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Télécharger éole-info n° 26 - Suisse-Eole

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de long, elle balaye une surface de près de 10 000 mC, ce qui représente<br />

un terrain de football et demi. Cela lui permet déjà d’atteindre<br />

sa pleine puissance de 3 MW avec un vent soufflant à une<br />

vitesse relativement faible de 10 m/s, soit 36 km/h.<br />

Enfin, la volonté de rupture induite par les décisions politiques<br />

qui ont initié le virage énergétique est un phénomène certes moins<br />

palpable mais que l’on se gardera de sous-estimer. De nombreux<br />

cantons et communes affichent d’ailleurs leur volonté de mieux<br />

maîtriser leur approvisionnement électrique futur.<br />

Le développement éolien amorcé outre Sarine est en partie lié<br />

à celui des Länder du sud de l’Allemagne, lesquels présentent des<br />

similitudes topographiques avec la <strong>Suisse</strong>. Le Bade-Wurtemberg et<br />

la Bavière exploitent à fond les possibilités offertes par les nouveaux<br />

types d’éoliennes conçues pour les régions de l’arrière-pays.<br />

Ils se sont fixé des objectifs ambitieux, prévoyant l’installation de<br />

respectivement 8000 et 6000 GWh en une petite décennie.<br />

Des chances réelles<br />

D’autres nouvelles encourageantes proviennent du monde scientifique.<br />

L’attitude des populations locales a été étudiée sur cinq sites<br />

potentiels, dont trois en <strong>Suisse</strong> alémanique. Sur une échelle de 1 à 7,<br />

l’acceptation est en moyenne de 6, ce qui correspond à un taux de<br />

83 %. Sur le plan local, les projets éoliens atteignent un indice d’acceptation<br />

de 5,6, soit environ 75 %. A la demande de l’OFEN, le psychosociologue<br />

Götz Walter a analysé l’influence de trois facteurs. Le<br />

questionnaire soumis par écrit à 951 personnes donne les résultats<br />

suivants:<br />

L’issue d’un scrutin communal a une influence significative<br />

sur l’acceptation au plan local.<br />

Un développeur connu dans la région aura davantage de<br />

chances de faire passer son projet qu’un externe agissant pour le<br />

compte d’une société financière.<br />

Le facteur le plus important est celui de la plus-value régionale.<br />

Les projets dont les retombées consistent essentiellement en<br />

fermages payés à des agriculteurs sont moins populaires que ceux<br />

qui offrent des possibilités de participation financière aux habitants,<br />

y compris par l’intermédiaire des collectivités publiques. Les<br />

projets dont les retombées financières sous forme de loyers ou<br />

d’impôts sont injectées dans un fonds communal permettant de<br />

réaliser d’autres projets énergétiques sont également mieux acceptés.<br />

Des adversaires peu nombreux mais bruyants<br />

Une découverte intéressante : 12 % des personnes interrogées rejettent<br />

tous les projets sans tenir compte des différents facteurs. En<br />

revanche, elles sont 42 % à accepter tous les projets soumis. Pour<br />

ces deux groupes, l’estimation des coûts et des avantages de<br />

l’énergie éolienne a une plus grande importance que les facteurs<br />

spécifiquement locaux. Les personnes qui rejettent l’ensemble des<br />

projets seraient davantage enclines à participer au processus de<br />

planification. Exprimé en termes moins savants : les opposants sont<br />

peu nombreux mais font beaucoup de bruit.<br />

Une planification sérieuse est un élément décisif<br />

Un autre résultat intéressant de l’étude : la grande majorité des<br />

personnes qui acceptent des projets ne le font pas sans conditions.<br />

Celles qui ont dit oui à tous posent des exigences élevées notamment<br />

en ce qui concerne l’équité de la procédure de décision, les<br />

coûts pour l’être humain et l’environnement ou encore les retombées<br />

régionales. Conclusion de Götz Walter : « Les communes et les<br />

développeurs ont la possibilité de concevoir leurs projets de manière<br />

qu’ils soient acceptés par la majorité de la population. »<br />

Les enseignements tirés de cette étude sont tout à fait encourageants,<br />

d’une part parce que les opposants sont moins nombreux<br />

qu’il n’y paraît et, d’autre part, parce qu’une planification<br />

sérieuse et une prise en compte équilibrée des avantages pour la<br />

région assurent une large adhésion de la population.<br />

<strong>Télécharger</strong> l’étude (en allemand)<br />

3 questions à ...<br />

Eric Nussbaumer<br />

Né en 1960, ingénieur électricien ETS et entrepreneur<br />

social. Député au Grand Conseil de<br />

Bâle-Campagne de 1998 à 2007. Conseiller<br />

national depuis 2007 et membre de la Commission<br />

de l’environnement, de l’aménagement<br />

du territoire et des transports (CEATE),<br />

qu’il préside depuis 2011.<br />

Article principal<br />

1. Que faut-il faire à votre avis pour permettre<br />

à l’énergie éolienne de décoller dans<br />

le cadre de la Stratégie énergétique 2050 ?<br />

Le plus important, c’est de disposer de conditions<br />

favorables afin que les projets soient<br />

rentables. En mettant sur les rails la révision<br />

de la rétribution au prix coûtant (voir brèves),<br />

nous avons fait un pas en direction de la sécurité<br />

d’investissement. A condition de ne pas limiter la rétribution du courant injecté.<br />

La Stratégie 2050 prévoit de supprimer le plafonnement, c’est nécessaire.<br />

L’autre domaine important dans lequel il faut agir est l’aménagement du territoire.<br />

On peut encore faire mieux sur le plan fédéral, mais les conditions sont créées.<br />

La balle est désormais dans le camp des cantons.<br />

2. Quelles directives la Confédération doit-elle adopter selon vous pour réaliser le<br />

potentiel prévu par la Stratégie énergétique 2050 ?<br />

J’aimerais que les cantons s’asseyent autour d’une table pour trouver des solutions<br />

homogènes afin de mettre à profit le potentiel éolien. Le modèle des quotas obligatoires<br />

appliqué par l’UE dans de nombreux domaines ne pourrait pas être transposé<br />

à la <strong>Suisse</strong>. Contrairement aux Etats européens, les cantons n’ont pas de marge de<br />

manœuvre pour modifier les conditions économiques. Une bonne solution serait de<br />

mettre en place un suivi au niveau national des progrès réalisés par les cantons en<br />

matière de planification éolienne. Cela les inciterait à avancer dans l’établissement<br />

de leurs plans directeurs.<br />

3. Des projets sont toujours bloqués par des oppositions. Faut-il diminuer les possibilités<br />

de recours ?<br />

Pour moi, les possibilités de recours sont un acquis important. Il faut garantir les<br />

droits de chacun, y compris ceux des opposants à l’énergie éolienne. Il y a bien sûr des<br />

cas où l’on est bien obligé d’admettre que les opposants exagèrent. Prenons<br />

l’exemple du Crêt-Meuron : le Tribunal fédéral a tranché en faveur du développeur en<br />

2006. Je ne comprends dès lors pas pourquoi certains attaquent à nouveau un projet<br />

qui n’a que très peu été modifié puisqu’on a seulement rehaussé les éoliennes de<br />

6 mètres. J’en appelle au bon sens des recourants.<br />

D’une manière générale, la pesée des intérêts entre la production d’énergie verte<br />

et la sauvegarde des paysages est une question difficile. Si l’implantation d’éoliennes<br />

permet de fermer des installations qui nuisent à l’environnement, la production de<br />

courant vert devrait avoir la priorité.

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