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Un monde meilleur - Théâtre de Bourg-en-Bresse

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L<strong>en</strong>n : Quoi ? V<strong>en</strong>due ? À qui ?<br />

Paulya : Mé<strong>de</strong>cin. <strong>Un</strong> rein, c’est mille dollars et Paulya n’a plus qu’un. Tu veux voir cicatrice<br />

?<br />

L<strong>en</strong>n : Tais-toi.<br />

Paulya : Avec mes soeurs, tiré sort qui Londres la chance sur Paulya, et je trouvé passeurs.<br />

L<strong>en</strong>n : Ton pays ?<br />

Paulya : Belle campagne collines vertes forêts tout petit village électricité seulem<strong>en</strong>t quatre<br />

heures par jour seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux vaches et pas <strong>de</strong> manteau pour tous frères et soeurs.<br />

L<strong>en</strong>n : Ici nous avons trop <strong>de</strong> tout trop <strong>de</strong> voitures trop <strong>de</strong> richesses trop <strong>de</strong> fabriques trop <strong>de</strong><br />

confort trop d’images trop d’amour trop <strong>de</strong> progrès trop d’arg<strong>en</strong>t trop <strong>de</strong> nourriture il faut<br />

arrêter.<br />

Paulya : Mais non pas arrêter moi la robe moi les bijoux la voiture la fabrique moi l’amour je<br />

veux je ne suis pas fatiguée j’ai <strong>en</strong>vie je l’aurai t’es qui toi pour parler pour Paulya je veux<br />

plaisir là tout <strong>de</strong> suite avant trop tard morte rire danser bouffer être riche v<strong>en</strong>geance avoir <strong>de</strong>s<br />

esclaves blancs nous les <strong>en</strong>vahisseurs.<br />

L<strong>en</strong>n : Des milliards comme toi, veul<strong>en</strong>t leur part, ils sont là à notre porte, l’<strong>en</strong>fer à ma porte.<br />

Paulya : En att<strong>en</strong>dant je pute dans putain <strong>de</strong> camion arrêté sur putain d’autoroute et je gagne<br />

putain <strong>de</strong> dollars pour putain <strong>de</strong> Kars qui frappe.<br />

L<strong>en</strong>n : Arrête le massacre. Tu es belle, tu es jeune. Vi<strong>en</strong>s. Avec moi. Je serai ta bonne étoile.<br />

Paulya : Ici ? Franciya ?<br />

L<strong>en</strong>n : Je t’adopte je t’habille je te nourris je te trouve un vrai travail je t’obti<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s papiers<br />

je te pacse je m’appelle L<strong>en</strong>n.<br />

Paulya : Et je couche avec toi ?<br />

L<strong>en</strong>n : C’est bi<strong>en</strong> aussi, tu verras.<br />

Paulya : Toi pas belle Frantciya pas belle mauvaise maison je Londres riche pas comme<br />

pauvre frantsouskaïa campagne pas belle.<br />

L<strong>en</strong>n : Très bi<strong>en</strong>, d’accord, oui, v<strong>en</strong>ge-toi, insulte-moi, salis-moi, crache-moi au visage, oui<br />

moi, la lai<strong>de</strong> la truie la grosse gangr<strong>en</strong>ée <strong>de</strong> graisse sale petite pute je te dénonce je te livre<br />

aux flics ils te r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t dans ton village <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> tant pis j’aurais été j’aurais pu être t<strong>en</strong>dre<br />

comme une maman.<br />

Paulya (un rasoir à la main) : Fous-le camp saleté ou on trouve toi morte égorgée bouffée par<br />

corbeaux poubelles autostrada ordure Kars revi<strong>en</strong>t camion part je m’<strong>en</strong> vais ne remets plus<br />

sale gueule ici.<br />

La compagnie Lalasonge<br />

J’aime au sein <strong>de</strong> la compagnie interroger la place <strong>de</strong> l’homme dans la société, ses<br />

maladresses, ses doutes, sa bizarrerie, ses viol<strong>en</strong>ces, ses brisures, ses manques. Je cherche<br />

dans chaque projet à confronter le plaisir du jeu et les réflexions partagées sur l’i<strong>de</strong>ntité pour<br />

parler <strong>de</strong> la richesse insondable <strong>de</strong>s personnes. Nous fouillons <strong>de</strong>s styles <strong>de</strong> jeu et <strong>de</strong>s formes<br />

dramatiques à chaque fois différ<strong>en</strong>tes, pour faire vivre une expéri<strong>en</strong>ce unique aux spectateurs<br />

et nous mettre à chaque fois <strong>en</strong> danger dans un rapport au travail aussi honnête qu’instructif.<br />

Nous souhaitons être accessible au plus grand nombre sans ri<strong>en</strong> abandonner <strong>de</strong> nos exig<strong>en</strong>ces.<br />

Contre un <strong>de</strong>spotisme du metteur <strong>en</strong> scène je cherche le rassemblem<strong>en</strong>t d’une intellig<strong>en</strong>ce<br />

commune où la lumière, la scénographie, les costumes, la musique et pourquoi pas la vidéo<br />

cohabit<strong>en</strong>t à part égale dans la création. Comme le dit Jean-Louis Hourdin : “La salle <strong>de</strong><br />

répétition est le lieu d’un langage <strong>de</strong> fraternité à inv<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> commun.”<br />

Annabelle Simon, metteur <strong>en</strong> scène

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