la scolarité - Questions de parents - Nantes

Supplément à NANTES PASSION, magazine de l’information municipale - NOVEMBRE - N°199
Nantes
www.nantes.fr
AU
QUOTIDIEN
Accompagner
la scolarité
QUARTIERS L’actualité sur votre lieu de vie P 10
HISTOIRE Miséricorde, “le Père-Lachaise nantais” P 26

[ce mois-ci]
Réussir à l’école reste un enjeu fort pour les parents
mais, si tous les enfants ont droit à la scolarité, tous ne
sont pas égaux face aux apprentissages, pour de
multiples raisons. Depuis longtemps, des associations,
appuyées par la Ville, proposent aux écoliers, collégiens
et lycéens un accompagnement à la scolarité qui, sous
différentes formes, vise à l’épanouissement et à la
réussite de citoyens en construction. Enquête.
À Bottière, l’Enchanterie a ouvert ses portes avant l’été
dans le récent quartier de la Marrière, rue Glotin. Ce nouvel
établissement d’hébergement pour personnes âgées
dépendantes accueille 80 résidents, principalement des
Nantais et des anciens du quartier.
À Chantenay, l’opération programmée d’amélioration
de l’habitat (Opah) rue de La Montagne, lancée par la Ville
en novembre 2004 pour améliorer le confort des
logements du quartier en aidant financièrement les
propriétaires à réaliser les travaux, est terminée.
Dans le cadre des Rencontres d’automne,
annuellement proposées par l’Office des retraités et
personnes âgées de Nantes, une œuvre d’art s’installe
pendant huit jours, du 18 au 25 novembre, dans le cadre
verdoyant du jardin des Plantes. “Empreintes” est le
nom de cette œuvre réalisée par des habitants des onze
quartiers de Nantes, personnes retraités, mais pas
seulement.
Ce ne sont que des exemples de l’actualité que vous
retrouverez sur quinze pages dans ce numéro de Nantes
au quotidien.
Enfin, dans les histoires de quartiers, Nantes au
quotidien vous invite à découvrir le cimetière Miséricorde
le “Père-Lachaise nantais” ainsi que l’histoire de La
“Nantaise de fonderies”
Bonne lecture.
Nantes au quotidien, supplément à Nantes Passion
Directeur de la publication : Jean-Marc Ayrault.
Codirecteur de la publication : Mathieu Baradeau.
Rédacteur en chef : Philippe Bouglé.
Rédactrice en chef adjointe, responsable Nantes au quotidien :
Isabelle Robin.
Photos : Stéphan Ménoret, Régis Routier.
Ont collaboré à ce numéro : Loïc Abed-Denesle,
Pierre-Yves Lange, Ophélie Lemarié,
Emmanuelle Morin, Anne Neyens,
Armelle de Valon, Laurence Vilaine.
[l’enquête]
[11 quartiers]
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[histoires]
Nantes au quotidien - 3 - Novembre 2009
4 Accompagner
la scolarité : tout est
bon pour apprendre
Favoriser
les apprentissages
hors du temps scolaire
Encourager les solidarités
Rendre concrets
les apprentissages
CENTRE-VILLE
Il se passe toujours quelque chose à Pol’n
DERVALLIÈRES / ZOLA
“Un morceau de ciel bleu au-dessus
de ma tête” ?
ÎLE DE NANTES
Andy Pijulet et Louis Roche,
espoirs du “H” en bleu
BOTTIÈRE / DOULON
Un nouveau lieu de vie pour le grand âge
BREIL / BARBERIE
Envie de changer le quotidien ?
Rejoignez “Comédie Breil”
NANTES ERDRE
La P’tite Yourte, c’est la dernière fois
MALAKOFF / SAINT-DONATIEN
“Empreintes” insolites au jardin des Plantes
NANTES NORD
La bande dessinée annonce La Folle Journée
NANTES SUD
Un hôpital tout en bois pour les enfants
BELLEVUE / CHANTENAY
Lutter contre le mal logement
HAUTS-PAVÉS / SAINT-FÉLIX
La sépulture de Joseph Chenantais
reprend des couleurs
Miséricorde, le “Père-Lachaise nantais”
La “Nantaise de fonderies” :
un siècle d’activité avant de devenir jardin...

[l’enquête]
Accompagner la
scolarité : tout est
bon pour apprendre
Réussir à l’école
reste un enjeu fort
pour les parents
mais, si tous les
enfants ont droit à
la scolarité, tous
ne sont pas égaux
face aux
apprentissages,
pour de multiples
raisons.
Depuis longtemps,
des associations,
appuyées par la
Ville, proposent
aux écoliers,
collégiens et
lycéens un
accompagnement
à la scolarité qui,
sous différentes
formes, vise à
l’épanouissement
et à la réussite
de citoyens
en construction.
Témoignages
croisés d’acteurs
sur le terrain.
Enquête
de Armelle de Valon
Favoriser les apprentissages
hors du temps scolaire
Une relation de confiance
avec un adulte neutre
L’amicale laïque des Marsauderies
a mis en place l’accompagnement
scolaire, à la demande du directeur
de l’école, à la rentrée 2006. Et
c’est volontairement que l’association
a choisi d’établir l’activité dans
l’enceinte de l’établissement.
“Nous sommes par nature un partenaire
de l’école. L’activité a lieu
sur place, c’est une manière pour
nous de réconcilier les enfants avec
ce lieu d’apprentissage” explique
Yvette Ginsburger, qui a organisé
l’activité, avec d’autres bénévoles.
Quatre jours par semaine, après la
classe, de 16 h 30 à 18 h 30, les
bénévoles proposent un accompagnement
individuel à des enfants
en difficulté scolaire. “On s’occupe
des devoirs mais pas seulement.
L’enfant parle de sa journée. On
offre un goûter et un temps de jeu
ou d’activité sportive (basket,
foot...).”
Ce sont les enseignants, qui, avec
l’accord des parents, proposent l’activité
(gratuite) aux écoliers. “Ce qui
fonctionne, c’est la relation entre
l’adulte, qui n’est ni un enseignant,
ni le parent, et l’enfant.” Même si
ça n’est pas toujours facile” ajoute
Monica Lemasson, l’une des bénévoles.
“On a eu le cas d’un élève de
CE1 qui arrivait toujours avec un cartable
vide. Il n’est plus venu au bout
d’un trimestre et cette année, c’est
lui qui a demandé à venir.”
Un espace dédié
Autre facteur favorisant, le fait d’avoir
un temps et un espace dédiés à l’enfant
et son travail individuel, que ce
soit au domicile ou dans un local
spécifique, comme à l’association
les 2 rives, dans le quartier des
Dervallières. À partir de 16 h 30, la
sonnette retentit régulièrement, la
porte s’ouvre sur des jeunes (de
onze à vingt-et-un ans) qui viennent
faire leurs devoirs. Ils s’installent à
un bureau ou à l’ordinateur.
L’ambiance est calme. Bénévoles ou
permanents de l’association sont à
leur disposition. “Une quinzaine de
jeunes passe là tous les soirs. Deux
à trois intervenants sont présents.
L’objectif, c’est qu’ils se passent
peu à peu de nous...” souligne
Fabien Hasquenoph, l’un des permanents.
Nantes au quotidien - 4 - Novembre 2009
L’association existe depuis une
vingtaine d’années. Elle a été créée
à l’initiative d’étudiants algériens de
Nantes. Cette année, elle a fait le
plein dès le mois d’octobre.
Pourquoi un tel succès ? “Les
jeunes viennent ici pour être aidés
parce que ça ne va pas à l’école, qu’il
peut y avoir des tensions avec les
parents. Ici, c’est un lieu neutre et
complémentaire à l’école, on ne surveille
pas leurs résultats.” Une
maman passe inscrire sa fille. Elle
raconte qu’elle a été à l’école jusqu’en
6 e . Elle vient prendre des nouvelles
de ce que fait sa fille, évoque
ses difficultés en maths. “Les
parents, souvent, ont tout misé sur
l’école. On est une sorte de tampon
social. La demande est forte, on est
obligés de faire une liste d’attente...”
À l’ACMNN aussi (Association culturelle
musulmane de Nantes Nord),
l’accompagnement scolaire se fait
dans un local dédié. “Suite à une
journée de classe, ça n’est pas toujours
facile d’ouvrir son cartable pour
travailler. Voir les autres le faire, ça
donne du courage” souligne Valérie
Zouane, animatrice médiatrice.

“Ce qui fonctionne,
c’est la relation
entre l’adulte,
qui n’est ni un
enseignant ni le
parent, et l’enfant.
Nous sommes
par nature
un partenaire de
l’école. L’activité
a lieu sur place,
c’est une manière
pour nous
de réconcilier
les enfants
avec ce lieu
d’apprentissage.”
Yvette Ginsburger (ci-dessous) et Monica Lemasson,
amicale laïque des Marsauderies
Nantes au quotidien - 5 - Novembre 2009
Fabien Hasquenoph,
association les 2 rives
“Les jeunes viennent ici pour
être aidés parce que ça ne va
pas à l’école, qu’il peut y
avoir des tensions avec
les parents. Ici, c’est un lieu
neutre et complémentaire à
l’école, on ne surveille pas
leurs résultats. L’aide aux
devoirs est un prétexte
à l’apprentissage
de l’autonomie et de
la citoyenneté. On encourage
les jeunes à monter
des projets pour s’ouvrir
au monde extérieur.”

[l’enquête]
Accompagner la scolarité :
tout est bon pour apprendre
Françoise Peigné et Monique Ollu,
de l’Entraide scolaire
“La porte d’entrée reste l’aide aux devoirs.
Mais on entre aussi dans une famille, avec ses joies
et ses problèmes… On aide les parents à faire
ce qu’ils ne peuvent pas faire avec leurs enfants.
Et quand ça
donne
des résultats,
leur regard
sur leur enfant
se modifie.”
Nantes au quotidien - 6 - Novembre 2009
Encourager les
Aider les parents autant que leurs enfants
Aider un enfant ou un jeune en difficulté scolaire,
c’est nécessairement entrer dans une certaine intimité.
C’est ce qu’expérimentent, comme la plupart
des bénévoles qui font de l’accompagnement à la
scolarité, ceux de l’Entraide scolaire, une association
dont le siège est à Orvault mais qui a essaimé
dans de nombreux quartiers de Nantes. Au départ,
c’est une enseignante en retraite qui voulait aider
son entourage. Aujourd’hui, ce sont cinquante à
quatre-vingts bénévoles, retraités, étudiants ou
actifs, qui vont au domicile des enfants ou des
jeunes (du primaire au bac et plus), pour apporter un
soutien individualisé. Mais aussi tout autre chose,
comme l’expliquent Françoise Peigné, présidente et
Monique Ollu, bénévole de longue date, qui toutes
deux suivent des élèves chez eux. “Nous nous
occupons essentiellement d’enfants ou de jeunes
issus de milieux plutôt défavorisés et de familles
d’origine étrangère. La porte d’entrée reste l’aide
aux devoirs. Mais on entre aussi dans une famille,
avec ses joies et ses problèmes…”
C’est ainsi que Françoise et Monique se sont vu
faire des démarches pour une naturalisation, une
entrée en formation, le passage du permis de
conduire. “On arrive pour s’occuper d’un des
enfants, qui a très envie qu’on s’occupe de lui. Mais
il y a aussi ses frères et sœurs. Il n’est pas rare
qu’un bénévole s’occupe de plusieurs enfants dans

solidarités
une même famille.” “On aide aussi les parents à faire
ce qu’ils ne peuvent pas faire avec leurs enfants. Et
quand ça donne des résultats, leur regard sur leur
enfant se modifie.” Tout naturellement, des liens se
créent. “Le fait d’entrer au domicile du jeune permet
de comprendre vraiment son quotidien, sa situation.
Après, on fait un peu partie de la famille. Qui nous
remercie avec un plat de riz ou l’invitation à un
mariage. Il est arrivé aussi qu’un jeune accompagné
devienne bénévole à son tour !”
Et quand le dialogue n’a pas lieu avec les familles, le
partenariat étroit avec l’équipe d’enseignants facilite
bien les choses, comme le raconte Monica Lemasson,
bénévole à l’amicale laïque des Marsauderies : “Je
pense à un enfant très renfermé, qui ne disait pas un
mot. Je lui ai dit qu’on allait arrêter. Finalement, il est
revenu. On a su que sa maman ne parlait pas le français.
Par le biais de l’enseignant(e), on peut dénouer
des problèmes. Cet enfant avait un gros potentiel et ça
s’est amélioré pour lui...”
Les échanges entre générations
“Faire se rencontrer deux jeunesses, des étudiants qui
sont sur un mode plutôt de réussite mais qui ont connu
les étapes de l’enseignement scolaire, et des enfants
en difficulté à l’école”, c’est l’un des objectifs de
l’AFEV (association de la fondation étudiante pour la
ville), comme l’explique Charles Amiot, l’un des permanents.
“L’étudiant, qui va au domicile, commence par
Valérie Zouane et Abdeljalil Nachaoui,
de l’ACMNN
regarder les devoirs, parce que c’est la demande première
des parents, bien souvent. Peu à peu, une relation
de confiance se construit. Si le gamin aime la BD,
ils iront voir une expo ou un concert de rap si c’est ce
qu’il aime. L’étudiant a un petit budget sorties, parce
qu’il peut se passer plein de choses en sortant de chez
soi.” Au local des 2 rives peuvent se croiser des collégiens,
des lycéens et des adultes bénévoles de tous
milieux. Parfois, l’un des jeunes va donner un coup de
main à un autre. “C’est valorisant de montrer que l’on
est capable d’apprendre quelque chose à une autre
personne, surtout dans le système de jugement dans
lequel ces jeunes sont souvent coincés. Ils se croient
nuls parce qu’on leur a dit qu’ils étaient nuls.” Brigitte,
ancienne prof de maths, vient donner de son temps à
l’association. “Je ne suis plus dans la relation
prof/élève et ça change tout. Je suis au service des
jeunes et on ne parle pas que de maths mais de plein
d’autres choses !”
À l’ACMNN, on revendique le fait de brasser les activités
et donc les publics. “Les enfants qui viennent pour l’aide
aux devoirs sont invités à participer à un rallye-lecture ou
une sortie culturelle. Et on propose à leurs parents d’accompagner
la sortie. Eux qui se sentent démunis face au
travail scolaire sont de fait valorisés comme accompagnateurs.”
Sans compter les jeunes qui passent par là, simplement
pour discuter. “On peut suivre un jeune sur toute
sa scolarité. Ça crée des liens forts et les jeunes nous tiennent
au courant de leurs projets…”
Nantes au quotidien - 7 - Novembre 2009
“Suite à une journée
de classe, ça n’est pas
toujours facile d’ouvrir
son cartable pour
travailler. Voir les autres
le faire, ça donne
du courage. On propose
un cadre de travail dans
une bonne ambiance,
qui semble convenir
aux enfants. Le fait d’être
en groupe crée une
émulation. Les uns
peuvent aider les autres
et c’est valorisant.”

[l’enquête]
Accompagner la scolarité :
tout est bon pour apprendre
Charles Amiot et Siobhan,
de l’AFEV
“Visiter le Château des ducs
pour apprendre l’histoire,
aller voir un film en version originale
puis traduire les paroles,
ce sont d’autres manières
d’apprendre tout aussi intéressantes.”
Rendre concrets les apprentiss
Aide à l’insertion et apprentissage de la
citoyenneté
“L’aide aux devoirs est un prétexte à l’apprentissage
de l’autonomie et de la citoyenneté. Ici, on
encourage les jeunes à monter des projets pour
s’ouvrir au monde extérieur. On les a emmenés
visiter la mairie, l’Assemblée nationale. Ils ont participé
à des sorties culturelles ou rencontré des
Le cadre institutionnel
L’accompagnement à la scolarité recouvre l’ensemble des actions qui, aux côtés de
l’école et des partenaires éducatifs mais en-dehors du temps scolaire, visent à
l’épanouissement personnel, l’ouverture au monde, la prise d’autonomie, la construction
du futur citoyen sans mettre de côté la réussite scolaire. L’accompagnement à la
scolarité place au cœur de ses priorités la question des parents, leur implication et leur
mobilisation comme premiers éducateurs. De par sa dimension citoyenne, enjeu de
solidarité urbaine, il est un outil au service du contrat éducatif local et constitue l’un des
axes de travail pour le projet de service public de réussite éducative mené par la Ville.
Les associations qui œuvrent sur le territoire avec l’appui de la Ville sont signataires
d’une charte nantaise de l’accompagnement à la scolarité, qui reprend les principes de
la charte nationale en l’adaptant au contexte local et donne un cadre de référence.
La Ville soutient ces associations par l’attribution de subventions et l’accompagnement
des acteurs via des groupes territoriaux dédiés (dont l’objectif est de mettre tous les
acteurs d’un territoire autour d’une table trois fois par an pour évaluer, discuter,
échanger...) Elle peut également mettre à la disposition des associations des ressources
de formation pour les bénévoles ou les encadrants. L’accompagnement à la
scolarité défend les principes de laïcité et de gratuité.
Nantes au quotidien - 8 - Novembre 2009
entreprises. On les accompagne aussi dans leur
recherche de stages ou leur orientation professionnelle.
Et, dès l’adhésion, ils signent la charte
des 2 rives, qui fixe des règles de vie collective”
précise Fabien Hasquenoph. Reda, dix-huit ans,
vient régulièrement depuis plusieurs années au
local des 2 rives. Déjà, il y a un ordinateur. Et puis,
ici, il a trouvé des petits boulots. Mais aussi de
l’aide pour son rapport de stage. Il a aussi expérimenté
le tournage d’un film. Valérie Zouane, de
l’ACMNN, relève un autre exemple concret : “Des
enfants en difficulté scolaire qu’on a emmenés sur
un forum des métiers ont pu rencontrer un architecte
qui n’a pas eu un parcours très rectiligne
pour y arriver. Ça peut les encourager à ne pas
baisser les bras.”
La démonstration par l’exemple
“Visiter le Château des ducs pour apprendre l’histoire,
aller voir un film en version originale puis traduire
les paroles, ce sont d’autres manières
d’apprendre tout aussi intéressantes” souligne
Charles Amiot de l’AFEV. Siobhan, bénévole étudiante,
va dans le même sens : “j’ai emmené un
enfant qui avait du mal à se concentrer faire des
jeux de société. On peut apprendre à compter,
faire des maths en jouant, même si ça n’est pas
toujours facile à comprendre pour les parents…”
Bernadette Guet, militante de longue date à la CSF

ages
(Confédération syndicale des familles), a toujours
accompagné des enfants. En tant qu’enseignante
puis comme bénévole. Elle défend l’idée des
apprentissages “détournés” : “J’ai eu l’occasion
de m’occuper d’enfants d’origine étrangère. On
allait au marché, pour apprendre le nom des
légumes. Je les enregistrais pour qu’ils puissent
entendre leur voix et se corriger.” Après cinq ans
au Breil, Bernadette Guet anime l’accompagnement
à la scolarité au centre-ville, quartier
Madeleine-Champ-de-Mars.
“On s’efforce de donner aux enfants la possibilité
de développer leur potentiel, en lien avec les
parents et les enseignants. Cette année, on s’est
lancé une sorte de défi !” Un défi qui a pour nom
Sonar, un projet construit avec trois associations
hébergées à Pol’n, O’Librius (travail autour
de la lecture et l’écriture), Chakipu (illustration)
et 100 Pression (graff), à quelques centaines
de mètres de la maison de quartier où a lieu l’accompagnement
à la scolarité. “On a discuté avec
le coordinateur de Pol’n, qui voulait faire quelque
chose avec les enfants. Finalement, ce sera un
projet de livre. Tous les quinze jours, les trois associations
s’inviteront aux séances avec les enfants.
“Il va falloir inventer l’histoire, l’illustrer, l’éditer.
Pour cela, on ira visiter des musées, interviewer
des artistes ou des écrivains…”, quoi de mieux
pour s’épanouir ?
“On s’efforce de donner aux enfants la possibilité de
développer leur potentiel, en lien avec les parents et
les enseignants. Cette année, on s’est lancé une sorte
de défi : fabriquer un livre. Il va falloir inventer
l’histoire, l’illustrer, l’éditer. Pour cela, on ira visiter
Bernadette Guet,
de la CSF
Nantes au quotidien - 9 - Novembre 2009
des musées, interviewer des
artistes ou des écrivains…”
L’Accoord et l’accompagnement
à la scolarité
Partenaire de la Ville dans les quartiers, l’Accoord a toujours proposé des actions
d’accompagnement à la scolarité, dans les centres socioculturels mais aussi à domicile,
sous forme individuelle ou collective. Pour l’année 2008-2009, l’Accoord a ainsi
accompagné 350 élèves de primaire et 197 collégiens et lycéens (ne sont comptés
que les jeunes venus régulièrement). 148 bénévoles aident les professionnels dans
les ateliers. L’entrée n’est pas exclusivement liée aux devoirs mais peut s’appuyer sur
de nombreux supports : activités artistiques, informatique, lecture, sport, multimédia etc.
qui permettent au jeune de s’approprier des savoirs, reprendre confiance, être valorisé.
Tout cela se fait en partenariat avec les autres acteurs éducatifs que sont l’école, la
Ville (groupes de travail territoriaux) et les parents.
Contacts
Amicale laïque des Marsauderies : 02 40 50 08 10
Association les 2 rives : 02 40 43 41 83
ACMNN : 02 40 76 08 21
Entraide scolaire : 02 40 63 49 65
AFEV : 02 40 14 16 90
CSF centre-ville : bernadetteguet@hotmail.fr
Accoord : www.accoordnantes.info

[11 quartiers] CENTRE-VILLE
Il se passe
toujours quelque
chose à Pol’n
EFFERVESCENCE. Né en 2000 de la réflexion sur la
précarité des structures dans les domaines culturels, le
collectif Pol’n joue l’effervescence. Au n°11 de la rue
des Olivettes, les nombreuses disciplines des arts et du
spectacle se rencontrent, les idées se confrontent, se
partagent, se décuplent ; et surtout, les compétences
se transmettent. “Nous formalisons cette année ce qui
se joue ici de façon informelle depuis notre création,
c’est-à-dire l’échange de savoirs, explique Armand Brard,
coordinateur de Pol’n. Le pôle ressources que nous
concrétisons est le fruit de riches expériences. Nous
avons envie de faire profiter les autres de ce que nous
avons ici à portée de mains.” Ainsi, ce pôle ressources
propose-t-il, régulièrement cette année, des ateliers
d’échanges de savoirs, tant dans les domaines artistique
que technique ou administratif, par exemple sur
l’utilisation d’un logiciel de montage vidéo ou sur la ges-
Cyril, Cathy et Roberto partagent une résidence d’artistes
à la maison de quartier Madeleine/Champs-de-Mars.
Nouvelle résidence d’artistes
Depuis le mois d’août, Cyril Cornillier,
Cathy et Roberto Ramirez sont les nouveaux
artistes accueillis en résidence à
la Maison de quartier Madeleine /
Champ-de-Mars. Plasticien, Cyril qui,
jusqu’à présent a confectionné des
décors de théâtre, se consacre pour la
première fois à des projets personnels
de création. Plasticiens également,
Cathy et Roberto (il est aussi comédien)
réalisent marionnettes géantes et piñatas,
objets de tradition sud-américaine.
“C’est par le biais de Lait de Mai que les
liens se sont tissés”, expliquent-ils,
chacun ayant apporté sa contribution
artistique à la fête du quartier. Les
artistes ont décidé de partager l’atelier
Nantes au quotidien - 10 - Novembre 2009
tion d’un lieu de diffusion nomade. “On apprend tellement
par le biais des professionnels pratiquants...”
Telle est indéniablement la force de Pol’n, de faire se
rencontrer les univers artistiques, de confronter les
moyens d’expression, et aussi de les donner à
connaître au public. L’agenda de l’année est d’ailleurs
riche en propositions : en amont de l’événement phare
du mois de mai (qui réunira les neuf structures autour
du thème du risque), le festival “Histoires Z” propose
des réflexions autour des peines carcérales en
décembre ; suivront “La nuit avant la Forêt” de Koltès,
de la maison de quartier sans cloisonnement
afin de pouvoir échanger et pourquoi
pas, interagir. Cyril s’interroge sur la
place que nous occupons dans l’univers,
“un thème très vaste, qui s’impose
comme une évidence” : un tableau présente
une mue de la terre ; d’une sphère
en bois naît une nouvelle terre et des
atomes explosent à partir d’un bloc en
polystyrène. Ces pièces, parmi d’autres,
feront l’objet d’une exposition au mois de
décembre, en même temps que Cathy et
Roberto présenteront le fruit de leur travail
de scénographes : représentation
théâtrale (Roberto anime un atelier pour
adultes), décors… “Ce lieu peut être
intimidant et un peu mystérieux pour les
Pol’n a dé

uté sa saison avec un spectacle de la compagnie L’Ardoise.
par le théâtre Icare, du 9 au 11 décembre et “La
Lutinerie”, marché de livres, disques et textiles de
jeunes créateurs les 18, 19 et 20 décembre, puis une
nuit du tango. Impossible de citer les quelque cinquante
actions de l’année : Pol’n pratique ce qu’il aime appeler
“L’art du rebond”. Définition ? “D’une idée peut naître
une autre idée, une pratique en appelle une autre. Des
besoins et envies d’expression naissent les projets.
L’envie est toujours le moteur de nos actions.”
Pol’n, 11, rue des Olivettes, 44000 Nantes.
Tél. 02 51 82 36 71. www.pol-n.org
gens du quartier. C’est un lieu de travail,
certes, mais nous essayons de le rendre
accessible.” Les habitants, les amis, les
passants sont encouragés à venir frapper
à la porte, et une fois par mois, une
soirée “portes ouvertes” les convie
plus officiellement. Inviter aussi
d’autres artistes, de disciplines différentes,
dont le travail pourrait se greffer
sur les créations et réflexions en cours,
est aussi une envie des trois résidants.
Au fur et à mesure, le travail fait naître
de nouvelles idées.
Maison de quartier
Madeleine / Champ-de-Mars,
22, rue Émile-Péhant, Nantes.
Contact : 06 63 49 64 90 (Cyril) ;
06 08 00 69 95 (Cathy).
Des dispositifs pour lutter contre
le mal logement.
Nantes au quotidien - 11 - Novembre 2009
Restaurer
les immeubles
très dégradés
LOGEMENT. L’opération programmée d’amélioration de l’habitat
(Opah) lancée en 2007 sur le quartier Decré-Bouffay est un dispositif
incitatif qui vise la réhabilitation de 124 immeubles et plus de 500 logements
d’ici 2012. Consciente du coût important des travaux de restauration
dans ce quartier, l’un des plus anciens de Nantes protégé au titre
du secteur sauvegardé, la Ville de Nantes a mis en place des aides très
avantageuses en partenariat avec l’État, l’Agence nationale d’amélioration
de l’habitat, Nantes Métropole, le Conseil général et la Caisse des
dépôts. L’enveloppe de plus de 8 millions d’euros prévue à cet effet
permet aux propriétaires d’obtenir des subventions variant de 15 à 70 %
du montant hors taxes des travaux. Grâce à
ces aides, huit immeubles ont déjà été réhabilités
ou sont en cours de travaux, avec à la
clé la remise sur le marché de près de cent
logements auparavant inhabités, dont la
moitié à loyers modérés.
Toutefois, malgré ces aides, certains propriétaires
hésitent voire refusent d’engager
les travaux pourtant indispensables sur des
immeubles particulièrement dégradés. Pour
les y contraindre, la Ville a décidé de recourir
à un dispositif coercitif : l’opération de
restauration immobilière. Cette dernière
permet de déclarer d’utilité publique la réhabilitation
des immeubles les plus vétustes.
Les travaux, aussi bien sur les parties com-
munes que dans les logements, deviennent
dès lors obligatoires. Les propriétaires sont
tenus de les réaliser dans un délai fixé, en
disposant des subventions de l’Opah et du dispositif de défiscalisation
dit “Malraux”. À défaut, en dernier recours, une procédure d’expropriation
peut être engagée à leur encontre. “Cela reste une mesure
ultime, précise la Ville. L’objectif de l’ORI, ce n’est pas d’exproprier, mais
de faire en sorte que les travaux sur les immeubles les plus vétustes du
quartier, dont la réhabilitation est jugée impérative, soient menés à
terme et que les logements les plus inconfortables, en particulier les
locatifs, soient réhabilités au bénéfice de leurs occupants”. L’ORI s’inscrit
dans une politique de lutte contre le mal logement. Elle concernera
une centaine de logements sur les mille ciblés par l’Opah.
Point d’information : Opah Decré Bouffay, 16, rue du Moulin,
02 40 89 54 26, opah.decre.bouffay@mairie-nantes.fr

[11 quartiers]
Floria Gueï,
athlète en or
TALENT. Un titre de championne de France junior sur
400 mètres glané l’été dernier à Évry, ça donne des ailes ! À
dix-neuf ans, Floria Gueï, licenciée au Stade Nantais AC, a
confirmé ainsi tout son potentiel puisqu’elle possède le
second temps européen de la distance enregistré en 2009.
Capable de doubler 200 et 400 mètres, membre de l’équipe
de France junior d’athlétisme, elle poursuit sa progression
sous la direction de son entraîneur, Georges N’Zahou.
Sur la piste du stade de Procé, Floria a déjà le regard tourné
en direction des échéances à venir en 2010, malgré une
blessure à la cuisse qui l’a privée de compétition depuis son
titre national : “L’année prochaine, je vais passer en catégorie
espoirs avec la possibilité d’être surclassée en
seniors. Mon objectif majeur, après la saison indoor, serait
donc de participer au relais 4 x 400 mètres senior aux
championnats d’Europe qui seront disputés l’été prochain à
Barcelone”. Et les JO 2012 de Londres ? Un horizon qu’elle
pourrait raisonnablement envisager au regard de ses
récentes performances mais qu’elle préfère éluder pour le
moment : “Je n’y pense pas vraiment et avec mon entraîneur,
nous n’en avons pas encore parlé. On verra en fonction
de mes résultats. J’ai d’autres palliers à franchir avant
et je dois gagner en expérience et en maturité”. En 2010
Floria Gueï n’aura que vingt ans. L’avenir lui appartient et
qui sait, elle pourrait s’inscrire dans la lignée de son illustre
aînée : Marie-Josée Pérec.
“Un morceau de ciel
au-dessus de ma têt
CRÉATION PARTAGÉE. C’est le
nom de l’événement artistique proposé
par le collectif La Luna dans le
cadre de l’Art en partage*. “Cette
action rejoint ce que nous mettons en
place aux Dervallières depuis notre arrivée
en 1992, expliquent Laure, Marie
et Anne, les trois plasticiennes du collectif,
c’est-à-dire faire de la création
artistique un travail collectif, ce qui
revient à s’ouvrir aux autres, à intégrer
de nouveaux savoirs et à faire vivre l’art
en dehors des lieux qui lui sont dédiés,
par exemple sur l’espace public, dans
un quartier, et avec ses habitants.”
Après un premier volet (“Le souffle
plus”, présenté dans le cadre de
L’Art prend l’air et au musée des
Beaux-Arts), deux autres formes sont
Nantes au quotidien - 12 - Novembre 2009
DERVALLIÈRES / ZOLA
en devenir. Il s’agit chaque fois d’une
installation-performance, un “tableau
vivant” où s’unissent mise en scène
en temps réel et projection vidéo. Pour
préparer ces créations, des ateliers
réunissent les habitants autour de thématiques
qui “ont surgi comme des
évidences”, par exemple la résistance,
le RMI, puis le RSA, ou encore l’exil. “Il
ne s’agit pas d’animer des ateliers en
imposant des activités”, explique la
Luna.
L’atelier est un temps proposé pour
échanger, inventer, se nourrir des
savoir-faire de chacun, faire évoluer
une idée… Il s’agit alors de créer (tout
est fait main) des supports, des
matières, de l’eau comme de l’air, des
formes, de mettre en scène, de

leu
e” ?
“broder des images” en quelque
sorte. Cette aventure collective (que
l’on peut rejoindre à tout moment)
s’inscrit dans la durée, dans l’échange
permanent, dans des démarches de
questionnement, d’enquête, au
cinéma, à la bibliothèque… autant
d’occasions qui permettent de cheminer
ensemble. Artistes et participants –
des personnes sorties des dispositifs
d’insertion et ne bénéficiant plus d’accompagnement
– ensemble scrutent
le ciel. Il y a des morceaux de bleu
au-dessus de nos têtes, à trouver, à
surprendre, à inventer.
*Action axée sur la création partagée, invitant
artistes et citoyens à réaliser “ensemble”
une œuvre qui sera ensuite présentée dans la ville.
La Luna : 02 40 58 07 19,
collectif@laluna.asso.fr
Séance de travail
avec les plasticiennes
de la Luna et
le groupe d’habitants.
Andy Pijulet et Louis Roche,
espoirs du “H” en bleu
HANDBALL. Ils incarnent la qualité
du travail mené au centre de formation
du HBC Nantes. Andy Pijulet
et Louis Roche font partie de
l’équipe de France juniors (moins de
vingt ans). Celle des “Bleuets”, antichambre
de l’élite, les “Experts”,
surnommés ainsi depuis leurs
récents titres olympique et mondial.
Andy Pijulet, qui a grandi dans le
quartier Malakoff, s’est vu d’ailleurs
confier en 2008 le brassard de capitaine
des “Bleuets” : “Je suis le
joueur le plus ancien et le plus expérimenté
du groupe. Cela me donne
encore plus de confiance en moi”.
Pour Louis Roche, la trajectoire
sportive épouse le sillage de son
ami : “Nous jouons au même poste,
pivot. Et nous nous côtoyons en
club depuis cinq ans. Et depuis l’an
dernier en équipe de France. C’est
vrai que j’aimerais suivre sa voie en
Nantes au quotidien - 13 - Novembre 2009
ÎLE DE NANTES
Andy Pijulet et Louis Roche de l’équipe de France juniors de handball.
club et en équipe de France”, confie
Louis Roche. “Louis ? Je l’envisage
comme un petit frère”, souligne
Andy Pijulet qui petit à petit
conquiert sa place en D1 sous la
houlette de Thierry Anti, le coach
expérimenté du HBC Nantes. “On
apprend énormément avec un
entraîneur comme lui, autant sportivement
qu’humainement”. Cette
année, Andy vit sa saison nanti d’un
premier contrat professionnel. Il
assume ses ambitions : “C’est
l’aboutissement d’une étape car ça
n’est que le début : je souhaite aller
plus loin, connaître d’autres championnats
et pourquoi pas revenir ici à
Nantes”. Louis Roche, encore pensionnaire
du centre de formation,
arpente les terrains en Nationale 2
avec l’équipe réserve du “H”. Mais
goûter à la D1 reste l’objectif pour
cet étudiant en filière STAPS.

[11 quartiers] DOULON / BOTTIÈRE
La Libre association ouvre
ses “ateliers d’expressions”
Danser, chanter, dessiner, écrire sont
autant d’outils d’expression à notre disposition,
que l’on aimerait saisir, mais qui
parfois font peur et intimident. Par
manque de confiance en soi, par peur de
mal faire aussi, on y renonce. Depuis septembre,
les dix artistes professionnels de
La Libre association se proposent d’aider
à se servir de ces outils. Arts plastiques,
danse, bande dessinée, écritures,
expressions théâtrales, voix et chants : le
menu est copieux, que l’on peut composer
au gré de ses envies ; on peut y participer
régulièrement ou ponctuellement.
Il ne s’agit pas de cours, mais d’ateliers
pendant lesquels chacun est invité à s’exprimer
le plus librement possible. “Notre
démarche n’est pas de dire comment
faire, mais d’aider à faire, d’accompagner
chacun dans son désir d’expression”,
explique Cyril Pedrosa, animateur de
l’atelier de bande dessinée. Et avec le
désir comme point de départ s’ouvre
alors tout un champ de possibles. “Cela
revient à être là, dans l’instant. Si l’on ne
sait pas faire mais que l’on a quelque
chose à dire, alors, à partir de choses très
simples, on peut aller loin dans l’aventure.”
L’intervenant est là qui accompagne,
écoute et suggère, invite à
prendre le risque de se perdre un peu,
pour ouvrir des portes et fouler de nouveaux
chemins. “L’un des secrets, pour
libérer l’action, est sans aucun doute de
se poser le moins de questions possibles.”
Quels que soient son expérience,
son style et son aisance dans la discipline
choisie, on vient s’exprimer dans le nonjugement
et pour se faire plaisir, à partir
d’expérimentations collectives ou individuelles.
À l’initiative du danseur John
Froger, La Libre association entend permettre
à chacun d’explorer son potentiel
créatif. Les ateliers se tiennent le
dimanche ; tous sont destinés à un public
adulte, certains sont ouverts aux enfants
et adolescents. Prochains ateliers, le 15
novembre.
Ateliers à la maison de quartier de
Doulon et au Gymnase IV de Malakoff.
Contact : 06 28 35 39 28,
www.lalibreassociation.org
Danse, écriture, BD, théâtre... chacun peut venir explorer son potentiel artistique.
Nantes au quotidien - 14 - Novembre 2009
Un nouveau li
pour le grand
PERSONNES ÂGÉES. L’Enchantrerie a ouvert ses
portes avant l’été dans le récent quartier de la
Marrière, rue Glotin. Ce nouvel établissement d’hébergement
pour personnes âgées dépendantes*
accueille quatre-vingt résidants, principalement des
Nantais et des anciens du quartier. Habitué à réaliser
des équipements dédiés au grand âge, l’architecte
Yann Brunel a dessiné de longs bâtiments jaune
paille avec des verrières rappelant la longère qui était
implantée avant sur cette ancienne terre maraîchère,
le sable de Loire et les serres où l’on cultivait la
mâche. Des lieux lumineux, dotés de panneaux
solaires qui assurent 70 % des besoins en eau
chaude. Les résidants peuvent y reconstituer leur
“chez eux” dans de grandes chambres, réparties par
petites unités et dotées chacune d’un petit jardin ou
d’une terrasse commune “pour supprimer l’ennui,
que les gens ne s’isolent pas”. La bibliothèque, l’atelier
Internet, la salle des familles comme la placette
plantée en cours d’aménagement : tout ici a été
pensé pour que les résidants “se sentent bien et intégrés
à la vie du quartier”.
Particularité de l’Enchantrerie : une petite unité adap-

80 personnes âgées sont accueillies à l’Enchantrerie.
eu de vie
âge
tée abrite douze logements pour personnes désorientées,
atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de
Parkinson. Les portes, sols et boîtes aux lettres y sont
de teintes différentes pour faciliter les repères. Cet
espace protégé, situé au niveau de la rue pour rester
dans la vie malgré la maladie qui tend à les couper du
monde, s’articule autour d’un patio orienté plein sud
où les résidants peuvent déambuler à l’air libre, “ce
dont elles ont terriblement besoin”. Un jardin des
saveurs va y être planté. Les tomates, salades, basilic,
toutes ces odeurs et saveurs ancrées dans la
mémoire ancienne, serviront à alimenter la cuisine
thérapeutique. “L’idée, c’est qu’on puisse y faire de la
soupe, des crêpes, des gâteaux. Ces gestes simples
de la vie qu’on faisait avant à la maison permettent
aux personnes désorientées de se poser et d’oublier
leurs angoisses”, explique la responsable de
l’Enchantrerie Marion Quentel. “Mieux les gens se
sentiront ici, plus ils auront envie de rester”, précise
l’architecte qui a déjà conçu douze unités du même
genre.
* Construit par Nantes Habitat, l’Ehpad Enchantrerie est géré
par Mutualité Retraite. L’investissement (9 M€) a été réalisé
avec le soutien du Conseil général et de la Ville de Nantes.
“Mon marché
sans marcher”
ALIMENTATION. “Allier tradition,
produits bons, sains, locaux, et circuit
de distribution moderne offrant un
maximum de services” c’est le credo
de Stéphane Bordron qui, depuis son
petit local proche du rond-point de Paris,
vient de lancer la boutique en ligne
“Mon marché sans marcher”. CV
express de ce manager d’à peine
trente-cinq ans : études supérieures à
Nantes et à Brest, expérience professionnelle
de chargé de projet logistique
chez Manitou, à Airbus et Renault
Utilitaire, puis retour dans sa ville natale
avec l’idée de créer son entreprise.
“On a la chance d’avoir un terroir d’exception
et aujourd’hui la tendance est
aux circuits courts, à la proximité.
Internet est idéal pour ça. J’ai souhaité
offrir à ceux qui n’ont ni le loisir ni le
temps de flâner sur les marchés nantais
la possibilité de se procurer la même
qualité de produits. Ici les étals sont
remplacés par des rayons virtuels
devant lesquels l’internaute déambule
et peut faire son choix en toute quié-
Nantes au quotidien - 15 - Novembre 2009
tude.” La navigation est facile et on
trouve toutes les infos sur le contenu
de son panier, avec une fiche descriptive
de chaque fournisseur : “On peut
mettre un visage et un lieu sur chaque
produit”. Les fruits et légumes – bio –
viennent du Pays de Retz, la charcuterie
de la ferme de la Meilleraye-de-Bretagne,
la bière de la Côte de Jade, les confitures
de la Chapelle-sur-Erdre, la crèmerie
de chez Beillevaire à Machecoul.
On peut se faire livrer ou enlever soimême
sa commande au local. On peut
commander à la carte ou choisir parmi
huit paniers différents pour tous les jours
ou pour une occasion spéciale. Les
paniers à la semaine évoluent en fonction
des saisons. Les premiers clients ?
Actifs, urbains, en majorité des
femmes, et aussi des gens qui sont
sur liste d’attente pour une Amap. “J’ai
déjà un embryon de clientèle fidèle.
C’est encourageant.”
www.monmarchesansmarcher.fr
Local : 51, rue de la Michaudière,
tél. 02 40 50 52 31.
Le site de Stéphane Bordron propose des paniers ou des produits à la carte.

[11 quartiers]
Champions
les cadets
du SNUC rugby !
EXPLOIT. Là où l’on attendait plutôt un club du sud-ouest,
c’est pourtant le SNUC rugby qui a décroché pour la première
fois de son histoire la saison dernière le titre de champion de
France en cadets, dans la catégorie “Teulière”, soit le
deuxième niveau national en moins de dix-sept ans. Un titre
inédit également pour un club du nord de la Loire. L’équipe
entraînée par Paul Daries et Martial Le Bail, a bel et bien réalisé
là un véritable exploit. Philippe Onno, responsable des
cadets-juniors et du centre de formation du SNUC, en mesure
la portée : “C’est une belle satisfaction. L’objectif fixé avec les
entraîneurs était d’aller le plus loin possible avec ce groupe
de jeunes joueurs, qui a vécu à cette occasion une vraie
aventure humaine…” Ce titre est aussi le fruit des efforts
consentis tout au long de la saison écoulée, avec une fréquence
de trois entraînements par semaine. “Cela ne doit pas
malgré tout faire oublier la notion de plaisir qu’est le résultat
du match du dimanche, et ce titre a constitué un aboutissement
pour un groupe de joueurs qui a mûri pendant quatre
années”. Pour Paul Dariès, qui a déjà gagné ce titre en tant
que joueur à Gaillac, cette aventure sportive a été vécue sur
le mode accélérateur : “Les joueurs ont vécu sur cette saison
quasiment deux années d’apprentissage et de progression
collectives. C’est une belle récompense pour cette génération
et pour nous entraîneurs, avec Martial Le Bail”. Cette
année, c’est en catégorie “Alamercery” – la première division
nationale en moins de dix-sept ans – que les cadets du SNUC
rugby iront défier les meilleurs clubs français.
Nantes au quotidien - 16 - Novembre 2009
BREIL / BARBERIE
Envie de changer
Rejoignez “Comé
“Comédie Breil”,
un film dans
le quartier,
sur le quartier,
avec les gens
du quartier.

le quotidien ?
die Breil”
APPEL À PROJET. Et si, au quotidien, on ajoutait
un peu de fantaisie ? De l’humour aussi, de la couleur
et beaucoup de poésie ? Voilà une idée qui
pourrait faire du bien à nos matins parfois gris, à nos
humeurs, parfois grises aussi, au monde, finalement,
pas toujours franchement rose. Depuis septembre,
le projet est orchestré par la compagnie de
danse Ecart, installée au 38 Breil depuis un an. C’est
elle qui a distribué cette carte postale dans les boîtes
à lettres du quartier, invitant les habitants à venir participer
à ce fameux et joli projet, celui de transformer
la réalité... Il s’intitule : “Comédie Breil”*.
“Il s’agit de réaliser un film dans le quartier, sur le
quartier, avec les gens du quartier et d’ailleurs,
explique Anne Clouet, l’une des initiatrices du projet.
Ce film sera un kaléidoscope de scènes toutes
simples du quotidien, rendues un peu folles, un peu
loufoques, en tout cas inattendues ! À la sortie du
supermarché, chez le coiffeur, sur un banc...” ou en
tout autre endroit que quiconque pourrait suggérer.
Pour jouer ces petites séquences, la compagnie
Ecart lance un appel à tous. Il n’est pas nécessaire
de savoir danser, mais on peut participer à des ateliers
de danse gratuits si l’on a envie. On peut avoir
envie de proposer sa voix, si l’on veut chanter, chuchoter
ou crier. Ou se taire, si l’on préfère, rien n’est
imposé. Réfléchir, unir ses idées pour construire
ensemble. Tels sont tout simplement les objectifs.
Une chance à saisir... Ce n’est pas tous les jours qu’il
vous est proposé de créer un spectacle ! Car c’est
bien de cela dont il s’agit, un spectacle dans lequel
on peut être porteur d’idées, acteur... et spectateur
puisque le film de trente minutes sera projeté, en
extérieur, en septembre 2010. Au téléphone, ou au
1 er étage du 38 Breil, Juliette est là pour donner tous
les renseignements sur cette nouvelle aventure.
*“Comédie Breil” est réalisé avec le soutien de la Ville, dans
le cadre de la politique de proximité culturelle “L’art en partage”.
Compagnie Ecart - 02 40 35 70 52, 06 22 35 04 99,
cieecart@wanadoo.fr ou www.cieecart.fr
Nantes au quotidien - 17 - Novembre 2009
NANTES ERDRE
La P’tite Yourte, un dernier
tour dans la quartier
SPECTACLES. On la connaît bien maintenant à La Halvêque ; depuis 2007, la P’tite
Yourte du Théâtre des Sept Lieues vient régulièrement poser son ventre rond dans le quartier.
Lieu de rencontres, entre artistes, acteurs du quartier et habitants, elle revient cet
automne pour la troisième fois, et ce sera la dernière. “Nous arrivons en effet au terme de
notre séjour ici : la P’tite Yourte s’installe dans un quartier de Nantes trois semaines dans
une année et ceci pendant trois ans, précise Tiphaine Devaux, attachée de production du
Théâtre des Sept Lieues. Ses prochains ports d’attache prévus à ce jour sont les quartiers
Beaulieu et Bottière.” À La Halvêque, rendez-vous est donc donné du 23 au 29 novembre,
pour une semaine festive riche en émotions artistiques. Les mardi, jeudi et vendredi sont
consacrés aux scolaires ; le mercredi et le week-end à tout public, avec une programmation
plutôt dédiée aux tout petits le matin et aux plus grands l’après-midi. Sont attendus, entre
autres, Le Petit Chaperon Rouge par le théâtre du Petit Pierre, Perdus dans l’autre bois par
Pierre Desvigne ou encore Le Bonheur est dans le Prévert par le théâtre des Sept Lieues...
Après la soirée de bienvenue (gratuite, ouverte à tous), déclinée en contes et en chansons,
les autres soirées sont animées par des acteurs du quartier : le centre socioculturel invite
à un “retour” sur les vacances de l’été dernier (centre de loisirs, vacances en familles)
ainsi qu’à un atelier de peinture et une exposition ; les bibliothèques de la Halvêque et Mille
et une pages, et les bibliothécaires de rue proposent une lecture musicale.
Pour ceux qui n’auraient pas encore franchi le seuil de son chapiteau, la P’tite Yourte lance
donc sa dernière invitation sur le quartier. Elle s’installe sur la plaine de jeux, rue Léon-
Serpollet (à côté de la bibliothèque et de la Maison de quartier).
Programme et réservations : Théâtre des Sept Lieues, 02 40 76 92 31.
Tarifs : 2 € pour les enfants ; 3 € pour les adultes. www.t7l.com

[11 quartiers] MALAKOFF / SAINT-DONATIEN
“Empreintes” insolites
au jardin des Plantes
COLLECTIF. Dans le cadre des Rencontres d’automne,
annuellement proposées par l’ORPAN*, une
œuvre d’art s’installe pendant huit jours, du 18 au
25 novembre, dans le cadre verdoyant du jardin des
Plantes. “Empreintes” est le nom de cette œuvre
réalisée par des habitants des onze quartiers de
Nantes, personnes retraitées, mais pas seulement.
“Des crèches, centres socioculturels, écoles, associations,
particuliers… ont rejoint le projet suivi par
les foyers-logements, résidences ou maisons de
retraite, explique Marie Touzeau, coordinatrice des
Rencontres d’automne. Ce partenariat permet de
faire se rencontrer les générations, les participants
ayant rejoint, de mai à octobre, des ateliers de
réflexion, puis de création artistique, menés par le
plasticien Romain Louvel.”
Les groupes de travail ont orienté leur réflexion sur
le thème de l’empreinte, telle une trace que nous
laissons, par hasard ou non, qui immortalise notre
passage sur terre ou qui s’est gravée en nous à
jamais : quelle empreinte vais-je laisser dans mon
Nantes au quotidien - 18 - Novembre 2009
quartier ? Quelle empreinte ai-je gardé de mon lieu
de vie ? Sur une plaque de plexiglas, dans la peinture
et avant qu’elle ne sèche, chacun a “gravé”
son empreinte : une semelle de chaussure de randonnée
“parce que c’est ainsi que j’arpente mon
quartier”, une tête d’obus de la guerre 14-18 “que
mon père m’avait donnée”, une feuille d’érable
“trace de mon voyage au Québec” ou une couronne
de fleurs “réalisée il y a bien longtemps pour
un jour de Mi-Carême”, autant de souvenirs et de
symboles qui ont permis échanges et créativité.
L’heure est à l’exposition et au partage : les quelque
six cents participants (les trois-quarts sont retraités)
invitent les Nantais à découvrir cette œuvre collective
composée de onze bandes de couleurs (une
couleur pour chaque quartier) et dont la mise en
scène réserve une belle surprise à tous. Jusqu’au
jour J, le jardin des Plantes garde secret l’emplacement
stratégique de l’exposition.
* ORPAN : Office des retraités et personnes âgées de Nantes
Maurice Potros : au
PORTRAIT. Naître en pleine
guerre du Golfe dans une capitale –
Bagdad – en proie au chaos. Puis
fuir la répression d’un régime dictatorial
pour des raisons confessionnelles.
C’est le destin hors du
commun de Maurice Potros : “De
mon enfance à Bagdad, il ne me
reste qu’une image : celle de soldats
américains passant devant le
Maurice Potros
aux Jeux Olympiques de 2016,
pourquoi pas ?
600 participants pour une œuvre colle
grand jardin de notre maison alors
que je jouais avec des papillons…”
Sa famille, membre de la communauté
chrétienne araméenne
d’Irak, s’exile en France en 1996.
Maurice a alors cinq ans. Paris,
Saint-Étienne et Nantes pour destination
finale. C’est là, sur les bords
de l’Erdre, qu’il va s’initier à l’aviron.
D’abord en sport scolaire, au collège
Rutigliano puis en club, à Léo-
Lagrange et depuis deux ans au
CAN, au poste de barreur. “J’ai été
emballé par l’accueil des dirigeants

ctive qui prendra place au jardin des Plantes.
nom des miens
et des entraîneurs. Dans ce club,
nous avons aussi la chance d’avoir
des exemples de réussite sportive
comme Erwan Péron ou
Guillaume Raineau. Ils apportent
leur savoir et leur expérience.
C’est décisif dans notre progression.”
Maurice Potros, champion
de France cadet en quatre barré et
vice-champion de France junior
avec le huit barré du CAN cette
année, fait également partie de
l’équipe de France juniors. “C’est
une belle récompense pour le
club, les entraîneurs et tous ceux
qui m’ont aidé.” Maurice Potros
puise sans doute dans ses fêlures
intimes les ressources morales
qui le mèneront encore plus haut :
“J’ai dix-huit ans, je suis encore
jeune. Aller aux Jeux Olympiques
de Rio en 2016 ? Oui, j’aimerais
en être. Palier par palier, je veux y
parvenir” Ensuite, le rameur international
du CAN aura rendez-vous
avec son histoire : “Un jour, je
retournerai en Irak pour redécouvrir
mes origines et mes racines”.
Nantes au quotidien - 19 - Novembre 2009
Des artisans
spécialistes des
instruments à vent
CUIVRES ET BOIS. Trompette, trombone, cornet à pistons, tuba,
saxophone, clarinette, flûte traversière… ont trouvé de nouvelles
mains expertes pour les bichonner, avec l’ouverture de L’Atelier
depuis octobre, rue du Maréchal-Joffre. Métier peu commun que
celui d’artisan qualifié, spécialiste des instruments à vent. C’est en
Allemagne, à Mayence, que Mathieu Engelhardt, réparateur spécialiste
des cuivres, a suivi sa formation en alternance, chez le
renommé fabricant de cors Alexandre Gebrüder. Son associé,
Thomas Beaudelin, spécialiste des bois, sort quant à lui d’une des
rares formations en France dans le domaine : L’Institut technologique
européen des métiers de la musique du Mans.
“C’est finalement à Paris que nous nous sommes rencontrés, chez
le même employeur, le fabricant de cors L’Oliphant, raconte
Mathieu Engelhardt. Un même désir de développer notre propre
projet, une complémentarité, peu d’artisans dans le secteur ouest :
S’installer à Nantes est devenu une évidence !”
Tour à métaux, polisseuse, mandrins, lissoirs, brunissoirs… Les
artisans sont équipés de tout un outillage qui permet aussi bien
l’entretien courant que la restauration complète des instruments à
vent. “Huilage des clés, débosselage, retamponnage, soudures,
nettoyage, revernissage, fabrication ou retouche de pièces… Nous
adaptons notre travail à la demande de chaque musicien, en nous
efforçant de répondre aux urgences dans la journée, notamment
pour les professionnels, précise Thomas Beaudelin. Notre devise :
Une réparation durable et parfaite !”.
L’Atelier, artisans spécialistes des instruments à vent,
73, rue Maréchal-Joffre. Réparation et vente d’accessoires.
Du lundi au samedi, de 9 h à 12 h et de 13 h à 18 h. Tél. 02 40 89 35 69.
Mathieu Engelhardt et Thomas Beaudelin
bichonnent vos instruments à vent.

[11 quartiers]
Voix libre
à la médiathèque
EXPRESSION. Après une expérimentation prometteuse au printemps,
la médiathèque Luce-Courville relance “À voix basse” et
“À voix haute”, deux temps de rencontre pour s’exprimer librement,
aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. Le premier vendredi de
chaque mois, avec “À voix basse”, un espace intime de la médiathèque
est réservé à tous ceux qui souhaitent écrire, sous quelque
forme que ce soit (en prose ou en vers), échanger sur leurs pratiques,
leurs difficultés, ou encore puiser de nouvelles sources
d’inspiration. “Dictionnaires, livres, presse, dvd, cd… Nous jouons
le rôle de passeurs en
utilisant les outils de la
médiathèque pour proposer
des pistes d’écriture,
même si chacun
peut aussi consulter
seul sur place et avancer
à sa guise dans ses projets
d’écriture, explique
Marianne Lesniak, assistante
de conservation de
la bibliothèque et l’une
des trois animatrices de
la séance. Cet espace
se veut avant tout un
lieu ouvert pour ceux qui
ont le désir de progres-
ser dans leur manière
d’écrire et de partager
leurs expériences avec
les autres.”
Marianne Lesniak, assistante
de conservation et animatrice
à la médiathèque Luce-Courville.
Dire un texte dont on serait l’auteur, un poème, un extrait de livre,
un texte de chanson, des nouvelles, des réflexions… Avec “À voix
haute”, la médiathèque propose aussi ponctuellement un autre
territoire de partage, autour d’une scène ouverte. “Aucune
contrainte n’est imposée, précise Marianne Lesniak. On peut s’exprimer
dans n’importe quel style, passer une musique ou jouer
d’un instrument pour ajouter une émotion.” Une sélection de
documents est disponible pour aider à faire son choix et pour
monter sur les planches ce soir-là, il suffit de s’inscrire en arrivant.
“À voix basse”, le 1 er vendredi de chaque mois de 17 h à 19 h.
“À voix haute”, le 20 novembre à 19 h, scène animée par le
poète performeur Patricio Rojas. Médiathèque Luce-Courville,
1, rue Eugène-Thomas. Tél. 02 40 16 05 50.
Nantes au quotidien - 20 - Novembre 2009
NANTES NORD
La bande dess
annonce La Fo
COMMUNICATION. ”La musique classique est
pour tous, et il n’y a pas besoin d’un costume et
d’une cravate pour aller à La Folle Journée !” s’exclament
ces habitants du quartier Nantes Nord. Et
pour inciter le plus grand nombre, et surtout les
jeunes, à prendre le chemin de la Cité des congrès du
27 au 31 janvier, ils ont décidé de l’écrire noir sur
blanc, et de le dessiner en couleur : avec trois dessinateurs
nantais, ils ont réalisé des planches de bande dessinée qui
vont servir de support de communication à l’événement
nantais. On y rencontre Chopin, l’invité d’honneur, des
familles, des enfants, de jeunes gothiques et même un
extraterrestre ; le ton est à l’humour, un peu décalé,
chaque mot a été pesé.
Proposé par le Bief* (participant pour la 2 e année au
groupe de réflexion “Précarité, insertion, culture” du
centre-ville avec La Folle Journée), ce projet s’est
concrétisé par une série d’ateliers, commencés au
printemps dernier, en compagnie des trois scénaristes
professionnels, Olivier Texier, Brüno et Cécily :

inée
lle Journée
“C’était une partie de ping-pong : nous avons dessiné
et ils sont devenus les scénaristes ! C’est une
création collective née d’échanges, de critiques, de
suggestions.”
Le regard des novices a modifié les méthodes des
dessinateurs, habitués à travailler en solitaire, lesquels
ont aiguillé les participants et transmis un peu
de leur savoir-faire. “On a relevé le défi, tout simplement
parce qu’on nous a fait confiance, conclut
Odile. C’est pour nous une merveilleuse aventure
humaine.” Très bientôt donc, en amont de La Folle
Journée, les planches et les comic strips réalisés
seront offerts aux regards des Nantais, dans le quartier
Nantes Nord bien sûr, mais aussi dans des écoles
de la ville, les bibliothèques, peut-être même dans
les abris bus et dans le tramway… Tous aux aguets !
(*) Le Bief (Boutique informatique, écrit, formation) est porté par
le CEFRES, Centre de formation et de recherche éducative et
sociale, spécialisé dans la réinsertion sociale et professionnelle,
et la lutte contre l’illettrisme.
Une BD pour donner envie
d’aller à La Folle Journée,
c’est ce que prépare
le Bief, avec trois dessinateurs.
Philippe Maheux, directeur de l’Esean, établissement de soins pour enfants
et adolescents de Nantes d’une capacité de 85 lits.
Un hôpital tout en
bois pour les enfants
SANTÉ. L’ancienne pouponnière de la
Civelière, à l’entrée sud de Nantes, a bien
grandi. Début 2010, la structure, devenue
Établissement de soins de suite et de réadaptation
pour enfants et adolescents de Nantes
(Esean), emménagera à deux pas de ses
locaux actuels dans le plus grand équipementdesantéeuropéenconstruitenbois.Un
matériau choisi tant pour ses qualités isolantes
et acoustiques, que pour le cadre
sécurisant et le confort qu’il procure. Bois
blond et ardoise noire en soubassement : le
bâtiment dessiné par le cabinet d’architectes
Brunet-Saunier ne passe pas
inaperçu le long de la rue des
Bourdonnières. L’Esean, accueillant
aujourd’hui une trentaine d’enfants de
l’autre côté de la rue de la Civelière, disposera
d’une capacité de 55 lits d’hospitalisation
complète et 30 places en hôpital
de jour, pour soigner ou rééduquer une
centaine d’enfants de zéro à dix-huit ans
amputés, souffrant de problèmes orthopédiques,
oncologiques, cardiaques ou
neurologiques... Né de la réorganisation
des activités de soins pédiatriques dans
Nantes au quotidien - 21 - Novembre 2009
NANTES SUD
le cadre du schéma régional d’hospitalisation,
le nouvel hôpital, d’un coût de 17
M€ et géré par la Fédération des associations
du secteur sanitaire et social,
regroupera outre l’équipe de la Civelière,
les unités de Pen-Bron et Saint-Jeande-Monts,
au total 120 soignants, infirmières,
kinésithérapeutes, éducateurs,
psychologues, etc. “Nous étions à
l’étroit pour ce projet, les chambres
n’étaient plus aux normes d’accessibilité.
Il fallait un bâtiment plus moderne et
adapté”, explique le directeur de l’Esean
Philippe Maheux. Organisé sur 7 600 m 2
autour de quatre patios, avec des
chambres suffisamment spacieuses
pour héberger les petits patients mais
aussi leur famille, des espaces de jeux,
des salles de balnéothérapie, d’ergothérapie
et de kinésithérapie, le nouvel établissement
comprend même une école.
“Nous prenons en charge des enfants
sur de courtes périodes mais aussi de
longs séjours, jusqu’à une année. Il faut
assurer la continuité scolaire, de la
maternelle au lycée.”

[11 quartiers]
LOGEMENT. L’opération programmée d’amélioration
de l’habitat (Opah) Chantenay rue de La Montagne,
lancée par la Ville en novembre 2004 pour améliorer
le confort des logements du quartier en aidant financièrement
les propriétaires à réaliser les travaux, est
terminée. Adaptation du logement à la vieillesse,
économies d’énergie, sécurisation des cages d’escaliers…
En cinq ans, grâce à ce dispositif qui visait à
développer un parc de logements à loyer modéré
pour maintenir une diversité de population dans ce
quartier en mutation, résorber l’habitat indigne ou
indécent, régler des problèmes de logements énergivores
et maintenir à domicile des personnes âgées
ou handicapées, 2,3 M€ de subventions ont été
mobilisées et plus de 250 logements rénovés. 150
occupés par leur propriétaire ont ainsi été améliorés,
22 adaptés à la dépendance ou au handicap et parmi
les 90 logements destinés à la location remis à neuf,
une soixantaine propose à la sortie des loyers
sociaux. La veille et l’accompagnement du Centre de
l’habitat et du service hygiène de la Ville pour repérer
les propriétaires peu scrupuleux ou méconnaissant
leurs devoirs, et résorber les situations d’extrême
vétusté a également porté ses fruits : 100 chantiers
ont été engagés grâce aux incitations et 74 procès
verbaux dressés pour des cas de logements indécents
ou insalubres.
Pour prolonger l’opération, la Ville met en place un
“programme d’intérêt général” (PIG) qui poursuit les
mêmes objectifs : lutter contre l’habitat indigne,
développer l’offre locative à loyer maîtrisé, adapter
les logements aux besoins des personnes âgées ou
handicapées et encourager l’amélioration thermique
des logements des ménages modestes. Institué jusqu’en
décembre 2010, ce nouveau plan vise 30 rénovations
supplémentaires. Une enveloppe de
415 000 € de subventions est réservée par l’ensemble
des financeurs pour encourager les propriétaires à
engager des rénovations. Le coup de pouce peut
atteindre jusqu’à 75 % du montant des travaux (*).
(*) Comme l’Opah, le PIG permet de cumuler des aides de
l’Agence nationale de l’habitat, du Conseil général, de Nantes
Métropole, de la Ville et de l’Ademe. Leur niveau dépend des
revenus pour les propriétaires qui habitent leur logement, ou du
loyer pratiqué par ceux qui louent leur bien. Plus le loyer est bas,
plus l’aide est importante.
Renseignements : 02 40 44 99 64,
permanences les mardis et vendredis matins,
29, bd de la Liberté.
Nantes au quotidien - 22 - Novembre 2009
BELLEVUE / CHANTENAY
Lutter contre le mal logement
Le pér
et la précarité énergét
L’Hermine au cœur po
BASKET. Déjà président de la section amateur, Franck
Baudriller est le nouveau président général de l’Hermine
depuis le 1 er juillet. Un nouveau mode de gouvernance pour
le club de basket de la butte Sainte-Anne, assumé par cet
éducateur sportif à la Ville de Nantes. Et surtout, inlassable
bénévole au service de son club. Comme une seconde
nature pour ce natif des Dervallières : “J’ai démarré le
basket à l’amicale des Dervallières alors présidée par
Jean Rougier. J’ai très vite passé mes diplômes d’arbitre
puis d’éducateur sportif et d’entraîneur pour encadrer les
jeunes. C’est en inscrivant mon premier fils à l’Hermine
que j’ai été amené à entraîner les jeunes le mercredi
après-midi en 2001”.
Depuis, Franck Baudriller n’a eu de cesse de s’impliquer

imètre du nouveau programme “lutte contre l’habitat indigne
ique“ englobe tout le quartier jusqu’à la rue de La Montagne.
ur Franck Baudriller
dans la vie du club. En 2007, il devient le président de la
section amateur de l’Hermine : “Par goût de l’organisation.
J’ai toujours baigné dans le bénévolat et c’est quelque
chose qui me plaît. De fait, il y a plus de responsabilités à
porter. La pression est surtout financière. Ainsi que la gestion
des infrastructures du club. D’ailleurs, ma femme
m’épaule depuis 2008 au poste de trésorière tout comme le
bureau directeur de l’Hermine. Je ne suis pas seul : nous
formons une équipe soudée”.
Rappelons que le club de la butte compte près de 300 licenciés,
dont 50 font partie du centre de formation. En mai dernier,
pour la première fois dans l’histoire du club, les
minimes sont devenus champions de France : “Une fierté
pour l’Hermine”.
Services de proximité
et ateliers créatifs
INSERTION. Avec 124 postes
en contrats aidés et une dizaine
de chantiers d’insertion répartis
sur l’ensemble de l’agglomération,
l’association Océan représente
aujourd’hui la plus
importante structure d’insertion
socio-professionnelle du département.
Outre des activités de
dynamisation sociale développées
sur le quartier du Sillon-de-
Bretagne, depuis sa création en
2004, l’association dispose d’une
antenne à Bellevue, un lieu d’accueil
offrant divers services de
proximité et ateliers aux habitants.
Une prise électrique à changer,
un meuble à monter… Un technicien
de l’association se déplace
pour de petits dépannages,
contre une modique somme.
Avec le service Rénov’Appart, les
locataires de Nantes Habitat peuvent
entreprendre des travaux
d’entretien ou d’embellissement
de leur logement. L’aide d’un
technicien leur permet de réaliser
eux-mêmes les travaux à
moindre coût . “Nous contribuons
à la rénovation d’une vingtaine
d’appartements par an,
commente Pascal Gomez, le
Nantes au quotidien - 23 - Novembre 2009
L’association Océan gère 124 postes en contrats aidés
et une dizaine de chantiers d’insertion.
directeur de la structure. Mais
plus que d’améliorer le cadre de
vie des habitants les plus démunis,
ces actions nous offrent l’occasion
de créer du lien avec des
personnes qui sont souvent isolées,
de leur proposer de venir
travailler sur un chantier ou
encore de faire le relais vers des
services qui peuvent leur être
utiles.”Avec les ateliers bois, cartonnage,
restauration de meubles
récup’, l’association invite aussi
les habitants à sortir de chez eux
pour réaliser des projets personnels.
“Nous disposons d’espaces
aménagés, avec un combiné à
bois, une batterie d’outillages
manuels qui permettent de se
lancer dans divers travaux créatifs
accessibles à tous, explique
Carole Bacon-Kaibi, l’animatrice
des ateliers. Ce peut être un
premier pas pour reprendre
confiance en soi, revenir vers une
activité ou ouvrir ses horizons. Nous
allons par exemple participer aux
Rencontres d’Automne cette
année, avec la réalisation d’une
œuvre d’art collective !”.
Association Océan, antenne de
Bellevue, 14, rue du Doubs.
Tél. 02 40 43 43 56.

[11 quartiers]
Le buste restauré
de l’architecte
Joseph Chenantais.
ÉCHANGES. “À la Sainte Catherine,
tout prend racine !” En cette période
propice pour semer et planter, l’association
du quartier Saint-Félix organise son
troisième troc plantes, le dimanche 22
novembre à l’espace Félix-Thomas.
Plantes d’extérieur ou d’intérieur, aromatiques,
médicinales, arbustives, potagères,
graines, boutures, arbres… mais
aussi livres ou revues de jardinage, pots
et petits outillages, tout s’échange entre
jardiniers amateurs.
“La journée représente de plus une
occasion pour profiter des conseils d’un
La sépulture
reprend des couleurs
PATRIMOINE. “La restauration de la sépulture de
Joseph Chenantais marque le lancement d’un
plan de conservation du patrimoine funéraire”
souligne Stéphane Junique, adjoint délégué au
patrimoine et à l’archéologie. Reposant, comme
de nombreuses figures nantaises, au cimetière
membre d’Écopôle ou des petites
astuces de chacun, le tout dans une
ambiance très conviviale”, commente
Philippe Bonnin, l’un des organisateurs
de l’événement. Avec la projection de
Guerre et Paix dans le potager, un film de
Jean-Yves Collet, l’association propose
en bonus une information ludique sur le
traitement écologique des jardins pour
lutter contre les insectes nuisibles.
Troc plantes, dimanche 22 novembre,
de 10 h à 17 h, 39, rue Felix-Thomas.
Renseignements au 06 80 87 57 24.
Nantes au quotidien - 24 - Novembre 2009
HAUTS-PAVÉS / SAINT-FÉLIX
Miséricorde, Joseph Chenantais fût notamment
l’architecte de l’ancien palais de justice, de la
manufacture des tabacs ou de l’église Notre-
Dame-de-Bon-Port. Le travail de restauration a fait
intervenir différents corps de métier. C’est le laboratoire
Arc’antique qui a été chargé de redonner
des couleurs au buste en métal qui orne la pierre
tombale.
“Composé en grande partie de fonte de fer, le
buste a rouillé. On nous a demandé de lui redonner
une teinte en harmonie avec les autres bustes
présents dans le cimetière. J’ai donc commencé
par relever différentes teintes sur le terrain”
explique Stéphane Lemoine, qui a réalisé la restauration.
“Ensuite, on a fait un premier sablage
avec de la bille de verre. Puis un second, à l’oxyde
d’aluminium. Protégée contre la corrosion, la
pièce a été teintée en vert.”
Tout cela a été rendu possible grâce à un soutien
de la fondation du patrimoine et à l’accord des
descendants, qui ont participé au financement.
D’autres restaurations devraient suivre, à raison
de deux par an.
Il existe un guide du cimetière Miséricorde
par Éric Lhomeau et Karen Roberts,
en vente à la FNAC et à la librairie Coiffard.
À la Sainte Catherine, le troc plantes prend racine
Le troc plantes, c’est l’occasion d’échanger boutures
et astuces de jardiniers.

[histoires]
DE QUARTIER
Hauts-Pavés Cambronne,
Livet, Dobrée, Waldeck-Rousseau,
Guist’hau... Ces personnalités
nantaises ont laissé leur nom à des
rues, cours, places ou ponts. Mais tous
ont leur dernière demeure au
cimetière Miséricorde.
À deux pas de la place Viarme, le cimetière
Miséricorde abrite les sépultures de nombreuses personnalités
nantaises. Industriels, commerçants, artistes,
militaires, politiques, ils reposent à l’ombre de
monuments qui témoignent de leur tempérament… et
de leur fortune. “Aux 19 e et au 20 e , toute la bourgeoisie
nantaise veut être inhumée ici. C’est le cimetière où il
faut être : on a un appartement quartier Graslin, un petit
château au bord de l’Erdre… et une concession à Miséricorde”,
résume Christine Gros, conférencière du
patrimoine. L’histoire de Nantes se donne ainsi à lire
dans cet émouvant paysage de chapelles funéraires,
colonnes, croix voilées, statues, bustes et médaillons
de bronze. Un amoncellement disparate qui justifie ce
surnom de “Père-Lachaise nantais”.
Au cœur de la bataille. Achetée aux Carmes de
Nantes, l’ancienne tenue de Miséricorde devient propriété
de la municipalité à la fin 1791. L’endroit tire son
nom d’une chapelle (détruite en 1809) dédiée au souvenir
des trois chevaliers partis combattre le dragon
de la proche forêt de Sautron. “L’un d’eux fut dévoré
par le monstre, mais les deux autres parvinrent à le
terrasser et à le tuer. Le dragon fut apporté à Nantes
processionnellement, l’évêque fit détacher sa mâchoire
inférieure qu’il plaça dans une boîte d’argent
déposée dans le trésor de la cathédrale (…) La chapelle
de la Miséricorde fut construite à l’aide des aumônes
que chaque fidèle s’empressa d’apporter”,
rapportent Éric Lhomeau et Karen Roberts dans l’ouvrage
qu’ils ont consacré au cimetière.
Le 3 mai 1793 a lieu la première inhumation, un cer-
tain Jean Clouet. Quelques semaines plus tard, c’est
la bataille de Nantes. Viarme et ses abords voient s’affronter
Bleus républicains et Blancs royalistes. Ravagé,
le nouveau cimetière n’est réutilisé qu’après
quelques années. Il est entouré de murs en 1803.
Aux 19e et 20e Miséricor
le “Père-La
siècles, quatre agrandissements successifs
vont porter sa surface à près de neuf hectares,
pour environ 16 000 concessions.
Deux enclos non accessibles au public le bordent toujours
dans sa partie sud. L’un est le vieux cimetière
juif, terrain accordé à la communauté israélite en
1892. L’autre est la propriété des descendants
Durand-Gasselin. Jean-Baptiste, l’un des architectes
Nantes au quotidien - 26 - Novembre 2009

de,
chaise nantais”
du passage Pommeraye, y est enterré. Tout comme
l’ancien maire nantais Paul Bellamy, qui avait épousé
une dame de cette grande famille protestante et qui
repose dans une chapelle ornée de hiboux.
Les époux Cambronne séparés. Les protestants
avaient en fait, dès 1726, un cimetière dans cette partie
sud. Aujourd’hui intégré entièrement dans le cimetière
Miséricorde, ce qui est devenu le “carré protestant”
abrite plusieurs tombes remarquables :
celles de Léon Jost, l’un des cinquante otages de
1941 ; du journaliste Morvan Lebesque ; du peintre
Élie Delaunay. On y trouve également la sépulture de
Nantes au quotidien - 27 - Novembre 2009
Le cimetière
Miséricorde,
ouvert en 1793,
abrite plus de
16 000 concessions
sur neuf hectares.
la veuve Cambronne (née Mary Osburn), le maréchal
étant inhumé avec les catholiques. Quant à Thomas
Dobrée, il repose dans un monument de facture classique,
où s’accumulent les symboles : le sablier pour
le temps qui passe, la torche renversée pour la vie interrompue,
les ailes pour l’envol de l’âme, le serpent
pour la connaissance.
Dans la partie ancienne du cimetière, les concessions
perpétuelles ont permis que ce patrimoine funéraire
parvienne jusqu’à nous. Le granit massif y côtoie le
tuffeau, réservé aux tombes les plus finement sculptées.
Mais on trouve aussi au détour d’une allée
la “plaque tombale” métallique des fondeurs
▼

▼
Babonneau. Ou encore
des colonnes, comme
celle qui soutient le buste
du comte de Silly, directeur
du mont-de-piété.
Héros des révolutions.
Les épisodes révolutionnaires
ont marqué
certains destins.
Ainsi de l’armateur nantais
Pierre Haudaudine.
Capturé par les Vendéens
en 1793, qui l’envoient négocier chez les républicains,
son sens de l’honneur le fait revenir dans le camp ennemi.
Gracié par Bonchamp, le “Regulus nantais” a
donné son nom à un pont et son buste orne le bas du
passage Pommeraye.
Si elle n’est pas aussi haute que celle de la Bastille à
Paris, la colonne dite de Juillet 1830 commémore elle
aussi les tués des Trois Glorieuses. “La troupe avait
fait une vingtaine de prisonniers à Nantes, raconte
Christine Gros. Lors d’une manifestation pour leur libération,
un coup de feu est parti et dix personnes ont
été tuées.” La colonne à
l’antique qui leur est dédiée
porte sur ses côtés
les noms des victimes, et
des maximes telles que :
“La Nation qui n’honore
pas les martyrs de la liberté
n’est pas digne de
rester libre”.
Autre révolution, autre
monument, avec celui du
général Batty de Bréa.
Couvert de gloire au cours
de ses douze campagnes
militaires, il devait finir
massacré par les insurgés
de 1848.
Allée bourgeoise. Le cimetière Miséricorde aurait
pu s’enorgueillir d’abriter la dernière demeure de
Jules Verne, mais celui-ci étant inhumé à Amiens, on
n’y trouve que ses parents Pierre et Sophie, ainsi que
sa sœur Anna. Ils reposent non loin du monument à
Cambronne, sobre et massif, orné d’une épée de
commandement pointe en haut, de son blason
entouré d’une Légion d’honneur et du lion de la
bravoure. Un autre grand militaire nantais, Mellinet,
repose également à Miséricorde. Son fier profil à barbiche
est immortalisé par un médaillon de bronze signé
Lebourg. Auteur des fontaines Wallace, cet artiste
nantais a réalisé – tout comme son confrère De Boishéraud
– nombre de ces œuvres commémoratives,
très à la mode dans la seconde moitié du 19 e siècle.
L’autre mode est celle des chapelles funéraires, de
Chapelles funéraires
et enfeux bordent
les allées centrales.
Le monument
de la famille David,
allégorie de la mort
et de la vie.
Nantes au quotidien - 28 - Novembre 2009
style néo-gothique. La
grande allée centrale de
Miséricorde en est flanquée
des deux côtés.
“Des squelettes de banquiers,
d’armateurs, de
généraux, de femmes du
monde reposaient au
fond des reliquaires : les
cartouches portaient des
noms nobles et ces
doubles noms qui sont la
noblesse bourgeoise et
commémorent les grandes alliances des roturiers”,
en dit l’écrivain Paul Nizan. On y trouve donc les
grandes familles qui ont contribué à la renommée industrielle
de Nantes (Lefèvre-Utile, Dubigeon, Biette,
Say, Cassegrain, Livet…) et ceux qui y ont fait une carrière
politique, comme Corhumel.
Parfois au contraire, des Nantais illustres n’ont pas
ou plus de sépulture digne de leur nom. Louis
Pommeraye est enterré sous une pierre tombale modeste,
qui rappelle qu’il mourut ruiné quelques années
après l’ouverture de la galerie couverte. Celle de
Graslin est en pièces. La
chapelle des manufacturiers
Cognard, qui comprenait
médaillons, cage à
oiseaux en carton-pâte,
sculptures de chat et de
chien, tient à peine debout.
Le chien des Van
Neumen, lui, a disparu,
victime du vandalisme.
Comme le buste féminin
qui ornait la sépulture des
frères Mangin, directeurs
du Phare de la Loire.
La récente restauration
de la sépulture de l’architecte
Chenantais (lire
page 24) va-t-elle faire
des émules ? Le cimetière Miséricorde n’est pas,
comme on l’a vu, un lieu figé, pétrifié. Preuve en est
la ferveur populaire autour de la sépulture de Frère
Camille de Jésus (né Henri Gosse, 1837-1915).
“Depuis sa mort, on dit qu’il fait des miracles dans
tous les domaines”, explique Christine Gros. Le
berceau de fer porte de nombreux ex-voto, fleurs
artificielles, dessins de coquillages, chapelets. En
voilà un pour qui l’éternité n’est pas de tout repos.
Pierre-Yves Lange
Bibliographie
“Quinze lieux de mémoire à Nantes”,
Claude Jean et Kahn Landais, Ouest éditions ;
“Guide du cimetière de la Miséricorde”, Éric
Lhomeau et Karen Roberts, éd. Le veilleur de nuit.

CENTRE D’HISTOIRE DU TRAVAIL
[histoires]
DE QUARTIER
La Nantaise de fonderies
Un siècle d’activité
avant de devenir jardin
Île de Nantes Depuis
la fabrication de robinets
jusqu’à la fonte de la cloche du
Millenium, en passant par celle
des hélices du France, l’histoire
de la fonderie de l’île de Nantes
est aussi celle d’un siècle de
métallurgie.
En 1908, les frères Babin-Chevaye, fils du
fondateur des ateliers et chantiers de la
Loire, déplacent leur fonderie de l’île
Gloriette le long de la chaussée de la
Madeleine, à l’emplacement d’une tannerie
entre la rue Dorgère (à l’ouest), le boulevard
Vincent-Gâche (au nord) et la boire de
Toussaint au sud, petit bras de Loire qui
séparait la prairie de Grande-Biesse et le pré
du Bois-Joli ou Petite-Biesse. L’activité
consiste en la fonte de fer et fonte pour la
fabrication de robinetterie et pièces de
petite mécanique.
En 1918, l’entreprise devient “société nan-
Nantes au quotidien - 29 - Novembre 2009
taise de fonderies réunies et de construction
mécanique” (SNFRCM), nom à rallonge
rapidement écourté en “Nantaise de fonderies”.
Un nouveau bâtiment est érigé en
1921. En 1935-1937, tout en poursuivant
son activité initiale, l’entreprise centre sa
production sur la fonderie de cuivre et la
fabrication d’hélices et turbines pour la
construction navale, qui restera son activité
essentielle, hormis durant la parenthèse de
la Seconde Guerre mondiale, au cours de
laquelle l’usine redéploie son activité à la
fonderie de fer. C’est juste avant le conflit,
vers 1936-1937, que le percement du futur
▼

▼
boulevard des Martyrs oblige l’entreprise expropriée
à se développer vers l’est en édifiant la nef qui subsiste
aujourd’hui, prolongée dans les années cinquante
jusqu’à l’actuel foyer des jeunes travailleurs.
Les hélices de prestigieux navires. La grande
nef abrite trois fours horizontaux à réverbère, ainsi
nommés parce que leur voûte intérieure en briques
réverbère et concentre la chaleur. Le plus gros, d’une
capacité de vingt tonnes (six et douze tonnes pour
les deux autres), vaut à la fonderie une place de choix
parmi les fonderies françaises en termes de capacité
de fonte.
Les hélices sont constituées d’un alliage inédit de
cuivre, d’aluminium et d’une plus faible proportion de
nickel, déposé sous le nom de Nantial. Le procédé
utilisé pour la fonderie d’hélice est le troussage, qui
consiste à façonner dans une cuve située devant le
four un moule en sable à l’aide de gabarits et de
“planches à trousser”. Cette technique permet de
fondre d’énormes hélices monobloc. Elle attire la
clientèle de la marine nationale et des fabricants de
propulseurs, dont notamment le suédois Kameva
(aujourd’hui Rolls Royce marine). C’est ainsi que sont
fabriquées à Nantes les hélices de prestigieux
navires ainsi que celles de la plupart des grands
paquebots nazairiens.
Pour des hélices monobloc
plus petites ou
encore pour la fonte de
pales d’hélice, on utilise des
chefs-modèles, répliques
de la future pièce à une
taille légèrement supérieure,
réalisés sur place,
en bois de pin, d’après les
plans des clients.
La fonderie frappée
par la crise de la
métallurgie. Au plus
fort de son activité,
l’usine emploie plus de
300 personnes, pour lesquelles
un comité d’entreprise
organise des
arbres de Noël, des colo-
CENTRE D’HISTOIRE DU TRAVAIL
nies de vacances et
diverses activités de loisirs pour les employés : sorties,
parties de pêche...
En 1964, d’après les archives de la CFDT, l’entreprise
compte 365 salariés : 89 mensuels, 276 ouvriers
dont 123 à la fonderie. Le personnel est composé de
178 ouvriers professionnels dont 51 à la fonderie, 62
ouvriers spécialisés dont 43 à la fonderie, 31
manœuvres dont 25 à la fonderie, cinq femmes dont
quatre à la fonderie. La crise de la métallurgie frappe
les diverses entreprises de la région. 490 travailleurs
des Chantiers de Nantes sont licenciés, 120 dans les
établissements Brissonneau et Lotz, 14 chez Sudry...
En mai, la direction de la Nantaise de fonderies
annonce 54 “dégagements d’emploi” (46 licenciements
et 8 pré-retraites), soit 15 % de l’effectif, mais
aussi des réductions d’horaires sans augmentation
de salaires correspondantes, avec un passage de
47,5 heures hebdomadaires à 43,75, puis 42,30
annoncées pour le mois d’août suivant. Les licenciés
sont choisis essentiellement dans les ateliers de
mécanique générale et de production d’hélices. Les
mouleurs, “espèce rare”, sont conservés “quitte à
se voir déclasser si le carnet de commandes se
dégarnit”. À ces 54 licenciés s’ajoutent une quinzaine
d’employés appelés à partir prochainement à la
retraite ou n’être pas repris par l’entreprise à leur
retour du service militaire. Les syndicats dénoncent
donc une suppression effective de 69 emplois dans
une entreprise “qui a perçu, en deux ans, 21 millions
de subventions pour la création de 45 emplois...” Ils
conspuent leur direction qualifiée “d’incompétente
et imprévoyante”. Les employés débrayent et manifestent
boulevard des Martyrs. En juin, c’est le refus
de la prime semestrielle de vacances qui entraîne
l’occupation des locaux. Jusqu’à la fin de l’année, des
mouvements opposent employés et direction.
Ainsi, le 3 novembre,
l’usine est à nouveau
occupée, les forces de
l’ordre interviennent,
directeur et chef du personnel
s’échappent sous
les huées par une fenêtre
du rez-de-chaussée...
Le prestigieux marché
de la “cloche du millénaire”.
Dans les
années 70, la crise pétrolière
génère une diminution
de la construction
navale et donc une baisse
de l’activité des sous-traitants.
La Nantaise de fonderies
dépose le bilan en
1977, est liquidée le 4
juillet 1980. Les 256 salariés
se lancent alors dans
un dur mouvement social. Ils occupent les locaux
d’août à octobre 1980. Quelques-uns tentent de
relancer l’activité sous la forme d’une société coopérative
ouvrière de production (Scop). Expérience
éphémère. La fonderie est ensuite reprise par le
groupe britannique Stone Manganese puis par la
Fonderie phocéenne qui ne conserve que l’activité de
fonderie de cuivre dans la partie ouest. Le ministère
de la Défense soutient l’entreprise, seule en
France capable de fondre les hélices des
Nantes au quotidien - 30 - Novembre 2009
CENTRE D’HISTOIRE DU TRAVAIL
La Nantaise
de fonderies
a fabriqué
les hélices
de prestigieux
navires et celles
de la plupart
des grands
paquebots
nazairiens.

grands bâtiments militaires tels que le Foch et son
“jumeau” Clemenceau ou plus récemment le
Charles-de-Gaulle. Devenue Fonderie de l’Atlantique
en 1989, la société obtient en 1999 le prestigieux
marché de la “cloche du millénaire” : c’est à Nantes
qu’est fondue la plus grosse cloche du monde commandée
par la Millenium company de New Port,
Kentucky, pour sonner solennellement les douze
coups de l’entrée dans le nouveau millénaire. La fonderie
est reprise en février 2000 par le groupe LBI
(Les Bronzes d’industrie) qui abandonne le site en
2001 pour s’installer dans l’ancienne centrale électrique
de Chantenay, laissant à la communauté
urbaine de Nantes les bâtiments et leur contenu.
94 plans des années 60-70 et 350 objets industriels ;
un fonds remarqué et inventorié par la mission Île de
Nantes, sous le contrôle scientifique de la direction
régionale des affaires culturelles (Drac), qui considère
qu’il s’agit “d’un ensemble technique et industriel de
première importance”. Cent trente-cinq chefsmodèles
de pales d’hélice, notamment, splendides
sculptures de bois, ont pu être sauvés et sont
actuellement soigneusement conservés.
Le bâtiment en lui-même a échappé de justesse à la
démolition totale. Heureusement intégrée au projet
“Île de Nantes”, la grande nef de la fonderie est
devenue jardin d’hiver exotique. Ici, point de statues
équestres ni de fontaines, mais des fours, dont la
dégradation a été stoppée, nuitamment éclairés de
rouge pour évoquer leur activité passée. Les cuves
de moulage se sont faites gigantesques pots de
fleur... Des photos, bientôt une plaque, rappellent
que, durant un siècle, des milliers de tonnes de métal
sont entrées ici et ressorties sous la forme de
modestes pièces mécaniques ou gigantesques
hélices. Pascale Wester
Nantes au quotidien - 31 - Novembre 2009
Sources :
Remerciements :
Jean-Louis Kerouanton,
maître de conférences
associé. Centre François-
Viète (membre titulaire)
Épistémologie, histoire
des sciences
et des techniques
(EA 1161), Université
de Nantes.
Centre d’histoire
du travail.
Olivier Tardy de la Samoa.