Dédicaces - Faculté de Médecine et de Pharmacie de Fès
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<strong>Dédicaces</strong>
Toutes les l<strong>et</strong>tres ne sauraient trouver les mots qu’il faut…..<br />
Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitu<strong>de</strong>, l’amour, le<br />
respect, la reconnaissance.<br />
Aussi, c’est tout simplement que :<br />
Z Je dédie c<strong>et</strong>te thèse à …?
Au bon dieu<br />
Tout puissant<br />
Qui m’a inspiré<br />
Qui ma guidé dans le bon chemin<br />
Je vous dois ce que je suis <strong>de</strong>venue<br />
Louanges <strong>et</strong> remerciements<br />
Pour votre clémence <strong>et</strong> miséricor<strong>de</strong>
A ma très chère mère<br />
Tu représentes pour moi le symbole <strong>de</strong> la bonté par excellence, la source <strong>de</strong><br />
tendresse <strong>et</strong> l’exemple du dévouement qui n’a pas cessé <strong>de</strong> m’encourager <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
prier pour moi.<br />
Ta prière <strong>et</strong> ta bénédiction m’ont été d’un grand secours pour mener à<br />
bien mes étu<strong>de</strong>s.<br />
Aucune dédicace ne saurait être assez éloquente pour exprimer ce que tu<br />
mérites pour tous les sacrifices que tu n’as cessé <strong>de</strong> me donner <strong>de</strong>puis ma<br />
naissance, durant mon enfance <strong>et</strong> même à l’âge adulte.<br />
Tu as fait plus qu’une mère puisse faire pour que ses enfants suivent le<br />
bon chemin dans leur vie <strong>et</strong> leurs étu<strong>de</strong>s.<br />
Je te dédie ce travail en témoignage <strong>de</strong> mon profond amour. Puisse Dieu,<br />
le tout puissant, te préserver <strong>et</strong> t’accor<strong>de</strong>r santé, longue vie <strong>et</strong> bonheur.
A mon très cher père<br />
Je ne trouverai <strong>de</strong> mots assez forts pour vous exprimer mon<br />
affection, mon estime <strong>et</strong> mon dévouement pour votre patience, votre<br />
compréhension, vos innombrables encouragements <strong>et</strong> tous les sacrifices<br />
que vous avez consentis pour mon éducation <strong>et</strong> mon bien-être.<br />
Aucun mot ni expression ne suffirait pour vous remercier <strong>et</strong><br />
traduire mes bons fonds sentiments d’amour <strong>et</strong> <strong>de</strong> respect.<br />
Puisses tu, cher papa, trouver dans ce mo<strong>de</strong>ste travail le fruit <strong>de</strong><br />
tous tes efforts <strong>et</strong> sacrifices.<br />
Puisse dieu vous accor<strong>de</strong>r une bonne santé <strong>et</strong> une longue vie
A ma très chère sœur Zakia, son mari Ab<strong>de</strong>louahed<br />
<strong>et</strong> leurs p<strong>et</strong>its anges Abir <strong>et</strong> Arij<br />
Bien que je ne sois pas très expressif ; sachez que<br />
<strong>de</strong>s mots simples ne sauraient à eux seuls prouver le<br />
grand amour fraternel <strong>et</strong> l’immense affection que je<br />
porte.<br />
Puisse dieu, le tout puissant, vous procurer santé<br />
<strong>et</strong> longue vie <strong>et</strong> vous réserve un avenir plein <strong>de</strong> succès<br />
comme vous le souhaitez…
A mon très cher frère Mohammed Amine<br />
Aucun mot ne saura exprimer tout l’amour que j’ai pour toi.<br />
Tu es le frère idéal pour moi, tu as énormément <strong>de</strong> qualités<br />
que je ne pourrais pas tous les citer.<br />
Même si la distance nous a séparé, tu étais <strong>et</strong> tu resteras toujours<br />
dans mon cœur.<br />
Que dieu te gar<strong>de</strong>, <strong>et</strong> te procure santé, bonheur <strong>et</strong> longue vie.
A ma chère grand mère Hadja Tahra<br />
Trouvez ici les expressions <strong>de</strong> ma tendresse, mon respect <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
mon affection inaltérable.<br />
Que Dieu vous protège.<br />
A la mémoire <strong>de</strong> mes grands parents paternels <strong>et</strong><br />
mon grand père maternel.<br />
A mes oncles <strong>et</strong> tantes<br />
A mes cousins <strong>et</strong> cousines<br />
A tous les membres <strong>de</strong> la famille Laϊssaoui <strong>et</strong> Limami<br />
p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> grands<br />
Pour votre soutien <strong>et</strong> vos encouragements.<br />
Veuillez trouver dans ce mo<strong>de</strong>ste travail l’expression <strong>de</strong><br />
mon affection la plus sincère.<br />
Que Dieu le tout puissant, vous protège <strong>et</strong> vous gar<strong>de</strong>.
A mes amis <strong>et</strong> collègues :<br />
Dr. Souirti ; Dr. Mahmoudi ; Dr. S. Siham ;<br />
Dr. Babakhouya ; Dr. Saki ; Dr. Chouaib;Dr. Alaoui<br />
Dr. Zrihni; Dr. Chraibi; Dr. Alami; Dr. Houssam<br />
Dr. Belhoussine; Dr. Lmekki; Dr. Hachimi;<br />
Dr. Cherkaoui; Dr. Ridal; Dr. Zaki; Dr. Benmansour;<br />
Dr. Benali;Dr. Aissaoui;Dr.Abbassi<br />
Mr. Kadiri…..<br />
Je ne peux trouver les mots justes <strong>et</strong> sincères pour vous<br />
exprimer mon affection <strong>et</strong> mes pensées, vous êtes pour moi <strong>de</strong>s<br />
frères <strong>et</strong> sœurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s amis sur qui je peut compter.<br />
En témoignage <strong>de</strong> l’amitié qui nous uni <strong>et</strong> <strong>de</strong>s souvenirs <strong>de</strong><br />
tous les moments que nous avons passé ensemble, je vous dédie ce<br />
travail <strong>et</strong> je vous souhaite une vie pleine <strong>de</strong> santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> bonheur.<br />
A toute l’equipe du service d’ORL <strong>de</strong> l’hôpital OMAR DRISSI<br />
A tous ceux qui me sont trop chers <strong>et</strong> que<br />
j'ai omis involontairement <strong>de</strong> citer.<br />
A tous ceux qui m’ont aidé <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin<br />
dans la réalisation <strong>de</strong> ce travail.<br />
A tous mes professeurs <strong>et</strong> maîtres,<br />
avec tous mes respects <strong>et</strong> mon éternelle reconnaissance.
Remerciements
A notre maître, prési<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> rapporteur <strong>de</strong> thèse<br />
Monsieur le Professeur EL AMINE EL ALAMI Mohamed<br />
Noureddine<br />
Professeur d’enseignement supérieur d’oto-rhino-laryngologie<br />
Vous nous avez accordé un grand honneur en nous confiant<br />
la réalisation <strong>de</strong> ce travail, <strong>et</strong> en acceptant <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>r le jury <strong>de</strong><br />
notre thèse. Qu'il me soit permis <strong>de</strong> vous témoigner toute ma gratitu<strong>de</strong><br />
<strong>et</strong> mon profond respect d'avoir bien voulu assurer la direction <strong>de</strong> ce<br />
travail qui grâce à votre esprit didactique <strong>et</strong> rigoureux <strong>et</strong> vos précieux<br />
conseils a pu être mené à bien.<br />
Je vous prie <strong>de</strong> trouver ici, le témoignage <strong>de</strong> ma<br />
reconnaissance éternelle, <strong>de</strong> mon profond respect <strong>et</strong> ma haute<br />
considération.<br />
Puisse Dieu le tout puissant vous accor<strong>de</strong>r prospérité <strong>et</strong> bonheur, <strong>et</strong><br />
vous assister dans la réalisation <strong>de</strong> vos proj<strong>et</strong>s.
A notre maître <strong>et</strong> juge <strong>de</strong> thèse,<br />
Monsieur le professeur OUDIDI Ab<strong>de</strong>llatif<br />
Professeur agrégé d’oto-rhino-laryngologie<br />
Je vous remercie du grand honneur que vous nous faites en acceptant<br />
<strong>de</strong> juger ce travail.<br />
J'ai eu le grand privilège <strong>de</strong> compter parmi vos étudiants <strong>et</strong><br />
je rends hommage à votre sérieux votre humanisme <strong>et</strong> votre haute<br />
compétence.<br />
Veuillez trouver ici, l'expression <strong>de</strong> ma gratitu<strong>de</strong>,<br />
ma profon<strong>de</strong> reconnaissance, mon admiration <strong>et</strong> ma haute<br />
considération.<br />
Puisse Dieu le tout puissant vous accor<strong>de</strong>r prospérité <strong>et</strong><br />
bonheur, <strong>et</strong> vous assister dans la réalisation <strong>de</strong> vos proj<strong>et</strong>s.
A notre maître <strong>et</strong> juge <strong>de</strong> thèse,<br />
Madame le professeur AMARTI RIFFI Afaf<br />
Professeur d’enseignement supérieur d’anatomie<br />
Pathologique.<br />
Vous nous avez honorés d’accepter avec gran<strong>de</strong> sympathie <strong>de</strong> siéger<br />
parmi notre jury <strong>de</strong> thèse.<br />
Veuillez trouver ici l’expression <strong>de</strong> notre estime <strong>et</strong> notre considération.<br />
Puisse Dieu le tout puissant vous accor<strong>de</strong>r prospérité <strong>et</strong><br />
bonheur, <strong>et</strong> vous assister dans la réalisation <strong>de</strong> vos proj<strong>et</strong>s.
A notre maître <strong>et</strong> juge <strong>de</strong> thèse,<br />
Monsieur le professeur Messary<br />
Professeur agrégé <strong>de</strong> Val-<strong>de</strong>-Grâce en oto-rhino-laryngologie<br />
Nous avons été très sensibles à l’amabilité <strong>de</strong> votre accueil <strong>et</strong> l’intérêt<br />
que vous avez voulu accor<strong>de</strong>r à ce travail en<br />
acceptant <strong>de</strong> le juger.<br />
Veuillez trouver ici, cher maître, le témoignage <strong>de</strong> notre<br />
reconnaissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> notre respect.<br />
Puisse Dieu le tout puissant vous accor<strong>de</strong>r prospérité <strong>et</strong> bonheur, <strong>et</strong><br />
vous assister dans la réalisation <strong>de</strong> vos proj<strong>et</strong>s.
SOMMAIRE<br />
INTRODUCTION…………………………………………………………………. 1<br />
EMBRYOLOGIE……………………………………………………………………. 3<br />
ANATOMIE ………………………………………………………………………. 8<br />
I- ANATOMIE DESCRIPTIVE DU LARYNX ……………………………… 9<br />
II- ANATOMIE CHIRURGICALE………………………………………….. 13<br />
III- ANATOMIE ENDOSCOPIQUE………………………………………… 18<br />
IV- ANATOMIE RADIOLOGIQUE………………………………………….. 23<br />
PHYSIOLOGIE………………………………………………………….…………. 30<br />
I- BIOMECANIQUE ARTICULAIRE ………………………………………. 31<br />
II- FONCTIONNEMENT MECANIQUE DU LARYNX……………………. 32<br />
MATERIEL ET METHODES……………………………………………………… 36<br />
RESULTATS ET ANALYSE……………………………………………………….. 38<br />
I-Épidémiologie……………………………………………………………. 39<br />
II-Antécé<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> facteurs <strong>de</strong> risques………………………………… 40<br />
III-Données cliniques………………………………………….………….. 44<br />
IV-Traitement………………………………………………….…………… 52<br />
A-Chirurgie………………………………………………….………… 52<br />
B-Radiothérapie…………………………………………….………… 54<br />
C-Traitement <strong>de</strong>s récidives……………………………………….. 54<br />
V-Evolution ………………………………………………………….……. 55<br />
VI-Rééducation orthophonique……………………………….……….. 58<br />
DISCUSSION…………………………………………………………………….. 59<br />
I-Epidémiologie…………………………………………………………… 60<br />
II-Facteurs <strong>de</strong> risques…………………………………………………… 63
III-Etu<strong>de</strong> clinique……………………………………….………………… 75<br />
IV-Bilan paraclinique……………………………………………………… 80<br />
A-Etu<strong>de</strong> histologique……………………………………………… 80<br />
B-Bilan d’extension <strong>et</strong> classification ………………………….. 81<br />
V-Traitement………………………………………………………………. 89<br />
A-But : ………………………………………………………………. 89<br />
B-Moyens ……………………………………………….………….. 89<br />
C-Résultats <strong>et</strong> indications thérapeutiques…………………… 110<br />
1-Tumeurs débutantes (T1 <strong>et</strong> T2)………………………… 110<br />
2-Tumeurs localement avancées (T3 <strong>et</strong> T4) …………… 114<br />
VI-Complications………………………………………………………… 116<br />
A-Chirurgicales…………………………………………………… 116<br />
B-Complications <strong>de</strong> la radiothérapie…………………………. 118<br />
VII-Pronostic <strong>et</strong> surveillance…………………………………………… 119<br />
VIII-Qualité <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> Réhabilitation vocale………………………….. 121
INTRODUCTION<br />
1
Le larynx est un organe impair <strong>et</strong> médian, situé à la partie moyenne <strong>de</strong> la<br />
gaine viscérale du cou <strong>et</strong> qui occupe la partie supérieure <strong>de</strong> la région<br />
infrahyoïdienne. Il participe à la phonation, la respiration <strong>et</strong> la déglutition.<br />
Les cancers du larynx sont fréquents. Directement liés au tabagisme<br />
chronique <strong>et</strong> souvent associés à une consommation excessive d’alcool, ils touchent<br />
l’homme dans l’immense majorité <strong>de</strong>s cas, l’atteinte <strong>de</strong> la femme est en n<strong>et</strong>te<br />
augmentation. La forme histopathologique <strong>de</strong> loin la plus fréquente est le carcinome<br />
épi<strong>de</strong>rmoï<strong>de</strong> <strong>et</strong> malgré <strong>de</strong>s signes d’appel précoces, un grand nombre <strong>de</strong> tumeurs<br />
laryngées, en particulier sus-glottiques, sont diagnostiquées à un sta<strong>de</strong> relativement<br />
avancé. Le bilan d’extension repose sur une endoscopie minutieuse <strong>et</strong> une imagerie<br />
en coupes <strong>de</strong> qualité. Son pronostic d’ensemble est l’un <strong>de</strong>s meilleurs au sein <strong>de</strong>s<br />
voies aérodigestives supérieures.<br />
Récemment on a constaté une augmentation <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce cancer chez<br />
la femme ce qui nous a motivé à élaborer ce travail.<br />
Notre étu<strong>de</strong> rétrospective portant sur 11 patientes présentant un cancer du<br />
larynx , recueillis au sein du service d’ORL du CHU Hassan II –<strong>Fès</strong>- a pour but <strong>de</strong><br />
discuter les caractéristiques ainsi que certaines particularités épidémiologique,<br />
clinique, thérapeutique <strong>et</strong> pronostique <strong>de</strong> nos patientes en se référant à la<br />
littérature.<br />
2
EMBRYOLOGIE<br />
3
Le développement du larynx débute à la fin <strong>de</strong> la 3è semaine (Fig. 2 ,3) <strong>de</strong> la<br />
vie intra-utérine, l’embryon mesure alors entre 2,7 <strong>et</strong> 5 mm.<br />
Son origine est double:<br />
• Endo<strong>de</strong>rmique ou lame épithéliale laryngée, donnant le tube laryngé par<br />
tubulisation à partir <strong>de</strong> l’intestin céphalique antérieur,<br />
• Branchiale mésenchymateuse (Fig.1, 2) <strong>et</strong> en particulier les 2ème, 3ème, 4ème <strong>et</strong><br />
5ème arcs branchiaux qui vont constituer le squel<strong>et</strong>te cartilagineux, les structures<br />
musculaires <strong>et</strong> ligamentaires, <strong>et</strong> les ébauches nerveuses.<br />
Ainsi, l’épiglotte dérive d’un épaississement situé entre les 3ème <strong>et</strong> 4ème<br />
arcs, appelé éminence hypo branchiale, qui apparaît vers la fin <strong>de</strong> la 3ème semaine.<br />
Elle n’est constituée <strong>de</strong> cartilage pour prendre sa forme définitive qu’après le 3ème<br />
mois.<br />
Le cartilage thyroï<strong>de</strong> provient du 4ème arc branchial. Il est formé à la 7ème<br />
semaine <strong>de</strong> 2 lames paramédianes séparées l’une <strong>de</strong> l’autre. Son aspect est définitif<br />
vers la fin du 3ème mois.<br />
Le cartilage cricoï<strong>de</strong> dérive du 5è arc, apparaissant à la 6è semaine comme<br />
une double ébauche dont les pièces se réunissent à la fin du 2ème mois.<br />
Les cartilages aryténoï<strong>de</strong>s dérivent également du 5ème arc. Ils apparaissent à<br />
la fin <strong>de</strong> la 4ème semaine sous la forme <strong>de</strong> 2 bourrel<strong>et</strong>s latéraux obstruant la<br />
lumière laryngée, <strong>et</strong> prennent leur aspect définitif à la fin du 2ème mois.<br />
L’os hyoï<strong>de</strong> provient <strong>de</strong>s 2ème <strong>et</strong> 3ème arcs, le 2ème arc donne les p<strong>et</strong>ites<br />
cornes <strong>et</strong> le 3ème les gran<strong>de</strong>s cornes.<br />
La plupart <strong>de</strong>s muscles intrinsèques proviennent du 5ème arc branchial, le<br />
4ème arc donnant le muscle crico-thyroïdien. Ils apparaissent à la fin du 2ème mois,<br />
pour être parfaitement individualisés à la fin du 3ème mois.<br />
4
Par ailleurs, on constate que chez le fœtus <strong>et</strong> le nouveau-né, le larynx est<br />
situé très haut dans le cou. Ainsi, l’épiglotte est au contact du voile du<br />
palais,n’autorisant qu’une respiration nasale.<br />
Le plan glottique, qui se situe au niveau <strong>de</strong> C3 à l’âge d’un an, se proj<strong>et</strong>te<br />
ensuite à l’âge adulte au niveau <strong>de</strong> C5.<br />
Ainsi l’on peut concevoir le larynx comme résultant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ébauches<br />
différentes, l’une craniale (canal vestibulo-trachéal), l’autre caudale (canal<br />
pharyngo-laryngée), le plan glottique constitue alors la barrière entre ces <strong>de</strong>ux<br />
régions.<br />
Le diamètre <strong>de</strong> la lumière laryngée varie également lors <strong>de</strong> la croissance 4 à 5<br />
mm à la naissance, 11 à 13 mm à l’âge adulte en fonction du sexe. (Fig. 3)<br />
5
Fig. 1 : organisation métamérique <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> la<br />
région cervicale (embryon <strong>de</strong> 5 semaines). [1]<br />
Fig. 2 : dérivés <strong>de</strong>s arcs pharyngiens [1]<br />
6<br />
1 : N. trijumeau<br />
2 : N. facial<br />
3 : N. glosso-pharyngien<br />
4 : N. vague<br />
I : Ie arc pharyngien<br />
II : IIe arc pharyngien<br />
III : IIIe arc pharyngien<br />
IV : IVe arc pharyngien
Fig. 3 : développement embryonnaire du larynx<br />
[1]<br />
7
ANATOMIE<br />
8
Le larynx est un organe cervical <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ite taille, mais qui doit assumer<br />
plusieurs fonctions. Placé sur la filière aérique, il participe à la respiration. Il doit<br />
assurer la production <strong>et</strong> la modulation <strong>de</strong>s sons, rôle socialement très important.<br />
Situé sous le carrefour aérodigestif, il doit se protéger, ainsi que les voies<br />
respiratoires sous-jacentes, <strong>de</strong> l’intrusion <strong>de</strong>s aliments, en fermant son orifice<br />
supérieur lors <strong>de</strong> la déglutition.<br />
I- ANATOMIE DESCRIPTIVE [2]<br />
Le larynx a la forme d’une pyrami<strong>de</strong> triangulaire à base postérosupérieure<br />
répondant au pharynx <strong>et</strong> à l’os hyoï<strong>de</strong>, <strong>et</strong> à somm<strong>et</strong> inférieur répondant à l’orifice<br />
supérieur <strong>de</strong> la trachée.<br />
Ses dimensions sont, chez l’homme, <strong>de</strong> 45 mm <strong>de</strong> haut <strong>et</strong> 35 mm <strong>de</strong> diamètre<br />
antéropostérieur à sa partie supérieure. Elles sont plus réduites chez la femme<br />
(respectivement 35 mm <strong>et</strong> 25 mm). Les limites du larynx sont représentées en haut<br />
par le bord supérieur du cartilage thyroï<strong>de</strong> qui répond au corps vertébral <strong>de</strong> C4, <strong>et</strong><br />
en bas au cartilage cricoï<strong>de</strong> en face du bord inférieur <strong>de</strong> C6. Il est constitué par<br />
l’assemblage <strong>de</strong> 11 cartilages<br />
§ trois cartilages impairs <strong>et</strong> médians : le cartilage thyroï<strong>de</strong>, le cartilage cricoï<strong>de</strong><br />
<strong>et</strong> l’épiglotte ;<br />
§ quatre cartilages pairs : les cartilages corniculés <strong>de</strong> Santorini, les cartilages<br />
cunéiformes <strong>de</strong> Wrisberg, les cartilages aryténoï<strong>de</strong>s.<br />
Les différentes pièces cartilagineuses du larynx sont unies par <strong>de</strong>s membranes<br />
renforcées éventuellement par <strong>de</strong>s ligaments, <strong>et</strong> par <strong>de</strong>s ligaments totalement<br />
individualisés :<br />
§ Membrane cricotrachéale<br />
§ Membrane <strong>et</strong> ligaments thyrohyoïdiens<br />
§ Membrane <strong>et</strong> ligaments cricothyroïdiens<br />
§ Ligaments <strong>de</strong> l’épiglotte<br />
9
§ Ligaments du complexe aryténoïdien<br />
Les différentes pièces cartilagineuses sont mobilisées par une musculature<br />
intrinsèque du larynx constituée par :<br />
§ Muscle cricothyroïdien<br />
§ Muscle cricoaryténoïdien postérieur<br />
§ Muscle aryténoïdien transverse<br />
§ Muscle aryépiglottique<br />
§ Muscle aryténoïdien oblique<br />
§ Muscle cricoaryténoïdien latéral<br />
§ Muscle cricoépiglottique<br />
§ Muscle thyroaryténoïdien latéral<br />
§ Muscle vocal ou thyroaryténoïdien médial<br />
La vascularisation artérielle du larynx est assurée par trois pédicules :<br />
– artère laryngée supérieure : c’est une branche <strong>de</strong> l’artère thyroïdienne supérieure.<br />
– artère cricothyroïdienne ou artère laryngée moyenne : c’est une branche <strong>de</strong> l’artère<br />
thyroïdienne supérieure.<br />
Fig. 4 : situation du larynx.<br />
1 : axe vasculaire du cou ; 2 : os hyoï<strong>de</strong> ; 3 : cartilage thyroï<strong>de</strong> ; 4 : cartilage<br />
cricoï<strong>de</strong> ; 5 : trachée. [3]<br />
– artère laryngée inférieure : c’est une branche <strong>de</strong> l’artère thyroïdienne inférieure.<br />
10<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5
Sa vascularisation veineuse est schématiquement satellite <strong>de</strong>s artères.<br />
Les lymphatiques du larynx se divisent en <strong>de</strong>ux territoires : le premier, sus-<br />
glottique, très important <strong>et</strong> le second, sous-glottique, plus fin.<br />
L’innervation du larynx est assurée par les nerfs laryngés supérieur <strong>et</strong><br />
inférieur, branches du nerf vague ou pneumogastrique, dixième paire <strong>de</strong> nerfs<br />
crâniens.<br />
Différences entre le larynx <strong>de</strong> l’homme <strong>et</strong> <strong>de</strong> la femme<br />
Le larynx offre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s différences, suivant les sexes, dans son volume, sa<br />
forme <strong>et</strong> la conformation particulière <strong>de</strong>s diverses parties qui entrent dans sa<br />
composition. C’est principalement à ces variétés d’organisation qu’il faut rapporter<br />
les différences si remarquables que présente le timbre <strong>de</strong> la voix chez les <strong>de</strong>ux<br />
sexes : la voie douce <strong>et</strong> mélodieuse <strong>de</strong>s femmes, la voix forte, sonore, <strong>et</strong> en quelque<br />
sorte caverneuse que rend le larynx chez les hommes adultes.<br />
Le larynx <strong>de</strong> l’homme adulte est très large <strong>et</strong> fort volumineux. Chez la femme<br />
il est plus rétréci, plus court proportionnellement, <strong>et</strong> n’offre guère que les <strong>de</strong>ux tiers<br />
ou la moitié du volume <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’homme.<br />
La forme du larynx est moins différente que le volume dans les <strong>de</strong>ux sexes :<br />
voici les principales observations qu’on peut faire à c<strong>et</strong> égard :<br />
Les diverses pièces cartilagineuses du larynx sont plus p<strong>et</strong>ites, plus minces,<br />
plus flexibles, <strong>et</strong> leurs articulations sont plus mobiles chez la femme que chez<br />
l’homme.<br />
Les <strong>de</strong>ux lames du cartilage thyroï<strong>de</strong> sont plus obliques <strong>et</strong> moins écartés<br />
proportionnellement dans l’homme que dans la femme ; aussi forment elles<br />
chez le premier en se réunissant en avant, une saillie plus considérable au<br />
<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s téguments <strong>et</strong> un angle plus aigu, tandis que chez la secon<strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />
angle est fort arrondi. L’échancrure du bord supérieur du cartilage thyroï<strong>de</strong><br />
11
est peu profon<strong>de</strong> est arrondie chez la femme : elle se prolonge d’avantage<br />
chez l’homme, <strong>et</strong> se termine par un angle aigu. Le cartilage cricoï<strong>de</strong> est aussi<br />
un peu plus étroit en avant chez la femme que chez l’homme.<br />
En arrière le larynx chez la femme est plus large proportionnellement que<br />
celui <strong>de</strong> l’homme, ce qui tient à l’écartement plus considérable qu’offrent chez<br />
elle les <strong>de</strong>ux moitiés du cartilage thyroï<strong>de</strong> ; aussi les espaces triangulaires qui<br />
séparent ce cartilage <strong>de</strong> la cavité du larynx sont ils plus large chez la femme<br />
que chez l’homme.<br />
L’extrémité supérieure du larynx est surmontée par un os hyoï<strong>de</strong> bien plus<br />
épais <strong>et</strong> plus large chez l’homme que chez la femme. L’épiglotte est<br />
également chez lui plus large, plus épaisse <strong>et</strong> plus saillante. La glotte offre à<br />
peu prés la même forme dans les <strong>de</strong>ux sexes ; seulement chez la femme ses<br />
dimensions sont bien moindres que chez l’homme. Chez ce <strong>de</strong>rnier, les<br />
cor<strong>de</strong>s vocales sont plus épaisses <strong>et</strong> plus longues, les cartilages aryténoï<strong>de</strong>s<br />
plus longs, plus élevés, <strong>et</strong> par conséquent les ventricules sont situés plus<br />
profondément <strong>et</strong> plus éloignés <strong>de</strong> l’ouverture supérieure que dans la femme.<br />
12
II- ANATOMIE CHIRURGICALE [4]<br />
Un billot est placé sous la nuque du suj<strong>et</strong> couché sur le dos ; la tête est<br />
immobilisée dans l’extension, la face tournée du coté opposé a celui qui doit être<br />
disséqué.<br />
Incisions cutanées (Fig.5).<br />
Inciser la peau le long du bord inferieur du maxillaire inferieur ; prolonger<br />
c<strong>et</strong>te incision d’abord suivant une ligne courbe <strong>de</strong> manière à contourner en arrière le<br />
pavillon <strong>de</strong> l’oreille jusqu'à son extrémité supérieure, puis horizontalement vers la<br />
protubérance occipitale externe jusqu'à trois travers <strong>de</strong> doigt en arrière du pavillon.<br />
Faire à la peau une <strong>de</strong>uxième incision allant <strong>de</strong> la ligne médiane à l’acromion en<br />
suivant le bord supérieur du sternum <strong>et</strong> la clavicule. Réunir les <strong>de</strong>ux incisions<br />
précé<strong>de</strong>ntes par une troisième, médiane.<br />
Muscle peaucier (Fig.5).<br />
Rabattre en <strong>de</strong>hors le lambeau cutané ; au <strong>de</strong>ssous se trouve le peaucier qu’il<br />
faut n<strong>et</strong>toyer, sectionner le peaucier transversalement vers le milieu du cou ;<br />
rabattre en haut <strong>et</strong> en bas les <strong>de</strong>ux lambeaux<br />
Fig.5 : dissection du cou, plan du muscle peaucier<br />
1 : incision cutanée ; 2 : muscle peaucier ; 3 : plexus cervical superficiel ; 4 : clavicule [3]<br />
13<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4
Aponévrose cervicale superficielle (Fig. 6).<br />
Rabattre en arrière la branche transverse du plexus cervical superficiel, puis<br />
inciser sur toute la longueur du sterno-cléido-mastoïdien le feuill<strong>et</strong> superficiel <strong>de</strong> sa<br />
gaine en ménageant la veine jugulaire externe <strong>et</strong> la branche auriculaire du plexus<br />
cervical.<br />
Fig. 6 : aponévroses cervicales <strong>et</strong> paqu<strong>et</strong>s vasculo-nerveux.<br />
1 : plexus cervical superficiel ; 2 : veine jugulaire interne ; 3 :<br />
aponévrose cervicale moyenne ; 4 : aponévrose cervicale superficielle ;<br />
5 : clavicule. [3]<br />
Aponévrose cervicale moyenne (Fig. 6).<br />
Sous l’aponévrose cervicale superficielle réclinée en <strong>de</strong>dans, <strong>et</strong> les lambeaux<br />
du sterno-cléido-mastoïdien rabattus en haut <strong>et</strong> en bas, apparaît l’aponévrose<br />
cervicale moyenne à travers laquelle transparaissent les muscles sous-hyoïdiens.<br />
Il faut tout d’abord poursuivre, dans la partie inferieure <strong>de</strong> la région, la<br />
dissection <strong>de</strong>s veines jugulaires antérieure <strong>et</strong> externe jusqu’au point ou ces veines<br />
traversent l’aponévrose moyenne, entre les muscles omo-hyoïdien <strong>et</strong> sterno-cleido-<br />
hyoïdien, pour aller se j<strong>et</strong>er dans la veine sous-clavière.<br />
14<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5
Muscles sous-hyoïdiens.<br />
Sectionner transversalement <strong>de</strong> chaque coté le muscle thyro-hyoïdien,<br />
rabattre en haut <strong>et</strong> en bas ses <strong>de</strong>ux lambeaux. Au <strong>de</strong>ssous se trouve la membrane<br />
thyro-hyoïdienne. Séparer le larynx <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> la langue <strong>et</strong> du pharynx par une<br />
section transversale passant au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’os hyoï<strong>de</strong>.<br />
Nerf laryngé supérieur <strong>et</strong> muscle crico-thyroïdien ; artères laryngées supérieure <strong>et</strong><br />
inferieure (Fig.7).<br />
Reprendre la dissection <strong>de</strong> la branche interne du laryngé supérieur au point ou<br />
elle traverse la membrane thyro-hyoïdienne <strong>et</strong> poursuivre ses rameaux dans la<br />
partie supérieure du larynx <strong>et</strong> sur la face postérieure <strong>de</strong> c<strong>et</strong> organe. C<strong>et</strong>te branche<br />
interne du laryngé envoie également un rameau à la muqueuse <strong>de</strong> la langue.<br />
Disséquer la branche externe du laryngée supérieur, si cela n’as pas été fait<br />
pendant la préparation <strong>de</strong> la région antérieure du cou, jusqu'à la membrane crico-<br />
thyroïdienne <strong>et</strong> isoler le rameau qu’elle envoie au muscle crico-thyroïdien.<br />
Fig. 7 : innervation du larynx<br />
1 : os hyoï<strong>de</strong> ; 2 : nerf laryngé supérieur ; 3 : cartilage<br />
thyroï<strong>de</strong> ; 4 : muscle crico-thyroïdien latéral ; 5 : cartilage<br />
cricoï<strong>de</strong>. [3]<br />
15<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5
Nerf récurrent ; artère laryngée postérieure ; muscles crico-aryténoïdien postérieur<br />
<strong>et</strong> ary-aryténoïdien (fig. 8).<br />
Suivre le récurrent sous la muqueuse <strong>de</strong> la face postérieure du larynx ; isoler<br />
les rameaux qu’il envoie aux muscles crico-aryténoïdien postérieur <strong>et</strong> ary-<br />
aryténoïdien, <strong>et</strong> n<strong>et</strong>toyer ces muscles ; chercher l’anastomose <strong>de</strong> Galien qui unit un<br />
<strong>de</strong>s fil<strong>et</strong>s du récurrent à l’un <strong>de</strong>s rameaux postérieurs <strong>de</strong> la branche interne du<br />
laryngé supérieur. On terminera la dissection du récurrent à mesure qu’on<br />
disséquera les autres muscles du larynx.<br />
2<br />
4<br />
5<br />
6<br />
A<br />
B<br />
1<br />
4<br />
Fig. 8 (A, B) : Innervation <strong>et</strong> vascularisation du larynx.<br />
1 : Artère thyroïdienne inferieure; 2 : Nerf récurrent ; 3 : nerf<br />
vague ; 4 : Artère sous-clavière ; 5 : Artère caroti<strong>de</strong> primitive ; 6 :<br />
clavicule ; 7 : muscle constricteur inferieur du pharynx ; 8 :<br />
Cartilage thyroï<strong>de</strong> ; 9 : Trachée. [3]<br />
16<br />
1<br />
2<br />
3<br />
7<br />
8<br />
9
Muscle crico-aryténoïdien latéral <strong>et</strong> thyro-aryténoïdiens supérieur <strong>et</strong> inferieur (Fig.<br />
7).<br />
Pour pouvoir m<strong>et</strong>tre ces muscles à découvert, il faut sectionner une <strong>de</strong>s lames<br />
du cartilage thyroï<strong>de</strong>, suivant une ligne verticale passant à un <strong>de</strong>mi-centimètre<br />
environ <strong>de</strong> la ligne médiane, <strong>et</strong> récliner en bas l’aile cartilagineuse sectionnée, après<br />
avoir coupé le long <strong>de</strong> son bord supérieur la membrane thyro-hyoïdienne. Avant <strong>de</strong><br />
n<strong>et</strong>toyer les muscles crico-aryténoïdien latéral <strong>et</strong> thyro-aryténoïdiens, on<br />
recherchera leurs fil<strong>et</strong>s nerveux qui viennent du récurrent. On achèvera en même<br />
temps <strong>de</strong> disséquer quelques rameaux du nerf laryngé supérieur, que cachait la<br />
lame du cartilage thyroï<strong>de</strong>.<br />
Configuration interne du larynx ; fin <strong>de</strong> la dissection du nerf laryngé supérieur ;<br />
ligaments thyro-aryténoïdiens (fig. 7).<br />
Sectionner sur la ligne médiane la paroi postérieure du larynx <strong>et</strong> écarter les<br />
<strong>de</strong>ux lèvres <strong>de</strong> l’ouverture.<br />
Etudier la configuration interne du larynx : sectionner ensuite verticalement la<br />
cor<strong>de</strong> vocale supérieure afin d’examiner la disposition du ventricule. Sur l’autre coté<br />
on enlèvera la muqueuse <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales <strong>et</strong> on isolera le long <strong>de</strong> leur bord libre<br />
les ligaments thyro-aryténoïdiens.<br />
Articulations <strong>et</strong> cartilages du larynx.<br />
Enlever les muscles du larynx, n<strong>et</strong>toyer les cartilages <strong>et</strong> leurs articulations.<br />
Séparer les unes <strong>de</strong>s autres les pièces cartilagineuses <strong>et</strong> étudier leur configuration.<br />
Notion <strong>de</strong> points <strong>de</strong> force <strong>et</strong> <strong>de</strong> points <strong>de</strong> faiblesse<br />
La notion <strong>de</strong> points <strong>de</strong> force <strong>et</strong> <strong>de</strong> points <strong>de</strong> faiblesse est à la base <strong>de</strong> la<br />
connaissance <strong>de</strong>s voies d'extension préférentielles <strong>et</strong> <strong>de</strong> la chirurgie <strong>de</strong> ces tumeurs.<br />
17
Intra-laryngés :<br />
Points <strong>de</strong> force Points <strong>de</strong> faiblesse<br />
§ Couche élastique sous-<br />
muqueuse<br />
§ Cône élastique<br />
§ Ligament vocal<br />
Extra-laryngés :<br />
§ Cartilages non ossifiés<br />
§ Membrane hyo-épiglottique++<br />
§ Membrane hyo-thyroïdienne+<br />
III- ANATOMIE ENDOSCOPIQUE [2]<br />
18<br />
Intra-laryngés :<br />
§ Epiglotte (orifices cribriformes)<br />
§ Ligament thyro-épiglottique<br />
§ Loge HTE<br />
§ Laryngocéle<br />
Extra-laryngés :<br />
§ Membrane crico-thyroïdienne<br />
§ Cartilages ossifiés<br />
§ Commissure antérieure<br />
Tableau 1 : Voies d'extension <strong>de</strong>s tumeurs du larynx<br />
À la différence <strong>de</strong> l’anatomie <strong>de</strong>scriptive <strong>et</strong> <strong>de</strong>s données offertes par<br />
l’imagerie, l’anatomie endoscopique se contente d’une vue en surface <strong>de</strong> la cavité<br />
pharyngolaryngée. Ne sont accessibles à l’œil <strong>de</strong> l’examinateur que certains<br />
éléments anatomiques précé<strong>de</strong>mment décrits.<br />
La connaissance <strong>de</strong> l’anatomie endoscopique du larynx est indispensable pour<br />
réaliser correctement :<br />
– le bilan d’extension d’une tumeur, d’une sténose, d’une malformation;<br />
– le traitement endoscopique <strong>de</strong>s différentes pathologies rencontrées.<br />
BASE DE LANGUE ET VALLÉCULE (Fig. 10)<br />
Il s’agit d’une région très importante <strong>et</strong> qui constitue une région frontière avec<br />
le larynx. Lors <strong>de</strong> l’examen endoscopique, l’introduction <strong>de</strong> l’endoscope débute par<br />
l’analyse minutieuse <strong>de</strong> ces structures. On r<strong>et</strong>rouve donc les papilles gustatives<br />
<strong>de</strong>ssinant le « V » lingual, <strong>et</strong> parfois <strong>de</strong>s masses lymphoï<strong>de</strong>s correspondant au<br />
reliquat d’amygdale linguale.
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la muqueuse, dès c<strong>et</strong> endroit, est particulièrement importante.<br />
L’endoscopie précise leur nature <strong>et</strong> cherche à éliminer une tumeur. En <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />
base <strong>de</strong> langue, la vallécule est réellement la région frontière avec le larynx<br />
puisqu’elle constitue une jonction entre l’épiglotte en arrière <strong>et</strong> la langue en avant.<br />
Les vallécules sont séparées par un repli qui est le repli glossoépiglottique médian.<br />
Latéralement, elles sont limitées par les replis glossoépiglottiques latéraux.<br />
Si l’appréciation <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> la muqueuse <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> langue <strong>et</strong> <strong>de</strong>s vallécules est<br />
importante, il ne faut jamais om<strong>et</strong>tre la palpation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux structures pour<br />
dépister ou évaluer l’importance d’une infiltration tumorale, soit <strong>de</strong> la langue, soit<br />
dans la loge HTE.<br />
MARGELLE LARYNGÉE OU ÉPILARYNX (Fig. 10)<br />
C<strong>et</strong>te structure anatomique fait partie <strong>de</strong> l’étage sus-glottique <strong>et</strong> elle est une<br />
zone frontière entre le larynx <strong>et</strong> l’hypopharynx. Comme son nom l’indique, elle<br />
s’apparente à un rebord qui a une forme ovale <strong>et</strong> oblique d’avant en arrière. Elle est<br />
formée en avant du bord libre <strong>de</strong> l’épiglotte. À ce niveau, le repli glossoépiglottique<br />
latéral <strong>et</strong> le repli pharyngoépiglottique convergent <strong>et</strong> constituent la région <strong>de</strong>s trois<br />
replis. En arrière, le repli aryépiglottique se poursuit pour constituer la margelle<br />
postérieure jusqu’au niveau du somm<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’aryténoï<strong>de</strong>. Tout en arrière se situe<br />
l’échancrure interaryténoïdienne qui répond au muscle interaryténoïdien.<br />
ÉTAGE SUS-GLOTTIQUE (Fig. 9, 10)<br />
Épiglotte<br />
Il s’agit d’une structure cartilagineuse recouverte d’une muqueuse fine. Sa<br />
face laryngée est bien lisse dans ses <strong>de</strong>ux tiers supérieurs, <strong>et</strong> en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
région se situe le pied <strong>de</strong> l’épiglotte qui vient s’insérer juste au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />
commissure antérieure <strong>de</strong> l’étage glottique.<br />
19
Muqueuse<br />
La muqueuse qui recouvre toute la face laryngée <strong>de</strong> l’épiglotte s’étend<br />
latéralement jusqu’aux ban<strong>de</strong>s ventriculaires ou fausses cor<strong>de</strong>s vocales. Il s’agit <strong>de</strong><br />
structures allongées parallèlement au plan <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales.<br />
Au niveau <strong>de</strong> la muqueuse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong> ventriculaire se situent <strong>de</strong> nombreuses<br />
glan<strong>de</strong>s séromuqueuses. Une asymétrie doit toujours attirer l’attention vers une<br />
pathologie tumorale profon<strong>de</strong>.<br />
Ventricule laryngé<br />
Il s’agit d’une cavité située entre l’épaisseur <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> ventriculaire en haut<br />
<strong>et</strong> le plan <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale en bas.<br />
En <strong>de</strong>hors, la cavité ventriculaire est proche du périchondre interne du cartilage<br />
thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> contient <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s séromuqueuses. La proximité <strong>de</strong> ces éléments<br />
anatomiques explique le risque rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> propagation <strong>de</strong>s cancers nés à partir du<br />
ventricule <strong>de</strong> Morgagni.<br />
2<br />
3<br />
4<br />
8<br />
A<br />
1<br />
11<br />
12<br />
20<br />
10<br />
9<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4 5,6<br />
Fig.9 : Configuration interne du larynx [3]<br />
A : coupe sagittale<br />
B : coupe coronale<br />
1 : épiglotte ; 2 : fausse cor<strong>de</strong> vocale ; 3 : muscle thyro-hyoïdien ; 4 : ventricule <strong>de</strong> Morgani ; 5 : ligament<br />
vocal ; 6 : muscle vocal ; 7 : glotte ; 8 : trachée ; 9 : glan<strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong> ; 10 : base <strong>de</strong> la langue ; 11 : muscle<br />
ary-aryténoïdien ; 12 : chaton cricoidien.<br />
B<br />
7<br />
8
Région interaryténoïdienne<br />
Elle correspond à la partie postérieure <strong>de</strong> l’étage sus-glottique. La muqueuse,<br />
à ce niveau, recouvre les fibres musculaires du muscle interaryténoïdien.<br />
ÉTAGE GLOTTIQUE (Fig. 10,11)<br />
Cor<strong>de</strong>s vocales<br />
L’étage glottique est essentiellement constitué <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales.<br />
À l’état normal, elles prennent la forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cordons blancs tendus en avant<br />
entre l’angle rentrant du cartilage thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> en arrière au niveau <strong>de</strong> l’apophyse<br />
vocale à la base du cartilage aryténoï<strong>de</strong>.<br />
L’examen au microscope du plan glottique, associé à l’utilisation <strong>de</strong> micro-<br />
instruments (pince coudée à droite <strong>et</strong> à gauche, palpeur, aspiration) perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire<br />
le diagnostic <strong>de</strong>s anomalies, soit <strong>de</strong> la muqueuse, soit du ligament vocal, soit en<br />
profon<strong>de</strong>ur dans la cor<strong>de</strong> vocale.<br />
Commissure antérieure<br />
Elle est idéalement examinée à l’optique à 30° <strong>et</strong> à 70°. Elle peut présenter une<br />
micropalmure, <strong>et</strong> dans ce cas est souvent associée à une dysphonie fonctionnelle.<br />
Commissure postérieure<br />
Elle correspond à la glotte cartilagineuse représentée par les <strong>de</strong>ux apophyses<br />
vocales <strong>de</strong>s cartilages aryténoï<strong>de</strong>s. La muqueuse qui la recouvre est fine,<br />
directement appliquée sur le cartilage avec une vascularisation riche.<br />
21
5<br />
6<br />
7<br />
Fig. 10 : vue endoscopique du larynx en phase phonatoire [3]<br />
1 : épiglotte ; 2 : cor<strong>de</strong> vocale droite ; 3 : ban<strong>de</strong> ventriculaire droite ; 4 : commissure postérieure ;<br />
5 : vallécule gauche ; 6 : aryténoï<strong>de</strong> gauche ; 7 : sinus piriforme gauche.<br />
ÉTAGE SOUS-GLOTTIQUE (Fig. 9, 11)<br />
Il s’agit <strong>de</strong> la continuité <strong>de</strong> la muqueuse à la face inférieure <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale<br />
qui s’étend jusqu’au bord supérieur du cartilage cricoï<strong>de</strong>. Ses reliefs sont peu<br />
visibles en arrière, mais bien visibles en avant. Il s’agit d’une région importante à<br />
examiner chez l’adulte présentant un carcinome <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales.<br />
Fig. 11 : vue endoscopique du larynx en phase respiratoire [3]<br />
1 : commissure antérieure ; 2 : étage sous-glottique<br />
22<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
1<br />
2
IV-ANATOMIE RADIOLOGIQUE [2]<br />
Les progrès réalisés dans l’imagerie du larynx ont été considérables ces<br />
<strong>de</strong>rnières années. Les scanners hélicoïdaux sont en voie <strong>de</strong> remplacer les scanners<br />
conventionnels. Ces scanners sont beaucoup plus rapi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent une<br />
reconstruction en trois dimensions du larynx. Le traitement <strong>de</strong>s images autorise<br />
pratiquement une endoscopie virtuelle en temps réel.<br />
Les appareils d’imagerie par résonance magnétique les plus récents<br />
perm<strong>et</strong>tent d’observer le pharyngolarynx en mouvement sans risque d’irradiation<br />
pour le patient. On parle <strong>de</strong> ciné-imagerie par résonance magnétique.<br />
A-TECHNIQUE<br />
1-Scanner Spiralé<br />
Le mo<strong>de</strong> spiralé est basé sur le principe <strong>de</strong> la rotation continue du système<br />
tube détecteur, avec émission permanente <strong>de</strong> rayons X combinée à un déplacement<br />
<strong>de</strong> la table. L’acquisition volumique spiralée perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>s reconstructions dans tous<br />
les plans <strong>de</strong> l’espace, <strong>et</strong> en particulier <strong>de</strong>s reconstructions frontales <strong>et</strong> sagittales<br />
perm<strong>et</strong>tant une étu<strong>de</strong> très intéressante <strong>de</strong> certaines zones clés : loge pré-<br />
épiglottique, base <strong>de</strong> langue, limite sus-glotte/glotte.<br />
Des manœuvres dynamiques viennent compléter ce bilan. Elles sont <strong>de</strong> bonne<br />
qualité, même chez <strong>de</strong>s patients en mauvais état général, du fait d’un temps<br />
d’acquisition très court (20 secon<strong>de</strong>s pour un Valsalva, 15 secon<strong>de</strong>s pour une<br />
phonation) <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> couvrir tout le larynx.<br />
23
2-IRM du Larynx<br />
L’IRM reste un examen <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième intention, principalement parce que les<br />
séquences <strong>de</strong> caractérisation tissulaire restent longues <strong>et</strong> sont donc souvent<br />
artéfactées par les mouvements <strong>de</strong> déglutition. L’IRM doit être réalisée dans une<br />
antenne adaptée au cou, <strong>de</strong> surface, appelée antenne, « antenne cou » ou « antenne<br />
larynx » Des séries classiques en écho <strong>de</strong> spin T1 <strong>et</strong> T2 sont réalisées en coupes<br />
axiales couvrant l’ensemble du larynx. Les séquences pondérées T1 perm<strong>et</strong>tent une<br />
bonne analyse anatomique. Le cartilage ossifié présente en T1 un hypersignal<br />
central, <strong>et</strong> une corticale noire (très hypo-intense). En T2, la médullaire est<br />
hyperintense ou en signal intermédiaire, <strong>et</strong> la corticale est en hyposignal. Le<br />
cartilage hyalin non ossifié est en isosignal. L’épiglotte fibroélastique présente un<br />
signal intermédiaire. Le tissu graisseux est en hypersignal T1 franc <strong>et</strong> en hypersignal<br />
T2. C<strong>et</strong> hypersignal perm<strong>et</strong> une bonne analyse <strong>de</strong>s espaces préépiglottique,<br />
paralaryngé <strong>et</strong> paraglottique. Les muscles sont en isosignal T1.<br />
24
B-DESCRIPTION<br />
Nous présentons <strong>de</strong>s coupes TDM <strong>et</strong> IRM annotées représentant les éléments<br />
majeurs <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>scription.<br />
Fig. 12 : Coupe passant par les vallécules <strong>et</strong> la région <strong>de</strong>s trois replis [2].<br />
1. Vallécule droite ; 2. lumière laryngée ; 3. Sinus piriforme droit ; 4. Repli<br />
aryépiglottique ; 5. ligament pharyngoépiglottique ; 6. Ligament glossoépiglottique<br />
latéral ; 7. Ligament glossoépiglottique médian ; 8. Os hyoï<strong>de</strong> ; 9. Muscle sterno-<br />
cléido-mastoïdien ; 10. glan<strong>de</strong> sous-mandibulaire ; 11. Corne supérieure du<br />
cartilage thyroï<strong>de</strong> ; 12. Épiglotte ; 13. artère caroti<strong>de</strong> ; 14. Veine jugulaire.<br />
Fig13 : Coupe passant par le plan glottique [2].<br />
1. Commissure antérieure ; 2. Pli vocal ; 3. aryténoï<strong>de</strong> ; 4. Espace graisseux<br />
paraglottique ; 5. Processus vocal <strong>de</strong> l’aryténoï<strong>de</strong> ; 6. processus musculaire <strong>de</strong><br />
l’aryténoï<strong>de</strong> ; 7. Cartilage cricoï<strong>de</strong> (chaton cricoïdien) ; 8. Espace<br />
interthyroaryténoïdien ; 9. Commissure postérieure ; 10. Hypopharynx.<br />
25
Fig. 14 : Reconstruction sagittale médiane [2].<br />
1. Base <strong>de</strong> langue ; 2. Vallécule ; 3. Membrane hyoépiglottique ; 4. Os hyoï<strong>de</strong> ; 5.<br />
Loge pré-épiglottique (loge hyo-thyro-épiglottique ; 6. pied <strong>de</strong> l’épiglotte <strong>et</strong><br />
ligament thyroépiglottique ; 7. commissure antérieure ; 8. cartilage thyroï<strong>de</strong> ; 9.<br />
bord libre <strong>de</strong> l’épiglotte ; 10. face laryngée <strong>de</strong> l’épiglotte ; 11. muscle<br />
interaryténoïdien ; 12. cartilage cricoï<strong>de</strong>.<br />
Fig. 15 : Reconstruction frontale en phonation [2].<br />
1. Pli vestibulaire ; 2. ventricule laryngé ouvert ; 3. pli vocal ; 4. cartilage thyroï<strong>de</strong><br />
(lame) ; 5. espace graisseux paralaryngé ; 6. sousglotte ;<br />
7. cartilage cricoï<strong>de</strong>.<br />
26
Fig. 16 : Coupe passant par la sous-glotte <strong>et</strong> le cartilage cricoï<strong>de</strong> [2].<br />
1. Membrane cricothyroïdienne ; 2. Arc cricoïdien postérieur ossifié ; 3. corne<br />
inférieure du cartilage thyroï<strong>de</strong> ; 4. hypopharynx ; 5. Glan<strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong> ;<br />
6. Artère caroti<strong>de</strong> ; 7. Veine jugulaire ; 8. Région sous-commissurale antérieure ; 9.<br />
Lumière laryngée sous-glottique (forme circulaire).<br />
Fig. 17 : Coupe axiale pondérée T1 passant par les vallécules <strong>et</strong> la région <strong>de</strong>s trois<br />
replis [2].<br />
1. Ligament glossoépiglottique médian ; 2. Corticale <strong>de</strong> l’os hyoï<strong>de</strong> ; 3. Médullaire<br />
<strong>de</strong> l’os hyoï<strong>de</strong> ; 4 épiglotte ; 5. Repli aryépiglottique ; 6. Ligament<br />
pharyngoépiglottique ; 7. Ligament glossoépiglottique latéral ; 8. Glan<strong>de</strong> sous-<br />
mandibulaire.<br />
27
Fig. 18 : Coupe axiale pondérée T1 passant par les plis vocaux [2].<br />
1. Commissure antérieure ; 2. espace paraglottique ; 3. Commissure postérieure ; 4.<br />
Espace interthyroaryténoïdien ; 5. cartilage cricoï<strong>de</strong> ; 6. Sinus piriforme ; 7.<br />
Aryténoï<strong>de</strong> ; 8. Processus vocal <strong>de</strong> l’aryténoï<strong>de</strong> ; 9. Pli vocal ; 10. Muscle sous-<br />
hyoïdien ; 11. Cartilage thyroï<strong>de</strong> (médullaire centrale) ;<br />
12. cartilage thyroï<strong>de</strong> (corticales externe <strong>et</strong> interne).<br />
Fig. 19 : Coupe coronale pondérée T1 [2].<br />
1. Pli vestibulaire (graisseux principalementhypersignal) ; 2. Ventricule<br />
laryngé ; 3. Pli vocal (musculaire-isosignal) ; 4. Loge préépiglottique ;<br />
5. espace paralaryngé ; 6. Lumière sous-glottique ; 7. Trachée.<br />
28
Fig. 20 : Coupes sagittales pondérées T1 [2].<br />
1. Base <strong>de</strong> langue ; 2. Vallécule ; 3. Épiglotte (bord libre) ; 4. épiglotte (face laryngée)<br />
; 5. Muscle interaryténoïdien ; 6. pli vocal ; 7. Ventricule laryngé ; 8. Pli vestibulaire ;<br />
9. muscle sternothyroïdien ; 10. Muscle thyrohyoïdien ; 11. membrane<br />
hyothyroïdienne ; 12. Sous-glotte ; 13. Trachée ; 14. oesophage ; 15. Loge<br />
préépiglottique ; 16. Cartilage thyroï<strong>de</strong> ; 17. Commissure antérieure ; 18. os hyoï<strong>de</strong>.<br />
29
PHYSIOLOGIE<br />
30
I. BIOMECANIQUE ARTICULAIRE (Fig. 21)<br />
A. Articulation crico-aryténoïdienne<br />
L’écartement <strong>de</strong>s aryténoï<strong>de</strong>s ou abduction se réalise en <strong>de</strong>ux phases, définies<br />
par l’orientation <strong>de</strong>s apophyses vocales:<br />
-Dans la première phase, les apophyses vocales se séparent, mais conservent leur<br />
orientation antéro-postérieure, comme en position «neutre» (fin d’expiration), avec<br />
les bords médians parallèles, ou même légèrement convergents.<br />
-Dans la secon<strong>de</strong> phase, les apophyses vocales effectuent un mouvement <strong>de</strong><br />
divergence, élargissant encore la glotte. L’aryténoï<strong>de</strong> glisse donc d’abord<br />
latéralement, puis bascule vers l’arrière, <strong>de</strong> telle sorte que l’apophyse vocale décrit<br />
un mouvement arciforme vers le haut, vers l’extérieur <strong>et</strong> vers l’arrière.<br />
Indépendamment <strong>de</strong>s différents muscles, les structures ligamentaires élastiques<br />
jouent un rôle important dans c<strong>et</strong>te mécanique. L’inverse est valable dans<br />
l’adduction, qui va jusqu’à l’étroite juxtaposition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux aryténoï<strong>de</strong>s sur la ligne<br />
médiane.<br />
B. Articulation crico-thyroïdienne :<br />
Deux mouvements sont possibles :<br />
1- Un mouvement <strong>de</strong> rotation, avec comme conséquence la modification <strong>de</strong><br />
l’angle crico-thyroïdien antérieur <strong>et</strong> l’espace inter crico-thyroïdien.<br />
2- Un mouvement <strong>de</strong> translation (eff<strong>et</strong> tiroir), comportant une subluxation <strong>de</strong><br />
l’articulation, la corne thyroïdienne glissant vers l’avant.<br />
Dans les <strong>de</strong>ux cas, il y a étirement longitudinal du pli vocal. Ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong><br />
mouvements correspon<strong>de</strong>nt à l’action <strong>de</strong>s fibres du muscle crico-thyroïdien.<br />
31
II. FONCTIONNEMENT MECANIQUE DU LARYNX (Fig. 22 A ; B)<br />
A. Respiration<br />
A l’inspiration, la trachée est tirée vers le bas, <strong>et</strong> les tissus mous du larynx<br />
sont étirés: les plis vestibulaires <strong>et</strong> ary-épiglottiques s’allongent, la loge pré-<br />
épiglottique augmente son diamètre vertical <strong>et</strong> se rétrécit transversalement. La<br />
distance entre le cartilage thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’os hyoï<strong>de</strong> s’accroît. En inspiration forcée, les<br />
cor<strong>de</strong>s vocales se replient en quelque sorte vers le haut dans les ventricules<br />
laryngés. Les aryténoï<strong>de</strong>s, se déplacent vers le bas <strong>et</strong> vers l’avant .<br />
B. Occlusion d’effort<br />
Il y a une adduction <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales <strong>et</strong> <strong>de</strong>s plis vestibulaires sur la ligne<br />
médiane. Les plis vestibulaires s’abaissent <strong>et</strong> oblitèrent les ventricules. Les replis<br />
ary-épiglottiques s’appliquent contre la face postérieure du cartilage épiglottique.<br />
Le cartilage thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’os hyoï<strong>de</strong> se rapprochent par la contraction du muscle<br />
thyro-hyoïdien. De ce fait, le tissu thyro-hyoïdien médian comprimé va bomber vers<br />
l’arrière perm<strong>et</strong>tant au tubercule épiglottique <strong>de</strong> faire une protrusion dans le larynx<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> s’apposer sur la face supérieure <strong>de</strong>s plis vestibulaires en s’appliquant contre<br />
les replis ary-épiglottiques. Dans c<strong>et</strong>te position il n’y a plus d’air dans la lumière<br />
laryngée, <strong>et</strong> la ferm<strong>et</strong>ure est hermétique<br />
C’est à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te occlusion serrée que se fait le geste <strong>de</strong> la toux, qui<br />
apparaît en cinématographie comme un phénomène particulièrement violent, avec<br />
ébranlement vibratoire à <strong>de</strong> multiples niveaux (même la paroi postérieure <strong>de</strong> la<br />
glotte <strong>et</strong> <strong>de</strong>s replis ary-épiglottiques), ce qui rend la toux sonore<br />
32
C. Déglutition<br />
Elle a été schématisée par Ardran <strong>et</strong> Kemp en cinq composantes:<br />
1. Elévation du larynx vers l’os hyoï<strong>de</strong>, avec rapprochement <strong>de</strong> l’ensemble<br />
larynx-hyoï<strong>de</strong> vers la mandibule, l’épiglotte se rabat vers l’arrière.<br />
2. Bascule <strong>de</strong>s aryténoï<strong>de</strong>s vers le bas, l’avant <strong>et</strong> l’intérieur, ferm<strong>et</strong>ure <strong>de</strong> la<br />
glotte <strong>et</strong> rétrécissement du vestibule.<br />
3. Ouverture <strong>de</strong> l’angle antérieur crico-thyroïdien, perm<strong>et</strong>tant aux aryténoï<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> s’incliner plus en avant.<br />
4. Protrusion vers l’arrière du tubercule épiglottique, due au rapprochement<br />
thyro-hyoïdien, la compression du tissu adipeux hyo-thyroïdien, l’approximation<br />
<strong>de</strong>s plis vestibulaires <strong>et</strong> oblitération <strong>de</strong> la cavité vestibulaire.<br />
5. Bascule vers le bas du bord libre <strong>de</strong> l’épiglotte par la pression du bol<br />
alimentaire. L’épiglotte est comprimée sur les aryténoï<strong>de</strong>s par l’action du muscle<br />
constricteur inférieur du pharynx, qui resserre l’angle dièdre du cartilage thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
pousse les plis vestibulaires encore plus fermement l’un contre l’autre.<br />
D. La phonation<br />
Le larynx participe à la phonation en jouant le rôle <strong>de</strong> vibrateur, perm<strong>et</strong>tant<br />
ainsi la production <strong>de</strong> sons. Le vibrateur glottique -élément essentiel pour la<br />
sonorisation <strong>de</strong> l’air expiratoire- peut être assimilé, à l’état sain, à un oscillateur<br />
dont le coefficient d’amortissement est faible. Ce système oscillant est capable <strong>de</strong><br />
produire une vaste gamme <strong>de</strong> fréquences fondamentales <strong>et</strong> <strong>de</strong> qualités <strong>de</strong> timbre.<br />
On peut reconnaître trois composantes dans le mouvement vibratoire habituel<br />
<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales<br />
• La composante horizontale: <strong>de</strong> loin la principale, correspondant à l’ouverture <strong>et</strong><br />
à la ferm<strong>et</strong>ure du fuseau glottique. Elle est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3mm pour un larynx<br />
33
masculin aux fréquences normales <strong>de</strong> la parole<br />
• La composante verticale: discrète, révélée par la tomographie frontale<br />
stroboscopique, estimée <strong>de</strong> 0.2 à 0.5 mm.<br />
• La composante ondulatoire: intéressant particulièrement le bord libre <strong>de</strong> la<br />
cor<strong>de</strong>, se propageant <strong>de</strong> bas en haut, elle est bien visible en cinématographie<br />
ultrarapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> en stroboscopie. L’ouverture <strong>et</strong> la ferm<strong>et</strong>ure <strong>de</strong> la glotte commencent<br />
à la partie inférieure <strong>de</strong> ce bord libre <strong>et</strong> se propagent <strong>de</strong> bas en haut.<br />
34
Fig. 21 : action <strong>de</strong> la musculature laryngée [Atlas d’anatomie humaine, Frank H. N<strong>et</strong>ter].<br />
A B<br />
Fig. 22 : vue endoscopique du larynx en phase respiratoire (A) <strong>et</strong> phonatoire (B) [3].<br />
35
MATERIEL<br />
&<br />
METHODES<br />
36
Notre travail est une étu<strong>de</strong> rétrospective allant <strong>de</strong> janvier 2003 à décembre<br />
2007, il porte sur les cas <strong>de</strong> cancers du larynx chez la femme pris en charge au<br />
service d’oto-rhino-laryngologie <strong>de</strong> l’hôpital OMAR DRISSI <strong>de</strong> <strong>Fès</strong>.<br />
Ont été exclues <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> 4 femmes dont<br />
• Deux femmes ont refusé tout traitement.<br />
• Une perdue <strong>de</strong> vue après la première consultation.<br />
• Une femme décédée en post-opératoire au service <strong>de</strong> réanimation<br />
<strong>et</strong> dont le dossier n’a pas été r<strong>et</strong>rouvé.<br />
Nous avons donc r<strong>et</strong>enu 11 cas, tous confirmés histologiquement, en nous<br />
basant sur les dossiers médicaux d’hospitalisation.<br />
Toutes les données anamnestiques, cliniques, paracliniques, <strong>et</strong> thérapeutiques<br />
ont été reportées sur <strong>de</strong>s fiches synoptiques, préalablement rédigées après revue <strong>de</strong><br />
la littérature (annexe I).<br />
37
RESULTATS<br />
38
I-Épidémiologie<br />
A-Fréquence<br />
Notre série concerne 11 cas <strong>de</strong> cancer du larynx chez la femme, soit 7,1% du<br />
nombre total <strong>de</strong>s néoplasies laryngées (153 cas) traitées au service pendant la même<br />
pério<strong>de</strong>. La répartition <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s par années est décrite dans l’histogramme<br />
suivant :<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
2003 2004 2005 2006 2007<br />
répartition <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s par années<br />
B-Age lors <strong>de</strong> la première consultation<br />
La moyenne d’âge est <strong>de</strong> 51 ans, avec <strong>de</strong>s extrêmes <strong>de</strong> 24 à 70 ans. La<br />
fourch<strong>et</strong>te <strong>de</strong> 50 à 70 ans est la plus représentative : prés <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s cas<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
20-30 30-40 40-50 50-60 60-70<br />
repartition <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s par tranche d'age<br />
39
C-Origine géographique<br />
4 patientes appartiennent à la région du rif (Nador, Hoceima) soit 36%, 7<br />
patientes appartiennent à la région <strong>de</strong> <strong>Fès</strong> soit 64%.<br />
6 patientes appartiennent au milieu rural soit 55%, 5 patientes appartiennent<br />
au milieu urbain soit 45%.<br />
D-Statut marital<br />
Toutes les patientes sont mariées, <strong>de</strong>ux d’entre elles sont veuves.<br />
II-Antécé<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> facteurs <strong>de</strong> risques<br />
A-Habitu<strong>de</strong>s toxiques<br />
1-Tabagisme<br />
On r<strong>et</strong>rouve chez 3patientes un tabagisme passif important avec une moyenne<br />
<strong>de</strong> 10 paqu<strong>et</strong>s-années, aucune patiente ne rapporte <strong>de</strong> tabagisme actif.<br />
2-Alcoolisme<br />
L’alcoolisme n’a pas été r<strong>et</strong>rouvé dans la majorité <strong>de</strong>s cas. Cependant, c<strong>et</strong>te<br />
notion <strong>de</strong> prise d’alcool n’a pas été précisée sur certains dossiers, compte tenu <strong>de</strong> la<br />
difficulté à obtenir <strong>de</strong> tel renseignement à l’interrogatoire.<br />
B-Irradiation cervicale<br />
La notion d’irradiation cervicale est r<strong>et</strong>rouvée chez une patiente traité par<br />
radiothérapie pour un cancer pharyngé 8 ans avant qu’elle présente son cancer<br />
laryngé, les modalités <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te radiothérapie ne sont pas précisées sur le dossier.<br />
C-Hygiène bucco<strong>de</strong>ntaire<br />
7 patientes ont une hygiène défectueuse <strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuses caries <strong>de</strong>ntaires<br />
non soignées.<br />
40
D-Régime alimentaire<br />
Le régime alimentaire méditerranéen étant un facteur protecteur contre<br />
certains néoplasies dont le cancer du larynx, nous avons précisé la prévalence <strong>de</strong><br />
certains aliments dans les repas journaliers, en particuliers les céréales, l’huile<br />
d’olive les fruits <strong>et</strong> les légumes verts. Ces aliments ont été pratiquement toujours<br />
présents dans le régime alimentaire <strong>de</strong> nos patientes.<br />
E-Exposition chimique<br />
La notion d’exposition à la fumée <strong>de</strong>s fours <strong>de</strong> bois est r<strong>et</strong>rouvée chez 5<br />
patientes, toutes originaires du milieu rural (Fig. 23).<br />
Fig. 23 : four traditionnel <strong>de</strong> bois <strong>et</strong> fumée qui s’en échappe<br />
L’exposition aux autres produits chimiques (ciments, amiante, chrome, nickel)<br />
incriminés dans l’oncogenèse laryngée n’est pas précisée sur les dossiers.<br />
F-Profession <strong>et</strong> niveau socio-économique<br />
Toutes nos patientes sont sans profession <strong>et</strong> par conséquent on peut conclure<br />
à l’absence <strong>de</strong> malmenage vocal (professionnel).<br />
Nos patientes sont toutes <strong>de</strong> bas niveau socio-économique.<br />
41
G-Laryngites chroniques <strong>et</strong> lésions <strong>de</strong> dysplasie<br />
Aucun cas <strong>de</strong> laryngites chroniques ou <strong>de</strong> lésions <strong>de</strong> dysplasie n’a été notifié<br />
dans les dossiers.<br />
H-Facteurs hormonaux<br />
<strong>et</strong> 15 ans<br />
Le statut hormonal <strong>de</strong> nos patientes est évalué selon plusieurs critères :<br />
1-Menarche<br />
L’âge moyen <strong>de</strong> la Menarche est <strong>de</strong> 13 ans avec <strong>de</strong>s extrêmes d’âge entre 11<br />
2-Antécé<strong>de</strong>nts obstétricaux<br />
Toutes nos patientes pratiquement ont eu <strong>de</strong>s grossesses avec <strong>de</strong>s<br />
accouchements simples, on note <strong>de</strong>ux fausses couches.<br />
3-Contraception orale<br />
Aucune patiente n’a eu recours à la contraception par voie orale.<br />
4-Ménopause<br />
Plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s patientes sont ménopausées.<br />
5-Traitement hormonal substitutif <strong>de</strong> la ménopause<br />
Aucune <strong>de</strong> nos patientes ménopausées n’a eu recours au traitement hormonal<br />
substitutif <strong>de</strong> la ménopause.<br />
I-Facteurs viraux<br />
La recherche <strong>de</strong> l’HPV dans la cavité buccale <strong>et</strong> le pharyngolarynx est effectuée<br />
chez seulement <strong>de</strong>ux patientes <strong>et</strong> s’est révélée toujours négative.<br />
42
J-Pathologie associée<br />
La notion <strong>de</strong> RGO est r<strong>et</strong>rouvée chez 5 patientes. Aucune patiente ne présente<br />
une localisation tumorale synchrone. Une seule patiente présente un diabète type 2<br />
sous antidiabétiques oraux associé à un syndrome <strong>de</strong> Plummer Vincent.<br />
K-Antécé<strong>de</strong>nts familiaux <strong>de</strong> cancer<br />
larynx).<br />
Une patiente a une tante décédée par une pathologie similaire (cancer du<br />
43
III-données cliniques<br />
A-Délai <strong>de</strong> consultation<br />
Le délai <strong>de</strong> consultation est le temps mis par la mala<strong>de</strong> à consulter pour <strong>de</strong>s<br />
signes fonctionnels récents, ce temps r<strong>et</strong>rouvé à l’interrogatoire est parfois difficile<br />
à préciser, soit du fait que la mala<strong>de</strong> minimise ou attribue sa symptomatologie à une<br />
autre affection, soit du fait du temps long <strong>de</strong> plusieurs mois d’évolution qui est alors<br />
mal mémorisé.<br />
Le délai entre l’apparition <strong>de</strong>s premiers signes cliniques <strong>et</strong> la consultation est<br />
en moyenne <strong>de</strong> 9mois avec <strong>de</strong>s extrêmes <strong>de</strong> 4 mois à 24 mois.<br />
B-Signes fonctionnels<br />
La dysphonie est le signe révélateur chez 9 patientes, associé le plus souvent<br />
au cours <strong>de</strong> l’évolution à une dyspnée. La dysphagie comme signe révélateur est<br />
r<strong>et</strong>rouvé dans seulement <strong>de</strong>ux cas.<br />
Aucune patiente n’a consulté pour une tuméfaction cervicale.<br />
Des signes généraux sont r<strong>et</strong>rouvés chez 7 patientes avec une altération<br />
marquée <strong>de</strong> l’état général <strong>et</strong> un amaigrissement chiffré chez seulement 3 mala<strong>de</strong>s<br />
avec une perte moyenne <strong>de</strong> poids <strong>de</strong> 1,3 Kg/mois.<br />
C-Examen clinique<br />
1-Laryngoscopie<br />
C<strong>et</strong>te exploration fondamentale a était faite systématiquement chez toutes les<br />
patientes, les résultats sont les suivants :<br />
Aspect macroscopique <strong>de</strong> la tumeur :<br />
Ulcérobourgeonnant chez 6 patientes (Fig. 25).<br />
Bourgeonnant chez 5 patientes (Fig. 24).<br />
44
Localisation <strong>de</strong> la tumeur :<br />
Chez 5 patientes la tumeur intéressait l’étage glotto-sus glottique, elle<br />
intéressait tout un hemilarynx chez 3 patientes, l’atteinte <strong>de</strong> l’étage sus-glottique,<br />
glottique <strong>et</strong> glotto-susglottique est r<strong>et</strong>rouvée pour chaque localisation chez une<br />
seule patiente. Le sinus piriforme était envahi chez 5 patientes, l’hypopharynx chez<br />
2 patientes <strong>et</strong> la bouche <strong>de</strong> l’œsophage chez une patiente.<br />
2-Examen <strong>de</strong>s aires ganglionnaires<br />
Celui-ci a objectivé <strong>de</strong>s adénopathies cervicales dans 3 cas, <strong>de</strong>ux patientes<br />
étaient en N2 alors qu’une seule mala<strong>de</strong> était en en N1 selon la classification TNM<br />
<strong>de</strong> l’UICC, ainsi chez 8 patientes, aucune adénopathie cervicale n’a été r<strong>et</strong>rouvée.<br />
45
Fig. 24 : processus bourgeonnant du larynx<br />
Service d’ORL, CHU HASSAN II –FES-<br />
Fig. 25 : processus ulcéro-bourgeonnant du larynx<br />
Service d’ORL CHU HASSAN II –FES-<br />
46
D-Anatomopathologie<br />
La biopsie par laryngoscopie a été faite chez toutes les patientes, le type<br />
histologique r<strong>et</strong>rouvé était un carcinome épi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong> bien différencié chez 8<br />
patientes, moyennement différencié chez 2 patientes. Une seule patiente présentait<br />
un lymphome malin non hodgkinien <strong>de</strong> haut gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> malignité.<br />
E-Bilan d’extension <strong>et</strong> classification<br />
1-Bilan d’extension locorégional<br />
a-Panendoscopie<br />
L’examen pansendoscopique réalisé chez toutes les patientes a montré une<br />
extension vers la base <strong>de</strong> la langue dans un cas, l’hypopharynx dans <strong>de</strong>ux cas <strong>et</strong> la<br />
bouche <strong>de</strong> l’œsophage dans un cas.<br />
Par ailleurs c<strong>et</strong> examen n’a pas noté une autre localisation tumorale (un<br />
<strong>de</strong>uxième cancer <strong>de</strong>s voies aérodigestives supérieures).<br />
objectivé :<br />
b-Tomo<strong>de</strong>nsitométrie (voir Fig.26 A, B)<br />
L exploration par tomo<strong>de</strong>nsitométrie a été faite chez 10 patientes, elle a<br />
• Une extension vers la loge HTE chez 6 patientes.<br />
• Un envahissement ostéocartilagineux chez 3 patientes.<br />
• Une extension vers las parties molles antérieures du cou chez une patiente.<br />
• Des adénopathies satellites chez 3 patientes.<br />
c-Imagerie par résonnance magnétique IRM (voir Fig. 27)<br />
L’IRM était réalisée chez une seule patiente traitée huit ans auparavant pour<br />
une tumeur pharyngée par radio-chimiothérapie.<br />
47
A<br />
B<br />
Fig. 26 : aspects tomo<strong>de</strong>nsitométriques d’un cancer du larynx<br />
A : localisation sous glottique ( )<br />
B : localisation glottique ( )<br />
Service d’ORL, CHU HASSAN II –FES-<br />
48
Fig. 27 : aspect IRM d’une tumeur laryngée <strong>de</strong> localisation sus-glottique ( )<br />
Service d’ORL, CHU HASSAN II –FES-<br />
49
2-Bilan d’extension générale<br />
a-Radiographie du thorax<br />
Toutes les patientes ont bénéficié d’une radiographie thoracique. Toutes les<br />
radiographies se sont révélées normales<br />
b-Echographie abdominale<br />
Huit échographies ont été <strong>de</strong>mandées, ne montrant aucune anomalie,<br />
notamment au niveau hépatique.<br />
3-Classification<br />
a-Localisation tumorale<br />
Grace à l’exploration endoscopique <strong>et</strong> à l’imagerie (TDM / IRM) on a pu classer<br />
les tumeurs suivant le ou les étages atteints, le tableau suivant les récapitule.<br />
Etage<br />
laryngé<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
Glottique<br />
Sus-<br />
glottique <br />
Sous-<br />
glottique<br />
50<br />
Glotto-<br />
susglottique<br />
Glotto-sous<br />
glottique<br />
Glotto-sus <strong>et</strong><br />
sous glottique<br />
1 1 0 5 1 3<br />
b-Classification TNM du cancer laryngé<br />
Les cancers laryngés ont été classés suivant la classification TNM pour le<br />
larynx (voir annexe II). Les résultats sont comme suit :<br />
T<br />
Tumeur<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
T1 0<br />
T2 1<br />
T3 4<br />
T4 6
N<br />
M<br />
c-Sta<strong>de</strong>s selon AJCC<br />
Adénopathie<br />
Métastase<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
N0 9<br />
N1 1<br />
N2 2 (N2b)<br />
N3 0<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
M0 11<br />
M1 0<br />
Selon c<strong>et</strong>te stadification (voir annexe III) :<br />
sta<strong>de</strong> Nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s<br />
Sta<strong>de</strong> 1 0<br />
Sta<strong>de</strong>2 1<br />
Sta<strong>de</strong>3 4<br />
Sta<strong>de</strong>4(a) 6<br />
51
IV-Traitement<br />
A-Chirurgie (Fig. 28)<br />
1-Tumorale<br />
8 patientes ont été traités chirurgicalement dont :<br />
§ 7 ont subi une laryngectomie totale dont 4 élargies avec :<br />
• Une pharyngectomie partielle chez une femme<br />
• Une pharyngectomie totale chez une femme<br />
• Une thyroï<strong>de</strong>ctomie totale chez une femme<br />
• Une isthmolobectomie chez une femme<br />
§ Une seule patiente a subi une laryngectomie partielle(CHEP)<br />
2-Ganglionnaire<br />
Dans notre série 7 femmes ont subi un curage ganglionnaire sur les 8 femmes<br />
traitées chirurgicalement :<br />
• Curage fonctionnel bilatéral chez 5 femmes<br />
• Curage fonctionnel unilatéral chez une femme<br />
• Curage fonctionnel associé à un curage radical modifié chez une<br />
femme<br />
3-Examen anatomopathologique <strong>de</strong> la pièce opératoire (voir Fig. 29 A, B)<br />
Les limites <strong>de</strong> résection étaient saines chez 5 patientes opérées<br />
Chez une seule patiente les limites sont tumorales<br />
52
5<br />
Fig. 28 : Aspect per-opératoire <strong>de</strong> la région cervicale après laryngectomie<br />
totale <strong>et</strong> curage ganglionnaire fonctionnel bilatéral<br />
1 : glan<strong>de</strong> sous-maxillaire ; 2 : neopharynx ; 3 : veine jugulaire interne ;<br />
4 : veine jugulaire antérieure ; 5 : muscle sterno-cléido-mastoïdien<br />
Service d’ORL, CHU HASSAN II –FES-<br />
A B<br />
Fig. 29 : pièces opératoires<br />
A : laryngectomie totale ; 1 : épiglotte, 2 : cor<strong>de</strong>s vocales, 3 : tumeur laryngée<br />
B : curage ganglionnaire bilatéral<br />
Service d’ORL, CHU HASSAN II –FES-<br />
53<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4
B-Radiothérapie<br />
curative.<br />
1-Post-chirurgicale<br />
Sept patientes soit 64% ont reçu une radiothérapie complémentaire à visée<br />
La dose reçue sur la tumeur varie entre 45 Gy <strong>et</strong> 65 Gy, la dose reçue sur les<br />
aires ganglionnaires varie entre 45 Gy <strong>et</strong> 60 Gy. Ces différentes doses sont fonction<br />
<strong>de</strong>s résultats histologiques <strong>de</strong>s pièces opératoires.<br />
La dose moyenne par séance est <strong>de</strong> 2 Gy, cinq séances par semaine<br />
2-Seule ou associée à la chimiothérapie<br />
a-Radiothérapie seule<br />
Une patiente dont la tumeur était classéeT4N2bM0, <strong>et</strong> dont l’indication<br />
thérapeutique, vu l’étendu <strong>de</strong> la tumeur <strong>et</strong> vu l’altération <strong>de</strong> l’état général était une<br />
radiothérapie, la patiente a été perdue <strong>de</strong> vue durant son traitement. En absence <strong>de</strong><br />
thérapeutique curative, c<strong>et</strong>te patiente est considérée décédée à ce jour.<br />
La <strong>de</strong>uxième patiente présentait un lymphome laryngé, le bilan d’extension<br />
était négatif, l’indication thérapeutique était une radiothérapie exclusive <strong>de</strong> 50 Gy<br />
b-L’association chimio-radiothérapie<br />
L’association chimio-radiothérapie à visée curative a été utilisée chez une<br />
patiente dont la volumineuse tumeur était classée T4N0M0, elle a reçu <strong>de</strong>ux cures<br />
<strong>de</strong> chimiothérapie à 2 mois d’intervalle, à base <strong>de</strong> 5-FU <strong>et</strong> cis-platinium, suivie<br />
d’une radiothérapie, mais une fistule aérodigestive est apparue obligeant l’arrêt <strong>de</strong><br />
l’irradiation. La patiente a été perdue <strong>de</strong> vue <strong>et</strong> est considérée décédée.<br />
C-Traitement <strong>de</strong>s récidives<br />
Une patiente qui a subi une laryngectomie partielle a présenté une récidive<br />
tumorale, 13 mois après sa première intervention, ce qui a nécessité sa reprise<br />
chirurgicale. La patiente a subi une laryngectomie totale avec curage ganglionnaire<br />
fonctionnel bilatéral <strong>et</strong> complément par radiothérapie postopératoire.<br />
54
V-Evolution<br />
A- Evolution à court terme<br />
Toutes nos patientes ont été mises sous antibiothérapie à base d’amoxicilline-<br />
aci<strong>de</strong> clavulanique pendant 48h par voie parentérale, puis relais par voie orale,<br />
l’ablation <strong>de</strong> fil était réalisée systématiquement entre j8 <strong>et</strong> j10.<br />
L’ablation <strong>de</strong> la son<strong>de</strong> nasogastrique était réalisée chez les patientes après un<br />
test d’alimentation positif à partir <strong>de</strong> j15 post-opératoire.<br />
B- complications <strong>de</strong> la chirurgie<br />
Un pharyngostome est apparu chez 4 patientes, au dixième jour chez <strong>de</strong>ux<br />
patientes, à la <strong>de</strong>uxième semaine chez une patiente, <strong>et</strong> au 40° jour chez une<br />
patiente. Toutes ces patientes ont été mises sous antibiotique, pansements<br />
compressifs <strong>et</strong> soins locaux biquotidiens avec une bonne évolution.<br />
Trois patientes ont présenté <strong>de</strong>s complications infectieuses :<br />
• Une patiente a présenté une cellulite du plancher buccal, mise sous<br />
antibiothérapie avec amélioration 5 jours après.<br />
• Deux patientes ont présenté une suppuration locale <strong>et</strong> qui ont bien évolué<br />
sous traitement<br />
C-Complications <strong>de</strong> la radiothérapie<br />
traitement :<br />
Sur les 10 patientes irradiées, 7 patientes ont eu <strong>de</strong>s complications dues à ce<br />
• 3 patientes ont présenté une radio<strong>de</strong>rmite<br />
• 3 patientes ont présenté une radiomucite<br />
• Une patiente a présenté une fistule aérodigestive<br />
55
D- Evolution à long terme<br />
Un cancer du larynx traité doit être suivi régulièrement par le thérapeute ORL<br />
<strong>et</strong> le radiothérapeute qui ont traité le patient initialement, pendant au moins 5 ans<br />
afin <strong>de</strong> dépister au plus tôt une reprise évolutive ou une récidive accessible à un<br />
traitement conservateur, un autre cancer synchrone ou métachrone, ou encore <strong>de</strong>s<br />
métastases viscérales.<br />
Modalités :<br />
• Examen général <strong>et</strong> ORL, aidé par une fibroscopie pharyngo-laryngée si besoin,<br />
tous les 2 mois la 1ère année, tous les 3 mois la 2ème <strong>et</strong> 3ème année, tous<br />
les 6 mois la 4ème <strong>et</strong> 5ème année, puis tous les ans ensuite, à vie (cancer<br />
métachrone).<br />
• Radiographie pulmonaire (face <strong>et</strong> profil) tous les ans.<br />
• Dosage <strong>de</strong> la TSH après irradiation cervicale ou thyroï<strong>de</strong>ctomie partielle à<br />
chaque contrôle.<br />
• Panendoscopie <strong>de</strong>s voies aérodigestives supérieures au tube rigi<strong>de</strong> sous<br />
anesthésie générale, fibroscopie œsophagienne, TDM thoracique, échographie<br />
hépatique ou scintigraphie osseuse en cas <strong>de</strong> signes d'appel.<br />
• Souvent une TDM <strong>de</strong> référence <strong>et</strong> une panendoscopie <strong>de</strong>s voies aérodigestives<br />
supérieures au tube rigi<strong>de</strong> sous anesthésie générale sont réalisées vers 6 mois<br />
après la fin du traitement.<br />
Dans notre série l’évolution est analysée selon le type <strong>de</strong> prise en charge.<br />
56
1-Laryngectomie partielle<br />
La patiente qui a bénéficié d’une laryngectomie partielle avec reconstruction<br />
par crico-hyoïdo-epiglottopexie a présenté 13 mois après son intervention une<br />
récidive tumorale ayant nécessité une laryngectomie totale avec curage fonctionnel<br />
bilatéral <strong>et</strong> une radiothérapie complémentaire.<br />
2-Laryngectomie totale <strong>et</strong> radiothérapie<br />
Sept patientes ont subi une laryngectomie totale suivie d’une radiothérapie.<br />
Cinq patientes sont vivantes sans métastases ni récidive, leur durée <strong>de</strong> vie<br />
après radiothérapie varie entre 3 mois <strong>et</strong> 32 mois <strong>et</strong> leur voix est jugée satisfaisante.<br />
La patiente qui avait subi une thyroï<strong>de</strong>ctomie totale associée a été adressée à la<br />
consultation d’endocrinologie ou un traitement substitutif a été instauré.<br />
Deux patientes ont été perdues <strong>de</strong> vue.<br />
3-Radiothérapie exclusive<br />
La radiothérapie exclusive a été indiquée chez <strong>de</strong>ux mala<strong>de</strong>s :<br />
Une patiente dont la tumeur est classée T4N2bM0, la patient a été perdue <strong>de</strong> vue<br />
durant ses séances <strong>de</strong> radiothérapie, elle est considérée décédée. La <strong>de</strong>uxième<br />
patiente présentait un lymphome laryngé, le bilan d’extension était négatif,<br />
l’indication thérapeutique était une radiothérapie exclusive <strong>de</strong> 50 Gy sur la tumeur<br />
avec rémission complète. La patiente est vivante avec un recul <strong>de</strong> 10 mois.<br />
4-Association radio-chimiothérapie<br />
Une patiente dont la volumineuse tumeur était classée T4N0M0, a reçu <strong>de</strong>ux<br />
cures <strong>de</strong> chimiothérapie à 2 mois d’intervalle, à base <strong>de</strong> 5-FU <strong>et</strong> cis-platinum, suivie<br />
d’une radiothérapie, mais une fistule aérodigestive est apparue obligeant l’arrêt <strong>de</strong><br />
l’irradiation. La patiente a été perdue <strong>de</strong> vue <strong>et</strong> est considérée décédée.<br />
57
VI-Rééducation orthophonique<br />
La laryngectomie est une intervention chirurgicale particulièrement<br />
traumatisante (les laryngectomisés sont aussi dénommés "mutilés <strong>de</strong> la voix") <strong>et</strong> qui<br />
prive le mala<strong>de</strong> <strong>de</strong> son mécanisme normal <strong>de</strong> production vocale.<br />
La rééducation va consister à donner au mala<strong>de</strong> privé <strong>de</strong> larynx <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
possibilité d'utilisation <strong>de</strong> l'air pulmonaire, une seule voix <strong>de</strong> remplacement<br />
possible: la voix œsophagienne. La métho<strong>de</strong> la plus utilisée est la métho<strong>de</strong><br />
hollandaise, qui consiste à emmagasiner <strong>de</strong> l'air dans la partie supérieure <strong>de</strong><br />
l'œsophage, c<strong>et</strong> air est expulsé immédiatement à travers une pseudo-glotte. On<br />
provoque ainsi une éructation volontaire produite en état d'apnée.<br />
Dans notre série, toutes les patientes ont bénéficié d’une rééducation<br />
orthophonique post-opératoire, les résultats sont généralement satisfaisants. C<strong>et</strong>te<br />
facilité d’accès est due à la présence au sein du même hôpital (Omar Drissi) d’un<br />
service <strong>de</strong> rééducation orthophonique avec un personnel particulièrement<br />
compétent.<br />
58
DISCUSSION<br />
59
I-Epidémiologie<br />
A-Fréquence<br />
fréquence.<br />
Le cancer du larynx est le <strong>de</strong>uxième cancer <strong>de</strong>s voies respiratoires en terme <strong>de</strong><br />
Dans <strong>de</strong> nombreux pays, les étu<strong>de</strong>s ont montré une augmentation <strong>de</strong>s taux<br />
d’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce cancer parmi les <strong>de</strong>ux sexes, dans les années 1950 à<br />
1970 [5 ,6 ,7 ,8], puis une légère diminution <strong>de</strong> ce taux à partir <strong>de</strong>s années 1980<br />
dans la population masculine [8, 9, 10, 11]. La progression notée chez la population<br />
féminine, accusant la consommation accrue <strong>de</strong> tabac <strong>et</strong> d’alcool serait à l’ origine <strong>de</strong><br />
la baisse du sex-ratio ces <strong>de</strong>rnières années.<br />
Au Maroc, <strong>et</strong> en l’absence <strong>de</strong> registre (national ou régionaux) <strong>de</strong>s cancers,<br />
l’inci<strong>de</strong>nce ne peut être estimée, cependant selon <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s épidémiologiques<br />
récentes, le cancer du larynx représente environ 4% <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s cancers,<br />
environ 8 % <strong>de</strong>s cancers <strong>de</strong> l’homme <strong>et</strong> moins <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong>s cancers féminins [12], <strong>de</strong>s<br />
chiffres similaires sont r<strong>et</strong>rouvés dans les autres pays du Maghreb.<br />
Alessandra Tavani [13] dans une étu<strong>de</strong> menée au nord <strong>de</strong> l’Italie, a r<strong>et</strong>rouvé<br />
que parmi les 367 cas <strong>de</strong> cancer du larynx diagnostiqués entre 1986 <strong>et</strong> 1992, 17<br />
étaient <strong>de</strong>s femmes soit 4,6%.<br />
Dans son étu<strong>de</strong>, lam [14] a trouvé que parmi les 451 cancers du larynx<br />
diagnostiqués à l’hôpital queen Mary à Hong-Kong <strong>de</strong> 1973 à 1992, 43 sont <strong>de</strong>s<br />
femmes soit 8,4%.<br />
Fassi Fihri [15] dans sa série a r<strong>et</strong>rouvé que le cancer du larynx chez la femme<br />
représente 3,22% du nombre total <strong>de</strong>s néoplasies laryngées traitées au service d’ORL<br />
<strong>de</strong> l’hôpital 20 aout <strong>de</strong> Casablanca entre les années 1990 <strong>et</strong> 1999<br />
60
Sur une étu<strong>de</strong> faite au Maroc, à l’institut national d’oncologie, Moudni [16*] a<br />
noté que le cancer du larynx représente à peu prés 4% du recrutement <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />
établissement, la femme était atteinte dans 9,3% <strong>et</strong> l’homme dans 90,7%.<br />
Dans notre étu<strong>de</strong>, la répartition du nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s selon les années a<br />
montré une augmentation n<strong>et</strong>te mais non régulière <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce cancer chez<br />
la femme. Le nombre <strong>de</strong> cas r<strong>et</strong>rouvés étant faible <strong>et</strong> les sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> diagnostic<br />
souvent avancés, nous ne pouvons en tirer <strong>de</strong> conclusions sur les variations<br />
d’inci<strong>de</strong>nce du cancer laryngé par sexe ou par subdivision laryngée.<br />
B-Age<br />
Nous allons comparer nos résultats à ceux <strong>de</strong> la littérature en tenant compte<br />
<strong>de</strong> trois critères : l’âge moyen, les extrêmes d’âge <strong>et</strong> la tranche d’âge la plus<br />
touchée.<br />
Dans une étu<strong>de</strong> comprenant 96 femmes traitées pour cancer du larynx entre<br />
1950 <strong>et</strong> 1992, Shvero [16] trouve une moyenne d’âge <strong>de</strong> 56 ans.<br />
Kokoska [17] trouve que 54,7% <strong>de</strong>s 42 femmes <strong>de</strong> son étu<strong>de</strong> suivies <strong>de</strong> 1973 à<br />
1985 avait un âge variant <strong>de</strong> 53 à 67 ans.<br />
Ronda Marisy [18] <strong>et</strong> Franceschi [19] trouvent dans leurs travaux <strong>de</strong>s chiffres<br />
similaires : parmi les 26 patientes traitées entre 1985 <strong>et</strong> 1992, 64,3% sont âgées <strong>de</strong><br />
51 à 70 ans <strong>et</strong> 68,4 <strong>de</strong>s 19 patientes suivies <strong>de</strong> 1984 à 1991 par Franceschi étaient<br />
âgées <strong>de</strong> 50 à 69 ans.<br />
Amara [20], dans une série <strong>de</strong> 14 femmes, a r<strong>et</strong>rouvé une moyenne d’âge <strong>de</strong><br />
47 ans avec une prédominance <strong>de</strong> patientes âgées entre 40 <strong>et</strong> 60 ans.<br />
<strong>et</strong> 70 ans.<br />
Pour Bouallali [21] la moyenne d’âge est <strong>de</strong> 54 ans avec une majorité entre 50<br />
Dans la série <strong>de</strong> Fassi Fihri [15] l’âge moyen est <strong>de</strong> 54 ans avec une<br />
prédominance <strong>de</strong> patientes âgées <strong>de</strong> 51 <strong>et</strong> 70 ans.<br />
61
Dans notre série la moyenne d’âge était <strong>de</strong> 51 ans avec <strong>de</strong>s extrêmes <strong>de</strong> 24<br />
ans <strong>et</strong> 70 ans <strong>et</strong> une prédominance <strong>de</strong>s patientes âgées entre 50 <strong>et</strong> 70 ans<br />
rejoignant les chiffres trouvés dans la littérature. Nous avons noté que 3 femmes,<br />
soit 27% <strong>de</strong>s patientes sont âgées <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 40 ans au moment du diagnostic ce<br />
qui est n<strong>et</strong>tement supérieur par rapport aux données <strong>de</strong> la littérature (tableau 2).<br />
Mais nous ne pouvons en tirer <strong>de</strong> conclusion vu le nombre restreint <strong>de</strong> nos mala<strong>de</strong>s.<br />
SERIES % DES FEMMES JEUNES (AGE
Une <strong>de</strong>s hypothèses avancées <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te répartition inégale résulte <strong>de</strong>s<br />
séquelles <strong>de</strong> la guerre chimique menée contre la résistance rifaine au début <strong>de</strong>s<br />
années 20 du siècle <strong>de</strong>rnier [23].<br />
II-Facteurs <strong>de</strong> risques<br />
Chez l’homme les facteurs <strong>de</strong> risques majeurs du cancer du larynx sont les<br />
consommations <strong>de</strong> tabac <strong>et</strong> d’alcool. Pour les femmes, proportionnellement moins<br />
fumeuses, les autres facteurs <strong>de</strong> risque semblent d’une plus gran<strong>de</strong> importance.<br />
Ainsi la profession, le niveau socioéconomique, les habitu<strong>de</strong>s alimentaires, les<br />
radiations ionisantes, certains virus, le reflux gastro-œsophagien <strong>et</strong> récemment <strong>de</strong>s<br />
facteurs génétiques <strong>et</strong> endocriniens sont autant <strong>de</strong> critères essentiels à prendre en<br />
considération face au cancer laryngé féminin<br />
A-Tabac <strong>et</strong> alcool<br />
La prédominance <strong>de</strong>s fumeurs chez les patients avec un cancer du larynx est<br />
flagrante chez l’homme sans l’être pour les femmes chez qui le tabagisme reste tout<br />
<strong>de</strong> même un facteur <strong>de</strong> risque certain.<br />
De multiples étu<strong>de</strong>s ont démontré que le risque relatif <strong>de</strong> développer un<br />
carcinome épi<strong>de</strong>rmoϊ<strong>de</strong> du larynx augmente <strong>de</strong> manière dose dépendante par<br />
rapport à la consommation du tabac (en terme <strong>de</strong> prises quotidiennes <strong>et</strong> d’années<br />
<strong>de</strong> consommations) [24, 25]. Un sevrage tabagique datant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 ans serait<br />
responsable d’une baisse <strong>de</strong> ce risque <strong>de</strong> 70% [26].<br />
Shvero [16] r<strong>et</strong>rouve dans son étu<strong>de</strong> 40,6% <strong>de</strong> patientes tabagiques. Ronda<br />
[18] r<strong>et</strong>rouve une proportion encore plus gran<strong>de</strong> avec 53% <strong>de</strong>s patientes tabagiques.<br />
Franceschi [19] trouve 79,5% <strong>de</strong>s patientes tabagiques.<br />
63
Dans sa série, Bouallali [21] trouve 3/14 patientes seulement tabagiques <strong>et</strong><br />
une seule y associe l’alcool. Fassi Fihri [15] dans son étu<strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouve 28,3 % <strong>de</strong>s<br />
patientes qui sont tabagiques.<br />
Dans notre série 3 patientes étaient exposées au tabagisme passif. On peut<br />
conclure que le tabagisme comme facteur <strong>de</strong> risque indiscutable du cancer du larynx<br />
chez l’homme <strong>et</strong> la femme n’est pas souvent r<strong>et</strong>rouvé chez nos patientes<br />
marocaines, <strong>et</strong> qu’il est légitime <strong>de</strong> rechercher d’autres facteurs <strong>de</strong> risques <strong>de</strong><br />
carcinogénèse laryngée propres à nos patientes.<br />
Au même titre que le tabac, l’alcool est un facteur <strong>de</strong> risque important du<br />
cancer du larynx. Franceschi [19] montre que la consommation d’alcool augmente<br />
le risque relatif chez la femme <strong>de</strong> manière significative <strong>et</strong> ce dès les plus faibles<br />
quantités ingérées. Ceci diffère chez les hommes dont le risque relatif ne change<br />
pas significativement entre alcooliques <strong>et</strong> les non-consommateurs d’alcool.<br />
Talamini [27] montre par ailleurs que la consommation conjointe d’alcool <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> tabac multiplie <strong>de</strong> façon importante le risque <strong>de</strong> développer un cancer du larynx.<br />
L’intoxication tabagique influence même le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> diagnostic du cancer<br />
laryngé. Trigg [28] a montré que l’intoxication tabagique est corrélée <strong>de</strong> manière<br />
significative au sta<strong>de</strong> tumoral lors <strong>de</strong> la découverte du cancer, ainsi plus la<br />
consommation <strong>de</strong> tabac est importante plus le sta<strong>de</strong> du cancer est avancé lors du<br />
diagnostic. Dans notre série <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s trois femmes qui ont comme facteur <strong>de</strong> risque<br />
un tabagisme passif avaient une tumeur classée T4, mais nous ne pouvant pas en<br />
tirer conclusion vu le nombre restreint <strong>de</strong> patientes considéré.<br />
Ces habitu<strong>de</strong>s toxiques grandissantes parmi la population féminine marocaine<br />
(comme celle <strong>de</strong> nombreux autres pays) laissent présager une augmentation <strong>de</strong>s<br />
pathologies liées au tabac, notamment les néoplasies <strong>de</strong>s voies aérodigestives<br />
supérieures chez la femme. Il semblerait bien que ces pathologies, étroitement liées<br />
à la consommation <strong>de</strong> tabac <strong>et</strong> d’alcool, connaissent une n<strong>et</strong>te augmentation au sein<br />
64
<strong>de</strong> la population féminine marocaine. Celles-ci ne pourront être enrayées que par<br />
l’instauration <strong>de</strong> compagnes d’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> lutte contre le tabac <strong>et</strong> l’alcool.<br />
B-Profession<br />
Certaines professions constituent un facteur <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> cancer du larynx par<br />
<strong>de</strong>ux mécanismes [25, 29, 30] :<br />
Exposition aux substances chimiques toxiques telles que celles contenues<br />
dans les poussières <strong>de</strong> métaux <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> charbon <strong>de</strong> textiles <strong>de</strong> ciment <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> l’amiante.<br />
Malmenage vocal qui est un facteur <strong>de</strong> risque mécanique du cancer <strong>de</strong>s<br />
cor<strong>de</strong>s vocales par l’intermédiaire d’une irritation chronique <strong>de</strong>s ces<br />
<strong>de</strong>rnières, <strong>et</strong> qui peut être le lit d’une dégénérescence carcinomateuse.<br />
Dans notre série toutes les patientes étaient sans profession mais on a noté<br />
une exposition aux fumées <strong>de</strong>s fours <strong>de</strong> bois chez trois patientes, c<strong>et</strong>te fumée<br />
suspectée cancérigène par l’intermédiaire <strong>de</strong>s hydrocarbures polycycliques<br />
aromatiques qu’elle contient.<br />
C-Radiations ionisantes<br />
Les radiations ionisantes peuvent être responsables <strong>de</strong> cancers « radio-<br />
induits » après irradiation cervicale antérieure [31, 32], ce type <strong>de</strong> cancer touche les<br />
<strong>de</strong>ux sexes <strong>de</strong> la même façon, dans notre série une seule femme a subi une<br />
radiothérapie pour une tumeur du pharynx ; 8 ans après, elle a présenté un cancer<br />
laryngé dont l’origine peut être radio-induite ou secondaire à une récidive.<br />
D-Niveau socio-économique<br />
Un bas niveau socio-économique est associé dans plusieurs étu<strong>de</strong>s à<br />
différents cancers notamment celui du larynx [25, 33]. Ceci s’explique pour certains<br />
auteurs par l’hypothèse selon laquelle les couches sociales défavorisées auraient<br />
une consommation <strong>de</strong> tabac <strong>et</strong> d’alcool plus élevée que les autres.<br />
65
Dans notre étu<strong>de</strong> toutes nos patientes sont <strong>de</strong> bas niveau socio-économique,<br />
mais leur intoxication alcoolo-tabagique est très faible, ce qui laisse à supposer que<br />
c<strong>et</strong>te hypothèse n’est pas la seule explication <strong>et</strong> que d’autres paramètres sont<br />
impliqués dans la genèse <strong>de</strong> ce cancer chez ces patientes.<br />
E-Habitu<strong>de</strong>s alimentaires<br />
Silvano [34] Gallus a comparé la consommation <strong>de</strong> certains type d’aliments<br />
chez 68 femmes atteintes <strong>de</strong> cancers du larynx en particulier l’huile d’olive, les<br />
fruits <strong>et</strong> légumes verts. Il a trouvé que la consommation élevée <strong>de</strong> ces différents<br />
nutriments a un rôle protecteur contre le cancer du larynx. Pelucchi [35] a conclu<br />
que les aliments riches en fibres ont le même rôle protecteur.<br />
De même certains déficits en vitamine A <strong>et</strong> C augmentent le risque<br />
d’apparition du cancer du larynx. Selon Franceschi, [19] les femmes seraient plus<br />
exposées à ces déficits alimentaires.<br />
Par ailleurs, les produits conservés dans le sel semblent augmenter le risque<br />
<strong>de</strong> carcinome laryngé, d’après une étu<strong>de</strong> [5] sur la population <strong>de</strong> Shanghai, gran<strong>de</strong><br />
consommatrice <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> poisson.<br />
F-Etats précancéreux<br />
Ces états précancéreux s’inscrivent dans le cadre <strong>de</strong>s laryngites chroniques.<br />
Macroscopiquement, on distingue les laryngites catarrhales, les laryngites pseudo-<br />
myxomateuses <strong>et</strong> les laryngites blanches (leucoplasies laryngées, pachy<strong>de</strong>rmies<br />
blanches <strong>et</strong> papillomes cornés). Sur le plan histologique, il s’agit uniquement<br />
d’altération <strong>de</strong> l’épithélium <strong>et</strong> d’atypies cellulaires mais sans rupture <strong>de</strong> la<br />
membrane basale. On distingue classiquement trois gra<strong>de</strong>s (Voir Fig.30):<br />
-Le gra<strong>de</strong> I correspond aux hyperplasies <strong>et</strong> hyperkératoses avec au plus une<br />
dysplasie légère.<br />
-Le gra<strong>de</strong> II correspond aux dysplasies modérées.<br />
-Le gra<strong>de</strong> III correspond aux dysplasies sévères <strong>et</strong> au carcinome in situ.<br />
66
Le risque <strong>de</strong> transformation d’une lésion précancéreuse en un cancer invasif<br />
est difficile à apprécier (<strong>de</strong> même que la possible régression spontanée d’une lésion<br />
précancéreuse). Il est logique <strong>de</strong> penser que plus les lésions épithéliales sont<br />
avancées, plus le risque <strong>de</strong> transformation maligne est grand. Il a été avancé que le<br />
risque passait progressivement <strong>de</strong> 2 à 25 % selon les gra<strong>de</strong>s [36]. Le carcinome in<br />
situ étant supposé évoluer, en l’absence <strong>de</strong> traitement, vers un carcinome invasif<br />
dans plus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s cas. Mais, d’une part, il n’ya pas <strong>de</strong> large série<br />
supportant ces hypothèses <strong>et</strong>, d’autres part, tous les cancers invasifs ne sont pas<br />
précédés d’une lésion précancéreuse, <strong>et</strong> en cas <strong>de</strong> présence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lésion,<br />
l’invasion peut apparaître à n’importe quel sta<strong>de</strong>.<br />
67
68<br />
A : Dysplasie légère<br />
B : dysplasie modérée<br />
C : dysplasie sévère<br />
Fig.30 : aspects microscopiques <strong>de</strong>s états précancéreux
G-Les facteurs hormonaux<br />
Le rôle <strong>de</strong>s hormones a été suggéré mais non étayé, par conséquent peu<br />
d’informations sont disponibles sur le rôle <strong>de</strong>s hormones féminines dans la<br />
carcinogenèse laryngée.<br />
Yang <strong>et</strong> al [37] ont étudié les différences entre les sex-ratio du cancer laryngé<br />
en fonction du site anatomique en se basant sur le fait que la différence<br />
d’exposition au tabac <strong>et</strong> à l’alcool ne peut pas expliquer à elle seule le sex-ratio<br />
élevé dans la localisation glottique. Ils ont conclu que ces différences sont en<br />
rapport avec les modifications anatomiques <strong>et</strong> physiologiques du larynx au cours <strong>de</strong><br />
la puberté chez l’homme, qui sont dépendantes <strong>de</strong>s hormones sexuelles.<br />
Silvano [34] dans son étu<strong>de</strong> a montré à travers l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs facteurs<br />
hormonaux <strong>et</strong> reproductifs, l’absence d’une relation significative entre ces facteurs<br />
<strong>et</strong> le cancer du larynx chez la femme.<br />
Nous signalons tout <strong>de</strong> même que les discussions se multiplient actuellement<br />
concernant le facteur hormonal après la découverte d’un marqueur lié à la<br />
carcinogenèse à <strong>de</strong>s taux variables chez l’homme <strong>et</strong> la femme [38].<br />
H-Le reflux gastro-œsophagien<br />
Le passage <strong>de</strong> l’acidité gastrique au <strong>de</strong>là du sphincter supérieur <strong>de</strong><br />
l’œsophage perm<strong>et</strong> à celle-ci d’atteindre le larynx <strong>et</strong> d’y induire <strong>de</strong>s lésions variées.<br />
Le reflux gastro œsophagien est responsable d’une inflammation aigue puis<br />
chronique <strong>de</strong> la muqueuse laryngée, aboutissant à une laryngite chronique, une<br />
entité précancéreuse bien connue.<br />
Les premiers rapports concernant les eff<strong>et</strong>s du reflux gastro-œsophagien au<br />
niveau laryngé datent <strong>de</strong> 1968 avec les travaux <strong>de</strong> cherry <strong>et</strong> Margulies [39] <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Delahunty [40], Depuis le reflux gastro-œsophagien a reçu une attention croissante<br />
69
<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s chercheurs, l’accusant d’être un possible cofacteur dans la<br />
carcinogénèse laryngée.<br />
En 1995, Koufman <strong>et</strong> Cummins [31], dans leur étu<strong>de</strong> prospective <strong>de</strong> 50<br />
patients porteurs d’un carcinome laryngé <strong>et</strong> ayant bénéficié d’une pH-mètrie <strong>de</strong>s 24<br />
heures <strong>et</strong> d’un transit gastro-œsophagien, exposent les résultats suivants : 33<br />
patients (66% <strong>de</strong>s cas) ont <strong>de</strong>s pH-mètrie anormales. Et après addition <strong>de</strong>s critères<br />
radiologiques, 72% <strong>de</strong>s patients avaient un reflux documenté. Les auteurs font par<br />
ailleurs remarquer que 86% <strong>de</strong> leurs patients étaient ou avaient été fumeurs. Le rôle<br />
carcinogène <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te acidité pourrait s’additionner à celui du tabac <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’alcool en<br />
cas d’association. De plus, le reflux gastro-œsophagien est aussi fortement<br />
incriminé dans la carcinogenèse laryngée chez les non fumeurs.<br />
Dans notre série le reflux gastro-œsophagien a été suspecté cliniquement un<br />
chez cinq patientes, mais chez aucune d’entre elle on a pu documenter c<strong>et</strong>te entité<br />
pathologique.<br />
Devant le faible pourcentage <strong>de</strong> patients non-tabagiques dans les étu<strong>de</strong>s<br />
précé<strong>de</strong>ntes, Smit [41] recommandait d’élargir les recherches à une population plus<br />
large <strong>de</strong> non-fumeurs ayant un reflux gastro-œsophagien documenté, pour pouvoir<br />
établir <strong>de</strong>s statistiques plus représentatives.<br />
Récemment une étu<strong>de</strong> multi-variable [42] tenant compte du sexe, <strong>de</strong> l’âge, <strong>de</strong><br />
la consommation <strong>de</strong> tabac, ainsi que la présence <strong>de</strong> reflux gastro-œsophagien chez<br />
les vétérans américains, a publié les résultats suivants : Le risque <strong>de</strong> cancer du<br />
larynx est mo<strong>de</strong>stement augmenté en présence <strong>de</strong> reflux gastro-œsophagien, c<strong>et</strong><br />
eff<strong>et</strong> semble être indépendant <strong>de</strong> l’âge, du sexe, <strong>et</strong> <strong>de</strong> la consommation tabagique.<br />
70
I-Facteurs viraux<br />
Les virus sont incriminés dans la genèse <strong>de</strong> certains cancers tels : le Human<br />
Papilloma Virus (HPV) dans le cancer du col <strong>et</strong> le virus <strong>de</strong> l’Epstein-barr (EBV) dans le<br />
cancer du cavum.<br />
En ce qui concerne le larynx, 2 virus semblent jouer un rôle carcinogène : le<br />
virus herpes simplex(HSV) <strong>et</strong> l’HPV [5, 31].<br />
Pou [43] établit dans son rapport un lien épidémiologique entre le virus HSV<br />
<strong>et</strong> le cancer du larynx. Cependant ce virus ne peut être incriminé tant que le<br />
mécanisme d’action n’est pas élucidé <strong>et</strong> le lien <strong>de</strong> causalité clairement établi. Dans<br />
c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, le virus a été détecté chez 75% <strong>de</strong>s patients porteurs d’un carcinome<br />
épi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong> du larynx. La prévalence <strong>de</strong> l’ADN viral <strong>de</strong> l’HSV dans les tissus<br />
tumoraux, semble indiquer que le virus est un important co-carcinogène.<br />
Le virus HPV a été détecté chez 33 % <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> carcinome<br />
épi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong> du larynx, dans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Mc Kaig [44] publiée en 1998.<br />
L’évolution <strong>de</strong>s techniques <strong>et</strong> le recours à la polymérase Chain réaction (PCR)<br />
qui amplifie l’ADN viral a permis <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus précises [45,46]. On r<strong>et</strong>rouve alors<br />
l’ADN viral <strong>de</strong> l’HPV chez 40 % <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> cancer laryngé. Certains<br />
sous-types <strong>de</strong> ce virus, notamment l’HPV 16 <strong>et</strong> 18 sont les plus fréquemment<br />
r<strong>et</strong>rouvés. L’HPV 16 est associé à la transformation maligne <strong>de</strong>s condylomes<br />
acuminés génitaux <strong>et</strong> au carcinome épi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s voies aérodigestives<br />
supérieures <strong>de</strong> type verruqueux.<br />
Sourvinos [47] suggère, lui, que le virus HPV n’est pas un facteur oncogène<br />
majeur dans le développement <strong>de</strong>s tumeurs du larynx, mais pourrait tout <strong>de</strong> même<br />
agir en synergie avec certains génotypes codant pour la protéine p 53. Ces <strong>de</strong>ux<br />
facteurs agiraient sur la prédisposition aux lésions précancéreuses <strong>et</strong> non sur la<br />
transformation maligne <strong>de</strong>s lésions.<br />
71
Les virus ont donc un rôle certain, mais non encore clairement établi, dans le<br />
processus <strong>de</strong> carcinogenèse laryngée.<br />
Les étu<strong>de</strong>s disponibles actuellement ne séparent pas les <strong>de</strong>ux sexes, ce qui ne<br />
nous perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong> conclusion en ce qui concerne les femmes.<br />
J-Prédisposition génétique<br />
L’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’implication génétique dans certains cancers <strong>de</strong> la tête <strong>et</strong> du<br />
cou, notamment du larynx, prend <strong>de</strong> plus en plus d’importance. Les cas familiaux<br />
sont donc importants à rechercher, surtout chez les patients non fumeurs <strong>et</strong> non<br />
éthyliques. En eff<strong>et</strong>, on r<strong>et</strong>rouve certaines particularités chez ce type <strong>de</strong> patients à<br />
savoir : <strong>de</strong>s cas familiaux, <strong>de</strong>s anomalies chromosomales, <strong>de</strong>s changements<br />
métaboliques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s antigènes spécifiques d’histocompatibilité [48, 25]<br />
Certaines maladies autosomiques récessives sont associées à une fragilité<br />
chromosomique <strong>et</strong> donc prédisposent au cancer [36]: anémie sidéropénique, anémie<br />
<strong>de</strong> Fanconi, syndrome <strong>de</strong> Werner, <strong>de</strong> lynch, <strong>de</strong> Li-fraumeni. Des expériences <strong>de</strong><br />
sensibilité mutagène [36] ont été évaluées sur <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong> lymphocytes en milieu<br />
chargé <strong>de</strong> bleomycine <strong>et</strong> ont mis en évi<strong>de</strong>nce une prédisposition aux cancers <strong>de</strong>s<br />
VADS <strong>et</strong> en particulier au risque <strong>de</strong> cancers multiples. Certains enzymes comme<br />
l’arylhydrocarbure hydroxylase perm<strong>et</strong>tent la dégradation <strong>de</strong> ces hydrocarbures en<br />
composés carcinogènes capables d’interférer avec le patrimoine chromosomique <strong>et</strong><br />
déclencher ainsi la casca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> la carcinogenèse. Ces enzymes sont<br />
génétiquement contrôlées, ce qui explique en partie la susceptibilité individuelle aux<br />
eff<strong>et</strong>s cancérigènes du tabac. Enfin, certains génotypes <strong>de</strong> glutathion-s- transférase<br />
prédisposent aux eff<strong>et</strong>s cancérigènes du tabac <strong>et</strong> certains génotypes d’alcool<br />
déshydrogénase à ceux <strong>de</strong> l’éthanol [36].<br />
72
K-Théorie multifactorielle<br />
Les différents facteurs <strong>de</strong> risque cités précé<strong>de</strong>mment sont liés les uns aux<br />
autres <strong>et</strong> ont <strong>de</strong>s rôles complémentaires, voire synergiques, dans le processus <strong>de</strong><br />
carcinogenèse laryngée [31].<br />
Le tabac, l’alcool, le cannabis, les facteurs environnementaux <strong>et</strong><br />
professionnels, les habitu<strong>de</strong>s diététiques, le RGO, l’inflammation <strong>et</strong> le traumatisme<br />
<strong>de</strong> la muqueuse, les radiations ionisantes, l’activation virale <strong>et</strong> les altérations<br />
immunitaires sont autant <strong>de</strong> facteurs intervenant dans c<strong>et</strong>te genèse tumorale.<br />
Il n’en reste pas moins que l’absence <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> risque ne signifie pas<br />
l’absence <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong> développer un cancer laryngé.<br />
73
TABAC<br />
Reflux<br />
Gastro-œsophagien<br />
Déficits<br />
Nutritionnels<br />
FACTEURS<br />
ENVIRONNEMENTAUX<br />
Dégâts par inflammation <strong>de</strong> la<br />
muqueuse<br />
74<br />
CANCER<br />
ALCOOL<br />
Activation<br />
virale<br />
Altération<br />
Immunitaire<br />
Modèle multifactoriel <strong>de</strong> la carcinogénèse laryngée [31]
III-Etu<strong>de</strong> clinique<br />
A-Délai <strong>de</strong> consultation<br />
Le délai <strong>de</strong> consultation représente le temps écoulé entre l’apparition <strong>de</strong>s<br />
symptômes <strong>et</strong> la consultation médicale, il varie dans la littérature en fonction <strong>de</strong>s<br />
séries, il est généralement court dans les pays développés par rapport aux pays du<br />
tiers mon<strong>de</strong> ou le délai peut s’étaler sur plusieurs années.<br />
3 mois.<br />
Dans son étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Rienzo [49] relève <strong>de</strong>s durées d’évolution <strong>de</strong> 3 semaines à<br />
Habermann [50] relève que 3 mois sont nécessaires avant <strong>de</strong> diagnostiquer un<br />
cancer du larynx<br />
Beni<strong>de</strong>r [51] dans une étu<strong>de</strong> menée au centre d’oncologie Ibn Rochd <strong>et</strong><br />
concernant les cancers du larynx chez les <strong>de</strong>ux sexes, plus <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s patientes<br />
consultent après 4 mois d’évolution.<br />
Bouallali [21] a relevé une moyenne <strong>de</strong> 7,5 mois avant consultation.<br />
Dans la série <strong>de</strong> fassi Fihri [15], la durée d’évolution n’a pas pu être relevée<br />
que chez 40% <strong>de</strong>s patients, le délai moyen <strong>de</strong> consultation a été <strong>de</strong> 11 mois avec un<br />
minimum <strong>de</strong> 3 mois <strong>et</strong> un maximum <strong>de</strong> 48 mois. Il est plus long chez les tabagiques<br />
avec 16 mois, pour les non tabagiques il est <strong>de</strong> 9 mois.<br />
Dans notre série, le délai entre l’apparition <strong>de</strong>s premiers signes cliniques <strong>et</strong> la<br />
consultation est en moyen <strong>de</strong> 9 mois avec <strong>de</strong>s extrêmes <strong>de</strong> 4 mois à 24 mois, ce<br />
délai plus long peut être lié à la bénignité <strong>et</strong> à la négligence <strong>de</strong>s symptômes par les<br />
patientes, au recours aux médications traditionnelles <strong>et</strong> à l’automédication <strong>et</strong> au<br />
souci <strong>de</strong> cacher les habitu<strong>de</strong>s toxiques dans notre contexte, le rôle du mé<strong>de</strong>cin<br />
consulté , dans le r<strong>et</strong>ard diagnostic est également à considérer.<br />
75
B-Symptomatologie révélatrice<br />
Les signes cliniques évoquant un cancer du larynx sont classiquement la<br />
dysphonie, la dysphagie, la dyspnée. Ils sont plus ou moins présents selon le point<br />
<strong>de</strong> départ <strong>et</strong> l’évolution <strong>de</strong> la tumeur.<br />
Le cancer dont le diagnostic est le plus précoce est celui <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale où<br />
la dysphonie, lorsqu’elle persiste, amène le patient à consulter plus tôt <strong>et</strong> le volume<br />
tumoral est souvent moindre. Si l’évolution se poursuit, les autres signes<br />
apparaitront progressivement. Les cancers sus-glottiques <strong>et</strong> plus particulièrement<br />
<strong>de</strong> la margelle laryngée sont <strong>de</strong> diagnostic plus tardif, c’est souvent la gène<br />
pharyngée plus que la dysphagie vraie qui est le motif <strong>de</strong> consultation initial.<br />
Lorsque l’évolution se poursuit, les signes en rapport avec l’obstruction mécanique<br />
vont apparaître sous forme d’une dysphagie vraie <strong>et</strong> d’une dyspnée. Ces signes<br />
peuvent être complétés par une toux sèche irritative mais persistante, plus rarement<br />
<strong>de</strong>s crachats hémoptoiques attirent l’intention <strong>et</strong> vont amener à consulter.<br />
Shvero [16] dans sa série a noté une prépondérance <strong>de</strong> la dysphonie puisque<br />
82% <strong>de</strong>s patientes rapportent ce signe comme unique symptôme révélateur puis<br />
vient l’association dysphonie-dysphagie chez 6% <strong>de</strong>s patientes.<br />
Miziara [51] trouve que 85,2% <strong>de</strong> ces patientes se plaignent <strong>de</strong> dysphonie.<br />
Bouallali [21] relève également une majorité <strong>de</strong>s patientes se plaignant <strong>de</strong> dysphonie<br />
seule avec 78,6% <strong>de</strong>s patientes.<br />
Fassi Fihri [15] dans sa série a trouvé que la dysphonie seule n’a constitué le<br />
symptôme révélateur que chez 10% <strong>de</strong>s patientes.<br />
Dans notre série, la dysphonie est le signe révélateur chez 9 patientes sur 11,<br />
associée le plus souvent au cours <strong>de</strong> l’évolution à une dyspnée. La dysphagie comme<br />
signe révélateur est r<strong>et</strong>rouvée chez seulement 2 patientes, ce qui correspond aux<br />
données <strong>de</strong> la littérature. Par ailleurs 64% <strong>de</strong>s patientes présentaient <strong>de</strong>s signes<br />
76
généraux (altération <strong>de</strong> l’état général, amaigrissement, asthénie…) contre 30% pour<br />
Miziara [51].<br />
L’existence d’une sémiologie riche chez nos patientes, avec une altération <strong>de</strong><br />
l’état général peut être expliquée par la conséquence d’un délai d’évolution<br />
prolongé car la dysphonie, signe révélateur le plus fréquent, est souvent assimilée<br />
aux laryngites chroniques, n’attirant pas l’attention <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, surtout quand le<br />
patient est une femme <strong>et</strong> <strong>de</strong> surcroit non tabagique.<br />
C-Examen clinique<br />
1-La tumeur<br />
Le larynx est facilement accessible à l’examen clinique grâce à différentes<br />
techniques <strong>de</strong> laryngoscopie dites indirectes. La plus classique, au miroir, perm<strong>et</strong><br />
avec un minimum <strong>de</strong> matériel <strong>de</strong> visualiser le carrefour <strong>de</strong>s VADS. Néanmoins,<br />
<strong>de</strong>vant un patient difficilement examinable, le nasofibroscope est <strong>de</strong>venu un outil<br />
précieux. Il perm<strong>et</strong> en outre dans <strong>de</strong> bonnes conditions d’anesthésie locale <strong>de</strong><br />
visualiser les premiers centimètres <strong>de</strong> la trachée <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> la région sous-glottique.<br />
L’optique à 90° grâce à sa qualité <strong>et</strong> son grossissement, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> bien examiner la<br />
surface <strong>de</strong> la muqueuse <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales <strong>et</strong> avec le fibroscope, perm<strong>et</strong> l’examen<br />
stroboscopique <strong>de</strong> celles-ci. C<strong>et</strong>te technique est utile au diagnostic précoce du<br />
cancer glottique en montrant la disparition <strong>de</strong> la vibration <strong>de</strong> la muqueuse, signe <strong>de</strong><br />
l’envahissement <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> Reinke, voire du ligament vocal.<br />
Pour <strong>de</strong> nombreux auteurs le siège supra-glottique est le plus fréquent chez<br />
la femme, <strong>et</strong> le siège glottique est le plus fréquent chez l’homme. Shvero [16]<br />
r<strong>et</strong>rouve une prépondérance du siège glottique dans son étu<strong>de</strong> (59%), mais supra<br />
glottique chez les tabagiques. Ronda [18] <strong>et</strong> Lam [14] quant à eux notent une<br />
prépondérance du siège glotto-susglottique.<br />
77
(37,2%).<br />
Dans la série <strong>de</strong> Fassi Fihri [15], le siège sus-glottique était prédominant<br />
Dans notre série la tumeur intéressait l’étage glotto-susglottique chez 5<br />
patientes soit 45% <strong>de</strong>s cas.<br />
Selon les données <strong>de</strong> la littérature, la répartition <strong>de</strong>s cancers du larynx chez la<br />
femme, selon le siège initial <strong>de</strong> la tumeur, est décrite dans le tableau suivant<br />
(tableau 3) :<br />
Auteurs<br />
Siège<br />
Supra-<br />
glottiqu<br />
e<br />
glottique<br />
Sous-<br />
glottiqu<br />
e<br />
78<br />
Supra-<br />
glottique<br />
<strong>et</strong><br />
glottique<br />
Glottique <strong>et</strong><br />
sous-<br />
glottiques<br />
3 étages<br />
Lam [14] 25,6 17,4 6,9 37,2 0 20,9<br />
Ronda<br />
Marisy [18]<br />
15,3 26,9 3,8 34,6 0 19,2<br />
Shvero [16] 38,4 57,59 1 0 0 0<br />
Kokoska<br />
[17]<br />
Fassi Fihri<br />
[15]<br />
Notre<br />
étu<strong>de</strong><br />
61,9 33,3 2,4 0 0 0<br />
37,2 7,8 39 13,7 5,8 31,6<br />
1 (9%) 1 (9%) 0 5 (45%) 1 (9%)<br />
Tableau 3 : répartition <strong>de</strong>s cancers du larynx chez la femme selon le siège<br />
tumoral (en %)<br />
2-Examen <strong>de</strong>s aires ganglionnaire<br />
3<br />
(27%)<br />
Lors <strong>de</strong> l’examen clinique, la palpation du cou est très importante malgré son<br />
manque <strong>de</strong> précision pour la stadification <strong>de</strong>s adénopathies. Elle doit être<br />
méthodique <strong>et</strong> bilatérale, <strong>et</strong> un schéma daté détaillé doit être réalisé à l’issue <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />
examen.
De la localisation, la consistance <strong>et</strong> la taille <strong>de</strong> l’adénopathie, ainsi que du type<br />
<strong>de</strong> cou examiné <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> l’examinateur dépend la découverte <strong>de</strong><br />
l’adénopathie cliniquement.<br />
Dans <strong>de</strong>s mains expérimentées, une adénopathie peut être détectée à partir d’une<br />
taille <strong>de</strong> 0,5 cm si elle est superficielle <strong>et</strong>, à partir <strong>de</strong> 1 cm <strong>de</strong> diamètre pour les<br />
plans profonds. Mais <strong>de</strong>s micrométastases peuvent exister dans <strong>de</strong> plus p<strong>et</strong>ites<br />
adénopathies, ce qui explique les faux négatifs évalués à 20-30% [52] <strong>de</strong>s cas. Pour<br />
Pinilla [53], ces métastases occultes s’élèvent à 31% <strong>de</strong>s cas, avec une prédominance<br />
<strong>de</strong>s cancers sus-glottiques. Pour c<strong>et</strong>te localisation, il est récemment décrit que, plus<br />
le sta<strong>de</strong> (T) est avancé <strong>et</strong> la tumeur peu différenciée, plus les métastases occultes<br />
sont fréquentes [54].<br />
Ronda [18] a r<strong>et</strong>rouvé <strong>de</strong>s adénopathies dans 11% <strong>de</strong>s cas. Lam [14] <strong>et</strong> Brenner<br />
[55] respectivement dans 30% <strong>et</strong> 14% <strong>de</strong>s cas sans différenciation sexe.<br />
Dans la série <strong>de</strong> Fassi Fihri [15], 18 patientes soit 35,5% avaient <strong>de</strong>s<br />
adénopathies palpables.<br />
Dans notre série 3 patientes parmi 11 soit 27% présentaient <strong>de</strong>s adénopathies<br />
à l’examen clinique.<br />
Il arrive qu’une adénopathie palpée ne soit pas métastatique [56], ceci survient<br />
dans 20% <strong>de</strong>s cas, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s adénopathies non palpées soient métastatiques : dans 20<br />
à 31% <strong>de</strong>s cas.<br />
79
IV-Bilan paraclinique<br />
A-Etu<strong>de</strong> histologique<br />
Le carcinome epi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong> dans sa forme classique représente environ 90% <strong>de</strong><br />
toutes les tumeurs malignes laryngées [36], la majorité <strong>de</strong>s carcinomes du larynx<br />
étant <strong>de</strong>s carcinomes malpighiens bien ou modérément différenciés.<br />
Le carcinome verruqueux se présente comme un papillome à large<br />
implantation. Le diagnostic microscopique est difficile : les biopsies sont souvent<br />
trop superficielles, <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong>tent pas un examen <strong>de</strong> la partie profon<strong>de</strong><br />
susceptible <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> malignité amenant ainsi à un diagnostic<br />
faussement rassurant. Ces tumeurs ont tendance à s’étendre localement <strong>et</strong> à<br />
détruire les structures adjacentes [36]. En revanche, les carcinomes laryngés<br />
verruqueux ne donnent pas <strong>de</strong> métastases.<br />
Le carcinome à cellules fusiformes est un authentique carcinome associant <strong>de</strong>s<br />
cellules épithéliales malignes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> type mésenchymateux siégeant le<br />
plus souvent au niveau <strong>de</strong> la glotte [36]. Il s’agit d’une tumeur d’aspect polyploï<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
à haut risque métastatique.<br />
Les tumeurs glandulaires sont rares. Les adénocarcinomes du larynx<br />
représentent moins <strong>de</strong> 2% <strong>de</strong> toutes les tumeurs malignes du larynx [36]. Les<br />
carcinomes adénoï<strong>de</strong>s kystiques <strong>et</strong> les tumeurs mucoépi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong>s sont<br />
exceptionnels.<br />
Les sarcomes <strong>et</strong> les lymphomes sont aussi exceptionnels au niveau du larynx,<br />
<strong>de</strong> même que les plasmocytomes se développant surtout au niveau <strong>de</strong> l’épiglotte.<br />
Des tumeurs neuroendocrines peuvent parfois se développer dans le larynx, en<br />
particulier au niveau <strong>de</strong> la région glottique postérieure.<br />
Enfin, les tumeurs secondairement localisées au larynx sont également rares,<br />
avec l’adénocarcinome rénal <strong>et</strong> le mélanome cutané, les plus fréquents, mais<br />
80
également les carcinomes du sein, du poumon, du tractus gastro-intestinal ou<br />
génito-urinaire.<br />
Dans notre étu<strong>de</strong>, le type histologique r<strong>et</strong>rouvé était un carcinome<br />
épi<strong>de</strong>rmoi<strong>de</strong> bien différencié chez 8 patientes, moyennement différencié chez 2<br />
patientes, une seule patiente présentait un lymphome malin non hodgkinien <strong>de</strong> haut<br />
gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> malignité.<br />
Le type histologique <strong>et</strong> le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> différenciation constituent <strong>de</strong>ux<br />
paramètres qui conditionnent l’attitu<strong>de</strong> thérapeutique <strong>et</strong> influencent le pronostic.<br />
B-Bilan d’extension <strong>et</strong> classification<br />
Le bilan d’extension locorégional <strong>et</strong> à distance perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> stadifier le cancer,<br />
d’évaluer le pronostic, <strong>de</strong> choisir le traitement le plus adapté <strong>et</strong> <strong>de</strong> faciliter la<br />
communication <strong>et</strong> l’échange d’informations entre les praticiens.<br />
1-Bilan d’extension locorégionale<br />
a-L’endoscopie<br />
L’endoscopie sous anesthésie générale est indispensable au bilan <strong>de</strong>s cancers<br />
du larynx comme <strong>de</strong> toute autre localisation <strong>de</strong>s VADS (Voir Fig. 31). Ses objectifs<br />
sont <strong>de</strong> préciser l’extension locale <strong>de</strong> la tumeur, <strong>de</strong> faire la biopsie <strong>et</strong> d’examiner<br />
l’ensemble <strong>de</strong> la muqueuse <strong>de</strong>s VADS à la recherche d’une autre localisation<br />
synchrone [36]. L’examen est réalisé avec <strong>de</strong>s endoscopes rigi<strong>de</strong>s perm<strong>et</strong>tant la<br />
mise en place d’une suspension <strong>et</strong> l’usage du microscope particulièrement utile pour<br />
examiner les tumeurs glottiques <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ite taille. Une autre métho<strong>de</strong> complémentaire<br />
ou alternative est <strong>de</strong> réaliser l’endoscopie à l’ai<strong>de</strong> d’optiques à 30 <strong>et</strong> à 70°. C<strong>et</strong>te<br />
métho<strong>de</strong> assure un examen particulièrement soigneux <strong>de</strong> la muqueuse du larynx,<br />
<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales, <strong>de</strong>s ventricules <strong>et</strong> <strong>de</strong> la région sous glottique. Idéalement <strong>et</strong><br />
dans <strong>de</strong> bonnes conditions <strong>de</strong> sécurité, il est possible d’éviter l’intubation du patient<br />
pour libérer totalement l’endolarynx <strong>de</strong> toute entrave à l’examen.<br />
81
En complément <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te endoscopie <strong>de</strong>s VADS, une panendoscopie <strong>de</strong>s<br />
bronches <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’œsophage perm<strong>et</strong> le dépistage <strong>de</strong> lésion tumorale dont les facteurs<br />
<strong>de</strong> risque sont souvent ceux du cancer laryngé. La coloration vitale au bleu <strong>de</strong><br />
méthylène perm<strong>et</strong> d’optimiser la sensibilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te exploration en visualisant les<br />
lésions <strong>de</strong> métaplasie à un sta<strong>de</strong> plus précoce.<br />
Stoekli [57] a étudié 358 patients ayant bénéficié d’une panendoscopie pour<br />
l’évaluation d’un cancer <strong>de</strong>s voies aéro-digestives supérieures. Dans 3% <strong>de</strong>s cas, la<br />
panendoscopie a révélé une secon<strong>de</strong> localisation tumorale, ce qui rejoint les<br />
données <strong>de</strong> la littérature. Parmi les tumeurs synchrones, environ 60% étaient<br />
localisées à la cavité buccale, au pharynx <strong>et</strong> larynx, contre 40% au niveau <strong>de</strong><br />
l’œsophage <strong>et</strong> <strong>de</strong>s poumons.<br />
Dans notre série, l’examen panendoscopique réalisé chez toutes les patientes<br />
a montré une extension locale vers la base <strong>de</strong> la langue dans un cas, l’hypopharynx<br />
dans <strong>de</strong>ux cas <strong>et</strong> la bouche <strong>de</strong> l’œsophage dans un cas. Par ailleurs c<strong>et</strong> examen n’a<br />
pas noté une autre localisation tumorale (un <strong>de</strong>uxième cancer <strong>de</strong>s voies<br />
aérodigestives supérieures).<br />
82
Fig. 31 (A, B, C) : aspects endoscopiques <strong>de</strong>s différentes localisations<br />
du cancer du larynx<br />
83<br />
A : tumeur laryngée <strong>de</strong><br />
localisation sus-glottique<br />
B : tumeur laryngée <strong>de</strong><br />
localisation glottique<br />
C : tumeur laryngée <strong>de</strong><br />
localisation sous-glottique
-Imagerie en coupe<br />
Elle est <strong>de</strong>venue indispensable au diagnostic <strong>et</strong> à la décision thérapeutique.<br />
Les examens clinique <strong>et</strong> endoscopique sont insuffisants à eux seuls pour préciser<br />
l’importance <strong>de</strong> l’extension locorégionale. L’imagerie apporte surtout <strong>de</strong>s<br />
informations complémentaires à l’endoscopie sur l’extension en profon<strong>de</strong>ur.<br />
b1-Tomo<strong>de</strong>nsitométrie(TDM)<br />
A la base <strong>de</strong> l’imagerie en coupe, c<strong>et</strong> examen est <strong>de</strong> loin le plus utile pour<br />
compléter le bilan d’extension. Le scanner est actuellement l’examen le plus<br />
couramment pratiqué pour évaluer l’extension initiale <strong>de</strong>s cancers du larynx. Le<br />
scanner spiralé <strong>et</strong> la technique <strong>de</strong>s multibar<strong>et</strong>tes perm<strong>et</strong>tent d’effectuer <strong>de</strong>s coupes<br />
fines <strong>et</strong> <strong>de</strong>s reconstructions dans différents plans <strong>de</strong> l’espace [36]. Elle perm<strong>et</strong><br />
d’évaluer les extensions tumorales difficiles à préciser en endoscopie, comme les<br />
atteintes <strong>de</strong> la commissure antérieure, la région sous-glottique, la loge HTE,<br />
l’espace paraglottique, les cartilages thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> cricoï<strong>de</strong>. . .<br />
Le scanner fournit aussi <strong>de</strong>s renseignements précieux sur l’extension<br />
ganglionnaire. La probabilité d’un envahissement métastatique est associée à la<br />
présence <strong>de</strong> ganglions <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 mm (12 mm) dans la région sous-digastrique<br />
[36]. Les autres caractéristiques radiologiques évocatrices <strong>de</strong> l’atteinte tumorale<br />
ganglionnaire sont : une nécrose centrale avec hétérogénéité <strong>et</strong> une prise <strong>de</strong><br />
contraste périphérique, une forme circulaire <strong>et</strong> non plus ovalaire <strong>et</strong> la présence <strong>de</strong><br />
groupes polyganglionnaires. Mais c<strong>et</strong> examen n’est pas <strong>de</strong>mandé systématiquement<br />
<strong>de</strong>vant toute tumeur laryngée <strong>et</strong> son indication reste discutée dans certains cas.<br />
D’après Barbera [58], la TDM est plus <strong>de</strong>mandée dans les sta<strong>de</strong>s avancés <strong>et</strong> chez les<br />
patients avec suspicion clinique N+. Certains pensent que c<strong>et</strong> examen <strong>de</strong>vrait être<br />
réalisé chez tous les patients quelque soit leur sta<strong>de</strong> carcinologique. Barbera [58]<br />
explique que la TDM reste d’un grand apport pour la classification <strong>de</strong>s cancers<br />
84
laryngés, surtout aux sta<strong>de</strong>s T2 <strong>et</strong> T3 sus-glottiques. Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, il est noté<br />
que 20% <strong>de</strong>s patients ont vu leur sta<strong>de</strong> modifié à la TDM.<br />
Dans notre étu<strong>de</strong>, L’exploration par tomo<strong>de</strong>nsitométrie a été faite chez 10<br />
patientes, elle a objectivé :<br />
-Une extension vers la loge HTE chez 6 patientes.<br />
-Un envahissement ostéocartilagineux chez 3 patientes.<br />
-Une extension vers les parties molles antérieures du cou chez une patiente.<br />
-Des adénopathies satellites chez 3 patientes.<br />
b2-Imagerie par résonnance magnétique (IRM)<br />
L’IRM est effectuée avec une antenne cervicale. Le protocole consiste en la<br />
réalisation <strong>de</strong> coupes en T2 <strong>et</strong> T1 après injection <strong>de</strong> gadolinium. C<strong>et</strong> examen est<br />
plus sensible pour détecter les extensions minimes, en particuliers vers le cartilage,<br />
mais le scanner semble plus spécifique. Le risque principal est la surestimation <strong>de</strong><br />
l’extension à ce niveau. Il existe une meilleure résolution spatiale <strong>de</strong> l’IRM pour<br />
montrer les détails <strong>de</strong>s tissus mous [36]. Néanmoins, les artefacts liés à la mobilité<br />
(déglutition) sont plus fréquents <strong>et</strong> ren<strong>de</strong>nt c<strong>et</strong> examen plus complexe à pratiquer <strong>et</strong><br />
donc son utilisation n’est pas systématique.<br />
Dans notre étu<strong>de</strong>, l’IRM était réalisée chez une seule patiente traitée huit ans<br />
auparavant pour une tumeur pharyngée par radio-chimiothérapie.<br />
2-Bilan d’extension général<br />
C’est le complément indispensable <strong>de</strong> l’examen locorégional, il gui<strong>de</strong> les<br />
indications thérapeutiques, son intérêt est double :<br />
-Rechercher les localisations secondaires, rares, mais pouvant se voir dans les<br />
cancers laryngés, surtout dans les types indifférenciés.<br />
-Dans le cadre du bilan pré-thérapeutique, pour évaluer l’état général <strong>et</strong><br />
rechercher les tares, lesquels contre indiquent certaines métho<strong>de</strong>s thérapeutiques<br />
85
a-Radiographie thoracique<br />
Dans les cancers liés au tabac <strong>et</strong> à l’alcool, toute la muqueuse aérodigestive<br />
peut être le siège <strong>de</strong> transformation maligne. L’atteinte synchrone ou métachrone<br />
<strong>de</strong>s poumons doit donc être recherchée systématiquement.<br />
La radiographie du thorax perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> détecter <strong>de</strong>s métastases pulmonaires ou<br />
une autre localisation tumorale, elle gar<strong>de</strong> une place importante dans le suivi <strong>de</strong>s<br />
patients atteints <strong>de</strong> cancers laryngés. Au moindre doute un scanner thoracique lui<br />
est associé.<br />
Dans notre série, toutes les patientes ont bénéficié d’une radiographie<br />
thoracique, qui s’est révélée normale.<br />
b-Echographie abdominale<br />
L’échographie abdominale trouve son intérêt dans la recherche d’une<br />
localisation à distance, Righini [59] propose <strong>de</strong> le réserver aux tumeurs peu<br />
différenciées <strong>de</strong>s voies aérodigestives supérieures, quelque soit le site initial, <strong>et</strong> aux<br />
tumeurs avec métastases ganglionnaires cervicales importantes sta<strong>de</strong>s N2N3.<br />
Dans notre série, Huit échographies ont été <strong>de</strong>mandées, ne montrant aucune<br />
anomalie, notamment au niveau hépatique.<br />
3-Classification<br />
a-Classification TNM<br />
La classification TNM résulte <strong>de</strong> la coopération entre l’Union International<br />
contre le cancer(UICC) <strong>et</strong> l’American Joint Commitee on Cancer(AJCC) entre 1980 <strong>et</strong><br />
1987, elle a été révisée plusieurs fois, la <strong>de</strong>rnière en 2002(Voir classification TNM<br />
annexe II).<br />
Elle se base sur l’évaluation <strong>de</strong> 3 paramètres :<br />
v T : tumeur primitive.<br />
v N : absence ou présence <strong>de</strong> métastases ganglionnaires.<br />
v M : présence ou absence <strong>de</strong> métastases à distance.<br />
86
Dans son étu<strong>de</strong>, Kokoska [17] r<strong>et</strong>rouve une majorité <strong>de</strong> patientes classées<br />
T1T2 avec 57,1% <strong>de</strong>s patientes. Ronda [18] trouve également une majorité <strong>de</strong><br />
patientes classées T1T2 avec 57,6%. Lam [14] sans distinction <strong>de</strong> sexe r<strong>et</strong>rouve 87%<br />
<strong>de</strong> patients classés T3T4. Bouallali [21] trouve 82,5% <strong>de</strong> patientes <strong>de</strong> sa série au<br />
sta<strong>de</strong> T3T4. Dans sa série Amara r<strong>et</strong>rouve 78,6% <strong>de</strong> patientes au sta<strong>de</strong> T3T4. Fassi<br />
Fihri [15] r<strong>et</strong>rouve 88,8% <strong>de</strong>s T3T4 parmi les tabagiques <strong>et</strong> 72,2% <strong>de</strong>s T3T4 parmi<br />
les non tabagiques.<br />
Dans notre série, Les résultats sont comme suit :<br />
T<br />
N<br />
Tumeur<br />
T1 0<br />
T2 1<br />
T3 4<br />
T4 6<br />
Adénopathie<br />
N0 9<br />
N1 1<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
N2 2 (N2b)<br />
N3 0<br />
87
M<br />
b-Stadification<br />
Métastase<br />
M0 11<br />
M1 0<br />
Nombre <strong>de</strong><br />
patientes<br />
La stadification <strong>de</strong>s cancers publiée par l’AJCC (American Joint Comitte on<br />
cancer) (voir annexe III) est plus pratique pour certains <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>s prises en<br />
charges thérapeutiques plus adaptées à chaque sta<strong>de</strong>.<br />
Lam [14] sans distinction <strong>de</strong> sexe r<strong>et</strong>rouve 71,4% <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> IV. Shvero [16]<br />
trouve dans son étu<strong>de</strong> 64% <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> I <strong>et</strong> II. Bouallali [21] r<strong>et</strong>rouve 64,3% <strong>de</strong> patientes<br />
au sta<strong>de</strong> IVa <strong>et</strong> 85,7% au sta<strong>de</strong> III-IV. Dans la série <strong>de</strong> Fassi Fihri [15], la majorité <strong>de</strong>s<br />
patientes soit 62,7% ont été diagnostiquées au sta<strong>de</strong> avancé IVa.<br />
Dans notre série, les résultats sont comme suit :<br />
sta<strong>de</strong> Nombre <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s<br />
Sta<strong>de</strong> 1 0<br />
Sta<strong>de</strong>2 1<br />
Sta<strong>de</strong>3 4<br />
Sta<strong>de</strong>4(a) 6<br />
88
V-Traitement<br />
A-But :<br />
• Exérèse carcinologique <strong>de</strong> la lésion <strong>et</strong> <strong>de</strong>s aires ganglionnaires satellites.<br />
• Restauration fonctionnelle du larynx dans la mesure du possible.<br />
B-Moyens<br />
1-Chirurgie<br />
C’est au niveau du larynx que le plus grand nombre <strong>de</strong> techniques<br />
chirurgicales a été décrit. Après le développement <strong>de</strong> la chirurgie partielle par voie<br />
externe, les techniques les plus récentes sont endoscopiques. Dans tous les cas,<br />
l’objectif est <strong>de</strong> proposer une résection <strong>de</strong> la tumeur en tissu sain, sans oublier la<br />
nécessité <strong>de</strong> traiter, dans le même temps, les aires ganglionnaires.<br />
a-Chirurgie endoscopique<br />
a1-Principes<br />
La chirurgie endoscopique repose essentiellement sur le laser CO2. Elle s’est<br />
développée à partir <strong>de</strong> 1980 grâce à l’amélioration <strong>de</strong>s techniques d’endoscopie <strong>et</strong><br />
également du fait <strong>de</strong> la précision apportée par l’imagerie pour évaluer l’extension en<br />
profon<strong>de</strong>ur.<br />
a2-Chirurgie endoscopique <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales.<br />
La cor<strong>de</strong>ctomie est la principale indication <strong>de</strong> la chirurgie endoscopique [36], à<br />
la fois parce qu’il s’agit <strong>de</strong> la plus classique mais également parce que les tumeurs<br />
sont <strong>de</strong> plus p<strong>et</strong>ite taille puisque <strong>de</strong> diagnostic plus précoce. Enfin,<br />
anatomiquement, les cor<strong>de</strong>s vocales sont dans un plan pratiquement<br />
perpendiculaire aux instruments <strong>et</strong> au rayon laser, ce qui constitue la situation<br />
idéale pour la réalisation du geste chirurgical. La ou plutôt les cor<strong>de</strong>ctomies<br />
endoscopiques consistent en l’exérèse <strong>de</strong> tout ou une partie <strong>de</strong> la ou <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s<br />
vocales avec la tumeur.<br />
89
En 2000, l’European Laryngological Soci<strong>et</strong>y (ELS) publiait la classification <strong>de</strong>s<br />
cor<strong>de</strong>ctomies (voir tableau 4) qui a permis <strong>de</strong> codifier parfaitement le type <strong>de</strong><br />
résection [60]. C<strong>et</strong>te classification est la plus utilisée <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> parler un langage<br />
commun <strong>et</strong> <strong>de</strong> comparer les résultats avec d’autres équipes, <strong>et</strong> d’autres techniques<br />
chirurgicales.<br />
TYPE DESCRIPTION<br />
Type I Cor<strong>de</strong>ctomie sous-épithéliale<br />
Type II Cor<strong>de</strong>ctomie sous-ligamentaire<br />
Type III Cor<strong>de</strong>ctomie transmusculaire<br />
Type IV Cor<strong>de</strong>ctomie totale<br />
Type Va<br />
Cor<strong>de</strong>ctomie étendue à la commissure<br />
antérieure <strong>et</strong> à la cor<strong>de</strong> controlatérale<br />
Type Vb Cor<strong>de</strong>ctomie étendue à l’aryténoï<strong>de</strong><br />
Type Vc Cor<strong>de</strong>ctomie étendue à la sous-glotte<br />
Type Vd Cor<strong>de</strong>ctomie étendue au ventricule<br />
Tableau 4 : Classification <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>ctomies par voie endoscopique<br />
(European Laryngological Soci<strong>et</strong>y).<br />
La réalisation d’une cor<strong>de</strong>ctomie endoscopique doit toujours perm<strong>et</strong>tre une<br />
exérèse chirurgicale en zone saine <strong>et</strong> une analyse <strong>de</strong> la pièce opératoire, comme<br />
pour toute autre technique [61].<br />
Les indications se résument aux tumeurs <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales dont l’exérèse<br />
peut être faite en totalité par c<strong>et</strong>te voie. Ceci exclue les tumeurs infiltrantes en<br />
profon<strong>de</strong>ur, celles avec extension cartilagineuse, avec extension sous glottique, avec<br />
infiltration <strong>de</strong> la commissure antérieure.<br />
90
a3-La chirurgie endoscopique supraglottique<br />
Elle est <strong>de</strong> réalisation plus délicate <strong>et</strong> n’a pas connu le même développement<br />
[61]. Elle est aussi plus controversée dans ses indications <strong>et</strong> ce d’autant qu’il ya<br />
nécessité d’envisager le traitement <strong>de</strong>s aires ganglionnaires.<br />
b-Chirurgie partielle par voie externe<br />
b1-Chirurgie partielle horizontale<br />
Son principe est l’exérèse partielle ou totale <strong>de</strong> l’étage supraglottique du<br />
larynx. Elle est indiquée pour les tumeurs supraglottiques, <strong>et</strong> a également été<br />
proposée pour le traitement <strong>de</strong>s tumeurs <strong>de</strong> la margelle antérieure ou <strong>de</strong>s trois<br />
replis [36]. Elle est actuellement bien codifiée <strong>et</strong> repose sur <strong>de</strong>s bases<br />
embryologiques, anatomiques qui individualisent l’étage glottique bien séparé <strong>de</strong><br />
l’étage supraglottique. On distingue :<br />
a. La laryngectomie horizontale supraglottique par voie antérieure (voir figure<br />
32)<br />
Fig. 32 : Laryngectomie horizontale supraglottique.<br />
91
. La laryngectomie horizontale supraglottique par voie latérale<br />
c. L’hemilaryngectomie supracricoidienne (Voir Fig. 33)<br />
Figure 33: Hémilaryngopharyngectomie supracricoïdienne.<br />
d. L’hemilaryngectomie supraglottique<br />
b2-Chirurgie partielle verticale<br />
Cor<strong>de</strong>ctomie<br />
Encore appelée thyrotomie médiane ou laryngofissure, elle s’adresse aux<br />
tumeurs limitées au tiers moyen d’une cor<strong>de</strong> vocale (Voir Fig. 34). C<strong>et</strong>te intervention<br />
ne nécessite pas <strong>de</strong> trachéotomie préalable, les suites postopératoires sont<br />
habituellement rapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> simples avec une reprise d’alimentation entre J1 <strong>et</strong> J3, ne<br />
nécessitant pas la pose d’une son<strong>de</strong> nasogastrique. Ses indications sont les mêmes<br />
que pour la chirurgie endoscopique.<br />
92
Fig. 34 : Cor<strong>de</strong>ctomie.<br />
Laryngectomie frontolatérale.<br />
Elle réalise l’exérèse d’une cor<strong>de</strong> vocale, <strong>de</strong> la commissure antérieure solidaire<br />
<strong>de</strong> l’angle antérieur du cartilage thyroï<strong>de</strong>. Du coté tumoral, on enlève la cor<strong>de</strong> vocale<br />
jusqu'à l’aryténoï<strong>de</strong>, du coté opposé, la cor<strong>de</strong> vocale est sectionnée à un niveau +/-<br />
postérieur en fonction <strong>de</strong> l’extension tumorale (voir Fig. 35). La trachéotomie<br />
réalisée au préalable n’est pas toujours indispensable, les suites post-opératoires<br />
sont simples <strong>et</strong> l’alimentation peut être reprise 48h après l’intervention.<br />
Fig. 35 : Laryngectomie frontolatérale.<br />
93
Laryngectomie frontale antérieure reconstructive avec épiglottoplastie <strong>de</strong> type<br />
Tucker.<br />
Elle s’adresse aux tumeurs superficielles <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cor<strong>de</strong>s vocales respectant<br />
au moins l’un <strong>de</strong>s aryténoï<strong>de</strong>s <strong>et</strong> n’atteignant pas le cartilage thyroï<strong>de</strong>, le principe <strong>de</strong><br />
l’intervention est d’enlever les <strong>de</strong>ux cor<strong>de</strong>s vocales, les <strong>de</strong>ux ban<strong>de</strong>s ventriculaires,<br />
<strong>et</strong> la moitié antérieure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ailes thyroïdiennes, sa reconstruction est assurée<br />
par l’épiglotte (voir Fig. 36). L’alimentation est assurée par une son<strong>de</strong> gastrique<br />
jusqu'à J10.<br />
Hemiglottectomie.<br />
C<strong>et</strong>te intervention est <strong>de</strong>stinée au cancer <strong>de</strong> cor<strong>de</strong> vocale mobile atteignant<br />
l’apophyse vocale sans envahir l’aryténoï<strong>de</strong>.<br />
b3-Chirurgie partielle supracricoidienne<br />
Ces interventions ont en commun l’exérèse du cartilage thyroï<strong>de</strong>, la<br />
conservation du cricoï<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’os hyoï<strong>de</strong>, <strong>et</strong> au minimum d’une unité fonctionnelle<br />
aryténoïdienne. C<strong>et</strong>te chirurgie se propose <strong>de</strong> rétablir les trois fonctions essentielles<br />
du larynx que sont la phonation, la déglutition <strong>et</strong> la respiration. On distingue surtout<br />
<strong>de</strong>ux interventions qui sont différentes à la fois par leurs indications <strong>et</strong> par leur<br />
exérèse.<br />
Fig.36 : Laryngectomie frontale antérieure avec épiglottoplastie.<br />
94
La laryngectomie supracricoïdienne avec cricohyoïdopexie.<br />
Son principe est l’exérèse <strong>de</strong> l’épiglotte, <strong>de</strong> la loge HTE, du cartilage thyroï<strong>de</strong>,<br />
<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales <strong>et</strong> d’un aryténoï<strong>de</strong>, les indications sont le traitement <strong>de</strong>s tumeurs<br />
supraglottiques à extension glottique, conservant la mobilité <strong>de</strong>s aryténoï<strong>de</strong>s, les<br />
tumeurs du ventricule <strong>et</strong> celles <strong>de</strong> la commissure antérieure. La pexie est ensuite<br />
faite entre le cricoï<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’os hyoï<strong>de</strong> avec la base <strong>de</strong> la langue (voir Fig. 37).<br />
L’alimentation entérale par son<strong>de</strong> nasogastrique est poursuivie jusqu’au 10° - 12°<br />
Jour, la canule commence à être obturée vers le cinquième jour postopératoire.<br />
Fig. 37 : Laryngectomie supracricoïdienne avec cricohyoïdopexie<br />
(CHP).<br />
Laryngectomie supracricoidienne avec cricohyoido-epiglottopexie.<br />
C<strong>et</strong>te intervention diffère <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte par la conservation <strong>de</strong> la partie<br />
haute <strong>de</strong> l’épiglotte (voir Fig. 38). Ses indications sont le cancer glottique avec cor<strong>de</strong><br />
fixée <strong>et</strong> aryténoï<strong>de</strong> mobile, le cancer glottique bilatéral, <strong>et</strong> le cancer glottique avec<br />
extension superficielle à la commissure antérieure ou au plancher du ventricule, la<br />
pexie est effectuée par rapprochement du cricoï<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’os hyoï<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> la<br />
langue, <strong>et</strong> en incluant l’épiglotte restante qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> rétrécir le neolarynx. Le<br />
déroulement <strong>de</strong>s suites est le même que pour la laryngectomie supracricoidienne<br />
95
avec cricohyoidopexie. Les délais sont un peu plus précoces grâce à la conservation<br />
<strong>de</strong> l’épiglotte.<br />
Fig. 38 : Laryngectomie supracricoïdienne avec<br />
crico-hyoïdoépiglottopexie(CHEP).<br />
c-Chirurgie radicale<br />
c1-Laryngectomie totale<br />
Elle réalise l’exérèse complète du larynx (voir Fig. 39). Elle est indiquée<br />
lorsque l’extension locale <strong>de</strong> la tumeur primitive contre-indique la réalisation d’une<br />
laryngectomie partielle fonctionnelle. Pour les cancers glottiques ce sont la fixité <strong>de</strong><br />
l’aryténoï<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’envahissement sous-glottique qui sont les facteurs déterminants<br />
pour une option radicale. Pour les cancers sus-glottiques, ce sont l’extension<br />
massive dans la loge HTE <strong>et</strong> l’extension au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites du larynx qui motivent<br />
une laryngectomie totale [36]. L’incision cutanée perm<strong>et</strong> la réalisation d’un<br />
évi<strong>de</strong>ment ganglionnaire dans le même temps. Il est souvent bilatéral <strong>et</strong> l’incision en<br />
U est la plus adaptée. La résection s’étend <strong>de</strong>s vallécules à la région trachéale haute.<br />
La ferm<strong>et</strong>ure du pharyngostome doit être faite soigneusement avec réalisation <strong>de</strong><br />
points séparés au fil résorbable. La trachéotomie est confectionnée par amarrage <strong>de</strong><br />
la trachée à la peau. Les suites opératoires sont le plus souvent simples. L’étanchéité<br />
96
du pharynx est contrôlée vers le 10° jour par la réalisation d’un test au bleu ou d’un<br />
transit pharyngé aux hydrosolubles. L’alimentation orale peut alors être reprise.<br />
Les inci<strong>de</strong>nts postopératoires possibles sont la fistule salivaire nécessitant <strong>de</strong>s<br />
soins locaux par pansement compressif <strong>et</strong> la trachéite croûteuse justifiant<br />
l’utilisation systématique d’aérosols humidificateurs.<br />
c2-Laryngectomie subtotale avec shunt phonatoire.<br />
C<strong>et</strong>te intervention trouve sa place entre les laryngectomies partielles<br />
supracricoïdiennes <strong>et</strong> la laryngectomie totale. Elle peut être proposée pour le<br />
traitement <strong>de</strong>s tumeurs T3 <strong>de</strong>s étages glottique <strong>et</strong>/ou sus-glottique sans atteinte <strong>de</strong><br />
la commissure postérieure [36]. Elle réalise une véritable laryngectomie totale mais<br />
avec un shunt phonatoire qui fait communiquer la trachée <strong>et</strong> le pharynx restant.<br />
L’hemilarynx du côté non tumoral est conservé <strong>et</strong> libéré <strong>de</strong> ses attaches<br />
cartilagineuses rigi<strong>de</strong>s ; il est mobilisé afin d’être tubulisé sur lui-même, <strong>de</strong>puis la<br />
trachée jusqu’au sinus piriforme sain, réalisant ainsi le shunt phonatoire assurant<br />
une réhabilitation vocale <strong>de</strong> meilleure qualité. Mais, comme après laryngectomie<br />
totale, le trachéostome est définitif.<br />
Fig. 39 : Laryngectomie totale<br />
97
c3-Laryngectomie totale élargie<br />
En fonction <strong>de</strong> l’extension tumorale locale, il peut être nécessaire d’étendre la<br />
laryngectomie aux structures avoisinantes [36]:<br />
• à l’hypopharynx (laryngectomie totale avec pharyngectomie partielle)<br />
pour les cancers étendus du sinus piriforme ou pour les tumeurs <strong>de</strong> la margelle<br />
étendues au larynx ;<br />
• à la base <strong>de</strong> langue (subglossolaryngectomie totale) pour les tumeurs<br />
dépassant l’épiglotte sushyoïdienne ou infiltrant les vallécules ;<br />
• à la peau (laryngectomie carrée) pour les tumeurs étendues aux tissus<br />
prélaryngés avec atteinte <strong>de</strong>s tissus sous-cutanés, voire <strong>de</strong> la peau. La<br />
reconstruction est faite dans le même temps par un lambeau myocutané <strong>de</strong> grand<br />
pectoral ou <strong>de</strong> grand dorsal.<br />
2-Chimiothérapie<br />
Longtemps considérée comme un traitement <strong>de</strong>stiné aux tumeurs récidivantes<br />
<strong>et</strong>/ou métastatiques, la chimiothérapie a fait une entrée en force dans les<br />
traitements à visée curative avec l’apparition, à la fin <strong>de</strong>s années 1970, <strong>de</strong>s sels <strong>de</strong><br />
platine <strong>et</strong> leur association avec le 5-fluorouracile. Elle a <strong>de</strong>puis acquis une place<br />
incontestable dans l’arsenal thérapeutique <strong>de</strong>s cancers laryngés <strong>et</strong> a, en particulier,<br />
ouvert le vaste champ <strong>de</strong> la recherche en préservation laryngée.<br />
a-Principaux agents cytotoxiques utilisés<br />
• Le méthotrexate reste une drogue <strong>de</strong> référence essentiellement utilisée dans<br />
<strong>de</strong>s traitements à visée palliative à la dose <strong>de</strong> 40 mg par voie intramusculaire sous<br />
couvert d’une surveillance hématologique.<br />
• Les sels <strong>de</strong> platine sont certainement les plus utilisés. Le cisplatine est<br />
administré à la dose <strong>de</strong> 100 mg/m2 au premier jour associé au 5-fluorouracile 1<br />
000 mg/m2 du 1er au 5e jour ; ce cycle étant renouvelé toutes les 3 semaines sous<br />
couvert d’une surveillance hématologique <strong>et</strong> rénale <strong>et</strong> également auditive.<br />
98
En général, trois cycles sont administrés, pouvant aller jusqu’à six cycles. Le<br />
carboplatine est, quant à lui, dosé en fonction <strong>de</strong> l’aire sous la courbe.<br />
• Les taxanes sont d’apparition plus récente. Un <strong>de</strong>s protocoles les plus<br />
prom<strong>et</strong>teurs associe le cisplatine (75 mg/m2 au 1er jour) au 5-fluorouracile (750<br />
mg/m2 du 1er au 5e jour) <strong>et</strong> le docétaxel (75 mg/m2 au 1er jour).<br />
• La mitomycine C est moins utilisée mais peut être intéressante pour les tumeurs<br />
<strong>et</strong> adénopathies très nécrotiques du fait <strong>de</strong> son activité en milieu hypoxique. Elle est<br />
administrée à la dose <strong>de</strong> 10 à 15 mg/m2 sous couvert d’une surveillance<br />
hématologique <strong>et</strong> rénale.<br />
b-Protocoles thérapeutiques<br />
b1-Traitements <strong>de</strong>s tumeurs avancées ou modérément avancées<br />
La chimiothérapie peut être délivrée avant tout autre traitement<br />
(chimiothérapie dite néoadjuvante ou d’induction). Elle peut être délivrée à la fin<br />
d’une séquence radiochirurgicale (chimiothérapie adjuvante) ou encore associée à la<br />
radiothérapie (Radiochimiothérapie concomitante), soit <strong>de</strong> façon simultanée, soit <strong>de</strong><br />
façon alternée.<br />
Une première analyse a porté sur 10 850 patients inclus dans <strong>de</strong>s essais<br />
randomisés comparant un traitement avec ce même traitement associé à une<br />
chimiothérapie d’induction, adjuvante ou concomitante [62]. Il en résultait un<br />
bénéfice en survie à 5 ans <strong>de</strong> 4 % pour l’ensemble <strong>de</strong>s bras « chimiothérapie » mais<br />
seul le sous-groupe <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> radiochimiothérapie concomitante avait un<br />
bénéfice en survie statistiquement significatif <strong>de</strong> 8 %, mais la plupart <strong>de</strong>s patients<br />
avaient été inclus dans <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> radiochimiothérapie postopératoire. C<strong>et</strong>te<br />
méta-analyse a été récemment mise à jour avec 16 640 patients inclus dans 87<br />
essais dont les essais récents <strong>de</strong> radio-chimiothérapie chez <strong>de</strong>s patients non<br />
prétraités [63]. Le bénéfice global est r<strong>et</strong>rouvé à hauteur <strong>de</strong> 5 % à 5 ans <strong>et</strong> toujours<br />
seule la radiochimiothérapie concomitante avait apporté un tel bénéfice.<br />
99
Apparemment, en <strong>de</strong>hors du contexte <strong>de</strong> la préservation laryngée, la<br />
chimiothérapie adjuvante <strong>et</strong> d’induction avaient perdu tout intérêt. S’il faut<br />
reconnaître l’indiscutable apport <strong>de</strong> la radiochimiothérapie concomitante, que ce<br />
soit en traitement exclusif ou postopératoire [64], il est indiscutable qu’elle génère<br />
une toxicité notable qui peut en limiter les indications. Chez certains patients,<br />
la chimiothérapie d’induction peut donc rester une option valable par défaut. Enfin,<br />
il faut reconnaître que la publication récente <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’association platine-<br />
fluorouracile-docétaxel (TPF), apportant une toxicité moindre que l’association<br />
classique platine - fluorouracile (PF) <strong>et</strong> un gain <strong>de</strong> survie à 3 ans <strong>de</strong> 10 % [65], incite<br />
à reconsidérer la place <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te chimiothérapie d’induction.<br />
b2-Chimiothérapie <strong>de</strong>s formes récidivantes <strong>et</strong>/ou métastatiques<br />
Elle reste, malgré l’apparition <strong>de</strong> nouveaux médicaments, assez décevante<br />
avec <strong>de</strong>s médianes <strong>de</strong> survie qui ne dépassent guère, en pratique quotidienne, 7 à 8<br />
mois [36]. Elle doit toutefois être considérée en parallèle avec les traitements <strong>de</strong><br />
soutien (antalgiques en particulier) tant par l’amélioration temporaire physique que<br />
psychique que peuvent apporter les stabilisations <strong>et</strong> régressions tumorales, même si<br />
celles-ci sont éphémères.<br />
3-Radiothérapie<br />
Depuis la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s premières séries <strong>de</strong> cancers laryngés traités par<br />
irradiation au début du XXe siècle, la radiothérapie a acquis une place importante<br />
dans le traitement <strong>de</strong> ces tumeurs, qu’elle soit délivrée <strong>de</strong> façon exclusive, en<br />
complément <strong>de</strong> la chirurgie, ou en association à la chimiothérapie [36]. Toutefois, la<br />
place <strong>de</strong> la radiothérapie dépend essentiellement d’habitu<strong>de</strong>s locales, voire «<br />
nationales ». L’Europe latine a longtemps favorisé les approches chirurgicales alors<br />
que l’Europe du Nord a toujours été plus orientée vers les stratégies<br />
radiothérapiques. L’apparition <strong>de</strong> nouvelles modalités techniques <strong>de</strong> radiothérapie <strong>et</strong><br />
l’entrée « en force » <strong>de</strong> la chimiothérapie ont cependant modifié ce simple constat.<br />
100
Plus que jamais une approche multidisciplinaire (chirurgien cervico-facial,<br />
oncologue, radiothérapeute, oncologue médical, radiologue) est donc toujours<br />
indispensable avant <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’option thérapeutique.<br />
a-Types d’irradiation<br />
a1-Irradiation externe<br />
Elle fait appel aux photons du cobalt 60, aux rayons <strong>de</strong> 4 à 6 MV <strong>et</strong> aux<br />
électrons <strong>de</strong>s accélérateurs linéaires [36]. Les techniques d’imagerie mo<strong>de</strong>rne, la<br />
dosimétrie tridimensionnelle <strong>et</strong> d’éventuelles modifications du fractionnement ont<br />
permis d’améliorer la précision balistique <strong>de</strong>s irradiations <strong>et</strong> leur efficacité<br />
biologique. La radiothérapie mo<strong>de</strong>rne correspond à une parfaite définition <strong>de</strong>s<br />
volumes tumoraux <strong>et</strong> <strong>de</strong> tissus sains dans l’espace (définition en 3 D) perm<strong>et</strong>tant<br />
l’obtention d’un in<strong>de</strong>x thérapeutique optimal (radiothérapie <strong>de</strong> conformation).<br />
Dans tous les cas, la mise en route d’un traitement sera précédée d’une<br />
simulation. L’immobilisation par masque thermoformé perm<strong>et</strong> d’assurer une<br />
meilleure reproductibilité du traitement à chaque séance. Des clichés <strong>de</strong> contrôle en<br />
position d’irradiation nécessaires à la confection <strong>de</strong> caches personnalisés seront<br />
réalisés <strong>et</strong> la pratique d’un scanner <strong>de</strong> centrage à visée dosimétrique (simulateur<br />
scanner ou scanner dédié) est indispensable du fait <strong>de</strong> l’inégalité <strong>de</strong>s contours <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s structures rencontrées (alternance air/tissus mous/ cartilages).<br />
Les modificateurs du faisceau (filtres, caches personnalisés) perm<strong>et</strong>tent une<br />
meilleure adaptation <strong>de</strong> la balistique à l’anatomie du patient. Les rayonnements<br />
utilisés (énergie) dépendront <strong>de</strong> l’équipement disponible <strong>et</strong> d’éventuels critères<br />
cliniques (envahissement cutané par exemple). Les électrons, <strong>de</strong> par leurs propriétés<br />
balistiques, sont adaptés à l’irradiation <strong>de</strong>s masses ganglionnaires ou pour une<br />
surimpression très localisée (région spinale, région sous-mastoïdienne).<br />
L’optimisation <strong>de</strong> la dose délivrée aux différents volumes cibles <strong>et</strong> la possibilité, en<br />
combinant les différentes énergies, d’obtenir en chaque point une très bonne<br />
101
homogénéité <strong>de</strong> dose (± 10 %) perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> réduire le risque <strong>de</strong> séquelles, la plus<br />
sévère étant le larynx radique. Dans le cadre <strong>de</strong>s cancers du larynx, l’irradiation<br />
n’entraîne généralement qu’une hyposialie modérée, car les glan<strong>de</strong>s paroti<strong>de</strong>s sont<br />
rarement irradiées, sauf en cas d’envahissement ganglionnaire massif. Une mise en<br />
état <strong>de</strong>ntaire éventuellement complétée <strong>de</strong> fluoration paraît <strong>de</strong>voir être conseillée<br />
pour la majorité <strong>de</strong>s patients.<br />
a2-Curi<strong>et</strong>hérapie<br />
Elle est indiquée exceptionnellement dans les lésions laryngées, comme par<br />
exemple dans les tumeurs étendues à la base <strong>de</strong> langue [36]. Elle fait toujours appel<br />
à la technique <strong>de</strong>s tubes plastiques avec fil d’iridium 192, en association avec la<br />
radiothérapie externe.<br />
b-Techniques d’irradiation<br />
b1-Irradiation exclusive<br />
Tumeurs <strong>de</strong> l’étage sus-glottique <strong>et</strong> <strong>de</strong> la margelle.<br />
Du fait <strong>de</strong> l’importante lymphophilie <strong>de</strong> ces lésions, il est réalisé <strong>de</strong> principe<br />
une irradiation tumorale <strong>et</strong> ganglionnaire bilatérale [36]. L’irradiation est conduite<br />
par <strong>de</strong>ux champs parallèles <strong>et</strong> opposés progressivement réduits après définition du<br />
volume tumoral (GTV : Gross Tumour Volume) <strong>et</strong> du volume cible incluant <strong>de</strong>s<br />
marges <strong>de</strong> sécurité (CTV : Clinical Targ<strong>et</strong> Volume). Les patients sont traités en<br />
décubitus dorsal. Les doses délivrées sont <strong>de</strong> 65 à 70 Gy en fractionnement <strong>et</strong><br />
étalement classiques (une séance <strong>de</strong> 1,8 à 2 Gy/j, 5 jours par semaine) <strong>et</strong> <strong>de</strong> 70 à<br />
80,4 Gy en hyperfractionnement (<strong>de</strong>ux séances <strong>de</strong> 1,15 à 1,2 Gy/j, 5 jours par<br />
semaine) [36]. Le volume cible ganglionnaire est traité par les mêmes portes<br />
d’entrée jusqu’à la dose <strong>de</strong> tolérance médullaire (45 Gy), puis par une association <strong>de</strong><br />
photons <strong>et</strong> d’électrons d’énergie appropriée. En cas d’atteinte <strong>de</strong> la margelle<br />
laryngée, l’irradiation sera étendue en haut aux vallécules <strong>et</strong> à la base <strong>de</strong> langue<br />
(margelle antérieure) <strong>et</strong>/ou en bas à l’hypopharynx (margelle latérale).<br />
102
Tumeurs <strong>de</strong> l’étage glottique.<br />
L’irradiation ne concerne que le volume cible tumoral du fait <strong>de</strong> la très faible<br />
lymphophilie <strong>de</strong> ces lésions. Seule une extension en sus- ou en sous-glotte justifie<br />
d’étendre l’irradiation aux aires ganglionnaires [36]. Elle est habituellement conduite<br />
par <strong>de</strong>ux champs parallèles opposés (5 × 5 cm ou 6 × 6 cm <strong>de</strong> côté) également<br />
pondérés. Pour certaines localisations (commissure antérieure), <strong>de</strong>s techniques plus<br />
complexes à quatre champs (<strong>de</strong>ux champs parallèles opposés + <strong>de</strong>ux champs<br />
obliques antérieurs avec filtre) ont été proposées.<br />
Tumeurs <strong>de</strong> l’étage sous-glottique.<br />
L’indication d’irradiation exclusive est exceptionnelle dans ces lésions en<br />
raison essentiellement <strong>de</strong> l’infiltration sous-muqueuse à distance qui conduit à<br />
sous-estimer le volume tumoral. Le volume cible ganglionnaire sera étendu au<br />
médiastin supérieur pour inclure les chaînes ganglionnaires récurrentielles.<br />
b2-Irradiation postopératoire<br />
Après laryngectomie partielle.<br />
L’indication est fondée sur l’étu<strong>de</strong> histologique <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> résection <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l’envahissement ganglionnaire. Schématiquement, on peut distinguer quatre<br />
situations cliniques :<br />
• les recoupes sont saines, les ganglions ne sont pas envahis : pas d’irradiation<br />
postopératoire ;<br />
• les recoupes sont saines, les ganglions sont envahis : seules les aires<br />
ganglionnaires sont irradiées <strong>et</strong> l’on veillera à protéger le mieux possible le larynx<br />
en ayant recours aux faisceaux d’électrons ;<br />
• les recoupes sont douteuses, les ganglions envahis : seules les aires<br />
ganglionnaires sont irradiées <strong>et</strong> l’on veillera à protéger le mieux possible le larynx<br />
grâce aux faisceaux d’électrons. Une surveillance intensive (endoscopie <strong>et</strong> TDM) du<br />
larynx sera effectuée <strong>et</strong> une réintervention sera proposée en cas d’évolution locale ;<br />
103
• les recoupes sont envahies, les ganglions sont envahis ou non : l’indication<br />
chirurgicale conservatrice doit être rediscutée car la meilleure <strong>de</strong>s solutions est<br />
certainement <strong>de</strong> réintervenir chirurgicalement (soit réaliser une chirurgie partielle<br />
large si le geste initial était limité, soit totaliser un geste chirurgical partiel plus<br />
large), l’irradiation à doses élevées nécessaires ayant toutes chances <strong>de</strong><br />
comprom<strong>et</strong>tre le résultat fonctionnel. Une irradiation ne sera réalisée qu’en cas <strong>de</strong><br />
refus formel du patient d’une totalisation, <strong>et</strong> apportera une dose <strong>de</strong> 55 à 65 Gy par<br />
<strong>de</strong>ux champs latéraux, le patient <strong>de</strong>vant être prévenu du risque, au moins<br />
fonctionnel, encouru.<br />
Après laryngectomie totale.<br />
La cicatrisation complète doit être obtenue avant toute irradiation. L’indication<br />
dépend <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s recoupes, <strong>de</strong> l’envahissement ganglionnaire, du siège <strong>de</strong> la<br />
lésion primitive <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses extensions, <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’âge <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’état général du suj<strong>et</strong>.<br />
L’irradiation est habituellement conduite par <strong>de</strong>ux grands champs parallèles,<br />
opposés. La dose délivrée est <strong>de</strong> 55 à 65 Gy sur l’ensemble du volume cible. On<br />
veillera à ce que la limite supérieure du champ inclue <strong>de</strong> manière suffisante la base<br />
du crâne pour couvrir une extension ganglionnaire haute. Deux cas particuliers<br />
méritent d’être notés [36]:<br />
• il existait une extension à la base <strong>de</strong> langue, on réalise une irradiation délivrant<br />
55 Gy sur le volume précé<strong>de</strong>mment défini, complétés par un surdosage<br />
(éventuellement par une curi<strong>et</strong>hérapie) sur la base <strong>de</strong> langue ;<br />
• il s’agissait d’une lésion sous-glottique où il existait <strong>de</strong>s adénopathies sus-<br />
claviculaires ou récurrentielles, le volume irradié est étendu au médiastin supérieur.<br />
104
4-Préservation laryngée<br />
Chez les patients porteurs <strong>de</strong> tumeurs classées T3 ou T4 du larynx, le<br />
traitement habituellement recommandé a longtemps été la laryngectomie totale.<br />
C<strong>et</strong>te intervention perm<strong>et</strong> d’obtenir le contrôle locorégional <strong>de</strong> la maladie dans plus<br />
<strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s cas au prix d’une mutilation importante avec la perte <strong>de</strong> la phonation <strong>et</strong><br />
la réalisation d’un trachéostome définitif. Depuis près <strong>de</strong> 15 ans, <strong>de</strong>s travaux ont été<br />
menés pour essayer d’obtenir une efficacité thérapeutique i<strong>de</strong>ntique avec un<br />
traitement conservateur essayant d’éviter la mutilation laryngée.<br />
a-Première génération d’essais <strong>de</strong> préservation laryngée : chimiothérapie <strong>et</strong><br />
radiothérapie séquentielles (chimiothérapie d’induction)<br />
Des essais dits <strong>de</strong> « préservation laryngée » ont été conduits en utilisant la<br />
chimiothérapie d’induction comme un moyen perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> sélectionner les<br />
patients chez lesquels un traitement conservateur pouvait être proposé : les patients<br />
bons « répon<strong>de</strong>urs » à la chimiothérapie pouvant être traités par irradiation <strong>et</strong> les<br />
patients non « répon<strong>de</strong>urs » <strong>de</strong>vant subir la laryngectomie totale.<br />
Trois essais randomisés ont été réalisés sur ce modèle : l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Vétérans<br />
aux Etats-Unis [66], celle <strong>de</strong> l’European Organization for Research and Treatment of<br />
Cancer (EORTC) en Europe [67] <strong>et</strong> celle du GETTEC en France [68]. Les essais <strong>de</strong>s<br />
V<strong>et</strong>erans <strong>et</strong> du GETTEC concernaient les cancers du larynx, l’essai <strong>de</strong> l’EORTC<br />
concernait ceux <strong>de</strong> l’hypopharynx <strong>et</strong> <strong>de</strong> la margelle latérale. Les trois étu<strong>de</strong>s ont<br />
utilisé une chimiothérapie associant le cisplatine <strong>et</strong> le 5-FU à raison d’un cycle<br />
toutes les 3 semaines pour un maximum <strong>de</strong> trois cycles.<br />
Dans l’essai <strong>de</strong>s V<strong>et</strong>erans <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’EORTC, les taux <strong>de</strong> survie ont été<br />
statistiquement non différents dans les <strong>de</strong>ux bras perm<strong>et</strong>tant aux auteurs <strong>de</strong><br />
conclure qu’un traitement conservateur par radiothérapie chez les patients<br />
répon<strong>de</strong>urs à la chimiothérapie était un traitement efficace, ne comprom<strong>et</strong>tant pas<br />
la survie <strong>et</strong> que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s patients pouvaient ainsi conserver un larynx<br />
105
fonctionnel. L’étu<strong>de</strong> du GETTEC a r<strong>et</strong>rouvé <strong>de</strong>s résultats défavorables chez les<br />
patients ayant reçu la chimiothérapie d’induction, mais elle n’a porté que sur 68<br />
patients <strong>et</strong> les résultats sont donc plus difficilement interprétables. À la différence<br />
<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s V<strong>et</strong>erans, seules les tumeurs T3 étaient éligibles.<br />
Dans l’étu<strong>de</strong> française, les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s patients étaient porteurs d’une<br />
tumeur glottique ou transglottique <strong>et</strong> un tiers une tumeur susglottique (margelle<br />
laryngée exclue) <strong>et</strong> tous une fixité laryngée. Dans l’étu<strong>de</strong> Nord-Américaine, les <strong>de</strong>ux<br />
tiers <strong>de</strong>s patients étaient porteurs d’une tumeur supraglottique (margelle laryngée<br />
incluse) <strong>et</strong> un tiers <strong>de</strong> tumeurs glottiques <strong>et</strong> à peine plus <strong>de</strong> la moitié avaient une<br />
fixité laryngée.<br />
Une méta-analyse a été effectuée à l’Institut Gustave Roussy sur ces trois<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> a rassemblé 602 patients [69]. Les taux <strong>de</strong> survie à 5 ans ont été <strong>de</strong> 45 %<br />
dans le bras chirurgical <strong>et</strong> <strong>de</strong> 39 % dans le bras chimiothérapie d’induction, la<br />
différence n’étant pas statistiquement significative tandis que 58 % <strong>de</strong>s patients en<br />
vie avaient un larynx fonctionnel en place (ce qui en fait ne représente que 23 % <strong>de</strong>s<br />
patients inclus dans le bras chimiothérapie).<br />
Ainsi, dans la majorité <strong>de</strong>s équipes, chez les patients porteurs d’une tumeur<br />
du larynx relevant d’une laryngectomie totale <strong>et</strong> qui n’ont pas <strong>de</strong> contre-indication<br />
médicale à l’administration d’une chimiothérapie, une tentative <strong>de</strong> préservation<br />
laryngée peut être proposée comme une alternative à la laryngectomie totale. Les<br />
travaux <strong>de</strong> recherche dans ce domaine ont donc cherché à obtenir le taux <strong>de</strong><br />
réponses majeures le plus élevé possible en utilisant <strong>de</strong>s protocoles intensifiés,<br />
notamment par adjonction <strong>de</strong> taxanes.<br />
b-Deuxième génération d’essais <strong>de</strong> préservation laryngée : la Radio-<br />
chimiothérapie concomitante<br />
Une autre voie d’optimisation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la radiothérapie a été <strong>de</strong><br />
l’associer à la chimiothérapie, non plus <strong>de</strong> façon séquentielle mais <strong>de</strong> façon<br />
106
simultanée. Dans la méta-analyse déjà citée [63], parmi les 4 307 patients inclus<br />
dans <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> radiothérapie <strong>et</strong> <strong>de</strong> chimiothérapie concomitante, 1565 patients<br />
étaient porteurs d’une tumeur laryngée ou hypopharyngée. Ces patients inclus dans<br />
le bras « concomitant » avaient, en comparaison avec ceux inclus dans le bras «<br />
radiothérapie exclusive », une réduction relative du risque à 5 ans <strong>de</strong> 16 à 22 %, ce<br />
qui correspondait à un bénéfice absolu <strong>de</strong> survie à 5 ans <strong>de</strong> 8 à 10 %.<br />
La <strong>de</strong>uxième vague d’essais randomisés <strong>de</strong> préservation laryngée a donc<br />
naturellement exploré la place <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te stratégie thérapeutique. L’EORTC [67] a<br />
conduit une étu<strong>de</strong> comparant la stratégie <strong>de</strong> chimiothérapie d’induction à celle <strong>de</strong> la<br />
radiothérapie <strong>et</strong> <strong>de</strong> chimiothérapie délivrées <strong>de</strong> façon alternée. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> a été<br />
récemment fermée aux inclusions.<br />
Le RTOG aux Etats-Unis [70] a publié en 2003, les résultats préliminaires d’une<br />
étu<strong>de</strong> à trois bras comparant la chimiothérapie d’induction (le bras expérimental <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s V<strong>et</strong>erans) à la radiochimiothérapie concomitante (cisplatine 100 mg/m2<br />
à j1, j22 <strong>et</strong> j43) <strong>et</strong> à la radiothérapie exclusive ; 547 patients ont été inclus dans<br />
c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> <strong>et</strong> 518 furent analysés pour c<strong>et</strong>te publication. Plus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers étaient<br />
porteurs d’une tumeur supraglottique <strong>et</strong> un peu moins <strong>de</strong> la moitié avaient une<br />
fixité laryngée. Le bras « concomitant » avait présenté une toxicité notablement plus<br />
élevée, 77 % <strong>de</strong>s patients ayant présenté au moins une toxicité aiguë <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> III ou<br />
IV (47 % une toxicité hématologique <strong>et</strong> 43 % une mucite <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> III ou IV), mais<br />
l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s toxicités tardives <strong>de</strong> gra<strong>de</strong>s III <strong>et</strong> IV était similaire dans les trois<br />
groupes (entre 24 <strong>et</strong> 36 %). La survie n’était pas significativement différente entre les<br />
trois bras, mais dans le bras « concomitant », le taux <strong>de</strong> préservation laryngée était<br />
significativement supérieur : 88 % contre 75 % pour le bras « induction » <strong>et</strong> 70 %<br />
pour le bras « radiothérapie exclusive ». Ce sont <strong>de</strong>s résultats très prom<strong>et</strong>teurs mais<br />
qu’il faut rapporter à la sélection <strong>de</strong>s patients porteurs <strong>de</strong> tumeurs essentiellement<br />
supraglottiques.<br />
107
c-Troisième génération d’essais <strong>de</strong> préservation laryngée : la radio-<br />
chimiothérapie concomitante <strong>et</strong> séquentielle<br />
D’un point <strong>de</strong> vue « chirurgical », la chimiothérapie d’induction a l’avantage <strong>de</strong><br />
perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> changer rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> stratégie pour opérer le patient en cas <strong>de</strong><br />
réponse insuffisante puis délivrer une radiothérapie postopératoire adaptée. La<br />
réalisation d’une chirurgie après chimiothérapie d’induction ne pose pas <strong>de</strong><br />
problème notable si on réalise le geste initialement prévu en tenant compte <strong>de</strong>s<br />
limites tumorales initiales. La radiochimiothérapie concomitante entraîne plus <strong>de</strong><br />
mucites <strong>et</strong> impose d’aller au bout du protocole pour déci<strong>de</strong>r ou non d’une chirurgie<br />
<strong>de</strong> rattrapage. En revanche, elle semble donner dans les analyses préliminaires <strong>de</strong>s<br />
taux <strong>de</strong> préservation plus élevés.<br />
Il est concevable d’explorer une attitu<strong>de</strong> qui associerait les avantages <strong>de</strong> l’une<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autre. Une chimiothérapie d’induction pourrait être suivie d’une<br />
radiochimiothérapie concomitante chez les bons répon<strong>de</strong>urs ou d’une chirurgie<br />
suivie <strong>de</strong> radiothérapie (éventuellement associée à une chimiothérapie) chez les<br />
mauvais répon<strong>de</strong>urs. C<strong>et</strong>te association séquentielle d’une chimiothérapie<br />
d’induction suivie d’une radiochimiothérapie concomitante est apparue comme<br />
l’étape suivante dans c<strong>et</strong>te recherche clinique <strong>de</strong> préservation laryngée. C<strong>et</strong>te<br />
nouvelle stratégie associant une chimiothérapie d’induction suivie d’une<br />
radiochimiothérapie concomitante a été explorée, notamment aux États-Unis, dans<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> phase II/III, <strong>et</strong> parfois rapportée sous le terme <strong>de</strong> « séquentiel<br />
chemoradiotherapy » [71 ,72 ,73]. Ces étu<strong>de</strong>s ont conclu en la faisabilité <strong>de</strong> ces<br />
programmes <strong>et</strong> ont rapporté <strong>de</strong>s survies à 3 ans pouvant atteindre 60-80 %.<br />
d-Nouvelles données cliniques<br />
L’étu<strong>de</strong> du RTOG [70] a conclu que la radiochimiothérapie concomitante<br />
<strong>de</strong>venait un standard <strong>de</strong> préservation laryngée <strong>et</strong> que, si ce traitement n’était pas<br />
réalisable, l’autre option en <strong>de</strong>uxième choix était la radiothérapie exclusive pour les<br />
108
patients ne pouvant pas tolérer une chimiothérapie. C<strong>et</strong>te conclusion amène à<br />
plusieurs commentaires.<br />
• Il faut d’abord souligner qu’aucune étu<strong>de</strong> randomisée <strong>de</strong> préservation laryngée<br />
n’a fait apparaître un traitement non chirurgical qui aboutisse à une survie meilleure<br />
que celle obtenue par chirurgie radicale, laquelle n’est donc pas à abandonner dans<br />
tous les cas. En particulier, elle reste dans l’état actuel <strong>de</strong> nos connaissances le<br />
meilleur traitement pour les tumeurs très infiltrantes transglottiques <strong>et</strong> en cas<br />
d’atteinte manifeste du cartilage.<br />
• C<strong>et</strong>te approche, aussi intéressante soit-elle, ne doit pas exclure <strong>de</strong>s possibilités<br />
chirurgicales non mutilantes (laryngectomies partielles supracricoïdiennes en<br />
particulier), même si leurs indications sont plus rares pour <strong>de</strong>s tumeurs relativement<br />
évoluées mais existent pour <strong>de</strong>s cas sélectionnés <strong>de</strong> T3 (invasion mineure <strong>de</strong> la loge<br />
préépiglottique, immobilité <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale sans fixité <strong>de</strong> l’aryténoï<strong>de</strong>) <strong>et</strong> T4<br />
laryngés (atteinte mineure du cartilage thyroï<strong>de</strong> sur le scanner). C<strong>et</strong>te chirurgie<br />
exclusive perm<strong>et</strong> aux patients d’éviter une trachéotomie permanente <strong>et</strong> leur procure<br />
une voix socialement acceptable <strong>et</strong> une déglutition sans fausses routes dans la<br />
gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas.<br />
• L’apport <strong>de</strong>s taxanes a réouvert la discussion sur la chimiothérapie d’induction<br />
<strong>et</strong> éclaire d’un jour nouveau le choix <strong>de</strong> l’association médicamenteuse pour la<br />
séquence d’induction d’un programme <strong>de</strong> radiochimiothérapie séquentielle pour<br />
préservation laryngée.<br />
• Certaines équipes ont proposé l’utilisation <strong>de</strong> la chimiothérapie comme<br />
traitement exclusif [74]. Même s’il faut considérer dans l’immédiat ces démarches<br />
comme étant essentiellement limitées à un nombre d’équipes restreint, on ne peut<br />
les exclure.<br />
• Enfin, une autre étu<strong>de</strong> [75] pourrait apporter <strong>de</strong> nouveaux éléments concernant<br />
les approches non chirurgicales. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> comparait, sur une population <strong>de</strong> 420<br />
109
patients, la radiothérapie exclusive à la radiothérapie associée à un anticorps<br />
monoclonal inhibant les récepteurs extramembranaires <strong>de</strong> l’epi<strong>de</strong>rmal growth factor<br />
(EGF) (cétuximab ou Erbitux®). Si la toxicité cutanée (rash acnéiforme) était plus<br />
fréquente dans le bras associant l’anticorps, la toxicité muqueuse ne l’était pas. Le<br />
bénéfice en contrôle local était <strong>de</strong> 8 % à 2 ans <strong>et</strong> en survie globale <strong>de</strong> 13 % à 3 ans.<br />
Les thérapeutiques dites ciblées seraient donc aussi <strong>de</strong>s options valables à étudier<br />
dans les futures étu<strong>de</strong>s.<br />
C-Résultats <strong>et</strong> indications thérapeutiques<br />
1-Tumeurs débutantes (T1 <strong>et</strong> T2)<br />
a-Chirurgie endoscopique<br />
a1-Cancers glottiques<br />
C’est certainement pour les tumeurs limitées <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales que la<br />
chirurgie endoscopique a le plus été développée <strong>et</strong> a fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuses<br />
publications. Les résultats carcinologiques [61, 76] sont comparables à ceux<br />
obtenus avec les techniques <strong>de</strong> chirurgie par voie externe ; le taux <strong>de</strong> contrôle local<br />
est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 95 % (Tableau 5). Elles entrent en concurrence avec les techniques<br />
<strong>de</strong> chirurgie par voie externe comme la cor<strong>de</strong>ctomie, la laryngectomie frontolatérale,<br />
<strong>et</strong> dans une certaine mesure la laryngectomie frontale antérieure avec<br />
épiglottoplastie.<br />
110
AUTEURS NOMBRE CONTROLE LOCAL<br />
Ru<strong>de</strong>rt (66) 96 100 % (T1s), 82 % (T1a),<br />
Eckel (86) 285<br />
111<br />
93,5 % (T1s), 86,5 % (T1),<br />
82 % (T2)<br />
Perr<strong>et</strong>i (87) 88 92 % (T1s), 85 % (T1)<br />
Tableau 5 : Contrôle local <strong>de</strong>s tumeurs débutantes <strong>de</strong> la<br />
glotte traitées par chirurgie endoscopique au laser CO2.<br />
a2-Cancers supraglottiques<br />
C<strong>et</strong>te indication est plus controversée. Les auteurs qui ont le plus<br />
d’expérience publient sur ce suj<strong>et</strong> [61, 76]. Ils avancent <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> contrôle local<br />
excellents pour les T1, <strong>et</strong> bons pour les T2 (80 à 96 %) mais avec, pour certains [77],<br />
une radiothérapie associée. Notre opinion est que, si l’exposition est possible <strong>et</strong><br />
pour un opérateur entraîné, la chirurgie endoscopique est une bonne alternative à la<br />
chirurgie externe. Les situations <strong>de</strong> ce type sont néanmoins peu fréquentes tant le<br />
diagnostic <strong>de</strong>s tumeurs supraglottiques est plus tardif. Après radiothérapie <strong>et</strong> pour<br />
<strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites récidives tumorales, le traitement endoscopique au laser CO2 peut être<br />
proposé. Les tumeurs <strong>de</strong> la margelle sont plus accessibles que celles <strong>de</strong> la face<br />
laryngée <strong>de</strong> l’épiglotte. Se pose également la question du traitement <strong>de</strong>s aires<br />
ganglionnaires qui doit être associé s’il existe <strong>de</strong>s ganglions métastatiques ou pour<br />
les tumeurs classées T2.<br />
b-Chirurgie par voie externe<br />
Elle conserve toute sa place dans le choix thérapeutique <strong>de</strong>s cancers T1-T2<br />
glottiques. On peut remarquer que <strong>de</strong>puis 1990, la majorité <strong>de</strong>s publications<br />
concerne la chirurgie reconstructive (laryngectomie frontale antérieure ou<br />
laryngectomie supracricoïdienne) <strong>et</strong> que celles concernant la laryngectomie dite
verticale ont n<strong>et</strong>tement diminué au profit <strong>de</strong> la chirurgie endoscopique. Il en est <strong>de</strong><br />
même <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> ces techniques. Les résultats sont bons [78, 79] avec, là<br />
encore, un taux <strong>de</strong> contrôle local qui dépasse largement 90% dans toutes les<br />
publications (Tableau 6).<br />
Auteur Intervention n<br />
Contrôle<br />
local<br />
Survie à 5<br />
ban<strong>de</strong>s ventriculaires, 17/19, que pour les tumeurs <strong>de</strong> la face laryngée <strong>de</strong><br />
112<br />
ans<br />
Mall<strong>et</strong> 88 LFAR 65 94 % 82 %<br />
Giovanni 89 LFAR 127 96 %<br />
91 % (T1) 86<br />
% (T2)<br />
Chevalier 90 CHEP 112 94,6 % 84,7 %<br />
Laccourreye 91 CHEP 119<br />
94,6 % (à 5<br />
<strong>et</strong> 10 ans)<br />
66,4 % (T2)<br />
à 10 ans<br />
LFAR : laryngectomie frontale antérieure reconstructive ; CHEP : laryngectomie supracricoïdienne avec<br />
c-Radiothérapie<br />
crico-hyoïdoépiglottopexie.<br />
Tableau 5 : Résultats <strong>de</strong> la chirurgie partielle par voie externe pour le<br />
Il n’y a pas d’étu<strong>de</strong> randomisée comparant <strong>de</strong> façon prospective la<br />
radiothérapie à la chirurgie pour ces tumeurs débutantes ou limitées du larynx. Il<br />
faut donc prendre en considération <strong>de</strong>s analyses rétrospectives avec les biais <strong>de</strong><br />
sélection que cela peut comporter.<br />
traitement <strong>de</strong>s cancers glottiques.<br />
En ce qui concerne les tumeurs sus-glottiques, la série ancienne <strong>de</strong> Toronto<br />
[80] r<strong>et</strong>rouvait, sur une série <strong>de</strong> 131 T1T2N0, un contrôle local à 5 ans <strong>de</strong> 71 % pour<br />
les T1 <strong>et</strong> 68 % pour les T2. Plus récemment, Men<strong>de</strong>nhall [81] publiait une série très<br />
limitée <strong>de</strong> 16 T1 tous contrôlés par irradiation <strong>et</strong> <strong>de</strong> 65 T2 avec un contrôle local <strong>de</strong><br />
85 % (80 % en irradiation monofractionnée <strong>et</strong> 90 % en bifractionnement) mais pour<br />
les T2, les résultats étaient meilleurs pour les lésions <strong>de</strong> la margelle, 23/25, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s
l’épiglotte, 16/21. Spriano [82] comparait une série <strong>de</strong> 66 chirurgies partielles<br />
horizontales avec 100 irradiations exclusives avec <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> survie sans évolution<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> préservation laryngée à 5 ans sensiblement supérieurs avec la chirurgie<br />
(respectivement 88 % <strong>et</strong> 95 % contre 76 % <strong>et</strong> 72 % pour la radiothérapie). Le même<br />
auteur rapportait quelques années plus tard sur la série radiothérapique [83], en<br />
notant également une amélioration <strong>de</strong>s résultats en cas d’irradiation<br />
hyperfractionnée, <strong>de</strong> même que Wang [84], mais uniquement pour les T2 pour c<strong>et</strong><br />
auteur.<br />
En ce qui concerne les tumeurs glottiques, il est incontestable que la<br />
radiothérapie obtient <strong>de</strong>s résultats tout à fait remarquables pour les tumeurs<br />
classées T1, avec un contrôle local autour <strong>de</strong> 90 %, qui se maintiennent à long terme<br />
dans les évaluations à 10 ans [85]. Lorsque les cas traités par irradiation du fait <strong>de</strong><br />
contre-indications à la chirurgie sont exclus <strong>de</strong> l’analyse, les résultats sont<br />
similaires à ceux <strong>de</strong> la chirurgie en termes <strong>de</strong> contrôle local [86]. Les tumeurs T2<br />
sont moins bien contrôlées. La radiothérapie accélérée ne semble pas apporter<br />
d’amélioration significative [87]. En revanche, l’irradiation bifractionnée semble<br />
mieux contrôler les tumeurs classées T2 que l’irradiation conventionnelle [88].<br />
Une étu<strong>de</strong> japonaise [89] a étudié à 10 ans le contrôle local <strong>de</strong>s tumeurs T1-<br />
T2 laryngées. Le meilleur contrôle est obtenu pour les T1 glottiques (76 %), le plus<br />
mauvais pour les T2 sus-glottiques (59 %) avec un résultat intermédiaire pour les T2<br />
glottiques <strong>et</strong> les T1 sus-glottiques (67 <strong>et</strong> 69 %).<br />
Enfin, toutes les étu<strong>de</strong>s s’accor<strong>de</strong>nt à considérer que le rattrapage chirurgical<br />
(notamment en chirurgie partielle) est plus difficile pour les T2 que pour les T1 <strong>et</strong><br />
pour les tumeurs sus-glottiques que pour les tumeurs glottiques.<br />
113
2-Tumeurs localement avancées (T3 <strong>et</strong> T4)<br />
Le traitement endoscopique n’a pas, à notre avis <strong>et</strong> dans notre expérience, <strong>de</strong><br />
place à visée curative.<br />
Pour <strong>de</strong>s tumeurs aussi étendues, il est en revanche possible <strong>de</strong> proposer une<br />
chirurgie endoscopique <strong>de</strong> désobstruction tumorale. Celle-ci évite la réalisation<br />
d’une trachéotomie <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> laisser du temps pour compléter le bilan<br />
d’extension.<br />
a-Chirurgie supracricoïdienne<br />
Elle est <strong>de</strong> réalisation moins fréquente. Il s’agit d’indications sélectionnées <strong>et</strong><br />
dont le sta<strong>de</strong> T3 est en rapport avec la fixité glottique selon la classification T. Il est<br />
important que l’aryténoï<strong>de</strong> soit encore mobile pour réaliser c<strong>et</strong>te chirurgie dont les<br />
résultats sont alors comparables avec ceux obtenus pour <strong>de</strong>s tumeurs T2 [90, 91].<br />
b-Laryngectomie totale<br />
Elle conserve toute sa place malgré le développement <strong>de</strong>s protocoles <strong>de</strong><br />
préservation laryngée. Elle est indiquée lorsque le larynx est fixé, que la tumeur<br />
présente une infiltration profon<strong>de</strong> <strong>et</strong> massive dans la loge pré-épiglottique, vers la<br />
sous-glotte ou en <strong>de</strong>hors du larynx. Elle est encore réalisée <strong>de</strong> première intention<br />
lorsque la tumeur est obstructive <strong>et</strong>/ou lorsqu’il existe une contre-indication à la<br />
chimiothérapie.<br />
Les résultats <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te chirurgie sont caractérisés par un bon contrôle local<br />
mais une survie moins favorable, en rapport avec l’évolution <strong>de</strong> la maladie. Dans une<br />
série du Centre Oscar Lambert portant sur 254 patients, le contrôle local est <strong>de</strong> 88 %<br />
mais la survie <strong>de</strong> 48 % à 5 ans [36].<br />
c-Radiothérapie<br />
Les résultats <strong>de</strong> la radiothérapie exclusive sur les tumeurs T3-T4 du larynx<br />
sont difficiles à évaluer correctement, en l’absence d’une étu<strong>de</strong> randomisée<br />
comparant c<strong>et</strong>te radiothérapie à la laryngectomie sur <strong>de</strong>s sélections <strong>de</strong> patients<br />
114
i<strong>de</strong>ntiques. Les séries radiothérapiques, mélangent soit <strong>de</strong>s traitements à visée<br />
curative <strong>et</strong> <strong>de</strong>s traitements à visée palliative, soit portent sur <strong>de</strong>s séries très limitées<br />
en nombre <strong>et</strong>/ou très sélectionnées. Globalement, le contrôle annoncé à 5 ans se<br />
situe, en fonction du ratio sus-glotte/glotte, du ratio T3/T4, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s paramètres<br />
ayant déterminé la classification T, entre 40 <strong>et</strong> 60 %. [92, 93] Si ces chiffres sont<br />
inférieurs à ceux obtenus par la chirurgie radicale, ils ne peuvent toutefois pas être<br />
négligés <strong>et</strong> sont obtenus, rappelons-le, sur <strong>de</strong>s populations moins sélectionnées. Il y<br />
a peu d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modification du fractionnement <strong>de</strong> la radiothérapie qui aient porté<br />
spécifiquement sur les tumeurs laryngées. L’étu<strong>de</strong> Continuous Hyperfractionated<br />
and Accelerated Radiation Therapy (CHART), qui distribuait trois séances <strong>de</strong><br />
radiothérapie quotidiennes 12 jours <strong>de</strong> suite (incluant les week-ends), est l’une <strong>de</strong>s<br />
rares a avoir montré une amélioration du contrôle local pour les tumeurs laryngées<br />
classées T3-T4 [94]. La plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s portant sur l’ensemble <strong>de</strong>s VADS font<br />
état d’une amélioration <strong>de</strong>s résultats avec le bifractionnement ou l’irradiation<br />
incluant un concomitant boost mais sans qu’il soit possible d’apprécier ces résultats<br />
sur le sous-groupe « larynx » d’une part, <strong>et</strong> au prix d’une toxicité immédiate <strong>et</strong><br />
tardive plus élevée. La mise à jour <strong>de</strong> la méta-analyse [63] confirme l’amélioration<br />
<strong>de</strong>s résultats avec une chimiothérapie concomitante à la radiothérapie, entre autres<br />
pour les tumeurs laryngées. Enfin, il faut rappeler les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
préservation laryngée du RTOG [70].Le bras « radiothérapie exclusive » ne différait<br />
pas significativement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres bras (« chimiothérapie d’induction » <strong>et</strong> «<br />
chimiothérapie concomitante ») en termes <strong>de</strong> survie globale (59 %) ou <strong>de</strong> survie avec<br />
larynx (37 %) à 5 ans, mais il faut souligner qu’il s’agit <strong>de</strong> résultats préliminaires <strong>et</strong><br />
portant sur une population <strong>de</strong> tumeurs essentiellement supraglottiques (susglotte <strong>et</strong><br />
margelle) <strong>et</strong> que les tumeurs très infiltrantes (transglottiques <strong>et</strong> T4) n’étaient pas<br />
incluables. Le bras « chimiothérapie d’induction » ayant été auparavant comparé à la<br />
chirurgie dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Vétérans [66] sans que la différence en termes <strong>de</strong> survie<br />
115
soit différente, on pourrait extrapoler que sur c<strong>et</strong>te sélection <strong>de</strong> patients, la<br />
radiothérapie exclusive puisse obtenir <strong>de</strong>s résultats relativement comparables, mais<br />
en insistant sur le fait que ce n’est qu’une extrapolation <strong>et</strong> que si l’on considère la<br />
<strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s tumeurs incluses dans les <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s Nord-Américaines, bon<br />
nombre d’entre elles auraient été traitées en France par chirurgie partielle<br />
supraglottique ou supracricoïdienne avec les résultats énoncés ci-<strong>de</strong>ssus.<br />
VI-Complications<br />
A-Chirurgicales [25, 95, 96]<br />
Les complications immédiates pouvant se voir sont :<br />
§ L’hématome ou l’hémorragie extériorisée par la bouche.<br />
§ La gêne respiratoire<br />
§ L’emphysème sous cutané<br />
§ La désunion <strong>de</strong>s sutures<br />
Les complications plus tardives sont :<br />
-Les troubles <strong>de</strong> déglutition<br />
-Les fistules salivaires ou pharyngostomes : Certains facteurs<br />
prédisposeraient à c<strong>et</strong>te complication, qui est la plus fréquent après laryngectomie<br />
totale : la radiothérapie neo-adjuvante, une trachéotomie existante, le curage<br />
ganglionnaire simultané, l’absence d’antibioprophylaxie, la technique <strong>de</strong> ferm<strong>et</strong>ure<br />
pharyngée, les berges <strong>de</strong> résection positives <strong>et</strong> un statut nutritionnel défectueux.<br />
Elle se déclare habituellement entre le 4° <strong>et</strong> le 7° jour post chirurgie. Un fébricule,<br />
une o<strong>de</strong>ur nauséabon<strong>de</strong>, un œdème cutané, <strong>de</strong> la salive au niveau du drain<br />
d’aspiration ou la douleur à la palpation du cou doivent alerter le chirurgien.<br />
L’infection <strong>de</strong> la plaie est souvent le résultat d’une contamination pharyngée ou<br />
bronchique. Les patients dont l’hygiène bucco-<strong>de</strong>ntaire est défectueuse doivent par<br />
116
ailleurs, consulter un <strong>de</strong>ntiste pour éviter les complications infectieuses dues aux<br />
caries <strong>et</strong> aux parodontites.<br />
-Après chirurgie partielle, les résultats fonctionnels dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’importance <strong>de</strong> la résection chirurgicale. Apres cor<strong>de</strong>ctomie, les résultats sont<br />
satisfaisants pour la phonation, excellents pour la déglutition <strong>et</strong> la respiration. Pour<br />
les autres laryngectomies partielles, la voix obtenue n’est pas toujours suffisamment<br />
claire <strong>et</strong> intelligible pour perm<strong>et</strong>tre une réinsertion professionnelle lorsque les<br />
exigences vocales sont importantes. Peuvent persister aussi <strong>de</strong>s fausses-voutes<br />
alimentaires discrètes mais permanentes surtout aux liqui<strong>de</strong>s, sans complications<br />
pulmonaires.<br />
-Après laryngectomie totale, les séquelles alimentaires sont rares car la<br />
majeure partie <strong>de</strong> la muqueuse pharyngée est conservée. Les sténoses <strong>de</strong><br />
l’entonnoir pharyngé sont <strong>de</strong> ce fait très fréquentes. Le problème respiratoire est<br />
réglé par une trachéostomie définitive. La principale séquelle est la mutilation<br />
vocale. Une rééducation post-operatoire par voie œsophagienne perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
compenser avec <strong>de</strong>s résultats qui sont fonction d’un certain nombre d’éléments : la<br />
motivation <strong>de</strong> la patiente, son âge, son environnement familial <strong>et</strong> socioculturel <strong>et</strong> sa<br />
nervosité. L’apparition <strong>de</strong>s prothèses phonatoire a notablement enrichi les<br />
possibilités <strong>de</strong> réhabilitation vocale, elles perm<strong>et</strong>tent d’obtenir une voix <strong>de</strong> très<br />
bonne qualité dans environ 60% <strong>de</strong>s cas, avec néanmoins <strong>de</strong>s soins réguliers.<br />
-Les séquelles <strong>de</strong>s curages cervicaux sont essentiellement représentées par<br />
les troubles moteurs <strong>et</strong> sensitifs <strong>de</strong> l’épaule <strong>et</strong> du membre supérieur par section<br />
nerveuse, en particulier le nerf spinal. Le dysfonctionnement <strong>de</strong> l’épaule peut<br />
apparaître après 4 à 12 mois du curage ganglionnaire. La paralysie du nerf<br />
phrénique se voit en cas d’erreur technique. En eff<strong>et</strong>, ce nerf peut être lésé lors <strong>de</strong> la<br />
dissection <strong>de</strong> la partie inferieure du cou. Les fistules chyleuses surviennent elles<br />
117
aussi après erreur technique ; le chirurgien pouvant sectionner la paroi du canal<br />
thoracique lors <strong>de</strong> la ligature après curage ganglionnaire.<br />
Dans notre étu<strong>de</strong>, les complications étaient surtout <strong>de</strong>s infections locales <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s pharyngostomes qui ont bien évolué après traitement.<br />
B-Complications <strong>de</strong> la radiothérapie [96, 97, 98]<br />
Après radiothérapie exclusive, les séquelles dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’importance du<br />
champ d’irradiation. Pour <strong>de</strong>s tumeurs limitées à l’étage glottique, les résultats<br />
fonctionnels sont habituellement satisfaisants. Au contraire après radiothérapie par<br />
<strong>de</strong>s grands champs pour <strong>de</strong>s tumeurs étendues du larynx, les séquelles sont plus<br />
fréquentes à type d’œdème <strong>et</strong> d’asialie par exemple.<br />
Néanmoins les séquelles majeures sont peu fréquentes <strong>et</strong> représentées par la<br />
sclérose cervicale <strong>et</strong>, plus rarement, par une nécrose thyroïdienne imposant à elle<br />
seule une laryngectomie totale.<br />
Les complications minimes sont : les mucites <strong>et</strong> radio<strong>de</strong>rmites, <strong>et</strong> la candidose<br />
oropharyngée. Des complications plus graves peuvent se voir quand la radiothérapie<br />
est post-chirurgicale.<br />
Radionécroses <strong>et</strong> sténoses laryngées, nécroses cutanées étendues,<br />
radionécrose claviculaire <strong>et</strong> mandibulaire peuvent s’observer, surtout lorsque les<br />
doses d’irradiation sont élevées (60 Gy).<br />
Une hypothyroïdie [114] doit toujours être recherchée biologiquement après<br />
résection partielle thyroïdienne <strong>et</strong>/ou irradiation <strong>et</strong> doit être corrigée.<br />
Dans notre étu<strong>de</strong>, les complications les plus fréquentes <strong>de</strong> la radiothérapie<br />
étaient bénignes (<strong>de</strong>rmites <strong>et</strong> mucites).<br />
118
VII-Pronostic <strong>et</strong> surveillance :<br />
A-Pronostic<br />
Tout sta<strong>de</strong> <strong>et</strong> toute localisation confondus, le pronostic est globalement <strong>de</strong><br />
50% à 60% <strong>de</strong> survie à 5 ans, mais il varie en fonction :<br />
-Du site tumoral : les cancers <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale ont la meilleure survie [99], <strong>de</strong><br />
l’ordre <strong>de</strong> 70% à 5 ans pour l’ensemble <strong>de</strong>s tumeurs du plan glottique, <strong>et</strong> jusqu'à<br />
plus <strong>de</strong> 90% à 5 ans pour les cancers très limités <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales. Les cancers<br />
sus-glottiques ont un pourcentage <strong>de</strong> survie <strong>de</strong> 50 à 60% à 5 ans. Les cancers sous-<br />
glottiques ont un pronostic plus sombre : moins <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong> survie à 5 ans.<br />
-Pour le sexe <strong>de</strong>s patients, les avis sont partagés :<br />
Cattaruzza <strong>et</strong> d’autres auteurs [5, 16] notent que les femmes ont un meilleur taux<br />
<strong>de</strong> survie à 5 ans que les hommes à un même sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladie, surtout lorsque la<br />
tumeur <strong>et</strong> diagnostiquée à un sta<strong>de</strong> précoce.<br />
Shvero [16], Robbins [100] <strong>et</strong> Kokoska [17] sont d’un autre avis :<br />
Shvero [16] ne r<strong>et</strong>rouve pas <strong>de</strong> différence pronostique entre les <strong>de</strong>ux sexes.<br />
Robbins [100] a comparé les résultats thérapeutiques obtenus chez 161 patientes<br />
présentant un cancer du larynx avec ceux d’un groupe apparié d’hommes. Aucune<br />
différence significative n’existait entre les <strong>de</strong>ux groupes en ce qui concernait la<br />
survie sans récidive, la curabilité locale <strong>et</strong> régionale ainsi que les séquences <strong>de</strong><br />
récidives, Kokoska [17] quant à lui, note que le taux <strong>de</strong> survie à 5 ans est relié <strong>de</strong><br />
manière significative à différents paramètres suivant le sexe <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s : chez les<br />
femmes, ces paramètres sont : l’âge, la sévérité <strong>de</strong>s symptômes <strong>et</strong> la comorbidité ;<br />
tandis que pour les hommes, le site anatomique, le sta<strong>de</strong> TNM, l’âge <strong>et</strong> la<br />
comorbidité sont autant <strong>de</strong> critères reliés à la survie <strong>de</strong>s patients.<br />
119
-Données histologiques <strong>de</strong> la pièce opératoire [101, 102] : valeur péjorative <strong>de</strong><br />
l’envahissement <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> résection <strong>et</strong> <strong>de</strong> la présence d’adénopathies en<br />
rupture capsulaire. Les patients avec berges <strong>de</strong> résection histologiquement saines<br />
ont un meilleur pronostic que les autres. De plus, <strong>de</strong>s marqueurs moléculaires ont<br />
été i<strong>de</strong>ntifiés récemment : la protéine P53 <strong>et</strong> le proto-oncogène eIF4E, leur<br />
surexpression au niveau <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong> résection, même histologiquement saines,<br />
est corrélée à la récidive tumorale locale. La récidive tumorale est <strong>de</strong> mauvais<br />
pronostic [103].<br />
-Volume tumoral<br />
-Atteinte ganglionnaire<br />
B-Surveillance<br />
Une surveillance clinique (est au moindre doute endoscopique) est effectuée<br />
régulièrement (tous les mois au début) en consultation. Un cliché thoracique sera<br />
également pratiqué <strong>de</strong> façon régulière.<br />
Il faudra rechercher :<br />
• Une récidive tumorale <strong>et</strong> /ou ganglionnaire cliniquement, voire à la TDM<br />
[104,105]<br />
• Une secon<strong>de</strong> localisation au niveau <strong>de</strong> VADS (surtout pour les fumeurs)<br />
• Une métastase viscérale, qui survient tardivement chez les patients N+<br />
surtout. Sa fréquence varie <strong>de</strong> 1,3 à 4,1% selon la littérature. Les sites les plus<br />
fréquents sont : le poumon, le foie <strong>et</strong> les os [106, 107]<br />
• Une complication du ou <strong>de</strong>s traitements, notamment <strong>de</strong> la radiothérapie.<br />
120
VIII-Qualité <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> Réhabilitation vocale [108, 109]<br />
Chez les patients traités par laryngectomie totale, certaines mesures<br />
complémentaires peuvent être envisagées :<br />
-Un soutien psychologique<br />
-Une réhabilitation vocale perm<strong>et</strong>tant d’éviter l’isolement relationnel, d’autant<br />
plus important dans notre contexte socioculturel <strong>et</strong> qui plus est pour les femmes.<br />
Plusieurs métho<strong>de</strong>s peuvent être proposées : la voie œsophagienne, la fistule ou<br />
prothèse phonatoire trachée-œsophagienne <strong>et</strong> le larynx électrique<br />
La voix œsophagienne (Fig. 40) :<br />
Après une laryngectomie, le flux aérien pénètre <strong>et</strong> sort <strong>de</strong>s poumons par une<br />
ouverture permanente : le trachéostome. Les cor<strong>de</strong>s vocales étant absentes, rien ne<br />
vibre lors du passage <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> aucun son n’est produit. La voix œsophagienne est<br />
une technique qui perm<strong>et</strong> au patient laryngectomisé <strong>de</strong> récupérer une fonction<br />
vocale. Le mala<strong>de</strong> avale <strong>de</strong> l’air (dans l’estomac) qui fera vibrer les parois <strong>de</strong><br />
l’œsophage en ressortant (comme une éructation contrôlée). Ceci produit un son qui<br />
sera ensuite articulé par le palais, la langue <strong>et</strong> les lèvres pour donner <strong>de</strong>s mots<br />
compréhensibles. Les avantages <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te technique sont qu’elle ne nécessite pas<br />
d’appareillage spécial ni d’autres opération <strong>et</strong>, est d’apprentissage facile.<br />
L’inconvénient majeur <strong>de</strong> la voix œsophagienne est que le son produit est ru<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
grossier, <strong>et</strong> se limite souvent à <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its fragments <strong>de</strong> phrase à la fois (car il faut<br />
reprendre <strong>de</strong> l’air).<br />
La voix trachéo-œsophagienne (Fig. 41) :<br />
Le principe <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te technique ressemble à celui <strong>de</strong> la voix œsophagienne<br />
(vibrations <strong>de</strong>s parois œsophagienne) avec comme différence la provenance <strong>de</strong> l’air<br />
qui, ici, vient <strong>de</strong>s poumons. En eff<strong>et</strong>, pour faire passer l’air dans l’œsophage, on crée<br />
une p<strong>et</strong>ite fistule entre la trachée <strong>et</strong> celui-ci, soit lors <strong>de</strong> la laryngectomie ou plus<br />
121
tard. Une prothèse sous forme d’un p<strong>et</strong>it tube comprenant une valve, est placée<br />
dans la fistule pour la maintenir ouverte <strong>et</strong> empêcher les aliments ingérés <strong>de</strong> passer<br />
dans l’arbre bronchique. Pour parler, le patient doit boucher le trachéostome avec<br />
son doigt avant d’expirer, faisant ainsi passer l’air par la prothèse dans l’œsophage.<br />
Le son produit sera mo<strong>de</strong>lé par le palais, la langue <strong>et</strong> les lèvres pour former <strong>de</strong>s<br />
mots. Les avantages <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> sont une meilleure qualité du sang qui se<br />
rapproche plus laryngée <strong>et</strong>, la longueur <strong>de</strong>s phrases permises (l’air provenant <strong>de</strong>s<br />
poumons <strong>et</strong> non <strong>de</strong> l’estomac). Les inconvénients : certains patients ne peuvent<br />
bénéficier <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te technique car les parois <strong>de</strong> leur œsophage sont trop serrées <strong>et</strong> ne<br />
laisse pas passer suffisamment d’air pour produire un son. Un test œsophagien doit<br />
donc être pratiqué avant la décision <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te technique pour en limiter les échecs.<br />
Les autres inconvénients sont le risque <strong>de</strong> passage d’aliments dans la trachée par la<br />
fistule, le risque <strong>de</strong> migration <strong>de</strong> la prothèse, <strong>et</strong> la nécessité <strong>de</strong> la r<strong>et</strong>irer <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
n<strong>et</strong>toyer périodiquement.<br />
L’electrolarynx (Fig. 42) :<br />
C’est un dispositif <strong>de</strong> la taille d’un p<strong>et</strong>it rasoir électrique, qui possè<strong>de</strong> un<br />
diaphragme vibrant fonctionnant lorsque le patient appuie sur un bouton situé sur<br />
l’appareil. Placé au contact du cou, l’electrolarynx (ou vibrolarynx) reproduit la<br />
vibration <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales <strong>et</strong> le patient articule grâce à son palais, sa langue <strong>et</strong> ses<br />
lèvres.<br />
Les avantages <strong>de</strong> ce procédé : le patient peut faire <strong>de</strong> longues phrases<br />
compréhensibles <strong>et</strong> aucun soin n’est nécessaire. Une version intra-orale est<br />
disponible. Les inconvénients sont une voix mécanique <strong>et</strong> la nécessité d’une<br />
comman<strong>de</strong> manuelle <strong>de</strong> l’appareil.<br />
122
Fig. 40 : voix œsophagienne<br />
[110]<br />
Fig. 42: electrolarynx<br />
Fig.41 : voix trachéo-œsophagienne<br />
[110]<br />
123<br />
[110]
ANNEXES<br />
124
ANNEXE I<br />
-I<strong>de</strong>ntité :<br />
Nom :<br />
Prénom :<br />
N.O :<br />
N.E :<br />
Age :<br />
Origine :<br />
Statut marital :<br />
FICHE D’EXPLOITATION<br />
« CANCER DU LARYNX CHEZ LA FEMME »<br />
célibataire¤ mariée¤ divorcée¤ veuve¤<br />
Lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce :<br />
-Antécé<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> facteurs <strong>de</strong> risques :<br />
Habitu<strong>de</strong>s toxiques :<br />
Tabagisme :<br />
Actif : paqu<strong>et</strong>s/année<br />
Passif :<br />
Alcoolisme :<br />
Irradiation cervicale :<br />
Profession à risque:<br />
Malmenage vocal : chanteuse¤ professeur¤<br />
Commerçante ambulatoire¤ autres :<br />
Exposition chimique : charbon ou fumées <strong>de</strong> bois¤ amiante¤<br />
Niveau socio-économique :<br />
Hygiène bucco<strong>de</strong>ntaire :<br />
Nutrition :<br />
Céréales :<br />
Huile d’olive :<br />
Fruits :<br />
Légumes verts :<br />
Laryngites chroniques <strong>et</strong> lésion <strong>de</strong> dysplasie :<br />
Facteurs hormonaux :<br />
Ménarche :<br />
Grossesse :<br />
nickel¤ chrome¤ ciment¤ autres :<br />
125
Contraception orale :<br />
Ménopause :<br />
Traitement hormonal substitutif <strong>de</strong> la ménopause :<br />
Facteurs viraux : sérologie HPV<br />
Cas familiaux <strong>de</strong> cancer :<br />
Pathologie associée : RGO<br />
-Délais <strong>de</strong> consultation :<br />
-Signes fonctionnels :<br />
Dysphonie :<br />
Dyspnée :<br />
Dysphagie :<br />
Tuméfactions latéro-cervicales :<br />
Autres :<br />
Signes généraux : AEG<br />
-Signes physiques :<br />
Laryngoscopie :<br />
Aires ganglionnaires cervicales :<br />
Hépatomégalie :<br />
Splénomégalie :<br />
Autres :<br />
-Anatomo-pathologie :<br />
-Bilan d’extension <strong>et</strong> classification :<br />
Bilan d’extension locorégionale:<br />
TDM:<br />
IRM:<br />
Panendoscopie:<br />
Bilan d’extension générale :<br />
Autres localisations tumorales<br />
Amaigrissement : chiffré…..Kg/<br />
Radiographie pulmonaire :<br />
Echographie abdominale :<br />
Autres :<br />
Classification :<br />
-Traitement :<br />
Trachéotomie :<br />
126<br />
Non chiffré
Chirurgie :<br />
-Evolution :<br />
-Recul :<br />
Chirurgie tumorale :<br />
Laryngectomie partielle : type :<br />
Laryngectomie totale +/- E :<br />
Chirurgie ganglionnaire :<br />
Examen anatomopathologique <strong>de</strong> la pièce opératoire<br />
Radiothérapie :<br />
Limites <strong>de</strong> résection :<br />
Adénopathies :<br />
Protocole<br />
Nombres <strong>de</strong> ganglions+/nombres <strong>de</strong> ganglions prélevés :<br />
Embols vasculaires :<br />
Ruptures capsulaires :<br />
Dose <strong>et</strong> volume cible:<br />
Champs :<br />
Complications :<br />
Chimiothérapie :<br />
Protocoles :<br />
Médicaments <strong>et</strong> leurs doses :<br />
Nombres <strong>de</strong> cures :<br />
Réponse :<br />
Eff<strong>et</strong>s secondaires :<br />
Réhabilitation orthophonique :<br />
Suivi psychologique :<br />
Immédiate :<br />
Infection :<br />
Lymphorrhée :<br />
Pharyngostome :<br />
A long terme :<br />
Récidive :<br />
Délais :<br />
Traitement :<br />
Réponse :<br />
Métastase :<br />
Siége :<br />
Traitement :<br />
Réponse :<br />
127
ANNEXE II<br />
CLASSIFICATION TNM<br />
(CANCER DU LARYNX) - UICC 2002<br />
La classification TNM est établie sur la base <strong>de</strong> données cliniques <strong>et</strong><br />
paracliniques notamment scanographiques.<br />
I- T : Tumeur primitive<br />
3 localisations anatomiques sont distinguées :<br />
-Larynx sus ou supraglottique (épiglotte suprahyoïdienne, replis aryépiglottiques,<br />
aryténoï<strong>de</strong>s, épiglotte infrahyoïdienne, ban<strong>de</strong>s ventriculaires, ventricules).<br />
-Glotte (cor<strong>de</strong>s vocales, commissures antérieure <strong>et</strong> postérieure.<br />
-Larynx sous-glottique (bord inférieur cor<strong>de</strong> vocale, premier anneau trachéal).<br />
Pour les 3 localisations :<br />
TX Tumeur primitive non évaluable<br />
T0 Tumeur non détectable<br />
Tis Carcinome in situ.<br />
A-Larynx sus-glottique<br />
T1<br />
T2<br />
T3<br />
T4a<br />
T4b<br />
Tumeur limitée à une sous-localisation <strong>de</strong> l'étage sus-<br />
glottique avec mobilité normale <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales<br />
Tumeur envahissant plus d'une sous-localisation <strong>de</strong> l'étage<br />
sus-glottique ou glottique ou extraglottique (ex muqueuse <strong>de</strong><br />
la base <strong>de</strong> langue, vallécule, paroi interne du sinus piriforme)<br />
avec mobilité normale <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales<br />
Tumeur limitée au larynx avec fixation glottique <strong>et</strong>/ou<br />
envahissement <strong>de</strong> la région rétro-cricoï<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la paroi interne<br />
du sinus piriforme, <strong>de</strong> la loge pré-épiglottique ou <strong>de</strong> la partie<br />
profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> la langue<br />
Tumeur atteignant le cartilage thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong>/ou envahissant les<br />
tissus extra-laryngés (trachée, tissus mous du cou y compris<br />
les muscles profonds ou extrinséques <strong>de</strong> la langue), les<br />
muscles sous-hyoïdiens, la glan<strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> l'œsophage<br />
Tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures<br />
médiastinales, ou englobant l'artère caroti<strong>de</strong>.<br />
128
B-Glotte<br />
T1<br />
T2<br />
T3<br />
T4a<br />
T4b<br />
Tumeur limitée à une (aux) cor<strong>de</strong>(s) vocale(s) (pouvant<br />
atteindre la commissure antérieure ou postérieure) avec une<br />
mobilité normale<br />
Tumeur étendue à l'étage sus glottique <strong>et</strong>/ou au larynx sous<br />
glottique, <strong>et</strong>/ou avec diminution <strong>de</strong> la mobilité <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong><br />
vocale<br />
Tumeur limitée au larynx avec fixation <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> vocale <strong>et</strong><br />
/ou envahissant l'espace para-glottique <strong>et</strong>/ou avec lyse minima<br />
du cartilage thyroï<strong>de</strong> (corticale interne)<br />
Tumeur envahissant le cartilage thyroï<strong>de</strong> ou les tissus<br />
extralaryngés (tissus mous du cou notamment la musculature<br />
profon<strong>de</strong> <strong>et</strong> extrinsèque <strong>de</strong> la langue), les muscles sous-<br />
hyoïdiens, la glan<strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong> <strong>et</strong> l'œsophage.<br />
Tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures<br />
médiastinales, ou englobant l'artère caroti<strong>de</strong>.<br />
C-Larynx sous-glottique<br />
T1 Tumeur limitée au larynx sous glottique<br />
T2<br />
Tumeur étendue à une (aux) cor<strong>de</strong>(s) vocale(s) avec une<br />
mobilité normale ou diminuée<br />
T3 Tumeur limitée au larynx avec fixation d'une cor<strong>de</strong> vocale<br />
T4a<br />
T4b<br />
Tumeur étendue au cartilage cricoï<strong>de</strong> ou thyroï<strong>de</strong>, <strong>et</strong>/ou les<br />
tissus extralaryngés (tissus mous du cou notamment la<br />
musculature profon<strong>de</strong> <strong>et</strong> extrinsèque <strong>de</strong> la langue), les muscles<br />
sous-hyoïdiens, la glan<strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong>, <strong>et</strong> l'œsophage<br />
Tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures<br />
médiastinales, ou englobant l'artère caroti<strong>de</strong>.<br />
129
II- N : Ganglions<br />
N0 Pas <strong>de</strong> signe d'atteinte <strong>de</strong>s ganglions lymphatiques régionaux<br />
N1<br />
N2<br />
N2a<br />
Métastase dans un seul ganglion lymphatique homolatéral < 3<br />
cm dans sa plus gran<strong>de</strong> dimension<br />
Métastase unique dans un seul ganglion lymphatique régional<br />
homolatéral > 3 cm <strong>et</strong> < 6 cm dans sa plus gran<strong>de</strong> dimension,<br />
ou métastases ganglionnaires multiples toutes < 6 cm<br />
Métastase dans un seul ganglion lymphatique > 3 cm mais < 6<br />
cm<br />
N2b Métastases homolatérales multiples toutes < 6 cm<br />
N2c Métastases bilatérales ou controlatérales < 6 cm<br />
N3<br />
Métastase dans un ganglion lymphatique > 6 cm dans sa plus<br />
gran<strong>de</strong> dimension<br />
III- M : Métastases à distance<br />
M0 : Pas <strong>de</strong> métastase à distance<br />
M1 : Présence <strong>de</strong> métastase(s) à distance.<br />
130
ANNEXE III<br />
STADIFICATION DU CANCERS DU LARYNX PUBLIEE PAR L’AJCC<br />
2002<br />
(AMERICAN JOINT COMITTE ON CANCER)<br />
Sta<strong>de</strong> Tumeur«T» Ganglions«N» Métastase«M»<br />
Tis<br />
I T1<br />
II T2<br />
IIIa T3<br />
131<br />
N0<br />
IIb T1 T2 T3 N1<br />
IVa<br />
IVb<br />
T1 T2 T3 N2 M0<br />
T4a N0 N1 N2<br />
Tous T<br />
T4b<br />
N2<br />
N0 N1 N2<br />
N3<br />
Tous N<br />
M0<br />
IVc Tous T Tous N M1
RESUME<br />
Le cancer du larynx est une tumeur fréquente chez l’homme, mais qui reste<br />
rare chez la femme.<br />
Notre travail est une étu<strong>de</strong> rétrospective allant <strong>de</strong> janvier 2003 à décembre<br />
2007, elle porte sur 11 cas <strong>de</strong> cancers du larynx chez la femme prises en charge au<br />
service d’oto-rhino-laryngologie <strong>de</strong> l’hôpital OMAR DRISSI <strong>de</strong> <strong>Fès</strong>.<br />
L’âge moyen <strong>de</strong> nos patientes était <strong>de</strong> 51 ans, on r<strong>et</strong>rouve chez 3patientes un<br />
tabagisme passif important avec une moyenne <strong>de</strong> 10 paqu<strong>et</strong>s-années, aucune<br />
patiente ne rapporte <strong>de</strong> tabagisme actif. La notion d’exposition à la fumée <strong>de</strong>s fours<br />
<strong>de</strong> bois est r<strong>et</strong>rouvée chez 5 patientes, toutes originaires du milieu rural.<br />
Le délai entre l’apparition <strong>de</strong>s premiers signes cliniques <strong>et</strong> la consultation <strong>et</strong>ait<br />
en moyenne <strong>de</strong> 9mois. La dysphonie <strong>et</strong>ait le signe révélateur chez 9 patientes,<br />
associé le plus souvent au cours <strong>de</strong> l’évolution à une dyspnée. La dysphagie comme<br />
signe révélateur est r<strong>et</strong>rouvé dans seulement <strong>de</strong>ux cas. Toutes les patientes ont<br />
bénéficiés <strong>de</strong> façon systématique d’une endoscopie avec biopsie qui a confirmé le<br />
diagnostic d’un carcinome épi<strong>de</strong>rmoï<strong>de</strong> dans la majorité <strong>de</strong>s cas (10/11), un seul<br />
cas <strong>de</strong> LMNH), <strong>et</strong> d’une imagerie qui a précisé l’extension. On a remarqué que le<br />
sta<strong>de</strong> tumoral était avancé lors du diagnostic pour la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s patientes<br />
(Sta<strong>de</strong>4(a) : 6 patientes ).<br />
Le traitement a consisté en une association radio-chirurgicale dans 7 cas, une<br />
chirurgie seule dans un cas, une radiothérapie exclusive dans <strong>de</strong>ux cas, <strong>et</strong> une<br />
association radiochimiothérapie dans un cas.<br />
Chez nos 11 patientes, l’évolution était marquée par un contrôle<br />
carcinologique locorégional dans 6 cas, une patiente à présenté une récidive<br />
tumorale <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux patientes ont été perdues <strong>de</strong> vue. On déplore le décès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />
nos patientes.<br />
132
Notre étu<strong>de</strong> s’est heurtée aux problèmes communs à tout travail rétrospectif<br />
<strong>et</strong> au nombre limité <strong>de</strong>s patientes, mais elle a l’avantage d’être le point <strong>de</strong> départ<br />
d’autres étu<strong>de</strong>s sur une plus large série afin <strong>de</strong> repondre à la question essentielle :<br />
Quels sont les facteurs <strong>de</strong> risque chez les non fumeurs ?<br />
133
SUMMARY<br />
The laryngeal cancer is a common tumor in men, but still rare among women.<br />
Our work is a r<strong>et</strong>rospective study from January 2003 to December 2007, it involves<br />
11 cases of larynx cancer in women followed in our <strong>de</strong>partment of ENT at the<br />
hospital OMAR DRISSI of Fez.<br />
The mean age of our patients was 51 years, review of past medical historypointed<br />
out 3cases of important passive smoking with an average of 10 packs-years, no<br />
case of active smoking had been noted. The notion of exposure to smoke from<br />
burning wood is found in 5 patients, all our patients are of rural origin.<br />
The average duration b<strong>et</strong>ween the ons<strong>et</strong> of clinical signs and consultation was 9<br />
months. Dysphonia was the revealing clinical sign in 9 patients over 11, it’ is often<br />
associated with the evolution course of dyspnea. Dysphagia as telling sign is found<br />
in only two cases. All patients have benefited from endoscopy with biopsy, which<br />
confirmed the diagnosis of epi<strong>de</strong>rmoid carcinoma in most cases (10/11). Imagery<br />
allowed us to assess the extension, wich pointed out an advanced stages in most<br />
cases (Sta<strong>de</strong>4 (a): 6 patients ).<br />
The treatment consisted of a radio-surgical combination in 7 cases, surgery alone in<br />
one case, an exclusive radiotherapy in two cases, and an association<br />
radiochemothérapy in one case.<br />
The course was marked by a carcinological loco-regional control in 6 cases, one<br />
patient presented a tumor recurrence and two patients were lost of sight. We<br />
134
<strong>de</strong>plore the <strong>de</strong>ath of two patients.<br />
Our study has faced the problems common to all work back and the limited number<br />
of patients, but it has the advantage of being the starting point for further work on<br />
wi<strong>de</strong>r series, and having as purpose to bring answer for the most important<br />
question wich is “what are the risc factors of laryngeal cancer among the no<br />
smokers” .<br />
135
136<br />
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