Tél : (352) - Entreprises magazine
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plein cadre<br />
Supplément<br />
entreprises <strong>magazine</strong><br />
numéro 9<br />
mai/juin 2011
plein cadre<br />
editeur > régie publicitaire ><br />
Media & Advertising S.à r.l.<br />
104, rue du Kiem<br />
L-1857 Luxembourg<br />
<strong>Tél</strong> : (<strong>352</strong>) 40 84 69<br />
Fax : (<strong>352</strong>) 48 20 78<br />
directeur de la publication ><br />
rédacteur en chef ><br />
Isabelle Couset<br />
E-mail : icouset@yahoo.com<br />
rédaction ><br />
Isabelle Couset, Catherine Moisy,<br />
Michel Nivoix, Marc Vandermeir<br />
photo couverture ><br />
Modes NITA-Alain Wemers<br />
mise en page > Romain Peiffer<br />
impression > Imprimerie jmwatgen<br />
Media & Advertising S.à r.l. informe les lecteurs et<br />
abonnés du <strong>magazine</strong> qu’elle collecte des<br />
informations uniquement aux fins de la publication,<br />
gestion des abonnements et marketing. Les<br />
personnes concernées disposent d’un droit d’accès<br />
et de rectification.<br />
© 2011 — Media & Advertising S.à r.l.<br />
Toute reproduction est interdite<br />
Supplément<br />
entreprises <strong>magazine</strong><br />
numéro 9<br />
mai/juin 2011<br />
TalenTs<br />
Ce séduisant « or rouge » 4<br />
Sa petite entreprise ne connaît pas la crise 6<br />
Annie Geoffroy : des sculptures qui interpellent aussi l’esprit 8<br />
HabiTaT<br />
Le Museumotel de Raon-L’Etape :<br />
un hameau futuriste sur une presqu’île 10<br />
insoliTe<br />
Christian Leblanc : la passion du cirque 12<br />
Une région, Un paTrimoine<br />
Sauvegarde et restauration exemplaires à Blénod-lès-Toul 14<br />
Tendances 18
Talent s Ce séduisant<br />
« or rouge »<br />
Pascal Cherain et Véronique Merville ont créé la première safranière de<br />
Belgique. Avec un safran dont le succès est à l’aune de la qualité.<br />
Heureux. Heureux et surpris. Heureux, parce qu’ils ont pu<br />
s’adonner à leur plaisir dans une voie originale et qui colle à<br />
leur passion. Surpris, parce qu’ils ne s’attendaient pas à une<br />
réussite aussi rapide. Ils, ce sont Pascal Cherain et sa compagne<br />
Véronique Merville qui, à Virton, se sont lancés dans<br />
une entreprise de production de safran, Safran gaumais, qui a<br />
séduit, en un an, nombre de professionnels de la restauration –<br />
y compris bien des étoilés et haut de gamme, mais aussi<br />
des producteurs de produits du terroir et des particuliers.<br />
En Belgique, bien sûr, mais aussi à l’étranger, notamment au<br />
Luxembourg et en Allemagne.<br />
« Ma compagne et moi (elle dans la location de voitures,<br />
lui indépendant dans le secteur du bâtiment, ndlr) sommes<br />
épris du travail de la terre, du jardin, des produits de terroirs,<br />
des plaisirs culinaires et nous nous cherchions une voie pour<br />
nous adonner à cette passion en créant une nouvelle activité »,<br />
explique Pascal Cherain. Le coup de pouce est venu, en mai<br />
2009, de l’émission Envoyé spécial dont l’un des reportages<br />
était consacré à une parisienne qui avait quitté la Ville-Lumière<br />
pour se lancer dans une plantation de safran, cette épice aussi<br />
fine que réputée et recherchée. « Nous avons été séduits.<br />
page < 4 ><br />
ça correspondait tout à fait à nos<br />
désirs. Nous avons demandé à<br />
effectuer un stage là-bas. C’était<br />
complet. Nous avons alors trouvé<br />
en Alsace, à Saint-Hippolyte, un<br />
planteur de safran qui nous a<br />
accueillis pour un stage. On a<br />
été accrochés et nous sommes<br />
retournés là-bas lors de la récolte.<br />
L’exploitant, lui, nous a montré ses<br />
produits dérivés et tout le potentiel<br />
qu’offre le safran. »<br />
La magie avait opéré. Pascal<br />
Cherain et Véronique Merville<br />
plantent trois mille bulbes sur les<br />
2,5 ares d’une parcelle du jardin,<br />
exposée plein sud, légèrement en<br />
pente et ancienne vigne, soit les<br />
conditions idéales, de leur petite<br />
maison familiale. La première safranière<br />
de Belgique est née ! Dès<br />
la première récolte (les fleurs se récoltent d’octobre à<br />
mi-novembre), le couple fait tester deux confitures et<br />
un sirop par quelques chefs bien connus de la région<br />
et des producteurs artisanaux. Encore une fois, la magie<br />
opère. Les chefs en demandent pour leur cuisine,<br />
les artisans pour relever leurs produits, pralines et foie<br />
gras, en proposant des paniers cadeaux qui, tout de<br />
suite, séduisent leur clientèle.<br />
[ Il faut pas moins de 180 fleurs pour<br />
obtenir... 1 gramme de safran ]<br />
Tout à la main<br />
Voilà qui décide Pascal Cherain et Véronique Merville<br />
à franchir un nouveau pas, en plantant dix mille bulbes<br />
supplémentaires de cette fleur, une variété unique de<br />
crocus à la couleur violette. « Tout se fait à la main,<br />
depuis le sillon jusqu’à la récolte et le retrait, très délicat,<br />
plein cadre
[ Safran gaumais a séduit, en un an,<br />
nombre de professionnels de la restauration<br />
– y compris bien des étoilés et<br />
haut de gamme, mais aussi des producteurs<br />
de produits du terroir et des<br />
particuliers ]<br />
des trois stigmates de chaque fleur, qui exigent en outre<br />
un séchage très particulier. »<br />
plein cadre<br />
Ainsi naît « l’or rouge ». Car figurez-vous qu’il<br />
faut pas moins de 180 fleurs pour obtenir... 1 gramme<br />
de safran ! Du coup, le prix est à proportion, à 30 EUR<br />
le gramme. Balayés, le (vrai) caviar et les truffes. « Mais<br />
le safran se travaille à dose homéopathique », nuance<br />
de suite Pascal Cherain. « Avec 1 gramme, vous avez<br />
de quoi utiliser pour 60 à 70 assiettes. » Sans oublier<br />
que ce safran n’est pas coupé avec d’autres produits,<br />
comme c’est presque toujours le cas de celui disponible<br />
en commerce.<br />
Aujourd’hui, le couple propose déjà six confi-<br />
tures, un sirop, du foie gras et des pralines. Et fourmille<br />
d’idées. Tout comme leurs multiples partenaires en<br />
produits du terroir et épicerie fine, qui voient dans ce<br />
safran gaumais non seulement comment mettre encore<br />
mieux leurs produits en valeur, mais aussi comment<br />
en imaginer de nouveaux.<br />
w w w.safran - gaumais.be<br />
Talent s<br />
Enfin, Pascal Cherain et Véronique caressent main-<br />
tenant l’idée d’ouvrir une boutique à Virton. Et, surtout, que<br />
l’un au moins quitte le statut d’activité complémentaire – on<br />
devine donc que le temps que leur laisse leur travail actuel<br />
est tout entier, et sept jours sur sept, voué au safran – pour<br />
s’y consacrer au moins à mi-temps, dans l’optique d’une<br />
croissance contrôlée.<br />
Pascal Cherain se félicite de l’efficacité des conseils et<br />
aides obtenus aussi bien à la Province qu’à l’Awex ou encore<br />
à la CCILB. Ce qui lui a permis, entre autres, de faire passer<br />
les frontières à sa réputation, avec une présence à Expogast,<br />
à Luxembourg, avec son concours culinaire mondial, puis à<br />
Cologne et à Horecatel.<br />
marc Vandermeir<br />
page < 5 >
Talent s<br />
Sa petite entreprise<br />
ne connaît pas la crise<br />
Marco Laux est le dernier chapelier de Luxembourg à fabriquer lui-même les<br />
chapeaux qu’il vend. Il possède un savoir-faire rare, qu’il transmet heureusement<br />
à quelques apprenties. Ses boutiques proposent quantité de pièces uniques<br />
pour le plus grand bonheur des clientes. Visite d’atelier.<br />
Rien ne prédisposait Marco Laux à travailler dans la mode.<br />
Dans un premier temps, il avait choisi la menuiserie. Puis, il<br />
décide de s’intéresser également à la fabrication de chapeaux,<br />
domaine qui ne lui est pas inconnu car il a beaucoup traîné,<br />
enfant, dans la boutique de sa tante Mme Schneider, à Esch-<br />
sur-Alzette. C’est une révélation pour Marco : c’est à ce métier<br />
qu’il veut se consacrer. Mme Schneider est propriétaire depuis<br />
1968 d’une boutique et d’un atelier, véritables institutions dans<br />
la ville d’Esch, qui comptait à ce moment-là 13 magasins de<br />
chapeaux ! Ses affaires prospérant, Mme Schneider décide<br />
d’ouvrir un magasin avenue de la Liberté, à Luxembourg-Ville,<br />
dans les années 80, et un autre, rue Louvigny, au milieu des<br />
années 90. Marco entre dans l’affaire après une formation en<br />
apprentissage auprès d’un modiste en Allemagne. D’après<br />
Marco, « on vend mieux ce que l’on connaît bien ». C’est<br />
pourquoi il voulait tout connaître de la fabrication d’un chapeau<br />
avant de commencer à en vendre. Finalement, il reprend les<br />
3 magasins en 2000 et emploie aujourd’hui 6 personnes. La<br />
boutique d’Esch a fermé en 2005.<br />
La fabrication artisanale demande du temps…<br />
Ce qui frappe d’abord en entrant dans l’atelier c’est la grande<br />
variété des coloris et des aspects de la matière première.<br />
Marco Laux ne travaille qu’avec des matières naturelles, la<br />
paille venue d’Asie ou d’Italie en été et le feutre de poils (lapin<br />
et lièvre) en hiver. Que ce soit en été ou en hiver, les ma-<br />
[ A partir des formes basiques, il est pos-<br />
sible de créer quasi à l’infini. Dans l’atelier,<br />
il existe des dizaines de formes de tête et<br />
des dizaines de formes de bord, ce qui fait<br />
des milliers de combinaisons possibles ]<br />
page < 6 ><br />
Marco Laux<br />
tières existent en rouleaux ou sous forme basique de<br />
chapeau (cône à petit bord ou capeline à large bord).<br />
Sa qualité est capitale car il s’agit d’un travail en 3D.<br />
La matière doit résister aux étirements et aux torsions<br />
qu’on va lui imposer.<br />
A partir des formes basiques, il est possible de<br />
créer quasi à l’infini. La première étape consiste à choisir<br />
une tête de bois, forme sur laquelle la matière, préalablement<br />
mouillée, va être étirée pour donner naissance à un<br />
chapeau. Dans l’atelier de Marco, il existe des dizaines de<br />
plein cadre
formes de tête et des dizaines de formes de bord, ce qui<br />
fait des milliers de combinaisons possibles. Une fois que<br />
la matière a séché sur son support, fixée par des myriades<br />
d’épingles, elle a pris sa forme. Pour maintenir celle-ci,<br />
il faut vaporiser un apprêt, sorte de vernis, sur toute la<br />
surface, avant d’ôter les aiguilles. Un nouveau séchage est<br />
nécessaire. Celui-ci doit être fait à température ambiante<br />
durant une journée. Une fois « démoulées », les pièces<br />
sont cousues ensemble, à la main. Ensuite, vient l’étape<br />
des finitions : ourlet de bordure, pose du ruban intérieur<br />
pour le tour de tête et pose de l’étiquette authentifiant<br />
la fabrication Nita. Enfin, vient la pose des éléments de<br />
décor : fleurs, plumes, nœuds… dont la forme, la couleur<br />
et le nombre varient en fonction de l’imagination de chaque<br />
modiste. « Les ornements se placent à droite pour les<br />
chapeaux de dames et à gauche sur les chapeaux des<br />
messieurs ! », nous apprend Marco.<br />
... et de l’imagination<br />
Le chapeau est avant tout un accessoire de mode.<br />
Aussi, Marco et son équipe doivent-ils s’informer des<br />
tendances. Pour cela ils fréquentent les salons, lisent les<br />
<strong>magazine</strong>s de mode de plusieurs pays et observent les<br />
passants dans les rues. Ils ne font jamais de croquis ou<br />
de dessins, préférant travailler directement la matière et<br />
se laisser inspirer par elle. Ils fabriquent également beaucoup<br />
de chapeaux sur mesure en suivant les désirs des<br />
clientes. Dans ce cas, le délai de fabrication va de 3 à<br />
15 jours suivant la complexité du modèle. L’avantage des<br />
fibres naturelles c’est qu’elles peuvent être retravaillées.<br />
Ainsi, une cliente peut ramener son chapeau chez Nita<br />
et le faire transformer à peu de frais. Il suffit pour cela<br />
de le démonter et de remouiller la base.<br />
Le rapport aux couleurs dépend pas mal de la<br />
culture d’origine de la cliente. « En hiver, tout le monde<br />
est gris », s’amuse Marco, « mais en été, on voit davantage<br />
les cultures s’affirmer avec un recours aux couleurs<br />
vives, beaucoup plus naturel chez les femmes du sud<br />
de l’Europe ! » Il y a 2 collections principales par an mais<br />
de nouveaux modèles sont créés en permanence à<br />
l’atelier et les invendus retournent y faire un tour pour<br />
y être transformés.<br />
plein cadre<br />
[ Marco Laux est le dernier<br />
chapelier de Luxembourg à<br />
fabriquer lui-même les cha-<br />
peaux qu’il vend ]<br />
modes niTa<br />
13, rue louvigny – <strong>Tél</strong> : ( <strong>352</strong> ) 22 49 95<br />
59, avenue de la liber té – <strong>Tél</strong> : ( <strong>352</strong> ) 48 61 87<br />
m arco laux enseigne la fabrication de chapeaux dans le cadre de<br />
l’association luxembourg accueil – renseignements au ( <strong>352</strong> ) 24 17 17<br />
Talent s<br />
De l’atelier à la boutique<br />
Selon Marco, « chaque tête peut trouver son chapeau. Quelqu’un<br />
à qui rien ne va, ça n’existe pas. » Dans son magasin, on trouve<br />
des couvre-chefs pour tous les goûts mais aussi pour tous les<br />
budgets : les prix vont de 19,50 EUR pour un simple béret en<br />
feutre à 600 EUR pour une capeline sophistiquée. La maison<br />
ne fait pas de soldes car Marco Laux estime que ses prix correspondent<br />
à la qualité et la quantité de travail nécessaire. Ils ne<br />
sont pas surévalués. Un chapeau, de surcroît pièce unique, ne<br />
perd pas 50 % de sa valeur quand on est en période de soldes !<br />
Marco Laux ne fait pas non plus de publicité, il n’a pas<br />
de site Internet mais ses clientes viennent de tout le pays et<br />
souvent des pays voisins. C’est le bouche à oreille qui crée le<br />
trafic mais aussi l’emplacement exceptionnel des 2 magasins<br />
et la recommandation des confrères tenant des boutiques de<br />
mode ou de maroquinerie.<br />
Le gros du chiffre d’affaires des magasins Nita se fait<br />
d’octobre à janvier et en fonction de la météo. Plus il fait froid,<br />
mieux c’est. La crise, par contre, n’a pas d’impact sur le chiffre<br />
d’affaires.<br />
Les clients sont aussi bien des hommes que des femmes<br />
mais leur motivation est différente : quand la femme cherche un<br />
article mode, l’homme cherche plutôt un article utilitaire.<br />
catherine moisy<br />
photos-alain Wemers<br />
page < 7 >
Talent s Annie Geoffroy :<br />
des sculptures qui<br />
interpellent aussi l’esprit<br />
Il est des artistes amateurs qui égalent certains sculpteurs renommés. Annie<br />
Geoffroy est du nombre. Ses œuvres – le mot n’est pas trop fort – ne se limitent<br />
pas à décrire ou à montrer : elles expriment un ressenti qui touche aux profondeurs<br />
de l’âme. Rencontre privilégiée à Toul.<br />
Annie Geoffroy et son sage oriental.<br />
Rien ne prédestinait – au sens terrestre du terme – Annie<br />
Geoffroy à la sculpture : après une licence d’Anglais puis des<br />
études de psychologie, elle a consacré sa vie professionnelle<br />
à la gestion de l’important cabinet médical dont son mari<br />
était l’un des associés. Elle a aussi assisté celui-ci dans sa<br />
carrière politique (« Quand on fait de la politique, on voit toute<br />
l’humanité », souligne-t-elle).<br />
page < 8 ><br />
Parallèlement, elle fut trésorière de l’association<br />
touloise Les amis des arts. Jusqu’au moment où elle<br />
a décidé d’y apprendre elle-même, pendant dix ans,<br />
les techniques de la peinture. Elle avait alors 35 ans,<br />
et lorsque l’on regarde ses toiles, on est frappé par la<br />
diversité des sujets, une incontestable maîtrise technique,<br />
et la qualité de ses productions. Son peintre<br />
préféré ? Nicolas Poussin.<br />
De la peinture à la sculpture<br />
Et puis, il y a une quinzaine d’années, Annie Geoffroy<br />
a commencé à travailler l’argile dans le sous-sol de<br />
sa maison. Une activité pratiquée de préférence le<br />
soir et la nuit, en écoutant du Bach ou du Beethoven,<br />
et jamais à la demande : une intense sérénité ou un<br />
intense chagrin président à toute création.<br />
Lorsqu’on la complimente sur ses réalisations,<br />
elle tient à souligner : « lorsque je travaille la matière, j’ai<br />
l’impression que mes doigts sont guidés ». Comme si<br />
elle n’y était pour presque rien, elle qui considère que<br />
« la sculpture, c’est l’allégorie de la vie », qui pratique<br />
cet art pour « sortir l’amas de confidences » qu’on lui fait<br />
et qui est une fervente admiratrice de Camille Claudel<br />
(et d’Auguste Rodin).<br />
Ses têtes sont de petites merveilles. Quelques<br />
exemples : celle d’Aristote est impressionnante, celle<br />
du sage oriental subjugue, Le secret est imposant. Les<br />
corps aussi délivrent, par leur attitude, un message<br />
parfois poignant comme La danseuse crucifiée ou les<br />
deux statues illustrant le chagrin, tandis que d’autres<br />
sont plus intimistes telles Le sommeil ou Etreintes notamment.<br />
Mais toutes sont d’une rare élégance. Dans<br />
un autre registre, La création du monde, très aboutie,<br />
est particulièrement symbolique. On est émerveillé aussi<br />
par son sublime éléphant, dans une posture magnifique.<br />
Mais il est, hélas, impossible d’évoquer ici toutes les<br />
créations d’Annie Geoffroy.<br />
plein cadre
Sérénité<br />
Le secret<br />
Cailloux et céramiques<br />
Sept de ses œuvres seulement sont devenues des<br />
bronzes, coulés par la très réputée Fonderie Huguenin<br />
de Vézelise.<br />
plein cadre<br />
Peintures et sculptures décorent avec raffinement<br />
l’univers familial de l’artiste, accrochées et disposées<br />
à la manière d’une scénographie qui ne dit pas son<br />
nom et sait, par sa discrétion, faire oublier qu’elle a été<br />
conçue avec un soin tout particulier.<br />
Annie Geoffroy s’est aussi permis quelques<br />
fantaisies artistiques : ainsi, les murs qui bordent la<br />
piscine sont ornés de très belles œuvres en cailloux<br />
ou en fragments de céramique qui représentent La<br />
colombe de la paix, Le yin et le yang, Le labyrinthe de<br />
Chartres, et Le Yi king. Une autre facette de son talent.<br />
Tout ce que signe Annie Geoffroy est marqué<br />
par la subtile combinaison d’une recherche esthétique<br />
et d’une démarche spirituelle, combinaison qui confère<br />
à toutes ses œuvres une dimension supplémentaire :<br />
celle de l’esprit.<br />
Une démarche discrète<br />
Tandis que nombres d’artistes mettent tout en œuvre<br />
pour montrer leurs productions, Annie Geoffroy n’a<br />
présenté qu’une seule exposition personnelle, à Sion,<br />
avec un Serbo-Croate spécialiste des icônes.<br />
annie geof froy<br />
anniegeof froy @ hotmail.com<br />
Talent s<br />
[ Lorsque je travaille la matière, j’ai l’im-<br />
pression que mes doigts sont guidés ]<br />
Aristote<br />
La création<br />
Elle fait sienne cette phrase de Blaise Pascal : « La plus<br />
grande bassesse de l’homme est de rechercher la gloire ».<br />
En effet, s’exprimer par le truchement de ses créations lui<br />
suffit amplement, son bonheur n’étant pas d’apparaître pour<br />
paraître mais de créer pour exister.<br />
C’est à ce genre de signe que l’on reconnaît les vrais<br />
artistes.<br />
michel nivoix<br />
page < 9 >
H abit at<br />
Loin des hôtels de chaîne d’une affligeante banalité, le Mu-<br />
seumotel possède une forte personnalité et un attrait parti-<br />
culier : d’une part, il ne possède que huit chambres, d’autre<br />
part, il est niché sur une presqu’île à laquelle on accède par<br />
un pont, enfin – et surtout – il ne ressemble à aucun autre.<br />
Car ici chaque chambre est en réalité une sorte de bulle. A<br />
celles-ci s’en ajoutent une autre (pour l’instant indisponible)<br />
et une dernière réservée au local technique.<br />
page < 10 ><br />
Pièce maîtresse de l’ensemble, la bulle principale<br />
héberge la réception du motel, un café (où sont servis les<br />
petits-déjeuners) et une salle particulièrement conviviale où<br />
sont présentées des œuvres d’art.<br />
Le Museumotel<br />
de Raon-L’Etape : un hameau<br />
futuriste sur une presqu’île<br />
En lisière du massif vosgien, le Museumotel est à la fois un hôtel, un musée,<br />
un lieu culturel, et surtout un hymne à une architecture des années 60 dont le<br />
caractère innovant est dû au talent de Pascal Haüsermann, le célèbre architecte<br />
suisse, créateur d’un concept unique et d’une technique nouvelle.<br />
Un ensemble futuriste.<br />
On soulignera dès ici qu’une législation regrettable du<br />
permis de construire dans les années 70 ait porté un coup<br />
d’arrêt à la vraie création et à l’authentique innovation dans<br />
le domaine de l’architecture, recentrant les concepteurs sur<br />
des projets plus conventionnels.<br />
Un jardin, un bassin d’agrément, une terrasse,<br />
et un parking complètent l’organisation de la presqu’île,<br />
véritable microcosme à l’écart de la ville et hors du temps.<br />
Une réalisation de visionnaires<br />
Tout a commencé par un article paru en 1965 dans<br />
Elle sous le titre Des maisons pour vivre dehors qu’a<br />
lu M. Thierry, alors propriétaire du Relais Alsace Lorraine,<br />
un restaurant de Raon-L’Etape. Il a immédiatement<br />
contacté Pascal Haüsermann pour lui parler de son<br />
projet d’extension d’été de son activité. L’affaire a été<br />
aussitôt conclue.<br />
Un an plus tard, la construction du Motel de l’Eau<br />
Vive (entre deux bras de la rivière La Plaine) démarre.<br />
Les bulles sont réalisées en voile de béton projeté<br />
sur une armature métallique (un procédé que Pascal<br />
Haüsermann a inventé à l’âge de 23 ans, alors qu’il était<br />
encore étudiant à Genève, et qu’il a mis en pratique<br />
pour la construction d’une maison de week-end). En<br />
1967, dès son ouverture, le motel connaît le succès.<br />
Prenant sa retraite en 1980, M. Thierry le vend.<br />
Plusieurs exploitants se succéderont jusqu’en 2006,<br />
année où plusieurs passionnés des années 60 et 70<br />
[ Toutes les bulles sont traitées dans<br />
une ambiance de couleurs différentes,<br />
cependant que le mobilier, les ten-<br />
tures, les objets décoratifs et les œuvres<br />
picturales replongent les clients dans<br />
l’ambiance des années 50, 60 ou 70 ]<br />
plein cadre
La salle Mojo, dans la bulle de réception : un lieu de convivialité<br />
et une galerie d’art.<br />
originaires du Pays de Montbéliard et de Besançon se<br />
portent acquéreurs, lui redonnent son éclat d’origine, le<br />
mettent aux nouvelles normes, et repensent la décoration<br />
de l’ensemble : le Motel de l’Eau Vive devient alors le<br />
Museumotel que l’on connaît aujourd’hui.<br />
plein cadre<br />
Depuis la réouverture en 2007, l’affaire n’a<br />
cessé de prendre de l’ampleur et a bénéficié d’une<br />
médiatisation amplement méritée.<br />
La bulle Star : un voyage dans l’univers.<br />
Une ambiance par bulle<br />
Chaque bulle est en réalité une chambre (avec douche<br />
à l’italienne) d’une surface largement supérieure aux<br />
hôtels *** les plus connus. Toutes les bulles sont traitées<br />
dans une ambiance de couleurs différentes, cependant<br />
que le mobilier, les tentures, les objets décoratifs et les<br />
œuvres picturales replongent les clients dans l’ambiance<br />
des années 50, 60 ou 70.<br />
Six bulles peuvent accueillir deux personnes,<br />
qui disposent d’une surface de 25 m² : Pop Art (blanc,<br />
orange, noir), Zen (blanc, bleu, marron), Fifties (blanc,<br />
gris), Star (blanc, bleu), Chlorophylle (blanc, vert), et<br />
Les années 60… dans un écrin de verdure.<br />
H abit at<br />
Love (blanc, rouge, caramel). Les deux autres offrent, pour<br />
cinq personnes, une surface de 35 m² : Purple (blanc, rouge,<br />
orange, mauve) et Orange (blanc, orange, marron).<br />
Les formes des baies n’ont rien à voir avec les classiques<br />
fenêtres ou portes-fenêtres : on est ici dans un autre univers,<br />
architecturalement beaucoup plus intéressant et dépaysant.<br />
L’ambiance de chaque bulle est unique et l’agencement fort<br />
bien conçu, ce qui explique que les clients sont les meilleurs<br />
vecteurs de publicité de l’établissement.<br />
La réception : un « monument »<br />
La bulle dite « de réception » du Museumotel est impression-<br />
nante : outre l’espace d’accueil, elle comporte également le<br />
Café de l’utopie, cependant qu’à l’étage s’ouvre la salle Mojo,<br />
autre lieu de convivialité.<br />
Les deux niveaux servent aussi de lieux d’exposition :<br />
une activité confiée à l’association Bubble’s Friends, qui présente<br />
des peintres, des sculpteurs, des photographes, des<br />
plasticiens. A l’extérieur, sur la presqu’île privée, elle propose<br />
aussi des concerts et des représentations théâtrales.<br />
Le Museumotel n’est assurément pas un motel comme<br />
les autres : on a l’impression, le temps du séjour (même pour<br />
une seule nuit), de vivre sur une autre planète, dans un autre<br />
espace, et dans un autre temps : celui des Trente Glorieuses,<br />
qui fut extraordinairement riche en créations de toutes natures<br />
et de tous ordres, marqué par un envol du design et la faculté<br />
offerte aux architectes d’exprimer leur talent et de matérialiser<br />
leurs rêves.<br />
A remarquer : si l’établissement doit, certes, pouvoir<br />
vivre, il existe toujours surtout grâce au dynamisme d’une<br />
petite équipe de passionnés. Ça méritait bien un petit coup<br />
de projecteur et un grand coup de chapeau.<br />
museumotel<br />
<strong>Tél</strong> : 33 ( 0 ) 3 29 50 48 81<br />
courriel : museumotel @ orange.fr<br />
w w w.museumotel.com<br />
michel nivoix<br />
photos-sarl museumotel - sci modules<br />
page < 11 >
Insolit e Christian Leblanc :<br />
cirque<br />
la passion du<br />
Les cirques ont toujours fait rêver tous les enfants du monde. Pour certains, ce<br />
rêve est devenu passion, mais dans le sens positif du terme, c’est-à-dire qu’elle<br />
n’est pas destructrice, bien au contraire. Une preuve de cette assertion : la passion<br />
de Christian Leblanc pour le monde magique du cirque.<br />
Le Cirque Amar de Solido (1979).<br />
Quand on aime, on ne compte pas : c’est ce qui explique<br />
que Christian Leblanc ait réservé une pièce de huit mètres<br />
sur cinq dans sa maison pour s’entourer de tout ce qui repré-<br />
sente l’univers du cirque. Un univers magique qui l’a fasciné<br />
depuis son enfance : ses grands-parents avaient en effet<br />
une boulangerie à Longwy-Haut, place Darche, où s’instal-<br />
laient les cirques. Il ignorait à l’époque que, 35 ans plus tard,<br />
il commencerait une collection. C’était en 1997, lorsque la<br />
marque de véhicules miniatures Corgi a lancé, dans le cadre<br />
de sa collection Héritage, les véhicules de cirque. Depuis,<br />
Christian Leblanc a acheté d’autres marques et en possède<br />
plus de 300 (aux 1/43 e , 1/50 e , et 1/76 e ) – dont une immense<br />
majorité du Cirque Pinder – parmi lesquels des pièces parfois<br />
très recherchées comme ce GMC de transport de four-<br />
rage et sa remorque pour fauves dont la cote peut atteindre<br />
1.500 EUR. A noter encore : un certain nombre de véhicules<br />
ont été réalisés à tirage limité, ce qui en fait des objets rares<br />
(ici, on ne parle bien sûr pas de « jouets »).<br />
page < 12 ><br />
Pinder en vedette<br />
Pinder : voilà le nom magique lâché. Bienvenue dans<br />
le monde fascinant des collectionneurs-maquettistes.<br />
Car si beaucoup de véhicules sont présentés dans des<br />
vitrines, pour le seul Cirque Pinder, 35 sont stationnés<br />
autour d’une maquette du légendaire chapiteau monté<br />
par Christian Leblanc complété par la ménagerie, et<br />
des autres petits chapiteaux qui font partie de l’installation.<br />
Bien évidemment, des personnages et des<br />
animaux contribuent à créer l’ambiance, cependant<br />
qu’en version nocturne la maquette bénéficie de 10<br />
lampadaires (qui fonctionnent). Ce Pinder-là, à l’échelle<br />
1/87e et fabriqué par S.A.I., est identique à celui qui<br />
tournait en 2000, année de sortie de la maquette. Il<br />
est tout simplement superbe.<br />
Six autres cirques<br />
Un peu à part, les cirques de chez JouéClub : un autre<br />
Pinder, le Cirque Arlette Gruss, et le Cirque Amar. Plus<br />
élaboré, l’Amar de Solido de 1979, à l’échelle 1/50e ,<br />
a pour pièce centrale un chapiteau de 80 cm. Il s’agit<br />
de la version la plus prisée parmi les compléments<br />
de laquelle on remarque un véhicule de transport de<br />
chapiteau très recherché par les collectionneurs.<br />
[ Christian Leblanc a réservé une pièce<br />
de huit mètres sur cinq dans sa maison<br />
pour s’entourer de tout ce qui repré-<br />
sente l’univers du cirque. Un univers<br />
magique qui l’a fasciné depuis son<br />
enfance ]<br />
plein cadre
La magnifique maquette du Cirque Pinder (configuration année 2000).<br />
plein cadre<br />
Intéressant aussi bien que plus modeste, le Cirque<br />
Bartellos ne manque pas de charme. Très différent des pré-<br />
cédents, le cirque Playmobil, à l’aspect très « jouet », est<br />
pourtant un objet de convoitise pour les amateurs.<br />
Sans leurs chapiteaux cette fois, on peut admirer des<br />
véhicules du Cirque Roncalli, une remorque de collection<br />
du Cirque Hermann Rentz, et les véhicules publicitaires du<br />
Grand Cirque de France.<br />
La fête foraine<br />
Pour rester dans l’ambiance des divertissements ambulants,<br />
Christian Leblanc a commencé aussi une autre collection :<br />
celle des métiers de fête foraine. Il s’agit ici de manèges qui<br />
fonctionnent toujours dans les foires attractives. Actuellement,<br />
la sienne compte huit éléments de chez Faller : une grande<br />
roue de 40 cm de diamètre composée de 1.000 pièces, un<br />
manège de chevaux de bois, une chenille, un manège de<br />
chaises volantes, trois manèges à plateau (avec nacelles<br />
autorotatives, inclinable avec nacelles, et avec gondoles qui<br />
se balancent) et une confiserie.<br />
Il convient d’y ajouter un manège de chevaux de bois<br />
de chez Corgi et un carrousel avec 15 versions de musique<br />
de près de 40 cm de diamètre.<br />
Comme on l’imagine, le site de la fête foraine comporte<br />
également des accessoires (barrières, éclairages, camions,<br />
remorques, caravanes pour professionnels, personnages…).<br />
Vue générale d’une partie de la fête foraine.<br />
Christian Leblanc<br />
0 0 3 3 (0)6 8 9 9 9 8 8 61<br />
Insolit e<br />
Du rêve à la réalité<br />
Mais revenons au cirque. Comme on l’imagine, Christian<br />
Leblanc possède aussi d’autres pièces : une centaine<br />
d’affiches, une soixantaine de programmes, une<br />
vingtaine de bibelots, trois chaises de loge du Cirque<br />
Medrano, un grand panneau de loge du Cirque Amar,<br />
un clown en résine de 1,80 m, et un service du Cirque<br />
Arlette Gruss.<br />
Christian Leblanc dans son univers magique.<br />
Mais, depuis 2003, il est également actif dans<br />
le monde du cirque. C’est lui qui a tout mis en œuvre<br />
pour que des chapiteaux viennent présenter la magie<br />
de la piste à Longwy : Amar en 2004, Bouglione en<br />
2005, Maximum en 2007, Medrano en 2008, 2009, et<br />
2010, et Maximum en 2010 également. Cette année,<br />
Medrano sera de nouveau à Longwy les 18 et 19 juillet,<br />
et Maximum les 12, 13 et 14 novembre.<br />
Christian Leblanc s’occupe de toutes les formalités<br />
avec la mairie et fait l’interface avec les services<br />
municipaux. Il traite aussi la pré-vente dans la<br />
région pour Medrano depuis 2008 avec les comités<br />
d’entreprises et les centres de loisirs. Depuis le début<br />
de cette année, il assure en outre la pré-vente dans<br />
toute la France pour Maximum auprès des maisons<br />
de retraite et des centres pour handicapés.<br />
Celui qui assouvit sa passion dans l’ombre<br />
méritait bien d’être pour une fois sous les projecteurs<br />
d’un <strong>magazine</strong> international.<br />
Michel Nivoix<br />
Photos-Christian Leblanc<br />
page < 13 >
Une région, un patrimoine<br />
Sauvegarde et<br />
restauration exemplaire à<br />
Blénod-les-Toul<br />
Depuis quinze ans, une association restaure à Blénod-les-Toul, dans le sud du<br />
Toulois, de petits bâtiments érigés il y a plusieurs siècles au chevet de l’église<br />
du village : les loges. Un patrimoine rare et historiquement très particulier dans<br />
la sauvegarde duquel s’investissent des bénévoles.<br />
Niché au cœur du vignoble des côtes de Toul, le village<br />
de Blénod-les-Toul semble veiller sur la plaine où ser-<br />
pente l’autoroute Lorraine-Bourgogne. Contrairement<br />
au village-rue, typique de la Lorraine, il s’organise autour<br />
d’un ensemble architectural constitué par l’église, le<br />
château, et les loges, ensemble que l’on doit à Hugues<br />
des Hazards.<br />
page < 14 ><br />
Né en 1454 dans ce village, il gagna Sienne<br />
après des études à Toul, Metz et Dijon, puis débuta<br />
sa carrière en qualité d’avocat à Rome. Rappelé en<br />
Lorraine par le duc René II, il fut nommé prévôt de<br />
l’église Saint-Georges de Nancy, puis président des<br />
Etats de Lorraine, chef du Conseil Ducal, et doyen du<br />
chapitre de la cathédrale de Metz. Le 13 mai 1506,<br />
Hugues des Hazards – dont la devise était « mode-<br />
rata durant », ce qui signifie « les choses ordonnées<br />
durent » – devint le 74 e évêque de Toul, ville distante<br />
de 15 km. Il fit édifier alors une magnifique église de<br />
style gothique tardif avec des éléments décoratifs de<br />
[ Contrairement au village-rue, typique<br />
de la Lorraine, le village de Blénod-les-<br />
Toul s’organise autour d’un ensemble<br />
architectural constitué par l’église, le<br />
château, et les loges, ensemble que<br />
l’on doit à Hugues des Hazards ]<br />
Une église imposante pour un village.<br />
Photo-Colette Marchal
la première Renaissance et la dédia à Saint-Médard. Il fit<br />
aussi reconstruire le modeste château sur les bases de celui<br />
datant du XIII e siècle.<br />
La générosité de l’évêque<br />
Pour remercier les villageois de leur aide lors des travaux,<br />
Hugues des Hazards les autorisa à édifier, au sud et à l’ouest<br />
de l’église, et à l’intérieur des remparts du bourg, une cin-<br />
quantaine de petites maisons destinées au stockage et à<br />
la protection des biens et des récoltes, et comportant un<br />
cellier à demi enterré, un rez-de-chaussée surélevé et un<br />
étage. Trois niveaux de six mètres sur six dont les planchers<br />
reposaient sur des poutres en chêne parallèles aux façades.<br />
A partir de la Révolution, les loges changèrent de<br />
destination et servirent d’habitation à des familles pauvres.<br />
Depuis 1960, elles étaient à l’abandon. Or, ces loges, uniques<br />
en leur genre et qui constituent de précieux témoins du XVIe siècle, menacèrent rapidement ruine. C’est alors que l’Association<br />
pour la sauvegarde du patrimoine architectural et<br />
culturel de Blénod-lès-Toul – créée en 1980 par le colonel<br />
Pierre-Alain Antoine et Aimé Richard – est intervenue. Initialement<br />
fondée pour restaurer le très bel orgue du facteur<br />
Dingler, construit en 1731 pour l’abbaye Saint-Léon de Toul<br />
puis transféré ici en 1793, l’Association a changé de cap et<br />
modifié son objectif pour se consacrer à l’urgence : le rachat<br />
de plusieurs loges en vue de leur restauration.<br />
Une première réussite<br />
« Il faut avoir les moyens de ses ambitions », dit-on. Mais<br />
ce n’était pas le cas. Alors, l’Association se les est donnés.<br />
Un véritable parcours du combattant qui, précisons-le dès<br />
plein cadre<br />
Une ré gion, un patrimoine<br />
Façade de deux loges restaurées. Le président Dominique Notter.<br />
Photo-Annette Queudot<br />
ici pour éviter un inutile suspense, a été accompli avec<br />
succès : une loge a pu être acquise en 1985.<br />
Dénommée Loge du Patrimoine, elle a été ouverte<br />
au public en 1995 après les indispensables travaux<br />
de restauration, conduits avec le plus grand respect de la<br />
petite bâtisse et une opiniâtreté qui fait honneur à celles<br />
et ceux qui y ont œuvré. Elle héberge un petit musée des<br />
arts et traditions populaires dans lequel on peut admirer,<br />
au rez-de-chaussée, la reconstitution d’un logis meublé et<br />
décoré, à l’étage une exposition d’outils anciens et, dans<br />
le cellier, du matériel de vigneron. Une façon originale de<br />
faire découvrir une construction qui ne l’est pas moins, tout<br />
comme il est possible de visiter une cellule à la Grande<br />
Chartreuse dans les Alpes.<br />
Enfilade de portes de communication entre les loges.<br />
page < 15 ><br />
Photo-Christophe About
Une région, un patrimoine<br />
Porte Renaissance restaurée dans l’une des<br />
loges.<br />
De grandes ambitions<br />
Depuis 1996, c’est un enfant du pays, Dominique Notter,<br />
maître de conférences en biologie cellulaire à la faculté de<br />
Pharmacie de Nancy, qui préside l’Association pour la sauvegarde<br />
du patrimoine architectural et culturel de Blénodlès-Toul.<br />
L’une des premières décisions prises a été d’acquérir<br />
quatre nouvelles loges et trois terrains d’anciennes loges,<br />
réduites à l’état de ruines. 30.000 FRF (soit 4.573 EUR) de<br />
l’époque suffisaient, eu égard à l’état des immeubles. Mais<br />
l’Association ne les avait pas. Le président a alors demandé –<br />
initiative originale – à ses membres de consentir des prêts<br />
à taux zéro. La somme ayant été ainsi réunie, il fallait trouver<br />
l’argent nécessaire aux opérations de restauration, d’autant<br />
que parfois ne subsistaient que les murs. Des fonds parlementaires,<br />
un apport du Fonds National d’Aménagement et<br />
de Développement du Territoire, et des subventions de la<br />
Direction Régionale des Affaires Culturelles, du Conseil Général<br />
de Meurthe-et-Moselle et de la Fondation du Patrimoine ont<br />
permis de réunir 400.000 FRF (60.980 EUR) de l’époque,<br />
de consolider les quatre loges, et notamment de refaire les<br />
toitures et mettre en place des planchers provisoires. Reste<br />
à peaufiner le travail (isolation, électricité, enduits intérieurs,<br />
installation de planchers définitifs, et ravalement de la façade<br />
de quatre loges).<br />
Ces loges sont destinées à héberger le bureau<br />
de l’Association, un lieu d’accueil pour les touristes, des expositions<br />
permanentes (arts et traditions populaires) et des<br />
expositions temporaires. Avec celle aménagée en musée,<br />
page < 16 ><br />
Inspirée de celles des autres loges, une cheminée remarquablement reconstituée.<br />
l’Association a donc déjà sauvé cinq loges. De plus,<br />
elle a réalisé des passages d’une loge à l’autre au<br />
niveau du rez-de-chaussée, cependant qu’est en<br />
cours l’aménagement de passages, toujours entre<br />
les loges, à l’étage.<br />
Les travaux dans deux autres loges (Loge de<br />
la Vierge et sa voisine) restent à faire : ce sont les plus<br />
importantes et les plus belles. Celle que l’on nomme<br />
Loge de la Vierge est ainsi définie parce que l’angle<br />
de la maison est orné d’une colonne surmontée d’une<br />
niche marquée aux armoiries de Hugues des Hazards,<br />
dont la tradition dit qu’elle abritait une Vierge. Ces deux<br />
loges appartenaient probablement aux chanoines de<br />
Toul, d’où leur nom de loges canoniales.<br />
Professionnels et bénévoles au coudeà-coude<br />
Pour mener à bien ces opérations de sauvegarde et<br />
de restauration, l’Association a dû faire appel à des<br />
artisans spécialisés. Mais elle a organisé régulièrement,<br />
depuis 1998, des chantiers de bénévoles, ces derniers<br />
venant parfois de l’étranger. Allier la compétence des<br />
uns à la bonne volonté des autres était un pari qui, là<br />
encore, a été gagné.<br />
Les travaux vont encore se poursuivre dès<br />
le retour des beaux jours : il reste encore beaucoup<br />
à faire. Mais l’avancement de ce chantier conduit<br />
à l’échelle de l’ancien bourg se poursuit de façon<br />
satisfaisante.<br />
Photo-Christophe About
La ruelle de la Poterne.<br />
plein cadre<br />
Afin de drainer quelques fonds supplémen-<br />
taires, l’Association organise chaque année des visites<br />
guidées (voir ci-dessous) et des manifestations cultu-<br />
relles (concerts, représentations théâtrales, animations,<br />
conférences, voyages) et vend des cartes, ouvrages,<br />
et publications.<br />
Elle va, en outre, faire appel aux souscriptions<br />
de la Fondation du Patrimoine.<br />
Les richesses de l’église Saint-Médard<br />
Imposante, l’église que fit élever de 1506 à 1512 Hugues<br />
des Hazards, alors évêque de Toul, est intéressante à<br />
divers titres : son style, gothique tardif avec remplages<br />
flamboyants et éléments décoratifs de la première Re-<br />
naissance, mérite à lui seul une visite ; le tombeau<br />
de Hugues des Hazards, qui l’avait fait réaliser pour y<br />
reposer : au-dessus du gisant, la représentation des<br />
sept arts libéraux (grammaire, dialectique, rhétorique,<br />
arithmétique, musique, géométrie, et astronomie) ;<br />
au-dessous, dix « deuillants » tiennent un phylactère<br />
(c’est-à-dire une banderole) portant trois mots : « Naître,<br />
travailler, mourir » ; les magnifiques vitraux, qui datent<br />
de 1512 ; et le très bel orgue, dû au facteur Dingler.<br />
Michel Nivoix<br />
Une ré gion, un patrimoine<br />
Association pour la sauvegarde du patrimoine architectural<br />
et culturel de Blénod-lès-Toul<br />
Place du Château<br />
F- 5 4113 Blénod-lès-Toul<br />
Courriel : patrimoineblenod@orange.fr<br />
w w w.aspacb.fr<br />
Photo-Christophe About<br />
Plan de l’enclos épiscopal.<br />
Le tombeau de Hugues des Hazards.<br />
page < 17 ><br />
Photo-Colette Marchal
page < 18 ><br />
Jardin<br />
pour la<br />
paix,<br />
Bitche.<br />
Tendances<br />
Lorraine<br />
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de l’art des jardins et aujourd’hui, des jardins contemporains comme celui de Bitche<br />
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Jardin de Callunes, Ban-de-Sapt.<br />
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être augmentée ou diminuée. Autonomie<br />
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page < 19 >
Tendances<br />
S.T. Dupont<br />
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Avec Magic Wishes, S.T. Dupont rend hommage<br />
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et Une Nuits : Aladdin et la lampe merveilleuse.<br />
Cette édition limitée se compose d’un briquet<br />
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sont numérotés sur 888.<br />
page < 20 ><br />
Hôtel Tiara Yatksa<br />
Un séjour romantique à Cannes<br />
Aqua Allegoria de Guerlain<br />
Le conte olfactif se poursuit avec Jasminora<br />
Tous les printemps, la collection Aqua Allegoria s’enrichit d’une nouvelle création, parfois<br />
éphémère. Cette année, c’est Jasminora qui rejoint Pamplelune (fruité hespéridé),<br />
Herba Fresca (héspéridé aromatique et vert), Mandarine Basilic (hespéridé aromatique)<br />
et Flora Nymphea (floral).<br />
Dans Jasminora, les bouffées fraîches du jasmin<br />
de Calabre sont accentuées par des fleurs<br />
blanches aux légères tonalités vertes : en particulier<br />
freesia, mais aussi cyclamen, accord<br />
muguet. Et quelques touches de bergamote<br />
et de galbanum renforcent cette impression de<br />
fraîcheur évanescente, de croquant, de verdeur.<br />
En toute discrétion, pour mieux se fondre avec<br />
la peau, le bouquet final est habillé de notes ambrées<br />
et de muscs blancs.<br />
L’hôtel Tiara Yatksa Cannes a été désigné par ses propres hôtes comme étant l’hôtel le<br />
plus romantique d’Europe dans la catégorie Best Hotel for Romance. Ce prix a été décerné<br />
par TripAdvisor® à l’occasion de leur Travellers Choice Awards 2011. Le Tiara Yaktsa se<br />
positionne également au 2 e rang dans cette même catégorie au niveau mondial.<br />
Dans la baie de Cannes, au-dessus des rivages de Théoule-sur-Mer, Tiara Yaktsa<br />
est idéalement situé. Non loin de Cannes et de son animation, à tout juste 40 minutes de<br />
l’aéroport International de Nice Côte d’Azur, Théoule-sur-Mer privilégie les charmes d’une<br />
nature exceptionnelle, entre les criques rouge porphyre et les massifs protégés de l’Estérel.<br />
Avec ses 21 chambres et suites, le Tiara Yaktsa Hôtel cultive le romantisme et la discrétion<br />
pour offrir un séjour de luxe et de quiétude.<br />
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Des rampes<br />
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Des rampes d’escaliers réalisées avec DuPont Corian<br />
® , ce matériau créatif endurant, qui résiste à l’eau<br />
et aux intempéries, qui s’entretient facilement, qui est<br />
translucide en version peu épaisse et qui peut adopter<br />
pour ainsi dire toutes les formes imaginables. Les<br />
rampes sont entièrement dépourvues de jointures et<br />
sont réalisées sur mesure. Un powerled blanc cool de<br />
24V se charge de l’éclairage. Elles sont produites par<br />
la société belge Mobitim.<br />
Acqua di Parma<br />
Noble iris<br />
Depuis 1916, la maison Acqua di<br />
Parma offre des créations fidèles à<br />
la Grande Parfumerie Italienne d’autrefois.<br />
Le parfum Iris Nobile a été<br />
conçu dans cet esprit, évoquant instantanément<br />
des essences fleuries.<br />
Un parfum d’iris aurait été<br />
le préféré de Catherine de Médicis,<br />
au point qu’elle décida de l’emporter<br />
avec elle en France, où il fut appelé<br />
Eau de la Reine. L’iris des marais, à<br />
la belle couleur jaune, est l’emblème<br />
de la Ville de Bruxelles.<br />
plein cadre
Passe-passe,<br />
un portemanteau<br />
signé<br />
Philippe<br />
Nigro.<br />
Diesel<br />
Tout en jean<br />
Pour elle, un floral boisé.<br />
Pour lui, un citrus boisé. Avec<br />
FUEL FOR LIFE DENIM<br />
COLLECTION, Diesel initie<br />
une garde-robe pour son nouvel<br />
élixir. Le parfum s’habille. Et<br />
le jean lui sied à merveille. Les<br />
flacons se lovent dans une<br />
toile stonewashed cousue à<br />
vif (pour lui) et denim plus clair<br />
(pour elle), estampillée de la<br />
fameuse étiquette Diesel.<br />
plein cadre<br />
Ligne Roset<br />
Objets et design<br />
L’étagère de coin est issue du<br />
travail de Marie Dessuant sur les<br />
Objets Vagues, une réflexion sur<br />
la divagation et sa place dans le<br />
quotidien.<br />
Belvedere Vodka<br />
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Piètement et abat-jour en verre clair<br />
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interrupteur à main noir.<br />
Tendances<br />
Plus œuvre d’art que lampe, Color<br />
Lamp de Daniel Rybakken est<br />
constituée de plaques de verre teinté<br />
dans la masse.<br />
Anakis, vases en céramique, 2 positions<br />
possibles pour la grille conique en acier<br />
découpé laser. Réalisés par 25-29.<br />
Verrouillez vos secrets !<br />
La collection Locks se décline en charms, certains fonctionnant comme de véritables<br />
cadenas. En forme de coeur, d’arc ou de demi-cercle, en or jaune, or rose<br />
ou en argent massif, brillants ou martelés, ces précieuses serrures se portent sur<br />
un bracelet ou en pendentif et peuvent être superposées, créant ainsi un bijou<br />
customisé, unique.<br />
La collection existe également avec un cadenas en forme de coeur arrondi<br />
en platine, pavé de diamants.<br />
page < 21 >
Tendances<br />
Exessory<br />
Accessoires faits main<br />
Originaux, les accessoires en cuir de la<br />
jeune entreprise belge Exessory attirent<br />
d’emblée le regard. La marque revendique<br />
le label Hand-made in Belgium, tous les articles<br />
étant fabriqués à la main dans l’atelier<br />
belge, dans les cuirs les plus nobles, avec<br />
fil de soie et doublure assortis. Chaque accessoire<br />
peut aussi être personnalisé, avec<br />
un petit texte ou une illustration.<br />
Boutique en ligne :<br />
w w w.exessor y.com<br />
page < 22 ><br />
Clé USB Remember me<br />
en cuir. Disponible en<br />
différentes couleurs et<br />
sortes de cuir. A partir<br />
de 29,99 EUR.<br />
Hard Case Agenda iPad carnivall taupe.<br />
Disponible en différentes combinaisons de<br />
cuir et de couleurs. A partir de 119,99 EUR.<br />
Bracelet Double Twist Purple (existe aussi<br />
en Brown, Gold et Silver). La manche amovible<br />
peut être portée des deux côtés. A<br />
partir de 35 EUR.<br />
Viktor & Rolf<br />
La vie en rose<br />
S’ouvrant sur un flash vert d’agrumes aux accords<br />
toniques de bergamote et mandarine, la<br />
fragrance s’épanouit dans le coeur poudré d’un<br />
bouquet de roses et de muguet, relevé par la<br />
sensualité des baies roses. L’ambre et les notes<br />
boisées de cachemire et de patchouli soulignent<br />
enfin le glamour de ce parfum résolument féminin.<br />
A découvrir dans son bel étui rose vif et son flacon grenade au<br />
tendre dégradé de transparences rosées, depuis la framboise acidulée<br />
jusqu’à la douce dragée.<br />
VIP Shoes<br />
Les marques italiennes à Pétange<br />
VIP Shoes propose une sélection exclusive de marques italiennes prestigieuses comme Attilio<br />
Giusti, Leombruni, Maretto, Lorbac, Fratelli Rossetti ou Calpierre. Et les marques comme Essere,<br />
Mugnai, Giovanni Giusti et Giulliano Venanzi lui ont confié l’exclusivité pour le Grand-Duché.<br />
<strong>Tél</strong> : (3 52) 2 6 6 5 01 5 0<br />
Sonia Rykiel<br />
Précollection Automne/Hiver<br />
Les tendances de cet automne-hiver vues par Sonia Rykiel.