Lieutenant-colonel Henry de CORTA par le Commandant
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<strong>de</strong> cheveux que son père. Il porte même la barbe. Marthe va très bien et se repose.<br />
Je vous embrasse.-<br />
La <strong>de</strong>uxième <strong>le</strong>ttre était adressée à Marthe:<br />
- Ma chère petite aimée, je ne vous verrais pas <strong>de</strong>main matin, mais je veux que ceci vous<br />
apporte tout mon amour, toute ma joie profon<strong>de</strong>: <strong>le</strong> 29 décembre efface presque, pour moi, quatre<br />
ans <strong>de</strong> chagrin, que vous avez si bel<strong>le</strong>ment supportés. Pourquoi en dire plus ? Il y faudrait trois cent<br />
pages, et vous <strong>le</strong> savez.<br />
Alors, je vous serre dans mes bras, simp<strong>le</strong>ment, pas trop fort, pour ne pas froisser <strong>le</strong> petit<br />
qui est entre nous <strong>de</strong>ux, nous unissant plus que jamais.<br />
Je vous adore. -<br />
Pendant <strong>le</strong>s quatre ans passés, la santé d’<strong>Henry</strong> avait commencé à se dégra<strong>de</strong>r; <strong>le</strong>s<br />
maladies tropica<strong>le</strong>s qu’il avait attrapé lors <strong>de</strong> ses diverses campagnes, mais principa<strong>le</strong>ment lors <strong>de</strong><br />
son séjour au Tonkin: Paludisme, amibes, etc, avaient affaibli sa résistance physique. Il buvait<br />
certainement plus qu’il n’aurait du, et fumait d’une façon <strong>par</strong>faitement excessive. Il est vrai qu’a cette<br />
époque <strong>le</strong>s français considéraient comme un titre <strong>de</strong> gloire <strong>de</strong> s’adonner aux joies <strong>de</strong> l’alcool, et la<br />
cigarette n’était pas encore condamnée <strong>par</strong> <strong>le</strong> corps médical.<br />
Malgré tout il continua à assumer ses fonctions, tout en regrettant <strong>de</strong> traîner au tab<strong>le</strong>au<br />
d’avancement. Son amour pour Marthe était intact, mais ses accès d’humeur <strong>de</strong>vinrent plus<br />
fréquents. Il commença à engraisser, et s’interrogeait <strong>de</strong> plus en plus souvent sur ses buts et <strong>le</strong><br />
sens <strong>de</strong> sa vie. Il pensa qu’un retour au Tonkin, dans ce pays qu’il avait tant aimé, et qui<br />
représentait encore l’aventure, lui serait bénéfique.<br />
d’Hannoï .<br />
C’est en 1929 qu’il <strong>de</strong>manda son affectation au 1er Étranger qui était cantonné près<br />
Et ce fut, enfin, <strong>le</strong> 25 novembre 1929 qu’il fut nommé lieutenant-<strong>colonel</strong>.<br />
Il dut patienter jusqu’au 14 février 1931 pour recevoir son ordre d’affectation dans cette<br />
unité qu’il était chargé <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r en second.<br />
Il <strong>par</strong>tit donc sur un transport <strong>de</strong> troupes, et nous <strong>le</strong> rejoignîmes quatre mois plus tard à<br />
bord du navire régulier <strong>de</strong> la Cie Paquet.<br />
Entre temps, il avait pris <strong>le</strong> comman<strong>de</strong>ment du 5eme Étranger, et nous débarquâmes dans<br />
<strong>le</strong> très beau logement <strong>de</strong> fonction qui lui était alloué à Dap-Cot, une banlieue d’Hannoï.<br />
<strong>Henry</strong> et Marthe entamèrent une vie mondaine avec réceptions et <strong>de</strong>voirs sociaux que <strong>le</strong>ur<br />
imposait ce poste. Lui, <strong>par</strong>tait <strong>le</strong> matin pour remplir <strong>le</strong>s <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> sa charge et revenait <strong>le</strong> soir, menant une<br />
vie <strong>de</strong> fonctionnaire, ce qui ne pouvait absolument pas lui convenir. Épris <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s aventures, et<br />
d’opérations hasar<strong>de</strong>uses vécues avec ses chers légionnaires et <strong>le</strong>s officiers qui <strong>par</strong>tageaient sa passion,<br />
il se trouva très vite à l’étroit dans cette vie routinière et sans surprises, ni occasions <strong>de</strong> se dépasser.<br />
Sa santé continuait à se détériorer, et l’alcool, qui a toujours été l’ami et l’ennemi du légionnaire,<br />
ne pouvait contribuer à améliorer son état. De plus, <strong>le</strong> climat dans la région d’Hannoï était <strong>par</strong>ticulièrement<br />
humi<strong>de</strong> et malsain, et cet homme <strong>de</strong> cinquante <strong>de</strong>ux ans, usé <strong>par</strong> une vie mouvementé et hyperactive,