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Septembre - Nervure Journal de Psychiatrie

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LE JOURNAL<br />

LIVRES<br />

DE<br />

Supplément à NERVURE<br />

<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Psychiatrie</strong><br />

n° 6 - Tome XIV -<br />

<strong>Septembre</strong> 2001<br />

(ne peut être vendu séparément)<br />

Pour les mentions légales relatives au<br />

présent supplément consulter l’édi -<br />

tion <strong>de</strong> <strong>Nervure</strong>.<br />

Aux portes <strong>de</strong> la psychiatrie<br />

Pinel, l’Ancien et le Mo<strong>de</strong>rne<br />

Jackie Pigeaud<br />

Aubier<br />

Jackie Pigeaud se définit comme un antiquisant<br />

mais aussi comme un historien <strong>de</strong>s<br />

idées et <strong>de</strong> l’imaginaire. Il abor<strong>de</strong>, dans ce<br />

livre, la stratégie fondatrice <strong>de</strong> la psychiatrie<br />

tout en rendant hommage à ce qui revient<br />

à Gladys-Swain et Dora Weiner dans<br />

ce domaine. Pour cela, il tente <strong>de</strong> mesurer<br />

la culture initiale et la lisibilité <strong>de</strong> celui, et<br />

cela ne fait aucun doute pour lui, qui a été<br />

le fondateur <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine aliéniste. Le<br />

coup <strong>de</strong> force théorique mené par Pinel ne<br />

s’appuie sur aucune originalité. Il s’agit,<br />

simplement, d’une œuvre lisible qui se<br />

gar<strong>de</strong> bien d’approfondir mais propose une<br />

technique nouvelle qui ne s’inscrit pas dans<br />

les débats médicaux <strong>de</strong> l’époque. Elle est,<br />

en cela, « la démarche d’un timi<strong>de</strong> d’une<br />

gran<strong>de</strong> audace ». Pinel a été le premier historien<br />

<strong>de</strong> ce dont il a posé les fon<strong>de</strong>ments,<br />

à savoir la psychiatrie et fait partie <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />

qui pratiquent leur histoire.<br />

Jackie Pigeaud a une connaissance précise<br />

<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’antiquité, ce qui<br />

lui permet d’en indiquer la fonction dynamique<br />

dans l’annexion <strong>de</strong> la folie à la mé<strong>de</strong>cine,<br />

annexion dont certains doutent<br />

qu’elle ait été réussie. Mais cela est une<br />

autre histoire...<br />

G. Massé<br />

Psychologie clinique n° 11<br />

L’Harmattan<br />

Coordonné par Olivier Douville et Clau<strong>de</strong><br />

Wacjman, ce numéro insiste sur les dangers<br />

du réductionnisme en psychologie. La<br />

prétention <strong>de</strong> la toute puissance <strong>de</strong> tel ou<br />

tel modèle d’explication n’est pas loin <strong>de</strong><br />

conduire à un « continuum entre un totalitarisme<br />

scientifique, un totalitarisme sociopolitique<br />

et un totalitarisme religieux » (Serge<br />

Blon<strong>de</strong>au). Pour s’en prémunir, il est utile<br />

<strong>de</strong> rappeler les apports <strong>de</strong> la phénoménologie<br />

(Nadine Proia), <strong>de</strong> réinterroger la position<br />

<strong>de</strong> l’analyste (Regnier Pirard), mais<br />

aussi <strong>de</strong> se pencher sur l’émergence d’une<br />

nouvelle orientation <strong>de</strong> la psychologie clinique<br />

et sociale anglo-saxonne : on voit<br />

ainsi les américains sortir du behaviorisme<br />

et revaloriser la recherche qualitative (Marie<br />

Santiago-Delefosse). A signaler dans ce<br />

même numéro un article sur les enfantssoldats<br />

(Mouzayan Osseiran-Houballah) et<br />

un texte <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> Bernard Doray sur la problématique<br />

du traumatisme.<br />

M. Jaeger<br />

P eu<br />

après sa nomination comme mé<strong>de</strong>cin-chef<br />

à l’asile <strong>de</strong> Villejuif, Edouard<br />

Toulouse y installa, en 1898, un laboratoire<br />

<strong>de</strong> « psychologie expérimentale », inspiré,<br />

vraisemblablement, du laboratoire <strong>de</strong> « psychologie<br />

physiologique <strong>de</strong> la Sorbonne, principalement<br />

dans le but <strong>de</strong> « travailler à la<br />

détermination d’une métho<strong>de</strong> scientifique,<br />

rigoureuse et précise », qui lui manquait pour<br />

son Enquête médico-psychologique sur les<br />

rapports <strong>de</strong> la supériorité intellectuelle et <strong>de</strong><br />

la névropathie, dont le premier volume, consacré<br />

à Emile Zola, avait paru <strong>de</strong>ux ans plus<br />

tôt et pour laquelle il avait largement utilisé<br />

ce qu’on appelait alors, les mental tests. En<br />

1900, il sollicitera, et obtiendra par arrêté du<br />

1er août 1900, le rattachement <strong>de</strong> ce laboratoire<br />

à l’Ecole pratique <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s.<br />

A cette époque, Nicholas Vaschi<strong>de</strong> étant le<br />

chef <strong>de</strong>s travaux et Henri Piéron, le préparateur,<br />

J.-M. Lahy (1) commencera à participer<br />

aux recherches effectuées dans le laboratoire,<br />

d’abord avec le statut d’élève, ensuite,<br />

en 1907, au titre d’attaché, puis, en 1908, <strong>de</strong><br />

chef <strong>de</strong>s travaux, tout comme Henri Piéron.<br />

Nicolas Vaschi<strong>de</strong> quitta le laboratoire <strong>de</strong> psychologie<br />

expérimentale en 1907 et Henri Piéron,<br />

qui lui avait succédé comme chef <strong>de</strong>s<br />

travaux, s’en ira à son tour, après la mort, en<br />

1911, d’Alfred Binet, directeur du laboratoire<br />

<strong>de</strong> psychologie physiologique <strong>de</strong> la Sorbonne.<br />

Pour le remplacer J.-M. Lahy restera<br />

donc le seul collaborateur d’Edouard Toulouse<br />

au laboratoire <strong>de</strong> psychologie expérimentale.<br />

En 1924, Edouard Toulouse obtient la constitution<br />

d’un « service libre <strong>de</strong> prophylaxie<br />

mentale » à Sainte-Anne et institue sept laboratoires.<br />

J.-M. Lahy <strong>de</strong>vient chef du laboratoire<br />

<strong>de</strong> « psychologie et psychotechnique »,<br />

puis, après la création du laboratoire <strong>de</strong> psychotechnique<br />

<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Transports<br />

Parisiens (STCRP), le premier organisé dans<br />

une entreprise en France, il est promu directeur.<br />

Il est considéré, avec raison, comme le<br />

fondateur <strong>de</strong> la psychotechnique en France,<br />

un <strong>de</strong>s pionniers <strong>de</strong> la psychologie du travail,<br />

<strong>de</strong> l’ergonomie avant la lettre et <strong>de</strong><br />

l’orientation professionnelle.<br />

Au début <strong>de</strong> l’Occupation, alors que J.-M.<br />

Lahy s’était retiré dans le Midi, les autorités<br />

alleman<strong>de</strong>s entreprirent <strong>de</strong> faire main basse,<br />

dans tous les pays occupés, sur toutes sortes<br />

d’archives, aussi bien publiques que privées.<br />

Ainsi, furent spoliés ministères, organismes<br />

publics et privés, associations, partis politiques,<br />

syndicats, compagnies industrielles<br />

et commerciales, banques, congrégations religieuses,<br />

loges franc-maçonnes, mais aussi<br />

particuliers, hommes d’Etat, personnalités<br />

scientifiques, militaires, hommes d’affaires,<br />

hommes <strong>de</strong> lettres. Les archives du laboratoire<br />

<strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong> l’Ecole pratique <strong>de</strong>s<br />

Hautes Etu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> J.-M. Lahy (2) feront partie<br />

du lot.<br />

Lors <strong>de</strong> son avancée vers l’Ouest, l’armée<br />

rouge récupéra ces archives et elles furent<br />

transportées à Moscou. Leur classement et<br />

leur inventaire ne furent effectués que plus<br />

tard (août 1953, pour ce qui concerne les archives<br />

du laboratoire <strong>de</strong> « psychologie expérimentale<br />

», intitulé conservé par les archives<br />

soviétiques, bien que le laboratoire<br />

eût changé d’appellation).<br />

En 1993 (accord Dumas-Kozirev), le gouvernement<br />

français négocia, avec l’Etat russe,<br />

le rachat et le rapatriement en France <strong>de</strong>s précieux<br />

documents saisis sur son territoire.<br />

Si le retour <strong>de</strong>s archives officielles se fit sans<br />

trop <strong>de</strong> difficultés, il n’en fut pas <strong>de</strong> même<br />

<strong>de</strong>s archives dites « spéciales », instituées<br />

par le conseil <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong> l’URSS en<br />

1946, afin <strong>de</strong> centraliser les documents dispersés<br />

dans différents départements, dont faisaient<br />

partie les archives du laboratoire <strong>de</strong><br />

psychologie <strong>de</strong> Sainte-Anne et dont la restitution<br />

nécessita <strong>de</strong> nouvelles, difficiles et<br />

longues tractations, qui n’ont abouti que récemment.<br />

C’est ainsi que 69 cartons d’archives, provenant<br />

du laboratoire <strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong> Saint-<br />

Anne, sont revenus en France.<br />

Un seul <strong>de</strong> ces cartons a été rendu à Sainte-<br />

Anne, les 68 autres ayant été restitués aux<br />

petits-enfants <strong>de</strong> J.-M. Lahy, nés <strong>de</strong> son fils<br />

Pierre. Le carton reçu par Sainte-Anne a été<br />

solennellement remis au prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association<br />

<strong>de</strong>s amis du musée et du centre historique<br />

<strong>de</strong> Sainte-Anne, le professeur Daniel<br />

Frédy, le 21 février 2001.<br />

Ce carton constituait le fonds 189 et se compose<br />

<strong>de</strong> 17 dossiers, qui couvrent les années<br />

1911 à 1939. Voici le résumé <strong>de</strong> leur contenu.<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N°6 - SEPTEMBRE 2001 1<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication et <strong>de</strong> la rédaction : G. Massé<br />

Rédacteur en chef : F. Caroli<br />

Collaborateurs : Ch. Paradas, S. Rampa, S. Tribolet<br />

Rédaction : Hôpital Sainte-Anne,<br />

1 rue Cabanis - 75014 Paris<br />

Tél. 01 45 65 83 09 - Fax 01 45 65 87 40<br />

Abonnements : 54 bd La Tour Maubourg - 75007 Paris<br />

Tél. 01 45 50 23 08 - Fax 01 45 55 60 80<br />

Commission paritaire n° 70088<br />

Marcel Tubiaux*<br />

Restitution <strong>de</strong>s archives du laboratoire<br />

<strong>de</strong> psychologie expérimentale<br />

Edouard Toulouse<br />

Documents relatifs à l’activité du<br />

laboratoire<br />

Programmes et rapports d’activité<br />

1/ Psychologie appliquée au travail professionnel,<br />

programmes, thèmes d’examens <strong>de</strong><br />

l’Institut <strong>de</strong> psychologie (1923, 1924, 1928).<br />

2/ Régie départementale <strong>de</strong>s tramways <strong>de</strong> l’Ain-<br />

Bourg : test AD, fonctionnement <strong>de</strong>s appareils,<br />

examens psychotechniques (1933, 1935).<br />

3/ Etu<strong>de</strong>s sur l’éclairage.<br />

Correspondances<br />

4/ Correspondance (en désordre) <strong>de</strong> J.-M.<br />

Lahy : avec l’Automobile Club d’Italie (1933) ;<br />

observation <strong>de</strong> son fils Pierre, âgé d’un mois<br />

et 21 jours (1903) ; correspondance avec la<br />

Société psychotechnique <strong>de</strong> Varsovie (1929) ;<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’honoraires d’un avocat et d’un<br />

avoué (1920) ; référé au sujet <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

son fils (1925) ; examen <strong>de</strong> Mlle Friedrich<br />

en psychologie appliquée (1924) ; correspondance<br />

relative à la construction d’un bateau<br />

(1936) ; <strong>de</strong>vis pour ameublement (1938).<br />

5/ Correspondances diverses avec la Marine<br />

nationale (1933) ; réponse reçue à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> renseignements « sur la façon d’entrer<br />

dans le corps du Génie maritime »,<br />

échange <strong>de</strong> lettres relatives à la sélection psychotechnique<br />

<strong>de</strong>s ouvriers sou<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la Marine<br />

nationale.<br />

6/ Correspondance relative à la réalisation<br />

d’un circuit automobile à l’autodrome <strong>de</strong><br />

Montlhéry (1937).<br />

7/ Lettre relative aux appareils « Ediphone »<br />

et « Télédiphone » (1939).<br />

Documents personnels et non personnels<br />

du directeur <strong>de</strong> laboratoire<br />

8/ Lettres adressées par J.-M. Lahy à son fils<br />

Pierre, parfois à son neveu Georges, quelques<br />

lettres <strong>de</strong> Pierre Lahy (1911-1919).<br />

9/ Documents relatifs au divorce <strong>de</strong> J.-M.<br />

Lahy et <strong>de</strong> sa première épouse, Marie-Blanche<br />

Trouillet (1920-1921).<br />

10/ Articles <strong>de</strong> J.-M. Lahy sur l’emploi <strong>de</strong>s<br />

appareils <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> réaction<br />

en psychotechnique : Un appareil nouveau,<br />

le chronographe imprimeur (1935), La psychotechnique<br />

et la psychiatrie (1934). Article<br />

<strong>de</strong> G.H. Miles : Psychological consi<strong>de</strong>rations<br />

involved in the application of motor<br />

driving tests (1933). Liste <strong>de</strong>s incapacités<br />

physiques pour les conducteurs <strong>de</strong> poids<br />

lourds (1933) ; préparation du Congrès <strong>de</strong><br />

Prague (1934) ; travaux publiés par J.-M.<br />

Lahy, Suzanne Korngold et autres.<br />

Documents relatifs à l’activité <strong>de</strong><br />

l’Association internationale <strong>de</strong><br />

psychotechnique<br />

Statuts 11/ Association internationale <strong>de</strong><br />

psychotechnique, statuts et remarques d’I.<br />

*Psychologue, expert du Bureau international du travail,<br />

Rédacteur en chef du Bulletin <strong>de</strong> psychologie.


2<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />

LIVRES<br />

Dossier : l’enfant excité<br />

Enfances & Psy n°14<br />

Erès<br />

Dans ce dossier remarquable, R. Voyazopoulos<br />

rappelle que, bien qu’elle aIimente<br />

quotidiennement la plainte <strong>de</strong>s parents et<br />

<strong>de</strong>s professionnels, et les éprouve, l’excitation<br />

<strong>de</strong>s enfants ne semble pas mobiliser<br />

la réflexion autrement que sur <strong>de</strong>s<br />

thèmes phares comme l’hyperkinésie, les<br />

troubles <strong>de</strong> l’attention et <strong>de</strong> la concentration,<br />

l’instabilité, la violence, qui en sont<br />

les effets avec lesquels on la confond.<br />

Il est pourtant <strong>de</strong>s enfants réellement mala<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> leur excitation et en détresse sous<br />

l’effet <strong>de</strong> ses conséquences sur leur vie relationnelle,<br />

sur leurs apprentissages et sur<br />

l’idée qu’ils ont d’eux-mêmes. Traitement<br />

chimique (L. Diller), approche corporelle<br />

(A. Saint-Cast), orthophonique (M. Tastenoy),<br />

ou thérapies cognitivo-comportementaIes<br />

(L. Vera) et psychodynamiques,<br />

les choix ne sont pas anodins.<br />

Le territoire et la santé<br />

La transition sanitaire en<br />

Polynésie française<br />

Emmanuel Vigneron<br />

Collection Espaces et Milieux<br />

CNRS Editions<br />

En Polynésie comme ailleurs, l’allongement<br />

spectaculaire <strong>de</strong> l’espérance <strong>de</strong> vie, lié aux<br />

progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> la santé, a<br />

aussi sa rançon : il a relégué au second plan<br />

<strong>de</strong>s inégalités persistantes entre les hommes<br />

et les femmes, entre les catégories sociales<br />

et professionnelles mais aussi entre les<br />

zones géographiques. Les raisons <strong>de</strong> l’ignorance<br />

ou même du désintérêt pour ces différentes<br />

inégalités et la préémincence d’une<br />

logique <strong>de</strong> l’offre dans la planification sanitaire<br />

ont, d’ailleurs, <strong>de</strong>s causes multiples<br />

et liées : sources déficientes, difficultés<br />

d’analyse, mais aussi conception jacobine<br />

et égalitariste du Territoire, croyance au caractère<br />

inéluctable et généralisé du Progrès<br />

et, particulièrement, du progrès médical.<br />

Cette conception s’est heurtée à la crise<br />

du financement <strong>de</strong> la santé et aux drames<br />

<strong>de</strong> la santé publique. En réponse, apparaît<br />

aujourd’hui une logique <strong>de</strong> population, fondée<br />

sur l’analyse <strong>de</strong>s besoins, plus centrée<br />

sur le patient et donc plus pragmatique.<br />

Elle conduit à une approche localisée <strong>de</strong>s<br />

questions sanitaires pour faciliter leur prise<br />

en charge. Cette approche impulsée notamment<br />

par les géographes <strong>de</strong> la santé<br />

est aujourd’hui à l’œuvre dans plusieurs<br />

pays. L’étu<strong>de</strong> qui est faite ici <strong>de</strong> la Polynésie<br />

française est l’une <strong>de</strong> celles qui ont initié<br />

ce mouvement tant sur le plan conceptuel<br />

que méthodologique. Elle se fon<strong>de</strong> sur<br />

un matériel abondant et sur le développement<br />

<strong>de</strong> modèles d’analyse au premier rang<br />

<strong>de</strong>squels celui <strong>de</strong> la transition sanitaire dans<br />

l’espace géographique.<br />

De l’inégalité parmi les<br />

sociétés<br />

Essai sur l’homme et<br />

l’environnement dans l’histoire<br />

Le troisième chimpanzé<br />

Essai sur l’évolution et l’avenir <strong>de</strong><br />

l’animal humain<br />

Jared Diamond<br />

Gallimard<br />

Jared Diamond, professeur <strong>de</strong> physiologie<br />

à la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />

Californie rappelle que l’inégalité entre les<br />

sociétés est liée aux différences <strong>de</strong> milieux,<br />

pas aux différences génétiques, en mobi-<br />

BIOGRAPHIE (suite)<br />

Spielrein (1931-1934).<br />

12/ Rapport su secrétaire général au congrès<br />

<strong>de</strong> l’Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique<br />

à Moscou (1931), à Prague (1934),<br />

documents divers et correspondance relatifs<br />

à ces congrès.<br />

Documents sur l’activité <strong>de</strong>s congrès<br />

13/ Congrès international <strong>de</strong> psychotechnique<br />

à Prague (1934), liste <strong>de</strong>s participants, enquête<br />

sur N.W. Tatarinov, agent <strong>de</strong> Parker<br />

Holliday (1933).<br />

14/ Congrès <strong>de</strong> Prague, réunion du comité<br />

directeur, préparation <strong>de</strong>s congrès futurs<br />

(1933-1934).<br />

15/ Liste <strong>de</strong>s membres du comité directeur<br />

<strong>de</strong> l’Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique<br />

(1931), laboratoire <strong>de</strong> psychotechnique,<br />

rapport sur le travail (mars 1930),<br />

lettre à « ses chers petits » et à son fils Pierre<br />

(septembre 1914, décembre 1916).<br />

16/ Programme <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> psychologie<br />

appliquée au laboratoire <strong>de</strong> psychologie<br />

du service <strong>de</strong> prophylaxie mentale<br />

(1925), liste <strong>de</strong>s membres du comité directeur<br />

<strong>de</strong> l’Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique<br />

(1932), <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> divers<br />

tests : mémoire <strong>de</strong>s images (test E), mémoire<br />

logique, test <strong>de</strong> mémoire, attention concentrée<br />

(test <strong>de</strong> barrage), test <strong>de</strong> fatigabilité, test<br />

du dynamographe, temps <strong>de</strong> réaction, test<br />

d’intelligence logique.<br />

17/ Association internationale <strong>de</strong> psychotechnique,<br />

liste complète <strong>de</strong>s membres par<br />

pays (1932). ■<br />

1/ A l’état-civil, Jean-Maurice Lahy, il ne signera jamais<br />

ses publications que <strong>de</strong>s initiales <strong>de</strong> son prénom.<br />

2/ J.-M. Lahy aurait lui-même détruit une partie <strong>de</strong> ses<br />

archives, lorsqu’il fut prévenu par <strong>de</strong>s officiers italiens,<br />

au Lavandou où il se trouvait, <strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong>s<br />

Allemands. D’autres <strong>de</strong> ses archives ont été détruites<br />

par un <strong>de</strong> ses amis franc-maçon, Georges Refeuil, le<br />

10 août 1944, à Brignoud (Isère). Les archives conservées<br />

à Moscou, si elles ne sont pas les seules, semblent<br />

être les plus importantes.<br />

lisant dans ces <strong>de</strong>ux livres décapants <strong>de</strong>s<br />

disciplines aussi diverses que la génétique,<br />

la biologie moléculaire, l’épidémiologie, la<br />

linguistique, l’archéologie et l’histoire <strong>de</strong>s<br />

technologies. Il montre, notamment, les<br />

rôles <strong>de</strong> la production alimentaire, <strong>de</strong> l’évolution<br />

<strong>de</strong>s germes caractéristiques <strong>de</strong>s populations<br />

humaines <strong>de</strong>nses favorisées par<br />

la révolution agricole, <strong>de</strong> la géographie dans<br />

la diffusion constrastée <strong>de</strong> l’écriture et <strong>de</strong><br />

la technologie, selon la latitu<strong>de</strong> en Eurasie,<br />

mais la longitu<strong>de</strong> aux Amériques et en<br />

Afrique. Le langage, l’art, la technique et<br />

l’agriculture, qui distinguent le chimpanzé<br />

<strong>de</strong> l’homme, sont le fruit d’une évolution<br />

non pas seulement anatomique, comme<br />

on le dit trop souvent, mais aussi comportementale<br />

: le cycle vital <strong>de</strong> l’homme se<br />

particularise par le faible nombre <strong>de</strong> petits<br />

par portée, les soins parentaux bien au-<strong>de</strong>là<br />

du sevrage, le vie en couple, l’espérance<br />

<strong>de</strong> vie, la ménopause. Autant <strong>de</strong> traits qui<br />

soulèvent le problème <strong>de</strong> l’éventuelle présence<br />

<strong>de</strong> précurseurs dans le mon<strong>de</strong> animal,<br />

et du sta<strong>de</strong> auquel l’homme eut une<br />

réussite évolutive, non pas avec l’apparition<br />

<strong>de</strong> l’outil <strong>de</strong> pierre, voilà <strong>de</strong>ux millions<br />

et <strong>de</strong>mi d’années, mais avec l’acquisition<br />

<strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> au langage, il y a moins <strong>de</strong><br />

cent mille ans. Alors l’animal humain a déployé<br />

tous ses traits particuliers, à commencer<br />

par son aptitu<strong>de</strong> à détruire massivement<br />

son genre et sa capacité, manifestée,<br />

elle aussi, dès l’époque préhistorique, à détruire<br />

les écosystèmes, à ruiner la base<br />

même <strong>de</strong> sa propre alimentation.


Droits formels <strong>de</strong>s<br />

mala<strong>de</strong>s mentaux et risque<br />

d’abandon <strong>de</strong> fait *<br />

« Découverte par un huissier un an après sa<br />

mort ».<br />

C’est le titre qu’affichait récemment un quotidien<br />

relatant la découverte d’une femme <strong>de</strong><br />

57 ans, dans son appartement HLM, par un<br />

huissier venu lui réclamer ses loyers impayés.<br />

La malheureuse, momifiée sur le sol, était<br />

décédée <strong>de</strong>puis plus d’un an dans la plus absolue<br />

<strong>de</strong>s solitu<strong>de</strong>s. « Je lègue mes biens aux<br />

pompiers et aux policiers qui feront l’enquête<br />

», tel est le <strong>de</strong>rnier message laissé par<br />

cette personne qui vivait avec une allocation<br />

aux adultes handicapés. Elle avait bénéficié<br />

dans le passé d’un suivi psychiatrique ambulatoire.<br />

Pas <strong>de</strong> famille, pas d’amis, pas <strong>de</strong><br />

voisins pour s’inquiéter <strong>de</strong> sa disparition,<br />

perte <strong>de</strong> contact avec l’équipe soignante, boîte<br />

aux lettres qui débor<strong>de</strong> <strong>de</strong> factures impayées<br />

et <strong>de</strong> recommandés, disparition <strong>de</strong> la file active<br />

du secteur, service minimum <strong>de</strong>s funérailles<br />

prises en charge par la ville, inhumation<br />

dans le carré <strong>de</strong>s indigents et <strong>de</strong>s anonymes.<br />

Chaque professionnel <strong>de</strong> la psychiatrie connaît<br />

<strong>de</strong>s faits similaires et mon propos n’est pas<br />

<strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s responsabilités. Mais cette<br />

triste histoire illustre l’isolement total dans<br />

lequel peuvent vivre certaines femmes ou<br />

certains hommes mala<strong>de</strong>s qui n’intéressent<br />

personne, en 2001, au sein d’une société<br />

confrontée à <strong>de</strong> multiples phénomènes d’exclusion<br />

frappant certains groupes <strong>de</strong> la population.<br />

La désinstitutionnalisation <strong>de</strong>s patients<br />

psychiatriques et l’évolution du mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> leur prise en charge est loin d’avoir soulagé<br />

toutes leurs souffrances et apporté une<br />

meilleure qualité <strong>de</strong> vie à l’ensemble d’entre<br />

eux.<br />

En 1975 une « charte <strong>de</strong>s internés » était publiée<br />

par un collectif d’associations dont le<br />

GIA, regroupant <strong>de</strong>s personnes psychiatri-<br />

Protection sociale : quelle<br />

réforme ?<br />

Société et représentations<br />

Numéro Hors série dirigé par Catherine<br />

Mills avec le concours <strong>de</strong> José Caudron<br />

Etu<strong>de</strong>s CREDHESS<br />

Le premier axe porte sur les débats théoriques<br />

et les politiques économiques concernant non<br />

seulement les relations entre coût du travail,<br />

charges sociales et emploi, mais aussi toute<br />

la problématique <strong>de</strong> la réforme du financement<br />

<strong>de</strong> la protection sociale. Liêm Hoang-Ngoc<br />

critique les modèles visant à expliquer la montée<br />

du chômage par l’excès du coût du travail<br />

lié aux charges sociales sur les bas salaires.<br />

Thomas Coutrot démontre l’inefficacité <strong>de</strong>s<br />

mesures <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s charges sociales<br />

qui préten<strong>de</strong>nt inciter à l’emploi, puis Pierre<br />

Concialdi établit que la spécificité française<br />

n’est pas, contrairement au dogme établi, un<br />

coût excessif du travail (salaire direct et charges<br />

sociales) pour les emplois les moins qualifiés.<br />

Henri Sterdyniak et Catherine Mills débattent<br />

ensuite <strong>de</strong>s orientations actuelles <strong>de</strong> la réforme<br />

du financement <strong>de</strong> la protection sociale, comme<br />

celles proposées dans les rapports Cha<strong>de</strong>lat<br />

et Malinvaud.<br />

Henri Sterdyniak critique le rejet d’une assiette<br />

élargie <strong>de</strong>s cotisations employeurs. Il se prononce<br />

contre une compensation <strong>de</strong>s exonérations<br />

<strong>de</strong> charges sociales sur les bas salaires<br />

par un accroissement <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> cotisation<br />

sur les salaires <strong>de</strong>s emplois qualifiés ou par<br />

une augmentation <strong>de</strong> la contribution sociale<br />

généralisée sur les seuls ménages. Il suggère<br />

un accroissement <strong>de</strong> la CSG sur l’ensemble<br />

sées et <strong>de</strong>s travailleurs militants (soignants<br />

ou non) engagés dans une lutte visant à conquérir<br />

les droits démocratiques les plus élémentaires<br />

pour les personnes internées et rompre<br />

leur isolement. A partir <strong>de</strong> 1983, le Conseil<br />

<strong>de</strong> l’Europe s’est engagé dans la promulgation<br />

d’une longue liste <strong>de</strong> recommandations<br />

invitant les gouvernements à développer une<br />

politique en matière <strong>de</strong> santé mentale respectant<br />

mieux les Droits <strong>de</strong> l’Homme, rapprochant<br />

les lieux <strong>de</strong> soins <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie<br />

<strong>de</strong>s populations, s’engageant vers une disparition<br />

<strong>de</strong>s concentrations asilaires. A partir<br />

<strong>de</strong> 1985, la France s’est progressivement<br />

dotée d’outils qui <strong>de</strong>vaient favoriser cette<br />

évolution.<br />

Mais en décembre 2000, la FNAP Psy et la<br />

Conférence Nationale <strong>de</strong>s Prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> CME<br />

<strong>de</strong>s CHS éprouvent tout <strong>de</strong> même le besoin<br />

<strong>de</strong> rappeler dans une « Charte <strong>de</strong> l’usager<br />

en santé mentale » que cet usager est une<br />

personne à part entière, une personne qui<br />

souffre, qui doit être informée, qui doit participer<br />

aux décisions la concernant, une personne<br />

responsable, citoyenne, qui doit être<br />

aidée à sortir <strong>de</strong> son isolement. Cette charte<br />

revendique que soit développée à l’intention<br />

<strong>de</strong>s usagers une politique visant à véhiculer<br />

une image moins dévalorisante <strong>de</strong> la maladie<br />

mentale, afin <strong>de</strong> favoriser l’insertion sociale<br />

et professionnelle <strong>de</strong> ces personnes trop<br />

souvent victimes <strong>de</strong> discrimination.<br />

Malgré les avancées <strong>de</strong> la chimiothérapie et<br />

le développement <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> plus en<br />

plus déployés au sein <strong>de</strong> la communauté, certains<br />

mala<strong>de</strong>s mentaux, notamment ceux souffrant<br />

<strong>de</strong> troubles sévères et persistants sont<br />

confrontés à <strong>de</strong>s difficultés spécifiques limitant<br />

leur insertion sociale et leur intégration<br />

dans la société. Beaucoup <strong>de</strong> ces per-<br />

<strong>de</strong>s revenus (ménages et entreprises) ainsi que<br />

la création d’une nouvelle cotisation <strong>de</strong>s employeurs<br />

assise sur la valeur ajoutée <strong>de</strong>s entreprises.<br />

Catherine Mills présente un projet<br />

<strong>de</strong> réforme <strong>de</strong>s cotisations patronales centré<br />

sur la modulation <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> cotisations en<br />

fonction <strong>de</strong> la contribution <strong>de</strong>s entreprises à<br />

l’emploi, au développement <strong>de</strong>s ressources<br />

humaines et à l’efficacité sociale.<br />

Les contributions suivantes s’organisent<br />

autour <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> nouveaux mécanismes<br />

<strong>de</strong> régulation pour chacune <strong>de</strong>s quatre<br />

« branches » <strong>de</strong> la protection sociale qui ont à<br />

faire face, en même temps qu’à la crise du financement,<br />

à <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s transformations<br />

socio-démographiques, les trois classiques<br />

- santé, famille et retraite - et la quatrième nouvelle<br />

concernant le risque chômage, l’exclusion,<br />

l’insertion et la formation.<br />

Il s’agit, d’abord, <strong>de</strong> mener le débat et la réflexion<br />

sur les nécessaires réformes du système<br />

<strong>de</strong> soins. Les dépenses <strong>de</strong> santé sont<br />

resituées dans une perspective historique :<br />

Jean-Paul Domin s’intéresse à la croissance<br />

<strong>de</strong> l’hôpital public dans le système <strong>de</strong> santé<br />

<strong>de</strong> 1893 à 1993, et Thierry Fillaut centre sa recherche<br />

sur la fin du XIX e siècle, en procédant<br />

à l’analyse <strong>de</strong>s interactions entre les mé<strong>de</strong>cins<br />

et le coût <strong>de</strong> la santé.<br />

Michel Messu s’interroge sur la définition <strong>de</strong><br />

la « famille » <strong>de</strong> la politique familiale et son évolution<br />

dans la pério<strong>de</strong> récente ; Michel Chauvière<br />

procè<strong>de</strong> à l’analyse <strong>de</strong>s discours qui ont<br />

conduit à légitimer la mise sous conditions <strong>de</strong><br />

ressources <strong>de</strong>s prestations familiales en 1998,<br />

décision remise en cause par la suite au profit<br />

d’une limitation <strong>de</strong> l’avantage fiscal procuré<br />

sonnes connaissent <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

blocage alternant avec <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> crise.<br />

Ce blocage atteint le rapport aux autres et<br />

peut conduire ces personnes à s’isoler <strong>de</strong> plus<br />

en plus, à couper la communication avec les<br />

autres. Il est source <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> concentration,<br />

<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> confiance en soi, <strong>de</strong> sentiment<br />

que tout échappe, <strong>de</strong> repli, <strong>de</strong> tristesse,<br />

et <strong>de</strong> désespoir.<br />

Les crises engendrent <strong>de</strong>s changements profonds<br />

dans la vie, provoquant <strong>de</strong>s détériorations<br />

parfois irréparables : perte <strong>de</strong> l’emploi,<br />

du logement, incapacité <strong>de</strong> prendre soin <strong>de</strong><br />

soi, <strong>de</strong> gérer la vie quotidienne, divorce, éloignement<br />

<strong>de</strong>s enfants, abandon <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />

l’entourage et <strong>de</strong>s amis, débor<strong>de</strong>ment total,<br />

souffrance con<strong>de</strong>nsée insupportable, confusion,<br />

et parfois perte totale <strong>de</strong> l’autonomie.<br />

L’évolution <strong>de</strong> la pathologie entraîne alors<br />

chez la personne une vulnérabilité occasionnant<br />

<strong>de</strong>s pertes au niveau psycho-social. Elle<br />

conduit à <strong>de</strong>s détériorations, <strong>de</strong>s déficits, <strong>de</strong>s<br />

handicaps majorés par différents évènements<br />

stressants tels que la faiblesse <strong>de</strong>s revenus,<br />

<strong>de</strong>s conditions d’hébergement ou <strong>de</strong> logement<br />

mauvaises ou inadaptées, une alimentation<br />

mal équilibrée, le chômage dans une société<br />

valorisant le travailleur performant, l’isolement,<br />

le rejet social, la stigmatisation.<br />

Certains, contraints <strong>de</strong> supporter ces souffrances<br />

sans une ai<strong>de</strong> adéquate ou suffisante,<br />

ont le sentiment <strong>de</strong> ne pas avoir trouvé dans<br />

la psychiatrie un espace d’écoute dont ils<br />

avaient besoin. Ils se détournent alors <strong>de</strong>s<br />

soins et <strong>de</strong>s divers supports sociaux pour<br />

plonger dans un isolement total, un mal <strong>de</strong><br />

vivre tellement insupportable qu’ils poussent<br />

certains à remettre en cause la vie elle-même.<br />

La réflexion sur l’accompagnement, le soutien<br />

social, la nécessité <strong>de</strong> développer un<br />

mouvement d’entrai<strong>de</strong> en faveur <strong>de</strong>s patients<br />

psychiatriques, usagers et citoyens, doit aussi<br />

<strong>de</strong>venir une priorité dans le champ <strong>de</strong> la lutte<br />

contre les exclusions. ■<br />

Jacques Houver**<br />

* Cet article est paru dans le numéro <strong>de</strong> mars 2001 <strong>de</strong><br />

la revue Rhizome <strong>de</strong> l’ORSPERE.<br />

**Cadre socio-éducatif C. H. Le Vinatier, Lyon.<br />

par le quotient familial. Enfin, Réjane Hugouneng<br />

et Henri Sterdyniak prennent le contrepied<br />

<strong>de</strong>s discours qui sacrifient les objectifs<br />

<strong>de</strong> redistribution horizontale, que l’on peut symboliser<br />

par la solidarité entre célibataires et<br />

chargés <strong>de</strong> famille, aux objectifs <strong>de</strong> redistribution<br />

verticale, une solidarité plus directement<br />

dirigée vers les catégories les plus défavorisées.<br />

Celle-ci aboutit, selon les auteurs,<br />

à financer la lutte contre les inégalités (ou présentée<br />

comme telle) par les seules familles.<br />

Concernant l’avenir <strong>de</strong>s retraites, Alain Euzéby<br />

rappelle les dangers <strong>de</strong> la mise en place<br />

d’un système par capitalisation et exprime ses<br />

doutes sur la capacité <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> pension<br />

à régler efficacement la crise prévisible <strong>de</strong>s retraites.<br />

Puis, Lucy Roberts et Pierre Concialdi<br />

reviennent sur les débats récents qui ten<strong>de</strong>nt<br />

à justifier <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> réformes drastiques, et<br />

la mise en place <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> pension « à la<br />

française » censés sauver le système <strong>de</strong> retraites<br />

fondé sur la répartition.<br />

Les auteurs relativisent l’impact <strong>de</strong>s données<br />

démographiques et critiquent la pénétration<br />

<strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> l’assurance privée dans les<br />

systèmes <strong>de</strong> retraite pour défendre l’autre logique,<br />

celle <strong>de</strong> la solidarité. Selon eux, l’emploi<br />

est la variable-clé pour assurer l’avenir <strong>de</strong>s<br />

retraites par répartition.<br />

Chantal Euzéby, face à l’échec du volet insertion<br />

du RMI, critique les tentatives <strong>de</strong> lier un<br />

revenu minimum à l’acceptation d’un travail et<br />

réentame le débat sur le principe d’une allocation<br />

universelle <strong>de</strong> base.<br />

*Université Paris I, CREDHESS, 17 rue <strong>de</strong> la Sorbonne,<br />

75231 Paris Cé<strong>de</strong>x 05. Tél. : 01 40 46 28 36. Fax :<br />

01 40 46 31 62.<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 3<br />

LIVRES<br />

L’histoire véridique <strong>de</strong> la<br />

séquestrée <strong>de</strong> Poitiers<br />

Jean-Marie Augustin<br />

Fayard<br />

Cet ouvrage reprend l’affaire dite <strong>de</strong> « la séquestrée<br />

<strong>de</strong> Poitiers » qui avait été rappelée<br />

par André Gi<strong>de</strong> dans un livre publié en<br />

1930 dans la collection « Ne Jugez Pas »<br />

chez Gallimard (1) . En 1901, à 52 ans, Blanche<br />

Monnier, est retrouvée à la suite d’une dénonciation<br />

par lettre anonyme, alors qu’elle<br />

était enfermée <strong>de</strong>puis 25 ans dans une<br />

chambre <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> sa mère, au milieu<br />

<strong>de</strong>s ordures et <strong>de</strong> la vermine. Cette<br />

affaire a suscité <strong>de</strong> nombreux articles <strong>de</strong><br />

presse, et sous la pression <strong>de</strong> l’opinion publique,<br />

le frère <strong>de</strong> Blanche, Marcel Monnier,<br />

a été condamné à 15 mois <strong>de</strong> prison par le<br />

tribunal correctionnel pour privation <strong>de</strong> soins,<br />

pour être finalement acquitté en appel.<br />

Jean-Marie Augustin conclut son livre en<br />

relevant que « Certains journalistes ont voulu<br />

donner à ce drame une portée sociologique,<br />

mais celui-ci reste un fait divers qui offre<br />

seulement une image pessimiste <strong>de</strong> la personne<br />

humaine et <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée ». Le fait<br />

divers s’est toujours intéressé à la folie, et<br />

le cas Monnier est plus qu’une affaire judiciaire<br />

ayant défrayé la chronique du début<br />

du XX ème siècle, c’est aussi une très belle<br />

observation psychiatrique. On se gar<strong>de</strong>rait<br />

bien <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> l’exhaustivité <strong>de</strong>s recherches<br />

<strong>de</strong> Jean-Marie Augustin, ou encore, <strong>de</strong><br />

l’analyse sociologique qui a été effectuée,<br />

on peut cependant regretter que sa démarche<br />

n’ait pas été étayée par un avis psychiatrique,<br />

et ce d’autant que l’affaire Monnier<br />

a fait l’objet d’une analyse sémiologique<br />

dans un article <strong>de</strong> G. Massé et J-M. Vanelle (2) .<br />

Jean-Marie Augustin décrit Blanche comme<br />

une anorexique démente, alors qu’à la relecture<br />

<strong>de</strong>s entretiens elle se présente clairement<br />

comme un cas historique <strong>de</strong> schizophrénie<br />

paranoï<strong>de</strong>, puis pseudo-déficitaire<br />

avec repli autistique. Devant ces éléments,<br />

que la seule lecture du livre d’André Gi<strong>de</strong><br />

permet <strong>de</strong> préciser, on comprend mal comment<br />

la séquestrée <strong>de</strong> Poitiers, avec ses stéréotypies<br />

verbales, ses néologismes, ses<br />

propos hermétiques et son maniérisme pourrait<br />

ne pas trouver sa clinique pour qui sait<br />

lire, pas seulement entre les lignes. Pour s’en<br />

convaincre, il suffit <strong>de</strong> compléter cette lecture<br />

par celle d’André Gi<strong>de</strong>.<br />

Sabine Mouchet<br />

(1) A. Gi<strong>de</strong>, La Séquestrée <strong>de</strong> Poitiers, Collection « Ne<br />

Jugez Pas », NRF, 1930. Collection Folio 1977.<br />

(2) G. Massé, J-M. Vanelle, La Folle <strong>de</strong> Poitiers, La<br />

Conception Gidienne du Fait Divers, Synapse, 1984,<br />

1, 67-75.<br />

Sociologie <strong>de</strong> classe<br />

Lycéens à l’épreuve <strong>de</strong> l’exclusion<br />

Cédric Frétigné en collaboration avec<br />

Thierry Panel<br />

L’Harmattan<br />

Dans le cadre d’une initiation à l’enquête<br />

sociologique, une classe <strong>de</strong> 1 re du lycée<br />

Bascan <strong>de</strong> Rambouillet a mené, tout au<br />

long d’une année scolaire, une étu<strong>de</strong> sur le<br />

thème <strong>de</strong>s logiques d’engagement <strong>de</strong>s bénévoles<br />

d’associations caritatives. Du questionnement<br />

initial à la présentation publique<br />

<strong>de</strong>s résultats, <strong>de</strong>s démarches entreprises<br />

pour « entrer sur le terrain » aux comptesrendus<br />

d’observation, <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong><br />

travail à l’analyse <strong>de</strong>s entretiens, les lycéens<br />

ont pleinement assumé leur rôle d’ « apprenti-sociologue<br />

». Rendant compte du<br />

projet pédagogique et <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong><br />

recherche qui ont animé enseignant, sociologue<br />

et lycéens, cet ouvrage témoigne<br />

d’une expérience originale croisant regard<br />

sociologique et investissement citoyen.


4<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />

LIVRES<br />

Se former à la thérapie<br />

familiale<br />

Eric Trappeniers et Alain Boyer<br />

Dunod<br />

Conçu à partir <strong>de</strong> sessions <strong>de</strong> formation à<br />

l’approche systémique et à la thérapie familiale,<br />

ce livre-reportage, précé<strong>de</strong>mment<br />

publié sous le titre Famille quand tu nous<br />

tiens en 1996, fait l’objet d’une nouvelle édition<br />

revue et complétée. Il présente <strong>de</strong> nombreuses<br />

situations cliniques et traite <strong>de</strong>s<br />

principaux champs d’application relatifs au<br />

couple, à la famille, à l’institution soignante<br />

et à l’intervention au sein d’un réseau.<br />

Père et fille<br />

Une correspondance<br />

(1914-1938)<br />

Françoise Dolto<br />

Lettres choisies et présentées par<br />

Muriel Djéribi-Valentin<br />

Notes <strong>de</strong> Muriel Djéribi-Valentin et<br />

Colette Percheminier<br />

Mercure <strong>de</strong> France<br />

« Je te trouve très bien en capitaine sur la<br />

photographie », écrit Françoise à son père<br />

en novembre 1914. Ce lien épistolaire entre<br />

père et fille se maintient au fil <strong>de</strong>s années<br />

difficiles, décès <strong>de</strong> Jacqueline, la sœur aînée,<br />

dépression <strong>de</strong> la mère, rupture <strong>de</strong>s<br />

premières fiançailles… En juin 1938, après<br />

une crise particulièrement violente, Françoise<br />

éprouve le besoin d’une mise au point :<br />

« Cette lettre (…) brisera peut-être tout entre<br />

nous et alors mieux vaut maintenant car<br />

nous ne pourrions que nous faire plus <strong>de</strong><br />

mal en continuant à nous voir avec <strong>de</strong>s malentendus<br />

entre nous ; mais elle risque aussi<br />

<strong>de</strong> me réhabiliter à tes yeux et <strong>de</strong> sauver<br />

notre affection. Si je suis « ton » enfant, je<br />

ne suis plus « une » enfant. Au lieu d’être<br />

« très triste » <strong>de</strong> m’aimer « malgré tout » tu<br />

comprendras peut-être que je suis une<br />

femme qui te fait honneur...».<br />

Naissance à la vie psychique<br />

Albert Ciccone et Marc Lhopital<br />

2e édition<br />

Dunod<br />

Albert Ciccone et Marc Lhopital, s’ils se réfèrent<br />

aux travaux du courant postkleinien<br />

consacrés au développement du nourrisson<br />

et aux troubles psychiques précoces,<br />

proposent <strong>de</strong>s jonctions et <strong>de</strong>s articulations<br />

entre différents modèles, comme ceux d’Esther<br />

Bick, Didier Anzieu, Donald Meltzer,<br />

Piera Aulagnier, etc. Ils prennent en compte<br />

et discutent les théories actuelles élaborées<br />

dans <strong>de</strong>s champs autres ou connexes à la<br />

psychanalyse. Leur conception <strong>de</strong> la génèse<br />

et <strong>de</strong>s altérations <strong>de</strong> l’appareil psychique<br />

accor<strong>de</strong> une place importante au<br />

lien à l’objet et à sa fonction contenante.<br />

CENTRE HOSPITALIER<br />

MONTPERRIN<br />

à Aix en Provence (13)<br />

Recherche<br />

1 Assistant Spécialiste en<br />

<strong>Psychiatrie</strong> Adultes<br />

Renseignements au :<br />

04 42 16 17 22<br />

Anticipation et psychothérapie<br />

Entretien avec Mario Berta *<br />

par Jean-Clau<strong>de</strong> Benoit<br />

J.-C. Benoit : À propos du thème psychologique<br />

et psychothérapique <strong>de</strong> l’anticipation,<br />

l’apport du professeur Jean-Marie Sutter fut<br />

essentiel. Tu l’as bien connu. Malheureusement,<br />

il nous a quitté en décembre 1998. Il<br />

nous laissait la préface <strong>de</strong> ton livre, L’Epreuve<br />

d’anticipation, paru récemment dans la collection<br />

Relations. Son texte nous donnait<br />

l’image d’un ultime encouragement à suivre<br />

cette voie qu’il avait ouverte en 1956. Vous<br />

aviez d’ailleurs rédigé ensemble un livre également<br />

consacré à ton test, qu’il a pratiqué<br />

dès vos premiers contacts <strong>de</strong> 1976. Peux-tu<br />

évoquer ces rencontres ?<br />

M. Berta : Nous eûmes très rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />

liens amicaux. Face à Sutter, j’ai toujours eu<br />

l’impression <strong>de</strong> me trouver <strong>de</strong>vant un grand<br />

seigneur, non seulement sur le plan <strong>de</strong> la pensée<br />

et <strong>de</strong> ses connaissances en psychopathologie,<br />

mais aussi par la qualité <strong>de</strong>s relations<br />

qu’il nouait. Vis-à-vis d’autrui, il existait,<br />

chez lui une ouverture souriante et authentique,<br />

et une forme <strong>de</strong> noblesse supérieure<br />

dans sa mo<strong>de</strong>stie même. Voici une anecdote<br />

qui illustre un peu ceci. Je l’ai donc rencontré<br />

pour la première fois, à Paris, chez le professeur<br />

Yves Pélicier en 1976, puis il vint à<br />

Montevi<strong>de</strong>o en 1977. Nous nous trouvions<br />

d’emblée vivement intéressés par notre travail<br />

sur cette notion d’anticipation qu’il avait<br />

le premier i<strong>de</strong>ntifiée, si clairement, dans son<br />

article <strong>de</strong> 1956. Nous correspondions également<br />

beaucoup. Bref, pour revenir à l’anecdote,<br />

lors d’un Congrès à Rio <strong>de</strong> Janeiro où<br />

il présentait un rapport, il me prend à part. Il<br />

me dit : « Mon cher Mario, je vous propose<br />

<strong>de</strong> nous appeler désormais Jean et Mario. Je<br />

vous appellerai Mario et vous m’appellerez<br />

Jean, sans aller pour autant jusqu’à nous tutoyer<br />

»... Telle fut sa façon <strong>de</strong> m’introduire<br />

dans son intimité, façon quelque peu étonnante<br />

pour un sud-américain peu habitué à<br />

ces nuances. Celà, c’était Sutter et la qualité<br />

extrême et nuancée à la fois qu’il créait dans<br />

ses relations. Il ne jugeait jamais autrui. Et<br />

l’on sait que, dans son service, malgré son<br />

statut éminent, il consacrait à ses patients une<br />

activité psychothérapique personnelle, ce que<br />

je crois assez rare chez ses collègues.<br />

J.-C. B. : Je peux confirmer ce <strong>de</strong>rnier point,<br />

sa volonté <strong>de</strong> thérapeute, comme on peut le<br />

constater dans son livre fondamental <strong>de</strong> 1986.<br />

Je rend aussi hommage personnellement à<br />

cette attention qu’il portait à autrui, et dont<br />

j’ai pu bénéficier.<br />

M. B. : Avant lui, l’anticipation était un thème<br />

évoqué ici ou là par <strong>de</strong>s philosophes, <strong>de</strong>s<br />

poètes. J’ai saisi d’emblée l’importance <strong>de</strong><br />

ses travaux, compte-tenu <strong>de</strong> ma propre pratique<br />

psychothérapique. J’utilisais initialement<br />

L’épreuve <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s désirs<br />

<strong>de</strong> J. Pigem Serra, décrite dans sa thèse <strong>de</strong><br />

mé<strong>de</strong>cine en psychiatrie. J’avais perçu que<br />

ce test conduisait vers une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce fait<br />

psychologique essentiel, l’anticipation. Dans<br />

mon livre <strong>de</strong> 1999, je décris en détail toute<br />

l’évolution <strong>de</strong> cette curieuse histoire. Je peux<br />

rappeler brièvement que pendant la guerre<br />

d’Espagne, sur le front, Pigem rencontrait<br />

souvent Tosquelles, un autre psychiatre. Celui-ci<br />

dut émigrer plus tard en France, où il<br />

réalisa une œuvre d’un intérêt exceptionnel<br />

en psychiatrie institutionnelle, ce que chacun<br />

sait chez vous. Or, Tosquelles utilisait<br />

une sorte <strong>de</strong> blague. Dans les moments <strong>de</strong><br />

repos, sur le front, quand quelqu’un entrait<br />

dans la pièce où il bavardait avec Pigem, il<br />

lui posait cette question : « Si une bombe<br />

nous tombait <strong>de</strong>ssus et que tu meurs, que désirerais-tu<br />

être, tout sauf un être humain,<br />

dans une nouvelle vie ?».<br />

J.-C. B. : La naissance <strong>de</strong> ton Epreuve d’anticipation.<br />

M. B. : Oui. Assez rapi<strong>de</strong>ment j’ai introduit<br />

la recherche du symbole négatif, à mon sens<br />

essentiel au-<strong>de</strong>là du positif. Puis, peu à peu,<br />

j’ai précisé l’ensemble, c’est-à-dire l’obtention<br />

<strong>de</strong> huit images-symboles - quatre positives<br />

et quatre négatives au total - avec leurs<br />

<strong>de</strong>ux niveaux, l’anticipation primaire, plus<br />

consciente et l’anticipation secondaire, certes<br />

cruciale en psychothérapie. Puis <strong>de</strong>s compléments<br />

sont venus, entre autres l’application<br />

au mon<strong>de</strong> vécu, personnel, et l’application<br />

à l’univers <strong>de</strong>s images familiales.<br />

J.-C. B. : Tu étais donc un psychiatre à orientation<br />

psychothérapique prévalente, et aussi<br />

professeur <strong>de</strong> psychologie à Montevi<strong>de</strong>o.<br />

Plus précisément, que pensait Sutter <strong>de</strong> ton<br />

Epreuve ?<br />

M. B. : Je me sentais très soutenu par les<br />

contacts avec Sutter et nous avions une cor-<br />

respondance continue. L’anticipation <strong>de</strong>venait<br />

pour moi une notion-clé. Sutter aimait<br />

beaucoup l’Epreuve, telle qu’elle s’était précisée.<br />

Il l’a écrit : l’Epreuve explorait l’anticipation<br />

telle qu’il l’avait lui-même perçue<br />

et décrite. Il m’envoyait <strong>de</strong>s Epreuves pratiquées<br />

par lui à La Timone, à Marseille. Il en<br />

fait figurer dans son livre <strong>de</strong> 1983. Puis, il<br />

m’a ouvert un accès direct à notre livre en<br />

commun <strong>de</strong> 1991. Nos échanges stimulaient<br />

ma réflexion. Nous partagions cette idée que<br />

l’être humain est capable <strong>de</strong> créer aujourd’hui<br />

l’évènement qui se produira <strong>de</strong>main,<br />

dans sa vie. Cette formule <strong>de</strong> Sutter <strong>de</strong>meure<br />

classique : « L’anticipation, c’est la vie avant<br />

la vie ». C’est avant la vie <strong>de</strong> <strong>de</strong>main mais<br />

je produis l’évènement, ici et maintenant.<br />

J.-C. B. : Quelle différence entre vous ?<br />

M. B. : Ma pratique <strong>de</strong> psychiatre psychothérapeute<br />

en libéral, tout à fait quotidienne,<br />

me montrait certaines nuances. En particulier,<br />

je me suis rendu compte combien est<br />

vaste l’horizon <strong>de</strong>s possibilités futures : <strong>de</strong>main<br />

est immense, vu d’aujourd’hui. Je ne<br />

peux pas anticiper toutes mes possibilités<br />

personnelles. Pour qu’il y ait anticipation,<br />

une possibilité ponctuelle doit avoir déjà été<br />

prévue. L’anticipation dont nous parlons,<br />

psychologique, concerne un évènement envisagé,<br />

en général <strong>de</strong> nature affective et capable<br />

<strong>de</strong> déclancher toute mon affectivité. Et<br />

simultanément à cet évènement prévu, existe<br />

ce même évènement, anticipé. Puis, dans la<br />

réalité, cet évènement surviendra au présent.<br />

Ces trois éléments constituent la séquence<br />

véritable <strong>de</strong> l’anticipation. Ainsi, l’évènement<br />

anticipé aujourd’hui, je l’arrache au futur<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>main et je le place maintenant, là,<br />

<strong>de</strong>vant moi et en moi. Je l’arrache au futur :<br />

l’anticipation ne va pas dans le sens <strong>de</strong>, la<br />

succession temporelle, mais à l’inverse.<br />

J.-C. B. : L’anticipation humaine positive fait<br />

venir au présent un futur probable et désiré.<br />

M. B. : Voilà. Le fait envisagé <strong>de</strong>vient présent,<br />

arraché au futur et objectivé <strong>de</strong> <strong>de</strong>main<br />

vers aujourd’hui. Ceci est un peu différent<br />

<strong>de</strong> ce qu’envisageait Sutter. Sutter était influencé<br />

par Bergson et par Minkowski. C’était<br />

le thème <strong>de</strong> l’élan vital, allant dans le sens<br />

du flux temporel. L’élan temporel. Mais je<br />

pense que l’anticipation est un contre-mouvement.<br />

J.-C. B. : Elle marque un arrêt.<br />

M. B. : C’est ma métaphore, que je vais développer<br />

maintenant, avec une image concrète.<br />

C’est l’image classique du fleuve, qui coule<br />

toujours dans le même sens, qui change toujours<br />

et, à la fois, qui ne change pas vraiment.<br />

Mais l’anticipation, elle, met un barrage. Elle<br />

arrête le flux continu. Elle introduit un arrêt<br />

dans le mouvement. Ceci n’est pas un processus<br />

<strong>de</strong> nature et c’est<br />

même l’opposé d’un processus<br />

biologique considéré<br />

<strong>de</strong> façon classique.<br />

C’est un processus que<br />

Fernan<strong>de</strong>z Zoïla considère<br />

comme spécifique<br />

<strong>de</strong> l’espèce humaine et<br />

<strong>de</strong> ses cultures. Il appartient<br />

aux processus <strong>de</strong> l’affectivité<br />

humaine. Ma métaphore<br />

du barrage introduit<br />

cette intention volontaire<br />

<strong>de</strong> créer un arrêt, une retenue<br />

d’énergie, toujours<br />

sous la pression <strong>de</strong> l’affectivité.<br />

Une rivière <strong>de</strong>vient<br />

lac artificiel. Le lac<br />

va donner l’énergie retenue,<br />

grâce aux turbines,<br />

etc. Il suffit <strong>de</strong> développer la métaphore pour<br />

trouver l’image d’un projet orienté vers un<br />

<strong>de</strong>venir.<br />

J.-C. B. : Revenons à la psychologie...<br />

M. B. : Dans sa phrase le « la vie avant la<br />

vie », Sutter soulignait l’existence d’un processus<br />

imaginatif, affectif, retentissant sur<br />

l’ensemble <strong>de</strong> l’organisme, psychosomatiques.<br />

Dans l’anticipation, ce ne sont pas<br />

seulement <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s rêveries. Il s’agit<br />

d’une accumulation <strong>de</strong> désir, ou <strong>de</strong> crainte<br />

aussi bien. Mais <strong>de</strong>main est là, aujourd’hui,<br />

sur un fait précis <strong>de</strong> ma vie. Pour ma part, je<br />

propose d’habitu<strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> la femme aimée<br />

qui doit venir <strong>de</strong>main. Là interviennent<br />

le corps, l’âme, l’esprit. C’est un évènement<br />

affectif attendu, précis.<br />

J.-C. B. : Il y a donc ce blocage sur un évènement<br />

précis, émouvant d’emblée.<br />

M. B. : Oui, prévu. C’est la venue <strong>de</strong> la femme<br />

aimée, <strong>de</strong>main à 17 heures. Aujourd’hui, mon<br />

imagination travaille, actualise ici et maintenant<br />

la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Je définis l’anticipation<br />

une « actualisation du futur ». Là,<br />

vient un peu <strong>de</strong> tout : les images, les pensées,


les sentiments, et aussi le corps avec toutes<br />

ses manifestations. Dans ses Exercices spirituels,<br />

Ignace <strong>de</strong> Loyola disait au chrétien :<br />

« L’Enfer, il te faut le vivre vraiment. Sois à<br />

ce moment en Enfer ».<br />

J.-C. B. : Ou au Paradis, peut-être... Je perçois<br />

ton thème, cette intensité <strong>de</strong> l’anticipation<br />

dans l’intimité <strong>de</strong> soi et sa recherche,<br />

l’importance <strong>de</strong> cette attitu<strong>de</strong> active.<br />

M. B. : « Appliquez-là tous vos sens ». Voilà<br />

la femme aimée, je la tiens dans mes bras, je<br />

la possè<strong>de</strong>... C’est cela qu’il faut concevoir :<br />

l’anticipation est un processus global. Sutter<br />

s’est montré d’accord, finalement. En particulier<br />

par sa pratique clinique <strong>de</strong> l’Epreuve.<br />

J.-C. B. : Nous voici donc aux images vécues,<br />

présentées dans l’Epreuve. À ton école,<br />

j’ai particulièrement apprécié ce type <strong>de</strong> vécu<br />

avec l’Epreuve, en particulier au niveau <strong>de</strong>s<br />

images négatives et dans l’anticipation secondaire,<br />

ces <strong>de</strong>ux espaces les plus intimes.<br />

M. B. : Au fur et à mesure <strong>de</strong> la progression<br />

dans ce test, le sujet apporte ses images fortes,<br />

ses symboles, bipolaires, ce qu’il vit au contact<br />

d’autrui aussi. Ce que j’aime dans la bien aimée,<br />

ou au contraire ce que je hais, en elle.<br />

La synthèse <strong>de</strong> l’ambivalence s’ouvre sur<br />

l’existence. Cela ne peut que nous rappeler,<br />

à toi comme à moi, les expériences vécues,<br />

fortement imagées, du Rêve éveillé dirigé <strong>de</strong><br />

Desoille. Sa métho<strong>de</strong> travaille aux <strong>de</strong>ux niveaux,<br />

le négatif d’en bas et le positif d’en<br />

haut, en tant que vécus universels. Sa métho<strong>de</strong><br />

psychothérapique est à la fois d’actualisation<br />

et d’anticipation, faisant revenir<br />

du passé ces images, ces scénarii si affectifs.<br />

Les psychologues l’ont méconnue, mais je<br />

sais qu’elle gar<strong>de</strong> toute sa valeur en tant qu’exploration<br />

affective et thérapie. Rappelonsnous<br />

d’ailleurs les expériences <strong>de</strong>s mystiques,<br />

leurs extases, une fusion parfaite, affective,<br />

voire sexuelle. Ce sont là trois caractéristiques<br />

essentielles <strong>de</strong> l’anticipation : symbolique,<br />

bipolaire, ouverte à l’existence. Sutter<br />

était d’accord sur ces points.<br />

J.-C. B. : Ce que tu nommes actualisation...<br />

M. B. : Oui, l’actualisation <strong>de</strong> l’évènement<br />

prévu pour <strong>de</strong>main, précis et me concernant,<br />

comporte ces processus, imaginatifs, globaux,<br />

psychosomatiques, tout autant que le<br />

mental et le spirituel. C’est la seule possibi-<br />

L a<br />

L’EPREUVE D’ANTICIPATION<br />

Test <strong>de</strong> l’imaginaire personnel<br />

Mario Berta, Erès<br />

lité <strong>de</strong> vivre le futur personnel. Si l’on attend<br />

sans anticiper, quand le futur arrive il n’est<br />

plus futur mais présent. L’anticipation permet,<br />

elle, d’explorer le futur dans la mesure<br />

où elle comporte une sorte <strong>de</strong> projet existentiel.<br />

Il y a toujours quelque chose que je<br />

souhaite fortement <strong>de</strong> l’avenir.<br />

J.-C. B. : Ces façons <strong>de</strong> voir et ce thème sont<br />

donc liés aux conceptions existentielles ?<br />

M. B. : En général, tous les existentialistes<br />

ont évoqué ce thème du projet personnel,<br />

Sartre, Merleau-Ponty, Ortega y Gasset, les<br />

phénoménologues allemands... C’est un plan<br />

que l’on se fait inévitablement pour le futur.<br />

Notre futur a la forme d’un projet. J’ai donc<br />

proposé la notion qu’il y a <strong>de</strong>ux inconscients.<br />

Le plus connu est l’inconscient passé - a retro,<br />

celui <strong>de</strong> la répression freudienne. L’autre<br />

est l’inconscient futur - ab ante, d’anticipation.<br />

Celui-ci est fait <strong>de</strong> l’immensité dans les<br />

projets <strong>de</strong> chacun, c’est un futur vaste, illimité.<br />

Je l’appelle « l’Inconscient <strong>de</strong> Sutter »,<br />

en hommage à celui qui a posé pour la première<br />

fois cette question <strong>de</strong> l’anticipation humaine,<br />

dans la psychologie actuelle.<br />

J.-C. B. : Ton attitu<strong>de</strong> me paraît juste. Et je<br />

me permets, <strong>de</strong> même, <strong>de</strong> te rendre hommage,<br />

à toi, à ton tour. Pour l’Epreuve.<br />

M. B. : Sutter aimait bien cette phrase du<br />

poète Hö<strong>de</strong>rling, que je lui avais citée : « Ce<br />

que nous sommes n’est rien, ce que nous<br />

cherchons est tout ». Le grand mérite d’une<br />

conscience d’anticipation existentielle est <strong>de</strong><br />

nous placer <strong>de</strong>vant l’ouverture du futur. Sutter<br />

était très ouvert, attentif à toute idée nouvelle.<br />

Un jour, il me transmet son texte d’une<br />

conférence <strong>de</strong>stinée à un congrès sur l’anticipation.<br />

Je lui réponds, entre autres, que tous<br />

les processus psychiques ne sont pas anticipateurs<br />

et que pour qu’ils soient anticipateurs,<br />

il faut intégrer en eux le statut du futur.<br />

Sans celà, ce n’est que rêverie. Il a<br />

immédiatement accepté l’idée et l’a transmise<br />

dans son intervention.<br />

J.-C. B. : L’évènement à venir a une certaine<br />

réalité prévisible et un impact émotionnel<br />

que je pressens.<br />

M. B. : Oui, sinon l’imagination n’est plus<br />

anticipatrice, c’est la folle du logis, n’importe<br />

quoi ! L’anticipation vécue, c’est bien la folle<br />

du logis, mais limitée à certains processus<br />

notion d’anticipation, sous son aspect existentiel, affectif, interpersonnel, fut introduite<br />

par le psychiatre français Jean Sutter en 1956. Elle concerne le thème essentiel<br />

du changement et du développement personnel, dans la mesure où chacun <strong>de</strong> nous s’engage<br />

émotionnellement dans son avenir et avec son environnement. Ceci est rappelé dans<br />

la préface du Professeur Sutter.<br />

A partir <strong>de</strong> 1975, Mario Berta, à Montevi<strong>de</strong>o, développe le test projectif le plus performant<br />

qui soit dans ce domaine, l’Epreuve d’anticipation. Face à face avec le sujet, le praticien<br />

conduit la recherche d’images subjectives personelles. Il s’agit d’une part <strong>de</strong> figurations<br />

tentantes, idéalisées, positives et d’autre part <strong>de</strong> figurations refusées, effrayantes,<br />

négatives.<br />

La clé <strong>de</strong> ce test projectif, original et passionnant, à la limite du jeu, rési<strong>de</strong> pour l’auteur<br />

dans une confrontation au fait affectif : « En réalité, je suis celui que je ne veux pas être ».<br />

Toute crise relationnelle, émotionnelle, existentielle nous confronte à cet autre soi, celui<br />

que nous refusons, que nous redoutons, etc. Et pourtant le travail avec cette anticipation<br />

négative latente gui<strong>de</strong>ra notre évolution. Huit images symboles constituent le matériel<br />

initial <strong>de</strong> l’épreuve qui induit cette dialectique active sur le thème <strong>de</strong> l’évolution possible<br />

du sujet.<br />

Ce test s’adapte à la gran<strong>de</strong> diversité actuelle <strong>de</strong>s champs où s’appliquent <strong>de</strong>s soins psychologiques.<br />

En une vingtaine d’années, Mario Berta a pu affiner sa pratique projective<br />

et donner à son épreuve <strong>de</strong>s procédures complémentaires adaptables à chaque cas. L’intégralité<br />

<strong>de</strong> cette approche est présente dans cet ouvrage. Dans un contexte psychiatrique,<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Benoit évoque ici l’emploi possible <strong>de</strong> ces projections anticipatrices chez <strong>de</strong>s<br />

sujets psychotiques, ainsi que l’utilisation du test chez <strong>de</strong>s intervenants en situation d’incertitu<strong>de</strong><br />

et enfin par la praticien vis-à-vis <strong>de</strong> lui-même. ■<br />

F.C.<br />

psycho-imaginatifs auxquels s’adjoint la réalité<br />

du futur. Cette rencontre précise va arriver<br />

: c’est le statut du futur. Et l’Inconscient<br />

ab ante.<br />

J.-C. B. : Des applications ?<br />

M. B. : J’en connais trois : pédagogiques,<br />

psychologiques, psychothérapiques. Dans<br />

l’application pédagogique, il faut citer Claparè<strong>de</strong>.<br />

On peut faire anticiper un enfant pour<br />

un apprentissage précis. Traverser une rue ?<br />

Alors le pédagogue, sa mère, son enseignant<br />

lui fait un schéma, lui prend la main, ou lui<br />

montre les images correspondantes. L’enfant<br />

enregistre le message et sait acquérir la pru<strong>de</strong>nce<br />

nécessaire, faire les actes convenables<br />

pour traverser les rues, sans risque. Etc. Les<br />

exemples <strong>de</strong> l’apprentissage anticipateur sont<br />

innombrables. Claparè<strong>de</strong> décrit ces faits dans<br />

son livre L’éducation fonctionnelle. En psychologie,<br />

l’Epreuve d’anticipation offre un<br />

vrai laboratoire d’exploration <strong>de</strong>s faits d’anticipation<br />

affective. Sa pratique régulière te<br />

donne une sorte <strong>de</strong> sécurité dans l’approche<br />

d’individus soit considérés comme normaux,<br />

soit névrotiques ou psychosomatiques, et<br />

dans une sphère très large <strong>de</strong> situations où la<br />

rencontre est <strong>de</strong> ce type, induite par la nécessité<br />

d’un bilan et d’un changement psycho-affectifs.<br />

J.-C. B. : D’emblée apparaissent <strong>de</strong>s inductions<br />

psychothérapiques.<br />

M. B. : Certes. Mais le psychothérapeute peut<br />

aller plus loin, s’engager avec le sujet dans<br />

une anticipation plus directement thérapeutique.<br />

Voici un exemple, une séquence<br />

exploratrice que j’ai mis en forme, avec <strong>de</strong>s<br />

collaborateurs. C’est une structure « polytechnique<br />

», que je nomme « la structure d’anticipation<br />

». Là, je propose au sujet une incorporation<br />

affective et psychomotrice totale<br />

<strong>de</strong>s images. Brièvement dit, cette « structure »<br />

commence par une recherche <strong>de</strong> relaxation<br />

maximale du sujet, les yeux fermés, assis ou<br />

allongé. Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> parcourir l’une<br />

après l’autre les sensations <strong>de</strong> chaque partie<br />

<strong>de</strong> son corps, <strong>de</strong> haut en bas, puis <strong>de</strong> bas en<br />

haut. Puis, toujours les yeux fermés, il doit<br />

tenter d’imaginer une grotte <strong>de</strong>vant lui, avec<br />

là un animal effrayant, agressif. Il doit prendre<br />

contact avec celui-ci. Puis le situer dans une<br />

<strong>de</strong> ces parties <strong>de</strong> son corps et vivre, dans cette<br />

partie-là, cette agressivité. En quelque sorte,<br />

il se transforme lui-même en cet animal menaçant.<br />

Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> finalement d’exprimer<br />

le mieux possible avec une partie <strong>de</strong> son<br />

corps l’animal ainsi somatisé et vécu, les yeux<br />

toujours fermés, et <strong>de</strong>bout - <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>vant<br />

lui telle personne avec qui sa relation est difficile,<br />

<strong>de</strong> sentir sa propre agressivité et <strong>de</strong> laisser<br />

manifester l’agression qu’il ressent luimême.<br />

Je l’incite activement à l’action. Il<br />

dévoile alors et i<strong>de</strong>ntifie lui-même la problématique<br />

relationnelle latente.<br />

J.-C. B. : Tu as développé ainsi nombre <strong>de</strong><br />

techniques, dans la continuité <strong>de</strong> l’Epreuve,<br />

<strong>de</strong>s images latentes puis exprimées. Desoille<br />

est toujours proche.<br />

M. B. : Certes, ce fut mon premier Maître.<br />

Mais aussi, toi et moi, nous avons pu faire<br />

ensemble ces ouvrages <strong>de</strong> jadis, L’activation<br />

psychothérapique, Le projet psychothérapique<br />

et La pénombre du double, où notre<br />

coopération utilisait la différence <strong>de</strong> nos statuts<br />

professionnels, moi en privé, toi en institution,<br />

avec le professeur Paul Sivadon en<br />

particulier. C’est d’un passé assez lointain !<br />

Initialement, Desoille m’a aidé, beaucoup,<br />

et en particulier à concevoir le thème <strong>de</strong> « l’attachement<br />

pathologique ». Ceci m’a guidé<br />

dans la recherche <strong>de</strong> techniques ou procédures<br />

efficaces pour ouvrir ces zones-là, les<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 5<br />

LIVRES<br />

Introduction aux thérapies <strong>de</strong><br />

groupe<br />

Théories, techniques et<br />

programmes<br />

Jose Guimon<br />

Masson<br />

L’objectif <strong>de</strong> cet ouvrage est <strong>de</strong> présenter<br />

les différents types, modèles et programmes<br />

<strong>de</strong> psychothérapie <strong>de</strong> groupe les plus fréquemment<br />

utilisés, en articulant pour chaque<br />

technique les aspects théorique et pratique.<br />

La première partie abor<strong>de</strong> certains thèmes<br />

historiques en rapport avec le développement<br />

<strong>de</strong>s activités groupales dans le cadre<br />

<strong>de</strong> la psychiatrie communautaire et rappelle<br />

les modèles théoriques sur lesquels<br />

elles se basent. La <strong>de</strong>uxième partie explore<br />

les différentes activités cliniques et<br />

les aspects techniques qui prési<strong>de</strong>nt à leur<br />

développement. Sont également décrits<br />

les programmes groupaux que l’on peut<br />

organiser dans <strong>de</strong>s dispositifs ambulatoires,<br />

à mi-chemin, et hospitaliers. Enfin,<br />

la formation et l’évaluation <strong>de</strong>s groupes<br />

sont abordées.<br />

Psychose, autisme et<br />

défaillance cognitive chez<br />

l’enfant<br />

Gabriel Balbo et Jean Bergès<br />

Erès<br />

Cet ouvrage se présente comme la suite<br />

<strong>de</strong> l’élaboration du concept <strong>de</strong> transitivisme<br />

que Gabriel Balbo et Jean Bergès<br />

ont initiée dans un livre précé<strong>de</strong>nt*. Ils soutiennent<br />

qu’on ne peut plus parler <strong>de</strong><br />

psychose, d’autisme ou <strong>de</strong> défaillance cognitive<br />

chez l’enfant comme d’entités autonomes<br />

qui supposeraient une étiologie<br />

linéaire ou une causalité plurifactorielle,<br />

mais qu’il faut les considérer comme <strong>de</strong>s<br />

modalités <strong>de</strong> réponses à <strong>de</strong>s facteurs prédéterminés<br />

qui s’organisent <strong>de</strong> façon complexe<br />

sur le mo<strong>de</strong> d’une topologie en<br />

constante transformation autour <strong>de</strong> ce point<br />

d’arrimage et <strong>de</strong> repérage qu’est le grand<br />

Autre pour l’enfant, les parents, l’analyste<br />

et l’institution. Ils sont ainsi amenés à montrer<br />

comment s’articulent les fonctions, les<br />

places et les rapports réciproques du grand<br />

Autre avec les formations <strong>de</strong> l’inconscient.<br />

*Gabriel Balbo et Jean Bergès, Le jeu <strong>de</strong> la mère et<br />

<strong>de</strong> l’enfant, Essai sur le transitivisme, Erès, 1998.<br />

La prise en charge<br />

ethnoclinique <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong><br />

migrants<br />

Clau<strong>de</strong> Mesnir<br />

Dunod<br />

L’école se révèle souvent moins efficace<br />

dans la transmission <strong>de</strong>s savoirs aux enfants<br />

<strong>de</strong> migrants. Leurs cultures différentes,<br />

complètement ignorées <strong>de</strong>s enseignants,<br />

provoquent <strong>de</strong>s malentendus,<br />

souvent lourds <strong>de</strong> conséquences. Afin <strong>de</strong><br />

réduire les effets <strong>de</strong> ces échecs scolaires,<br />

l’auteur expérimente <strong>de</strong>s entretiens ethnocliniques,<br />

impliquant parents, enfants,<br />

équipe psychopédagogique et médiateur<br />

<strong>de</strong> même langue et <strong>de</strong> même culture que<br />

la famille. Ces prises en charge ethnocliniques<br />

s’appuient sur un dispositif technique<br />

inspiré <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la consultation<br />

d’ethnopsychiatrie. A partir <strong>de</strong> cinq cas,<br />

l’auteur démontre que les entretiens ethnocliniques<br />

permettent une prévention active,<br />

en assouplissant le clivage entre les<br />

univers culturels.


6<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />

LIVRES<br />

Thérapie <strong>de</strong> groupe pour le<br />

trouble bipolaire : une<br />

approche structurée<br />

Mark S. Bauer et Linda McBri<strong>de</strong><br />

Ed. Mé<strong>de</strong>cine & Hygiène<br />

Mark S. Bauer et Linda McBri<strong>de</strong> proposent<br />

dans ce gui<strong>de</strong> diagnostique et thérapeutique<br />

une prise en charge cognitivo-comportementale<br />

<strong>de</strong> groupe, structurée, pour<br />

<strong>de</strong>s personnes souffrant <strong>de</strong> la maladie bipolaire.<br />

Ce travail est basé sur la constatation<br />

que la morbidité sociale et occupationnelle<br />

causée par ce trouble ne s’améliore<br />

pas nécessairement une fois que les symptômes<br />

ont diminué ou disparu. L’ouvrage,<br />

traduit <strong>de</strong> l’anglais par Jean-Michel Aubry,<br />

décrit avec clarté le programme d’objectifs<br />

personnels (POP) dont le but est d’augmenter<br />

les compétences <strong>de</strong> la personne<br />

pour gérer sa maladie, <strong>de</strong> collaborer efficacement<br />

avec les soignants et d’améliorer<br />

le fonctionnement social et professionnel.<br />

Il s’agit d’un outil supplémentaire pour<br />

informer au mieux le patient dans une démarche<br />

<strong>de</strong> soin partenariale.<br />

Composé <strong>de</strong> trois parties, l’ouvrage fournit<br />

dans un premier temps une vue d’ensemble<br />

du trouble bipolaire comprenant<br />

une revue synthétique <strong>de</strong>s éléments diagnostiques,<br />

<strong>de</strong> la pathogenèse, et <strong>de</strong>s traitements<br />

pharmacologiques <strong>de</strong> la maladie.<br />

Les auteurs détaillent en second lieu le<br />

cadre conceptuel du programme en précisant<br />

les éléments comportementaux, cognitifs<br />

et interpersonnels <strong>de</strong> groupes impliqués.<br />

La <strong>de</strong>rnière partie est consacrée<br />

à la thérapie proprement dite. Elle se déroule<br />

en <strong>de</strong>ux phases. La première, très<br />

structurée, consiste en cinq sessions psycho-éducatives<br />

<strong>de</strong>stinées à mieux connaître<br />

la maladie et i<strong>de</strong>ntifier, notamment, les<br />

signes précurseurs <strong>de</strong> rechute (une réunion<br />

d’orientation, <strong>de</strong>ux séances consacrées à<br />

la dépression et <strong>de</strong>ux autres à la manie).<br />

La <strong>de</strong>uxième phase utilise un cadre semistructuré<br />

et se concentre sur la sélection<br />

d’objectifs personnels utiles et réalistes qui<br />

ont été jusqu’alors perturbés par la maladie.<br />

Les participants apprennent durant<br />

cette phase à développer un plan comportemental<br />

et à utiliser <strong>de</strong>s techniques cognitives<br />

pour augmenter leurs chances d’atteindre<br />

ces buts personnels.<br />

Le matériel didactique, présenté <strong>de</strong> manière<br />

précise et illustré par <strong>de</strong>s vignettes<br />

cliniques, offre la possibilité aux lecteurs<br />

d’appliquer le programme thérapeutique<br />

et d’en évaluer l’efficacité à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

échelles proposées. Cet ouvrage s’adresse<br />

à tous les cliniciens soucieux d’élargir leur<br />

palette thérapeutique dans la prise en charge<br />

<strong>de</strong> la maladie bipolaire.<br />

R. Piette<br />

Travail social et pratiques <strong>de</strong><br />

la relation d’ai<strong>de</strong><br />

Michel Boutanquoi<br />

L’Harmattan<br />

Le travail social n’a cessé d’être l’objet <strong>de</strong><br />

discours contradictoires. Souvent remis en<br />

cause pour <strong>de</strong>s pratiques jugées à une<br />

époque imprégnées d’idéologies et aujourd’hui<br />

obsolètes ou, pour le moins, inadaptées,<br />

on ne peut que s’étonner <strong>de</strong> sa<br />

capacité à survivre. Ce livre s’interroge sur<br />

ses fonctions en tant qu’institution au-<strong>de</strong>là<br />

du temps présent <strong>de</strong> ses organisations et<br />

du sentiment <strong>de</strong> crise. Dans ce contexte,<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation d’ai<strong>de</strong>, en tant que<br />

pratique, peut s’avérer un moyen <strong>de</strong> saisir<br />

ce qui fait la permanence du travail social<br />

comme un certain rapport à la déviance et<br />

à l’altérité.<br />

faire dépasser à nombre <strong>de</strong> mes patients -<br />

« activation pictographique », « objectivation<br />

kinétique », « karaté méditatif », etc.,<br />

décrits dans mes livres - et en particulier en<br />

français dans ceux que nous avons publiés<br />

ensemble. Au-<strong>de</strong>là, l’individu découvre <strong>de</strong>s<br />

zones <strong>de</strong> liberté et il peut utiliser <strong>de</strong>s compétences<br />

inattendues, relancer <strong>de</strong>s intérêts<br />

personnels jusque-là bloqués.<br />

J.-C. B. : Le réalisme, disons les ouvertures<br />

pragmatiques apportées par l’Epreuve d’anticipation<br />

m’ont toujours frappé. Par cette<br />

voie, la difficulté névrotique - et même psychotique,<br />

dans ma pratique institutionnelle<br />

- s’est montrée comme un conflit actuel, un<br />

obstacle précis, à la limite <strong>de</strong> la conscience.<br />

L’Epreuve ouvre la voie d’un travail possible<br />

du sujet sur lui-même, d’une « rentabilité<br />

» immédiate pour lui et pour son environnement.<br />

Pour toi comme pour moi,<br />

« l’activation psychothérapique » fut et reste<br />

cette tentative souvent efficace <strong>de</strong> libérer l’intimité<br />

bloquée, pour un retour à la prise en<br />

main <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin par le sujet en difficulté.<br />

M. B. : Ce que j’ajouterai c’est que le trouble<br />

latent est en réalité l’attachement du sujet,<br />

un lien qu’il peine à i<strong>de</strong>ntifier lui-même dans<br />

ses aspects inhibiteurs. N’importe quoi <strong>de</strong><br />

prévalent, d’excessif : l’argent, le sexe, le<br />

pouvoir, la possession, etc., etc. La personne<br />

qui consulte souffre dans cette sorte <strong>de</strong> noyau<br />

cristallisé et obsédant ses actes.<br />

J.-C. B. : Elle a donc pour souffrance une<br />

forme <strong>de</strong> noyau affectif cristallisé autour<br />

d’une attitu<strong>de</strong> prévalente -désir ou crainte<br />

échec, ou réussite d’ailleurs - qui échappe à<br />

la gestion <strong>de</strong> sa vie présente et aux changements<br />

inévitables <strong>de</strong> l’existence. Un blocage<br />

<strong>de</strong> son imaginaire créatif <strong>de</strong> ses processus<br />

<strong>de</strong> liberté, voire <strong>de</strong> croissance. D’anticipation<br />

active, finalement. Elle ne peut anticiper<br />

un <strong>de</strong>venir différent.<br />

M. B. : Oui. Au plan imaginaire, imaginatif<br />

actif, bien <strong>de</strong>s sujets ont une véritable addiction<br />

à certaines zones imaginaires et leur<br />

restent attachés indûment. Ce n’est pas seu-<br />

lement la pathologie, mais aussi bien l’alcool,<br />

le sexe, la richesse, les mondanités, le<br />

prestige social, le pouvoir, la <strong>de</strong>rnière voiture<br />

<strong>de</strong> l’année... Insistons sur cet Inconscient<br />

du futur. C’est autre chose que l’Inconscient<br />

répressif <strong>de</strong> Freud, qui marque le<br />

passé. Mais il est vrai qu’entre eux, pas <strong>de</strong><br />

limite précise. L’Epreuve d’anticipation permet<br />

<strong>de</strong> percevoir dans un horizon ouvert, aux<br />

possibilités inconnues, la problématique vécue<br />

dans l’actuel.<br />

J.-C. B. : Elle prouve donc et exploite la présence<br />

d’un imaginaire latent, subconscient,<br />

plus proche que l’Inconscient. Le travail au<br />

niveau du transfert parental sur le thérapeute,<br />

chez Freud, ou au niveau <strong>de</strong>s archétypes<br />

chez Jung me semblent se heurter à la<br />

limite <strong>de</strong>s faits les plus latents <strong>de</strong>s sujets. Tu<br />

nous incites à travailler au niveau préconscient,<br />

avec l’adresse et l’efficacité <strong>de</strong> ta méthodologie<br />

active, incitative, adaptée sur mesure<br />

à chaque sujet, venant directement <strong>de</strong><br />

lui. Son anticipation existentielle peut être<br />

libérée, techniquement.<br />

M. B. : Un psychologue américain a dit que<br />

« ce qui préoccupe le plus l’être humain,<br />

c’est moins son passé que son futur ». Le futur<br />

a longtemps été laissé aux mains <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vins,<br />

prophètes, mystiques, ou médiums,<br />

voyants, etc. A mon avis, le futur et l’anticipation<br />

se trouvent liés à <strong>de</strong>s zones d’attachement<br />

et il faut trouver les moyens thérapeutiques<br />

pour les ouvrir sur un <strong>de</strong>venir non<br />

limité. À la limite, je dirai ceci : ils faut traiter<br />

nos clients non dans le sens <strong>de</strong> ce qu’ils<br />

CENTENAIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE<br />

11 - 12 - 13 octobre 2001<br />

Institut <strong>de</strong> Psychologie, Université Paris V<br />

71 avenue Edouard Vaillant, Boulogne Billancourt<br />

Trois jours <strong>de</strong> débat pendant lesquels alterneront :<br />

Des conférences assurées par Michel Denis, Daniel Stern, Jacques Paillard, Daniel Widlöcher,<br />

Jean-François Le Ny et par Régine Plas, Serge Nicolas, Miche Huteau, Dana Castro,<br />

Patrick Cohen, Jean-Paul Caverni , Michel Sabourin.<br />

Et <strong>de</strong>s tables ron<strong>de</strong>s orientées sur l’évolution et l’état actuel <strong>de</strong> la psychologie en France<br />

et organisées autour <strong>de</strong>s thèmes suivants : les émotions, l’évolution instrumentale, psychologie<br />

et société, l’intelligence et les activités cognitives, les nouvelles technologies<br />

<strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communication.<br />

Inscriptions et renseignements : SFP, 71 avenue Edouard Vaillant, 92100 Boulogne-Billancourt.<br />

Téléphone: 01 55 20 58 32. E-mail : dominique.baudonniere@psycho.univ-paris 5.fr<br />

pensent <strong>de</strong>venir, mais dans ce que nous souhaitons<br />

et pensons qu’ils peuvent <strong>de</strong>venir !<br />

C’est moins paradoxal qu’on le pense à première<br />

vue. A travers les indications que nous<br />

donne le patient - comme par l’Epreuve d’anticipation<br />

- nous <strong>de</strong>vons le traiter pour un<br />

avenir que nous percevrons sur la base <strong>de</strong>s<br />

anticipations bloquées. Certains psychothérapeutes<br />

seront surpris par cette affirmation<br />

qui, pourtant, se fon<strong>de</strong> sur une expérience<br />

clinique confirmée.<br />

J.-C. B. : Ce que dans chaque cas tu tentes<br />

d’explorer et d’induire.<br />

M. B. : Il faut explorer, et activer. La pathologie<br />

ne se trouve pas dans les zones bloquées<br />

elles-mêmes, mais dans le fait que le<br />

sujet ne peut pas se détacher activement<br />

d’elles. Le pathologique n’est ni le sujet, ni<br />

ces zones traumatiques ou autres, mais l’attachement<br />

induit qui peut se prolonger une<br />

vie entière, sans que le sujet en ait conscience.<br />

Parfois, cet attachement précis lui est commo<strong>de</strong><br />

: « Que voulez-vous que je fasse, tel<br />

est mon <strong>de</strong>stin... Je suis ainsi ».<br />

J.-C. B. : Le contrat que tu présentes au sujet<br />

implique qu’il va être actif.<br />

M. B. : Sans cela, que faire pour lui ou pour<br />

elle ? À cela correspond l’abord par <strong>de</strong>s techniques<br />

activatrices <strong>de</strong> ce que l’on pourrait<br />

appeler cette âme du patient qui le situe dans<br />

sa vie. Je fais appel à l’initiative et au sens<br />

<strong>de</strong> la responsabilité personnelle.<br />

J.-C. B. : L’emploi <strong>de</strong> ta « structure d’activation<br />

» voit son efficacité éclairée par les<br />

résultats <strong>de</strong> ton Epreuve d’anticipation et ses<br />

images, en particulier négatives ?<br />

M. B. : Je développe en ce moment le concept<br />

suivant. Certaines situations adultes <strong>de</strong>viennent<br />

pathogènes par un conditionnement extérieur.<br />

Il faut conserver à l’idée le fait <strong>de</strong>s<br />

névroses traumatiques. Elles furent décrites<br />

dans certaines suites <strong>de</strong> guerre où l’agression<br />

vécue avait été plus psycho-émotionnelle que<br />

physique. L’emploi <strong>de</strong> la narco-analyse levait<br />

l’inhibition angoissée et le sujet explosait<br />

dans une forme <strong>de</strong> crise intense mais cathartique.<br />

Au réveil, il avait retrouvé son<br />

équilibre affectif antérieur au traumatisme.<br />

J.-C. B. : Tu peux rappeler que Sutter avait<br />

beaucoup utilisé cette métho<strong>de</strong> - venue <strong>de</strong>s<br />

Anglo-américains - vers la fin <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong><br />

guerre mondiale. Je m’en suis servi aussi<br />

avec un intérêt indiscutable dans <strong>de</strong>s cas civils<br />

similaires, durant les années 50-60.<br />

M. B. : C’est aussi la voie <strong>de</strong>s thérapies comportementales.<br />

C’est l’expérience du behavioriste<br />

Jones, qui a induit puis effacé une<br />

telle névrose exogène dans le cas célèbre <strong>de</strong><br />

l’enfant Albert, âgé <strong>de</strong> 11 mois... Mais je voudrais<br />

préciser ici une idée qui me tient à cœur.<br />

Dans cet exemple, il est évi<strong>de</strong>nt que le résultat<br />

obtenu signale le processus recherché: gué-<br />

rir pour croître, pour grandir. Cela est bien.<br />

Or il serait absur<strong>de</strong>, en psychothérapie, <strong>de</strong> se<br />

limiter à cette définition et aux cas <strong>de</strong> conditionnement<br />

exogène. Elle est tout à fait insuffisante<br />

quant les faits sont d’origine intime,<br />

endogène, étroitement liés à l’existence<br />

naturelle et à ses conflits, traumatisants en<br />

eux-mêmes et aussi à <strong>de</strong>s actes propres du sujet<br />

qu’il ne parvient pas à bien assimiler affectivement.<br />

Voici Lady Macbeth qui se lave<br />

cent fois les mains. Névrose compulsive ?<br />

Tendances obsessionnelles ? La réalité psychopathologique<br />

est qu’elle connaît parfaitement<br />

son crime, ce meurtre qu’elle a « sur la<br />

conscience ». Il ne s’agit ni <strong>de</strong> la déconditionner,<br />

ni <strong>de</strong> la comprendre : il faut qu’ellemême<br />

assume son geste criminel et les sentiments<br />

latents qui l’accompagnent.<br />

J.-C. B. : Il y a une limite évi<strong>de</strong>nte aux thérapies<br />

<strong>de</strong> déconditionnement, ou <strong>de</strong> déculpabilisation.<br />

M. B. : Il a <strong>de</strong> même une limite aux thérapies<br />

à visée <strong>de</strong> croissance. La guérison se<br />

fon<strong>de</strong> sur un processus intime, souvent cette<br />

idée <strong>de</strong> grandir. Mais en ce moment, j’étudie<br />

avec un groupe <strong>de</strong> praticiens cette autre<br />

formule : croître, c’est grandir pour guérir.<br />

Cette inversion <strong>de</strong>s termes me paraît douée<br />

d’un sens crucial. Je cite souvent le cas d’un<br />

adolescent <strong>de</strong> 19 ans qui dans un cauchemar<br />

poignar<strong>de</strong> sa mère, avec laquelle il vit seul.<br />

Il ne s’agit pas d’apaiser son angoisse, ou <strong>de</strong><br />

l’interpréter selon le modèle du refoulement.<br />

Non. Il s’agit au contraire <strong>de</strong> ce fait que le<br />

cauchemar lui indique la voie à suivre. Là,<br />

il faut qu’il grandisse pour guérir. Je lui dis :<br />

« Tu dois faire ce que le cauchemar t’indique<br />

». « Quoi, poignar<strong>de</strong>r ma mère ! ».<br />

C’est l’effroi... « Non, bien sûr, pas physiquement,<br />

mais poignar<strong>de</strong>r l’attachement qui<br />

te lie <strong>de</strong> si près à ta mère ». Il fallait mettre<br />

l’accent, d’emblée, sur croître et croître dès<br />

maintenant. C’était cela guérir, croître pour<br />

guérir. Quelques années plus tard, je le croisais<br />

à l’aérogare <strong>de</strong> Montevi<strong>de</strong>o. Il me reconnaît.<br />

Nous parlons. Il était <strong>de</strong>venu stewart<br />

et heureux... Il avait à sa façon, par l’éloignement,<br />

poignardé sa mère. Le cauchemar,<br />

la névrose avaient donc raison.<br />

J.-C. B. : Ainsi le thérapeute doit-il saisir le<br />

message négatif apparent, mais dans son sens<br />

positif latent. C’est comme face aux images<br />

négatives <strong>de</strong> l’Epreuve d’anticipation.<br />

M. B. : Un autre cas. Un homme d’une trentaine<br />

d’années me consulte pour une impuissance<br />

sexuelle. Celle-ci est brusquement<br />

apparue sur le fond d’une hyperactivité <strong>de</strong><br />

ce type, individuelle et souvent en orgies <strong>de</strong><br />

groupe, etc. Par ailleurs, il est fiancé et cette<br />

impuissance, dit-il, l’empêche <strong>de</strong> se marier.<br />

Je lui dis : « Eh bien non ! Tu dois te marier.<br />

Tu dois dépasser ton hypersexualité et te marier<br />

pour guérir ». Il s’est marié et il a guéri.<br />

Il est passé à un plan existentiel plus vrai,<br />

c’est-à-dire plus actuel pour lui, alors. C’est<br />

donc croître pour guérir.


J.-C. B. : Cet apport est convaiquant. Tu<br />

aimes les exemples clairs et les formules prégnantes.<br />

Mais j’ai une autre question, <strong>de</strong> ce<br />

côté-là. On sait que dans <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />

risque implicite ou vécues fortement, une mutation<br />

émotionnelle peut ai<strong>de</strong>r soudain un<br />

sujet à franchir la pas. C’est le cas typique<br />

<strong>de</strong> l’acteur qui souvent a l’émotion forte dite<br />

trac, jusqu’au moment même où il entre en<br />

scène, ou la confusion <strong>de</strong> l’artiste qui cherche<br />

l’ouverture sur une création qu’il sent obscurément.<br />

Puis il lui faut se lancer dans ce<br />

vi<strong>de</strong> et créer ce qui lui était impensable ou<br />

imprévu auparavant. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si bien<br />

<strong>de</strong>s névrosés n’ont pas ce type d’angoisse,<br />

cette notion latente d’une évolution personnelle<br />

bloquée et qui, à travers leurs symptômes,<br />

les conduit chez le praticien. Ils souffrent<br />

<strong>de</strong> la rétention en eux <strong>de</strong> cette croissance<br />

possible. Ils déco<strong>de</strong>nt mal leurs symptômes<br />

et même projettent l’origine <strong>de</strong> ceux-ci sur<br />

leur environnement, concerné certes, mais<br />

pas dans le sens où ils l’enten<strong>de</strong>nt en euxmêmes,<br />

au premier niveau. Le névrosé viendrait<br />

en fait dire, sans clairement le savoir :<br />

« Je ne suis pas content <strong>de</strong> moi ». Le symptôme<br />

va en effet donner au thérapeute une<br />

indication précieuse sur ce point. Ou encore,<br />

le client va te dire : « Il faudrait soigner ma<br />

femme, mon fils, etc. Ils sont difficiles à vivre,<br />

je n’y parviens plus ». Alors que sa démarche<br />

même concerne sa propre croissance.<br />

M. B. : Oui. Ses attachements, ses liens latents<br />

à telle ou telle conduite qu’il serait capable<br />

<strong>de</strong> dépasser, le maintiennent en fait<br />

dans une situation <strong>de</strong> blocage affectif et<br />

concret. D’angoisse.<br />

J.-C. B. : Le client ne se sent pas, je crois,<br />

dans l’axe <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée. C’est comme une<br />

certaine menace <strong>de</strong> « ne pas être moi-même »,<br />

dirais-je.<br />

M. B. : Oui. Ce que je veux dire est très bien<br />

représenté dans ta notion d’OMNIA, ces « objets<br />

métaphoriques négatifs inducteurs d’anticipation<br />

» que tu as rencontré et utilisé efficacement<br />

dans l’approche <strong>de</strong>s patients<br />

psychotiques, vus avec leur famille. Cet objet<br />

bizarre, incongru que le patient ou la patiente<br />

apporte assez discrètement -je dirai<br />

avec une forme <strong>de</strong> timidité, <strong>de</strong> peur légitime<br />

d’être incompris - font peur. Dans la séance,<br />

personne ne veut les voir tellement cela représente<br />

la psychose, la menace <strong>de</strong> l’aliénation<br />

et le fait que le pessimisme a gagné toute<br />

la famille. Tu m’as parlé d’un autiste qui<br />

amenait un parapluie cassé à la séance, lui<br />

mutique. Tu t’es occupé <strong>de</strong> cet objet repoussant<br />

et pendant une heure vous en avez parlé avec<br />

la famille <strong>de</strong>vant le patient. Et il s’agissait<br />

pour lui <strong>de</strong> ses promena<strong>de</strong>s libres à l’entour<br />

<strong>de</strong> l’hôpital. Bref, c’était le symbole maté-<br />

Le Département Mission Enfants<br />

Martyrs <strong>de</strong> la Ligue Française<br />

pour la santé Mentale<br />

vous informe que<br />

Les actes du colloque <strong>de</strong>s<br />

14 et 15 décembre 2000 à l’UNESCO<br />

Les métamorphoses <strong>de</strong>s traumatismes<br />

Comprendre, traiter, prévenir<br />

sont disponibles au prix <strong>de</strong> 180 francs<br />

port compris (chèque à l’ordre <strong>de</strong> LFSM)<br />

Ils sont à comman<strong>de</strong>r à :<br />

LFSM, 11 rue Tronchet - 75008 Paris<br />

riel même <strong>de</strong> sa volonté <strong>de</strong> liberté, au moins<br />

minimale et <strong>de</strong> sa capacité à <strong>de</strong>venir responsable<br />

et libre, une ouverture pour lui, enfin.<br />

Comme le cauchemar <strong>de</strong> ce jeune, où il<br />

tuait sa mère.<br />

J.-C. B. : Je pense, maintenant, au mot « <strong>de</strong>venir<br />

», comme l’utilise Roger Martin du<br />

Gard, titre même <strong>de</strong> son premier roman Devenir<br />

! Ce thème <strong>de</strong> l’autonomie <strong>de</strong> soi, <strong>de</strong><br />

se libérer, <strong>de</strong> vouloir grandir pour changer,<br />

guérir <strong>de</strong> son passé en quelque sorte pour<br />

grandir, s’arracher soi-même à un soi passé,<br />

ce thème est très fort dans toute l’oeuvre <strong>de</strong><br />

ce grand écrivain. Et l’on voit comment il<br />

peut concerner les relations entre un sujet et<br />

son environnement le plus proche. Oui : grandir<br />

activement pour guérir, plutôt que l’inverse,<br />

nuance subtile mais cruciale dans ton<br />

inversion <strong>de</strong>s termes.<br />

M. B. : La psychothérapie, c’est cette idée<br />

qu’un <strong>de</strong>venir personnel existe. Et différent<br />

pour chacun. Ce <strong>de</strong>venir a un passé, un présent,<br />

un futur, et doit être également imaginé<br />

par les autres, imaginable pour eux,<br />

l’entourage.<br />

J.-C. B. : Devenir, se passe aussi en effet avec<br />

d’autres, que l’on a reçus, puis plus ou moins<br />

choisis.<br />

M. B. : Devenir moi-même, avec papa, maman,<br />

mais sans toutes les idées <strong>de</strong> papa et <strong>de</strong><br />

maman. Mon père se disait intimement qu’il<br />

serait très heureux d’avoir un fils mé<strong>de</strong>cin,<br />

comme lui. Il pensait lui transmettre toute<br />

son expérience <strong>de</strong> professeur en mé<strong>de</strong>cine.<br />

Moi, le benjamin, je suis seul <strong>de</strong>venu mé<strong>de</strong>cin,<br />

mais pas dans le sens qu’il aurait exactement<br />

voulu. Je lui donnais un quart, un tiers<br />

<strong>de</strong> son plaisir, en pleine liberté personnelle<br />

vécue. Le verbe croître, c’est <strong>de</strong>venir. On<br />

guérit par le but <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir soi-même. Et<br />

croître, pour guérir. Devenir soi-même, c’est<br />

dépasser l’attachement pathologique. Le mot<br />

<strong>de</strong>venir me convient parfaitement.<br />

COLLÈGE CLINIQUE DE PARIS<br />

Formations Cliniques du Champ Lacanien<br />

118 rue d’Assas - 75006 Paris - Tél. : 01 56 24 14 66 - Association Loi 1901<br />

Le Collège clinique <strong>de</strong> Paris, créé en 1998, a pris une option dans la psychanalyse<br />

: celle <strong>de</strong> suivre l’œuvre <strong>de</strong> Lacan et les principes sur lesquels il avait fondé<br />

la Section clinique à Paris en 1976.<br />

Le thème pour l’année 2001-2002 est : Clinique <strong>de</strong>s pulsions.<br />

Le début <strong>de</strong>s activités est prévu pour le mois d’octobre 2001.<br />

Les enseignements proposés se répartissent ainsi : <strong>de</strong>s Unités cliniques se déroulant<br />

dans <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> psychiatrie, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> textes, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

cas, <strong>de</strong>s séminaires <strong>de</strong> théorie psychanalytique et les Journées du collège.<br />

Renseignements sur le programme et les horaires :<br />

Josée Mattei - Tél. : 01 56 24 14 66 - Fax : 01 56 24 22 37<br />

E-mail : collegeclinique-paris@wanadoo.fr<br />

Montant <strong>de</strong> l’inscription : 1 200 F. Etudiants : 700 F. Formation permanente : 2 500 F.<br />

J.-C. B. : Devenir est plus actif que <strong>de</strong>stin.<br />

M. B. : Plus temporel, plus libre, plus changeant.<br />

On lie le mot <strong>de</strong>stin à la fatalité, plus<br />

ou moins. C’est un mot rigi<strong>de</strong>, figé. Il y a <strong>de</strong>s<br />

faits « incontournables » : n’avoir pas une intelligence<br />

brillante, avoir une famille aisée ou<br />

non, un pays calme ou agité, etc. Nous sommes<br />

tous limités à certaines réalités. Et puis, « les<br />

choses <strong>de</strong> la vie ». Mais elles ne sont pas aussi<br />

changeantes que l’on croit. Défendons aussi<br />

le mot <strong>de</strong>stin à côté du mot <strong>de</strong>venir. J’ajoute<br />

toujours qu’à côté <strong>de</strong> la temporalité et <strong>de</strong> l’écoulement,<br />

il faut penser à la simultanéité. Une<br />

approche psychologique simultanée me semble<br />

nécessaire. Echapper au temps, l’eschatologie.<br />

Tu ne peux jeter cette interrogation hors<br />

<strong>de</strong> la psychologie. Quel thérapeute ne ressent<br />

ces questions <strong>de</strong> méta-histoire, <strong>de</strong> méta-<strong>de</strong>stin<br />

? Je pense à l’extase, à une transcendance.<br />

Les expériences mystiques font aussi partie<br />

<strong>de</strong>s cultures humaines, quelles qu’elles soient.<br />

Le fait métaphysique est une préoccupation<br />

naturelle <strong>de</strong> l’être humain, que même une société<br />

scientiste ne peut refuser - la divinisation<br />

elle-même <strong>de</strong> la science le prouve chaque<br />

jour. Dans sa création et son emploi du Rêve<br />

éveillé dirigé, Robert Desoille a découvert<br />

chez les plus incroyants une zone imaginaire<br />

mystique et habituellement très positive, et<br />

aussi les restes latents <strong>de</strong> cette phase <strong>de</strong> l’enfance<br />

que bien <strong>de</strong>s psychothérapeutes constatent<br />

à cet âge précoce. Si nous revenons un<br />

moment au grand maître Sutter, je ne peux<br />

oublier qu’il m’a montré une foi catholique<br />

profon<strong>de</strong>. Ceci peut être une conclusion pour<br />

un entretien consacré au traitement <strong>de</strong>s « âmes<br />

mala<strong>de</strong>s ». Pour moi, cette dimension « autre »<br />

est un appui décisif, avec tout ce que Jung m’a<br />

apporté là par son oeuvre. Mais, bien sûr,<br />

aussi Desoille, votre rationaliste explorateur<br />

<strong>de</strong> l’imaginaire humain, si proche <strong>de</strong> cet autre<br />

génie <strong>de</strong>s images, Gaston Bachelard. ■<br />

*Psychiatre, psychothérapeute, Ancien professeur <strong>de</strong><br />

Psychologie, Avenida Ricaldoni, 2521, 11600 Montevi<strong>de</strong>o,<br />

Uruguay.<br />

Bibliographie<br />

BENOIT J.C. & BERTA M., L’activation psychothérapique,<br />

1973, Bruxelles, Dessart.<br />

BERTA M., Vivir su neurosis, 1986, Montevi<strong>de</strong>o,<br />

Privada.<br />

BERTA M., La sumbra <strong>de</strong> Jung, 1990, Montevi<strong>de</strong>o,<br />

La Plaza.<br />

BERTA M., La psicoterapia y las exigencias <strong>de</strong>l<br />

mundo actual, 1971, Act. Soc. Psichiatr., Uruguay,<br />

2, 25-62.<br />

BERTA M., Prospective symbolique en psychothérapie.<br />

L’Epreuve d’anticipation clinique et expérimentale,<br />

1983, Paris, E.S.F.<br />

BERTA M., Moradas Humanas, 1996, Montevi<strong>de</strong>o,<br />

Plaza.<br />

BERTA M., Quien soy yo ahora ?, Montevi<strong>de</strong>o,<br />

Plaza.<br />

BERTA M., L’Epreuve d’anticipation. Test <strong>de</strong><br />

l’imaginaire personnel, 1999, Ramonville, Erès.<br />

BERTA M. & coll., Confrontacion imagogica activata,<br />

1971, 212-216.<br />

BERTA M. & BENOIT J.C., Le projet psychothérapique,<br />

1976, Paris, Denoël.<br />

FERNANDEZ ZOÏLA A., Communication personnelle.<br />

PIGEM SERRA, L’épreuve d’expression du désir,<br />

1948, Barcelone, Lib. Sc. Medic.<br />

BERTA M. & BENOIT J.C., Imagines que curan.<br />

El « Ensueno Dirigido » <strong>de</strong> Robert Desoille,<br />

2000, Montevi<strong>de</strong>o, El Toboso.<br />

SUTTER M., L’anticipation. L’Evolution Psychiatrique,<br />

1956, 1, 282-288.<br />

SUTTER M., L’anticipation, 1983, Paris, PUF.<br />

SUTTER J., Champ <strong>de</strong> conscience et niveaux<br />

d’anticipation, L’Encéphale, 17, 3-9.<br />

SUTTER J. & BERTA M., L’anticipation et ses<br />

applications cliniques, 1991, Paris, PUF.<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 7<br />

LIVRES<br />

Troubles dépressifs et<br />

personnes âgées<br />

Henri Loo et Thierry Gallarda<br />

Ed. John Libbey Eurotext<br />

Les personnes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 65 ans représentent<br />

plus <strong>de</strong> 300 millions d’individus au<br />

niveau mondial. Le vieillissement est un processus<br />

naturel qui s’inscrit dans la <strong>de</strong>stinée<br />

humaine. Pourtant, être un vieillard, et plus<br />

particulièrement en ce début <strong>de</strong> XXIème siècle,<br />

reste trop souvent synonyme <strong>de</strong> tourment,<br />

<strong>de</strong> régression, <strong>de</strong> dépendance, <strong>de</strong> survie<br />

sans projet... Avec l’avancée en âge, pointe<br />

une souffrance relative au <strong>de</strong>uil. Deuil <strong>de</strong> ce<br />

que l’on était, <strong>de</strong>uil <strong>de</strong>s proches qui disparaissent,<br />

<strong>de</strong>uil d’une indépendance et d’une<br />

autonomie qui s’estompent en peau <strong>de</strong> chagrin...<br />

La maladie dépressive, on le sait, peut<br />

frapper à tout âge <strong>de</strong> l’existence. Elle survient<br />

cependant plus volontiers dans la secon<strong>de</strong><br />

moitié <strong>de</strong> la vie. S’installent progressivement<br />

une inactivité, une morosité latente,<br />

un déclin <strong>de</strong>s capacités... autant <strong>de</strong> signes<br />

considérés comme légitimes à ces âges et<br />

qui conduisent à négliger la dépression du<br />

sujet âgé. Pire que la banalisation ou la commisération,<br />

l’ignorance ! Les auteurs nous<br />

proposent un con<strong>de</strong>nsé <strong>de</strong>s connaissances<br />

actuelles sur les états dépressifs <strong>de</strong> la<br />

personne âgée. Un chapitre introductif est<br />

consacré aux données épidémiologiques<br />

récentes qui confèrent au sujet la dimension<br />

d’un problème <strong>de</strong> santé publique. Les signes<br />

cardinaux <strong>de</strong> la dépression sont ensuite détaillés<br />

avec le souci <strong>de</strong> répondre à cette<br />

question essentielle : existe-t-il une symptomatologie<br />

dépressive spécifique chez le<br />

sujet âgé ? La comorbidité, avec la détérioration<br />

<strong>de</strong>s fonctions intellectuelles, est approfondie,<br />

ainsi que la place <strong>de</strong>s plaintes<br />

somatiques dans le discours du patient. Le<br />

suici<strong>de</strong> <strong>de</strong> la personne âgée, sujet tabou et<br />

délicat, est traité <strong>de</strong> manière exhaustive et<br />

dépassionnée. Les instruments d’évaluation<br />

du risque suicidaire sont fournis et pourraient<br />

faire partie d’une meilleure information<br />

dispensée aux mé<strong>de</strong>cins généralistes.<br />

Les événements <strong>de</strong> vie (départ <strong>de</strong>s enfants,<br />

bouleversements physiologiques, <strong>de</strong>uils,<br />

mise en institution), dont on sait que certains<br />

favorisent indiscutablement l’éclosion<br />

d’états dépressifs, sont largement documentés.<br />

A noter un paragraphe dédié à la<br />

maltraitance, où l’on apprend, entre autre,<br />

que 10% <strong>de</strong>s personnes âgées seraient<br />

soumises à <strong>de</strong> mauvais traitements. Les<br />

moyens et les stratégies thérapeutiques<br />

concluent l’ouvrage. Les indications et mo<strong>de</strong>s<br />

d’utilisation <strong>de</strong>s antidépresseurs sont largement<br />

décrits et commentés. Différentes<br />

formes <strong>de</strong> psychothérapie sont proposées<br />

et garantissent une prise en charge efficace.<br />

Outre la richesse <strong>de</strong>s données théoriques<br />

classiques, ce livre est truffé <strong>de</strong>s références<br />

bibliographiques <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s épidémiologiques<br />

et cliniques les plus récentes. L’ensemble<br />

<strong>de</strong>s données sont en parfaite symbiose<br />

et confèrent à l’ouvrage une originalité<br />

toute particulière. Une réflexion mo<strong>de</strong>rne,<br />

pragmatique et didactique.<br />

Eric Hensgen<br />

Le traumatique<br />

Répétition et élaboration<br />

Anna Potamianou<br />

Dunod<br />

Cet ouvrage propose une approche clinique<br />

et théorique du traumatisme qui<br />

abor<strong>de</strong> la vie psychique en en réinterprétant<br />

son organisation et ses dysfonctionnements.<br />

Sa thèse consiste à éclairer, dans<br />

l’expérience traumatique, les tendances à<br />

l'effacement <strong>de</strong>s représentations d’objet,<br />

et les restrictions corrélatives du moi.


8<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />

LIVRES<br />

Le psychologue surpris<br />

T. Reik<br />

Traduction D. Berger<br />

Préface d’Elisabeth Roudinesco<br />

Denoël<br />

Il est difficile <strong>de</strong> surestimer l’importance <strong>de</strong><br />

Reik pour l’histoire <strong>de</strong> la psychanalyse. Dès<br />

son texte <strong>de</strong> 1933, présenté au Congrès<br />

psychanalytique international <strong>de</strong> Wiesba<strong>de</strong>n,<br />

peu avant l’arrivée <strong>de</strong> Hitler au pouvoir,<br />

il souligne que les véritables et intimes<br />

compréhensions psychanalytiques apparaissent<br />

comme <strong>de</strong>s surprises pour l’analyste<br />

et pour l’analysant (1) .<br />

En vérité, Reik va bien plus loin. Il est le<br />

premier à mettre en cause les principaux<br />

axes <strong>de</strong> la formation analytique tels qu’Eitingon<br />

et l’Institut <strong>de</strong> Berlin les ont établis :<br />

« Il ne faut pas croire que les analystes ont<br />

décidé définitivement <strong>de</strong> la meilleure voie<br />

pour acquérir les connaissances analytiques.<br />

La recommandation <strong>de</strong> suivre la<br />

chaîne : analyse personnelle, étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

littérature scientifique, analyse <strong>de</strong> contrôle<br />

n’est qu’un schéma grossier et insuffisant.<br />

Bien <strong>de</strong>s doutes <strong>de</strong>meurent chez certains<br />

d’entre nous quant à la meilleure façon<br />

d’étudier la psychanalyse. Chez ceux qui<br />

ne doutent pas, il n’en <strong>de</strong>meure pas moins<br />

toute une série d’incertitu<strong>de</strong>s, relatives aux<br />

postulats, aux conditions régissant les trois<br />

phases qui sont à la base <strong>de</strong> ce schéma<br />

<strong>de</strong>s problèmes concernant leur portée et<br />

la façon dont elles agissent et continuent<br />

à se poser. Bien <strong>de</strong>s questions ne pourront<br />

pas être résolues aussi longtemps que nous<br />

ne disposerons pas <strong>de</strong> l’expérience portant<br />

sur <strong>de</strong>s nombreuses années, sur trois<br />

générations au moins (2) ». Ces générations<br />

se sont succédées et <strong>de</strong>s nombreuses années<br />

se sont passées. Si les problèmes ne<br />

restent pas en l’état, c’est qu ils se sont<br />

aggravés. Ceux relatifs à la formation se<br />

sont multipliés par ceux relatifs à la reconnaissance<br />

<strong>de</strong>s psychanalystes et aux<br />

critères retenus pour le choix <strong>de</strong> ceux qui<br />

auront la responsabilité <strong>de</strong> les former et <strong>de</strong><br />

les reconnaître.<br />

Reik a souligné l’impératif <strong>de</strong> rester accueillant<br />

à l’égard <strong>de</strong> la surprise. Or, les<br />

institutions analytiques se montrent<br />

singulièrement fermées à toute surprise<br />

dans leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement. Au<br />

contraire : l’histoire montre qu’elles se soucient<br />

plutôt <strong>de</strong> la refouler avec violence.<br />

Aussi, du point <strong>de</strong> vue clinique l’actualité<br />

<strong>de</strong> Reik est surprenante : déjà en 1935,<br />

quand son livre est publié pour la première<br />

fois, il critique Reich et ceux qui préten<strong>de</strong>nt<br />

formaliser la cure analytique <strong>de</strong> manière<br />

supposée scientifique. Il signale que<br />

le véritable cheminement <strong>de</strong> la cure est<br />

plutôt erratique, fait <strong>de</strong> déambulations et<br />

<strong>de</strong> surprises, à la faveur <strong>de</strong>s libres associations,<br />

qui, elles, ne supportent aucune<br />

formalisation. De manière étonnante pour<br />

la lecture contemporaine <strong>de</strong> Ferenczi, Reik<br />

l’inclut parmi ceux qui ambitionnent à une<br />

telle formalisation (pp. 126-131 et, plus loin,<br />

p. 198).<br />

En <strong>de</strong>vançant nos théories actuelles et en<br />

prévoyant, en quelque sorte, les paradoxes<br />

cliniques issus <strong>de</strong> ces théories, Reik écrit :<br />

« L’insistance sur le facteur formel est si peu<br />

nouvelle, si peu originale qu’on n’a même<br />

pas osé faire un petit pas <strong>de</strong> plus et aller<br />

jusqu’à affirmer que la forme n’est rien d’autre<br />

que le contenu <strong>de</strong>venu couche externe, le<br />

noyau <strong>de</strong>venu écorce ; que selon le mot <strong>de</strong><br />

Novalis, l’extérieur n’est qu’un intérieur qui<br />

s’est secrètement soulevé (p.133) ».<br />

Dans sa préface, E. Roudinesco déploie<br />

ses larges connaissances historiques et<br />

montre comment Reik a su résister et dé-<br />

Palmarès du 25 ème festival<br />

Ciné-Vidéo-Psy <strong>de</strong> Lorquin<br />

Clé d’Or 2001<br />

ESSABAR ou L’ABRI DE L’ETRE, Zarina<br />

Khan, 2000, 90 minutes.<br />

Thème: Réinsertion<br />

Résumé : En quête d’i<strong>de</strong>ntité, <strong>de</strong> jeunes gens<br />

« marginalisés » découvrent le désert.<br />

Clé d’Argent 2001<br />

AU TEMPS TIC-TAC, Espace Clauzel, 2000,<br />

5 minutes.<br />

Thème : Vidéo clip rap sur le thème du temps<br />

écrit, réalisé et interprété par les patients du<br />

groupe vidéo d’un CATTP.<br />

Clé d’Argent 2001<br />

UNE VIE D’ICI, Lionel Mougin, 2001, 26<br />

minutes<br />

Thème : La vieillesse.<br />

Résumé : Michel a 70 ans, il vit seul dans la<br />

conciergerie d’une usine <strong>de</strong> textile fermée<br />

<strong>de</strong>puis 10 ans dans laquelle il a travaillé toute<br />

sa vie et rencontré sa femme Amélie, morte<br />

<strong>de</strong>puis 2 ans. La vie <strong>de</strong> Michel s’écoule,<br />

monotone ; la ron<strong>de</strong> quotidienne <strong>de</strong> l’usine,<br />

le blanc chez Raymond, le cafetier ... Et puis<br />

en parallèle, il y a les souvenirs <strong>de</strong> Michel :<br />

le travail à l’usine du temps <strong>de</strong> l’activité ...<br />

et le souvenir d’Amélie <strong>de</strong> plus en plus présent...<br />

Clé <strong>de</strong> Bronze 2001<br />

L’ADAPTATION, Marion Walthert, 1998/<br />

1999, 14 minutes .<br />

Thème : Grands brûlés.<br />

Résumé : Adaptation à la suite <strong>de</strong> très graves<br />

brûlures. Cette vidéo porte un regard personnel<br />

sur l’événement et l’adaptation à la<br />

nouvelle vie. Ce n’est pas un documentaire<br />

traditionnel sur un handicap. Tant sur le côté<br />

formel que sur le contenu.<br />

Clé <strong>de</strong> Bronze 2001<br />

L’ONDE DU CHOC, LE STRESS POST-<br />

TRAUMATIQUE (PULSATIONS), Badot<br />

Pierre, 2001, 57 minutes 50.<br />

Résumé : Dans quel état psychologique se<br />

retrouvent les personnes victimes d’un acci<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> voiture, d’un incendie, d’une agression,<br />

d’une violence sexuelle, d’une collision<br />

ferroviaire ? 75% d’entre elles seront<br />

choquées pendant les quelques semaines qui<br />

suivront l’inci<strong>de</strong>nt traumatique. Pour les autres<br />

25 %, l’état <strong>de</strong> choc va se chronifier, on parlera<br />

alors du syndrome <strong>de</strong> stress post-traumatique.<br />

jouer les pressions contre l’exercice <strong>de</strong> la psychanalyse<br />

par les psychologues exercées par<br />

l’International Psychoanalytical Association<br />

en général et l’American Psychoanalytical Association<br />

en particulier. En vérité, comme l’a<br />

souligné Freud à <strong>de</strong> nombreuses reprises, la<br />

psychanalyse est une psychologie <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>urs.<br />

Ou, comme le cite Roudinesco à<br />

partir <strong>de</strong> La question <strong>de</strong> l’analyse profane (p.<br />

26) : « La psychanalyse fait partie <strong>de</strong> la la psychologie,<br />

non pas <strong>de</strong> la psychologie médicale<br />

ou <strong>de</strong> la psychologie <strong>de</strong>s processus pathologiques,<br />

mais <strong>de</strong> la psychologie tout court ».<br />

Toute avancée psychanalytique est un progrès<br />

<strong>de</strong> la psychologie, qui, à ce titre, se renouvelle<br />

sans cesse au cours du siècle précé<strong>de</strong>nt.<br />

L’excellente traduction <strong>de</strong> D. Berger, à qui<br />

l’histoire <strong>de</strong> la psychanalyse en France doit<br />

déjà <strong>de</strong> si belles traductions, mérite d’être si-<br />

Prix spécial du jury :<br />

meilleur outil pédagogique<br />

pluridisciplinaire<br />

LE REGARD DE DELPHINE , Humbert<br />

Nago, 2000, 50 minutes.<br />

Thème : Enfance/Deuil.<br />

Résumé : Sous forme <strong>de</strong> fiction, le film conte<br />

l’histoire d’une lutte commune contre la maladie<br />

et l’inéluctable, menée par la petite Delphine,<br />

ses parents et toute l’équipe médicochirurgicale<br />

qui s’affaire autour <strong>de</strong> la jeune<br />

patiente.<br />

Mention télévision<br />

NAISSANCE DE LA PAROLE, Caillat François,<br />

1999, 56 minutes.<br />

Thème : Le langage chez les bébés.<br />

Résumé : Le langage vient-il dès la naissance<br />

et comment ? Doit-on l’apprendre, et sous<br />

quelles conditions ? La relation avec la mère<br />

est-elle primordiale ? Chercheurs et thérapeutes<br />

s’interrogent sur les conditions d’émergence<br />

<strong>de</strong> la parole. On suit <strong>de</strong>s expériences<br />

avec <strong>de</strong>s nourrissons savants et <strong>de</strong>s séances<br />

<strong>de</strong> thérapie pour grands enfants mutiques...<br />

On écoute <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s linguistes, <strong>de</strong>s<br />

mé<strong>de</strong>cins... On assiste au dialogue entre <strong>de</strong>s<br />

psychiatres et <strong>de</strong>s physiologues... En dix questions<br />

fondamentales, le film montre que l’acquisition<br />

du langage exige à la fois une prédisposition<br />

génétique et un échange affectif<br />

et ludique.<br />

gnalée. La lecture <strong>de</strong> cette traduction française<br />

<strong>de</strong> ce livre <strong>de</strong> Reik, non seulement élargit<br />

nos capacités <strong>de</strong> penser, mais est aussi<br />

très agréable.<br />

Prado <strong>de</strong> Oliveira<br />

(1) M. S. Bergmann, The Historical Roots of Psychoanalytic<br />

Orthodoxy, International <strong>Journal</strong> of Psychoanalysis,<br />

1997, 78 : 69-86.<br />

(2) T. Reik, Le psychologue surpris, Denoël, 2001, p.<br />

323, trad. D. Berger.<br />

L’ontologie <strong>de</strong> Gilles Deleuze<br />

Véronique Bergen<br />

L’Harmattan<br />

Cet essai abor<strong>de</strong> l’ontologie <strong>de</strong> Gilles Deleuze<br />

à partir <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> l’événement<br />

et <strong>de</strong> la génèse <strong>de</strong> l’être et <strong>de</strong> la pensée. Il<br />

interroge la politique <strong>de</strong> pensée mise en œuvre<br />

Mention jeune<br />

MIROS, Fehner Léa, 2001, 16 minutes.<br />

Résumé : Un documentaire sur les aveugles<br />

et les arts d’images au travers <strong>de</strong> 3 parcours<br />

<strong>de</strong> malvoyants. Un cinéphile, un acteur et un<br />

photographe. Comment une image peut-elle<br />

vivre dans le noir ?<br />

Mention « Parole <strong>de</strong> vie »<br />

PARLEZ-MOI D’AMOUR, Chantal Briet,<br />

1999, 35 minutes.<br />

Thème Adolescence, Amour, Sexualité.<br />

Résumé : Ce film est <strong>de</strong>stiné à la formation<br />

<strong>de</strong>s adultes, en particulier à ceux qui dialoguent<br />

fréquemment avec les jeunes autour<br />

<strong>de</strong> ces sujets. Il propose à travers différents<br />

entretiens une recherche autour du langage<br />

<strong>de</strong> l’amour chez les adolescents. Comment<br />

l’adolescent parle-t-il <strong>de</strong> ses sentiments et <strong>de</strong><br />

ses désirs ? Qu’est ce qui peut être dit ? Qu’est<br />

ce qui doit être tu ? Il est commenté par le<br />

Docteur Hélène Jacquemin-Le Vern.<br />

Prix Roger Camar<br />

LA DEVINIERE, Benoît Dervaux, 2000, 90<br />

minutes.<br />

Résumé : Le 18 février 1976, La Devinière,<br />

un lieu <strong>de</strong> psychothérapie institutionnelle,<br />

ouvrait ses portes à 19 enfants réputés incurables,<br />

refusés par tous. Ni le sens commun,<br />

ni la psychiatrie, ni la pédagogie ne pouvaient<br />

les admettre, les reconnaître. Ces enfants,<br />

comme exilés, La Devinière les a acceptés<br />

définitivement avec comme principe fondateur<br />

<strong>de</strong> ne les rejeter sous aucun prétexte. Le<br />

mot « asile » reprend son sens, un espace sans<br />

grille, ni chimie où l’on donne le droit <strong>de</strong><br />

« vivre avec sa folie ». Durant plus <strong>de</strong> vingt<br />

ans, <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong> solidarité se sont forgés entre<br />

ceux que rien ne reliait. Au fil <strong>de</strong>s saisons,<br />

j’ai filmé au plus près ce lieu qui a fait rejaillir<br />

la vie là où tout semblait condamné.<br />

PRIX NICOLAS ABRAHAM ET MARIA TOROK<br />

Le prix Nicolas Abraham et Maria Torok est attribué tous les <strong>de</strong>ux ans par l’Association<br />

Européenne Nicolas Abraham et Maria Torok à un ouvrage ou un travail (livre, thèse,<br />

mémoire ou article) réalisé en français au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années précédant son attribution<br />

(entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2001 pour la première fois).<br />

Ce prix vient souligner l’intérêt que l’Association porte au travail <strong>de</strong> recherche dans la<br />

continuité <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s pistes ouvertes par les travaux <strong>de</strong> Nicolas Abraham et Maria Torok.<br />

Les qualités théoriques et l’intérêt clinique <strong>de</strong>s travaux présentés seront pris en considération,<br />

mais aussi leur caractère d’innovation.<br />

Le montant du prix s’élève à 10 000 FF.<br />

L’association Nicolas Abraham et Maria Torok s’engage à faire connaître le travail primé<br />

par tous les moyens qu’elle jugera utiles et, au minimum, par une information dans son<br />

bulletin ainsi qu’une mention à l’occasion <strong>de</strong> ses réunions scientifiques.<br />

Les ouvrages concourant pour le Prix Nicolas Abraham et Maria Torok seront adressés<br />

jusqu’au 31/12/2001 (le cachet <strong>de</strong> la poste faisant foi), en sept exemplaires, au secrétariat<br />

du jury : Jean Clau<strong>de</strong> Rouchy, 40 rue <strong>de</strong> la Bienfaisance, 75008 Paris.<br />

Le jury du prix est composé pour l’année 2002 <strong>de</strong> : Eric Adda, Fabio Landa, Clau<strong>de</strong> Nachin,<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Rouchy, Nicholas Rand, Barbro Sylwan et Serge Tisseron. La décision<br />

du jury est sans appel.<br />

La première attribution du prix aura lieu au second trimestre 2002.<br />

B.L.<br />

par Deleuze en son choix <strong>de</strong> l’immanence<br />

et en sa synthèse <strong>de</strong>s dispositifs philosophiques<br />

produits par les stoïciens, Spinoza,<br />

Nietsche et Bergson essentiellement.<br />

La création <strong>de</strong> ce que Deleuze appelait une<br />

nouvelle image <strong>de</strong> la pensée rejoue ainsi<br />

les questions <strong>de</strong> l’être, du temps et <strong>de</strong> la<br />

différence et passe par la reconsidération<br />

du rapport entre la pensée et le chaos. Le<br />

traitement <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la co-génèse<br />

<strong>de</strong> l’être et <strong>de</strong> la pensée implique la position<br />

d’une pensée <strong>de</strong> la différence séparée<br />

<strong>de</strong> la différence critico-phénoménologique<br />

et <strong>de</strong> la différence dialectique. Par-<strong>de</strong>là<br />

la fin <strong>de</strong> non-recevoir que Deleuze a opposée<br />

à Hegel, il s’agit <strong>de</strong> repérer les affinités<br />

entre dialectique hégélienne et plan<br />

vitaliste <strong>de</strong>leuzien.


Les infractions sexuelles:<br />

prévention <strong>de</strong>s récidives et<br />

assistance aux mineurs victimes *<br />

La loi du 17 juin 1998, ses circulaires et<br />

décrets d’application trois ans après<br />

L a<br />

Fédération « La Voix <strong>de</strong> l’Enfant »,<br />

créée le 20 juillet 1981, est une association<br />

sans but lucratif, sans appartenance politique<br />

ni confessionnelle. Elle a soutenu et<br />

financé l’ouverture <strong>de</strong> Permanence d’Accueil<br />

d’Urgence pour les enfants victimes d’agressions<br />

sexuelles dans six villes en France et<br />

offre un accueil téléphonique, <strong>de</strong>s conseils<br />

juridiques, un suivi et un soutien <strong>de</strong>s familles<br />

en difficultés. La Fédération organise aussi<br />

l’étu<strong>de</strong> épidémiologique, la collecte et la diffusion<br />

<strong>de</strong>s informations, la formation, le partenariat,<br />

la mise à disposition <strong>de</strong> compétences,<br />

la promotion <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Enfant, l’étu<strong>de</strong><br />

sur l’application <strong>de</strong> la législation nationale<br />

et internationale. Au travers <strong>de</strong> ses associations<br />

membres elle est présente dans 70 pays.<br />

Les textes légaux<br />

Martine Brousse et Bernard Cordier ont présenté<br />

la brochure qu’ils ont rédigée « Les infractions<br />

sexuelles : prévention <strong>de</strong>s récidives<br />

et assistance aux mineurs victimes ». Elle est<br />

divisée en <strong>de</strong>ux parties : un résumé <strong>de</strong>s textes<br />

légaux sur la prévention <strong>de</strong>s récidives <strong>de</strong>s infractions<br />

sexuelles et l’assistance aux mineurs<br />

victimes <strong>de</strong> ces infractions. Les <strong>de</strong>ux<br />

chapitres, après un rappel historique, analysent<br />

l’esprit <strong>de</strong> la loi, son application et ses<br />

conséquences pratiques. Le texte intégral <strong>de</strong><br />

la loi et les circulaires figurent en annexe. La<br />

loi du 17 juin 1998 prévoit trois groupes <strong>de</strong><br />

mesures : préventives (suivi socio-judiciaire<br />

avec ou sans injonction <strong>de</strong> soins, fichier national<br />

automatisé <strong>de</strong>s auteurs d’infractions<br />

sexuelles), répressives (aggravation <strong>de</strong>s peines<br />

pour infractions sexuelles contre <strong>de</strong>s mineurs<br />

<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans, sanction <strong>de</strong>s infractions<br />

sexuelles à travers Internet, vidéocassette,<br />

vidéodisque ou jeux électroniques, création<br />

du délit <strong>de</strong> bizutage) et d’assistance (l’allongement<br />

du délai <strong>de</strong> prescription civile,<br />

l’administrateur ad hoc, expertise médicopsychologique).<br />

La loi dissocie nettement les<br />

mesures préventives d’ordre social et les mesures<br />

thérapeutiques.<br />

Les mesures thérapeutiques<br />

Un traitement ne doit jamais être une sanction<br />

et ne peut être imposé à une personne<br />

détenue. Pourtant, tout est fait pour inciter le<br />

condamné à commencer son traitement en<br />

détention. L’injonction <strong>de</strong>s soins peut être<br />

prononcée par la juridiction <strong>de</strong> jugement ou,<br />

ultérieurement, par le juge d’application <strong>de</strong>s<br />

peines, toujours après expertise médicale.<br />

Celle-ci exige une compétence spécifique.<br />

C’est le mé<strong>de</strong>cin expert qui prend la responsabilité<br />

<strong>de</strong> dire si le condamné nécessite<br />

<strong>de</strong>s soins. Malheureusement, on ne relève<br />

pas assez d’experts, peut-être du fait <strong>de</strong> la rémunération<br />

qui ne correspond pas au temps<br />

investi ou <strong>de</strong>s réactions contretransférentielles<br />

que l’expertise peut induire. Pour inciter<br />

le condamné à s’engager dans un traitement,<br />

au moins une fois tous les six mois,<br />

le juge d’application <strong>de</strong>s peines lui propose<br />

<strong>de</strong> suivre un traitement, dont l’observance<br />

peut donner droit à <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong>s peines<br />

supplémentaires. Un mé<strong>de</strong>cin coordonnateur<br />

invite le condamné à choisir un mé<strong>de</strong>cin trai-<br />

tant, il transmet au juge d’application <strong>de</strong>s<br />

peines les éléments nécessaires au contrôle<br />

du suivi <strong>de</strong> l’injonction <strong>de</strong>s soins. Les mé<strong>de</strong>cins<br />

traitants ne peuvent pas prendre en<br />

charge tous les auteurs d’infractions sexuelles,<br />

mais seulement ceux qui ont <strong>de</strong>s troubles<br />

sexuels. Le mé<strong>de</strong>cin traitant doit être volontaire<br />

et indépendant. Une équipe pluridisciplinaire<br />

apparaît indispensable. La durée du<br />

suivi socio-judiciaire peut aller jusqu’à 20<br />

ans s’il s’agit d’un crime.<br />

La procédure d’assistance<br />

En ce qui concerne la procédure d’assistance<br />

aux mineurs victimes, le procureur <strong>de</strong> la République<br />

ou le juge d’instruction a l’obligation<br />

d’informer, dès l’ouverture <strong>de</strong> cette procédure,<br />

le juge <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> l’ouverture<br />

d’une procédure pénale. « Lorsque la protection<br />

<strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> l’enfant n’est pas complètement<br />

assurée par ses représentants légaux<br />

», par exemple, lorsque l’auteur <strong>de</strong>s<br />

agressions sexuelles est un parent <strong>de</strong> l’enfant<br />

victime, ce qui est le plus souvent le cas, le<br />

procureur <strong>de</strong> la République et le juge d’instruction<br />

sont obligés <strong>de</strong> désigner pour l’enfant<br />

victime un administrateur ad hoc. Celui-ci<br />

a pour mission <strong>de</strong> protéger les intérêts<br />

<strong>de</strong> l’enfant, d’exercer en son nom les démarches<br />

lui permettant d’obtenir la réparation<br />

du préjudice qu’il a subi.<br />

La loi systématise l’enregistrement audiovisuel<br />

ou audio <strong>de</strong> la première audition <strong>de</strong>s<br />

enfants victimes avec leur consentement.<br />

D’après Martine Brousse et Clau<strong>de</strong> Aiguesvives<br />

chaque entretien représente un traumatisme<br />

en soi que l’enregistrement permet<br />

L es<br />

d’éviter. Peu <strong>de</strong> juges les utilisent.<br />

Selon Clau<strong>de</strong> Aiguesvives la moitié <strong>de</strong>s enfants<br />

victimes a accès à la justice.<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> recueil systématique ni <strong>de</strong><br />

recherche épidémiologique sur les infractions<br />

sexuelles qui sont plus fréquentes chez<br />

les filles (environ 60%) surtout chez les jeunes<br />

enfants en fin <strong>de</strong> maternelle et chez les préadolescents.<br />

Certaines mères, du fait d’une<br />

inquiétu<strong>de</strong> liée à leur propre vécu traumatique,<br />

amènent l’enfant en consultation.<br />

Les consultations sont souvent <strong>de</strong>mandées<br />

lors d’une procédure <strong>de</strong> divorce. En général,<br />

l’enfant n’est pas fabulateur (les fausses allégations<br />

sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 à 15%).<br />

L’abus sexuel entraînerait chez la victime<br />

<strong>de</strong>s troubles à type <strong>de</strong> dépression, <strong>de</strong> troubles<br />

anxieux et du comportement, <strong>de</strong>s troubles<br />

alimentaires à type <strong>de</strong> boulimie et d’anorexie,<br />

<strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> la personnalité. La majorité<br />

<strong>de</strong>s victimes porte plainte après leur adolescence<br />

quand ils ne sont plus sous l’autorité<br />

<strong>de</strong> leurs parents.<br />

Pendant la discussion, Bernard Cordier a relevé<br />

qu’une partie <strong>de</strong>s agresseurs est présentée<br />

par leur défense comme victimes pour<br />

alléger leurs peines. Il souhaite la création<br />

d’une équipe pluridisciplinaire par département<br />

pour la prise en charge <strong>de</strong>s victimes et<br />

a souligné que les anti-androgènes ont une<br />

efficacité sur la modification du comportement<br />

sexuel, alors qu’ils n’ont pas d’autorisation<br />

en France dans cette indication, bien<br />

que les patients <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt eux-mêmes ce<br />

traitement qu’ils ne vivent pas comme une<br />

punition ou une castration. Les mé<strong>de</strong>cins peuvent<br />

les prescrire sous leur propre responsabilité.<br />

En conclusion Carole Bouquet a affirmé que :<br />

« Le respect <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong>s Enfants aujourd’hui<br />

est la seule garantie <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong><br />

l’Homme <strong>de</strong> <strong>de</strong>main ». ■<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 9<br />

Vesselin Petkov<br />

*Conférence <strong>de</strong> presse. Paris, Hôtel Lutetia, 19 juin<br />

2001. Intervenants : Jean-Paul Beauvais, pour Solvay<br />

Pharma ; Bernard Cordier, Psychiatre <strong>de</strong>s Hôpitaux ;<br />

Martine Brousse, directrice <strong>de</strong> la Fédération « La Voix<br />

<strong>de</strong> l’Enfant » ; Clau<strong>de</strong> Aiguesvives, psychiatre et psychanalyste,<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fédération ; Carole Bouquet,<br />

porte-parole <strong>de</strong> la Fédération.<br />

LES AFFECTIONS PSYCHIATRIQUES,<br />

PREMIÈRES CAUSES DES PENSIONS D’INVALIDITÉ<br />

VERSÉES PAR L’ASSURANCE MALADIE<br />

affections psychiatriques ont été, en 1998, au premier rang <strong>de</strong>s causes médicales<br />

à l’origine d’une attribution <strong>de</strong> pension d’invalidité, selon une étu<strong>de</strong> du département<br />

statistiques <strong>de</strong> la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM)*. Ces affections concernaient<br />

13 591 personnes, soit 26,7% <strong>de</strong> l’effectif. Parmi elles, près <strong>de</strong> 11% <strong>de</strong> l’effectif<br />

total souffraient d’état dépressif ou <strong>de</strong> troubles névrotiques, tandis que près <strong>de</strong> 6% souffraient<br />

<strong>de</strong> psychoses.<br />

En 1997, sur une population salariée estimée pour le régime général <strong>de</strong> l’assurance maladie<br />

à 15,1 millions <strong>de</strong> personnes, 443 599, soit 2,9% bénéficiaient <strong>de</strong> pensions d’invalidité.<br />

Celles-ci sont versées en compensation <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> salaire résultant d’une réduction<br />

d’au moins <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> travail pour une raison médicale.<br />

Ces personnes ont perçu au total plus <strong>de</strong> 17 milliards <strong>de</strong> francs en 1997 à ce titre. En<br />

1998, les maladies du système ostéo-articulaire, essentiellement l’arthrose, les affections<br />

rachidiennes et discales, représentaient la <strong>de</strong>uxième cause d’invalidité avec 20,2% <strong>de</strong><br />

l’effectif (soit 10 309 personnes). Les tumeurs malignes étaient à l’origine d’une invalidité<br />

pour 6 397 personnes, soit 12,5% <strong>de</strong> l’effectif. Les cancers <strong>de</strong>s voies aériennes et digestives<br />

supérieures, bronchopulmonaires et <strong>de</strong> la trachée, concernaient 1 354 personnes,<br />

soit 2,7% <strong>de</strong> l’effectif, tandis que les cancers du sein touchaient 1 590 personnes, soit<br />

3,1% <strong>de</strong> cette population. Les hépatites virales et les infections VIH ont été à l’origine<br />

d’une invalidité pour 1 053 personnes, soit 2,1% <strong>de</strong> l’effectif. Cette <strong>de</strong>rnière population<br />

était essentiellement masculine avec un sex-ratio homme/femme à 4% pour les patients<br />

atteints d’infections à VIH.<br />

Parmi tous les bénéficiaires, 28,9% touchent la catégorie <strong>de</strong> première invalidité, accordée<br />

aux salariés qui ne sont pas capables d’exercer une activité rémunérée. Près <strong>de</strong> 70%<br />

touchaient l’invalidité <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième catégorie, versée à ceux qui sont absolument incapables<br />

d’exercer une profession. 1,4% <strong>de</strong> l’effectif s’est vu attribuer une invalidité <strong>de</strong><br />

troisième catégorie, attribuée à ceux qui sont incapables <strong>de</strong> travailler mais qui ont besoin<br />

d’une assistance dans leur vie quotidienne. ■<br />

F.C.<br />

*Les causes médicales <strong>de</strong>s pensions d’invalidité nouvellement attribuées en 1998, CNAM, 63 pages.<br />

LIVRES<br />

Sexualité et handicap :<br />

le paradoxe <strong>de</strong>s modèles<br />

D’Alter à Alius, du statut d’adulte<br />

au statut d’handicapé<br />

Martine Barillet-Lepley<br />

Préface <strong>de</strong> Pierre Nègre<br />

L’Harmattan<br />

Les discours sur les pratiques institutionnelles<br />

liées à la sexualité <strong>de</strong>s adultes accueillis<br />

en Foyer d’hébergement sont révélateurs<br />

<strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s caractéristiques du<br />

statut d’adulte handicapé mental : celle<br />

d'être paradoxal où s’affrontent et coexistent<br />

statuts d’adulte et d'handicapé,<br />

cet ouvrage interroge la gestion <strong>de</strong> ce paradoxe,<br />

et <strong>de</strong>s références implicites <strong>de</strong><br />

l’action <strong>de</strong>s professionnels. De la logique<br />

d’intention à la logique d’action, du statut<br />

d’adulte au statut d’handicapé, d’Alter à<br />

Alius, <strong>de</strong> l’autre comme moi-même ou <strong>de</strong><br />

l’autre différent, au-<strong>de</strong>là du regard porté<br />

sur les pratiques, une démarche éthique<br />

est précisée.<br />

Hypothèse amour<br />

Jean Jacques Moscovitz<br />

Calmann-Lévy<br />

Rencontre avec un autre, jouissance, rupture,<br />

différence <strong>de</strong>s sexes... Tout ce qui<br />

cerne l’amour semble intéresser la psychanalyse.<br />

Les textes <strong>de</strong> Freud (Sur le plus<br />

général dès rabaissements <strong>de</strong> la vie amoureuse),<br />

les séminaires <strong>de</strong> J. Lacan (Encore)<br />

ou <strong>de</strong> F. Perrier (L’amour) sont là pour en<br />

faire la preuve. Dans ce livre, Jean-Jacques<br />

Moscovitz, psychiatre et psychanalyste,<br />

reprend cette question en élaborant une<br />

réflexion sur l’Hypothèse amour.<br />

Une hypothèse qui interroge, notamment,<br />

les signifiants homme et femme, la régulation<br />

inconsciente entre pulsion <strong>de</strong> vie et<br />

pulsion <strong>de</strong> mort, le transfert ou la filiation.<br />

Selon l’auteur, nos liens d’amour, et plus<br />

généralement les rapports homme-femme,<br />

parent-enfant, ne peuvent s’écouter aujourd’hui<br />

sans une référence à un passé<br />

toujours actuel : la Shoah, c’est-à-dire « l’injusticiable<br />

». En effet, cette haine collective<br />

irreprésentable, véritable rupture <strong>de</strong><br />

l’Histoire, a transgressé les normes et le<br />

droit. Elle a surtout brisé l’interdit du meurtre<br />

et <strong>de</strong> l’inceste. En cela, la Shoah a atteint<br />

la fonction paternelle, et sa place symbolique<br />

<strong>de</strong> représentant <strong>de</strong> la loi, <strong>de</strong> garant<br />

d’une transmission du nom. Si la fonction<br />

paternelle est au fon<strong>de</strong>ment du lien social<br />

mais aussi <strong>de</strong> la subjectivité <strong>de</strong> chacun,<br />

on comprend alors que la Shoah, au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong>s effets sur le collectif, a <strong>de</strong>s répercussions<br />

au niveau individuel. C’est tout notre<br />

rapport individuel à la vie, à la mort, à nos<br />

origines, à nos liens d’amour qui se trouve<br />

bouleversé. Si l’extermination nazie était<br />

d’ordre biologique, J.J. Moscovitz montre<br />

bien le danger actuel d’ « objectivation »<br />

et <strong>de</strong> « biologisation » <strong>de</strong> la vie qui en découle<br />

: victoire du mesurable, <strong>de</strong> la génétique,<br />

ou <strong>de</strong> la vision <strong>de</strong> l’enfant « pur »<br />

sans sexualité. Ce risque actuel oblige,<br />

sans cesse, à rappeler l’importance d’une<br />

prise en compte <strong>de</strong> la parole et d’un savoir<br />

inconscient positionnant l’homme à<br />

une place non définie scientifiquement.<br />

Ce livre, à la croisée <strong>de</strong> l’individuel et du<br />

collectif, montre un sujet lié aux crimes<br />

contre l’humanité. De là, c’est toute une<br />

pratique psychanalytique, tout un rapport<br />

à la vie, à la mort, à l’amour qui s’en trouve<br />

changé. L’Hypothèse amour permet en fait<br />

<strong>de</strong> repenser et <strong>de</strong> retravailler, dans l’actuel,<br />

le Malaise dans la civilisation cher à<br />

Freud.<br />

Edouard Bertaud


10<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />

LIVRES<br />

Maternité, affaire privée,<br />

affaire publique<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Yvonne<br />

Knibiehler*<br />

Préface <strong>de</strong> Françoise Héritier<br />

Bayard<br />

Jusqu’ici, les sciences sociales ont plutôt<br />

contribué à une occultation involontaire <strong>de</strong><br />

la maternité en l’enveloppant dans <strong>de</strong>s<br />

thèmes plus vastes (natalité, famille, vie privée,<br />

émancipation <strong>de</strong>s femmes), en l’incorporant<br />

dans une situation sociale : la<br />

paysanne, la bourgeoise, la dame <strong>de</strong>s beaux<br />

quartiers, la prolétaire du quart-mon<strong>de</strong>, l’immigrée<br />

ou, encore, en l’observant sous<br />

l’angle du travail : les tâches domestiques<br />

gratuites opposées aux tâches professionnelles<br />

rémunérées. Quant aux sciences<br />

médicales, elles découpent la maternité en<br />

séquences qui ne s’enchaînent pas nécessairement<br />

: contraception, procréation<br />

assistée, grossesse, avortement, accouchement,<br />

allaitement.<br />

Les coauteurs réunis ont permis la diversification<br />

souhaitée, sans ressusciter les anciens<br />

clivages. Les textes ont été, pour plus<br />

<strong>de</strong> clarté, organisés en trois groupes. Les<br />

uns, rassemblés sous le titre « Questions<br />

d’i<strong>de</strong>ntité », invitent à réfléchir sur le rôle<br />

que joue la maternité dans la construction<br />

<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité féminine. Le <strong>de</strong>uxième groupe<br />

<strong>de</strong> textes intitulé « Questions <strong>de</strong> transmission<br />

» ouvre la porte d’un domaine encore<br />

fort peu exploré : que se passe-t-il d’une<br />

génération à l’autre, d’une mère à ses enfants<br />

et surtout d’une mère à ses filles ?<br />

Comment s’opère le transfert ? Le troisième<br />

évoque certaines <strong>de</strong>s « Questions <strong>de</strong> société<br />

» que l’actualité met en ve<strong>de</strong>tte.<br />

*avec les contributions <strong>de</strong> Françoise Thébaud, Henri<br />

Leridor, Agnès Fine, Anne Cadoret, Marie-Josèphe<br />

Dhavernas-Lévy, Sylviane Ciampino, Bertrand Cramer,<br />

Janine Mossuz-Lavau, Françoise Collin, Elisabeth<br />

G. Sledziewski, Berna<strong>de</strong>tte Avon, Marie-France<br />

Culet, Claire Neirinck, Clau<strong>de</strong> Martin, Irène Théry.<br />

Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la protection sociale<br />

Michel Larocque<br />

Dunod<br />

Cet ouvrage synthétise <strong>de</strong> manière structurée<br />

et concrète les dispositifs institutionnels<br />

et juridiques qui régissent l’ensemble<br />

complexe <strong>de</strong> la protection sociale. Il s’efforce,<br />

par une approche méthodologique<br />

et pluridisciplinaire, d’en offrir un panorama<br />

complet à travers plusieurs approches. Une<br />

première partie cerne les origines et la<br />

construction <strong>de</strong>s concepts essentiels. Une<br />

secon<strong>de</strong> partie présente l’organisation financière<br />

et administrative nationale et locale<br />

du système <strong>de</strong> protection sociale. Une<br />

troisième partie analyse, par catégorie <strong>de</strong><br />

population (enfants, handicapés, personnes<br />

âgées, chômeurs...), les différents types <strong>de</strong><br />

droits sociaux. Une quatrième partie présente<br />

les principaux prestataires <strong>de</strong> l’action<br />

sanitaire et sociaIe. Enfin, une cinquième<br />

et <strong>de</strong>rnière partie analyse les fon<strong>de</strong>ments<br />

internationaux et européens <strong>de</strong> la protection<br />

sociale. On relève, en outre, <strong>de</strong> nombreux<br />

tableaux, un barème rappelant le<br />

montant <strong>de</strong>s principales prestations et cotisations<br />

sociales.<br />

Effets <strong>de</strong>s jeux langagiers <strong>de</strong><br />

l’oral sur l’apprentissage <strong>de</strong><br />

l’écrit<br />

François Pouëch<br />

L’Harmattan<br />

La rééducation <strong>de</strong>s troubles du langage<br />

écrit par les orthophonistes évacue encore<br />

souvent la dimension socio-historique <strong>de</strong><br />

la lecture et <strong>de</strong> l’écriture (les genres tex-<br />

Ensemble la<br />

schizophrénie *...<br />

L es<br />

intervenants étaient Dominique Friard,<br />

infirmier <strong>de</strong> secteur psychiatrique au<br />

Centre Hospitalier <strong>de</strong> Laragne ; Bertrand Escaig,<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Unafam ; Lucien,<br />

qui se définit comme « porteur <strong>de</strong> schizophrénie<br />

» ; Clau<strong>de</strong> Finkelstein, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong><br />

la FNAP Psy ; Philippe Quintin, psychiatre,<br />

mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> recherche clinique à l’Institut<br />

Lilly et Pierre-Ludovic Lavoine, psychiatre<br />

<strong>de</strong> secteur à l’Hôpital <strong>de</strong> la Queue-en-Brie.<br />

Philippe Quintin a ouvert le symposium en<br />

parlant <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong> la schizophrénie<br />

qui nécessite un dialogue entre les<br />

usagers et les professionnels médicaux et paramédicaux.<br />

Les psychiatres ont souvent l’impression<br />

que donner trop d’information peut<br />

nuire et qu’ils sont restreints par le secret professionnel.<br />

L’Institut Lilly a conçu <strong>de</strong>s brochures<br />

qui permettent aux infirmiers d’abor<strong>de</strong>r<br />

avec les patients le sujet <strong>de</strong> leur maladie.<br />

Alors que le modérateur a <strong>de</strong>mandé à Lucien<br />

s’il a été informé <strong>de</strong> sa maladie, ce <strong>de</strong>rnier<br />

décrit l’angoisse qu’il a éprouvée lors <strong>de</strong> son<br />

premier épiso<strong>de</strong> psychotique. On lui a dit qu’il<br />

<strong>de</strong>vait être hospitalisé. Il ne comprenait pas<br />

pourquoi. A l’hôpital, il se sentait emprisonné<br />

dans un « camp <strong>de</strong> concentration ». On lui a<br />

pris ses affaires. Il se sentait menacé par les<br />

autres patients qui lui paraissaient étranges.<br />

Le fait qu’on ne lui ait pas expliqué le contexte<br />

ni les raisons <strong>de</strong> son hospitalisation et qu’il<br />

n’ait pas vu <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin a renforcé une impression<br />

que tout était bizarre. Il <strong>de</strong>venait <strong>de</strong><br />

plus en plus méfiant et se sentait persécuté.<br />

Ne supportant plus l’angoisse croissante, il a<br />

agressé un infirmier.<br />

A la question : à quel moment vous a-t-on<br />

parlé <strong>de</strong> votre maladie ?, Lucien a répondu<br />

qu’il ne savait pas pouvoir poser <strong>de</strong>s questions.<br />

Il est sorti <strong>de</strong> l’hôpital sans aucune information<br />

sur son état et a reçu un bulletin<br />

d’hospitalisation avec <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s qu’il ne comprenait<br />

pas et il s’est dit que cela <strong>de</strong>vait être<br />

grave. La représentante <strong>de</strong> l’association <strong>de</strong>s<br />

usagers, atteinte d’une dépression, a relevé<br />

que les patients apprennent leur diagnostic<br />

par leurs médicaments. Au début elle avait<br />

arrêté son traitement parce qu’elle se croyait<br />

guérie. Selon elle, les usagers mettent environ<br />

trois ans à apprendre qu’ils sont mala<strong>de</strong>s,<br />

cinq ans pour le comprendre et accepter et<br />

dix ans pour commencer à vivre avec la maladie.<br />

Pour elle, c’est très important <strong>de</strong> connaître<br />

cette <strong>de</strong>rnière, d’être écouté, <strong>de</strong> savoir qu’on<br />

n’est pas le seul à en souffrir et <strong>de</strong> voir que<br />

son mé<strong>de</strong>cin connaît et comprend son état.<br />

Le représentant <strong>de</strong>s familles a parlé du choc<br />

lié à l’annonce <strong>de</strong> la maladie et du déni <strong>de</strong>s<br />

troubles. C’est une épreuve pour la famille.<br />

tuels en circulation) et leur « préhistoire »<br />

(les pratiques langagières <strong>de</strong> l’enfant dans<br />

l’oralité et en particulier celle du récit <strong>de</strong> fiction<br />

dans le « comme si » du jeu symbolique).<br />

Dans cet ouvrage, la réflexion porte<br />

sur la production-réception <strong>de</strong> textes d’un<br />

point <strong>de</strong> vue socio-historique en adaptant<br />

à l’enfant les notions d’intertextualité, d’« horizon<br />

d’attente », <strong>de</strong> mimésis, d’« effet esthétique<br />

» ; sur la façon dont trois enfants,<br />

aux styles contrastés dans le récit et le jeu<br />

en maternelle, entrent dans l’apprentissage<br />

<strong>de</strong> l’écrit en CP et vivent l’écrit en CE1.<br />

Leur comparaison à travers différentes activités<br />

langagières orales et écrites tend à<br />

montrer que la capacité à se dédoubler dans<br />

le « comme si », à monogérer un récit, à différencier<br />

les mo<strong>de</strong>s d’énonciation favorise<br />

l’entrée dans l’écrit. Cette démarche permet<br />

une alternative aux tests d’évaluation<br />

du langage oral et écrit chez l’enfant.<br />

Les proches sont amenés à rencontrer <strong>de</strong>s problèmes<br />

jusque dans leur travail, sont « à bout<br />

<strong>de</strong> souffle » et <strong>de</strong>viennent souvent dépressifs.<br />

Ils s’inquiètent <strong>de</strong> savoir qui prendra en charge<br />

leur proche quand ils ne seront plus là. Il trouve<br />

que la famille est aussi usager et appelle à un<br />

partenariat et un accompagnement, parce que<br />

la famille passe le plus <strong>de</strong> temps avec les patients.<br />

Dominique a restitué l’histoire d’un patient<br />

psychotique chronique qui a battu sa mère<br />

pour <strong>de</strong> l’argent. Après cet épiso<strong>de</strong>, il s’est<br />

considéré comme fils indigne, se sentait observé<br />

et accusé. Il se <strong>de</strong>mandait s’il était schizo :<br />

« Je prends un traitement antipsychotique<br />

donc je suis psychotique ». Il se <strong>de</strong>mandait<br />

s’il pouvait avoir <strong>de</strong>s enfants. Pour Dominique,<br />

la notion <strong>de</strong> la maladie est amenée à<br />

structurer la vie : « Tout est marqué par la<br />

schizophrénie ». Comme s’il n’y avait plus<br />

<strong>de</strong> place pour la personnalité en <strong>de</strong>hors d’elle.<br />

Il souligne la différence entre la prise en charge<br />

<strong>de</strong> la personne qui a une schizophrénie et <strong>de</strong><br />

celle qui est considérée comme schizophrène<br />

dans sa totalité et donc inchangeable. Il insiste<br />

sur la confiance et l’espace que les infirmiers<br />

doivent créer pour abor<strong>de</strong>r le sujet<br />

<strong>de</strong> la maladie.<br />

Pierre-Ludovic Lavoine a rappelé l’importance<br />

<strong>de</strong> l’aspect relationnel quand on donne<br />

<strong>de</strong>s informations sur la maladie et les effets<br />

secondaires <strong>de</strong>s médicaments. Il s’oppose à<br />

l’information totale et brute donnée sans tenir<br />

compte <strong>de</strong>s capacités à intégrer cette information.<br />

Pour lui, le schizophrène est une<br />

personne psychotique et non pas une personne<br />

avec schizophrénie. Il pense qu’on ne peut<br />

pas donner une information universelle et<br />

qu’il faut en parler au cas par cas. Il n’est pas<br />

simplement question <strong>de</strong> donner une information<br />

mais aussi <strong>de</strong> contenir le patient. Pour<br />

y arriver les professionnels médicaux et paramédicaux<br />

ont besoin <strong>de</strong> parler entre eux. Il<br />

trouve que les psychiatres ne parlent pas assez<br />

du diagnostic pour <strong>de</strong>s raisons idéologiques<br />

et humaines. Ils prennent en compte<br />

le désarroi <strong>de</strong> la famille. Ils ont aussi le fantasme<br />

que s’ils livrent toute l’information, les<br />

patients vont refuser le traitement et les soins.<br />

Cette peur peut venir du narcissisme et <strong>de</strong><br />

l’omnipotence liés à l’image du psychiatre<br />

comme guérisseur et sauveteur qui ne peut<br />

pas nuire ou frustrer. Le message que le psychiatre<br />

adresse au patient est qu’il peut vivre<br />

et faire avec la psychose. Durant la discussion<br />

quelqu’un a <strong>de</strong>mandé à Lucien ce qui lui<br />

a permis d’avancer malgré la maladie. C’est<br />

le travail adapté et le soutien. Maintenant il<br />

est en retraite.<br />

Une intervenante a reproché au psychiatre<br />

d’avoir dit que le psychiatre se « coltine » le<br />

patient. Elle a expliqué que le psychiatre doit<br />

d’abord accepter l’angoisse du patient, puis<br />

la transformer et la rendre pour qu’il puisse<br />

se reconstituer.<br />

Une autre participante a expliqué qu’elle avait<br />

17 ans quand elle a appris la maladie <strong>de</strong> sa<br />

sœur. Elle est <strong>de</strong>venue d’abord secrétaire médicale,<br />

puis infirmière pour mieux connaître<br />

et faire avec la maladie qui lui faisait peur.<br />

Sa sœur a eu <strong>de</strong>ux enfants qui ont été placés<br />

parce qu’elle n’a jamais su construire une famille<br />

et « vit toujours dans le vi<strong>de</strong> ».<br />

La discussion a été vive et nourrie et s’est terminée<br />

sur l’idée <strong>de</strong>s usagers que même les<br />

personnes délirantes ont une part d’eux-mêmes<br />

à laquelle on peut et on doit s’adresser.<br />

L’information, l’échange et le soutien facilitent<br />

pour le patient l’acceptation <strong>de</strong> la maladie<br />

et lui permettent <strong>de</strong> vivre avec elle. ■<br />

V. Petkov<br />

*Symposium <strong>de</strong> l’Institut Lilly en partenariat avec la<br />

revue Santé Mentale, organisé dans le cadre du Salon<br />

Infirmier 2001 à Paris Expo-Hall 7, le 17 mai 2001.<br />

L’IGAS PRÉCONISE UN PLAN DE SANTÉ MENTALE<br />

Dans son rapport annuel 2001 « Institutions sociales face aux usagers », l’Inspection générale<br />

<strong>de</strong>s affaires sociales (IGAS) consacre une quinzaine <strong>de</strong> pages à la psychiatrie sous<br />

<strong>de</strong>ux aspects.<br />

La présence aux urgences générales d’un infirmier psychiatrique ou l’astreinte d’un psychiatre<br />

est citée en exemple d’une bonne organisation du service public, afin <strong>de</strong> toucher<br />

le public « là où il se trouve ». « Une bonne prise en charge aux urgences et l’orientation<br />

rapi<strong>de</strong> vers un service hospitalier ou ambulatoire psychiatrique <strong>de</strong> bon niveau permettent<br />

un meilleur pronostic pour la suite <strong>de</strong>s soins ».<br />

L’IGAS souligne « la nécessité d’offrir <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> soins extra-hospitalières facilement<br />

accessibles, certaines étant accessibles sans ren<strong>de</strong>z-vous ni adressage, les autres<br />

avec <strong>de</strong>s délais d’obtention <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous qui ne soient pas dissuasifs, tant pour la première<br />

consultation avec un psychiatre que pour les psychothérapies avec <strong>de</strong>s psychologues<br />

». Soulignant les problèmes d’effectifs, L’IGAS préconise l’élaboration d’un plan<br />

pour la santé mentale dégageant <strong>de</strong>s objectifs, pour le moyen et le long termes, « en termes<br />

<strong>de</strong> réponse à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s usagers en termes <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s soins, <strong>de</strong> travail en réseau,<br />

supposant <strong>de</strong> fournir aux équipes les moyens en personnels nécessaires ».<br />

Adolescents : structurer la prise en charge<br />

Le rapport consacre quelques pages à la prise en charge <strong>de</strong>s adolescents, qui souffre d’un<br />

manque d’actions coordonnées entre l’Education nationale, les services <strong>de</strong> pédiatrie, la<br />

protection maternelle et infantile, les services sociaux et familiaux et le secteur <strong>de</strong> psychiatrie<br />

infanto-juvénile. S’appuyant sur plusieurs témoignages, l’IGAS recomman<strong>de</strong> la<br />

création dans chaque zone sanitaire d’un « projet commun et partagé d’accueil et <strong>de</strong><br />

prise en charge spécifiques <strong>de</strong>s adolescents par les équipes <strong>de</strong> psychiatrie infanto-juvénile<br />

et adulte ».<br />

Une « équipe d’intervention en santé mentale pour les adolescents » <strong>de</strong>vrait être constituée<br />

pour un secteur géographique déterminé, dont l’action serait relayée par un centre<br />

<strong>de</strong> crise et <strong>de</strong>s consultations médico-psychologiques spécifiques pour adolescents (séparées<br />

<strong>de</strong>s structures pour enfants ou pour adultes). Le rôle <strong>de</strong> chaque intervenant institutionnel<br />

<strong>de</strong>vrait être défini précisément, au sein d’un réseau institutionnalisé. Actuellement,<br />

l’isolement <strong>de</strong>s parents est important, tant en raison <strong>de</strong> l’incompréhension <strong>de</strong> la<br />

maladie psychiatrique que <strong>de</strong>s difficultés à trouver une prise en charge adaptée.<br />

Ayant enquêté dans quatre secteurs <strong>de</strong> psychiatrie, les inspecteurs <strong>de</strong> l’IGAS notent que<br />

psychiatrie adulte et psychiatrie infanto-juvénile « s’ignorent » et que les relations entre<br />

la psychiatrie et les services <strong>de</strong> la protection judiciaire <strong>de</strong> la jeunesse et <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale<br />

à l’enfance ne sont pas satisfaisantes en termes <strong>de</strong> coordination. ■<br />

F.C.<br />

* Les institutions sociales face aux usagers, rapport annuel 2001 <strong>de</strong> l’IGAS, disponible à la Documentation<br />

française, tél : 01 40 15 70 00, prix: 150,87 F.


LIVRES<br />

Mathématiques, ma chère<br />

terreur<br />

Anne Siety<br />

Calmann Lévy<br />

ou<br />

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir<br />

sur les mathématiques, sans jamais<br />

osé le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r…<br />

Qui n’a jamais ressenti ce moment <strong>de</strong> vacillement<br />

<strong>de</strong>vant un énoncé mathématique<br />

quand la pensée se brouille et le « blocage »<br />

s’installe ?<br />

Le paradoxe même du titre indique d’emblée<br />

que le livre d’Anne Siety explore le lien<br />

complexe, ambivalent et intense, qui inscrit<br />

chacun <strong>de</strong> nous dans le mon<strong>de</strong> mathématique.<br />

Les mathématiques, science exacte,<br />

dite aussi « science dure », matière froi<strong>de</strong>,<br />

inhumaine, ne seraient-elles pas, au contraire,<br />

trop humaines ?<br />

Son expérience <strong>de</strong> clinicienne - les vignettes<br />

cliniques foisonnent tout au long du livre -<br />

lui permet <strong>de</strong> faire le chemin qui, partant <strong>de</strong><br />

l’abstraction mathématique, remonte aux origines<br />

corporelles d’où elle est issue. C’est<br />

en comptant sur ses doigts que l’enfant entre<br />

dans le co<strong>de</strong> mathématique qui en gar<strong>de</strong><br />

cette trace fondamentale que nous comptons<br />

en base dix parce que nous avons dix<br />

doigts.<br />

Les élèves qui viennent consulter pour un<br />

« blocage en mathématique » souffrent : sur<br />

un point précis leur pensée les lâche, cette<br />

discipline leur <strong>de</strong>vient hostile, inaccessible,<br />

radicalement étrangère. L’écart semble irréductible<br />

et l’élève est lui-même étranger à<br />

ses propres difficultés : c’est la matière qui<br />

est en cause, elle est d’un autre mon<strong>de</strong>. Pour<br />

la plupart <strong>de</strong>s « traumathisés », l’horreur mathématique<br />

c’est l’abstraction. Et pour cause,<br />

accé<strong>de</strong>r à l’abstraction passe par un travail<br />

douloureux <strong>de</strong> séparation. Anne Siety en décrit<br />

les étapes dont elle retrouve les stigmates<br />

chez ses élèves. L’apprentissage <strong>de</strong>s mathématiques<br />

exige d’abandonner successivement<br />

différents supports : pour concevoir<br />

un nombre il faut se détacher <strong>de</strong>s objets qui<br />

l’ont d’abord incarné (passer <strong>de</strong> trois pommes<br />

au chiffre trois) ; puis le chiffre lui-même doit<br />

cé<strong>de</strong>r sa place à la lettre pour accé<strong>de</strong>r au<br />

calcul littéral (n).<br />

Le travail « psycho-pédagogique » que mène<br />

l’auteur, consiste à rétablir les liens entre les<br />

mathématiques et leurs coordonnées humaines.<br />

Considérant que l’abstraction fait<br />

violence à l’élève en l’obligeant à se séparer<br />

<strong>de</strong>s données concrètes, elle réintroduit <strong>de</strong><br />

la vie sous forme <strong>de</strong> contes, <strong>de</strong> jeux, d’émotions.<br />

Elle abor<strong>de</strong>ra le mystère <strong>de</strong> l’équation<br />

à une inconnue (x), en l’incarnant par le biais<br />

<strong>de</strong> billes cachées dans la main : c’est l’étape<br />

du « mi-abstrait, mi-concret ». Travailler un<br />

problème mathématique peut déboucher sur<br />

l’évocation du conflit avec le grand frère et,<br />

à contrario, ces évocations personnelles en<br />

décollant l’élève <strong>de</strong> l’énoncé qui suscite le<br />

blocage en permettent la résolution. Rétablir<br />

ce lien passe par la parole du thérapeute<br />

qui évoque, explicite, commente ce passage<br />

et invite l’élève à dire ce qu’il ressent. Bien<br />

que l’auteur, dans un souci <strong>de</strong> rigueur, précise<br />

qu’il ne s’agit pas <strong>de</strong> psychothérapie<br />

mais bien <strong>de</strong> mathématiques, on perçoit au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’effet pédagogique les inci<strong>de</strong>nces<br />

psychologiques sur l’angoisse et l’inhibition,<br />

en général. « Les métaphores, récits et autres<br />

inventions construits à propos d’un énoncé<br />

mathématique offrent en eux-mêmes une<br />

ouverture sur la vie. Ils permettent <strong>de</strong> désenkyster<br />

le message humain dissimulé dans<br />

l’erreur mathématique ».<br />

Anne Siety nous éclaire sur ces impasses<br />

mathématiques - qui résonnent vivement<br />

chez certains d’entre nous - avec un humour<br />

constant. La composante ludique <strong>de</strong> son<br />

abord <strong>de</strong>s mathématiques et son inventivité<br />

permanente au service <strong>de</strong> ses élèves ren<strong>de</strong>nt<br />

la lecture <strong>de</strong> son livre réjouissante.<br />

Isabelle Andreu<br />

Freud et la tradition mystique<br />

juive<br />

Dacid Bakan<br />

Petite Bibliothèque Payot<br />

« L’œuvre psychanalytique <strong>de</strong> Freud fut une<br />

magnifique explosion <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> durée, dans<br />

une vie qui, comme le dit Freud lui-même,<br />

quand il parle <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> ses activités<br />

médicales, était engagée dans une toute<br />

autre direction. L’hypothèse que nous avons<br />

proposée (...) est que dans cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

transition, Freud prit contact avec la tradition<br />

mystique juive, en tant que partie intégrante<br />

<strong>de</strong> sa personnalité et <strong>de</strong> sa culture ». Voici<br />

l’idée <strong>de</strong> base du livre <strong>de</strong> David Bakan, qui<br />

est paru en traduction française pour la première<br />

fois en 1963. Il s’agit pour l’auteur <strong>de</strong><br />

réexaminer les origines <strong>de</strong> Freud, son appartenance<br />

à un milieu socio-culturel tout à<br />

fait unique <strong>de</strong> la Vienne <strong>de</strong> la fin du 19 ème et<br />

du début <strong>de</strong> 20 ème siècle, en complétant<br />

quelques aspects moins développés dans<br />

la biographie <strong>de</strong> référence (E. Jones). La famille<br />

<strong>de</strong> Freud était une famille <strong>de</strong> migrants.<br />

De la Galicie, en passant par la Moravie du<br />

sud, où est né Sigmund, puis à Vienne, il aurait<br />

persisté, selon D. Bakan, une tradition<br />

empreinte <strong>de</strong> mysticisme juif. Cette tradition,<br />

quoique jamais clairement exprimée par lui,<br />

pourrait être intimement liée chez Freud à<br />

ses découvertes majeures concernant la psychanalyse.<br />

Sa façon <strong>de</strong> s’exprimer <strong>de</strong> manière<br />

obscure sur certaines <strong>de</strong> ses motivations,<br />

conscientes ou inconscientes, ou sa<br />

pratique <strong>de</strong> la psychanalyse didactique, ressemblent<br />

à la tradition orale <strong>de</strong> la transmission<br />

<strong>de</strong> la Kabbale. Cette attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Freud,<br />

peut-être consciente seulement en partie,<br />

la « dissimulation » <strong>de</strong>s influences mystiques<br />

juives, malgré une acceptation claire et maintes<br />

fois exprimée <strong>de</strong> sa judéïté, a pu être conditionnée<br />

par l’antisémitisme ambiant <strong>de</strong> la société<br />

viennoise.<br />

Le milieu mystique juif et son évolution au<br />

cours <strong>de</strong> l’histoire sont décrits avec beaucoup<br />

<strong>de</strong> clarté et un excellent sens <strong>de</strong> synthèse,<br />

puisant dans l’œuvre princeps <strong>de</strong> G.<br />

Scholem (Les grands courants <strong>de</strong> la mystique<br />

juive, Payot, 1983). Au sein <strong>de</strong> chaque<br />

pério<strong>de</strong>, Bakan extrait les courants <strong>de</strong> pensée<br />

qui auraient pu influencer Freud dans<br />

l’élaboration <strong>de</strong> la pensée psychanalytique.<br />

Ainsi, <strong>de</strong>puis la gnose juive <strong>de</strong>s premiers<br />

siècles, jusqu’à l’âge d’or <strong>de</strong> la Kabbale mo<strong>de</strong>rne,<br />

au 13 ème et 16 ème siècles, est présente<br />

l’idée d’un certain danger pour l’étudiant<br />

solitaire et non initié, d’être submergé<br />

par cette nouvelle connaissance. Les métho<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> méditation, montrant une certaine<br />

analogie avec la métho<strong>de</strong> d’associations<br />

libres, mènent à « une extase intellectuelle<br />

qu’on peut i<strong>de</strong>ntifier à la connaissance psychanalytique<br />

». L’objet <strong>de</strong> l’interprétation kabbalistique<br />

est d’abord la Thora, puis le processus<br />

s’élargit sur la personne du Messie,<br />

mais aussi à tous les mots et gestes <strong>de</strong>s<br />

hommes saints <strong>de</strong>s hassids. La psychanalyse<br />

élargit l’interprétation à tout individu. Les<br />

terribles pogroms d’Europe orientale au 17 ème<br />

siècle ont amené le mouvement mystique<br />

sabbataïque : le renouveau du messianisme<br />

et l’encouragement à l’exploration <strong>de</strong>s régions<br />

interdites <strong>de</strong> l’expérience humaine.<br />

Puis, le concept hassidique <strong>de</strong> liberté individuelle<br />

a contribué à forger, pour la génération<br />

<strong>de</strong> Sigmund Freud, le pont vers le grand<br />

courant <strong>de</strong> la civilisation occi<strong>de</strong>ntale.<br />

La nature bisexuée <strong>de</strong> l’homme, l’importance<br />

<strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong>s rêves dans la tradition<br />

kabbalistique, le symbole « surmoïque » du<br />

Diable sont autant d’exemples d’autres liens<br />

que D. Bakan trouve entre les pensées mystique<br />

et psychanalytique.<br />

Une partie importante du livre concerne la<br />

figure <strong>de</strong> Moïse, qui domine en quelque sorte<br />

les personnages auxquels Freud fait appel<br />

dans ses œuvres. Comme le remarque M.-<br />

A. Ouaknin (Bibliothérapie, Seuil, 1994), la<br />

question du Moïse est celle <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité. Estil<br />

égyptien ou hébreu ? Freud est-il juif fidèle<br />

(même inconsciemment) à la tradition mystique<br />

ou juif autrichien cultivé ? Voici l’interrogation<br />

i<strong>de</strong>ntitaire qui traverse ce livre intéressant.<br />

Interrogation qui, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />

personne <strong>de</strong> Sigmund Freud, gar<strong>de</strong> son actualité.<br />

Eva Hemon<br />

La <strong>de</strong>structivité chez l’enfant et<br />

l’adolescent<br />

Clinique et accompagnement<br />

Jean-Yves Hayez<br />

Dunod<br />

Dans cet ouvrage, J.-Y. Hayez décrit la nature<br />

<strong>de</strong>s transgressions et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions,<br />

et leur rapport avec les pulsions agressives<br />

et sexuelles. Il analyse les réactions qu’elles<br />

provoquent chez les adultes et propose <strong>de</strong><br />

stimuler le désir d’une vraie convivialité, qui<br />

permette à chaque jeune <strong>de</strong> développer, dans<br />

un projet <strong>de</strong> vie personnel, ce qui ne nie pas<br />

autrui. Il montre que l’accompagnement d’un<br />

jeune auteur <strong>de</strong> transgressions préoccupantes<br />

se répartit sur trois axes : sanctionner<br />

ses actes et l’intentionnalité, manifester<br />

<strong>de</strong> la sollicitu<strong>de</strong>, afin d’amplifier les ressources<br />

positives et <strong>de</strong> remédier à la pathologie, manifester<br />

la même sollicitu<strong>de</strong> avec les mêmes<br />

visées pour ses systèmes <strong>de</strong> vie. Enfin, une<br />

troisième partie montre comment les transgressions<br />

s’ordonnent autour <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

fonctionnement <strong>de</strong> la personnalité.<br />

L’empathie et la rencontre<br />

interculturelle<br />

Sous la direction d’Adam Kiss<br />

L’Harmattan<br />

L’empathie ou intropathie (Einfühlung) se définit<br />

dans la psychologie philosophique <strong>de</strong><br />

l’idéalisme romantique comme la connaissance<br />

esthétique d’objets auxquels on attribue<br />

<strong>de</strong>s sentiments, puis comme autoprotection<br />

sentimentale, « sympathie symbolique »<br />

(V. Basch). L’empathie apparaît, dans le dic-<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001 11<br />

tionnaire <strong>de</strong> Laplanche et Pontalis à l’entrée<br />

« i<strong>de</strong>ntification ». Pour C. Rogers, la compréhension<br />

empathique crée l’atmosphère<br />

qui permet l’épanouissement et le développement.<br />

Selon J. Broome, l’empathie construit<br />

une troisième culture entre ceux qui, d’origines<br />

différentes, se mettent à communiquer.<br />

Mais la souffrance, le désespoir chez l’autre<br />

et certains affects réveillés peuvent limiter,<br />

voire empêcher, l’empathie (J. Cosnier) qui<br />

n’est qu’une condition préalable, nécessaire<br />

mais insuffisante <strong>de</strong> la rencontre (G. Marandon).<br />

Les étu<strong>de</strong>s présentées ici invitent à<br />

l’approche critique <strong>de</strong>s situations où l’empathie,<br />

éprouvée, s’exprime ou, au contraire,<br />

fait défaut. Elles appellent, et commencent<br />

à instrumentaliser l’observation du rapport<br />

entre l’empathie ressentie (en situation thérapeutique<br />

et en <strong>de</strong>hors, lors d’autres rencontres,<br />

notamment interculturelles).<br />

Avec la participation <strong>de</strong> D. Bertrand, A.M.C. Cacou, A.<br />

Lamessi, G. Marandon, B. Martinelli, J.P. Paillas, G.<br />

Pirlot, O. Reveyrand-Coulon.<br />

Usagers <strong>de</strong> la psychiatrie : <strong>de</strong> la<br />

disqualification à la dignité<br />

L’Advocacy pour soutenir leur<br />

parole<br />

Martine Dutoit-Sola et Clau<strong>de</strong> Deutsch<br />

Erès<br />

Le terme « advocacy » désigne un mo<strong>de</strong><br />

d’ai<strong>de</strong> à l’expression <strong>de</strong> personnes qui<br />

s’estiment victimes d’un préjudice, qui se<br />

sentent mal écoutées et insuffisamment<br />

respectées par leurs interlocuteurs institutionnels,<br />

ou qui rencontrent <strong>de</strong>s obstacles à<br />

l’exercice <strong>de</strong> leur pleine citoyenneté. Il s’agit<br />

d’une pratique <strong>de</strong> médiation sociale qui introduit<br />

un tiers, amplifiant la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du patient<br />

usager, sans parler à sa place, et qui<br />

permet ainsi aux différents points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong><br />

trouver un ajustement dans un dialogue respectueux.<br />

L’association Advocacy-France a<br />

pour but <strong>de</strong> soutenir les recours dans les situations<br />

d’exclusion, <strong>de</strong> ségrégation, <strong>de</strong> mesures<br />

privatives <strong>de</strong> liberté individuelle. Composée<br />

d’usagers et <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> la<br />

santé mentale, elle développe <strong>de</strong>s actions<br />

collectives, coopératives et solidaires aussi<br />

différents soient-ils, dans leurs statuts ou<br />

leur expérience. Dans l’Europe du nord, la<br />

pratique <strong>de</strong> l’advocacy s’est largement développée<br />

<strong>de</strong>puis une dizaine d’années, sous<br />

<strong>de</strong>s formes variées, à travers les collectifs<br />

d’usagers ou par l’intermédiaire d’une personne<br />

advocate, ou <strong>de</strong> l’ombudsman. En<br />

France, le stigmate <strong>de</strong> la maladie mentale<br />

est fort et la tradition paternaliste du soin dominante.<br />

Les auteurs exposent ici leurs actions<br />

pour convaincre <strong>de</strong> la crédibilité <strong>de</strong>s<br />

objectifs et <strong>de</strong>s moyens mis en œuvre par<br />

l’association.<br />

LE CENTRE HOSPITALIER SPÉCIALISÉ<br />

Roger Prévot<br />

Recherche pour le secteur <strong>de</strong> psychiatrie adulte<br />

<strong>de</strong> Levallois-Perret (92)<br />

Un praticien Hospitalier à temps plein à titre provisoire<br />

pour <strong>de</strong>s responsabilités intra et extra-hospitalières<br />

Adresser candidature et CV à :<br />

Monsieur le Directeur<br />

Centre Hospitalier Spécialisé Roger Prévot<br />

52 rue <strong>de</strong> Paris, 95570 Moisselles<br />

Tél. : 01 39 35 65 23 ou 22


12<br />

LE JOURNAL DE NERVURE N° 6 - SEPTEMBRE 2001<br />

LIVRES<br />

Manuel <strong>de</strong> soins palliatifs<br />

Coordonné par Dominique Jacquemin<br />

2 e édition<br />

Dunod<br />

Cette nouvelle édition mise à jour et augmentée,<br />

témoigne d’une volonté interdisciplinaire<br />

et transversale avec pour but d’embrasser<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la<br />

démarche d’accompagnement et <strong>de</strong> donner<br />

aux soignants et aux accompagnants<br />

(mé<strong>de</strong>cins, infirmières, ai<strong>de</strong>s-soignantes,<br />

psychologues, kinésithérapeutes, bénévoles,<br />

religieux), les outils qui permettent<br />

<strong>de</strong> faire face à la douleur « totale » <strong>de</strong>s patients<br />

en fin <strong>de</strong> vie. Cet ouvrage rappelle<br />

aux professionnels que leur fonction est non<br />

seulement <strong>de</strong> guérir, mais également d’accompagner.<br />

La rencontre, singulière et douloureuse,<br />

avec celui qui meurt, nécessite<br />

<strong>de</strong> plus en plus une collaboration, qui rend<br />

possible la communication entre les différents<br />

intervenants auprès du mala<strong>de</strong> et la<br />

prise en charge globale <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.<br />

Animer un groupe d’entrai<strong>de</strong><br />

pour personnes en <strong>de</strong>uil<br />

Annick Ernoult et Dominique Davous<br />

L’Harmattan<br />

Ce livre qui s’adresse, en priorité, aux futurs<br />

animateurs <strong>de</strong> groupes d’entrai<strong>de</strong> qu’ils<br />

soient professionnels ou non, leur fournit<br />

<strong>de</strong>s repères et <strong>de</strong>s outils. Il est le fruit du travail<br />

d’une équipe, réalisé entre 1993 et 2000,<br />

par les animateurs <strong>de</strong> groupes pour parents<br />

en <strong>de</strong>uil : Apprivoiser l’absence, créés dans<br />

le cadre <strong>de</strong> l’association « Choisir l’espoir ».<br />

Ont également participé à ce livre plusieurs<br />

associations impliquées dans l'accompagnement<br />

du <strong>de</strong>uil : l’association « Naître et<br />

Vivre », l’association « Vivre son Deuil » et le<br />

Centre François-Xavier Bagnoud.<br />

Observer un bébé avec<br />

attention ?<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Michel Dugnat<br />

Erès<br />

Cet ouvrage dresse un panorama <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

d’observations <strong>de</strong> bébés dans toutes<br />

leurs dimensions et en mesure les enjeux.<br />

Il va <strong>de</strong> l’observation selon la métho<strong>de</strong> d’Esther<br />

Bick (qui intègre la subjectivité <strong>de</strong> l’observateur)<br />

à l’observation éthopsychologique<br />

et aux diverses métho<strong>de</strong>s objectivantes<br />

(ADBB...), en passant par l’observation inspirée<br />

<strong>de</strong> l’approche d’Emmi Pikler à Loczy<br />

(Budapest) et l’observation <strong>de</strong> l’allaitement<br />

selon Eva Sulcova (Prague) traduite pour<br />

la première fois en français. L’accent est<br />

mis sur la nécessité <strong>de</strong> la formation à ces<br />

techniques, sur leurs objectifs et leurs limites,<br />

mais aussi sur l’éthique <strong>de</strong> l’observation<br />

et ses implications institutionnelles.<br />

Léger-Marie Deschamps<br />

Un philosophe entre lumières et<br />

oubli<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Eric Puisais<br />

L’Harmattan<br />

Deschamps prend, au sein <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong><br />

la philosophie <strong>de</strong>s Lumières, une part importante<br />

que, pourtant, on ne lui accor<strong>de</strong><br />

que rarement. Cet ouvrage, sans prétendre<br />

rendre la part qui est due au philosophe,<br />

tente <strong>de</strong> mieux le faire connaître. Son système<br />

philosophique, proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s<br />

matérialistes, dont on a prétendu qu’il était<br />

précurseur <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Hegel, met en avant<br />

une grammaire métaphysique visant à réformer<br />

radicalement la société, la libérant<br />

<strong>de</strong>s lois tant civiles que religieuses, pour<br />

établir un « état <strong>de</strong> mœurs » nouveau.<br />

ANNONCES EN BREF<br />

19 au 21 septembre 2001. Lille. Congrès du<br />

GFEP et du GEPS sur le thème : Résiliences<br />

et facteurs <strong>de</strong> santé à l’école, au travail, au<br />

len<strong>de</strong>main du geste suicidaire. Inscriptions :<br />

Mlle Sophie Sueur,286 rue Kléber, 59155<br />

Faches Thumesnil. tél. : 03 20 62 07 28. Fax :<br />

03 20 96 32 10. E-mail : ssueur@epsm-lillemetropole.fr.<br />

29 septembre 2001. Chambéry. XIV ème Journée<br />

<strong>de</strong> Chambéry organisée par le Cercle<br />

d’Etu<strong>de</strong>s Psychanalytiques <strong>de</strong>s Savoie, l’Association<br />

grenobloise <strong>de</strong> psychanalyse et le<br />

Groupe Lyonnais Société Psychanalytique<br />

<strong>de</strong> Paris, sur le thème : L’hystérie aujourd’hui.Sa<br />

clinique, ses frontières, l’apport <strong>de</strong><br />

la psychanalyse. Renseignements : fax :<br />

04 79 85 34 11. E-mail : CEPS-SPP@netcourrier.com.<br />

4 octobre 2001. Boulogne sur Mer. Rencontres<br />

médico-psychologiques <strong>de</strong> Boulogne<br />

sur Mer sur le thème : L’infirmier en psychiatrie,<br />

aujourd’hui. Renseignements et inscriptions<br />

: Secrétariat, Mme Wacogne. Tél :<br />

03 21 99 30 36. Fax : 03 21 99 60 58.<br />

4 au 6 octobre 2001. Caen. XVIII e Congrès<br />

<strong>de</strong> la Société Française <strong>de</strong> Psycho-Oncologie<br />

sur le thème : Place <strong>de</strong>s groupes en psycho-oncologie.<br />

Renseignements et inscriptions<br />

: Caen Expo-Congrès, Congrès <strong>de</strong><br />

Psycho-Oncologie, Marine Brochereaux, BP<br />

6260, 14065 Caen Ce<strong>de</strong>x. Tél. : 02 31 85 10 20.<br />

Fax : 02 31 50 15 12.<br />

5 et 6 octobre 2001. Clermont-Ferrand.<br />

Congrès « Europadolescence » sur le thème :<br />

Forum <strong>de</strong> l’adolescent, famille et société. Mo<strong>de</strong>rnités<br />

<strong>de</strong> l’Adolescence, organisé par Les<br />

Cahiers <strong>de</strong> l’Enfance et <strong>de</strong> l’Adolescence publication<br />

<strong>de</strong> SB Organisation, 33 rue <strong>de</strong> la<br />

Chapelle, 75018 Paris. Tél. : 01 42 09 99 18.<br />

Fax : 01 40 38 01 08. E-mail : s.b.o.@wanadoo.fr.<br />

13 octobre 2001. Paris. Le Groupe International<br />

du Rêve-Eveillé en Psychanalyse organise<br />

une journée d’étu<strong>de</strong> sur le thème :<br />

Imaginaire et inconscient. Renseignements<br />

et inscriptions : GIREP, 80 rue <strong>de</strong> Vaugirard,<br />

75006 Paris. Tél. : 01 42 22 75 14. E-mail :<br />

girep@girep.com. Site web : www.girep.com.<br />

20 et 21 octobre 2001. Paris. Colloque organisé<br />

par le Collège International <strong>de</strong> Psychanalyse<br />

et d’Anthoropologie sur le thème :<br />

D’un siècle à l’autre : La violence en héritage,<br />

perspectives psychanalytiques et anthropologiques.<br />

Renseignements et inscriptions :<br />

Henri-Pierre Bass, 7 rue <strong>de</strong> Madagascar,<br />

75012 Paris. Tél. : 01 43 40 57 84.<br />

25 octobre 2001. Villejuif. 4 ème Colloque National<br />

organisé par l’Association Nationale<br />

<strong>de</strong>s Hospitaliers, Pharmaciens et Psychiatres<br />

LE JOURNAL<br />

✂<br />

DE<br />

sur le thème : L’hygiène hospitalière et accrédition.<br />

Des pratiques aux procédures entre<br />

formalisme et réappropriation. Inscription :<br />

M. Mounier-Sibeud, Trésorier <strong>de</strong> l’ANHPP,<br />

Pharmacie, EPS Perray-Vaucluse, 91360 Epinay<br />

sur Orge. Tél. : 01 69 25 42 88. Fax :<br />

01 69 25 42 82.<br />

1 au 4 novembre 2001. Londres. 1 st European<br />

Psychoanalytic Film Festival organised<br />

by The British Psychoanalytical Society.<br />

Enquiries : (+44) (0) 20 7563 5017.<br />

113367.3602@compuserve.com. www.psychoanalysis.org.uk/epff.<br />

8 au 10 novembre 2001. Nice. 20 èmes Rencontres<br />

Franco-Maghrébines <strong>de</strong> <strong>Psychiatrie</strong><br />

sur le thème : Culture et psychopathologie.<br />

Secrétariat : Pr G. Darcourt, 19 rue Rossini,<br />

06000 Nice. Tél./Fax : 04 93 82 12 59. E-mail :<br />

guy.darcourt@wanadoo.fr.<br />

24 novembre 2001. Paris. Journée organisée<br />

par l’Institut d’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Systèmes Familiaux<br />

sur le thème : Approches familiales<br />

éco-systémiques en psychiatrie publique. Inscription<br />

: Gisèle Béquet, 6 rue Deroisin, 78000<br />

Versailles.<br />

7 et 8 décembre 2001. Lyon. 12 ème Congrès<br />

<strong>de</strong> l’Association ANCRE-PSY sur le thème :<br />

Secrets et confi<strong>de</strong>nces. Renseignements :<br />

Secrétariat du Dr Angelo Poli, Centre Hospitalier,<br />

rue H.B. Porret, 69450 St Cyr au Mont<br />

d’Or. Tél. : 04 78 22 00 06. Fax : 04 72 42 20 65.<br />

Communication libre à adresser au Dr Dominique<br />

Brengard, CMP, 12 rue Chomel, 75007<br />

Paris. Tél. : 01 42 22 70 70. Fax : 01 42 22 33 58.<br />

14 et 15 décembre 2001. Paris. 29 èmes Journées<br />

Scientifiques <strong>de</strong> Thérapie Comportementale<br />

et Cognitive. Renseignements et inscriptions<br />

: AFTCC, Secrétariat administratif,<br />

29 èmes Journées Scientifiques, 100 rue <strong>de</strong> la<br />

Santé, 75674 Paris Ce<strong>de</strong>x 14.<br />

14 et 15 décembre 2001. Paris. Forum Européen<br />

avec la participation <strong>de</strong> ASUD (Auto<br />

Support <strong>de</strong>s Usagers <strong>de</strong>s Drogues), coordinateur<br />

scientifique François Xavier Colle, sur<br />

le thème : Un autre regard sur les drogues.<br />

Inscription : SB Organisation, Un autre regard<br />

sur les drogues, 36 rue Jacques Kellener,<br />

75017 Paris. Tél. : 01 58 60 25 35. Fax :<br />

01 58 60 25 40. E-mail : sborg@wanadoo.fr.<br />

25 et 26 janvier 2002. Pau. 13 èmes Journées<br />

<strong>de</strong> l’AFERUP sur le thème : Urgences psychiatriques<br />

et violences plurielles. Renseignements<br />

et inscriptions : Dr H. Villeneuve,<br />

Mlle M.P. Tallon, Mlle Ch. Bedout, SAAU, 29<br />

ave. Maréchal Leclerc, BP 1504, 64039 Pau<br />

Ce<strong>de</strong>x. Tél. : 05 59 80 94 60. Fax : 05 59 80 95 01.<br />

3 au 9 février 2002. La Havane, Cuba. Congrès<br />

<strong>de</strong> <strong>Psychiatrie</strong> sur le thème : Le corps en psychiatrie.<br />

Prési<strong>de</strong>nt Pr M. Ferreri, coordinateur<br />

Dr Ph. Nuss. Renseignements et inscriptions :<br />

Groupe Equatour, Isabelle Anne Autret,<br />

57 bd <strong>de</strong> Montmorency, 75016 Paris. Tél. :<br />

01 53 92 59 55. Fax : 01 53 92 59 50. E-mail :<br />

isabelle.autret@equatour.net.<br />

6 et 7 mai 2002. Damas, Syrie. VII ème Colloque<br />

International <strong>de</strong> Psychosomatique<br />

organisé par le Centre International <strong>de</strong> Psychosomatique<br />

sur le thème : Psychosomatique<br />

: nouvelles perspectives. Renseignements<br />

et inscriptions : CIPS, 56 avenue Mozart,<br />

75016 Paris, les mardi, jeudi et vendredi. Tél. :<br />

01 42 30 99 41. Fax : 01 45 20 28 75. E-mail :<br />

c.i.p.s@free.fr.<br />

15 et 16 mars 2002. Pau. Sur le thème Art-<br />

Thérapies et Personnes Agées : <strong>de</strong> l’expression<br />

au lien social, Rencontres <strong>de</strong> la Société<br />

Internationale <strong>de</strong> Psychopathologie <strong>de</strong> l’Expression<br />

et d’Art-Thérapie. Information et proposition<br />

<strong>de</strong> communication : Dr Guy Roux,<br />

SIPE, 27 rue du Maréchal Joffre, 64000 Pau.<br />

Tél./Fax : 05 59 27 69 74. E-mail : sipearther@aol.com.<br />

12 au 14 juin 2002. Avignon. Journées <strong>de</strong> l’Association<br />

Nationale <strong>de</strong> Recherche et d’Etu<strong>de</strong>s<br />

en <strong>Psychiatrie</strong> (ANREP) sur le thème : La psychiatrie<br />

est-elle politiquement correcte ?<br />

Renseignements : Association Nationale <strong>de</strong><br />

Recherche et d’Etu<strong>de</strong>s en <strong>Psychiatrie</strong>, 3 rue<br />

Limasset, 84000 Avignon. E-mail : barbier @<br />

wanadoo.fr. Tél. Annie Chervin 04 90 34 19 60.<br />

Fax : 04 90 51 19 14.<br />

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Le déprimé et l’amour<br />

Cent Psychiatres<br />

L’Esprit du Temps<br />

La collection « Les imaginaires » nous offre<br />

une œuvre originale sur le thème du <strong>de</strong>primé<br />

et l’amour. Originale, car les nouvelles<br />

qui constituent ce recueil ont été<br />

écrites par <strong>de</strong>s psychiatres et choisies par<br />

un jury constitué à parts égales <strong>de</strong> psychiatres<br />

et d’écrivains. Cela donne un livre<br />

mosaïque, composé <strong>de</strong> récits, le plus souvent<br />

collectifs, écrits par <strong>de</strong>s spécialistes<br />

<strong>de</strong> l’émotion, sur un thème universel, l’amour,<br />

vu et déformé à travers le prisme <strong>de</strong> la dépression.<br />

Et les émotions que renvoient ce<br />

prisme nous offrent <strong>de</strong>s récits, certes imaginaires<br />

mais d’un réalisme poignant.<br />

Réaliste, cette analyse que n’aurait pas démenti<br />

Flaubert, <strong>de</strong> l’amour défaillant que<br />

porta Charles à Emma Bovary, Amour défaillant<br />

qui la poussa au suici<strong>de</strong>, selon une<br />

brillante analyse attribuée... à Sigmund<br />

Freud, lui-même. Poignante, enfin, la conclusion<br />

du même Freud sur l’amour du déprimé<br />

: « Pour l’homme triste, la relation est<br />

toujours intransitive, ne pouvant se faire<br />

confiance, il projette sur l’être aimé le manque<br />

<strong>de</strong> confiance qu’il a en lui-même, et en cela<br />

précisément il ne ne l’aime pas ».<br />

Françoise Le Coz

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