Gerbe d'Orties - Le Coran : Message Divin ? ou... Mensonge Bédouin

CHAPITRE SECOND
FRANCHE DERIVE
Jour et nuit, la mer affute ses lames au fil monotone d'un rivage trop droit
pour être honnête, et l'opulente perruque d'aiguilles de pins en scande la
mélopée. Dans les coulisses, les longues lagunes languissent comme des
flaques de mer oubliées en rase campagne. Des voiliers de croisière prêts à
appareiller piquent du nez dans l'herbe au gré de ports champêtres, des
mouettes viennent leur rendre visite depuis le littoral voisin, sans qu'en
prennent ombrage les écureuils sautillant sur les berges, au nez des renards et
à la barbe des sangliers venant se désaltérer le soir au bord de l'onde... La
promenade en barque est reine dans un paysage d'aquarelle qui inspira une
cohorte impressionnante d'impressionnistes.
Ces contrées où frémissent tant d'étangs, moins nombreux mais plus variés
dans leur géométrie et leur pourtour que ceux de Suède, afficha longtemps
une densité de peuplement dérisoire.
Hameaux isolés sur des îlots non inondables plantés de chênes lièges, mas
solitaires perdus dans la garrigue, juchés sur de courtes éminences, émergeant
entre roseaux secs, arbousiers flétris et oliviers centenaires.
Le loup des steppes de Hesse aurait peut-être aimé ce territoire farouche où
l'on pouvait laisser filer une année sans jamais rendre visite ses voisins, pour
les retrouver finalement à l'occasion de quelque fête paï enne, bacchanales
effrénées dont la tradition effarouchée a conservé des cicatrices en mémoire.
Un vécu légendaire truffé de parenthèses de solitude a vu bivouaquer ici les
Sarrazins en reflux et les Croisés à leurs basques, des Normands et Vikings
égarés chez les sorcières paludéennes et pendant des siècles, les cohortes
pathétiques des pélerins aimantés par les reliques des monastères Catalans.
Cette pulsion de foi médiévale n'a d'équivalent contemporain que dans le
mouvement sans fin des foules musulmanes, du Maghreb à l'Indonésie, vers la
Mecque et Médine, M'dina En' Nebbi, la ville du prophète parce qu'elle fut la
première à le reconnaître en tant que messager d'Allah après qu'il eut été
chassé de La Mecque.
Gerbe d’Orties – Aymeric de Bainville – © 2001 - 18 -