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Un monde meilleur - Théâtre de Bourg-en-Bresse

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Dans la pièce <strong>de</strong> Baudoin, on trouve une résurg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la « luciole » <strong>en</strong> la figure <strong>de</strong> la<br />

journaliste. Elle <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le relai, à son échelle, du prophète. Elle est la lumière du contre<br />

pouvoir alors que tous les autres personnages sembl<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fermés dans leur fonction. Lorsque<br />

Kars, le chauffeur routier <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ce qu’on le laisse partir, Trouvert, le vigile, lui répond :<br />

« Impossible. G<strong>en</strong>darmes et voleurs : Faut jouer le jeu. » Ainsi même si la journaliste semble<br />

rétrécie par les contraintes et contradictions <strong>de</strong> son métier elle est la seule qui t<strong>en</strong>te une petite<br />

résistance. Elle <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t une petite luciole qui t<strong>en</strong>te d’émettre à son <strong>en</strong>droit une faible lueur.<br />

D’où la phrase <strong>de</strong> Pascal : « Nul ne meurt si pauvre, qu’il ne laisse quelque chose ». Les<br />

dispositifs <strong>de</strong> contrôle peuv<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> réglem<strong>en</strong>ter nos vie, la fragile lumière <strong>de</strong>s contrepouvoirs<br />

est toujours là.<br />

<strong>Un</strong> spectacle <strong>en</strong> miroir inversé autour d’un même sujet :<br />

Même si l’univers et le style d’écriture diffère d’une pièce à l’autre, elles s’<strong>en</strong>richiss<strong>en</strong>t et se<br />

complèt<strong>en</strong>t, formant les <strong>de</strong>ux parties logiques d’un même spectacle.<br />

En effet, dans la première, celle <strong>de</strong> Sébasti<strong>en</strong> Joanniez, la langue est quasi quotidi<strong>en</strong>ne mais<br />

les situations t<strong>en</strong><strong>de</strong>nt vers une certaine folie, un décalage absur<strong>de</strong> évi<strong>de</strong>nt. Dans la secon<strong>de</strong>,<br />

celle <strong>de</strong> Jean-Michel Baudoin, le rythme et les effets <strong>de</strong> style très travaillés donn<strong>en</strong>t<br />

immédiatem<strong>en</strong>t une contrainte <strong>de</strong> jeu forte à l’acteur qui s’<strong>en</strong> empare, mais les situations sont<br />

elles criantes <strong>de</strong> réalisme. Ainsi les <strong>de</strong>ux pièces se projette l’une dans l’autre comme un<br />

miroir inversé.<br />

Pour traduire cela au plateau, la première partie sera très stylisée dans le jeu <strong>de</strong>s acteurs mais<br />

aussi dans leur plastique, il y aura une vraie transformation <strong>de</strong>s corps et <strong>de</strong>s visages. Les<br />

acteurs porteront <strong>de</strong>s masques ou <strong>de</strong>s postiches et évolueront dans un univers où l’esthétisme<br />

s’inspirera <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong> Paul Mac Carty (artiste américain <strong>de</strong>s années 80). Sophie<br />

Botte, qui m’assiste et qui a joué dans 2 spectacles d’Omar Porras, se chargera <strong>de</strong>s trainings et<br />

m’ai<strong>de</strong>ra à faire adv<strong>en</strong>ir ses créatures étranges. L’espace sera donc unique, déréalisé et<br />

poétique. La poésie dans le s<strong>en</strong>s où elle est « l’art <strong>de</strong> fracturer le langage, <strong>de</strong> briser les<br />

appar<strong>en</strong>ces, <strong>de</strong> désassembler l’unité du temps » Georges Didi Huberman. Je voudrais que les<br />

personnages soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> contact avec la matière, utiliser <strong>de</strong>s matériaux salissants. La lai<strong>de</strong>ur sera<br />

visible dans la saleté et le bruit que fait le <strong>mon<strong>de</strong></strong> pour passer à un espace cliniquem<strong>en</strong>t propre<br />

sous vidéo dans la <strong>de</strong>uxième.<br />

Je veux faire adv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>ux troublants objets plastiques complètem<strong>en</strong>t à l’opposé dans la<br />

forme. Si dans la première partie l’espace sera unique, déréalisé et sale dans la <strong>de</strong>uxième<br />

moitié il sera fragm<strong>en</strong>té, docum<strong>en</strong>taire et clinique. On travaillera l’épaisseur psychologique<br />

<strong>de</strong>s personnages, l’introspection <strong>de</strong> manière crue et sans fard. Pierric Favret (artiste vidéaste<br />

contemporain) sera à mes côtés p<strong>en</strong>dant les répétitions pour trouver une manière <strong>de</strong> travailler<br />

avec l’image et la caméra comme un part<strong>en</strong>aire. On expérim<strong>en</strong>tera par le biais <strong>de</strong> di#ér<strong>en</strong>ts<br />

exercices tous les possibles qu’offre cet outil. La journaliste s’<strong>en</strong> servira comme journal <strong>de</strong><br />

bord mais aussi comme arme pour essayer <strong>de</strong> capter ce qu’il y a sous les masques <strong>de</strong> chair.<br />

J’<strong>en</strong>visage que la transformation <strong>de</strong>s corps <strong>en</strong>tre La fin du <strong>mon<strong>de</strong></strong> <strong>en</strong> mieux et Arrêt sur zone<br />

tous feux éteints se fasse à vue, constituant un mom<strong>en</strong>t à part <strong>en</strong>tière du spectacle. Dans la<br />

première partie se construira une chorégraphie <strong>de</strong> gestes quotidi<strong>en</strong>s qui n’apparaîtra pour le<br />

public qu’après la mort du prophète. En effet, l’agitation et le bruit ambiant masqueront cette<br />

mécanique pour mieux la révéler lors <strong>de</strong> la transition. On verra alors les comédi<strong>en</strong>s quitter<br />

leur masque comme pour dévoiler la part d’humanité qu’il leur reste. On compr<strong>en</strong>dra par la<br />

suite que sur ces visages plus humains se trouve un autre masque, celui du paraître social.

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