Septembre - Nervure Journal de Psychiatrie
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LE JOURNAL<br />
LIVRES<br />
DE<br />
Supplément à NERVURE<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Psychiatrie</strong><br />
n° 6 - Tome XIV -<br />
<strong>Septembre</strong> 2001<br />
(ne peut être vendu séparément)<br />
Pour les mentions légales relatives au<br />
présent supplément consulter l’édi -<br />
tion <strong>de</strong> <strong>Nervure</strong>.<br />
Aux portes <strong>de</strong> la psychiatrie<br />
Pinel, l’Ancien et le Mo<strong>de</strong>rne<br />
Jackie Pigeaud<br />
Aubier<br />
Jackie Pigeaud se définit comme un antiquisant<br />
mais aussi comme un historien <strong>de</strong>s<br />
idées et <strong>de</strong> l’imaginaire. Il abor<strong>de</strong>, dans ce<br />
livre, la stratégie fondatrice <strong>de</strong> la psychiatrie<br />
tout en rendant hommage à ce qui revient<br />
à Gladys-Swain et Dora Weiner dans<br />
ce domaine. Pour cela, il tente <strong>de</strong> mesurer<br />
la culture initiale et la lisibilité <strong>de</strong> celui, et<br />
cela ne fait aucun doute pour lui, qui a été<br />
le fondateur <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine aliéniste. Le<br />
coup <strong>de</strong> force théorique mené par Pinel ne<br />
s’appuie sur aucune originalité. Il s’agit,<br />
simplement, d’une œuvre lisible qui se<br />
gar<strong>de</strong> bien d’approfondir mais propose une<br />
technique nouvelle qui ne s’inscrit pas dans<br />
les débats médicaux <strong>de</strong> l’époque. Elle est,<br />
en cela, « la démarche d’un timi<strong>de</strong> d’une<br />
gran<strong>de</strong> audace ». Pinel a été le premier historien<br />
<strong>de</strong> ce dont il a posé les fon<strong>de</strong>ments,<br />
à savoir la psychiatrie et fait partie <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />
qui pratiquent leur histoire.<br />
Jackie Pigeaud a une connaissance précise<br />
<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’antiquité, ce qui<br />
lui permet d’en indiquer la fonction dynamique<br />
dans l’annexion <strong>de</strong> la folie à la mé<strong>de</strong>cine,<br />
annexion dont certains doutent<br />
qu’elle ait été réussie. Mais cela est une<br />
autre histoire...<br />
G. Massé<br />
Psychologie clinique n° 11<br />
L’Harmattan<br />
Coordonné par Olivier Douville et Clau<strong>de</strong><br />
Wacjman, ce numéro insiste sur les dangers<br />
du réductionnisme en psychologie. La<br />
prétention <strong>de</strong> la toute puissance <strong>de</strong> tel ou<br />
tel modèle d’explication n’est pas loin <strong>de</strong><br />
conduire à un « continuum entre un totalitarisme<br />
scientifique, un totalitarisme sociopolitique<br />
et un totalitarisme religieux » (Serge<br />
Blon<strong>de</strong>au). Pour s’en prémunir, il est utile<br />
<strong>de</strong> rappeler les apports <strong>de</strong> la phénoménologie<br />
(Nadine Proia), <strong>de</strong> réinterroger la position<br />
<strong>de</strong> l’analyste (Regnier Pirard), mais<br />
aussi <strong>de</strong> se pencher sur l’émergence d’une<br />
nouvelle orientation <strong>de</strong> la psychologie clinique<br />
et sociale anglo-saxonne : on voit<br />
ainsi les américains sortir du behaviorisme<br />
et revaloriser la recherche qualitative (Marie<br />
Santiago-Delefosse). A signaler dans ce<br />
même numéro un article sur les enfantssoldats<br />
(Mouzayan Osseiran-Houballah) et<br />
un texte <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> Bernard Doray sur la problématique<br />
du traumatisme.<br />
M. Jaeger<br />
P eu<br />
après sa nomination comme mé<strong>de</strong>cin-chef<br />
à l’asile <strong>de</strong> Villejuif, Edouard<br />
Toulouse y installa, en 1898, un laboratoire<br />
<strong>de</strong> « psychologie expérimentale », inspiré,<br />
vraisemblablement, du laboratoire <strong>de</strong> « psychologie<br />
physiologique <strong>de</strong> la Sorbonne, principalement<br />
dans le but <strong>de</strong> « travailler à la<br />
détermination d’une métho<strong>de</strong> scientifique,<br />
rigoureuse et précise », qui lui manquait pour<br />
son Enquête médico-psychologique sur les<br />
rapports <strong>de</strong> la supériorité intellectuelle et <strong>de</strong><br />
la névropathie, dont le premier volume, consacré<br />
à Emile Zola, avait paru <strong>de</strong>ux ans plus<br />
tôt et pour laquelle il avait largement utilisé<br />
ce qu’on appelait alors, les mental tests. En<br />
1900, il sollicitera, et obtiendra par arrêté du<br />
1er août 1900, le rattachement <strong>de</strong> ce laboratoire<br />
à l’Ecole pratique <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s.<br />
A cette époque, Nicholas Vaschi<strong>de</strong> étant le<br />
chef <strong>de</strong>s travaux et Henri Piéron, le préparateur,<br />
J.-M. Lahy (1) commencera à participer<br />
aux recherches effectuées dans le laboratoire,<br />
d’abord avec le statut d’élève, ensuite,<br />
en 1907, au titre d’attaché, puis, en 1908, <strong>de</strong><br />
chef <strong>de</strong>s travaux, tout comme Henri Piéron.<br />
Nicolas Vaschi<strong>de</strong> quitta le laboratoire <strong>de</strong> psychologie<br />
expérimentale en 1907 et Henri Piéron,<br />
qui lui avait succédé comme chef <strong>de</strong>s<br />
travaux, s’en ira à son tour, après la mort, en<br />
1911, d’Alfred Binet, directeur du laboratoire<br />
<strong>de</strong> psychologie physiologique <strong>de</strong> la Sorbonne.<br />
Pour le remplacer J.-M. Lahy restera<br />
donc le seul collaborateur d’Edouard Toulouse<br />
au laboratoire <strong>de</strong> psychologie expérimentale.<br />
En 1924, Edouard Toulouse obtient la constitution<br />
d’un « service libre <strong>de</strong> prophylaxie<br />
mentale » à Sainte-Anne et institue sept laboratoires.<br />
J.-M. Lahy <strong>de</strong>vient chef du laboratoire<br />
<strong>de</strong> « psychologie et psychotechnique »,<br />
puis, après la création du laboratoire <strong>de</strong> psychotechnique<br />
<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Transports<br />
Parisiens (STCRP), le premier organisé dans<br />
une entreprise en France, il est promu directeur.<br />
Il est considéré, avec raison, comme le<br />
fondateur <strong>de</strong> la psychotechnique en France,<br />
un <strong>de</strong>s pionniers <strong>de</strong> la psychologie du travail,<br />
<strong>de</strong> l’ergonomie avant la lettre et <strong>de</strong><br />
l’orientation professionnelle.<br />
Au début <strong>de</strong> l’Occupation, alors que J.-M.<br />
Lahy s’était retiré dans le Midi, les autorités<br />
alleman<strong>de</strong>s entreprirent <strong>de</strong> faire main basse,<br />
dans tous les pays occupés, sur toutes sortes<br />
d’archives, aussi bien publiques que privées.<br />
Ainsi, furent spoliés ministères, organismes<br />
publics et privés, associations, partis politiques,<br />
syndicats, compagnies industrielles<br />
et commerciales, banques, congrégations religieuses,<br />
loges franc-maçonnes, mais aussi<br />
particuliers, hommes d’Etat, personnalités<br />
scientifiques, militaires, hommes d’affaires,<br />
hommes <strong>de</strong> lettres. Les archives du laboratoire<br />
<strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong> l’Ecole pratique <strong>de</strong>s<br />
Hautes Etu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> J.-M. Lahy (2) feront partie<br />
du lot.<br />
Lors <strong>de</strong> son avancée vers l’Ouest, l’armée<br />
rouge récupéra ces archives et elles furent<br />
transportées à Moscou. Leur classement et<br />
leur inventaire ne furent effectués que plus<br />
tard (août 1953, pour ce qui concerne les archives<br />
du laboratoire <strong>de</strong> « psychologie expérimentale<br />
», intitulé conservé par les archives<br />
soviétiques, bien que le laboratoire<br />
eût changé d’appellation).<br />
En 1993 (accord Dumas-Kozirev), le gouvernement<br />
français négocia, avec l’Etat russe,<br />
le rachat et le rapatriement en France <strong>de</strong>s précieux<br />
documents saisis sur son territoire.<br />
Si le retour <strong>de</strong>s archives officielles se fit sans<br />
trop <strong>de</strong> difficultés, il n’en fut pas <strong>de</strong> même<br />
<strong>de</strong>s archives dites « spéciales », instituées<br />
par le conseil <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong> l’URSS en<br />
1946, afin <strong>de</strong> centraliser les documents dispersés<br />
dans différents départements, dont faisaient<br />
partie les archives du laboratoire <strong>de</strong><br />
psychologie <strong>de</strong> Sainte-Anne et dont la restitution<br />
nécessita <strong>de</strong> nouvelles, difficiles et<br />
longues tractations, qui n’ont abouti que récemment.<br />
C’est ainsi que 69 cartons d’archives, provenant<br />
du laboratoire <strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong> Saint-<br />
Anne, sont revenus en France.<br />
Un seul <strong>de</strong> ces cartons a été rendu à Sainte-<br />
Anne, les 68 autres ayant été restitués aux<br />
petits-enfants <strong>de</strong> J.-M. Lahy, nés <strong>de</strong> son fils<br />
Pierre. Le carton reçu par Sainte-Anne a été<br />
solennellement remis au prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association<br />
<strong>de</strong>s amis du musée et du centre historique<br />
<strong>de</strong> Sainte-Anne, le professeur Daniel<br />
Frédy, le 21 février 2001.<br />
Ce carton constituait le fonds 189 et se compose<br />
<strong>de</strong> 17 dossiers, qui couvrent les années<br />
1911 à 1939. Voici le résumé <strong>de</strong> leur contenu.<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N°6 - SEPTEMBRE 2001 1<br />
Directeur <strong>de</strong> la publication et <strong>de</strong> la rédaction : G. Massé<br />
Rédacteur en chef : F. Caroli<br />
Collaborateurs : Ch. Paradas, S. Rampa, S. Tribolet<br />
Rédaction : Hôpital Sainte-Anne,<br />
1 rue Cabanis - 75014 Paris<br />
Tél. 01 45 65 83 09 - Fax 01 45 65 87 40<br />
Abonnements : 54 bd La Tour Maubourg - 75007 Paris<br />
Tél. 01 45 50 23 08 - Fax 01 45 55 60 80<br />
Commission paritaire n° 70088<br />
Marcel Tubiaux*<br />
Restitution <strong>de</strong>s archives du laboratoire<br />
<strong>de</strong> psychologie expérimentale<br />
Edouard Toulouse<br />
Documents relatifs à l’activité du<br />
laboratoire<br />
Programmes et rapports d’activité<br />
1/ Psychologie appliquée au travail professionnel,<br />
programmes, thèmes d’examens <strong>de</strong><br />
l’Institut <strong>de</strong> psychologie (1923, 1924, 1928).<br />
2/ Régie départementale <strong>de</strong>s tramways <strong>de</strong> l’Ain-<br />
Bourg : test AD, fonctionnement <strong>de</strong>s appareils,<br />
examens psychotechniques (1933, 1935).<br />
3/ Etu<strong>de</strong>s sur l’éclairage.<br />
Correspondances<br />
4/ Correspondance (en désordre) <strong>de</strong> J.-M.<br />
Lahy : avec l’Automobile Club d’Italie (1933) ;<br />
observation <strong>de</strong> son fils Pierre, âgé d’un mois<br />
et 21 jours (1903) ; correspondance avec la<br />
Société psychotechnique <strong>de</strong> Varsovie (1929) ;<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’honoraires d’un avocat et d’un<br />
avoué (1920) ; référé au sujet <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
son fils (1925) ; examen <strong>de</strong> Mlle Friedrich<br />
en psychologie appliquée (1924) ; correspondance<br />
relative à la construction d’un bateau<br />
(1936) ; <strong>de</strong>vis pour ameublement (1938).<br />
5/ Correspondances diverses avec la Marine<br />
nationale (1933) ; réponse reçue à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> renseignements « sur la façon d’entrer<br />
dans le corps du Génie maritime »,<br />
échange <strong>de</strong> lettres relatives à la sélection psychotechnique<br />
<strong>de</strong>s ouvriers sou<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la Marine<br />
nationale.<br />
6/ Correspondance relative à la réalisation<br />
d’un circuit automobile à l’autodrome <strong>de</strong><br />
Montlhéry (1937).<br />
7/ Lettre relative aux appareils « Ediphone »<br />
et « Télédiphone » (1939).<br />
Documents personnels et non personnels<br />
du directeur <strong>de</strong> laboratoire<br />
8/ Lettres adressées par J.-M. Lahy à son fils<br />
Pierre, parfois à son neveu Georges, quelques<br />
lettres <strong>de</strong> Pierre Lahy (1911-1919).<br />
9/ Documents relatifs au divorce <strong>de</strong> J.-M.<br />
Lahy et <strong>de</strong> sa première épouse, Marie-Blanche<br />
Trouillet (1920-1921).<br />
10/ Articles <strong>de</strong> J.-M. Lahy sur l’emploi <strong>de</strong>s<br />
appareils <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> réaction<br />
en psychotechnique : Un appareil nouveau,<br />
le chronographe imprimeur (1935), La psychotechnique<br />
et la psychiatrie (1934). Article<br />
<strong>de</strong> G.H. Miles : Psychological consi<strong>de</strong>rations<br />
involved in the application of motor<br />
driving tests (1933). Liste <strong>de</strong>s incapacités<br />
physiques pour les conducteurs <strong>de</strong> poids<br />
lourds (1933) ; préparation du Congrès <strong>de</strong><br />
Prague (1934) ; travaux publiés par J.-M.<br />
Lahy, Suzanne Korngold et autres.<br />
Documents relatifs à l’activité <strong>de</strong><br />
l’Association internationale <strong>de</strong><br />
psychotechnique<br />
Statuts 11/ Association internationale <strong>de</strong><br />
psychotechnique, statuts et remarques d’I.<br />
*Psychologue, expert du Bureau international du travail,<br />
Rédacteur en chef du Bulletin <strong>de</strong> psychologie.
2<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />
LIVRES<br />
Dossier : l’enfant excité<br />
Enfances & Psy n°14<br />
Erès<br />
Dans ce dossier remarquable, R. Voyazopoulos<br />
rappelle que, bien qu’elle aIimente<br />
quotidiennement la plainte <strong>de</strong>s parents et<br />
<strong>de</strong>s professionnels, et les éprouve, l’excitation<br />
<strong>de</strong>s enfants ne semble pas mobiliser<br />
la réflexion autrement que sur <strong>de</strong>s<br />
thèmes phares comme l’hyperkinésie, les<br />
troubles <strong>de</strong> l’attention et <strong>de</strong> la concentration,<br />
l’instabilité, la violence, qui en sont<br />
les effets avec lesquels on la confond.<br />
Il est pourtant <strong>de</strong>s enfants réellement mala<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> leur excitation et en détresse sous<br />
l’effet <strong>de</strong> ses conséquences sur leur vie relationnelle,<br />
sur leurs apprentissages et sur<br />
l’idée qu’ils ont d’eux-mêmes. Traitement<br />
chimique (L. Diller), approche corporelle<br />
(A. Saint-Cast), orthophonique (M. Tastenoy),<br />
ou thérapies cognitivo-comportementaIes<br />
(L. Vera) et psychodynamiques,<br />
les choix ne sont pas anodins.<br />
Le territoire et la santé<br />
La transition sanitaire en<br />
Polynésie française<br />
Emmanuel Vigneron<br />
Collection Espaces et Milieux<br />
CNRS Editions<br />
En Polynésie comme ailleurs, l’allongement<br />
spectaculaire <strong>de</strong> l’espérance <strong>de</strong> vie, lié aux<br />
progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> la santé, a<br />
aussi sa rançon : il a relégué au second plan<br />
<strong>de</strong>s inégalités persistantes entre les hommes<br />
et les femmes, entre les catégories sociales<br />
et professionnelles mais aussi entre les<br />
zones géographiques. Les raisons <strong>de</strong> l’ignorance<br />
ou même du désintérêt pour ces différentes<br />
inégalités et la préémincence d’une<br />
logique <strong>de</strong> l’offre dans la planification sanitaire<br />
ont, d’ailleurs, <strong>de</strong>s causes multiples<br />
et liées : sources déficientes, difficultés<br />
d’analyse, mais aussi conception jacobine<br />
et égalitariste du Territoire, croyance au caractère<br />
inéluctable et généralisé du Progrès<br />
et, particulièrement, du progrès médical.<br />
Cette conception s’est heurtée à la crise<br />
du financement <strong>de</strong> la santé et aux drames<br />
<strong>de</strong> la santé publique. En réponse, apparaît<br />
aujourd’hui une logique <strong>de</strong> population, fondée<br />
sur l’analyse <strong>de</strong>s besoins, plus centrée<br />
sur le patient et donc plus pragmatique.<br />
Elle conduit à une approche localisée <strong>de</strong>s<br />
questions sanitaires pour faciliter leur prise<br />
en charge. Cette approche impulsée notamment<br />
par les géographes <strong>de</strong> la santé<br />
est aujourd’hui à l’œuvre dans plusieurs<br />
pays. L’étu<strong>de</strong> qui est faite ici <strong>de</strong> la Polynésie<br />
française est l’une <strong>de</strong> celles qui ont initié<br />
ce mouvement tant sur le plan conceptuel<br />
que méthodologique. Elle se fon<strong>de</strong> sur<br />
un matériel abondant et sur le développement<br />
<strong>de</strong> modèles d’analyse au premier rang<br />
<strong>de</strong>squels celui <strong>de</strong> la transition sanitaire dans<br />
l’espace géographique.<br />
De l’inégalité parmi les<br />
sociétés<br />
Essai sur l’homme et<br />
l’environnement dans l’histoire<br />
Le troisième chimpanzé<br />
Essai sur l’évolution et l’avenir <strong>de</strong><br />
l’animal humain<br />
Jared Diamond<br />
Gallimard<br />
Jared Diamond, professeur <strong>de</strong> physiologie<br />
à la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />
Californie rappelle que l’inégalité entre les<br />
sociétés est liée aux différences <strong>de</strong> milieux,<br />
pas aux différences génétiques, en mobi-<br />
BIOGRAPHIE (suite)<br />
Spielrein (1931-1934).<br />
12/ Rapport su secrétaire général au congrès<br />
<strong>de</strong> l’Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique<br />
à Moscou (1931), à Prague (1934),<br />
documents divers et correspondance relatifs<br />
à ces congrès.<br />
Documents sur l’activité <strong>de</strong>s congrès<br />
13/ Congrès international <strong>de</strong> psychotechnique<br />
à Prague (1934), liste <strong>de</strong>s participants, enquête<br />
sur N.W. Tatarinov, agent <strong>de</strong> Parker<br />
Holliday (1933).<br />
14/ Congrès <strong>de</strong> Prague, réunion du comité<br />
directeur, préparation <strong>de</strong>s congrès futurs<br />
(1933-1934).<br />
15/ Liste <strong>de</strong>s membres du comité directeur<br />
<strong>de</strong> l’Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique<br />
(1931), laboratoire <strong>de</strong> psychotechnique,<br />
rapport sur le travail (mars 1930),<br />
lettre à « ses chers petits » et à son fils Pierre<br />
(septembre 1914, décembre 1916).<br />
16/ Programme <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> psychologie<br />
appliquée au laboratoire <strong>de</strong> psychologie<br />
du service <strong>de</strong> prophylaxie mentale<br />
(1925), liste <strong>de</strong>s membres du comité directeur<br />
<strong>de</strong> l’Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique<br />
(1932), <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> divers<br />
tests : mémoire <strong>de</strong>s images (test E), mémoire<br />
logique, test <strong>de</strong> mémoire, attention concentrée<br />
(test <strong>de</strong> barrage), test <strong>de</strong> fatigabilité, test<br />
du dynamographe, temps <strong>de</strong> réaction, test<br />
d’intelligence logique.<br />
17/ Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique,<br />
liste complète <strong>de</strong>s membres par<br />
pays (1932). ■<br />
1/ A l’état-civil, Jean-Maurice Lahy, il ne signera jamais<br />
ses publications que <strong>de</strong>s initiales <strong>de</strong> son prénom.<br />
2/ J.-M. Lahy aurait lui-même détruit une partie <strong>de</strong> ses<br />
archives, lorsqu’il fut prévenu par <strong>de</strong>s officiers italiens,<br />
au Lavandou où il se trouvait, <strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong>s<br />
Allemands. D’autres <strong>de</strong> ses archives ont été détruites<br />
par un <strong>de</strong> ses amis franc-maçon, Georges Refeuil, le<br />
10 août 1944, à Brignoud (Isère). Les archives conservées<br />
à Moscou, si elles ne sont pas les seules, semblent<br />
être les plus importantes.<br />
lisant dans ces <strong>de</strong>ux livres décapants <strong>de</strong>s<br />
disciplines aussi diverses que la génétique,<br />
la biologie moléculaire, l’épidémiologie, la<br />
linguistique, l’archéologie et l’histoire <strong>de</strong>s<br />
technologies. Il montre, notamment, les<br />
rôles <strong>de</strong> la production alimentaire, <strong>de</strong> l’évolution<br />
<strong>de</strong>s germes caractéristiques <strong>de</strong>s populations<br />
humaines <strong>de</strong>nses favorisées par<br />
la révolution agricole, <strong>de</strong> la géographie dans<br />
la diffusion constrastée <strong>de</strong> l’écriture et <strong>de</strong><br />
la technologie, selon la latitu<strong>de</strong> en Eurasie,<br />
mais la longitu<strong>de</strong> aux Amériques et en<br />
Afrique. Le langage, l’art, la technique et<br />
l’agriculture, qui distinguent le chimpanzé<br />
<strong>de</strong> l’homme, sont le fruit d’une évolution<br />
non pas seulement anatomique, comme<br />
on le dit trop souvent, mais aussi comportementale<br />
: le cycle vital <strong>de</strong> l’homme se<br />
particularise par le faible nombre <strong>de</strong> petits<br />
par portée, les soins parentaux bien au-<strong>de</strong>là<br />
du sevrage, le vie en couple, l’espérance<br />
<strong>de</strong> vie, la ménopause. Autant <strong>de</strong> traits qui<br />
soulèvent le problème <strong>de</strong> l’éventuelle présence<br />
<strong>de</strong> précurseurs dans le mon<strong>de</strong> animal,<br />
et du sta<strong>de</strong> auquel l’homme eut une<br />
réussite évolutive, non pas avec l’apparition<br />
<strong>de</strong> l’outil <strong>de</strong> pierre, voilà <strong>de</strong>ux millions<br />
et <strong>de</strong>mi d’années, mais avec l’acquisition<br />
<strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> au langage, il y a moins <strong>de</strong><br />
cent mille ans. Alors l’animal humain a déployé<br />
tous ses traits particuliers, à commencer<br />
par son aptitu<strong>de</strong> à détruire massivement<br />
son genre et sa capacité, manifestée,<br />
elle aussi, dès l’époque préhistorique, à détruire<br />
les écosystèmes, à ruiner la base<br />
même <strong>de</strong> sa propre alimentation.
Droits formels <strong>de</strong>s<br />
mala<strong>de</strong>s mentaux et risque<br />
d’abandon <strong>de</strong> fait *<br />
« Découverte par un huissier un an après sa<br />
mort ».<br />
C’est le titre qu’affichait récemment un quotidien<br />
relatant la découverte d’une femme <strong>de</strong><br />
57 ans, dans son appartement HLM, par un<br />
huissier venu lui réclamer ses loyers impayés.<br />
La malheureuse, momifiée sur le sol, était<br />
décédée <strong>de</strong>puis plus d’un an dans la plus absolue<br />
<strong>de</strong>s solitu<strong>de</strong>s. « Je lègue mes biens aux<br />
pompiers et aux policiers qui feront l’enquête<br />
», tel est le <strong>de</strong>rnier message laissé par<br />
cette personne qui vivait avec une allocation<br />
aux adultes handicapés. Elle avait bénéficié<br />
dans le passé d’un suivi psychiatrique ambulatoire.<br />
Pas <strong>de</strong> famille, pas d’amis, pas <strong>de</strong><br />
voisins pour s’inquiéter <strong>de</strong> sa disparition,<br />
perte <strong>de</strong> contact avec l’équipe soignante, boîte<br />
aux lettres qui débor<strong>de</strong> <strong>de</strong> factures impayées<br />
et <strong>de</strong> recommandés, disparition <strong>de</strong> la file active<br />
du secteur, service minimum <strong>de</strong>s funérailles<br />
prises en charge par la ville, inhumation<br />
dans le carré <strong>de</strong>s indigents et <strong>de</strong>s anonymes.<br />
Chaque professionnel <strong>de</strong> la psychiatrie connaît<br />
<strong>de</strong>s faits similaires et mon propos n’est pas<br />
<strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s responsabilités. Mais cette<br />
triste histoire illustre l’isolement total dans<br />
lequel peuvent vivre certaines femmes ou<br />
certains hommes mala<strong>de</strong>s qui n’intéressent<br />
personne, en 2001, au sein d’une société<br />
confrontée à <strong>de</strong> multiples phénomènes d’exclusion<br />
frappant certains groupes <strong>de</strong> la population.<br />
La désinstitutionnalisation <strong>de</strong>s patients<br />
psychiatriques et l’évolution du mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> leur prise en charge est loin d’avoir soulagé<br />
toutes leurs souffrances et apporté une<br />
meilleure qualité <strong>de</strong> vie à l’ensemble d’entre<br />
eux.<br />
En 1975 une « charte <strong>de</strong>s internés » était publiée<br />
par un collectif d’associations dont le<br />
GIA, regroupant <strong>de</strong>s personnes psychiatri-<br />
Protection sociale : quelle<br />
réforme ?<br />
Société et représentations<br />
Numéro Hors série dirigé par Catherine<br />
Mills avec le concours <strong>de</strong> José Caudron<br />
Etu<strong>de</strong>s CREDHESS<br />
Le premier axe porte sur les débats théoriques<br />
et les politiques économiques concernant non<br />
seulement les relations entre coût du travail,<br />
charges sociales et emploi, mais aussi toute<br />
la problématique <strong>de</strong> la réforme du financement<br />
<strong>de</strong> la protection sociale. Liêm Hoang-Ngoc<br />
critique les modèles visant à expliquer la montée<br />
du chômage par l’excès du coût du travail<br />
lié aux charges sociales sur les bas salaires.<br />
Thomas Coutrot démontre l’inefficacité <strong>de</strong>s<br />
mesures <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s charges sociales<br />
qui préten<strong>de</strong>nt inciter à l’emploi, puis Pierre<br />
Concialdi établit que la spécificité française<br />
n’est pas, contrairement au dogme établi, un<br />
coût excessif du travail (salaire direct et charges<br />
sociales) pour les emplois les moins qualifiés.<br />
Henri Sterdyniak et Catherine Mills débattent<br />
ensuite <strong>de</strong>s orientations actuelles <strong>de</strong> la réforme<br />
du financement <strong>de</strong> la protection sociale, comme<br />
celles proposées dans les rapports Cha<strong>de</strong>lat<br />
et Malinvaud.<br />
Henri Sterdyniak critique le rejet d’une assiette<br />
élargie <strong>de</strong>s cotisations employeurs. Il se prononce<br />
contre une compensation <strong>de</strong>s exonérations<br />
<strong>de</strong> charges sociales sur les bas salaires<br />
par un accroissement <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> cotisation<br />
sur les salaires <strong>de</strong>s emplois qualifiés ou par<br />
une augmentation <strong>de</strong> la contribution sociale<br />
généralisée sur les seuls ménages. Il suggère<br />
un accroissement <strong>de</strong> la CSG sur l’ensemble<br />
sées et <strong>de</strong>s travailleurs militants (soignants<br />
ou non) engagés dans une lutte visant à conquérir<br />
les droits démocratiques les plus élémentaires<br />
pour les personnes internées et rompre<br />
leur isolement. A partir <strong>de</strong> 1983, le Conseil<br />
<strong>de</strong> l’Europe s’est engagé dans la promulgation<br />
d’une longue liste <strong>de</strong> recommandations<br />
invitant les gouvernements à développer une<br />
politique en matière <strong>de</strong> santé mentale respectant<br />
mieux les Droits <strong>de</strong> l’Homme, rapprochant<br />
les lieux <strong>de</strong> soins <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie<br />
<strong>de</strong>s populations, s’engageant vers une disparition<br />
<strong>de</strong>s concentrations asilaires. A partir<br />
<strong>de</strong> 1985, la France s’est progressivement<br />
dotée d’outils qui <strong>de</strong>vaient favoriser cette<br />
évolution.<br />
Mais en décembre 2000, la FNAP Psy et la<br />
Conférence Nationale <strong>de</strong>s Prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> CME<br />
<strong>de</strong>s CHS éprouvent tout <strong>de</strong> même le besoin<br />
<strong>de</strong> rappeler dans une « Charte <strong>de</strong> l’usager<br />
en santé mentale » que cet usager est une<br />
personne à part entière, une personne qui<br />
souffre, qui doit être informée, qui doit participer<br />
aux décisions la concernant, une personne<br />
responsable, citoyenne, qui doit être<br />
aidée à sortir <strong>de</strong> son isolement. Cette charte<br />
revendique que soit développée à l’intention<br />
<strong>de</strong>s usagers une politique visant à véhiculer<br />
une image moins dévalorisante <strong>de</strong> la maladie<br />
mentale, afin <strong>de</strong> favoriser l’insertion sociale<br />
et professionnelle <strong>de</strong> ces personnes trop<br />
souvent victimes <strong>de</strong> discrimination.<br />
Malgré les avancées <strong>de</strong> la chimiothérapie et<br />
le développement <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> plus en<br />
plus déployés au sein <strong>de</strong> la communauté, certains<br />
mala<strong>de</strong>s mentaux, notamment ceux souffrant<br />
<strong>de</strong> troubles sévères et persistants sont<br />
confrontés à <strong>de</strong>s difficultés spécifiques limitant<br />
leur insertion sociale et leur intégration<br />
dans la société. Beaucoup <strong>de</strong> ces per-<br />
<strong>de</strong>s revenus (ménages et entreprises) ainsi que<br />
la création d’une nouvelle cotisation <strong>de</strong>s employeurs<br />
assise sur la valeur ajoutée <strong>de</strong>s entreprises.<br />
Catherine Mills présente un projet<br />
<strong>de</strong> réforme <strong>de</strong>s cotisations patronales centré<br />
sur la modulation <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> cotisations en<br />
fonction <strong>de</strong> la contribution <strong>de</strong>s entreprises à<br />
l’emploi, au développement <strong>de</strong>s ressources<br />
humaines et à l’efficacité sociale.<br />
Les contributions suivantes s’organisent<br />
autour <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> nouveaux mécanismes<br />
<strong>de</strong> régulation pour chacune <strong>de</strong>s quatre<br />
« branches » <strong>de</strong> la protection sociale qui ont à<br />
faire face, en même temps qu’à la crise du financement,<br />
à <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s transformations<br />
socio-démographiques, les trois classiques<br />
- santé, famille et retraite - et la quatrième nouvelle<br />
concernant le risque chômage, l’exclusion,<br />
l’insertion et la formation.<br />
Il s’agit, d’abord, <strong>de</strong> mener le débat et la réflexion<br />
sur les nécessaires réformes du système<br />
<strong>de</strong> soins. Les dépenses <strong>de</strong> santé sont<br />
resituées dans une perspective historique :<br />
Jean-Paul Domin s’intéresse à la croissance<br />
<strong>de</strong> l’hôpital public dans le système <strong>de</strong> santé<br />
<strong>de</strong> 1893 à 1993, et Thierry Fillaut centre sa recherche<br />
sur la fin du XIX e siècle, en procédant<br />
à l’analyse <strong>de</strong>s interactions entre les mé<strong>de</strong>cins<br />
et le coût <strong>de</strong> la santé.<br />
Michel Messu s’interroge sur la définition <strong>de</strong><br />
la « famille » <strong>de</strong> la politique familiale et son évolution<br />
dans la pério<strong>de</strong> récente ; Michel Chauvière<br />
procè<strong>de</strong> à l’analyse <strong>de</strong>s discours qui ont<br />
conduit à légitimer la mise sous conditions <strong>de</strong><br />
ressources <strong>de</strong>s prestations familiales en 1998,<br />
décision remise en cause par la suite au profit<br />
d’une limitation <strong>de</strong> l’avantage fiscal procuré<br />
sonnes connaissent <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
blocage alternant avec <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> crise.<br />
Ce blocage atteint le rapport aux autres et<br />
peut conduire ces personnes à s’isoler <strong>de</strong> plus<br />
en plus, à couper la communication avec les<br />
autres. Il est source <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> concentration,<br />
<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> confiance en soi, <strong>de</strong> sentiment<br />
que tout échappe, <strong>de</strong> repli, <strong>de</strong> tristesse,<br />
et <strong>de</strong> désespoir.<br />
Les crises engendrent <strong>de</strong>s changements profonds<br />
dans la vie, provoquant <strong>de</strong>s détériorations<br />
parfois irréparables : perte <strong>de</strong> l’emploi,<br />
du logement, incapacité <strong>de</strong> prendre soin <strong>de</strong><br />
soi, <strong>de</strong> gérer la vie quotidienne, divorce, éloignement<br />
<strong>de</strong>s enfants, abandon <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />
l’entourage et <strong>de</strong>s amis, débor<strong>de</strong>ment total,<br />
souffrance con<strong>de</strong>nsée insupportable, confusion,<br />
et parfois perte totale <strong>de</strong> l’autonomie.<br />
L’évolution <strong>de</strong> la pathologie entraîne alors<br />
chez la personne une vulnérabilité occasionnant<br />
<strong>de</strong>s pertes au niveau psycho-social. Elle<br />
conduit à <strong>de</strong>s détériorations, <strong>de</strong>s déficits, <strong>de</strong>s<br />
handicaps majorés par différents évènements<br />
stressants tels que la faiblesse <strong>de</strong>s revenus,<br />
<strong>de</strong>s conditions d’hébergement ou <strong>de</strong> logement<br />
mauvaises ou inadaptées, une alimentation<br />
mal équilibrée, le chômage dans une société<br />
valorisant le travailleur performant, l’isolement,<br />
le rejet social, la stigmatisation.<br />
Certains, contraints <strong>de</strong> supporter ces souffrances<br />
sans une ai<strong>de</strong> adéquate ou suffisante,<br />
ont le sentiment <strong>de</strong> ne pas avoir trouvé dans<br />
la psychiatrie un espace d’écoute dont ils<br />
avaient besoin. Ils se détournent alors <strong>de</strong>s<br />
soins et <strong>de</strong>s divers supports sociaux pour<br />
plonger dans un isolement total, un mal <strong>de</strong><br />
vivre tellement insupportable qu’ils poussent<br />
certains à remettre en cause la vie elle-même.<br />
La réflexion sur l’accompagnement, le soutien<br />
social, la nécessité <strong>de</strong> développer un<br />
mouvement d’entrai<strong>de</strong> en faveur <strong>de</strong>s patients<br />
psychiatriques, usagers et citoyens, doit aussi<br />
<strong>de</strong>venir une priorité dans le champ <strong>de</strong> la lutte<br />
contre les exclusions. ■<br />
Jacques Houver**<br />
* Cet article est paru dans le numéro <strong>de</strong> mars 2001 <strong>de</strong><br />
la revue Rhizome <strong>de</strong> l’ORSPERE.<br />
**Cadre socio-éducatif C. H. Le Vinatier, Lyon.<br />
par le quotient familial. Enfin, Réjane Hugouneng<br />
et Henri Sterdyniak prennent le contrepied<br />
<strong>de</strong>s discours qui sacrifient les objectifs<br />
<strong>de</strong> redistribution horizontale, que l’on peut symboliser<br />
par la solidarité entre célibataires et<br />
chargés <strong>de</strong> famille, aux objectifs <strong>de</strong> redistribution<br />
verticale, une solidarité plus directement<br />
dirigée vers les catégories les plus défavorisées.<br />
Celle-ci aboutit, selon les auteurs,<br />
à financer la lutte contre les inégalités (ou présentée<br />
comme telle) par les seules familles.<br />
Concernant l’avenir <strong>de</strong>s retraites, Alain Euzéby<br />
rappelle les dangers <strong>de</strong> la mise en place<br />
d’un système par capitalisation et exprime ses<br />
doutes sur la capacité <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> pension<br />
à régler efficacement la crise prévisible <strong>de</strong>s retraites.<br />
Puis, Lucy Roberts et Pierre Concialdi<br />
reviennent sur les débats récents qui ten<strong>de</strong>nt<br />
à justifier <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> réformes drastiques, et<br />
la mise en place <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> pension « à la<br />
française » censés sauver le système <strong>de</strong> retraites<br />
fondé sur la répartition.<br />
Les auteurs relativisent l’impact <strong>de</strong>s données<br />
démographiques et critiquent la pénétration<br />
<strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> l’assurance privée dans les<br />
systèmes <strong>de</strong> retraite pour défendre l’autre logique,<br />
celle <strong>de</strong> la solidarité. Selon eux, l’emploi<br />
est la variable-clé pour assurer l’avenir <strong>de</strong>s<br />
retraites par répartition.<br />
Chantal Euzéby, face à l’échec du volet insertion<br />
du RMI, critique les tentatives <strong>de</strong> lier un<br />
revenu minimum à l’acceptation d’un travail et<br />
réentame le débat sur le principe d’une allocation<br />
universelle <strong>de</strong> base.<br />
*Université Paris I, CREDHESS, 17 rue <strong>de</strong> la Sorbonne,<br />
75231 Paris Cé<strong>de</strong>x 05. Tél. : 01 40 46 28 36. Fax :<br />
01 40 46 31 62.<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 3<br />
LIVRES<br />
L’histoire véridique <strong>de</strong> la<br />
séquestrée <strong>de</strong> Poitiers<br />
Jean-Marie Augustin<br />
Fayard<br />
Cet ouvrage reprend l’affaire dite <strong>de</strong> « la séquestrée<br />
<strong>de</strong> Poitiers » qui avait été rappelée<br />
par André Gi<strong>de</strong> dans un livre publié en<br />
1930 dans la collection « Ne Jugez Pas »<br />
chez Gallimard (1) . En 1901, à 52 ans, Blanche<br />
Monnier, est retrouvée à la suite d’une dénonciation<br />
par lettre anonyme, alors qu’elle<br />
était enfermée <strong>de</strong>puis 25 ans dans une<br />
chambre <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> sa mère, au milieu<br />
<strong>de</strong>s ordures et <strong>de</strong> la vermine. Cette<br />
affaire a suscité <strong>de</strong> nombreux articles <strong>de</strong><br />
presse, et sous la pression <strong>de</strong> l’opinion publique,<br />
le frère <strong>de</strong> Blanche, Marcel Monnier,<br />
a été condamné à 15 mois <strong>de</strong> prison par le<br />
tribunal correctionnel pour privation <strong>de</strong> soins,<br />
pour être finalement acquitté en appel.<br />
Jean-Marie Augustin conclut son livre en<br />
relevant que « Certains journalistes ont voulu<br />
donner à ce drame une portée sociologique,<br />
mais celui-ci reste un fait divers qui offre<br />
seulement une image pessimiste <strong>de</strong> la personne<br />
humaine et <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée ». Le fait<br />
divers s’est toujours intéressé à la folie, et<br />
le cas Monnier est plus qu’une affaire judiciaire<br />
ayant défrayé la chronique du début<br />
du XX ème siècle, c’est aussi une très belle<br />
observation psychiatrique. On se gar<strong>de</strong>rait<br />
bien <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> l’exhaustivité <strong>de</strong>s recherches<br />
<strong>de</strong> Jean-Marie Augustin, ou encore, <strong>de</strong><br />
l’analyse sociologique qui a été effectuée,<br />
on peut cependant regretter que sa démarche<br />
n’ait pas été étayée par un avis psychiatrique,<br />
et ce d’autant que l’affaire Monnier<br />
a fait l’objet d’une analyse sémiologique<br />
dans un article <strong>de</strong> G. Massé et J-M. Vanelle (2) .<br />
Jean-Marie Augustin décrit Blanche comme<br />
une anorexique démente, alors qu’à la relecture<br />
<strong>de</strong>s entretiens elle se présente clairement<br />
comme un cas historique <strong>de</strong> schizophrénie<br />
paranoï<strong>de</strong>, puis pseudo-déficitaire<br />
avec repli autistique. Devant ces éléments,<br />
que la seule lecture du livre d’André Gi<strong>de</strong><br />
permet <strong>de</strong> préciser, on comprend mal comment<br />
la séquestrée <strong>de</strong> Poitiers, avec ses stéréotypies<br />
verbales, ses néologismes, ses<br />
propos hermétiques et son maniérisme pourrait<br />
ne pas trouver sa clinique pour qui sait<br />
lire, pas seulement entre les lignes. Pour s’en<br />
convaincre, il suffit <strong>de</strong> compléter cette lecture<br />
par celle d’André Gi<strong>de</strong>.<br />
Sabine Mouchet<br />
(1) A. Gi<strong>de</strong>, La Séquestrée <strong>de</strong> Poitiers, Collection « Ne<br />
Jugez Pas », NRF, 1930. Collection Folio 1977.<br />
(2) G. Massé, J-M. Vanelle, La Folle <strong>de</strong> Poitiers, La<br />
Conception Gidienne du Fait Divers, Synapse, 1984,<br />
1, 67-75.<br />
Sociologie <strong>de</strong> classe<br />
Lycéens à l’épreuve <strong>de</strong> l’exclusion<br />
Cédric Frétigné en collaboration avec<br />
Thierry Panel<br />
L’Harmattan<br />
Dans le cadre d’une initiation à l’enquête<br />
sociologique, une classe <strong>de</strong> 1 re du lycée<br />
Bascan <strong>de</strong> Rambouillet a mené, tout au<br />
long d’une année scolaire, une étu<strong>de</strong> sur le<br />
thème <strong>de</strong>s logiques d’engagement <strong>de</strong>s bénévoles<br />
d’associations caritatives. Du questionnement<br />
initial à la présentation publique<br />
<strong>de</strong>s résultats, <strong>de</strong>s démarches entreprises<br />
pour « entrer sur le terrain » aux comptesrendus<br />
d’observation, <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong><br />
travail à l’analyse <strong>de</strong>s entretiens, les lycéens<br />
ont pleinement assumé leur rôle d’ « apprenti-sociologue<br />
». Rendant compte du<br />
projet pédagogique et <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong><br />
recherche qui ont animé enseignant, sociologue<br />
et lycéens, cet ouvrage témoigne<br />
d’une expérience originale croisant regard<br />
sociologique et investissement citoyen.
4<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />
LIVRES<br />
Se former à la thérapie<br />
familiale<br />
Eric Trappeniers et Alain Boyer<br />
Dunod<br />
Conçu à partir <strong>de</strong> sessions <strong>de</strong> formation à<br />
l’approche systémique et à la thérapie familiale,<br />
ce livre-reportage, précé<strong>de</strong>mment<br />
publié sous le titre Famille quand tu nous<br />
tiens en 1996, fait l’objet d’une nouvelle édition<br />
revue et complétée. Il présente <strong>de</strong> nombreuses<br />
situations cliniques et traite <strong>de</strong>s<br />
principaux champs d’application relatifs au<br />
couple, à la famille, à l’institution soignante<br />
et à l’intervention au sein d’un réseau.<br />
Père et fille<br />
Une correspondance<br />
(1914-1938)<br />
Françoise Dolto<br />
Lettres choisies et présentées par<br />
Muriel Djéribi-Valentin<br />
Notes <strong>de</strong> Muriel Djéribi-Valentin et<br />
Colette Percheminier<br />
Mercure <strong>de</strong> France<br />
« Je te trouve très bien en capitaine sur la<br />
photographie », écrit Françoise à son père<br />
en novembre 1914. Ce lien épistolaire entre<br />
père et fille se maintient au fil <strong>de</strong>s années<br />
difficiles, décès <strong>de</strong> Jacqueline, la sœur aînée,<br />
dépression <strong>de</strong> la mère, rupture <strong>de</strong>s<br />
premières fiançailles… En juin 1938, après<br />
une crise particulièrement violente, Françoise<br />
éprouve le besoin d’une mise au point :<br />
« Cette lettre (…) brisera peut-être tout entre<br />
nous et alors mieux vaut maintenant car<br />
nous ne pourrions que nous faire plus <strong>de</strong><br />
mal en continuant à nous voir avec <strong>de</strong>s malentendus<br />
entre nous ; mais elle risque aussi<br />
<strong>de</strong> me réhabiliter à tes yeux et <strong>de</strong> sauver<br />
notre affection. Si je suis « ton » enfant, je<br />
ne suis plus « une » enfant. Au lieu d’être<br />
« très triste » <strong>de</strong> m’aimer « malgré tout » tu<br />
comprendras peut-être que je suis une<br />
femme qui te fait honneur...».<br />
Naissance à la vie psychique<br />
Albert Ciccone et Marc Lhopital<br />
2e édition<br />
Dunod<br />
Albert Ciccone et Marc Lhopital, s’ils se réfèrent<br />
aux travaux du courant postkleinien<br />
consacrés au développement du nourrisson<br />
et aux troubles psychiques précoces,<br />
proposent <strong>de</strong>s jonctions et <strong>de</strong>s articulations<br />
entre différents modèles, comme ceux d’Esther<br />
Bick, Didier Anzieu, Donald Meltzer,<br />
Piera Aulagnier, etc. Ils prennent en compte<br />
et discutent les théories actuelles élaborées<br />
dans <strong>de</strong>s champs autres ou connexes à la<br />
psychanalyse. Leur conception <strong>de</strong> la génèse<br />
et <strong>de</strong>s altérations <strong>de</strong> l’appareil psychique<br />
accor<strong>de</strong> une place importante au<br />
lien à l’objet et à sa fonction contenante.<br />
CENTRE HOSPITALIER<br />
MONTPERRIN<br />
à Aix en Provence (13)<br />
Recherche<br />
1 Assistant Spécialiste en<br />
<strong>Psychiatrie</strong> Adultes<br />
Renseignements au :<br />
04 42 16 17 22<br />
Anticipation et psychothérapie<br />
Entretien avec Mario Berta *<br />
par Jean-Clau<strong>de</strong> Benoit<br />
J.-C. Benoit : À propos du thème psychologique<br />
et psychothérapique <strong>de</strong> l’anticipation,<br />
l’apport du professeur Jean-Marie Sutter fut<br />
essentiel. Tu l’as bien connu. Malheureusement,<br />
il nous a quitté en décembre 1998. Il<br />
nous laissait la préface <strong>de</strong> ton livre, L’Epreuve<br />
d’anticipation, paru récemment dans la collection<br />
Relations. Son texte nous donnait<br />
l’image d’un ultime encouragement à suivre<br />
cette voie qu’il avait ouverte en 1956. Vous<br />
aviez d’ailleurs rédigé ensemble un livre également<br />
consacré à ton test, qu’il a pratiqué<br />
dès vos premiers contacts <strong>de</strong> 1976. Peux-tu<br />
évoquer ces rencontres ?<br />
M. Berta : Nous eûmes très rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />
liens amicaux. Face à Sutter, j’ai toujours eu<br />
l’impression <strong>de</strong> me trouver <strong>de</strong>vant un grand<br />
seigneur, non seulement sur le plan <strong>de</strong> la pensée<br />
et <strong>de</strong> ses connaissances en psychopathologie,<br />
mais aussi par la qualité <strong>de</strong>s relations<br />
qu’il nouait. Vis-à-vis d’autrui, il existait,<br />
chez lui une ouverture souriante et authentique,<br />
et une forme <strong>de</strong> noblesse supérieure<br />
dans sa mo<strong>de</strong>stie même. Voici une anecdote<br />
qui illustre un peu ceci. Je l’ai donc rencontré<br />
pour la première fois, à Paris, chez le professeur<br />
Yves Pélicier en 1976, puis il vint à<br />
Montevi<strong>de</strong>o en 1977. Nous nous trouvions<br />
d’emblée vivement intéressés par notre travail<br />
sur cette notion d’anticipation qu’il avait<br />
le premier i<strong>de</strong>ntifiée, si clairement, dans son<br />
article <strong>de</strong> 1956. Nous correspondions également<br />
beaucoup. Bref, pour revenir à l’anecdote,<br />
lors d’un Congrès à Rio <strong>de</strong> Janeiro où<br />
il présentait un rapport, il me prend à part. Il<br />
me dit : « Mon cher Mario, je vous propose<br />
<strong>de</strong> nous appeler désormais Jean et Mario. Je<br />
vous appellerai Mario et vous m’appellerez<br />
Jean, sans aller pour autant jusqu’à nous tutoyer<br />
»... Telle fut sa façon <strong>de</strong> m’introduire<br />
dans son intimité, façon quelque peu étonnante<br />
pour un sud-américain peu habitué à<br />
ces nuances. Celà, c’était Sutter et la qualité<br />
extrême et nuancée à la fois qu’il créait dans<br />
ses relations. Il ne jugeait jamais autrui. Et<br />
l’on sait que, dans son service, malgré son<br />
statut éminent, il consacrait à ses patients une<br />
activité psychothérapique personnelle, ce que<br />
je crois assez rare chez ses collègues.<br />
J.-C. B. : Je peux confirmer ce <strong>de</strong>rnier point,<br />
sa volonté <strong>de</strong> thérapeute, comme on peut le<br />
constater dans son livre fondamental <strong>de</strong> 1986.<br />
Je rend aussi hommage personnellement à<br />
cette attention qu’il portait à autrui, et dont<br />
j’ai pu bénéficier.<br />
M. B. : Avant lui, l’anticipation était un thème<br />
évoqué ici ou là par <strong>de</strong>s philosophes, <strong>de</strong>s<br />
poètes. J’ai saisi d’emblée l’importance <strong>de</strong><br />
ses travaux, compte-tenu <strong>de</strong> ma propre pratique<br />
psychothérapique. J’utilisais initialement<br />
L’épreuve <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s désirs<br />
<strong>de</strong> J. Pigem Serra, décrite dans sa thèse <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cine en psychiatrie. J’avais perçu que<br />
ce test conduisait vers une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce fait<br />
psychologique essentiel, l’anticipation. Dans<br />
mon livre <strong>de</strong> 1999, je décris en détail toute<br />
l’évolution <strong>de</strong> cette curieuse histoire. Je peux<br />
rappeler brièvement que pendant la guerre<br />
d’Espagne, sur le front, Pigem rencontrait<br />
souvent Tosquelles, un autre psychiatre. Celui-ci<br />
dut émigrer plus tard en France, où il<br />
réalisa une œuvre d’un intérêt exceptionnel<br />
en psychiatrie institutionnelle, ce que chacun<br />
sait chez vous. Or, Tosquelles utilisait<br />
une sorte <strong>de</strong> blague. Dans les moments <strong>de</strong><br />
repos, sur le front, quand quelqu’un entrait<br />
dans la pièce où il bavardait avec Pigem, il<br />
lui posait cette question : « Si une bombe<br />
nous tombait <strong>de</strong>ssus et que tu meurs, que désirerais-tu<br />
être, tout sauf un être humain,<br />
dans une nouvelle vie ?».<br />
J.-C. B. : La naissance <strong>de</strong> ton Epreuve d’anticipation.<br />
M. B. : Oui. Assez rapi<strong>de</strong>ment j’ai introduit<br />
la recherche du symbole négatif, à mon sens<br />
essentiel au-<strong>de</strong>là du positif. Puis, peu à peu,<br />
j’ai précisé l’ensemble, c’est-à-dire l’obtention<br />
<strong>de</strong> huit images-symboles - quatre positives<br />
et quatre négatives au total - avec leurs<br />
<strong>de</strong>ux niveaux, l’anticipation primaire, plus<br />
consciente et l’anticipation secondaire, certes<br />
cruciale en psychothérapie. Puis <strong>de</strong>s compléments<br />
sont venus, entre autres l’application<br />
au mon<strong>de</strong> vécu, personnel, et l’application<br />
à l’univers <strong>de</strong>s images familiales.<br />
J.-C. B. : Tu étais donc un psychiatre à orientation<br />
psychothérapique prévalente, et aussi<br />
professeur <strong>de</strong> psychologie à Montevi<strong>de</strong>o.<br />
Plus précisément, que pensait Sutter <strong>de</strong> ton<br />
Epreuve ?<br />
M. B. : Je me sentais très soutenu par les<br />
contacts avec Sutter et nous avions une cor-<br />
respondance continue. L’anticipation <strong>de</strong>venait<br />
pour moi une notion-clé. Sutter aimait<br />
beaucoup l’Epreuve, telle qu’elle s’était précisée.<br />
Il l’a écrit : l’Epreuve explorait l’anticipation<br />
telle qu’il l’avait lui-même perçue<br />
et décrite. Il m’envoyait <strong>de</strong>s Epreuves pratiquées<br />
par lui à La Timone, à Marseille. Il en<br />
fait figurer dans son livre <strong>de</strong> 1983. Puis, il<br />
m’a ouvert un accès direct à notre livre en<br />
commun <strong>de</strong> 1991. Nos échanges stimulaient<br />
ma réflexion. Nous partagions cette idée que<br />
l’être humain est capable <strong>de</strong> créer aujourd’hui<br />
l’évènement qui se produira <strong>de</strong>main,<br />
dans sa vie. Cette formule <strong>de</strong> Sutter <strong>de</strong>meure<br />
classique : « L’anticipation, c’est la vie avant<br />
la vie ». C’est avant la vie <strong>de</strong> <strong>de</strong>main mais<br />
je produis l’évènement, ici et maintenant.<br />
J.-C. B. : Quelle différence entre vous ?<br />
M. B. : Ma pratique <strong>de</strong> psychiatre psychothérapeute<br />
en libéral, tout à fait quotidienne,<br />
me montrait certaines nuances. En particulier,<br />
je me suis rendu compte combien est<br />
vaste l’horizon <strong>de</strong>s possibilités futures : <strong>de</strong>main<br />
est immense, vu d’aujourd’hui. Je ne<br />
peux pas anticiper toutes mes possibilités<br />
personnelles. Pour qu’il y ait anticipation,<br />
une possibilité ponctuelle doit avoir déjà été<br />
prévue. L’anticipation dont nous parlons,<br />
psychologique, concerne un évènement envisagé,<br />
en général <strong>de</strong> nature affective et capable<br />
<strong>de</strong> déclancher toute mon affectivité. Et<br />
simultanément à cet évènement prévu, existe<br />
ce même évènement, anticipé. Puis, dans la<br />
réalité, cet évènement surviendra au présent.<br />
Ces trois éléments constituent la séquence<br />
véritable <strong>de</strong> l’anticipation. Ainsi, l’évènement<br />
anticipé aujourd’hui, je l’arrache au futur<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>main et je le place maintenant, là,<br />
<strong>de</strong>vant moi et en moi. Je l’arrache au futur :<br />
l’anticipation ne va pas dans le sens <strong>de</strong>, la<br />
succession temporelle, mais à l’inverse.<br />
J.-C. B. : L’anticipation humaine positive fait<br />
venir au présent un futur probable et désiré.<br />
M. B. : Voilà. Le fait envisagé <strong>de</strong>vient présent,<br />
arraché au futur et objectivé <strong>de</strong> <strong>de</strong>main<br />
vers aujourd’hui. Ceci est un peu différent<br />
<strong>de</strong> ce qu’envisageait Sutter. Sutter était influencé<br />
par Bergson et par Minkowski. C’était<br />
le thème <strong>de</strong> l’élan vital, allant dans le sens<br />
du flux temporel. L’élan temporel. Mais je<br />
pense que l’anticipation est un contre-mouvement.<br />
J.-C. B. : Elle marque un arrêt.<br />
M. B. : C’est ma métaphore, que je vais développer<br />
maintenant, avec une image concrète.<br />
C’est l’image classique du fleuve, qui coule<br />
toujours dans le même sens, qui change toujours<br />
et, à la fois, qui ne change pas vraiment.<br />
Mais l’anticipation, elle, met un barrage. Elle<br />
arrête le flux continu. Elle introduit un arrêt<br />
dans le mouvement. Ceci n’est pas un processus<br />
<strong>de</strong> nature et c’est<br />
même l’opposé d’un processus<br />
biologique considéré<br />
<strong>de</strong> façon classique.<br />
C’est un processus que<br />
Fernan<strong>de</strong>z Zoïla considère<br />
comme spécifique<br />
<strong>de</strong> l’espèce humaine et<br />
<strong>de</strong> ses cultures. Il appartient<br />
aux processus <strong>de</strong> l’affectivité<br />
humaine. Ma métaphore<br />
du barrage introduit<br />
cette intention volontaire<br />
<strong>de</strong> créer un arrêt, une retenue<br />
d’énergie, toujours<br />
sous la pression <strong>de</strong> l’affectivité.<br />
Une rivière <strong>de</strong>vient<br />
lac artificiel. Le lac<br />
va donner l’énergie retenue,<br />
grâce aux turbines,<br />
etc. Il suffit <strong>de</strong> développer la métaphore pour<br />
trouver l’image d’un projet orienté vers un<br />
<strong>de</strong>venir.<br />
J.-C. B. : Revenons à la psychologie...<br />
M. B. : Dans sa phrase le « la vie avant la<br />
vie », Sutter soulignait l’existence d’un processus<br />
imaginatif, affectif, retentissant sur<br />
l’ensemble <strong>de</strong> l’organisme, psychosomatiques.<br />
Dans l’anticipation, ce ne sont pas<br />
seulement <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s rêveries. Il s’agit<br />
d’une accumulation <strong>de</strong> désir, ou <strong>de</strong> crainte<br />
aussi bien. Mais <strong>de</strong>main est là, aujourd’hui,<br />
sur un fait précis <strong>de</strong> ma vie. Pour ma part, je<br />
propose d’habitu<strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> la femme aimée<br />
qui doit venir <strong>de</strong>main. Là interviennent<br />
le corps, l’âme, l’esprit. C’est un évènement<br />
affectif attendu, précis.<br />
J.-C. B. : Il y a donc ce blocage sur un évènement<br />
précis, émouvant d’emblée.<br />
M. B. : Oui, prévu. C’est la venue <strong>de</strong> la femme<br />
aimée, <strong>de</strong>main à 17 heures. Aujourd’hui, mon<br />
imagination travaille, actualise ici et maintenant<br />
la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Je définis l’anticipation<br />
une « actualisation du futur ». Là,<br />
vient un peu <strong>de</strong> tout : les images, les pensées,
les sentiments, et aussi le corps avec toutes<br />
ses manifestations. Dans ses Exercices spirituels,<br />
Ignace <strong>de</strong> Loyola disait au chrétien :<br />
« L’Enfer, il te faut le vivre vraiment. Sois à<br />
ce moment en Enfer ».<br />
J.-C. B. : Ou au Paradis, peut-être... Je perçois<br />
ton thème, cette intensité <strong>de</strong> l’anticipation<br />
dans l’intimité <strong>de</strong> soi et sa recherche,<br />
l’importance <strong>de</strong> cette attitu<strong>de</strong> active.<br />
M. B. : « Appliquez-là tous vos sens ». Voilà<br />
la femme aimée, je la tiens dans mes bras, je<br />
la possè<strong>de</strong>... C’est cela qu’il faut concevoir :<br />
l’anticipation est un processus global. Sutter<br />
s’est montré d’accord, finalement. En particulier<br />
par sa pratique clinique <strong>de</strong> l’Epreuve.<br />
J.-C. B. : Nous voici donc aux images vécues,<br />
présentées dans l’Epreuve. À ton école,<br />
j’ai particulièrement apprécié ce type <strong>de</strong> vécu<br />
avec l’Epreuve, en particulier au niveau <strong>de</strong>s<br />
images négatives et dans l’anticipation secondaire,<br />
ces <strong>de</strong>ux espaces les plus intimes.<br />
M. B. : Au fur et à mesure <strong>de</strong> la progression<br />
dans ce test, le sujet apporte ses images fortes,<br />
ses symboles, bipolaires, ce qu’il vit au contact<br />
d’autrui aussi. Ce que j’aime dans la bien aimée,<br />
ou au contraire ce que je hais, en elle.<br />
La synthèse <strong>de</strong> l’ambivalence s’ouvre sur<br />
l’existence. Cela ne peut que nous rappeler,<br />
à toi comme à moi, les expériences vécues,<br />
fortement imagées, du Rêve éveillé dirigé <strong>de</strong><br />
Desoille. Sa métho<strong>de</strong> travaille aux <strong>de</strong>ux niveaux,<br />
le négatif d’en bas et le positif d’en<br />
haut, en tant que vécus universels. Sa métho<strong>de</strong><br />
psychothérapique est à la fois d’actualisation<br />
et d’anticipation, faisant revenir<br />
du passé ces images, ces scénarii si affectifs.<br />
Les psychologues l’ont méconnue, mais je<br />
sais qu’elle gar<strong>de</strong> toute sa valeur en tant qu’exploration<br />
affective et thérapie. Rappelonsnous<br />
d’ailleurs les expériences <strong>de</strong>s mystiques,<br />
leurs extases, une fusion parfaite, affective,<br />
voire sexuelle. Ce sont là trois caractéristiques<br />
essentielles <strong>de</strong> l’anticipation : symbolique,<br />
bipolaire, ouverte à l’existence. Sutter<br />
était d’accord sur ces points.<br />
J.-C. B. : Ce que tu nommes actualisation...<br />
M. B. : Oui, l’actualisation <strong>de</strong> l’évènement<br />
prévu pour <strong>de</strong>main, précis et me concernant,<br />
comporte ces processus, imaginatifs, globaux,<br />
psychosomatiques, tout autant que le<br />
mental et le spirituel. C’est la seule possibi-<br />
L a<br />
L’EPREUVE D’ANTICIPATION<br />
Test <strong>de</strong> l’imaginaire personnel<br />
Mario Berta, Erès<br />
lité <strong>de</strong> vivre le futur personnel. Si l’on attend<br />
sans anticiper, quand le futur arrive il n’est<br />
plus futur mais présent. L’anticipation permet,<br />
elle, d’explorer le futur dans la mesure<br />
où elle comporte une sorte <strong>de</strong> projet existentiel.<br />
Il y a toujours quelque chose que je<br />
souhaite fortement <strong>de</strong> l’avenir.<br />
J.-C. B. : Ces façons <strong>de</strong> voir et ce thème sont<br />
donc liés aux conceptions existentielles ?<br />
M. B. : En général, tous les existentialistes<br />
ont évoqué ce thème du projet personnel,<br />
Sartre, Merleau-Ponty, Ortega y Gasset, les<br />
phénoménologues allemands... C’est un plan<br />
que l’on se fait inévitablement pour le futur.<br />
Notre futur a la forme d’un projet. J’ai donc<br />
proposé la notion qu’il y a <strong>de</strong>ux inconscients.<br />
Le plus connu est l’inconscient passé - a retro,<br />
celui <strong>de</strong> la répression freudienne. L’autre<br />
est l’inconscient futur - ab ante, d’anticipation.<br />
Celui-ci est fait <strong>de</strong> l’immensité dans les<br />
projets <strong>de</strong> chacun, c’est un futur vaste, illimité.<br />
Je l’appelle « l’Inconscient <strong>de</strong> Sutter »,<br />
en hommage à celui qui a posé pour la première<br />
fois cette question <strong>de</strong> l’anticipation humaine,<br />
dans la psychologie actuelle.<br />
J.-C. B. : Ton attitu<strong>de</strong> me paraît juste. Et je<br />
me permets, <strong>de</strong> même, <strong>de</strong> te rendre hommage,<br />
à toi, à ton tour. Pour l’Epreuve.<br />
M. B. : Sutter aimait bien cette phrase du<br />
poète Hö<strong>de</strong>rling, que je lui avais citée : « Ce<br />
que nous sommes n’est rien, ce que nous<br />
cherchons est tout ». Le grand mérite d’une<br />
conscience d’anticipation existentielle est <strong>de</strong><br />
nous placer <strong>de</strong>vant l’ouverture du futur. Sutter<br />
était très ouvert, attentif à toute idée nouvelle.<br />
Un jour, il me transmet son texte d’une<br />
conférence <strong>de</strong>stinée à un congrès sur l’anticipation.<br />
Je lui réponds, entre autres, que tous<br />
les processus psychiques ne sont pas anticipateurs<br />
et que pour qu’ils soient anticipateurs,<br />
il faut intégrer en eux le statut du futur.<br />
Sans celà, ce n’est que rêverie. Il a<br />
immédiatement accepté l’idée et l’a transmise<br />
dans son intervention.<br />
J.-C. B. : L’évènement à venir a une certaine<br />
réalité prévisible et un impact émotionnel<br />
que je pressens.<br />
M. B. : Oui, sinon l’imagination n’est plus<br />
anticipatrice, c’est la folle du logis, n’importe<br />
quoi ! L’anticipation vécue, c’est bien la folle<br />
du logis, mais limitée à certains processus<br />
notion d’anticipation, sous son aspect existentiel, affectif, interpersonnel, fut introduite<br />
par le psychiatre français Jean Sutter en 1956. Elle concerne le thème essentiel<br />
du changement et du développement personnel, dans la mesure où chacun <strong>de</strong> nous s’engage<br />
émotionnellement dans son avenir et avec son environnement. Ceci est rappelé dans<br />
la préface du Professeur Sutter.<br />
A partir <strong>de</strong> 1975, Mario Berta, à Montevi<strong>de</strong>o, développe le test projectif le plus performant<br />
qui soit dans ce domaine, l’Epreuve d’anticipation. Face à face avec le sujet, le praticien<br />
conduit la recherche d’images subjectives personelles. Il s’agit d’une part <strong>de</strong> figurations<br />
tentantes, idéalisées, positives et d’autre part <strong>de</strong> figurations refusées, effrayantes,<br />
négatives.<br />
La clé <strong>de</strong> ce test projectif, original et passionnant, à la limite du jeu, rési<strong>de</strong> pour l’auteur<br />
dans une confrontation au fait affectif : « En réalité, je suis celui que je ne veux pas être ».<br />
Toute crise relationnelle, émotionnelle, existentielle nous confronte à cet autre soi, celui<br />
que nous refusons, que nous redoutons, etc. Et pourtant le travail avec cette anticipation<br />
négative latente gui<strong>de</strong>ra notre évolution. Huit images symboles constituent le matériel<br />
initial <strong>de</strong> l’épreuve qui induit cette dialectique active sur le thème <strong>de</strong> l’évolution possible<br />
du sujet.<br />
Ce test s’adapte à la gran<strong>de</strong> diversité actuelle <strong>de</strong>s champs où s’appliquent <strong>de</strong>s soins psychologiques.<br />
En une vingtaine d’années, Mario Berta a pu affiner sa pratique projective<br />
et donner à son épreuve <strong>de</strong>s procédures complémentaires adaptables à chaque cas. L’intégralité<br />
<strong>de</strong> cette approche est présente dans cet ouvrage. Dans un contexte psychiatrique,<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Benoit évoque ici l’emploi possible <strong>de</strong> ces projections anticipatrices chez <strong>de</strong>s<br />
sujets psychotiques, ainsi que l’utilisation du test chez <strong>de</strong>s intervenants en situation d’incertitu<strong>de</strong><br />
et enfin par la praticien vis-à-vis <strong>de</strong> lui-même. ■<br />
F.C.<br />
psycho-imaginatifs auxquels s’adjoint la réalité<br />
du futur. Cette rencontre précise va arriver<br />
: c’est le statut du futur. Et l’Inconscient<br />
ab ante.<br />
J.-C. B. : Des applications ?<br />
M. B. : J’en connais trois : pédagogiques,<br />
psychologiques, psychothérapiques. Dans<br />
l’application pédagogique, il faut citer Claparè<strong>de</strong>.<br />
On peut faire anticiper un enfant pour<br />
un apprentissage précis. Traverser une rue ?<br />
Alors le pédagogue, sa mère, son enseignant<br />
lui fait un schéma, lui prend la main, ou lui<br />
montre les images correspondantes. L’enfant<br />
enregistre le message et sait acquérir la pru<strong>de</strong>nce<br />
nécessaire, faire les actes convenables<br />
pour traverser les rues, sans risque. Etc. Les<br />
exemples <strong>de</strong> l’apprentissage anticipateur sont<br />
innombrables. Claparè<strong>de</strong> décrit ces faits dans<br />
son livre L’éducation fonctionnelle. En psychologie,<br />
l’Epreuve d’anticipation offre un<br />
vrai laboratoire d’exploration <strong>de</strong>s faits d’anticipation<br />
affective. Sa pratique régulière te<br />
donne une sorte <strong>de</strong> sécurité dans l’approche<br />
d’individus soit considérés comme normaux,<br />
soit névrotiques ou psychosomatiques, et<br />
dans une sphère très large <strong>de</strong> situations où la<br />
rencontre est <strong>de</strong> ce type, induite par la nécessité<br />
d’un bilan et d’un changement psycho-affectifs.<br />
J.-C. B. : D’emblée apparaissent <strong>de</strong>s inductions<br />
psychothérapiques.<br />
M. B. : Certes. Mais le psychothérapeute peut<br />
aller plus loin, s’engager avec le sujet dans<br />
une anticipation plus directement thérapeutique.<br />
Voici un exemple, une séquence<br />
exploratrice que j’ai mis en forme, avec <strong>de</strong>s<br />
collaborateurs. C’est une structure « polytechnique<br />
», que je nomme « la structure d’anticipation<br />
». Là, je propose au sujet une incorporation<br />
affective et psychomotrice totale<br />
<strong>de</strong>s images. Brièvement dit, cette « structure »<br />
commence par une recherche <strong>de</strong> relaxation<br />
maximale du sujet, les yeux fermés, assis ou<br />
allongé. Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> parcourir l’une<br />
après l’autre les sensations <strong>de</strong> chaque partie<br />
<strong>de</strong> son corps, <strong>de</strong> haut en bas, puis <strong>de</strong> bas en<br />
haut. Puis, toujours les yeux fermés, il doit<br />
tenter d’imaginer une grotte <strong>de</strong>vant lui, avec<br />
là un animal effrayant, agressif. Il doit prendre<br />
contact avec celui-ci. Puis le situer dans une<br />
<strong>de</strong> ces parties <strong>de</strong> son corps et vivre, dans cette<br />
partie-là, cette agressivité. En quelque sorte,<br />
il se transforme lui-même en cet animal menaçant.<br />
Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> finalement d’exprimer<br />
le mieux possible avec une partie <strong>de</strong> son<br />
corps l’animal ainsi somatisé et vécu, les yeux<br />
toujours fermés, et <strong>de</strong>bout - <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>vant<br />
lui telle personne avec qui sa relation est difficile,<br />
<strong>de</strong> sentir sa propre agressivité et <strong>de</strong> laisser<br />
manifester l’agression qu’il ressent luimême.<br />
Je l’incite activement à l’action. Il<br />
dévoile alors et i<strong>de</strong>ntifie lui-même la problématique<br />
relationnelle latente.<br />
J.-C. B. : Tu as développé ainsi nombre <strong>de</strong><br />
techniques, dans la continuité <strong>de</strong> l’Epreuve,<br />
<strong>de</strong>s images latentes puis exprimées. Desoille<br />
est toujours proche.<br />
M. B. : Certes, ce fut mon premier Maître.<br />
Mais aussi, toi et moi, nous avons pu faire<br />
ensemble ces ouvrages <strong>de</strong> jadis, L’activation<br />
psychothérapique, Le projet psychothérapique<br />
et La pénombre du double, où notre<br />
coopération utilisait la différence <strong>de</strong> nos statuts<br />
professionnels, moi en privé, toi en institution,<br />
avec le professeur Paul Sivadon en<br />
particulier. C’est d’un passé assez lointain !<br />
Initialement, Desoille m’a aidé, beaucoup,<br />
et en particulier à concevoir le thème <strong>de</strong> « l’attachement<br />
pathologique ». Ceci m’a guidé<br />
dans la recherche <strong>de</strong> techniques ou procédures<br />
efficaces pour ouvrir ces zones-là, les<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 5<br />
LIVRES<br />
Introduction aux thérapies <strong>de</strong><br />
groupe<br />
Théories, techniques et<br />
programmes<br />
Jose Guimon<br />
Masson<br />
L’objectif <strong>de</strong> cet ouvrage est <strong>de</strong> présenter<br />
les différents types, modèles et programmes<br />
<strong>de</strong> psychothérapie <strong>de</strong> groupe les plus fréquemment<br />
utilisés, en articulant pour chaque<br />
technique les aspects théorique et pratique.<br />
La première partie abor<strong>de</strong> certains thèmes<br />
historiques en rapport avec le développement<br />
<strong>de</strong>s activités groupales dans le cadre<br />
<strong>de</strong> la psychiatrie communautaire et rappelle<br />
les modèles théoriques sur lesquels<br />
elles se basent. La <strong>de</strong>uxième partie explore<br />
les différentes activités cliniques et<br />
les aspects techniques qui prési<strong>de</strong>nt à leur<br />
développement. Sont également décrits<br />
les programmes groupaux que l’on peut<br />
organiser dans <strong>de</strong>s dispositifs ambulatoires,<br />
à mi-chemin, et hospitaliers. Enfin,<br />
la formation et l’évaluation <strong>de</strong>s groupes<br />
sont abordées.<br />
Psychose, autisme et<br />
défaillance cognitive chez<br />
l’enfant<br />
Gabriel Balbo et Jean Bergès<br />
Erès<br />
Cet ouvrage se présente comme la suite<br />
<strong>de</strong> l’élaboration du concept <strong>de</strong> transitivisme<br />
que Gabriel Balbo et Jean Bergès<br />
ont initiée dans un livre précé<strong>de</strong>nt*. Ils soutiennent<br />
qu’on ne peut plus parler <strong>de</strong><br />
psychose, d’autisme ou <strong>de</strong> défaillance cognitive<br />
chez l’enfant comme d’entités autonomes<br />
qui supposeraient une étiologie<br />
linéaire ou une causalité plurifactorielle,<br />
mais qu’il faut les considérer comme <strong>de</strong>s<br />
modalités <strong>de</strong> réponses à <strong>de</strong>s facteurs prédéterminés<br />
qui s’organisent <strong>de</strong> façon complexe<br />
sur le mo<strong>de</strong> d’une topologie en<br />
constante transformation autour <strong>de</strong> ce point<br />
d’arrimage et <strong>de</strong> repérage qu’est le grand<br />
Autre pour l’enfant, les parents, l’analyste<br />
et l’institution. Ils sont ainsi amenés à montrer<br />
comment s’articulent les fonctions, les<br />
places et les rapports réciproques du grand<br />
Autre avec les formations <strong>de</strong> l’inconscient.<br />
*Gabriel Balbo et Jean Bergès, Le jeu <strong>de</strong> la mère et<br />
<strong>de</strong> l’enfant, Essai sur le transitivisme, Erès, 1998.<br />
La prise en charge<br />
ethnoclinique <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong><br />
migrants<br />
Clau<strong>de</strong> Mesnir<br />
Dunod<br />
L’école se révèle souvent moins efficace<br />
dans la transmission <strong>de</strong>s savoirs aux enfants<br />
<strong>de</strong> migrants. Leurs cultures différentes,<br />
complètement ignorées <strong>de</strong>s enseignants,<br />
provoquent <strong>de</strong>s malentendus,<br />
souvent lourds <strong>de</strong> conséquences. Afin <strong>de</strong><br />
réduire les effets <strong>de</strong> ces échecs scolaires,<br />
l’auteur expérimente <strong>de</strong>s entretiens ethnocliniques,<br />
impliquant parents, enfants,<br />
équipe psychopédagogique et médiateur<br />
<strong>de</strong> même langue et <strong>de</strong> même culture que<br />
la famille. Ces prises en charge ethnocliniques<br />
s’appuient sur un dispositif technique<br />
inspiré <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la consultation<br />
d’ethnopsychiatrie. A partir <strong>de</strong> cinq cas,<br />
l’auteur démontre que les entretiens ethnocliniques<br />
permettent une prévention active,<br />
en assouplissant le clivage entre les<br />
univers culturels.
6<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />
LIVRES<br />
Thérapie <strong>de</strong> groupe pour le<br />
trouble bipolaire : une<br />
approche structurée<br />
Mark S. Bauer et Linda McBri<strong>de</strong><br />
Ed. Mé<strong>de</strong>cine & Hygiène<br />
Mark S. Bauer et Linda McBri<strong>de</strong> proposent<br />
dans ce gui<strong>de</strong> diagnostique et thérapeutique<br />
une prise en charge cognitivo-comportementale<br />
<strong>de</strong> groupe, structurée, pour<br />
<strong>de</strong>s personnes souffrant <strong>de</strong> la maladie bipolaire.<br />
Ce travail est basé sur la constatation<br />
que la morbidité sociale et occupationnelle<br />
causée par ce trouble ne s’améliore<br />
pas nécessairement une fois que les symptômes<br />
ont diminué ou disparu. L’ouvrage,<br />
traduit <strong>de</strong> l’anglais par Jean-Michel Aubry,<br />
décrit avec clarté le programme d’objectifs<br />
personnels (POP) dont le but est d’augmenter<br />
les compétences <strong>de</strong> la personne<br />
pour gérer sa maladie, <strong>de</strong> collaborer efficacement<br />
avec les soignants et d’améliorer<br />
le fonctionnement social et professionnel.<br />
Il s’agit d’un outil supplémentaire pour<br />
informer au mieux le patient dans une démarche<br />
<strong>de</strong> soin partenariale.<br />
Composé <strong>de</strong> trois parties, l’ouvrage fournit<br />
dans un premier temps une vue d’ensemble<br />
du trouble bipolaire comprenant<br />
une revue synthétique <strong>de</strong>s éléments diagnostiques,<br />
<strong>de</strong> la pathogenèse, et <strong>de</strong>s traitements<br />
pharmacologiques <strong>de</strong> la maladie.<br />
Les auteurs détaillent en second lieu le<br />
cadre conceptuel du programme en précisant<br />
les éléments comportementaux, cognitifs<br />
et interpersonnels <strong>de</strong> groupes impliqués.<br />
La <strong>de</strong>rnière partie est consacrée<br />
à la thérapie proprement dite. Elle se déroule<br />
en <strong>de</strong>ux phases. La première, très<br />
structurée, consiste en cinq sessions psycho-éducatives<br />
<strong>de</strong>stinées à mieux connaître<br />
la maladie et i<strong>de</strong>ntifier, notamment, les<br />
signes précurseurs <strong>de</strong> rechute (une réunion<br />
d’orientation, <strong>de</strong>ux séances consacrées à<br />
la dépression et <strong>de</strong>ux autres à la manie).<br />
La <strong>de</strong>uxième phase utilise un cadre semistructuré<br />
et se concentre sur la sélection<br />
d’objectifs personnels utiles et réalistes qui<br />
ont été jusqu’alors perturbés par la maladie.<br />
Les participants apprennent durant<br />
cette phase à développer un plan comportemental<br />
et à utiliser <strong>de</strong>s techniques cognitives<br />
pour augmenter leurs chances d’atteindre<br />
ces buts personnels.<br />
Le matériel didactique, présenté <strong>de</strong> manière<br />
précise et illustré par <strong>de</strong>s vignettes<br />
cliniques, offre la possibilité aux lecteurs<br />
d’appliquer le programme thérapeutique<br />
et d’en évaluer l’efficacité à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
échelles proposées. Cet ouvrage s’adresse<br />
à tous les cliniciens soucieux d’élargir leur<br />
palette thérapeutique dans la prise en charge<br />
<strong>de</strong> la maladie bipolaire.<br />
R. Piette<br />
Travail social et pratiques <strong>de</strong><br />
la relation d’ai<strong>de</strong><br />
Michel Boutanquoi<br />
L’Harmattan<br />
Le travail social n’a cessé d’être l’objet <strong>de</strong><br />
discours contradictoires. Souvent remis en<br />
cause pour <strong>de</strong>s pratiques jugées à une<br />
époque imprégnées d’idéologies et aujourd’hui<br />
obsolètes ou, pour le moins, inadaptées,<br />
on ne peut que s’étonner <strong>de</strong> sa<br />
capacité à survivre. Ce livre s’interroge sur<br />
ses fonctions en tant qu’institution au-<strong>de</strong>là<br />
du temps présent <strong>de</strong> ses organisations et<br />
du sentiment <strong>de</strong> crise. Dans ce contexte,<br />
l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation d’ai<strong>de</strong>, en tant que<br />
pratique, peut s’avérer un moyen <strong>de</strong> saisir<br />
ce qui fait la permanence du travail social<br />
comme un certain rapport à la déviance et<br />
à l’altérité.<br />
faire dépasser à nombre <strong>de</strong> mes patients -<br />
« activation pictographique », « objectivation<br />
kinétique », « karaté méditatif », etc.,<br />
décrits dans mes livres - et en particulier en<br />
français dans ceux que nous avons publiés<br />
ensemble. Au-<strong>de</strong>là, l’individu découvre <strong>de</strong>s<br />
zones <strong>de</strong> liberté et il peut utiliser <strong>de</strong>s compétences<br />
inattendues, relancer <strong>de</strong>s intérêts<br />
personnels jusque-là bloqués.<br />
J.-C. B. : Le réalisme, disons les ouvertures<br />
pragmatiques apportées par l’Epreuve d’anticipation<br />
m’ont toujours frappé. Par cette<br />
voie, la difficulté névrotique - et même psychotique,<br />
dans ma pratique institutionnelle<br />
- s’est montrée comme un conflit actuel, un<br />
obstacle précis, à la limite <strong>de</strong> la conscience.<br />
L’Epreuve ouvre la voie d’un travail possible<br />
du sujet sur lui-même, d’une « rentabilité<br />
» immédiate pour lui et pour son environnement.<br />
Pour toi comme pour moi,<br />
« l’activation psychothérapique » fut et reste<br />
cette tentative souvent efficace <strong>de</strong> libérer l’intimité<br />
bloquée, pour un retour à la prise en<br />
main <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin par le sujet en difficulté.<br />
M. B. : Ce que j’ajouterai c’est que le trouble<br />
latent est en réalité l’attachement du sujet,<br />
un lien qu’il peine à i<strong>de</strong>ntifier lui-même dans<br />
ses aspects inhibiteurs. N’importe quoi <strong>de</strong><br />
prévalent, d’excessif : l’argent, le sexe, le<br />
pouvoir, la possession, etc., etc. La personne<br />
qui consulte souffre dans cette sorte <strong>de</strong> noyau<br />
cristallisé et obsédant ses actes.<br />
J.-C. B. : Elle a donc pour souffrance une<br />
forme <strong>de</strong> noyau affectif cristallisé autour<br />
d’une attitu<strong>de</strong> prévalente -désir ou crainte<br />
échec, ou réussite d’ailleurs - qui échappe à<br />
la gestion <strong>de</strong> sa vie présente et aux changements<br />
inévitables <strong>de</strong> l’existence. Un blocage<br />
<strong>de</strong> son imaginaire créatif <strong>de</strong> ses processus<br />
<strong>de</strong> liberté, voire <strong>de</strong> croissance. D’anticipation<br />
active, finalement. Elle ne peut anticiper<br />
un <strong>de</strong>venir différent.<br />
M. B. : Oui. Au plan imaginaire, imaginatif<br />
actif, bien <strong>de</strong>s sujets ont une véritable addiction<br />
à certaines zones imaginaires et leur<br />
restent attachés indûment. Ce n’est pas seu-<br />
lement la pathologie, mais aussi bien l’alcool,<br />
le sexe, la richesse, les mondanités, le<br />
prestige social, le pouvoir, la <strong>de</strong>rnière voiture<br />
<strong>de</strong> l’année... Insistons sur cet Inconscient<br />
du futur. C’est autre chose que l’Inconscient<br />
répressif <strong>de</strong> Freud, qui marque le<br />
passé. Mais il est vrai qu’entre eux, pas <strong>de</strong><br />
limite précise. L’Epreuve d’anticipation permet<br />
<strong>de</strong> percevoir dans un horizon ouvert, aux<br />
possibilités inconnues, la problématique vécue<br />
dans l’actuel.<br />
J.-C. B. : Elle prouve donc et exploite la présence<br />
d’un imaginaire latent, subconscient,<br />
plus proche que l’Inconscient. Le travail au<br />
niveau du transfert parental sur le thérapeute,<br />
chez Freud, ou au niveau <strong>de</strong>s archétypes<br />
chez Jung me semblent se heurter à la<br />
limite <strong>de</strong>s faits les plus latents <strong>de</strong>s sujets. Tu<br />
nous incites à travailler au niveau préconscient,<br />
avec l’adresse et l’efficacité <strong>de</strong> ta méthodologie<br />
active, incitative, adaptée sur mesure<br />
à chaque sujet, venant directement <strong>de</strong><br />
lui. Son anticipation existentielle peut être<br />
libérée, techniquement.<br />
M. B. : Un psychologue américain a dit que<br />
« ce qui préoccupe le plus l’être humain,<br />
c’est moins son passé que son futur ». Le futur<br />
a longtemps été laissé aux mains <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vins,<br />
prophètes, mystiques, ou médiums,<br />
voyants, etc. A mon avis, le futur et l’anticipation<br />
se trouvent liés à <strong>de</strong>s zones d’attachement<br />
et il faut trouver les moyens thérapeutiques<br />
pour les ouvrir sur un <strong>de</strong>venir non<br />
limité. À la limite, je dirai ceci : ils faut traiter<br />
nos clients non dans le sens <strong>de</strong> ce qu’ils<br />
CENTENAIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE<br />
11 - 12 - 13 octobre 2001<br />
Institut <strong>de</strong> Psychologie, Université Paris V<br />
71 avenue Edouard Vaillant, Boulogne Billancourt<br />
Trois jours <strong>de</strong> débat pendant lesquels alterneront :<br />
Des conférences assurées par Michel Denis, Daniel Stern, Jacques Paillard, Daniel Widlöcher,<br />
Jean-François Le Ny et par Régine Plas, Serge Nicolas, Miche Huteau, Dana Castro,<br />
Patrick Cohen, Jean-Paul Caverni , Michel Sabourin.<br />
Et <strong>de</strong>s tables ron<strong>de</strong>s orientées sur l’évolution et l’état actuel <strong>de</strong> la psychologie en France<br />
et organisées autour <strong>de</strong>s thèmes suivants : les émotions, l’évolution instrumentale, psychologie<br />
et société, l’intelligence et les activités cognitives, les nouvelles technologies<br />
<strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communication.<br />
Inscriptions et renseignements : SFP, 71 avenue Edouard Vaillant, 92100 Boulogne-Billancourt.<br />
Téléphone: 01 55 20 58 32. E-mail : dominique.baudonniere@psycho.univ-paris 5.fr<br />
pensent <strong>de</strong>venir, mais dans ce que nous souhaitons<br />
et pensons qu’ils peuvent <strong>de</strong>venir !<br />
C’est moins paradoxal qu’on le pense à première<br />
vue. A travers les indications que nous<br />
donne le patient - comme par l’Epreuve d’anticipation<br />
- nous <strong>de</strong>vons le traiter pour un<br />
avenir que nous percevrons sur la base <strong>de</strong>s<br />
anticipations bloquées. Certains psychothérapeutes<br />
seront surpris par cette affirmation<br />
qui, pourtant, se fon<strong>de</strong> sur une expérience<br />
clinique confirmée.<br />
J.-C. B. : Ce que dans chaque cas tu tentes<br />
d’explorer et d’induire.<br />
M. B. : Il faut explorer, et activer. La pathologie<br />
ne se trouve pas dans les zones bloquées<br />
elles-mêmes, mais dans le fait que le<br />
sujet ne peut pas se détacher activement<br />
d’elles. Le pathologique n’est ni le sujet, ni<br />
ces zones traumatiques ou autres, mais l’attachement<br />
induit qui peut se prolonger une<br />
vie entière, sans que le sujet en ait conscience.<br />
Parfois, cet attachement précis lui est commo<strong>de</strong><br />
: « Que voulez-vous que je fasse, tel<br />
est mon <strong>de</strong>stin... Je suis ainsi ».<br />
J.-C. B. : Le contrat que tu présentes au sujet<br />
implique qu’il va être actif.<br />
M. B. : Sans cela, que faire pour lui ou pour<br />
elle ? À cela correspond l’abord par <strong>de</strong>s techniques<br />
activatrices <strong>de</strong> ce que l’on pourrait<br />
appeler cette âme du patient qui le situe dans<br />
sa vie. Je fais appel à l’initiative et au sens<br />
<strong>de</strong> la responsabilité personnelle.<br />
J.-C. B. : L’emploi <strong>de</strong> ta « structure d’activation<br />
» voit son efficacité éclairée par les<br />
résultats <strong>de</strong> ton Epreuve d’anticipation et ses<br />
images, en particulier négatives ?<br />
M. B. : Je développe en ce moment le concept<br />
suivant. Certaines situations adultes <strong>de</strong>viennent<br />
pathogènes par un conditionnement extérieur.<br />
Il faut conserver à l’idée le fait <strong>de</strong>s<br />
névroses traumatiques. Elles furent décrites<br />
dans certaines suites <strong>de</strong> guerre où l’agression<br />
vécue avait été plus psycho-émotionnelle que<br />
physique. L’emploi <strong>de</strong> la narco-analyse levait<br />
l’inhibition angoissée et le sujet explosait<br />
dans une forme <strong>de</strong> crise intense mais cathartique.<br />
Au réveil, il avait retrouvé son<br />
équilibre affectif antérieur au traumatisme.<br />
J.-C. B. : Tu peux rappeler que Sutter avait<br />
beaucoup utilisé cette métho<strong>de</strong> - venue <strong>de</strong>s<br />
Anglo-américains - vers la fin <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong><br />
guerre mondiale. Je m’en suis servi aussi<br />
avec un intérêt indiscutable dans <strong>de</strong>s cas civils<br />
similaires, durant les années 50-60.<br />
M. B. : C’est aussi la voie <strong>de</strong>s thérapies comportementales.<br />
C’est l’expérience du behavioriste<br />
Jones, qui a induit puis effacé une<br />
telle névrose exogène dans le cas célèbre <strong>de</strong><br />
l’enfant Albert, âgé <strong>de</strong> 11 mois... Mais je voudrais<br />
préciser ici une idée qui me tient à cœur.<br />
Dans cet exemple, il est évi<strong>de</strong>nt que le résultat<br />
obtenu signale le processus recherché: gué-<br />
rir pour croître, pour grandir. Cela est bien.<br />
Or il serait absur<strong>de</strong>, en psychothérapie, <strong>de</strong> se<br />
limiter à cette définition et aux cas <strong>de</strong> conditionnement<br />
exogène. Elle est tout à fait insuffisante<br />
quant les faits sont d’origine intime,<br />
endogène, étroitement liés à l’existence<br />
naturelle et à ses conflits, traumatisants en<br />
eux-mêmes et aussi à <strong>de</strong>s actes propres du sujet<br />
qu’il ne parvient pas à bien assimiler affectivement.<br />
Voici Lady Macbeth qui se lave<br />
cent fois les mains. Névrose compulsive ?<br />
Tendances obsessionnelles ? La réalité psychopathologique<br />
est qu’elle connaît parfaitement<br />
son crime, ce meurtre qu’elle a « sur la<br />
conscience ». Il ne s’agit ni <strong>de</strong> la déconditionner,<br />
ni <strong>de</strong> la comprendre : il faut qu’ellemême<br />
assume son geste criminel et les sentiments<br />
latents qui l’accompagnent.<br />
J.-C. B. : Il y a une limite évi<strong>de</strong>nte aux thérapies<br />
<strong>de</strong> déconditionnement, ou <strong>de</strong> déculpabilisation.<br />
M. B. : Il a <strong>de</strong> même une limite aux thérapies<br />
à visée <strong>de</strong> croissance. La guérison se<br />
fon<strong>de</strong> sur un processus intime, souvent cette<br />
idée <strong>de</strong> grandir. Mais en ce moment, j’étudie<br />
avec un groupe <strong>de</strong> praticiens cette autre<br />
formule : croître, c’est grandir pour guérir.<br />
Cette inversion <strong>de</strong>s termes me paraît douée<br />
d’un sens crucial. Je cite souvent le cas d’un<br />
adolescent <strong>de</strong> 19 ans qui dans un cauchemar<br />
poignar<strong>de</strong> sa mère, avec laquelle il vit seul.<br />
Il ne s’agit pas d’apaiser son angoisse, ou <strong>de</strong><br />
l’interpréter selon le modèle du refoulement.<br />
Non. Il s’agit au contraire <strong>de</strong> ce fait que le<br />
cauchemar lui indique la voie à suivre. Là,<br />
il faut qu’il grandisse pour guérir. Je lui dis :<br />
« Tu dois faire ce que le cauchemar t’indique<br />
». « Quoi, poignar<strong>de</strong>r ma mère ! ».<br />
C’est l’effroi... « Non, bien sûr, pas physiquement,<br />
mais poignar<strong>de</strong>r l’attachement qui<br />
te lie <strong>de</strong> si près à ta mère ». Il fallait mettre<br />
l’accent, d’emblée, sur croître et croître dès<br />
maintenant. C’était cela guérir, croître pour<br />
guérir. Quelques années plus tard, je le croisais<br />
à l’aérogare <strong>de</strong> Montevi<strong>de</strong>o. Il me reconnaît.<br />
Nous parlons. Il était <strong>de</strong>venu stewart<br />
et heureux... Il avait à sa façon, par l’éloignement,<br />
poignardé sa mère. Le cauchemar,<br />
la névrose avaient donc raison.<br />
J.-C. B. : Ainsi le thérapeute doit-il saisir le<br />
message négatif apparent, mais dans son sens<br />
positif latent. C’est comme face aux images<br />
négatives <strong>de</strong> l’Epreuve d’anticipation.<br />
M. B. : Un autre cas. Un homme d’une trentaine<br />
d’années me consulte pour une impuissance<br />
sexuelle. Celle-ci est brusquement<br />
apparue sur le fond d’une hyperactivité <strong>de</strong><br />
ce type, individuelle et souvent en orgies <strong>de</strong><br />
groupe, etc. Par ailleurs, il est fiancé et cette<br />
impuissance, dit-il, l’empêche <strong>de</strong> se marier.<br />
Je lui dis : « Eh bien non ! Tu dois te marier.<br />
Tu dois dépasser ton hypersexualité et te marier<br />
pour guérir ». Il s’est marié et il a guéri.<br />
Il est passé à un plan existentiel plus vrai,<br />
c’est-à-dire plus actuel pour lui, alors. C’est<br />
donc croître pour guérir.
J.-C. B. : Cet apport est convaiquant. Tu<br />
aimes les exemples clairs et les formules prégnantes.<br />
Mais j’ai une autre question, <strong>de</strong> ce<br />
côté-là. On sait que dans <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />
risque implicite ou vécues fortement, une mutation<br />
émotionnelle peut ai<strong>de</strong>r soudain un<br />
sujet à franchir la pas. C’est le cas typique<br />
<strong>de</strong> l’acteur qui souvent a l’émotion forte dite<br />
trac, jusqu’au moment même où il entre en<br />
scène, ou la confusion <strong>de</strong> l’artiste qui cherche<br />
l’ouverture sur une création qu’il sent obscurément.<br />
Puis il lui faut se lancer dans ce<br />
vi<strong>de</strong> et créer ce qui lui était impensable ou<br />
imprévu auparavant. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si bien<br />
<strong>de</strong>s névrosés n’ont pas ce type d’angoisse,<br />
cette notion latente d’une évolution personnelle<br />
bloquée et qui, à travers leurs symptômes,<br />
les conduit chez le praticien. Ils souffrent<br />
<strong>de</strong> la rétention en eux <strong>de</strong> cette croissance<br />
possible. Ils déco<strong>de</strong>nt mal leurs symptômes<br />
et même projettent l’origine <strong>de</strong> ceux-ci sur<br />
leur environnement, concerné certes, mais<br />
pas dans le sens où ils l’enten<strong>de</strong>nt en euxmêmes,<br />
au premier niveau. Le névrosé viendrait<br />
en fait dire, sans clairement le savoir :<br />
« Je ne suis pas content <strong>de</strong> moi ». Le symptôme<br />
va en effet donner au thérapeute une<br />
indication précieuse sur ce point. Ou encore,<br />
le client va te dire : « Il faudrait soigner ma<br />
femme, mon fils, etc. Ils sont difficiles à vivre,<br />
je n’y parviens plus ». Alors que sa démarche<br />
même concerne sa propre croissance.<br />
M. B. : Oui. Ses attachements, ses liens latents<br />
à telle ou telle conduite qu’il serait capable<br />
<strong>de</strong> dépasser, le maintiennent en fait<br />
dans une situation <strong>de</strong> blocage affectif et<br />
concret. D’angoisse.<br />
J.-C. B. : Le client ne se sent pas, je crois,<br />
dans l’axe <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée. C’est comme une<br />
certaine menace <strong>de</strong> « ne pas être moi-même »,<br />
dirais-je.<br />
M. B. : Oui. Ce que je veux dire est très bien<br />
représenté dans ta notion d’OMNIA, ces « objets<br />
métaphoriques négatifs inducteurs d’anticipation<br />
» que tu as rencontré et utilisé efficacement<br />
dans l’approche <strong>de</strong>s patients<br />
psychotiques, vus avec leur famille. Cet objet<br />
bizarre, incongru que le patient ou la patiente<br />
apporte assez discrètement -je dirai<br />
avec une forme <strong>de</strong> timidité, <strong>de</strong> peur légitime<br />
d’être incompris - font peur. Dans la séance,<br />
personne ne veut les voir tellement cela représente<br />
la psychose, la menace <strong>de</strong> l’aliénation<br />
et le fait que le pessimisme a gagné toute<br />
la famille. Tu m’as parlé d’un autiste qui<br />
amenait un parapluie cassé à la séance, lui<br />
mutique. Tu t’es occupé <strong>de</strong> cet objet repoussant<br />
et pendant une heure vous en avez parlé avec<br />
la famille <strong>de</strong>vant le patient. Et il s’agissait<br />
pour lui <strong>de</strong> ses promena<strong>de</strong>s libres à l’entour<br />
<strong>de</strong> l’hôpital. Bref, c’était le symbole maté-<br />
Le Département Mission Enfants<br />
Martyrs <strong>de</strong> la Ligue Française<br />
pour la santé Mentale<br />
vous informe que<br />
Les actes du colloque <strong>de</strong>s<br />
14 et 15 décembre 2000 à l’UNESCO<br />
Les métamorphoses <strong>de</strong>s traumatismes<br />
Comprendre, traiter, prévenir<br />
sont disponibles au prix <strong>de</strong> 180 francs<br />
port compris (chèque à l’ordre <strong>de</strong> LFSM)<br />
Ils sont à comman<strong>de</strong>r à :<br />
LFSM, 11 rue Tronchet - 75008 Paris<br />
riel même <strong>de</strong> sa volonté <strong>de</strong> liberté, au moins<br />
minimale et <strong>de</strong> sa capacité à <strong>de</strong>venir responsable<br />
et libre, une ouverture pour lui, enfin.<br />
Comme le cauchemar <strong>de</strong> ce jeune, où il<br />
tuait sa mère.<br />
J.-C. B. : Je pense, maintenant, au mot « <strong>de</strong>venir<br />
», comme l’utilise Roger Martin du<br />
Gard, titre même <strong>de</strong> son premier roman Devenir<br />
! Ce thème <strong>de</strong> l’autonomie <strong>de</strong> soi, <strong>de</strong><br />
se libérer, <strong>de</strong> vouloir grandir pour changer,<br />
guérir <strong>de</strong> son passé en quelque sorte pour<br />
grandir, s’arracher soi-même à un soi passé,<br />
ce thème est très fort dans toute l’oeuvre <strong>de</strong><br />
ce grand écrivain. Et l’on voit comment il<br />
peut concerner les relations entre un sujet et<br />
son environnement le plus proche. Oui : grandir<br />
activement pour guérir, plutôt que l’inverse,<br />
nuance subtile mais cruciale dans ton<br />
inversion <strong>de</strong>s termes.<br />
M. B. : La psychothérapie, c’est cette idée<br />
qu’un <strong>de</strong>venir personnel existe. Et différent<br />
pour chacun. Ce <strong>de</strong>venir a un passé, un présent,<br />
un futur, et doit être également imaginé<br />
par les autres, imaginable pour eux,<br />
l’entourage.<br />
J.-C. B. : Devenir, se passe aussi en effet avec<br />
d’autres, que l’on a reçus, puis plus ou moins<br />
choisis.<br />
M. B. : Devenir moi-même, avec papa, maman,<br />
mais sans toutes les idées <strong>de</strong> papa et <strong>de</strong><br />
maman. Mon père se disait intimement qu’il<br />
serait très heureux d’avoir un fils mé<strong>de</strong>cin,<br />
comme lui. Il pensait lui transmettre toute<br />
son expérience <strong>de</strong> professeur en mé<strong>de</strong>cine.<br />
Moi, le benjamin, je suis seul <strong>de</strong>venu mé<strong>de</strong>cin,<br />
mais pas dans le sens qu’il aurait exactement<br />
voulu. Je lui donnais un quart, un tiers<br />
<strong>de</strong> son plaisir, en pleine liberté personnelle<br />
vécue. Le verbe croître, c’est <strong>de</strong>venir. On<br />
guérit par le but <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir soi-même. Et<br />
croître, pour guérir. Devenir soi-même, c’est<br />
dépasser l’attachement pathologique. Le mot<br />
<strong>de</strong>venir me convient parfaitement.<br />
COLLÈGE CLINIQUE DE PARIS<br />
Formations Cliniques du Champ Lacanien<br />
118 rue d’Assas - 75006 Paris - Tél. : 01 56 24 14 66 - Association Loi 1901<br />
Le Collège clinique <strong>de</strong> Paris, créé en 1998, a pris une option dans la psychanalyse<br />
: celle <strong>de</strong> suivre l’œuvre <strong>de</strong> Lacan et les principes sur lesquels il avait fondé<br />
la Section clinique à Paris en 1976.<br />
Le thème pour l’année 2001-2002 est : Clinique <strong>de</strong>s pulsions.<br />
Le début <strong>de</strong>s activités est prévu pour le mois d’octobre 2001.<br />
Les enseignements proposés se répartissent ainsi : <strong>de</strong>s Unités cliniques se déroulant<br />
dans <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> psychiatrie, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> textes, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
cas, <strong>de</strong>s séminaires <strong>de</strong> théorie psychanalytique et les Journées du collège.<br />
Renseignements sur le programme et les horaires :<br />
Josée Mattei - Tél. : 01 56 24 14 66 - Fax : 01 56 24 22 37<br />
E-mail : collegeclinique-paris@wanadoo.fr<br />
Montant <strong>de</strong> l’inscription : 1 200 F. Etudiants : 700 F. Formation permanente : 2 500 F.<br />
J.-C. B. : Devenir est plus actif que <strong>de</strong>stin.<br />
M. B. : Plus temporel, plus libre, plus changeant.<br />
On lie le mot <strong>de</strong>stin à la fatalité, plus<br />
ou moins. C’est un mot rigi<strong>de</strong>, figé. Il y a <strong>de</strong>s<br />
faits « incontournables » : n’avoir pas une intelligence<br />
brillante, avoir une famille aisée ou<br />
non, un pays calme ou agité, etc. Nous sommes<br />
tous limités à certaines réalités. Et puis, « les<br />
choses <strong>de</strong> la vie ». Mais elles ne sont pas aussi<br />
changeantes que l’on croit. Défendons aussi<br />
le mot <strong>de</strong>stin à côté du mot <strong>de</strong>venir. J’ajoute<br />
toujours qu’à côté <strong>de</strong> la temporalité et <strong>de</strong> l’écoulement,<br />
il faut penser à la simultanéité. Une<br />
approche psychologique simultanée me semble<br />
nécessaire. Echapper au temps, l’eschatologie.<br />
Tu ne peux jeter cette interrogation hors<br />
<strong>de</strong> la psychologie. Quel thérapeute ne ressent<br />
ces questions <strong>de</strong> méta-histoire, <strong>de</strong> méta-<strong>de</strong>stin<br />
? Je pense à l’extase, à une transcendance.<br />
Les expériences mystiques font aussi partie<br />
<strong>de</strong>s cultures humaines, quelles qu’elles soient.<br />
Le fait métaphysique est une préoccupation<br />
naturelle <strong>de</strong> l’être humain, que même une société<br />
scientiste ne peut refuser - la divinisation<br />
elle-même <strong>de</strong> la science le prouve chaque<br />
jour. Dans sa création et son emploi du Rêve<br />
éveillé dirigé, Robert Desoille a découvert<br />
chez les plus incroyants une zone imaginaire<br />
mystique et habituellement très positive, et<br />
aussi les restes latents <strong>de</strong> cette phase <strong>de</strong> l’enfance<br />
que bien <strong>de</strong>s psychothérapeutes constatent<br />
à cet âge précoce. Si nous revenons un<br />
moment au grand maître Sutter, je ne peux<br />
oublier qu’il m’a montré une foi catholique<br />
profon<strong>de</strong>. Ceci peut être une conclusion pour<br />
un entretien consacré au traitement <strong>de</strong>s « âmes<br />
mala<strong>de</strong>s ». Pour moi, cette dimension « autre »<br />
est un appui décisif, avec tout ce que Jung m’a<br />
apporté là par son oeuvre. Mais, bien sûr,<br />
aussi Desoille, votre rationaliste explorateur<br />
<strong>de</strong> l’imaginaire humain, si proche <strong>de</strong> cet autre<br />
génie <strong>de</strong>s images, Gaston Bachelard. ■<br />
*Psychiatre, psychothérapeute, Ancien professeur <strong>de</strong><br />
Psychologie, Avenida Ricaldoni, 2521, 11600 Montevi<strong>de</strong>o,<br />
Uruguay.<br />
Bibliographie<br />
BENOIT J.C. & BERTA M., L’activation psychothérapique,<br />
1973, Bruxelles, Dessart.<br />
BERTA M., Vivir su neurosis, 1986, Montevi<strong>de</strong>o,<br />
Privada.<br />
BERTA M., La sumbra <strong>de</strong> Jung, 1990, Montevi<strong>de</strong>o,<br />
La Plaza.<br />
BERTA M., La psicoterapia y las exigencias <strong>de</strong>l<br />
mundo actual, 1971, Act. Soc. Psichiatr., Uruguay,<br />
2, 25-62.<br />
BERTA M., Prospective symbolique en psychothérapie.<br />
L’Epreuve d’anticipation clinique et expérimentale,<br />
1983, Paris, E.S.F.<br />
BERTA M., Moradas Humanas, 1996, Montevi<strong>de</strong>o,<br />
Plaza.<br />
BERTA M., Quien soy yo ahora ?, Montevi<strong>de</strong>o,<br />
Plaza.<br />
BERTA M., L’Epreuve d’anticipation. Test <strong>de</strong><br />
l’imaginaire personnel, 1999, Ramonville, Erès.<br />
BERTA M. & coll., Confrontacion imagogica activata,<br />
1971, 212-216.<br />
BERTA M. & BENOIT J.C., Le projet psychothérapique,<br />
1976, Paris, Denoël.<br />
FERNANDEZ ZOÏLA A., Communication personnelle.<br />
PIGEM SERRA, L’épreuve d’expression du désir,<br />
1948, Barcelone, Lib. Sc. Medic.<br />
BERTA M. & BENOIT J.C., Imagines que curan.<br />
El « Ensueno Dirigido » <strong>de</strong> Robert Desoille,<br />
2000, Montevi<strong>de</strong>o, El Toboso.<br />
SUTTER M., L’anticipation. L’Evolution Psychiatrique,<br />
1956, 1, 282-288.<br />
SUTTER M., L’anticipation, 1983, Paris, PUF.<br />
SUTTER J., Champ <strong>de</strong> conscience et niveaux<br />
d’anticipation, L’Encéphale, 17, 3-9.<br />
SUTTER J. & BERTA M., L’anticipation et ses<br />
applications cliniques, 1991, Paris, PUF.<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 7<br />
LIVRES<br />
Troubles dépressifs et<br />
personnes âgées<br />
Henri Loo et Thierry Gallarda<br />
Ed. John Libbey Eurotext<br />
Les personnes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 65 ans représentent<br />
plus <strong>de</strong> 300 millions d’individus au<br />
niveau mondial. Le vieillissement est un processus<br />
naturel qui s’inscrit dans la <strong>de</strong>stinée<br />
humaine. Pourtant, être un vieillard, et plus<br />
particulièrement en ce début <strong>de</strong> XXIème siècle,<br />
reste trop souvent synonyme <strong>de</strong> tourment,<br />
<strong>de</strong> régression, <strong>de</strong> dépendance, <strong>de</strong> survie<br />
sans projet... Avec l’avancée en âge, pointe<br />
une souffrance relative au <strong>de</strong>uil. Deuil <strong>de</strong> ce<br />
que l’on était, <strong>de</strong>uil <strong>de</strong>s proches qui disparaissent,<br />
<strong>de</strong>uil d’une indépendance et d’une<br />
autonomie qui s’estompent en peau <strong>de</strong> chagrin...<br />
La maladie dépressive, on le sait, peut<br />
frapper à tout âge <strong>de</strong> l’existence. Elle survient<br />
cependant plus volontiers dans la secon<strong>de</strong><br />
moitié <strong>de</strong> la vie. S’installent progressivement<br />
une inactivité, une morosité latente,<br />
un déclin <strong>de</strong>s capacités... autant <strong>de</strong> signes<br />
considérés comme légitimes à ces âges et<br />
qui conduisent à négliger la dépression du<br />
sujet âgé. Pire que la banalisation ou la commisération,<br />
l’ignorance ! Les auteurs nous<br />
proposent un con<strong>de</strong>nsé <strong>de</strong>s connaissances<br />
actuelles sur les états dépressifs <strong>de</strong> la<br />
personne âgée. Un chapitre introductif est<br />
consacré aux données épidémiologiques<br />
récentes qui confèrent au sujet la dimension<br />
d’un problème <strong>de</strong> santé publique. Les signes<br />
cardinaux <strong>de</strong> la dépression sont ensuite détaillés<br />
avec le souci <strong>de</strong> répondre à cette<br />
question essentielle : existe-t-il une symptomatologie<br />
dépressive spécifique chez le<br />
sujet âgé ? La comorbidité, avec la détérioration<br />
<strong>de</strong>s fonctions intellectuelles, est approfondie,<br />
ainsi que la place <strong>de</strong>s plaintes<br />
somatiques dans le discours du patient. Le<br />
suici<strong>de</strong> <strong>de</strong> la personne âgée, sujet tabou et<br />
délicat, est traité <strong>de</strong> manière exhaustive et<br />
dépassionnée. Les instruments d’évaluation<br />
du risque suicidaire sont fournis et pourraient<br />
faire partie d’une meilleure information<br />
dispensée aux mé<strong>de</strong>cins généralistes.<br />
Les événements <strong>de</strong> vie (départ <strong>de</strong>s enfants,<br />
bouleversements physiologiques, <strong>de</strong>uils,<br />
mise en institution), dont on sait que certains<br />
favorisent indiscutablement l’éclosion<br />
d’états dépressifs, sont largement documentés.<br />
A noter un paragraphe dédié à la<br />
maltraitance, où l’on apprend, entre autre,<br />
que 10% <strong>de</strong>s personnes âgées seraient<br />
soumises à <strong>de</strong> mauvais traitements. Les<br />
moyens et les stratégies thérapeutiques<br />
concluent l’ouvrage. Les indications et mo<strong>de</strong>s<br />
d’utilisation <strong>de</strong>s antidépresseurs sont largement<br />
décrits et commentés. Différentes<br />
formes <strong>de</strong> psychothérapie sont proposées<br />
et garantissent une prise en charge efficace.<br />
Outre la richesse <strong>de</strong>s données théoriques<br />
classiques, ce livre est truffé <strong>de</strong>s références<br />
bibliographiques <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s épidémiologiques<br />
et cliniques les plus récentes. L’ensemble<br />
<strong>de</strong>s données sont en parfaite symbiose<br />
et confèrent à l’ouvrage une originalité<br />
toute particulière. Une réflexion mo<strong>de</strong>rne,<br />
pragmatique et didactique.<br />
Eric Hensgen<br />
Le traumatique<br />
Répétition et élaboration<br />
Anna Potamianou<br />
Dunod<br />
Cet ouvrage propose une approche clinique<br />
et théorique du traumatisme qui<br />
abor<strong>de</strong> la vie psychique en en réinterprétant<br />
son organisation et ses dysfonctionnements.<br />
Sa thèse consiste à éclairer, dans<br />
l’expérience traumatique, les tendances à<br />
l'effacement <strong>de</strong>s représentations d’objet,<br />
et les restrictions corrélatives du moi.
8<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />
LIVRES<br />
Le psychologue surpris<br />
T. Reik<br />
Traduction D. Berger<br />
Préface d’Elisabeth Roudinesco<br />
Denoël<br />
Il est difficile <strong>de</strong> surestimer l’importance <strong>de</strong><br />
Reik pour l’histoire <strong>de</strong> la psychanalyse. Dès<br />
son texte <strong>de</strong> 1933, présenté au Congrès<br />
psychanalytique international <strong>de</strong> Wiesba<strong>de</strong>n,<br />
peu avant l’arrivée <strong>de</strong> Hitler au pouvoir,<br />
il souligne que les véritables et intimes<br />
compréhensions psychanalytiques apparaissent<br />
comme <strong>de</strong>s surprises pour l’analyste<br />
et pour l’analysant (1) .<br />
En vérité, Reik va bien plus loin. Il est le<br />
premier à mettre en cause les principaux<br />
axes <strong>de</strong> la formation analytique tels qu’Eitingon<br />
et l’Institut <strong>de</strong> Berlin les ont établis :<br />
« Il ne faut pas croire que les analystes ont<br />
décidé définitivement <strong>de</strong> la meilleure voie<br />
pour acquérir les connaissances analytiques.<br />
La recommandation <strong>de</strong> suivre la<br />
chaîne : analyse personnelle, étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
littérature scientifique, analyse <strong>de</strong> contrôle<br />
n’est qu’un schéma grossier et insuffisant.<br />
Bien <strong>de</strong>s doutes <strong>de</strong>meurent chez certains<br />
d’entre nous quant à la meilleure façon<br />
d’étudier la psychanalyse. Chez ceux qui<br />
ne doutent pas, il n’en <strong>de</strong>meure pas moins<br />
toute une série d’incertitu<strong>de</strong>s, relatives aux<br />
postulats, aux conditions régissant les trois<br />
phases qui sont à la base <strong>de</strong> ce schéma<br />
<strong>de</strong>s problèmes concernant leur portée et<br />
la façon dont elles agissent et continuent<br />
à se poser. Bien <strong>de</strong>s questions ne pourront<br />
pas être résolues aussi longtemps que nous<br />
ne disposerons pas <strong>de</strong> l’expérience portant<br />
sur <strong>de</strong>s nombreuses années, sur trois<br />
générations au moins (2) ». Ces générations<br />
se sont succédées et <strong>de</strong>s nombreuses années<br />
se sont passées. Si les problèmes ne<br />
restent pas en l’état, c’est qu ils se sont<br />
aggravés. Ceux relatifs à la formation se<br />
sont multipliés par ceux relatifs à la reconnaissance<br />
<strong>de</strong>s psychanalystes et aux<br />
critères retenus pour le choix <strong>de</strong> ceux qui<br />
auront la responsabilité <strong>de</strong> les former et <strong>de</strong><br />
les reconnaître.<br />
Reik a souligné l’impératif <strong>de</strong> rester accueillant<br />
à l’égard <strong>de</strong> la surprise. Or, les<br />
institutions analytiques se montrent<br />
singulièrement fermées à toute surprise<br />
dans leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement. Au<br />
contraire : l’histoire montre qu’elles se soucient<br />
plutôt <strong>de</strong> la refouler avec violence.<br />
Aussi, du point <strong>de</strong> vue clinique l’actualité<br />
<strong>de</strong> Reik est surprenante : déjà en 1935,<br />
quand son livre est publié pour la première<br />
fois, il critique Reich et ceux qui préten<strong>de</strong>nt<br />
formaliser la cure analytique <strong>de</strong> manière<br />
supposée scientifique. Il signale que<br />
le véritable cheminement <strong>de</strong> la cure est<br />
plutôt erratique, fait <strong>de</strong> déambulations et<br />
<strong>de</strong> surprises, à la faveur <strong>de</strong>s libres associations,<br />
qui, elles, ne supportent aucune<br />
formalisation. De manière étonnante pour<br />
la lecture contemporaine <strong>de</strong> Ferenczi, Reik<br />
l’inclut parmi ceux qui ambitionnent à une<br />
telle formalisation (pp. 126-131 et, plus loin,<br />
p. 198).<br />
En <strong>de</strong>vançant nos théories actuelles et en<br />
prévoyant, en quelque sorte, les paradoxes<br />
cliniques issus <strong>de</strong> ces théories, Reik écrit :<br />
« L’insistance sur le facteur formel est si peu<br />
nouvelle, si peu originale qu’on n’a même<br />
pas osé faire un petit pas <strong>de</strong> plus et aller<br />
jusqu’à affirmer que la forme n’est rien d’autre<br />
que le contenu <strong>de</strong>venu couche externe, le<br />
noyau <strong>de</strong>venu écorce ; que selon le mot <strong>de</strong><br />
Novalis, l’extérieur n’est qu’un intérieur qui<br />
s’est secrètement soulevé (p.133) ».<br />
Dans sa préface, E. Roudinesco déploie<br />
ses larges connaissances historiques et<br />
montre comment Reik a su résister et dé-<br />
Palmarès du 25 ème festival<br />
Ciné-Vidéo-Psy <strong>de</strong> Lorquin<br />
Clé d’Or 2001<br />
ESSABAR ou L’ABRI DE L’ETRE, Zarina<br />
Khan, 2000, 90 minutes.<br />
Thème: Réinsertion<br />
Résumé : En quête d’i<strong>de</strong>ntité, <strong>de</strong> jeunes gens<br />
« marginalisés » découvrent le désert.<br />
Clé d’Argent 2001<br />
AU TEMPS TIC-TAC, Espace Clauzel, 2000,<br />
5 minutes.<br />
Thème : Vidéo clip rap sur le thème du temps<br />
écrit, réalisé et interprété par les patients du<br />
groupe vidéo d’un CATTP.<br />
Clé d’Argent 2001<br />
UNE VIE D’ICI, Lionel Mougin, 2001, 26<br />
minutes<br />
Thème : La vieillesse.<br />
Résumé : Michel a 70 ans, il vit seul dans la<br />
conciergerie d’une usine <strong>de</strong> textile fermée<br />
<strong>de</strong>puis 10 ans dans laquelle il a travaillé toute<br />
sa vie et rencontré sa femme Amélie, morte<br />
<strong>de</strong>puis 2 ans. La vie <strong>de</strong> Michel s’écoule,<br />
monotone ; la ron<strong>de</strong> quotidienne <strong>de</strong> l’usine,<br />
le blanc chez Raymond, le cafetier ... Et puis<br />
en parallèle, il y a les souvenirs <strong>de</strong> Michel :<br />
le travail à l’usine du temps <strong>de</strong> l’activité ...<br />
et le souvenir d’Amélie <strong>de</strong> plus en plus présent...<br />
Clé <strong>de</strong> Bronze 2001<br />
L’ADAPTATION, Marion Walthert, 1998/<br />
1999, 14 minutes .<br />
Thème : Grands brûlés.<br />
Résumé : Adaptation à la suite <strong>de</strong> très graves<br />
brûlures. Cette vidéo porte un regard personnel<br />
sur l’événement et l’adaptation à la<br />
nouvelle vie. Ce n’est pas un documentaire<br />
traditionnel sur un handicap. Tant sur le côté<br />
formel que sur le contenu.<br />
Clé <strong>de</strong> Bronze 2001<br />
L’ONDE DU CHOC, LE STRESS POST-<br />
TRAUMATIQUE (PULSATIONS), Badot<br />
Pierre, 2001, 57 minutes 50.<br />
Résumé : Dans quel état psychologique se<br />
retrouvent les personnes victimes d’un acci<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> voiture, d’un incendie, d’une agression,<br />
d’une violence sexuelle, d’une collision<br />
ferroviaire ? 75% d’entre elles seront<br />
choquées pendant les quelques semaines qui<br />
suivront l’inci<strong>de</strong>nt traumatique. Pour les autres<br />
25 %, l’état <strong>de</strong> choc va se chronifier, on parlera<br />
alors du syndrome <strong>de</strong> stress post-traumatique.<br />
jouer les pressions contre l’exercice <strong>de</strong> la psychanalyse<br />
par les psychologues exercées par<br />
l’International Psychoanalytical Association<br />
en général et l’American Psychoanalytical Association<br />
en particulier. En vérité, comme l’a<br />
souligné Freud à <strong>de</strong> nombreuses reprises, la<br />
psychanalyse est une psychologie <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>urs.<br />
Ou, comme le cite Roudinesco à<br />
partir <strong>de</strong> La question <strong>de</strong> l’analyse profane (p.<br />
26) : « La psychanalyse fait partie <strong>de</strong> la la psychologie,<br />
non pas <strong>de</strong> la psychologie médicale<br />
ou <strong>de</strong> la psychologie <strong>de</strong>s processus pathologiques,<br />
mais <strong>de</strong> la psychologie tout court ».<br />
Toute avancée psychanalytique est un progrès<br />
<strong>de</strong> la psychologie, qui, à ce titre, se renouvelle<br />
sans cesse au cours du siècle précé<strong>de</strong>nt.<br />
L’excellente traduction <strong>de</strong> D. Berger, à qui<br />
l’histoire <strong>de</strong> la psychanalyse en France doit<br />
déjà <strong>de</strong> si belles traductions, mérite d’être si-<br />
Prix spécial du jury :<br />
meilleur outil pédagogique<br />
pluridisciplinaire<br />
LE REGARD DE DELPHINE , Humbert<br />
Nago, 2000, 50 minutes.<br />
Thème : Enfance/Deuil.<br />
Résumé : Sous forme <strong>de</strong> fiction, le film conte<br />
l’histoire d’une lutte commune contre la maladie<br />
et l’inéluctable, menée par la petite Delphine,<br />
ses parents et toute l’équipe médicochirurgicale<br />
qui s’affaire autour <strong>de</strong> la jeune<br />
patiente.<br />
Mention télévision<br />
NAISSANCE DE LA PAROLE, Caillat François,<br />
1999, 56 minutes.<br />
Thème : Le langage chez les bébés.<br />
Résumé : Le langage vient-il dès la naissance<br />
et comment ? Doit-on l’apprendre, et sous<br />
quelles conditions ? La relation avec la mère<br />
est-elle primordiale ? Chercheurs et thérapeutes<br />
s’interrogent sur les conditions d’émergence<br />
<strong>de</strong> la parole. On suit <strong>de</strong>s expériences<br />
avec <strong>de</strong>s nourrissons savants et <strong>de</strong>s séances<br />
<strong>de</strong> thérapie pour grands enfants mutiques...<br />
On écoute <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s linguistes, <strong>de</strong>s<br />
mé<strong>de</strong>cins... On assiste au dialogue entre <strong>de</strong>s<br />
psychiatres et <strong>de</strong>s physiologues... En dix questions<br />
fondamentales, le film montre que l’acquisition<br />
du langage exige à la fois une prédisposition<br />
génétique et un échange affectif<br />
et ludique.<br />
gnalée. La lecture <strong>de</strong> cette traduction française<br />
<strong>de</strong> ce livre <strong>de</strong> Reik, non seulement élargit<br />
nos capacités <strong>de</strong> penser, mais est aussi<br />
très agréable.<br />
Prado <strong>de</strong> Oliveira<br />
(1) M. S. Bergmann, The Historical Roots of Psychoanalytic<br />
Orthodoxy, International <strong>Journal</strong> of Psychoanalysis,<br />
1997, 78 : 69-86.<br />
(2) T. Reik, Le psychologue surpris, Denoël, 2001, p.<br />
323, trad. D. Berger.<br />
L’ontologie <strong>de</strong> Gilles Deleuze<br />
Véronique Bergen<br />
L’Harmattan<br />
Cet essai abor<strong>de</strong> l’ontologie <strong>de</strong> Gilles Deleuze<br />
à partir <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> l’événement<br />
et <strong>de</strong> la génèse <strong>de</strong> l’être et <strong>de</strong> la pensée. Il<br />
interroge la politique <strong>de</strong> pensée mise en œuvre<br />
Mention jeune<br />
MIROS, Fehner Léa, 2001, 16 minutes.<br />
Résumé : Un documentaire sur les aveugles<br />
et les arts d’images au travers <strong>de</strong> 3 parcours<br />
<strong>de</strong> malvoyants. Un cinéphile, un acteur et un<br />
photographe. Comment une image peut-elle<br />
vivre dans le noir ?<br />
Mention « Parole <strong>de</strong> vie »<br />
PARLEZ-MOI D’AMOUR, Chantal Briet,<br />
1999, 35 minutes.<br />
Thème Adolescence, Amour, Sexualité.<br />
Résumé : Ce film est <strong>de</strong>stiné à la formation<br />
<strong>de</strong>s adultes, en particulier à ceux qui dialoguent<br />
fréquemment avec les jeunes autour<br />
<strong>de</strong> ces sujets. Il propose à travers différents<br />
entretiens une recherche autour du langage<br />
<strong>de</strong> l’amour chez les adolescents. Comment<br />
l’adolescent parle-t-il <strong>de</strong> ses sentiments et <strong>de</strong><br />
ses désirs ? Qu’est ce qui peut être dit ? Qu’est<br />
ce qui doit être tu ? Il est commenté par le<br />
Docteur Hélène Jacquemin-Le Vern.<br />
Prix Roger Camar<br />
LA DEVINIERE, Benoît Dervaux, 2000, 90<br />
minutes.<br />
Résumé : Le 18 février 1976, La Devinière,<br />
un lieu <strong>de</strong> psychothérapie institutionnelle,<br />
ouvrait ses portes à 19 enfants réputés incurables,<br />
refusés par tous. Ni le sens commun,<br />
ni la psychiatrie, ni la pédagogie ne pouvaient<br />
les admettre, les reconnaître. Ces enfants,<br />
comme exilés, La Devinière les a acceptés<br />
définitivement avec comme principe fondateur<br />
<strong>de</strong> ne les rejeter sous aucun prétexte. Le<br />
mot « asile » reprend son sens, un espace sans<br />
grille, ni chimie où l’on donne le droit <strong>de</strong><br />
« vivre avec sa folie ». Durant plus <strong>de</strong> vingt<br />
ans, <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong> solidarité se sont forgés entre<br />
ceux que rien ne reliait. Au fil <strong>de</strong>s saisons,<br />
j’ai filmé au plus près ce lieu qui a fait rejaillir<br />
la vie là où tout semblait condamné.<br />
PRIX NICOLAS ABRAHAM ET MARIA TOROK<br />
Le prix Nicolas Abraham et Maria Torok est attribué tous les <strong>de</strong>ux ans par l’Association<br />
Européenne Nicolas Abraham et Maria Torok à un ouvrage ou un travail (livre, thèse,<br />
mémoire ou article) réalisé en français au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années précédant son attribution<br />
(entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2001 pour la première fois).<br />
Ce prix vient souligner l’intérêt que l’Association porte au travail <strong>de</strong> recherche dans la<br />
continuité <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s pistes ouvertes par les travaux <strong>de</strong> Nicolas Abraham et Maria Torok.<br />
Les qualités théoriques et l’intérêt clinique <strong>de</strong>s travaux présentés seront pris en considération,<br />
mais aussi leur caractère d’innovation.<br />
Le montant du prix s’élève à 10 000 FF.<br />
L’association Nicolas Abraham et Maria Torok s’engage à faire connaître le travail primé<br />
par tous les moyens qu’elle jugera utiles et, au minimum, par une information dans son<br />
bulletin ainsi qu’une mention à l’occasion <strong>de</strong> ses réunions scientifiques.<br />
Les ouvrages concourant pour le Prix Nicolas Abraham et Maria Torok seront adressés<br />
jusqu’au 31/12/2001 (le cachet <strong>de</strong> la poste faisant foi), en sept exemplaires, au secrétariat<br />
du jury : Jean Clau<strong>de</strong> Rouchy, 40 rue <strong>de</strong> la Bienfaisance, 75008 Paris.<br />
Le jury du prix est composé pour l’année 2002 <strong>de</strong> : Eric Adda, Fabio Landa, Clau<strong>de</strong> Nachin,<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Rouchy, Nicholas Rand, Barbro Sylwan et Serge Tisseron. La décision<br />
du jury est sans appel.<br />
La première attribution du prix aura lieu au second trimestre 2002.<br />
B.L.<br />
par Deleuze en son choix <strong>de</strong> l’immanence<br />
et en sa synthèse <strong>de</strong>s dispositifs philosophiques<br />
produits par les stoïciens, Spinoza,<br />
Nietsche et Bergson essentiellement.<br />
La création <strong>de</strong> ce que Deleuze appelait une<br />
nouvelle image <strong>de</strong> la pensée rejoue ainsi<br />
les questions <strong>de</strong> l’être, du temps et <strong>de</strong> la<br />
différence et passe par la reconsidération<br />
du rapport entre la pensée et le chaos. Le<br />
traitement <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la co-génèse<br />
<strong>de</strong> l’être et <strong>de</strong> la pensée implique la position<br />
d’une pensée <strong>de</strong> la différence séparée<br />
<strong>de</strong> la différence critico-phénoménologique<br />
et <strong>de</strong> la différence dialectique. Par-<strong>de</strong>là<br />
la fin <strong>de</strong> non-recevoir que Deleuze a opposée<br />
à Hegel, il s’agit <strong>de</strong> repérer les affinités<br />
entre dialectique hégélienne et plan<br />
vitaliste <strong>de</strong>leuzien.
Les infractions sexuelles:<br />
prévention <strong>de</strong>s récidives et<br />
assistance aux mineurs victimes *<br />
La loi du 17 juin 1998, ses circulaires et<br />
décrets d’application trois ans après<br />
L a<br />
Fédération « La Voix <strong>de</strong> l’Enfant »,<br />
créée le 20 juillet 1981, est une association<br />
sans but lucratif, sans appartenance politique<br />
ni confessionnelle. Elle a soutenu et<br />
financé l’ouverture <strong>de</strong> Permanence d’Accueil<br />
d’Urgence pour les enfants victimes d’agressions<br />
sexuelles dans six villes en France et<br />
offre un accueil téléphonique, <strong>de</strong>s conseils<br />
juridiques, un suivi et un soutien <strong>de</strong>s familles<br />
en difficultés. La Fédération organise aussi<br />
l’étu<strong>de</strong> épidémiologique, la collecte et la diffusion<br />
<strong>de</strong>s informations, la formation, le partenariat,<br />
la mise à disposition <strong>de</strong> compétences,<br />
la promotion <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Enfant, l’étu<strong>de</strong><br />
sur l’application <strong>de</strong> la législation nationale<br />
et internationale. Au travers <strong>de</strong> ses associations<br />
membres elle est présente dans 70 pays.<br />
Les textes légaux<br />
Martine Brousse et Bernard Cordier ont présenté<br />
la brochure qu’ils ont rédigée « Les infractions<br />
sexuelles : prévention <strong>de</strong>s récidives<br />
et assistance aux mineurs victimes ». Elle est<br />
divisée en <strong>de</strong>ux parties : un résumé <strong>de</strong>s textes<br />
légaux sur la prévention <strong>de</strong>s récidives <strong>de</strong>s infractions<br />
sexuelles et l’assistance aux mineurs<br />
victimes <strong>de</strong> ces infractions. Les <strong>de</strong>ux<br />
chapitres, après un rappel historique, analysent<br />
l’esprit <strong>de</strong> la loi, son application et ses<br />
conséquences pratiques. Le texte intégral <strong>de</strong><br />
la loi et les circulaires figurent en annexe. La<br />
loi du 17 juin 1998 prévoit trois groupes <strong>de</strong><br />
mesures : préventives (suivi socio-judiciaire<br />
avec ou sans injonction <strong>de</strong> soins, fichier national<br />
automatisé <strong>de</strong>s auteurs d’infractions<br />
sexuelles), répressives (aggravation <strong>de</strong>s peines<br />
pour infractions sexuelles contre <strong>de</strong>s mineurs<br />
<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans, sanction <strong>de</strong>s infractions<br />
sexuelles à travers Internet, vidéocassette,<br />
vidéodisque ou jeux électroniques, création<br />
du délit <strong>de</strong> bizutage) et d’assistance (l’allongement<br />
du délai <strong>de</strong> prescription civile,<br />
l’administrateur ad hoc, expertise médicopsychologique).<br />
La loi dissocie nettement les<br />
mesures préventives d’ordre social et les mesures<br />
thérapeutiques.<br />
Les mesures thérapeutiques<br />
Un traitement ne doit jamais être une sanction<br />
et ne peut être imposé à une personne<br />
détenue. Pourtant, tout est fait pour inciter le<br />
condamné à commencer son traitement en<br />
détention. L’injonction <strong>de</strong>s soins peut être<br />
prononcée par la juridiction <strong>de</strong> jugement ou,<br />
ultérieurement, par le juge d’application <strong>de</strong>s<br />
peines, toujours après expertise médicale.<br />
Celle-ci exige une compétence spécifique.<br />
C’est le mé<strong>de</strong>cin expert qui prend la responsabilité<br />
<strong>de</strong> dire si le condamné nécessite<br />
<strong>de</strong>s soins. Malheureusement, on ne relève<br />
pas assez d’experts, peut-être du fait <strong>de</strong> la rémunération<br />
qui ne correspond pas au temps<br />
investi ou <strong>de</strong>s réactions contretransférentielles<br />
que l’expertise peut induire. Pour inciter<br />
le condamné à s’engager dans un traitement,<br />
au moins une fois tous les six mois,<br />
le juge d’application <strong>de</strong>s peines lui propose<br />
<strong>de</strong> suivre un traitement, dont l’observance<br />
peut donner droit à <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong>s peines<br />
supplémentaires. Un mé<strong>de</strong>cin coordonnateur<br />
invite le condamné à choisir un mé<strong>de</strong>cin trai-<br />
tant, il transmet au juge d’application <strong>de</strong>s<br />
peines les éléments nécessaires au contrôle<br />
du suivi <strong>de</strong> l’injonction <strong>de</strong>s soins. Les mé<strong>de</strong>cins<br />
traitants ne peuvent pas prendre en<br />
charge tous les auteurs d’infractions sexuelles,<br />
mais seulement ceux qui ont <strong>de</strong>s troubles<br />
sexuels. Le mé<strong>de</strong>cin traitant doit être volontaire<br />
et indépendant. Une équipe pluridisciplinaire<br />
apparaît indispensable. La durée du<br />
suivi socio-judiciaire peut aller jusqu’à 20<br />
ans s’il s’agit d’un crime.<br />
La procédure d’assistance<br />
En ce qui concerne la procédure d’assistance<br />
aux mineurs victimes, le procureur <strong>de</strong> la République<br />
ou le juge d’instruction a l’obligation<br />
d’informer, dès l’ouverture <strong>de</strong> cette procédure,<br />
le juge <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> l’ouverture<br />
d’une procédure pénale. « Lorsque la protection<br />
<strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> l’enfant n’est pas complètement<br />
assurée par ses représentants légaux<br />
», par exemple, lorsque l’auteur <strong>de</strong>s<br />
agressions sexuelles est un parent <strong>de</strong> l’enfant<br />
victime, ce qui est le plus souvent le cas, le<br />
procureur <strong>de</strong> la République et le juge d’instruction<br />
sont obligés <strong>de</strong> désigner pour l’enfant<br />
victime un administrateur ad hoc. Celui-ci<br />
a pour mission <strong>de</strong> protéger les intérêts<br />
<strong>de</strong> l’enfant, d’exercer en son nom les démarches<br />
lui permettant d’obtenir la réparation<br />
du préjudice qu’il a subi.<br />
La loi systématise l’enregistrement audiovisuel<br />
ou audio <strong>de</strong> la première audition <strong>de</strong>s<br />
enfants victimes avec leur consentement.<br />
D’après Martine Brousse et Clau<strong>de</strong> Aiguesvives<br />
chaque entretien représente un traumatisme<br />
en soi que l’enregistrement permet<br />
L es<br />
d’éviter. Peu <strong>de</strong> juges les utilisent.<br />
Selon Clau<strong>de</strong> Aiguesvives la moitié <strong>de</strong>s enfants<br />
victimes a accès à la justice.<br />
Il n’existe pas <strong>de</strong> recueil systématique ni <strong>de</strong><br />
recherche épidémiologique sur les infractions<br />
sexuelles qui sont plus fréquentes chez<br />
les filles (environ 60%) surtout chez les jeunes<br />
enfants en fin <strong>de</strong> maternelle et chez les préadolescents.<br />
Certaines mères, du fait d’une<br />
inquiétu<strong>de</strong> liée à leur propre vécu traumatique,<br />
amènent l’enfant en consultation.<br />
Les consultations sont souvent <strong>de</strong>mandées<br />
lors d’une procédure <strong>de</strong> divorce. En général,<br />
l’enfant n’est pas fabulateur (les fausses allégations<br />
sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 à 15%).<br />
L’abus sexuel entraînerait chez la victime<br />
<strong>de</strong>s troubles à type <strong>de</strong> dépression, <strong>de</strong> troubles<br />
anxieux et du comportement, <strong>de</strong>s troubles<br />
alimentaires à type <strong>de</strong> boulimie et d’anorexie,<br />
<strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> la personnalité. La majorité<br />
<strong>de</strong>s victimes porte plainte après leur adolescence<br />
quand ils ne sont plus sous l’autorité<br />
<strong>de</strong> leurs parents.<br />
Pendant la discussion, Bernard Cordier a relevé<br />
qu’une partie <strong>de</strong>s agresseurs est présentée<br />
par leur défense comme victimes pour<br />
alléger leurs peines. Il souhaite la création<br />
d’une équipe pluridisciplinaire par département<br />
pour la prise en charge <strong>de</strong>s victimes et<br />
a souligné que les anti-androgènes ont une<br />
efficacité sur la modification du comportement<br />
sexuel, alors qu’ils n’ont pas d’autorisation<br />
en France dans cette indication, bien<br />
que les patients <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt eux-mêmes ce<br />
traitement qu’ils ne vivent pas comme une<br />
punition ou une castration. Les mé<strong>de</strong>cins peuvent<br />
les prescrire sous leur propre responsabilité.<br />
En conclusion Carole Bouquet a affirmé que :<br />
« Le respect <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong>s Enfants aujourd’hui<br />
est la seule garantie <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong><br />
l’Homme <strong>de</strong> <strong>de</strong>main ». ■<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 9<br />
Vesselin Petkov<br />
*Conférence <strong>de</strong> presse. Paris, Hôtel Lutetia, 19 juin<br />
2001. Intervenants : Jean-Paul Beauvais, pour Solvay<br />
Pharma ; Bernard Cordier, Psychiatre <strong>de</strong>s Hôpitaux ;<br />
Martine Brousse, directrice <strong>de</strong> la Fédération « La Voix<br />
<strong>de</strong> l’Enfant » ; Clau<strong>de</strong> Aiguesvives, psychiatre et psychanalyste,<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fédération ; Carole Bouquet,<br />
porte-parole <strong>de</strong> la Fédération.<br />
LES AFFECTIONS PSYCHIATRIQUES,<br />
PREMIÈRES CAUSES DES PENSIONS D’INVALIDITÉ<br />
VERSÉES PAR L’ASSURANCE MALADIE<br />
affections psychiatriques ont été, en 1998, au premier rang <strong>de</strong>s causes médicales<br />
à l’origine d’une attribution <strong>de</strong> pension d’invalidité, selon une étu<strong>de</strong> du département<br />
statistiques <strong>de</strong> la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM)*. Ces affections concernaient<br />
13 591 personnes, soit 26,7% <strong>de</strong> l’effectif. Parmi elles, près <strong>de</strong> 11% <strong>de</strong> l’effectif<br />
total souffraient d’état dépressif ou <strong>de</strong> troubles névrotiques, tandis que près <strong>de</strong> 6% souffraient<br />
<strong>de</strong> psychoses.<br />
En 1997, sur une population salariée estimée pour le régime général <strong>de</strong> l’assurance maladie<br />
à 15,1 millions <strong>de</strong> personnes, 443 599, soit 2,9% bénéficiaient <strong>de</strong> pensions d’invalidité.<br />
Celles-ci sont versées en compensation <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> salaire résultant d’une réduction<br />
d’au moins <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> travail pour une raison médicale.<br />
Ces personnes ont perçu au total plus <strong>de</strong> 17 milliards <strong>de</strong> francs en 1997 à ce titre. En<br />
1998, les maladies du système ostéo-articulaire, essentiellement l’arthrose, les affections<br />
rachidiennes et discales, représentaient la <strong>de</strong>uxième cause d’invalidité avec 20,2% <strong>de</strong><br />
l’effectif (soit 10 309 personnes). Les tumeurs malignes étaient à l’origine d’une invalidité<br />
pour 6 397 personnes, soit 12,5% <strong>de</strong> l’effectif. Les cancers <strong>de</strong>s voies aériennes et digestives<br />
supérieures, bronchopulmonaires et <strong>de</strong> la trachée, concernaient 1 354 personnes,<br />
soit 2,7% <strong>de</strong> l’effectif, tandis que les cancers du sein touchaient 1 590 personnes, soit<br />
3,1% <strong>de</strong> cette population. Les hépatites virales et les infections VIH ont été à l’origine<br />
d’une invalidité pour 1 053 personnes, soit 2,1% <strong>de</strong> l’effectif. Cette <strong>de</strong>rnière population<br />
était essentiellement masculine avec un sex-ratio homme/femme à 4% pour les patients<br />
atteints d’infections à VIH.<br />
Parmi tous les bénéficiaires, 28,9% touchent la catégorie <strong>de</strong> première invalidité, accordée<br />
aux salariés qui ne sont pas capables d’exercer une activité rémunérée. Près <strong>de</strong> 70%<br />
touchaient l’invalidité <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième catégorie, versée à ceux qui sont absolument incapables<br />
d’exercer une profession. 1,4% <strong>de</strong> l’effectif s’est vu attribuer une invalidité <strong>de</strong><br />
troisième catégorie, attribuée à ceux qui sont incapables <strong>de</strong> travailler mais qui ont besoin<br />
d’une assistance dans leur vie quotidienne. ■<br />
F.C.<br />
*Les causes médicales <strong>de</strong>s pensions d’invalidité nouvellement attribuées en 1998, CNAM, 63 pages.<br />
LIVRES<br />
Sexualité et handicap :<br />
le paradoxe <strong>de</strong>s modèles<br />
D’Alter à Alius, du statut d’adulte<br />
au statut d’handicapé<br />
Martine Barillet-Lepley<br />
Préface <strong>de</strong> Pierre Nègre<br />
L’Harmattan<br />
Les discours sur les pratiques institutionnelles<br />
liées à la sexualité <strong>de</strong>s adultes accueillis<br />
en Foyer d’hébergement sont révélateurs<br />
<strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s caractéristiques du<br />
statut d’adulte handicapé mental : celle<br />
d'être paradoxal où s’affrontent et coexistent<br />
statuts d’adulte et d'handicapé,<br />
cet ouvrage interroge la gestion <strong>de</strong> ce paradoxe,<br />
et <strong>de</strong>s références implicites <strong>de</strong><br />
l’action <strong>de</strong>s professionnels. De la logique<br />
d’intention à la logique d’action, du statut<br />
d’adulte au statut d’handicapé, d’Alter à<br />
Alius, <strong>de</strong> l’autre comme moi-même ou <strong>de</strong><br />
l’autre différent, au-<strong>de</strong>là du regard porté<br />
sur les pratiques, une démarche éthique<br />
est précisée.<br />
Hypothèse amour<br />
Jean Jacques Moscovitz<br />
Calmann-Lévy<br />
Rencontre avec un autre, jouissance, rupture,<br />
différence <strong>de</strong>s sexes... Tout ce qui<br />
cerne l’amour semble intéresser la psychanalyse.<br />
Les textes <strong>de</strong> Freud (Sur le plus<br />
général dès rabaissements <strong>de</strong> la vie amoureuse),<br />
les séminaires <strong>de</strong> J. Lacan (Encore)<br />
ou <strong>de</strong> F. Perrier (L’amour) sont là pour en<br />
faire la preuve. Dans ce livre, Jean-Jacques<br />
Moscovitz, psychiatre et psychanalyste,<br />
reprend cette question en élaborant une<br />
réflexion sur l’Hypothèse amour.<br />
Une hypothèse qui interroge, notamment,<br />
les signifiants homme et femme, la régulation<br />
inconsciente entre pulsion <strong>de</strong> vie et<br />
pulsion <strong>de</strong> mort, le transfert ou la filiation.<br />
Selon l’auteur, nos liens d’amour, et plus<br />
généralement les rapports homme-femme,<br />
parent-enfant, ne peuvent s’écouter aujourd’hui<br />
sans une référence à un passé<br />
toujours actuel : la Shoah, c’est-à-dire « l’injusticiable<br />
». En effet, cette haine collective<br />
irreprésentable, véritable rupture <strong>de</strong><br />
l’Histoire, a transgressé les normes et le<br />
droit. Elle a surtout brisé l’interdit du meurtre<br />
et <strong>de</strong> l’inceste. En cela, la Shoah a atteint<br />
la fonction paternelle, et sa place symbolique<br />
<strong>de</strong> représentant <strong>de</strong> la loi, <strong>de</strong> garant<br />
d’une transmission du nom. Si la fonction<br />
paternelle est au fon<strong>de</strong>ment du lien social<br />
mais aussi <strong>de</strong> la subjectivité <strong>de</strong> chacun,<br />
on comprend alors que la Shoah, au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong>s effets sur le collectif, a <strong>de</strong>s répercussions<br />
au niveau individuel. C’est tout notre<br />
rapport individuel à la vie, à la mort, à nos<br />
origines, à nos liens d’amour qui se trouve<br />
bouleversé. Si l’extermination nazie était<br />
d’ordre biologique, J.J. Moscovitz montre<br />
bien le danger actuel d’ « objectivation »<br />
et <strong>de</strong> « biologisation » <strong>de</strong> la vie qui en découle<br />
: victoire du mesurable, <strong>de</strong> la génétique,<br />
ou <strong>de</strong> la vision <strong>de</strong> l’enfant « pur »<br />
sans sexualité. Ce risque actuel oblige,<br />
sans cesse, à rappeler l’importance d’une<br />
prise en compte <strong>de</strong> la parole et d’un savoir<br />
inconscient positionnant l’homme à<br />
une place non définie scientifiquement.<br />
Ce livre, à la croisée <strong>de</strong> l’individuel et du<br />
collectif, montre un sujet lié aux crimes<br />
contre l’humanité. De là, c’est toute une<br />
pratique psychanalytique, tout un rapport<br />
à la vie, à la mort, à l’amour qui s’en trouve<br />
changé. L’Hypothèse amour permet en fait<br />
<strong>de</strong> repenser et <strong>de</strong> retravailler, dans l’actuel,<br />
le Malaise dans la civilisation cher à<br />
Freud.<br />
Edouard Bertaud
10<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />
LIVRES<br />
Maternité, affaire privée,<br />
affaire publique<br />
Sous la direction <strong>de</strong> Yvonne<br />
Knibiehler*<br />
Préface <strong>de</strong> Françoise Héritier<br />
Bayard<br />
Jusqu’ici, les sciences sociales ont plutôt<br />
contribué à une occultation involontaire <strong>de</strong><br />
la maternité en l’enveloppant dans <strong>de</strong>s<br />
thèmes plus vastes (natalité, famille, vie privée,<br />
émancipation <strong>de</strong>s femmes), en l’incorporant<br />
dans une situation sociale : la<br />
paysanne, la bourgeoise, la dame <strong>de</strong>s beaux<br />
quartiers, la prolétaire du quart-mon<strong>de</strong>, l’immigrée<br />
ou, encore, en l’observant sous<br />
l’angle du travail : les tâches domestiques<br />
gratuites opposées aux tâches professionnelles<br />
rémunérées. Quant aux sciences<br />
médicales, elles découpent la maternité en<br />
séquences qui ne s’enchaînent pas nécessairement<br />
: contraception, procréation<br />
assistée, grossesse, avortement, accouchement,<br />
allaitement.<br />
Les coauteurs réunis ont permis la diversification<br />
souhaitée, sans ressusciter les anciens<br />
clivages. Les textes ont été, pour plus<br />
<strong>de</strong> clarté, organisés en trois groupes. Les<br />
uns, rassemblés sous le titre « Questions<br />
d’i<strong>de</strong>ntité », invitent à réfléchir sur le rôle<br />
que joue la maternité dans la construction<br />
<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité féminine. Le <strong>de</strong>uxième groupe<br />
<strong>de</strong> textes intitulé « Questions <strong>de</strong> transmission<br />
» ouvre la porte d’un domaine encore<br />
fort peu exploré : que se passe-t-il d’une<br />
génération à l’autre, d’une mère à ses enfants<br />
et surtout d’une mère à ses filles ?<br />
Comment s’opère le transfert ? Le troisième<br />
évoque certaines <strong>de</strong>s « Questions <strong>de</strong> société<br />
» que l’actualité met en ve<strong>de</strong>tte.<br />
*avec les contributions <strong>de</strong> Françoise Thébaud, Henri<br />
Leridor, Agnès Fine, Anne Cadoret, Marie-Josèphe<br />
Dhavernas-Lévy, Sylviane Ciampino, Bertrand Cramer,<br />
Janine Mossuz-Lavau, Françoise Collin, Elisabeth<br />
G. Sledziewski, Berna<strong>de</strong>tte Avon, Marie-France<br />
Culet, Claire Neirinck, Clau<strong>de</strong> Martin, Irène Théry.<br />
Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la protection sociale<br />
Michel Larocque<br />
Dunod<br />
Cet ouvrage synthétise <strong>de</strong> manière structurée<br />
et concrète les dispositifs institutionnels<br />
et juridiques qui régissent l’ensemble<br />
complexe <strong>de</strong> la protection sociale. Il s’efforce,<br />
par une approche méthodologique<br />
et pluridisciplinaire, d’en offrir un panorama<br />
complet à travers plusieurs approches. Une<br />
première partie cerne les origines et la<br />
construction <strong>de</strong>s concepts essentiels. Une<br />
secon<strong>de</strong> partie présente l’organisation financière<br />
et administrative nationale et locale<br />
du système <strong>de</strong> protection sociale. Une<br />
troisième partie analyse, par catégorie <strong>de</strong><br />
population (enfants, handicapés, personnes<br />
âgées, chômeurs...), les différents types <strong>de</strong><br />
droits sociaux. Une quatrième partie présente<br />
les principaux prestataires <strong>de</strong> l’action<br />
sanitaire et sociaIe. Enfin, une cinquième<br />
et <strong>de</strong>rnière partie analyse les fon<strong>de</strong>ments<br />
internationaux et européens <strong>de</strong> la protection<br />
sociale. On relève, en outre, <strong>de</strong> nombreux<br />
tableaux, un barème rappelant le<br />
montant <strong>de</strong>s principales prestations et cotisations<br />
sociales.<br />
Effets <strong>de</strong>s jeux langagiers <strong>de</strong><br />
l’oral sur l’apprentissage <strong>de</strong><br />
l’écrit<br />
François Pouëch<br />
L’Harmattan<br />
La rééducation <strong>de</strong>s troubles du langage<br />
écrit par les orthophonistes évacue encore<br />
souvent la dimension socio-historique <strong>de</strong><br />
la lecture et <strong>de</strong> l’écriture (les genres tex-<br />
Ensemble la<br />
schizophrénie *...<br />
L es<br />
intervenants étaient Dominique Friard,<br />
infirmier <strong>de</strong> secteur psychiatrique au<br />
Centre Hospitalier <strong>de</strong> Laragne ; Bertrand Escaig,<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Unafam ; Lucien,<br />
qui se définit comme « porteur <strong>de</strong> schizophrénie<br />
» ; Clau<strong>de</strong> Finkelstein, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong><br />
la FNAP Psy ; Philippe Quintin, psychiatre,<br />
mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> recherche clinique à l’Institut<br />
Lilly et Pierre-Ludovic Lavoine, psychiatre<br />
<strong>de</strong> secteur à l’Hôpital <strong>de</strong> la Queue-en-Brie.<br />
Philippe Quintin a ouvert le symposium en<br />
parlant <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong> la schizophrénie<br />
qui nécessite un dialogue entre les<br />
usagers et les professionnels médicaux et paramédicaux.<br />
Les psychiatres ont souvent l’impression<br />
que donner trop d’information peut<br />
nuire et qu’ils sont restreints par le secret professionnel.<br />
L’Institut Lilly a conçu <strong>de</strong>s brochures<br />
qui permettent aux infirmiers d’abor<strong>de</strong>r<br />
avec les patients le sujet <strong>de</strong> leur maladie.<br />
Alors que le modérateur a <strong>de</strong>mandé à Lucien<br />
s’il a été informé <strong>de</strong> sa maladie, ce <strong>de</strong>rnier<br />
décrit l’angoisse qu’il a éprouvée lors <strong>de</strong> son<br />
premier épiso<strong>de</strong> psychotique. On lui a dit qu’il<br />
<strong>de</strong>vait être hospitalisé. Il ne comprenait pas<br />
pourquoi. A l’hôpital, il se sentait emprisonné<br />
dans un « camp <strong>de</strong> concentration ». On lui a<br />
pris ses affaires. Il se sentait menacé par les<br />
autres patients qui lui paraissaient étranges.<br />
Le fait qu’on ne lui ait pas expliqué le contexte<br />
ni les raisons <strong>de</strong> son hospitalisation et qu’il<br />
n’ait pas vu <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin a renforcé une impression<br />
que tout était bizarre. Il <strong>de</strong>venait <strong>de</strong><br />
plus en plus méfiant et se sentait persécuté.<br />
Ne supportant plus l’angoisse croissante, il a<br />
agressé un infirmier.<br />
A la question : à quel moment vous a-t-on<br />
parlé <strong>de</strong> votre maladie ?, Lucien a répondu<br />
qu’il ne savait pas pouvoir poser <strong>de</strong>s questions.<br />
Il est sorti <strong>de</strong> l’hôpital sans aucune information<br />
sur son état et a reçu un bulletin<br />
d’hospitalisation avec <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s qu’il ne comprenait<br />
pas et il s’est dit que cela <strong>de</strong>vait être<br />
grave. La représentante <strong>de</strong> l’association <strong>de</strong>s<br />
usagers, atteinte d’une dépression, a relevé<br />
que les patients apprennent leur diagnostic<br />
par leurs médicaments. Au début elle avait<br />
arrêté son traitement parce qu’elle se croyait<br />
guérie. Selon elle, les usagers mettent environ<br />
trois ans à apprendre qu’ils sont mala<strong>de</strong>s,<br />
cinq ans pour le comprendre et accepter et<br />
dix ans pour commencer à vivre avec la maladie.<br />
Pour elle, c’est très important <strong>de</strong> connaître<br />
cette <strong>de</strong>rnière, d’être écouté, <strong>de</strong> savoir qu’on<br />
n’est pas le seul à en souffrir et <strong>de</strong> voir que<br />
son mé<strong>de</strong>cin connaît et comprend son état.<br />
Le représentant <strong>de</strong>s familles a parlé du choc<br />
lié à l’annonce <strong>de</strong> la maladie et du déni <strong>de</strong>s<br />
troubles. C’est une épreuve pour la famille.<br />
tuels en circulation) et leur « préhistoire »<br />
(les pratiques langagières <strong>de</strong> l’enfant dans<br />
l’oralité et en particulier celle du récit <strong>de</strong> fiction<br />
dans le « comme si » du jeu symbolique).<br />
Dans cet ouvrage, la réflexion porte<br />
sur la production-réception <strong>de</strong> textes d’un<br />
point <strong>de</strong> vue socio-historique en adaptant<br />
à l’enfant les notions d’intertextualité, d’« horizon<br />
d’attente », <strong>de</strong> mimésis, d’« effet esthétique<br />
» ; sur la façon dont trois enfants,<br />
aux styles contrastés dans le récit et le jeu<br />
en maternelle, entrent dans l’apprentissage<br />
<strong>de</strong> l’écrit en CP et vivent l’écrit en CE1.<br />
Leur comparaison à travers différentes activités<br />
langagières orales et écrites tend à<br />
montrer que la capacité à se dédoubler dans<br />
le « comme si », à monogérer un récit, à différencier<br />
les mo<strong>de</strong>s d’énonciation favorise<br />
l’entrée dans l’écrit. Cette démarche permet<br />
une alternative aux tests d’évaluation<br />
du langage oral et écrit chez l’enfant.<br />
Les proches sont amenés à rencontrer <strong>de</strong>s problèmes<br />
jusque dans leur travail, sont « à bout<br />
<strong>de</strong> souffle » et <strong>de</strong>viennent souvent dépressifs.<br />
Ils s’inquiètent <strong>de</strong> savoir qui prendra en charge<br />
leur proche quand ils ne seront plus là. Il trouve<br />
que la famille est aussi usager et appelle à un<br />
partenariat et un accompagnement, parce que<br />
la famille passe le plus <strong>de</strong> temps avec les patients.<br />
Dominique a restitué l’histoire d’un patient<br />
psychotique chronique qui a battu sa mère<br />
pour <strong>de</strong> l’argent. Après cet épiso<strong>de</strong>, il s’est<br />
considéré comme fils indigne, se sentait observé<br />
et accusé. Il se <strong>de</strong>mandait s’il était schizo :<br />
« Je prends un traitement antipsychotique<br />
donc je suis psychotique ». Il se <strong>de</strong>mandait<br />
s’il pouvait avoir <strong>de</strong>s enfants. Pour Dominique,<br />
la notion <strong>de</strong> la maladie est amenée à<br />
structurer la vie : « Tout est marqué par la<br />
schizophrénie ». Comme s’il n’y avait plus<br />
<strong>de</strong> place pour la personnalité en <strong>de</strong>hors d’elle.<br />
Il souligne la différence entre la prise en charge<br />
<strong>de</strong> la personne qui a une schizophrénie et <strong>de</strong><br />
celle qui est considérée comme schizophrène<br />
dans sa totalité et donc inchangeable. Il insiste<br />
sur la confiance et l’espace que les infirmiers<br />
doivent créer pour abor<strong>de</strong>r le sujet<br />
<strong>de</strong> la maladie.<br />
Pierre-Ludovic Lavoine a rappelé l’importance<br />
<strong>de</strong> l’aspect relationnel quand on donne<br />
<strong>de</strong>s informations sur la maladie et les effets<br />
secondaires <strong>de</strong>s médicaments. Il s’oppose à<br />
l’information totale et brute donnée sans tenir<br />
compte <strong>de</strong>s capacités à intégrer cette information.<br />
Pour lui, le schizophrène est une<br />
personne psychotique et non pas une personne<br />
avec schizophrénie. Il pense qu’on ne peut<br />
pas donner une information universelle et<br />
qu’il faut en parler au cas par cas. Il n’est pas<br />
simplement question <strong>de</strong> donner une information<br />
mais aussi <strong>de</strong> contenir le patient. Pour<br />
y arriver les professionnels médicaux et paramédicaux<br />
ont besoin <strong>de</strong> parler entre eux. Il<br />
trouve que les psychiatres ne parlent pas assez<br />
du diagnostic pour <strong>de</strong>s raisons idéologiques<br />
et humaines. Ils prennent en compte<br />
le désarroi <strong>de</strong> la famille. Ils ont aussi le fantasme<br />
que s’ils livrent toute l’information, les<br />
patients vont refuser le traitement et les soins.<br />
Cette peur peut venir du narcissisme et <strong>de</strong><br />
l’omnipotence liés à l’image du psychiatre<br />
comme guérisseur et sauveteur qui ne peut<br />
pas nuire ou frustrer. Le message que le psychiatre<br />
adresse au patient est qu’il peut vivre<br />
et faire avec la psychose. Durant la discussion<br />
quelqu’un a <strong>de</strong>mandé à Lucien ce qui lui<br />
a permis d’avancer malgré la maladie. C’est<br />
le travail adapté et le soutien. Maintenant il<br />
est en retraite.<br />
Une intervenante a reproché au psychiatre<br />
d’avoir dit que le psychiatre se « coltine » le<br />
patient. Elle a expliqué que le psychiatre doit<br />
d’abord accepter l’angoisse du patient, puis<br />
la transformer et la rendre pour qu’il puisse<br />
se reconstituer.<br />
Une autre participante a expliqué qu’elle avait<br />
17 ans quand elle a appris la maladie <strong>de</strong> sa<br />
sœur. Elle est <strong>de</strong>venue d’abord secrétaire médicale,<br />
puis infirmière pour mieux connaître<br />
et faire avec la maladie qui lui faisait peur.<br />
Sa sœur a eu <strong>de</strong>ux enfants qui ont été placés<br />
parce qu’elle n’a jamais su construire une famille<br />
et « vit toujours dans le vi<strong>de</strong> ».<br />
La discussion a été vive et nourrie et s’est terminée<br />
sur l’idée <strong>de</strong>s usagers que même les<br />
personnes délirantes ont une part d’eux-mêmes<br />
à laquelle on peut et on doit s’adresser.<br />
L’information, l’échange et le soutien facilitent<br />
pour le patient l’acceptation <strong>de</strong> la maladie<br />
et lui permettent <strong>de</strong> vivre avec elle. ■<br />
V. Petkov<br />
*Symposium <strong>de</strong> l’Institut Lilly en partenariat avec la<br />
revue Santé Mentale, organisé dans le cadre du Salon<br />
Infirmier 2001 à Paris Expo-Hall 7, le 17 mai 2001.<br />
L’IGAS PRÉCONISE UN PLAN DE SANTÉ MENTALE<br />
Dans son rapport annuel 2001 « Institutions sociales face aux usagers », l’Inspection générale<br />
<strong>de</strong>s affaires sociales (IGAS) consacre une quinzaine <strong>de</strong> pages à la psychiatrie sous<br />
<strong>de</strong>ux aspects.<br />
La présence aux urgences générales d’un infirmier psychiatrique ou l’astreinte d’un psychiatre<br />
est citée en exemple d’une bonne organisation du service public, afin <strong>de</strong> toucher<br />
le public « là où il se trouve ». « Une bonne prise en charge aux urgences et l’orientation<br />
rapi<strong>de</strong> vers un service hospitalier ou ambulatoire psychiatrique <strong>de</strong> bon niveau permettent<br />
un meilleur pronostic pour la suite <strong>de</strong>s soins ».<br />
L’IGAS souligne « la nécessité d’offrir <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> soins extra-hospitalières facilement<br />
accessibles, certaines étant accessibles sans ren<strong>de</strong>z-vous ni adressage, les autres<br />
avec <strong>de</strong>s délais d’obtention <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous qui ne soient pas dissuasifs, tant pour la première<br />
consultation avec un psychiatre que pour les psychothérapies avec <strong>de</strong>s psychologues<br />
». Soulignant les problèmes d’effectifs, L’IGAS préconise l’élaboration d’un plan<br />
pour la santé mentale dégageant <strong>de</strong>s objectifs, pour le moyen et le long termes, « en termes<br />
<strong>de</strong> réponse à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s usagers en termes <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s soins, <strong>de</strong> travail en réseau,<br />
supposant <strong>de</strong> fournir aux équipes les moyens en personnels nécessaires ».<br />
Adolescents : structurer la prise en charge<br />
Le rapport consacre quelques pages à la prise en charge <strong>de</strong>s adolescents, qui souffre d’un<br />
manque d’actions coordonnées entre l’Education nationale, les services <strong>de</strong> pédiatrie, la<br />
protection maternelle et infantile, les services sociaux et familiaux et le secteur <strong>de</strong> psychiatrie<br />
infanto-juvénile. S’appuyant sur plusieurs témoignages, l’IGAS recomman<strong>de</strong> la<br />
création dans chaque zone sanitaire d’un « projet commun et partagé d’accueil et <strong>de</strong><br />
prise en charge spécifiques <strong>de</strong>s adolescents par les équipes <strong>de</strong> psychiatrie infanto-juvénile<br />
et adulte ».<br />
Une « équipe d’intervention en santé mentale pour les adolescents » <strong>de</strong>vrait être constituée<br />
pour un secteur géographique déterminé, dont l’action serait relayée par un centre<br />
<strong>de</strong> crise et <strong>de</strong>s consultations médico-psychologiques spécifiques pour adolescents (séparées<br />
<strong>de</strong>s structures pour enfants ou pour adultes). Le rôle <strong>de</strong> chaque intervenant institutionnel<br />
<strong>de</strong>vrait être défini précisément, au sein d’un réseau institutionnalisé. Actuellement,<br />
l’isolement <strong>de</strong>s parents est important, tant en raison <strong>de</strong> l’incompréhension <strong>de</strong> la<br />
maladie psychiatrique que <strong>de</strong>s difficultés à trouver une prise en charge adaptée.<br />
Ayant enquêté dans quatre secteurs <strong>de</strong> psychiatrie, les inspecteurs <strong>de</strong> l’IGAS notent que<br />
psychiatrie adulte et psychiatrie infanto-juvénile « s’ignorent » et que les relations entre<br />
la psychiatrie et les services <strong>de</strong> la protection judiciaire <strong>de</strong> la jeunesse et <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale<br />
à l’enfance ne sont pas satisfaisantes en termes <strong>de</strong> coordination. ■<br />
F.C.<br />
* Les institutions sociales face aux usagers, rapport annuel 2001 <strong>de</strong> l’IGAS, disponible à la Documentation<br />
française, tél : 01 40 15 70 00, prix: 150,87 F.
LIVRES<br />
Mathématiques, ma chère<br />
terreur<br />
Anne Siety<br />
Calmann Lévy<br />
ou<br />
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir<br />
sur les mathématiques, sans jamais<br />
osé le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r…<br />
Qui n’a jamais ressenti ce moment <strong>de</strong> vacillement<br />
<strong>de</strong>vant un énoncé mathématique<br />
quand la pensée se brouille et le « blocage »<br />
s’installe ?<br />
Le paradoxe même du titre indique d’emblée<br />
que le livre d’Anne Siety explore le lien<br />
complexe, ambivalent et intense, qui inscrit<br />
chacun <strong>de</strong> nous dans le mon<strong>de</strong> mathématique.<br />
Les mathématiques, science exacte,<br />
dite aussi « science dure », matière froi<strong>de</strong>,<br />
inhumaine, ne seraient-elles pas, au contraire,<br />
trop humaines ?<br />
Son expérience <strong>de</strong> clinicienne - les vignettes<br />
cliniques foisonnent tout au long du livre -<br />
lui permet <strong>de</strong> faire le chemin qui, partant <strong>de</strong><br />
l’abstraction mathématique, remonte aux origines<br />
corporelles d’où elle est issue. C’est<br />
en comptant sur ses doigts que l’enfant entre<br />
dans le co<strong>de</strong> mathématique qui en gar<strong>de</strong><br />
cette trace fondamentale que nous comptons<br />
en base dix parce que nous avons dix<br />
doigts.<br />
Les élèves qui viennent consulter pour un<br />
« blocage en mathématique » souffrent : sur<br />
un point précis leur pensée les lâche, cette<br />
discipline leur <strong>de</strong>vient hostile, inaccessible,<br />
radicalement étrangère. L’écart semble irréductible<br />
et l’élève est lui-même étranger à<br />
ses propres difficultés : c’est la matière qui<br />
est en cause, elle est d’un autre mon<strong>de</strong>. Pour<br />
la plupart <strong>de</strong>s « traumathisés », l’horreur mathématique<br />
c’est l’abstraction. Et pour cause,<br />
accé<strong>de</strong>r à l’abstraction passe par un travail<br />
douloureux <strong>de</strong> séparation. Anne Siety en décrit<br />
les étapes dont elle retrouve les stigmates<br />
chez ses élèves. L’apprentissage <strong>de</strong>s mathématiques<br />
exige d’abandonner successivement<br />
différents supports : pour concevoir<br />
un nombre il faut se détacher <strong>de</strong>s objets qui<br />
l’ont d’abord incarné (passer <strong>de</strong> trois pommes<br />
au chiffre trois) ; puis le chiffre lui-même doit<br />
cé<strong>de</strong>r sa place à la lettre pour accé<strong>de</strong>r au<br />
calcul littéral (n).<br />
Le travail « psycho-pédagogique » que mène<br />
l’auteur, consiste à rétablir les liens entre les<br />
mathématiques et leurs coordonnées humaines.<br />
Considérant que l’abstraction fait<br />
violence à l’élève en l’obligeant à se séparer<br />
<strong>de</strong>s données concrètes, elle réintroduit <strong>de</strong><br />
la vie sous forme <strong>de</strong> contes, <strong>de</strong> jeux, d’émotions.<br />
Elle abor<strong>de</strong>ra le mystère <strong>de</strong> l’équation<br />
à une inconnue (x), en l’incarnant par le biais<br />
<strong>de</strong> billes cachées dans la main : c’est l’étape<br />
du « mi-abstrait, mi-concret ». Travailler un<br />
problème mathématique peut déboucher sur<br />
l’évocation du conflit avec le grand frère et,<br />
à contrario, ces évocations personnelles en<br />
décollant l’élève <strong>de</strong> l’énoncé qui suscite le<br />
blocage en permettent la résolution. Rétablir<br />
ce lien passe par la parole du thérapeute<br />
qui évoque, explicite, commente ce passage<br />
et invite l’élève à dire ce qu’il ressent. Bien<br />
que l’auteur, dans un souci <strong>de</strong> rigueur, précise<br />
qu’il ne s’agit pas <strong>de</strong> psychothérapie<br />
mais bien <strong>de</strong> mathématiques, on perçoit au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’effet pédagogique les inci<strong>de</strong>nces<br />
psychologiques sur l’angoisse et l’inhibition,<br />
en général. « Les métaphores, récits et autres<br />
inventions construits à propos d’un énoncé<br />
mathématique offrent en eux-mêmes une<br />
ouverture sur la vie. Ils permettent <strong>de</strong> désenkyster<br />
le message humain dissimulé dans<br />
l’erreur mathématique ».<br />
Anne Siety nous éclaire sur ces impasses<br />
mathématiques - qui résonnent vivement<br />
chez certains d’entre nous - avec un humour<br />
constant. La composante ludique <strong>de</strong> son<br />
abord <strong>de</strong>s mathématiques et son inventivité<br />
permanente au service <strong>de</strong> ses élèves ren<strong>de</strong>nt<br />
la lecture <strong>de</strong> son livre réjouissante.<br />
Isabelle Andreu<br />
Freud et la tradition mystique<br />
juive<br />
Dacid Bakan<br />
Petite Bibliothèque Payot<br />
« L’œuvre psychanalytique <strong>de</strong> Freud fut une<br />
magnifique explosion <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> durée, dans<br />
une vie qui, comme le dit Freud lui-même,<br />
quand il parle <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> ses activités<br />
médicales, était engagée dans une toute<br />
autre direction. L’hypothèse que nous avons<br />
proposée (...) est que dans cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
transition, Freud prit contact avec la tradition<br />
mystique juive, en tant que partie intégrante<br />
<strong>de</strong> sa personnalité et <strong>de</strong> sa culture ». Voici<br />
l’idée <strong>de</strong> base du livre <strong>de</strong> David Bakan, qui<br />
est paru en traduction française pour la première<br />
fois en 1963. Il s’agit pour l’auteur <strong>de</strong><br />
réexaminer les origines <strong>de</strong> Freud, son appartenance<br />
à un milieu socio-culturel tout à<br />
fait unique <strong>de</strong> la Vienne <strong>de</strong> la fin du 19 ème et<br />
du début <strong>de</strong> 20 ème siècle, en complétant<br />
quelques aspects moins développés dans<br />
la biographie <strong>de</strong> référence (E. Jones). La famille<br />
<strong>de</strong> Freud était une famille <strong>de</strong> migrants.<br />
De la Galicie, en passant par la Moravie du<br />
sud, où est né Sigmund, puis à Vienne, il aurait<br />
persisté, selon D. Bakan, une tradition<br />
empreinte <strong>de</strong> mysticisme juif. Cette tradition,<br />
quoique jamais clairement exprimée par lui,<br />
pourrait être intimement liée chez Freud à<br />
ses découvertes majeures concernant la psychanalyse.<br />
Sa façon <strong>de</strong> s’exprimer <strong>de</strong> manière<br />
obscure sur certaines <strong>de</strong> ses motivations,<br />
conscientes ou inconscientes, ou sa<br />
pratique <strong>de</strong> la psychanalyse didactique, ressemblent<br />
à la tradition orale <strong>de</strong> la transmission<br />
<strong>de</strong> la Kabbale. Cette attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Freud,<br />
peut-être consciente seulement en partie,<br />
la « dissimulation » <strong>de</strong>s influences mystiques<br />
juives, malgré une acceptation claire et maintes<br />
fois exprimée <strong>de</strong> sa judéïté, a pu être conditionnée<br />
par l’antisémitisme ambiant <strong>de</strong> la société<br />
viennoise.<br />
Le milieu mystique juif et son évolution au<br />
cours <strong>de</strong> l’histoire sont décrits avec beaucoup<br />
<strong>de</strong> clarté et un excellent sens <strong>de</strong> synthèse,<br />
puisant dans l’œuvre princeps <strong>de</strong> G.<br />
Scholem (Les grands courants <strong>de</strong> la mystique<br />
juive, Payot, 1983). Au sein <strong>de</strong> chaque<br />
pério<strong>de</strong>, Bakan extrait les courants <strong>de</strong> pensée<br />
qui auraient pu influencer Freud dans<br />
l’élaboration <strong>de</strong> la pensée psychanalytique.<br />
Ainsi, <strong>de</strong>puis la gnose juive <strong>de</strong>s premiers<br />
siècles, jusqu’à l’âge d’or <strong>de</strong> la Kabbale mo<strong>de</strong>rne,<br />
au 13 ème et 16 ème siècles, est présente<br />
l’idée d’un certain danger pour l’étudiant<br />
solitaire et non initié, d’être submergé<br />
par cette nouvelle connaissance. Les métho<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> méditation, montrant une certaine<br />
analogie avec la métho<strong>de</strong> d’associations<br />
libres, mènent à « une extase intellectuelle<br />
qu’on peut i<strong>de</strong>ntifier à la connaissance psychanalytique<br />
». L’objet <strong>de</strong> l’interprétation kabbalistique<br />
est d’abord la Thora, puis le processus<br />
s’élargit sur la personne du Messie,<br />
mais aussi à tous les mots et gestes <strong>de</strong>s<br />
hommes saints <strong>de</strong>s hassids. La psychanalyse<br />
élargit l’interprétation à tout individu. Les<br />
terribles pogroms d’Europe orientale au 17 ème<br />
siècle ont amené le mouvement mystique<br />
sabbataïque : le renouveau du messianisme<br />
et l’encouragement à l’exploration <strong>de</strong>s régions<br />
interdites <strong>de</strong> l’expérience humaine.<br />
Puis, le concept hassidique <strong>de</strong> liberté individuelle<br />
a contribué à forger, pour la génération<br />
<strong>de</strong> Sigmund Freud, le pont vers le grand<br />
courant <strong>de</strong> la civilisation occi<strong>de</strong>ntale.<br />
La nature bisexuée <strong>de</strong> l’homme, l’importance<br />
<strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong>s rêves dans la tradition<br />
kabbalistique, le symbole « surmoïque » du<br />
Diable sont autant d’exemples d’autres liens<br />
que D. Bakan trouve entre les pensées mystique<br />
et psychanalytique.<br />
Une partie importante du livre concerne la<br />
figure <strong>de</strong> Moïse, qui domine en quelque sorte<br />
les personnages auxquels Freud fait appel<br />
dans ses œuvres. Comme le remarque M.-<br />
A. Ouaknin (Bibliothérapie, Seuil, 1994), la<br />
question du Moïse est celle <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité. Estil<br />
égyptien ou hébreu ? Freud est-il juif fidèle<br />
(même inconsciemment) à la tradition mystique<br />
ou juif autrichien cultivé ? Voici l’interrogation<br />
i<strong>de</strong>ntitaire qui traverse ce livre intéressant.<br />
Interrogation qui, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />
personne <strong>de</strong> Sigmund Freud, gar<strong>de</strong> son actualité.<br />
Eva Hemon<br />
La <strong>de</strong>structivité chez l’enfant et<br />
l’adolescent<br />
Clinique et accompagnement<br />
Jean-Yves Hayez<br />
Dunod<br />
Dans cet ouvrage, J.-Y. Hayez décrit la nature<br />
<strong>de</strong>s transgressions et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions,<br />
et leur rapport avec les pulsions agressives<br />
et sexuelles. Il analyse les réactions qu’elles<br />
provoquent chez les adultes et propose <strong>de</strong><br />
stimuler le désir d’une vraie convivialité, qui<br />
permette à chaque jeune <strong>de</strong> développer, dans<br />
un projet <strong>de</strong> vie personnel, ce qui ne nie pas<br />
autrui. Il montre que l’accompagnement d’un<br />
jeune auteur <strong>de</strong> transgressions préoccupantes<br />
se répartit sur trois axes : sanctionner<br />
ses actes et l’intentionnalité, manifester<br />
<strong>de</strong> la sollicitu<strong>de</strong>, afin d’amplifier les ressources<br />
positives et <strong>de</strong> remédier à la pathologie, manifester<br />
la même sollicitu<strong>de</strong> avec les mêmes<br />
visées pour ses systèmes <strong>de</strong> vie. Enfin, une<br />
troisième partie montre comment les transgressions<br />
s’ordonnent autour <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />
fonctionnement <strong>de</strong> la personnalité.<br />
L’empathie et la rencontre<br />
interculturelle<br />
Sous la direction d’Adam Kiss<br />
L’Harmattan<br />
L’empathie ou intropathie (Einfühlung) se définit<br />
dans la psychologie philosophique <strong>de</strong><br />
l’idéalisme romantique comme la connaissance<br />
esthétique d’objets auxquels on attribue<br />
<strong>de</strong>s sentiments, puis comme autoprotection<br />
sentimentale, « sympathie symbolique »<br />
(V. Basch). L’empathie apparaît, dans le dic-<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 11<br />
tionnaire <strong>de</strong> Laplanche et Pontalis à l’entrée<br />
« i<strong>de</strong>ntification ». Pour C. Rogers, la compréhension<br />
empathique crée l’atmosphère<br />
qui permet l’épanouissement et le développement.<br />
Selon J. Broome, l’empathie construit<br />
une troisième culture entre ceux qui, d’origines<br />
différentes, se mettent à communiquer.<br />
Mais la souffrance, le désespoir chez l’autre<br />
et certains affects réveillés peuvent limiter,<br />
voire empêcher, l’empathie (J. Cosnier) qui<br />
n’est qu’une condition préalable, nécessaire<br />
mais insuffisante <strong>de</strong> la rencontre (G. Marandon).<br />
Les étu<strong>de</strong>s présentées ici invitent à<br />
l’approche critique <strong>de</strong>s situations où l’empathie,<br />
éprouvée, s’exprime ou, au contraire,<br />
fait défaut. Elles appellent, et commencent<br />
à instrumentaliser l’observation du rapport<br />
entre l’empathie ressentie (en situation thérapeutique<br />
et en <strong>de</strong>hors, lors d’autres rencontres,<br />
notamment interculturelles).<br />
Avec la participation <strong>de</strong> D. Bertrand, A.M.C. Cacou, A.<br />
Lamessi, G. Marandon, B. Martinelli, J.P. Paillas, G.<br />
Pirlot, O. Reveyrand-Coulon.<br />
Usagers <strong>de</strong> la psychiatrie : <strong>de</strong> la<br />
disqualification à la dignité<br />
L’Advocacy pour soutenir leur<br />
parole<br />
Martine Dutoit-Sola et Clau<strong>de</strong> Deutsch<br />
Erès<br />
Le terme « advocacy » désigne un mo<strong>de</strong><br />
d’ai<strong>de</strong> à l’expression <strong>de</strong> personnes qui<br />
s’estiment victimes d’un préjudice, qui se<br />
sentent mal écoutées et insuffisamment<br />
respectées par leurs interlocuteurs institutionnels,<br />
ou qui rencontrent <strong>de</strong>s obstacles à<br />
l’exercice <strong>de</strong> leur pleine citoyenneté. Il s’agit<br />
d’une pratique <strong>de</strong> médiation sociale qui introduit<br />
un tiers, amplifiant la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du patient<br />
usager, sans parler à sa place, et qui<br />
permet ainsi aux différents points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong><br />
trouver un ajustement dans un dialogue respectueux.<br />
L’association Advocacy-France a<br />
pour but <strong>de</strong> soutenir les recours dans les situations<br />
d’exclusion, <strong>de</strong> ségrégation, <strong>de</strong> mesures<br />
privatives <strong>de</strong> liberté individuelle. Composée<br />
d’usagers et <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> la<br />
santé mentale, elle développe <strong>de</strong>s actions<br />
collectives, coopératives et solidaires aussi<br />
différents soient-ils, dans leurs statuts ou<br />
leur expérience. Dans l’Europe du nord, la<br />
pratique <strong>de</strong> l’advocacy s’est largement développée<br />
<strong>de</strong>puis une dizaine d’années, sous<br />
<strong>de</strong>s formes variées, à travers les collectifs<br />
d’usagers ou par l’intermédiaire d’une personne<br />
advocate, ou <strong>de</strong> l’ombudsman. En<br />
France, le stigmate <strong>de</strong> la maladie mentale<br />
est fort et la tradition paternaliste du soin dominante.<br />
Les auteurs exposent ici leurs actions<br />
pour convaincre <strong>de</strong> la crédibilité <strong>de</strong>s<br />
objectifs et <strong>de</strong>s moyens mis en œuvre par<br />
l’association.<br />
LE CENTRE HOSPITALIER SPÉCIALISÉ<br />
Roger Prévot<br />
Recherche pour le secteur <strong>de</strong> psychiatrie adulte<br />
<strong>de</strong> Levallois-Perret (92)<br />
Un praticien Hospitalier à temps plein à titre provisoire<br />
pour <strong>de</strong>s responsabilités intra et extra-hospitalières<br />
Adresser candidature et CV à :<br />
Monsieur le Directeur<br />
Centre Hospitalier Spécialisé Roger Prévot<br />
52 rue <strong>de</strong> Paris, 95570 Moisselles<br />
Tél. : 01 39 35 65 23 ou 22
12<br />
LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />
LIVRES<br />
Manuel <strong>de</strong> soins palliatifs<br />
Coordonné par Dominique Jacquemin<br />
2 e édition<br />
Dunod<br />
Cette nouvelle édition mise à jour et augmentée,<br />
témoigne d’une volonté interdisciplinaire<br />
et transversale avec pour but d’embrasser<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la<br />
démarche d’accompagnement et <strong>de</strong> donner<br />
aux soignants et aux accompagnants<br />
(mé<strong>de</strong>cins, infirmières, ai<strong>de</strong>s-soignantes,<br />
psychologues, kinésithérapeutes, bénévoles,<br />
religieux), les outils qui permettent<br />
<strong>de</strong> faire face à la douleur « totale » <strong>de</strong>s patients<br />
en fin <strong>de</strong> vie. Cet ouvrage rappelle<br />
aux professionnels que leur fonction est non<br />
seulement <strong>de</strong> guérir, mais également d’accompagner.<br />
La rencontre, singulière et douloureuse,<br />
avec celui qui meurt, nécessite<br />
<strong>de</strong> plus en plus une collaboration, qui rend<br />
possible la communication entre les différents<br />
intervenants auprès du mala<strong>de</strong> et la<br />
prise en charge globale <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.<br />
Animer un groupe d’entrai<strong>de</strong><br />
pour personnes en <strong>de</strong>uil<br />
Annick Ernoult et Dominique Davous<br />
L’Harmattan<br />
Ce livre qui s’adresse, en priorité, aux futurs<br />
animateurs <strong>de</strong> groupes d’entrai<strong>de</strong> qu’ils<br />
soient professionnels ou non, leur fournit<br />
<strong>de</strong>s repères et <strong>de</strong>s outils. Il est le fruit du travail<br />
d’une équipe, réalisé entre 1993 et 2000,<br />
par les animateurs <strong>de</strong> groupes pour parents<br />
en <strong>de</strong>uil : Apprivoiser l’absence, créés dans<br />
le cadre <strong>de</strong> l’association « Choisir l’espoir ».<br />
Ont également participé à ce livre plusieurs<br />
associations impliquées dans l'accompagnement<br />
du <strong>de</strong>uil : l’association « Naître et<br />
Vivre », l’association « Vivre son Deuil » et le<br />
Centre François-Xavier Bagnoud.<br />
Observer un bébé avec<br />
attention ?<br />
Sous la direction <strong>de</strong> Michel Dugnat<br />
Erès<br />
Cet ouvrage dresse un panorama <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />
d’observations <strong>de</strong> bébés dans toutes<br />
leurs dimensions et en mesure les enjeux.<br />
Il va <strong>de</strong> l’observation selon la métho<strong>de</strong> d’Esther<br />
Bick (qui intègre la subjectivité <strong>de</strong> l’observateur)<br />
à l’observation éthopsychologique<br />
et aux diverses métho<strong>de</strong>s objectivantes<br />
(ADBB...), en passant par l’observation inspirée<br />
<strong>de</strong> l’approche d’Emmi Pikler à Loczy<br />
(Budapest) et l’observation <strong>de</strong> l’allaitement<br />
selon Eva Sulcova (Prague) traduite pour<br />
la première fois en français. L’accent est<br />
mis sur la nécessité <strong>de</strong> la formation à ces<br />
techniques, sur leurs objectifs et leurs limites,<br />
mais aussi sur l’éthique <strong>de</strong> l’observation<br />
et ses implications institutionnelles.<br />
Léger-Marie Deschamps<br />
Un philosophe entre lumières et<br />
oubli<br />
Sous la direction <strong>de</strong> Eric Puisais<br />
L’Harmattan<br />
Deschamps prend, au sein <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong><br />
la philosophie <strong>de</strong>s Lumières, une part importante<br />
que, pourtant, on ne lui accor<strong>de</strong><br />
que rarement. Cet ouvrage, sans prétendre<br />
rendre la part qui est due au philosophe,<br />
tente <strong>de</strong> mieux le faire connaître. Son système<br />
philosophique, proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s<br />
matérialistes, dont on a prétendu qu’il était<br />
précurseur <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Hegel, met en avant<br />
une grammaire métaphysique visant à réformer<br />
radicalement la société, la libérant<br />
<strong>de</strong>s lois tant civiles que religieuses, pour<br />
établir un « état <strong>de</strong> mœurs » nouveau.<br />
ANNONCES EN BREF<br />
19 au 21 septembre 2001. Lille. Congrès du<br />
GFEP et du GEPS sur le thème : Résiliences<br />
et facteurs <strong>de</strong> santé à l’école, au travail, au<br />
len<strong>de</strong>main du geste suicidaire. Inscriptions :<br />
Mlle Sophie Sueur,286 rue Kléber, 59155<br />
Faches Thumesnil. tél. : 03 20 62 07 28. Fax :<br />
03 20 96 32 10. E-mail : ssueur@epsm-lillemetropole.fr.<br />
29 septembre 2001. Chambéry. XIV ème Journée<br />
<strong>de</strong> Chambéry organisée par le Cercle<br />
d’Etu<strong>de</strong>s Psychanalytiques <strong>de</strong>s Savoie, l’Association<br />
grenobloise <strong>de</strong> psychanalyse et le<br />
Groupe Lyonnais Société Psychanalytique<br />
<strong>de</strong> Paris, sur le thème : L’hystérie aujourd’hui.Sa<br />
clinique, ses frontières, l’apport <strong>de</strong><br />
la psychanalyse. Renseignements : fax :<br />
04 79 85 34 11. E-mail : CEPS-SPP@netcourrier.com.<br />
4 octobre 2001. Boulogne sur Mer. Rencontres<br />
médico-psychologiques <strong>de</strong> Boulogne<br />
sur Mer sur le thème : L’infirmier en psychiatrie,<br />
aujourd’hui. Renseignements et inscriptions<br />
: Secrétariat, Mme Wacogne. Tél :<br />
03 21 99 30 36. Fax : 03 21 99 60 58.<br />
4 au 6 octobre 2001. Caen. XVIII e Congrès<br />
<strong>de</strong> la Société Française <strong>de</strong> Psycho-Oncologie<br />
sur le thème : Place <strong>de</strong>s groupes en psycho-oncologie.<br />
Renseignements et inscriptions<br />
: Caen Expo-Congrès, Congrès <strong>de</strong><br />
Psycho-Oncologie, Marine Brochereaux, BP<br />
6260, 14065 Caen Ce<strong>de</strong>x. Tél. : 02 31 85 10 20.<br />
Fax : 02 31 50 15 12.<br />
5 et 6 octobre 2001. Clermont-Ferrand.<br />
Congrès « Europadolescence » sur le thème :<br />
Forum <strong>de</strong> l’adolescent, famille et société. Mo<strong>de</strong>rnités<br />
<strong>de</strong> l’Adolescence, organisé par Les<br />
Cahiers <strong>de</strong> l’Enfance et <strong>de</strong> l’Adolescence publication<br />
<strong>de</strong> SB Organisation, 33 rue <strong>de</strong> la<br />
Chapelle, 75018 Paris. Tél. : 01 42 09 99 18.<br />
Fax : 01 40 38 01 08. E-mail : s.b.o.@wanadoo.fr.<br />
13 octobre 2001. Paris. Le Groupe International<br />
du Rêve-Eveillé en Psychanalyse organise<br />
une journée d’étu<strong>de</strong> sur le thème :<br />
Imaginaire et inconscient. Renseignements<br />
et inscriptions : GIREP, 80 rue <strong>de</strong> Vaugirard,<br />
75006 Paris. Tél. : 01 42 22 75 14. E-mail :<br />
girep@girep.com. Site web : www.girep.com.<br />
20 et 21 octobre 2001. Paris. Colloque organisé<br />
par le Collège International <strong>de</strong> Psychanalyse<br />
et d’Anthoropologie sur le thème :<br />
D’un siècle à l’autre : La violence en héritage,<br />
perspectives psychanalytiques et anthropologiques.<br />
Renseignements et inscriptions :<br />
Henri-Pierre Bass, 7 rue <strong>de</strong> Madagascar,<br />
75012 Paris. Tél. : 01 43 40 57 84.<br />
25 octobre 2001. Villejuif. 4 ème Colloque National<br />
organisé par l’Association Nationale<br />
<strong>de</strong>s Hospitaliers, Pharmaciens et Psychiatres<br />
LE JOURNAL<br />
✂<br />
DE<br />
sur le thème : L’hygiène hospitalière et accrédition.<br />
Des pratiques aux procédures entre<br />
formalisme et réappropriation. Inscription :<br />
M. Mounier-Sibeud, Trésorier <strong>de</strong> l’ANHPP,<br />
Pharmacie, EPS Perray-Vaucluse, 91360 Epinay<br />
sur Orge. Tél. : 01 69 25 42 88. Fax :<br />
01 69 25 42 82.<br />
1 au 4 novembre 2001. Londres. 1 st European<br />
Psychoanalytic Film Festival organised<br />
by The British Psychoanalytical Society.<br />
Enquiries : (+44) (0) 20 7563 5017.<br />
113367.3602@compuserve.com. www.psychoanalysis.org.uk/epff.<br />
8 au 10 novembre 2001. Nice. 20 èmes Rencontres<br />
Franco-Maghrébines <strong>de</strong> <strong>Psychiatrie</strong><br />
sur le thème : Culture et psychopathologie.<br />
Secrétariat : Pr G. Darcourt, 19 rue Rossini,<br />
06000 Nice. Tél./Fax : 04 93 82 12 59. E-mail :<br />
guy.darcourt@wanadoo.fr.<br />
24 novembre 2001. Paris. Journée organisée<br />
par l’Institut d’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Systèmes Familiaux<br />
sur le thème : Approches familiales<br />
éco-systémiques en psychiatrie publique. Inscription<br />
: Gisèle Béquet, 6 rue Deroisin, 78000<br />
Versailles.<br />
7 et 8 décembre 2001. Lyon. 12 ème Congrès<br />
<strong>de</strong> l’Association ANCRE-PSY sur le thème :<br />
Secrets et confi<strong>de</strong>nces. Renseignements :<br />
Secrétariat du Dr Angelo Poli, Centre Hospitalier,<br />
rue H.B. Porret, 69450 St Cyr au Mont<br />
d’Or. Tél. : 04 78 22 00 06. Fax : 04 72 42 20 65.<br />
Communication libre à adresser au Dr Dominique<br />
Brengard, CMP, 12 rue Chomel, 75007<br />
Paris. Tél. : 01 42 22 70 70. Fax : 01 42 22 33 58.<br />
14 et 15 décembre 2001. Paris. 29 èmes Journées<br />
Scientifiques <strong>de</strong> Thérapie Comportementale<br />
et Cognitive. Renseignements et inscriptions<br />
: AFTCC, Secrétariat administratif,<br />
29 èmes Journées Scientifiques, 100 rue <strong>de</strong> la<br />
Santé, 75674 Paris Ce<strong>de</strong>x 14.<br />
14 et 15 décembre 2001. Paris. Forum Européen<br />
avec la participation <strong>de</strong> ASUD (Auto<br />
Support <strong>de</strong>s Usagers <strong>de</strong>s Drogues), coordinateur<br />
scientifique François Xavier Colle, sur<br />
le thème : Un autre regard sur les drogues.<br />
Inscription : SB Organisation, Un autre regard<br />
sur les drogues, 36 rue Jacques Kellener,<br />
75017 Paris. Tél. : 01 58 60 25 35. Fax :<br />
01 58 60 25 40. E-mail : sborg@wanadoo.fr.<br />
25 et 26 janvier 2002. Pau. 13 èmes Journées<br />
<strong>de</strong> l’AFERUP sur le thème : Urgences psychiatriques<br />
et violences plurielles. Renseignements<br />
et inscriptions : Dr H. Villeneuve,<br />
Mlle M.P. Tallon, Mlle Ch. Bedout, SAAU, 29<br />
ave. Maréchal Leclerc, BP 1504, 64039 Pau<br />
Ce<strong>de</strong>x. Tél. : 05 59 80 94 60. Fax : 05 59 80 95 01.<br />
3 au 9 février 2002. La Havane, Cuba. Congrès<br />
<strong>de</strong> <strong>Psychiatrie</strong> sur le thème : Le corps en psychiatrie.<br />
Prési<strong>de</strong>nt Pr M. Ferreri, coordinateur<br />
Dr Ph. Nuss. Renseignements et inscriptions :<br />
Groupe Equatour, Isabelle Anne Autret,<br />
57 bd <strong>de</strong> Montmorency, 75016 Paris. Tél. :<br />
01 53 92 59 55. Fax : 01 53 92 59 50. E-mail :<br />
isabelle.autret@equatour.net.<br />
6 et 7 mai 2002. Damas, Syrie. VII ème Colloque<br />
International <strong>de</strong> Psychosomatique<br />
organisé par le Centre International <strong>de</strong> Psychosomatique<br />
sur le thème : Psychosomatique<br />
: nouvelles perspectives. Renseignements<br />
et inscriptions : CIPS, 56 avenue Mozart,<br />
75016 Paris, les mardi, jeudi et vendredi. Tél. :<br />
01 42 30 99 41. Fax : 01 45 20 28 75. E-mail :<br />
c.i.p.s@free.fr.<br />
15 et 16 mars 2002. Pau. Sur le thème Art-<br />
Thérapies et Personnes Agées : <strong>de</strong> l’expression<br />
au lien social, Rencontres <strong>de</strong> la Société<br />
Internationale <strong>de</strong> Psychopathologie <strong>de</strong> l’Expression<br />
et d’Art-Thérapie. Information et proposition<br />
<strong>de</strong> communication : Dr Guy Roux,<br />
SIPE, 27 rue du Maréchal Joffre, 64000 Pau.<br />
Tél./Fax : 05 59 27 69 74. E-mail : sipearther@aol.com.<br />
12 au 14 juin 2002. Avignon. Journées <strong>de</strong> l’Association<br />
Nationale <strong>de</strong> Recherche et d’Etu<strong>de</strong>s<br />
en <strong>Psychiatrie</strong> (ANREP) sur le thème : La psychiatrie<br />
est-elle politiquement correcte ?<br />
Renseignements : Association Nationale <strong>de</strong><br />
Recherche et d’Etu<strong>de</strong>s en <strong>Psychiatrie</strong>, 3 rue<br />
Limasset, 84000 Avignon. E-mail : barbier @<br />
wanadoo.fr. Tél. Annie Chervin 04 90 34 19 60.<br />
Fax : 04 90 51 19 14.<br />
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❑ Je souhaite recevoir une facture acquittée justifiant <strong>de</strong> mon abonnement<br />
Le déprimé et l’amour<br />
Cent Psychiatres<br />
L’Esprit du Temps<br />
La collection « Les imaginaires » nous offre<br />
une œuvre originale sur le thème du <strong>de</strong>primé<br />
et l’amour. Originale, car les nouvelles<br />
qui constituent ce recueil ont été<br />
écrites par <strong>de</strong>s psychiatres et choisies par<br />
un jury constitué à parts égales <strong>de</strong> psychiatres<br />
et d’écrivains. Cela donne un livre<br />
mosaïque, composé <strong>de</strong> récits, le plus souvent<br />
collectifs, écrits par <strong>de</strong>s spécialistes<br />
<strong>de</strong> l’émotion, sur un thème universel, l’amour,<br />
vu et déformé à travers le prisme <strong>de</strong> la dépression.<br />
Et les émotions que renvoient ce<br />
prisme nous offrent <strong>de</strong>s récits, certes imaginaires<br />
mais d’un réalisme poignant.<br />
Réaliste, cette analyse que n’aurait pas démenti<br />
Flaubert, <strong>de</strong> l’amour défaillant que<br />
porta Charles à Emma Bovary, Amour défaillant<br />
qui la poussa au suici<strong>de</strong>, selon une<br />
brillante analyse attribuée... à Sigmund<br />
Freud, lui-même. Poignante, enfin, la conclusion<br />
du même Freud sur l’amour du déprimé<br />
: « Pour l’homme triste, la relation est<br />
toujours intransitive, ne pouvant se faire<br />
confiance, il projette sur l’être aimé le manque<br />
<strong>de</strong> confiance qu’il a en lui-même, et en cela<br />
précisément il ne ne l’aime pas ».<br />
Françoise Le Coz