centre de gravité avec un<br />

plan scapulaire antérieur <strong>et</strong> un dos plat.<br />

Ce déséquilibre est responsable de contraintes importantes à différents niveaux.<br />

Il existe au niveau lombaire une fausse hyperlordose liée au plan scapulaire antérieur avec<br />

une attitude spondylolisthésique.<br />

Les dernières pièces vertébrales sont ainsi soumises à des forces énormes de<br />

compression <strong>et</strong> translation antérieure ; les muscles paravertébraux lombaires se<br />

contractent en permanence pour compenser le déséquilibre antérieur du buste, aggravant<br />

encore les contraintes à ce niveau. Les articulations se déforment, s’épaississent <strong>et</strong> se<br />

surchargent d’arthrose.<br />

Selon B. Bricot, la classique douleur lombaire « en barre » serait ainsi la conséquence<br />

d’une néo articulation articulo-isthmique (articulation pathologique qui n’existe pas à l’état<br />

100


normal). Les articulaires enserrent en tenaille la zone isthmique qui s’amincit <strong>et</strong> se densifie,<br />

créant c<strong>et</strong>te nouvelle articulation entre la pointe émoussée de l’articulaire <strong>et</strong> la zone<br />

isthmique amincie.<br />

Les remaniements articulaires <strong>et</strong> capsulaires provoquées par ces contraintes anormales<br />

provoquent un verrouillage musculaire. Sur le plan clinique, ce phénomène<br />

physiopathologique se traduit par des lombalgies, raideurs <strong>et</strong> contractures.<br />

La symptomatologie de ce déséquilibre postural est étagée :<br />

- tensions cervico-dorsales<br />

- douleurs « en barre » lombaire basse<br />

- douleurs trochantériennes éventuelles (tension du moyen fessier)<br />

- douleur au niveau de la patte d’oie (tension compensatoire)<br />

- douleurs des moll<strong>et</strong>s<br />

- douleurs plantaires <strong>et</strong> « déchaussement » des têtes métatarsiennes<br />

- griffe des orteils ; ils constituent le dernier élément antigravitaire, ils agrippent le sol<br />

(tension excessive sur l’avant pied).<br />

Nous avons bien observé la plupart de ces symptômes, regroupés dans le graphique<br />

intitulé « douleurs musculo-squel<strong>et</strong>tiques » (voir graphique n°4)<br />

Ce déséquilibre correspond à différents dérèglements du système postural faisant<br />

intervenir un ou plusieurs capteurs souvent de façon associée : les anomalies podales sont<br />

les principaux facteurs de décompensation dans le sens antéro-postérieur ; les deux autres<br />

capteurs qui décompensent plus particulièrement le plan antéro postérieur sont l’appareil<br />

manducateur (appareil stomatognatique élargi à la déglutition <strong>et</strong> la ventilation) <strong>et</strong> la peau<br />

(cicatrices antérieures particulièrement). Il s’agit de déterminer alors ce qui revient à<br />

chacun d’entre eux.<br />

Les cicatrices pathologiques :<br />

« Ce qu’il y a de plus profond chez l’Homme, c’est la peau », P.Eluard<br />

Nous avons souvent r<strong>et</strong>rouvé des cicatrices antérieures chez les patients obèses traités (7<br />

patients) occasionnées par diverses opérations : appendicectomie (2), thyroïdectomie (1),<br />

mammectomie (1), ablation de nodules hépatiques (1), hystérectomie (1), pose d’un<br />

anneau gastrique (1).<br />

L’orifice d’un drain peut également laisser une cicatrice pathologique. Ces cicatrices<br />

provoquent un dérèglement postural par action sur les extérocepteurs cutanés ; toute<br />

cicatrice hypertrophique, rétractée ou chéloïde va étirer des extérocepteurs cutanés qui<br />

vont alors transm<strong>et</strong>tre des informations, par l’intermédiaire des voies polysynaptiques, aux<br />

motoneurones qui augmentent le tonus musculaire afin de détendre la peau.<br />

101


Il serait donc intéressant pour lever c<strong>et</strong> obstacle à la reprogrammation posturale de<br />

travailler la cicatrice, les adhérences qu’elle provoque, pour la rendre plus souple, moins<br />

hypertonique ou moins rétractée.<br />

Le capteur podal<br />

Le dos plat avec plan scapulaire antérieur est associé au pied dit à « double composante ».<br />

Très fréquent, il n’est pas forcement pathologique dans sa statique, mais l’est<br />

systématiquement dans sa dynamique. Il est très difficile de savoir si ce pied est adaptatif<br />

ou causatif, probablement les deux dans un bon nombre de cas. Il est mis en évidence par<br />

l’étude de la marche en avant/arrière : le pied attaque le pas sur le bord externe du talon <strong>et</strong><br />

s’effondre immédiatement en valgus.<br />

L’appareil manducateur<br />

Notons simplement ici qu’outre des problèmes occlusaux, l’influence d’une déglutition<br />

primaire sur ce déséquilibre postural serait importante (pulsion de la langue vers l’avant).<br />

Evaluation du bénéfice respiratoire, <strong>et</strong> de sa portée sur<br />

l’exercice physique<br />

La moyenne des mesures du débit expiratoire de pointe (Tableau n°1) nous indique une<br />

amélioration à l’issue de la deuxième mesure, soit une augmentation du débit de 41l/min.<br />

C<strong>et</strong>te augmentation signifie une amélioration de la fonction ventilatoire. Nous ne pouvons<br />

cependant pas confronter ces résultats avec un groupe témoin. Nous devons donc<br />

relativiser c<strong>et</strong>te amélioration observée dans la mesure où nous pourrions penser que des<br />

patients non soumis à une séance ostéopathique, après 3 semaines de séjour dans une<br />

Clinique spécialisée, voient probablement de toute manière leur fonction respiratoire être<br />

plus performante. Nous aurions alors pu comparer si c<strong>et</strong>te amélioration était comparable au<br />

groupe traité.<br />

L’étude du test de marche de six minutes (Tableau n°2) nous perm<strong>et</strong> de comparer<br />

l’amélioration de la distance parcourue entre un groupe traité en ostéopathie, <strong>et</strong> un groupe<br />

non traité (groupe témoin). Il apparait une amélioration n<strong>et</strong>tement plus significative de la<br />

distance parcourue dans le groupe traité en ostéopathie. En eff<strong>et</strong>, si le groupe témoin voit<br />

une augmentation de la distance parcourue de 30,5 mètres en moyenne, c<strong>et</strong>te<br />

augmentation est de 58 mètres chez le groupe traité.<br />

C<strong>et</strong>te amélioration est-elle pour autant révélatrice d’une plus grande facilité à la reprise<br />

d’une activité sportive ? Elle nous indique en tous cas une meilleure tolérance à l’effort à<br />

c<strong>et</strong> instant ; si de nombreux facteurs sont entrés en compte dans c<strong>et</strong>te amélioration, le<br />

traitement ostéopathique semblerait y jouer également un rôle positif.<br />

102


Pour autant, on ne peut pas connaître l’influence de notre action sur la reprise de l’activité<br />

physique sur un long terme ; il est en eff<strong>et</strong> question de motivation personnelle,<br />

encadrement post-séjour, emploi du temps adapté, mode de vie… Nous ne pouvons donc<br />

pas objectiver par c<strong>et</strong>te étude le r<strong>et</strong>entissement réel de l’ostéopathie sur l’activité sportive<br />

de la personne obèse ; à ce stade, nous pouvons simplement penser que nous pourrions<br />

donner un « élan » à la stratégie de rééducation sportive mise en place.<br />

Les résultats concernant le débit expiratoire de pointe <strong>et</strong> le test de marche de six minutes<br />

ont été confrontés avec le type d’obésité du patient ainsi qu’avec l’IMC.<br />

Nous avons ainsi observé (Graphique n°5) une amélioration du débit expiratoire de pointe<br />

plus marquée en cas d’obésité androïde (80l/min) ; ce cas ne concerne en réalité qu’un<br />

seul suj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> nous devrions plutôt observer l’amélioration de ce suj<strong>et</strong> couplé à ceux qui<br />

présentent une obésité abdominale (amélioration de 50l/min), par rapport à une<br />

augmentation plus modérée en cas d’obésité de type gynoide (29l/min). C<strong>et</strong>te comparaison<br />

paraît en eff<strong>et</strong> intéressante, <strong>et</strong> nous perm<strong>et</strong>trait d’envisager que notre action soit plus<br />

efficace chez les personnes présentant une obésité de type androïde <strong>et</strong> abdominale. Ces<br />

morphotypes présentent une répartition de la masse adipeuse qui perturbe la fonction<br />

respiratoire (infiltration adipeuse au niveau diaphragmatique, thoracique, viscéral) ; nous<br />

aurions une action, non pas directement sur ces dépôts adipeux, mais sur ses<br />

conséquences : l’hypomobilité, <strong>et</strong> donc l’hypofonctionnement de la sphère thoracique<br />

notamment, occasionnent des adhérences, des fixations, que nous pouvons prendre en<br />

charge.<br />

On pourrait expliquer ces résultats par le fait que toute perte de poids, même modeste, se<br />

fait prioritairement aux dépens du tissu adipeux périviscéral (viscères thoraciques <strong>et</strong><br />

abdominaux), plus sensible à la lipolyse que les autres sites.<br />

Nous avions déjà remarqué, concernant le trouble respiratoire restrictif chez l’obèse, que le<br />

type d’obésité jouait un rôle important dans les conséquences de l’obésité sur la fonction<br />

ventilatoire : l’obésité androïde entraîne une diminution plus importante du volume de<br />

réserve expiratoire, de la capacité vitale <strong>et</strong> de la capacité pulmonaire totale que l’obésité<br />

gynoïde. Il apparait donc bien encore ici une influence moins prononcée de l’obésité<br />

gynoide sur la sphère respiratoire, comparée à l’obésité de type androïde.<br />

L’évolution du test de marche en fonction du type d’obésité (Graphique n°6) ne perm<strong>et</strong> pas<br />

de montrer de réelles tendances ; en raison de sa faible représentativité, l’augmentation<br />

n<strong>et</strong>te observée en cas d’obésité androïde n’a pas une grande valeur.<br />

Lorsque que l’on compare ces données avec l’IMC (Graphique n°7), nous observons une<br />

amélioration croissante du débit expiratoire de pointe, le stade d’obésité morbide<br />

représentant le groupe où l’on trouve la plus n<strong>et</strong>te progression (71l/min). Il apparait, à<br />

l’inverse, une légère diminution du débit expiratoire de pointe chez les suj<strong>et</strong>s présentant<br />

une obésité modérée (-16l/min). Là encore, nous pourrions penser que chez les patients<br />

présentant une obésité morbide, la présence plus importante de masse adipeuse,<br />

103


potentiellement responsable d’un dysfonctionnement du complexe respiratoire, nous<br />

perm<strong>et</strong> d’avoir une action plus efficace sur la fonction ventilatoire.<br />

L’évolution du test de marche en fonction de l’IMC ne nous oriente pas vers une tendance<br />

particulière, les différents groupes étant à peu près équilibrés (60m, 50m, 59m).<br />

Pour résumer c<strong>et</strong>te étude du bénéfice respiratoire <strong>et</strong> de sa portée sur l’exercice physique,<br />

nous pouvons donc constater que la mesure du débit expiratoire de pointe (dans la mesure<br />

où nous n’avions pas de groupe témoin) nous a principalement servi à dégager des<br />

tendances concernant des groupes plus susceptibles que d’autres à traduire notre action<br />

par une augmentation de leurs capacités ventilatoires. Il est ainsi apparu que ces capacités<br />

là pourraient être améliorées plus préférentiellement chez les suj<strong>et</strong>s présentant une obésité<br />

androïde, abdominale, <strong>et</strong> une obésité morbide (IMC>40).<br />

L’évolution du test de marche n’a lui pas réussi à nous orienter vers de telles tendances.<br />

Pourtant, l’étude de ce test est peut-être la plus significative dans notre propos sur l’intérêt<br />

de l’ostéopathie chez la personne obèse : nous avons pu, par une comparaison avec un<br />

groupe témoin, nous rendre compte d’une progression plus marquée de la distance<br />

parcourue, <strong>et</strong> donc d’une possible action positive de l’ostéopathe dans l’accompagnement<br />

de la personne obèse vers une meilleure acceptabilité de l’exercice physique.<br />

Remarquons que nous n’avons pas pu établir de parallèle entre l’amélioration observée par<br />

le débit expiratoire de pointe, <strong>et</strong> le test de marche des six minutes : ces améliorations ne<br />

concernent pas forcément les mêmes sous-groupes.<br />

Nouveau confort<br />

Les données présentes dans le graphique n°9 sont subjectives dans la mesure où elles<br />

sont basées sur le ressenti du patient, concernant des symptômes relativement vagues <strong>et</strong><br />

peu quantifiables (essoufflement…). Pourtant, nous pouvons observer une tendance<br />

significative puisque 14 patients, sur les 15 traités, ont déclaré avoir constaté une évolution<br />

favorable en terme de confort concernant leur fonction ventilatoire. Ce nouveau confort,<br />

observé par les patients, pourrait hypothétiquement se traduire par un meilleur contrôle de<br />

leur respiration, une nouvelle tolérance à l’exercice physique, une évolution des douleurs<br />

thoraciques liées à l’effort, voire par un meilleur sommeil, <strong>et</strong> donc une meilleure forme<br />

physique.<br />

104


2) Réflexions<br />

Problèmes rencontrés<br />

Notre premier problème a été celui de la recherche d’une convention ; si elle a pu aboutir,<br />

c’est grâce à Mr Sanguignol, directeur de la Clinique du Château de Vernhes, que je tiens<br />

encore ici à remercier.<br />

L’obésité est un suj<strong>et</strong> passionnant mais très vaste ; pour ne pas perdre de vue nos objectifs<br />

il a été nécessaire de correctement cibler notre propos. Nous avons trouvé très peu<br />

d’ouvrages ou de revues concernant l’obésité en ostéopathie. Pourtant la littérature<br />

concernant l’obésité d’une part, <strong>et</strong> l’ostéopathie d’autre part est particulièrement dense ;<br />

nous avons ainsi été conduits à constamment établir de manière méthodique des ponts<br />

entre ces deux suj<strong>et</strong>s, d’un ouvrage à l’autre.<br />

Concernant le protocole, il résulte d’une longue réflexion <strong>et</strong> s’est vu fréquemment modifié<br />

pour des raisons ostéopathiques <strong>et</strong> pratiques. Nous nous sommes adaptés aux conditions<br />

proposées ; sa forme définitive n’a vu le jour que très tard. Nous pouvons avec du recul<br />

penser qu’une plus large population étudiée nous aurait permis une étude statistique plus<br />

représentative ; nous espérons néanmoins avoir pu dégager une tendance.<br />

Concernant la débitmétrie, ém<strong>et</strong>tons-ici une réflexion par rapport à son adéquation avec<br />

notre étude. Une spirométrie aurait pu être plus appropriée pour mesurer plus précisément<br />

l’insuffisance respiratoire de type restrictif. En eff<strong>et</strong>, la mesure du débit expiratoire de pointe<br />

mesure plus spécifiquement une insuffisance obstructive ; nous aurions alors plutôt mesuré<br />

l’état asthmatique, fréquent chez la personne obèse, même si elle nous a permis de nous<br />

donner une idée sur l’état respiratoire général.<br />

L’ostéopathe au sein d’un groupe interdisciplinaire<br />

Pour bien comprendre dans quel cercle vicieux peuvent se trouver les personnes obèses,<br />

prenons l’exemple d’une personne présentant une obésité sévère <strong>et</strong> motivée à l’idée de<br />

perdre du poids ; elle a entendu parler des bienfaits de l’exercice physique <strong>et</strong> part faire un<br />

p<strong>et</strong>it jogging. Au bout de 5 minutes, trop essoufflée, elle décide d’arrêter. Elle n’a d’une part<br />

pas suivi de programme physique adapté, c<strong>et</strong> effort était trop brutal pour elle ; d’autre part,<br />

elle a eu du mal à respirer, sa cage thoracique a perdu son élasticité entraînant une<br />

diminution de l’amplitude respiratoire, elle s’est rapidement essoufflée. De plus, son genou<br />

lui était trop douloureux. A c<strong>et</strong> effort, succédera une crise d’asthme. C<strong>et</strong>te personne rentre<br />

chez elle, abattue par c<strong>et</strong> échec <strong>et</strong> par les moqueries des enfants, où pour se consoler elle<br />

fera une nouvelle crise alimentaire compulsive (boulimie).<br />

105


On comprend au travers de c<strong>et</strong> exemple caricatural l’aspect multifactoriel de c<strong>et</strong>te maladie,<br />

<strong>et</strong> la nécessité d’une prise en charge non pas unidirectionnelle, mais interdisciplinaire.<br />

Les cliniques spécialisées ont bien compris l’aspect multifactoriel de c<strong>et</strong>te maladie, <strong>et</strong><br />

proposent au sein de leur structure l’accès à de nombreux professionnels de santé.<br />

L’ostéopathe, vis-à-vis de son patient obèse, se doit de rentrer dans une prise en charge<br />

globale dans une maladie aussi vaste qu’est l’obésité, en se proposant comme une<br />

nouvelle fenêtre ouverte sur la voie de la guérison. Il doit en cela prendre connaissance de<br />

l’axe de traitement en cours, <strong>et</strong> le prendre en considération pour répondre aux mêmes<br />

objectifs visés par l’équipe médicale. Afin de se proposer comme une nouvelle pièce du<br />

puzzle, l’ostéopathe doit pour cela attentivement observer les autres pièces pour se trouver<br />

à sa juste place, mais aussi pour mieux observer le tableau final qui se dessine (l’ évolution<br />

thérapeutique se situe à plusieurs niveaux).<br />

Par exemple, il semble important pour l’ostéopathe, suite à une gastroplastie de son<br />

patient, de connaître les grandes lignes de l’intervention chirurgicale qui pourront l’aiguiller,<br />

voire le conforter dans son diagnostic (par exemple, une incision du p<strong>et</strong>it épiplon<br />

provoquant une adhérence, un hypofonctionnement du foie <strong>et</strong>c....).<br />

La prise en charge de la personne obèse par l’ostéopathe signifie donc une rigueur dans la<br />

connaissance du suivi de c<strong>et</strong>te personne, de ses antécédents, de son dossier médical<br />

(anévrysme, diabète, chirurgie cardiaque, gastroplastie…), ses principaux axes d’éducation<br />

thérapeutique (basés davantage sur l’activité sportive, le comportement alimentaire…).<br />

L’ostéopathe <strong>et</strong> le patient obèse<br />

Nous avons vu qu’une partie de notre population de patients obèses (40%) fréquente les<br />

cabin<strong>et</strong>s d’ostéopathie ; pour autant, la personne obèse n’ira pas voir l’ostéopathe pour<br />

maigrir, mais pour ses douleurs ostéo articulaires principalement. L’ostéopathe peut,<br />

lorsque c’est effectivement le cas, relier son symptôme à sa maladie ; il faut par exemple lui<br />

expliquer simplement que le surpoids engendre des douleurs en augmentant les<br />

contraintes articulaires <strong>et</strong> discales, <strong>et</strong> qu’il crée aussi de véritables distensions tissulaires.<br />

Dans sa pratique quotidienne, l’ostéopathe doit tenir un discours clair <strong>et</strong> non culpabilisant<br />

devant une personne obèse (à moduler bien sûr selon le stade de gravité de la maladie) qui<br />

pourra lui faire adm<strong>et</strong>tre la nécessité d’une prise en charge globale, même si elle lui a déjà<br />

été conseillée. Notons qu’ un amaigrissement de quelques kilos suffit à améliorer<br />

considérablement la sensibilité à l’insuline <strong>et</strong> les facteurs de risque vasculaire <strong>et</strong><br />

thrombogène. A ce titre, l’efficacité en terme de prévention est plus encourageante que la<br />

modification esthétique moins apparente. Le patient doit en être informé.<br />

L’ostéopathe doit rechercher durant son anamnèse, des symptômes évoquant l’apparition,<br />

voire l’évolution d’une des nombreuses complications liées à l’obésité. Une bonne<br />

connaissance physiopathologique des complications de l’obésité semble être nécessaire<br />

106


pour pouvoir les diagnostiquer, notamment devant des signes parfois peu spécifiques (toux<br />

chronique, douleur vague de l’hypochondre droit, asthénie chronique, troubles de l’humeur,<br />

arthralgie…). Les douleurs thoraciques, particulièrement, peuvent être suj<strong>et</strong>tes à de<br />

nombreuses difficultés dans l’interprétation des signes cliniques.<br />

L’approche ostéopathique de la personne obèse au cours du traitement, nous le verrons<br />

plus loin, ne doit pas être différente de celle des autres patients ; d’un point du vue<br />

pratique, nous nous devons d’être particulièrement attentifs <strong>et</strong> à l’écoute du patient. Les<br />

r<strong>et</strong>entissements fonctionnels chez les obèses sont très différents d’un suj<strong>et</strong> à l’autre. Ainsi,<br />

une personne obèse peut être active, même sportive, alors qu’une autre du même âge <strong>et</strong><br />

du même poids ne pourra pas rester allongée sur notre table, <strong>et</strong> difficilement assise ; c<strong>et</strong>te<br />

personne se décrira d’elle-même comme handicapée. C<strong>et</strong>te différence est souvent corrélée<br />

avec l’histoire pondérale du patient : une obésité qui est apparue dès l’enfance, associée à<br />

une certaine hygiène de vie, paraît moins traumatisante d’un point de vue psychique <strong>et</strong><br />

physique par rapport à une obésité consécutive à un évènement, ou une situation mal<br />

supportée.<br />

Réflexion sur le traitement ostéopathique chez la personne<br />

obèse<br />

L’unique séance proposée à chaque patient dans le cadre ce protocole a révélé être un<br />

casse-tête dans la structuration de la séance, surtout lorsque l’on est habitué au cadre<br />

classique enseigné, où il existe un certain formatage d’ordre protocolaire.<br />

L’adaptation du praticien pendant le traitement est essentielle. Dès l’anamnèse,<br />

l’importance de l’écoute (pour une bonne compréhension des répercussions pathologiques<br />

de l’obésité notamment, mais aussi pour le patient lui-même dans une approche plus<br />

psychologique) nous oblige à dépasser le temps « scolairement » autorisé. Nous pouvons y<br />

remédier en finissant la discussion sur la table.<br />

Certains patients obèses sont parfois incapables de rester en décubitus, obligeant<br />

l’ostéopathe à imaginer parfois de nouvelles positions de traitement.<br />

Leur profil psychologique est souvent fragile, ils sont à « fleur de peau », <strong>et</strong> paraissent<br />

sensibles, particulièrement lors du traitement de la face antérieure du thorax <strong>et</strong> du<br />

diaphragme ; ces zones dites « émotionnelles » peuvent libérer des tensions intérieures, le<br />

praticien peut l’y emmener mais doit aussi connaître ses limites.<br />

Les patients obèses apparaissent hyperalgiques ; il existe un abaissement du seuil<br />

nociceptif avec hypersensibilité à la douleur, qui serait la conséquence d’un dérèglement du<br />

système des endorphines <strong>et</strong> pourrait expliquer la fréquence des phénomènes douloureux<br />

chez les obèses.<br />

La réalisation de certains tests <strong>et</strong> techniques sont parfois compliqués d’exécution du fait de<br />

la masse adipeuse ; là encore, l’adaptation du praticien est importante ; mais celle peut-être<br />

la plus inattendue <strong>et</strong> la plus contraignante, est celle de l’adaptation du praticien face à la<br />

107


fatigabilité parfois extrême du patient obèse. Elle peut nous obliger à suspendre voir<br />

interrompre la séance.<br />

C<strong>et</strong>te considération nous conduit à réfléchir sur le traitement effectué. En eff<strong>et</strong> il est apparu<br />

qu’il était physiquement difficile pour le patient de recevoir un traitement trop long (pas plus<br />

de 20 minutes), ou demandant trop d’efforts, notamment lors de techniques d’énergie<br />

musculaire.<br />

Le traitement compl<strong>et</strong> de la cage thoracique (plèvre, muscles, cadre osseux, diaphragmes),<br />

est intéressant sur l’aspect théorique mais peut se montrer trop contraignant physiquement<br />

pour le patient, <strong>et</strong> peut-être pas très judicieux dans notre stratégie thérapeutique.<br />

Nous ne pouvons pas espérer pouvoir remplir systématiquement notre objectif<br />

thérapeutique en une séance, <strong>et</strong> nous devons à ce titre accepter une hiérarchisation des<br />

dysfonctions par rapport à leur (éventuel) traitement sur un moyen terme (sur plusieurs<br />

séances) ; il est de toute façon admis dans notre logique ostéopathique que notre<br />

traitement ne se résume pas au traitement immédiat de toutes les dysfonctions trouvées,<br />

mais doit plutôt se concevoir comme une stratégie thérapeutique nécessitant parfois<br />

plusieurs séances.<br />

Essayons-nous à faire une proposition d’approche (<strong>et</strong> non un protocole restrictif).<br />

Une première séance pourrait se consacrer au travail du contenant thoracique, à<br />

l’ensemble du cadre osseux (comme le concevait A.T. Still) ainsi qu’à un travail de<br />

synchronisation du système crânio-sacré afin de replacer le patient dans une position de<br />

relative neutralité.<br />

La deuxième séance aurait alors pour but de lever le plus d’adhérence possible au niveau<br />

thoracique en équilibrant le diaphragme thoracique supérieur, le diaphragme thoracoabdominal<br />

<strong>et</strong> en travaillant sur les différentes adhérences thoraciques observées.<br />

L’intégration du troisième diaphragme, le diaphragme pelvien est essentiel à la répartition<br />

<strong>et</strong> à l’équilibre des pressions ; il est aussi important dans la prise en charge des problèmes<br />

circulatoires des personnes obèses ( jambes lourdes, hémorroïdes) mais aussi concernant<br />

l’incontinence d’effort.<br />

Dans le cas de lombalgie, un traitement fascial de type Chila peut suivre à l’équilibration<br />

des trois diaphragmes.<br />

D’éventuelles autres séances pourraient utiliser de manière plus adéquate un travail actif<br />

sur la respiration (avec une coopération respiratoire).<br />

Le travail d’équilibre des pressions pourrait impliquer un travail membranaire, <strong>et</strong> notamment<br />

la tente du cerveau <strong>et</strong> du cervel<strong>et</strong>, qui sont des diaphragmes transversaux ; le traitement<br />

des dysfonctions crâniennes, impliquées dans le mécanisme crânio-sacré, pourrait jouer un<br />

rôle intéressant chez les personnes obèses, lorsque leurs fréquentes céphalées est<br />

souvent corrélée à une augmentation de pression du liquide céphalo rachidien.<br />

N’oublions pas qu’une séance d’ostéopathie, peut être l’occasion, particulièrement chez la<br />

personne obèse, de participer à la découverte de son corps, de ses postures, de sa<br />

respiration, de ses mouvements qui perm<strong>et</strong>tent une meilleure connaissance <strong>et</strong> une<br />

affirmation de soi.<br />

108


3) Perspectives<br />

Si le traitement du patient obèse pourrait lui apporter apporter un bénéfice (respiratoire,<br />

soulagement,…) il reste à savoir dans quels contextes nous pourrions l’utiliser à bon<br />

escient.<br />

L’obésité entraîne des altérations fonctionnelles touchant à peu près tous les organes,<br />

au premier rang desquels on trouve le système respiratoire dont l’atteinte est quasi<br />

constante, y compris pour des obésités modérées.<br />

L’importance des altérations respiratoires des patients obèses justifie une réflexion sur les<br />

modalités d’action perm<strong>et</strong>tant de diminuer le risque de complications, en insistant sur<br />

l’optimisation de la ventilation périopératoire. Si nous estimons bien agir sur c<strong>et</strong>te<br />

optimisation de la capacité ventilatoire, nous ne sommes pas en mesure d’apprécier<br />

l’incidence d’un traitement ostéopathique préopératoire ; il semble en tout cas illusoire de<br />

pouvoir se substituer aux techniques de ventilation assistée. Toutefois, en prévision d’une<br />

intervention chirurgicale, nous pourrions travailler sur le terrain respiratoire du patient<br />

obèse, comme nous pourrions le faire chez une femme enceinte en prévision de<br />

l’accouchement, voire chez une femme en prévision d’une grossesse (intégrité du bassin,<br />

du diaphragme pelvien). Il pourrait être alors intéressant d’observer les répercussions en<br />

termes de fréquence ou de gravité des complications post opératoires.<br />

L’intervention postopératoire ostéopathique pourrait être basée sur des principes de<br />

relâchements fasciaux, afin de relâcher les grosses tensions souvent à l’origine de douleurs<br />

postopératoires.<br />

Un autre contexte serait celui de la prise en charge des sportifs obèses, qui constituent<br />

certes une population réduite, mais qui néanmoins mérite notre attention par les énormes<br />

contraintes biomécaniques exercées durant un sport tel que les sports de lancer (poids,<br />

disque, marteau), le sumo, l’haltérophilie, la boxe. Ils seront parfois considérés comme<br />

obèses par rapport à leur IMC, sans pour autant avoir le profil adipeux d’une personne<br />

obèse non sportive (la masse musculaire « faussant » c<strong>et</strong> indice, aléatoire, comme nous<br />

l’avons déjà vu). Il conviendrait donc en premier lieu, dans le cadre d’une étude du suj<strong>et</strong><br />

obèse sportif, de redéfinir de manière plus adéquate l’obésité au sein du milieu sportif.<br />

Nous pourrions alors nous demander si dans notre même objectif d’amélioration des<br />

capacités ventilatoires, nous pourrions obtenir des résultats positifs en terme de<br />

performance sportive.<br />

Un autre contexte, celui de l’obésité chez l’enfant, n’a pas été abordé dans notre étude<br />

dans la mesure où l’obésité infantile mérite une réflexion particulière dans son approche.<br />

C<strong>et</strong>te population concernée est c<strong>et</strong>te fois beaucoup plus large : selon les résultats de<br />

l'étude nationale nutrition santé 2006, réalisée par l'Unité de Surveillance <strong>et</strong><br />

d'Epidémiologie Nutritionnelle, 21,5% des enfants seraient obèses ou en surpoids.<br />

109


L'obésité infantile entraîne des conséquences graves sur la santé, notamment<br />

rhumatologiques, pneumologiques, psychologiques <strong>et</strong> métaboliques. Elle est directement à<br />

l'origine de cas de diabète de type 2 chez des jeunes, une forme de diabète jusqu'alors<br />

connue uniquement chez des adultes.<br />

Sa prise en charge précoce serait donc particulièrement importante, <strong>et</strong> nécessiterait une<br />

étude à part entière.<br />

Quoi qu’il en soit, devant c<strong>et</strong>te situation pathologique touchant près de six millions de<br />

personnes en France, <strong>et</strong> en constante augmentation, nous y serons forcément confrontés<br />

un jour ou l’autre dans notre pratique. Nous nous devons donc d’adopter une position<br />

claire ; c<strong>et</strong>te situation ne peut être limitée à une prise en charge unidirectionnelle.<br />

Substituer à la notion de r<strong>et</strong>our à un poids idéal théorique la prévention <strong>et</strong> la prise en<br />

charge des complications, en même temps que des objectifs pondéraux réalistes, est une<br />

première étape importante pour améliorer la réponse médicale face à ce qui est une<br />

maladie chronique invalidante.<br />

110


Conclusion<br />

Nous avons étudié l’étroite corrélation qu’il existait entre l’obésité <strong>et</strong> le système respiratoire,<br />

dans une relation de cause à eff<strong>et</strong> assez complexe, mais néanmoins primordiale pour<br />

comprendre le processus de la prise du poids chez les personnes obèses, <strong>et</strong> leurs<br />

difficultés rencontrées pour stabiliser voire diminuer leur poids.<br />

Nous n’avons eu de cesse tout au long de notre étude de rechercher les différents niveaux<br />

auxquels nous serions susceptibles d’intervenir chez la personne obèse.<br />

Il est apparu à de nombreuses reprises que nous aurions un rôle important à jouer dans la<br />

prise en charge de l’obésité.<br />

Notre place au sein du cercle interdisciplinaire n’y est pas bien définie ; c’est à nous de la<br />

définir. En eff<strong>et</strong>, nous avons, en temps que praticien de première intention, une place<br />

particulièrement stratégique dans la prévention, le dépistage (évolution défavorable,<br />

complications), la réorientation multidisciplinaire, mais aussi dans l’action thérapeutique<br />

proprement dite. C<strong>et</strong>te action concerne les douleurs relatives à l’obésité (lombalgies, reflux<br />

gastro-œsophagien, periarthralgies,…), mais pourrait aussi également se situer en amont<br />

en travaillant sur les mécanismes d’installation <strong>et</strong> d’aggravation de l’obésité. En observant<br />

le comportement de la cage thoracique chez la personne obèse, nous avons observé des<br />

perturbations contrariant la fonction ventilatoire ; lorsque l’on connaît l’importance vitale de<br />

c<strong>et</strong>te fonction sur l’organisme, son rôle d’adaptation à l’effort jusqu’à son rôle métabolique<br />

dans les échanges tissulaires, nous pouvons facilement comprendre qu’il existe un eff<strong>et</strong><br />

néfaste des ces perturbations sur l’évolution de l’obésité.<br />

Nous avons ainsi placé le thorax au cœur de notre traitement, sans toutefois oublier de le<br />

replacer au sein d’un ensemble, le corps humain.<br />

Nous nous sommes cependant rapidement rendu compte de la nécessité d’organiser notre<br />

stratégie thérapeutique de manière plus cohérente, faisant apparaître qu’une seule séance<br />

ne nous plaçait pas dans des conditions optimales pour mener à bien notre traitement.<br />

L’objectivation de notre action thérapeutique, obtenue grâce aux données recueillies par la<br />

débitmétrie <strong>et</strong> le test de marche de six minutes, tend à nous montrer qu’il existerait bien<br />

une amélioration plus importante des capacités respiratoires chez le suj<strong>et</strong> obèse traité en<br />

début de séjour, au sein d’une Clinique spécialisée dans la prise en charge<br />

multidisciplinaire de l’obésité.<br />

Plus précisément, nous avons pu remarquer que d’une part, par une étude comparative<br />

avec un groupe témoin, nous participerions à l’amélioration de la capacité physique par une<br />

meilleure tolérance à l’effort. En eff<strong>et</strong>, l’évolution de la distance parcourue en six minutes,<br />

observée grâce à une mesure en début puis en fin de séjour, révèle une amélioration plus<br />

111


significative au sein du groupe traité, puisque ce groupe voit une amélioration moyenne de<br />

la distance parcourue égale à 58 mètres, alors que celle du groupe témoin est de 30,5<br />

mètres, soit presque deux fois moins.<br />

D’autre part, grâce aux mesures du débit expiratoire de pointe recoupé avec l’IMC <strong>et</strong> le<br />

type d’obésité de chaque patient traité, nous pourrions penser que le bénéfice respiratoire<br />

serait plus important chez les suj<strong>et</strong>s présentant une obésité de type androïde ou<br />

abdominale, <strong>et</strong> plus spécifiquement en cas d’obésité morbide (IMC>40).<br />

Nous avons plus largement établi, à partir de notre état des connaissances, de notre<br />

anamnèse, notre observation ou nos tests ostéopathiques, un état de lieux des pathologies,<br />

des déséquilibres <strong>et</strong> des dysfonctions fréquemment observés chez le suj<strong>et</strong> obèse. Il est<br />

apparu des récurrences qui peuvent nous sembler significatives ; par exemple, il semblerait<br />

que l’on r<strong>et</strong>rouve souvent un schéma postural particulier (plan scapulaire antérieur), des<br />

lombalgies, de l’asthme, ou encore une fixation fréquente de la charnière cervico-dorsale.<br />

Nous sommes conscients que ces exemples nécessitent un traitement pluridisciplinaire<br />

(juxtaposition de savoirs) ; mieux que cela, ne méritent-ils pas une approche<br />

interdisciplinaire, qui sous-entend un dialogue, un échange de connaissance, d’analyse, de<br />

méthodes entre plusieurs disciplines ? Si notre approche originale de l’obésité nous perm<strong>et</strong><br />

de nous poser c<strong>et</strong>te question, elle nous a aussi permis d’appréhender ses spécificités, ses<br />

différents mécanismes influant sur notre approche ostéopathique quotidienne.<br />

Nous pourrions être conduits, face à l’ampleur grandissante de ce problème de société, à<br />

participer de plus en plus à la prise en charge de la personne obèse. Conscient de ses<br />

atouts, l’ostéopathe pourrait même y jouer un rôle stratégique.<br />

112


Ouvrages :<br />

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Taillé C., Rôle du poids sur la santé respiratoire, Revue des malades respiratoires, 2008,<br />

Vol 25, pp.97-100<br />

Weitzenblum E., Kessler R., Canu<strong>et</strong> M. <strong>et</strong> al. Syndrome obésité-hypoventilation, Revue des<br />

maladies respiratoires, 2008, Vol 25 n°4, pp.391-401<br />

Latarj<strong>et</strong> A. <strong>et</strong> Francillon J., Le fascia endothoracique, Annales d'anatomie pathologique <strong>et</strong><br />

d'anatomie normale médico-chirurgicale, n° 5, mai 1938, p.457<br />

Sites intern<strong>et</strong> :<br />

Delay J.M., El Kamel Joez, Jaber S., Ventilation du patient obèse [en ligne] disponible sur<br />

http://www.adiam.fr/printemps2009.pdf/Texte%20ventilation%20obese%20ADIAM.pdf<br />

Mazieres B., Gonarthrose, <strong>Obésité</strong> <strong>et</strong> activité physique [en ligne] disponible sur<br />

http://www.observatoire-du-mouvement.com/upload/contenu/odm22-gon_ap.pdf<br />

Marchand E., <strong>Obésité</strong> <strong>et</strong> système respiratoire [en ligne] disponible sur<br />

http://sites.uclouvain.be/loumed/V126,%202007/mai/163-167.pdf<br />

Organisation Mondiale de la Santé, apprendre ensemble pour œuvrer ensemble au service<br />

de la santé [en ligne] disponible sur http://whqlibdoc.who.int/trs/WHO_TRS_769_fre.pdf<br />

Sionneau P., les solutions de la médecine chinoise [en ligne] disponible sur<br />

http://www.sionneau.com/articles/obesite.pdf<br />

115


Annexe n°1<br />

Annexes<br />

116


Annexe n°2<br />

- Connaissez-vous l’ostéopathie ?<br />

1- Non, ou très mal<br />

2- Je connais un peu<br />

3- Je connais, j’ai déjà consulté<br />

4- Je consulte régulièrement<br />

QUESTIONNAIRE<br />

- Après explications des principes du traitement par l’étudiant ostéopathe,<br />

pensez vous que l’ostéopathie puisse vous aider pour faire évoluer<br />

favorablement votre maladie ?<br />

1- Je ne pense pas<br />

2- J’ai des doutes, mais pourquoi pas<br />

3- Oui, je le pense<br />

- Un ostéopathe qui travaille en complémentarité avec nutritionniste,<br />

kinésithérapeute, chirurgiens, pneumologue… Que cela vous inspire-t-il ?<br />

1 - un peu de méfiance<br />

2 – Peut-être intéressant mais pas assez informé<br />

3 – Confiance<br />

117


Annexe n°3<br />

A remplir en fin de séjour<br />

NOM, Prénom :<br />

QUESTIONNAIRE APRES TRAITEMENT OSTEOPATHIQUE<br />

Concernant l’activité physique, avez-vous observé un nouveau confort<br />

1) Non<br />

2) Oui, au niveau de l’essoufflement, de l’aisance respiratoire<br />

3) Oui, au niveau de symptômes « annexes » (mal de dos, genou ou autres symptômes)<br />

4) Autre :<br />

Test de marche de 6 minutes de fin de séjour :<br />

Débitmétrie de fin de séjour :<br />

Je vous remercie pour votre aimable coopération.<br />

118


Annexe n°4 : 19 actions à engager, proposées par des<br />

médecins, nutritionnistes <strong>et</strong> scientifiques remises à Nicolas<br />

Sarkozy au début du mois de février 2010.<br />

A l’école…<br />

Action N°1: imposer l’équilibre des repas dans les cantines scolaires.<br />

N°2: rendre les fontaines à eau obligatoires dans tous les établissements scolaires.<br />

N°3: renforcer l’interdiction de mentionner les marques de produits alimentaires à l’école, que ce<br />

soit sur les menus, les affiches, le matériel scolaire ou sportif.<br />

N°4: ajouter des cours de cuisine <strong>et</strong> des leçons sur la nutrition, en classe de CE2 pour les<br />

primaires, en 5e pour les collégiens.<br />

N°5: augmenter l’activité physique à l’école, notamment en installant des paniers de bask<strong>et</strong> ou des<br />

buts dans toutes les cours de récréation.<br />

Mais aussi à la maison, au supermarché <strong>et</strong> dans les transports…<br />

N°6: obtenir le passage gratuit des spots de l’Institut national de prévention <strong>et</strong> d’éducation pour la<br />

santé (Inpes) –”Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé”- sur les chaînes<br />

publiques de télévision <strong>et</strong> de radio.<br />

N°7: interdire les spots de publicité télévisés pour les produits alimentaires à destination des<br />

enfants le matin avant l’école, les mercredi, samedi <strong>et</strong> dimanche matin.<br />

N°8: interdire, dans les émissions de télé-achat, la vente de produits <strong>et</strong> appareils pour mincir<br />

n’ayant pas fait la preuve de leur efficacité (substituts de repas, sous-vêtements pour maigrir,<br />

masseur anti-cellulite, <strong>et</strong>c.).<br />

N°9: apposer un logo distinctif sur les emballages des produits alimentaires bons pour la santé<br />

(comme il existe déjà un logo vert sur les produits recyclables).<br />

N°10: encourager l’allaitement au sein pour les bébés (<strong>et</strong> augmenter en conséquence la durée du<br />

congé maternité).<br />

N°11: rendre obligatoire les fontaines à eau dans tous les lieux publics, les lieux de passage (gares,<br />

métro, aéroports,…) <strong>et</strong> dans les entreprises privées.<br />

N°12: promouvoir, dans les boulangeries <strong>et</strong> auprès de la population, le pain à base d’une farine<br />

moins raffinée que la farine blanche (type 80) <strong>et</strong> fabriqué avec une quantité de sel inférieure à 18g<br />

par kilo de farine.<br />

Chez le médecin ou à l’hôpital…<br />

N°13: introduire une formation en nutrition dans les études suivies par les futurs professionnels de<br />

santé (médecins, dentistes, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants), mais aussi dans celles<br />

destinées aux futurs enseignants <strong>et</strong> travailleurs sociaux.<br />

N°14: clarifier les compétences des divers spécialistes de la nutrition, afin que le titre de<br />

“nutritionniste” ne soit pas usurpé.<br />

N°15: améliorer la prise en charge de l’obésité dans le système de soins, aussi bien pour les<br />

enfants que pour les adultes.<br />

N°16: accorder davantage d’attention aux problèmes de nutrition à l’hôpital, sur le modèle de la lutte<br />

contre les infections nosocomiales.<br />

N°17: inscrire l’actuel Plan national nutrition santé (PNNS) comme priorité de santé publique.<br />

Et enfin, à destination des plus modestes…<br />

N°18: distribuer des coupons de fruits <strong>et</strong> légumes frais, à la façon des tick<strong>et</strong>s-restaurants, pour les<br />

personnes aux revenus modestes.<br />

N°19: aider à l’approvisionnement des structures d’aide du type Restos du cœur ou Soupe<br />

populaire en aliments bons pour la santé.<br />

119


Résumé<br />

Mots clefs :<br />

obésité, ostéopathie, cage thoracique, prise en charge interdisciplinaire, capacité<br />

respiratoire.<br />

L’obésité, problème de santé publique, nécessite une prise en charge interdisciplinaire ;<br />

notre objectif est de montrer quelle place l’ostéopathie pourrait y trouver. Nous pourrions<br />

notamment agir sur l’amélioration des capacités respiratoires, qui se trouvent réduites chez<br />

la personne obèse ; l’exercice physique, partie intégrante de la stratégie thérapeutique<br />

interdisciplinaire, pourrait alors être optimisé.<br />

Grâce à la coopération de la Clinique du Château de Vernhes, nous avons pu vérifier nos<br />

hypothèses chez 15 patients obèses ; l’eff<strong>et</strong> du traitement a été objectivé par différentes<br />

méthodes (débitmétrie, test de marche de six minutes, analyse posturologique,<br />

questionnaires).<br />

Il est apparu qu’il existerait bien un eff<strong>et</strong> positif de notre action dans ce cadre là.<br />

Si la recherche des mécanismes perturbant une bonne fonction ventilatoire nous a permis<br />

de mieux cibler notre traitement, nous avons pourtant considéré la personne obèse dans sa<br />

globalité. A ce titre, nous nous sommes intéressés à l’approche générale de la personne<br />

obèse.<br />

Keywords :<br />

Obesity, osteopathy, rib cage, interdisciplinary care, breathing abilities.<br />

Obesity, a public health problem, requires an interdisciplinary care ; our aim is to show what<br />

could be there the place of osteopathy. In particular we could act on the improvement of the<br />

breathing abilities, which are reduced for an obese person ; then physical exercise, part of<br />

the interdisciplinary therapeutic strategy, could be optimized.<br />

Thanks to the cooperation of the Private hospital of the « château de Vernhes », we were<br />

able to verify our hypotheses about 15 obese patients ; the effect of the treatment was<br />

objectivized with various m<strong>et</strong>hods (ratem<strong>et</strong>er, six-minutes walk test, postural analysis and<br />

questions).<br />

It seemed that there, the effect of our action would be positive in this framework.<br />

If searching mechanisms which disturb a correct ventilatory function allowed us to targ<strong>et</strong><br />

our treatment b<strong>et</strong>ter, we have nevertheless considered an obese person as a whole. As<br />

such, we were interested in a general approach of the obese person.<br />

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