la scolarité - Questions de parents - Nantes

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boulevard des Martyrs oblige l’entreprise expropriée
à se développer vers l’est en édifiant la nef qui subsiste
aujourd’hui, prolongée dans les années cinquante
jusqu’à l’actuel foyer des jeunes travailleurs.
Les hélices de prestigieux navires. La grande
nef abrite trois fours horizontaux à réverbère, ainsi
nommés parce que leur voûte intérieure en briques
réverbère et concentre la chaleur. Le plus gros, d’une
capacité de vingt tonnes (six et douze tonnes pour
les deux autres), vaut à la fonderie une place de choix
parmi les fonderies françaises en termes de capacité
de fonte.
Les hélices sont constituées d’un alliage inédit de
cuivre, d’aluminium et d’une plus faible proportion de
nickel, déposé sous le nom de Nantial. Le procédé
utilisé pour la fonderie d’hélice est le troussage, qui
consiste à façonner dans une cuve située devant le
four un moule en sable à l’aide de gabarits et de
“planches à trousser”. Cette technique permet de
fondre d’énormes hélices monobloc. Elle attire la
clientèle de la marine nationale et des fabricants de
propulseurs, dont notamment le suédois Kameva
(aujourd’hui Rolls Royce marine). C’est ainsi que sont
fabriquées à Nantes les hélices de prestigieux
navires ainsi que celles de la plupart des grands
paquebots nazairiens.
Pour des hélices monobloc
plus petites ou
encore pour la fonte de
pales d’hélice, on utilise des
chefs-modèles, répliques
de la future pièce à une
taille légèrement supérieure,
réalisés sur place,
en bois de pin, d’après les
plans des clients.
La fonderie frappée
par la crise de la
métallurgie. Au plus
fort de son activité,
l’usine emploie plus de
300 personnes, pour lesquelles
un comité d’entreprise
organise des
arbres de Noël, des colo-
CENTRE D’HISTOIRE DU TRAVAIL
nies de vacances et
diverses activités de loisirs pour les employés : sorties,
parties de pêche...
En 1964, d’après les archives de la CFDT, l’entreprise
compte 365 salariés : 89 mensuels, 276 ouvriers
dont 123 à la fonderie. Le personnel est composé de
178 ouvriers professionnels dont 51 à la fonderie, 62
ouvriers spécialisés dont 43 à la fonderie, 31
manœuvres dont 25 à la fonderie, cinq femmes dont
quatre à la fonderie. La crise de la métallurgie frappe
les diverses entreprises de la région. 490 travailleurs
des Chantiers de Nantes sont licenciés, 120 dans les
établissements Brissonneau et Lotz, 14 chez Sudry...
En mai, la direction de la Nantaise de fonderies
annonce 54 “dégagements d’emploi” (46 licenciements
et 8 pré-retraites), soit 15 % de l’effectif, mais
aussi des réductions d’horaires sans augmentation
de salaires correspondantes, avec un passage de
47,5 heures hebdomadaires à 43,75, puis 42,30
annoncées pour le mois d’août suivant. Les licenciés
sont choisis essentiellement dans les ateliers de
mécanique générale et de production d’hélices. Les
mouleurs, “espèce rare”, sont conservés “quitte à
se voir déclasser si le carnet de commandes se
dégarnit”. À ces 54 licenciés s’ajoutent une quinzaine
d’employés appelés à partir prochainement à la
retraite ou n’être pas repris par l’entreprise à leur
retour du service militaire. Les syndicats dénoncent
donc une suppression effective de 69 emplois dans
une entreprise “qui a perçu, en deux ans, 21 millions
de subventions pour la création de 45 emplois...” Ils
conspuent leur direction qualifiée “d’incompétente
et imprévoyante”. Les employés débrayent et manifestent
boulevard des Martyrs. En juin, c’est le refus
de la prime semestrielle de vacances qui entraîne
l’occupation des locaux. Jusqu’à la fin de l’année, des
mouvements opposent employés et direction.
Ainsi, le 3 novembre,
l’usine est à nouveau
occupée, les forces de
l’ordre interviennent,
directeur et chef du personnel
s’échappent sous
les huées par une fenêtre
du rez-de-chaussée...
Le prestigieux marché
de la “cloche du millénaire”.
Dans les
années 70, la crise pétrolière
génère une diminution
de la construction
navale et donc une baisse
de l’activité des sous-traitants.
La Nantaise de fonderies
dépose le bilan en
1977, est liquidée le 4
juillet 1980. Les 256 salariés
se lancent alors dans
un dur mouvement social. Ils occupent les locaux
d’août à octobre 1980. Quelques-uns tentent de
relancer l’activité sous la forme d’une société coopérative
ouvrière de production (Scop). Expérience
éphémère. La fonderie est ensuite reprise par le
groupe britannique Stone Manganese puis par la
Fonderie phocéenne qui ne conserve que l’activité de
fonderie de cuivre dans la partie ouest. Le ministère
de la Défense soutient l’entreprise, seule en
France capable de fondre les hélices des
Nantes au quotidien - 30 - Novembre 2009
CENTRE D’HISTOIRE DU TRAVAIL
La Nantaise
de fonderies
a fabriqué
les hélices
de prestigieux
navires et celles
de la plupart
des grands
paquebots
nazairiens.