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ON Y CROiT<br />
Face à la Mer<br />
“Rose’n’roll” - Ukunene / L’Autre<br />
Distribution - www.facealamer.net<br />
Si el<strong>le</strong>s sont six, si “el<strong>le</strong>s” sont des femmes,<br />
n’en prenez pas ombrage, n’ayez pas de<br />
faux semblants. “Nous sommes de bel<strong>le</strong>s<br />
rencontres de hasard. D’heureux croisements<br />
de vie.” Pas de féminisme mal placé donc,<br />
mais une féminité qu’il est bon de voir se déchaîner<br />
sur scène, avec <strong>le</strong>urs instruments de<br />
séduction au détour d’un refrain sonnant clair<br />
et haut. Leur second album est une étape importante<br />
: “Il a été réalisé avec peu de<br />
moyens et peu de temps, mais c’est un travail<br />
de création dont nous sommes très<br />
fières.” À l’écoute, c’est une énergie qui pétil<strong>le</strong><br />
rock et des voix qui ne tirent ni vers la<br />
niaiserie ni vers <strong>le</strong> punk faci<strong>le</strong>. C’est plutôt la<br />
famil<strong>le</strong> des saltimbanques, cel<strong>le</strong> qui explose<br />
de joie, d’amour et de fragilités bien senties.<br />
“On est deux à écrire <strong>le</strong>s textes. Puis on fait<br />
toutes l’accompagnement, en étant respectueuses<br />
des mots, <strong>le</strong>s enrichissant sans jamais<br />
<strong>le</strong>s écraser.” Et ça sonne ! Que ce soit<br />
avec <strong>le</strong>s armes d’une rêveuse dentelière<br />
(Sirop de pomme), cel<strong>le</strong>s d’un sacré coup de<br />
gueu<strong>le</strong> (Marre), ou encore cel<strong>le</strong>s de la mélancolie<br />
(Pierrot), <strong>le</strong>s chansons s’envo<strong>le</strong>nt et<br />
la musique n’est pas en reste. Violon, accordéon,<br />
guitare, tuba, cornet, mélodica, alto,<br />
basse, kazoo… si el<strong>le</strong>s ne sont que six, el<strong>le</strong>s<br />
joutent en diab<strong>le</strong>sses au bal des jong<strong>le</strong>uses<br />
de sons. Avec un grand nombre de dates à<br />
<strong>le</strong>ur compteur, tant dans des petits espaces<br />
que sur des scènes de festival, el<strong>le</strong>s ont joué<br />
avec du beau linge : de Mano Solo à Émilie<br />
Loizeau en passant par Karpatt et La Rue Ketanou,<br />
c’est toute une famil<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>ur a ouvert<br />
<strong>le</strong>s bras. Jusqu’à Arnaud des Joyeux<br />
Urbains qui <strong>le</strong>s a accueillies en résidence :<br />
“On est beaucoup sur scène, il nous a permis<br />
un travail de mise en espace qui nous manquait,<br />
sans jamais verrouil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s portes.”<br />
Parce qu’avant tout, Face à la Mer est une<br />
affaire de scène : de la sueur des f<strong>le</strong>urs, et<br />
du son ! Lise Facchin<br />
Under Kontrol<br />
“1” - I.O.T. Records / Full Rhizome<br />
myspace.com/underkontrol<br />
Pas besoin de kilotonnes de matériels ou de grands camions de tournée<br />
pour assurer des spectac<strong>le</strong>s. Les instruments d’Under Kontrol consistent<br />
simp<strong>le</strong>ment en quelques compresseurs, des filtres… et <strong>le</strong>urs bouches !<br />
Dans une période qui est à l’ajout outrancier de sons é<strong>le</strong>ctro, ils naviguent<br />
à contresens avec un album intégra<strong>le</strong>ment dédié au human beatbox (HBB) :<br />
“On estime que <strong>le</strong> beatbox sans machines n’a pas été amené jusqu’au<br />
bout de ses capacités. Notre album, c’est du HBB à 100% !” Désireux de<br />
ne pas verser dans la performance, <strong>le</strong> groupe veil<strong>le</strong> toutefois à proposer<br />
des chansons structurées. “L’avantage, c’est que tu bluffes <strong>le</strong>s gens à<br />
chaque fois. Si en plus tu proposes des morceaux qualitatifs et musicaux,<br />
tu ne peux qu’intéresser”, explique Fayabraz. Eparpillés entre Lyon, Marseil<strong>le</strong><br />
et Paris, <strong>le</strong>s quatre membres d’Under Kontrol ont près de dix ans<br />
de pratique derrière eux : “Pour la plupart, on a grandi dans <strong>le</strong> milieu hiphop<br />
qui comprend plusieurs disciplines. Quand tu es ado<strong>le</strong>scent, tu choisis<br />
la tienne parmi <strong>le</strong> break, <strong>le</strong> graff, <strong>le</strong> rap, etc. Pour nous, la vraie révélation<br />
a été Rahzel [ndlr : ancien membre de The Roots, Rahzel a collaboré avec<br />
Björk, Mike Patton ou encore IAM], qui a beaucoup participé à la démocratisation<br />
du mouvement.” En 2009, ils ont remporté <strong>le</strong> championnat du<br />
monde de HBB à Berlin dans la catégorie groupe : “Étant donné qu’il n’y<br />
a aucun relais médiatique du tournoi, quand tu reviens en France, tu es<br />
champion du monde de rien !” Quand bien même, dans la foulée, ils signent<br />
avec un label indépendant. Avec des morceaux entraînants et singuliers,<br />
Under Kontrol pourrait être <strong>le</strong> porte-drapeau français qu’il faut à un mouvement<br />
qui recè<strong>le</strong> bien des qualités.<br />
Yves Tradoff<br />
4<br />
Alain Dode<strong>le</strong>r<br />
Marylène Eytier<br />
Marylène Eytier<br />
Jérémie<br />
Bossone<br />
www.jeremiebossone.com<br />
Deux guitares, une voix et cette tension permanente<br />
qui habite chaque morceau. Jérémie Bossone a posé<br />
son ta<strong>le</strong>nt d’écriture aux confins de deux mondes qui<br />
se jalousent : <strong>le</strong> rock et la chanson. “C’est cet interval<strong>le</strong><br />
qui m’intéresse, mais <strong>le</strong> terme “chanson-rock”<br />
est galvaudé… J’aime l’idée que la chanson, ce ne<br />
sont pas des tonnes de textes et une musique<br />
chiante, et que <strong>le</strong> rock, ce ne sont pas que deux<br />
phrases débi<strong>le</strong>s.” De fait, issu d’un groupe de metal<br />
(Bloodychrist), influencé par des exhalaisons baudelairiennes<br />
ado<strong>le</strong>scentes tempérées par l’écriture de<br />
Dylan, il avance en équilibre sur cette ligne de démarcation<br />
où d’autres se sont aventurés sans garder la<br />
rectitude nécessaire. Raison pour laquel<strong>le</strong>, malgré la<br />
brassée de prix scéniques remportés en six ans de carrière<br />
sous son nom, il n’a sorti qu’un seul disque en<br />
2005 (Lili Per<strong>le</strong>) pour deux qui dorment en attendant<br />
de <strong>le</strong>ur trouver une issue parvenant à maintenir cet<br />
entre-deux fragi<strong>le</strong>. Car justement, si “<strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures<br />
chansons sont écrites en une journée, un album n’est<br />
pas qu’une succession de chansons. C’est une œuvre,<br />
il lui faut du relief.” L’EP sept titres qui sort fin octobre<br />
reste “un projet compliqué dans la manière de l’aborder”<br />
qui rend la tension palpab<strong>le</strong> mais qui reste pour<br />
lui, avec sa forme épurée, une étape pour poser <strong>le</strong>s<br />
choses. Pour l’instant, la distribution n’est prévue qu’à<br />
la sortie des concerts, là où la puissance évocatrice<br />
de Jérémie Bossone prend corps grâce à un spectac<strong>le</strong><br />
épuré, sans l’esbroufe d’une mise en scène. Paradoxal<br />
pour quelqu’un qui sort du cours Florent mais qui a<br />
“un rapport compliqué avec <strong>le</strong> théâtre. Je n’aime pas<br />
<strong>le</strong>s mises en scène de concerts qui masquent un vide.<br />
Je ne veux pas anéantir la notion de fragilité.” El<strong>le</strong><br />
fait partie de l’œuvre.<br />
Jean Luc Eluard