Archi romane .indd - Cité de l'architecture & du patrimoine
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L’ARCHITECTURE<br />
ROMANE<br />
Dossier pédagogique
SOMMAIRE<br />
UN DÉVELOPPEMENT DANS UN CONTEXTE HISTORIQUE TROUBLE<br />
Une pério<strong>de</strong> charnière pour le royaume <strong>de</strong> France<br />
Le rôle structurant <strong>de</strong> l’Église<br />
Les chemins <strong>de</strong> la foi : une aire <strong>de</strong> diffusion privilégiée<br />
LA GENÈSE ARCHITECTURALE ROMANE<br />
Un plan symbolique<br />
L’équilibre <strong>de</strong>s forces<br />
LA SCULPTURE ROMANE DANS L’ARCHITECTURE<br />
Une partie <strong>du</strong> bâti<br />
Une iconographie d’inspiration variée<br />
Un portail ouvragé<br />
Liens avec les programmes scolaires<br />
Documents<br />
Sélection d’œuvres<br />
La visite<br />
Informations pratiques<br />
INTRODUCTION<br />
Au XI e siècle, l’insécurité intrinsèque <strong>de</strong> la société féodale occi<strong>de</strong>ntale est limitée par l’institution<br />
<strong>de</strong> la Trêve <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> la Paix <strong>de</strong> Dieu, qui impose une certaine paix sociale et une stabilité relative.<br />
Des évolutions économiques et <strong>de</strong>s mutations techniques permettent par ailleurs <strong>de</strong> faire reculer les famines.<br />
Dans ce contexte apaisé, le clergé se réforme et certains établissements réguliers connaissent<br />
un rayonnement accru : la réforme grégorienne, initiée au XI e siècle, affermit le pouvoir <strong>du</strong> pape et corrige<br />
les déviations <strong>de</strong>s fi dèles. L’Église, plus que les monarchies et autres pouvoirs temporels, s’affi rme alors<br />
comme la puissance à même d’encadrer <strong>de</strong>s fi dèles dans une société marquée par <strong>de</strong>s peurs eschatologiques.<br />
Le maillage <strong>de</strong>s églises, <strong>de</strong>s monastères, <strong>de</strong>s cathédrales est un ensemble déterminant pour<br />
asseoir le pouvoir <strong>de</strong> la papauté qui entreprend <strong>de</strong> nouveaux chantiers. L’art roman connaît alors son apogée.<br />
L’emploi <strong>du</strong> qualifi catif «roman» se généralise dans le discours <strong>de</strong>s historiens à partir <strong>du</strong><br />
XIX e siècle. L’architecture <strong>du</strong> Moyen-âge était en effet perçue comme un seul ensemble et était qualifi<br />
ée <strong>de</strong> gothique. L’expression « roman » s’est d’abord appliquée dans le domaine <strong>de</strong> la linguistique<br />
: le roman désignait les langues vernaculaires issues <strong>du</strong> latin s’étant développées après la chute <strong>de</strong><br />
l’Empire romain en 476. Le choix <strong>de</strong> défi nir une architecture <strong>romane</strong>, notamment dans le cadre religieux,<br />
s’explique en gran<strong>de</strong> partie par l’héritage romain légué par les premiers chrétiens. Les édifi ces romans doivent<br />
en effet beaucoup, <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue organisationnel, aux principes <strong>de</strong> la basilique paléochrétienne.<br />
La collection d’art roman constitue une part importante <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong>s Moulages : les sculptures <strong>de</strong><br />
faça<strong>de</strong>s, les chapiteaux et les maquettes offrent un panorama complet <strong>de</strong>s différents monuments romans. Les<br />
moulages y sont présentés par aires géographiques distinctes : bien que l’historiographie mette aujourd’hui en<br />
évi<strong>de</strong>nce l’uniformisation progressive <strong>de</strong> l’architecture aux XII e et XIII e siècle, certaines œuvres dont la monumentalité<br />
n’ont pas permis qu’elles soient déplacées au sein <strong>du</strong> Musée ont exigé le maintien <strong>de</strong> l’ancienne muséographie<br />
régionaliste. Celle-ci présente le roman languedocien et celui <strong>du</strong> sud-ouest, l’architecture <strong>romane</strong><br />
bourguignonne, celle <strong>de</strong> la Saintonge et <strong>du</strong> Poitou, <strong>de</strong> l’Auvergne et <strong>de</strong> la Provence.<br />
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UN DÉVELOPPEMENT DANS UN CONTEXTE HISTORIQUE TROUBLE<br />
Une pério<strong>de</strong> charnière pour le royaume <strong>de</strong> France<br />
Entre le XI e et le XIII e siècle, l’art roman s’épanouit pleinement au sein <strong>du</strong> Royaume <strong>de</strong> France<br />
et <strong>de</strong> ses <strong>du</strong>chés vassaux. À cette époque, la dynastie <strong>de</strong>s capétiens reste faible et peine à<br />
affi rmer son autorité face à <strong>de</strong>s princes belliqueux et territorialement plus puissants. Si certains principes<br />
<strong>de</strong> la féodalité comme l’ost sont complètement intégrés à la société, les liens <strong>de</strong> vassalité <strong>de</strong>meurent<br />
changeants et peu sûrs ; <strong>de</strong> nombreuses guerres privées opposent les différents seigneurs au roi.<br />
En 1180, à la mort <strong>de</strong> Louis VII, le domaine royal ne s’étend encore que <strong>de</strong> l’Île-<strong>de</strong>-France à<br />
Orléans. Tout l’ouest <strong>de</strong> la France, <strong>de</strong> l’Aquitaine à la Normandie, se trouve sous l’autorité <strong>du</strong> Roi<br />
d’Angleterre. En effet, ce <strong>de</strong>rnier a acquis par son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, ancienne reine <strong>de</strong><br />
France, le comté <strong>de</strong> Blois, dont la jeune femme est l’unique héritière. Ce n’est qu’avec l’avènement <strong>de</strong><br />
Philippe II Auguste en 1179 que la situation semble s’améliorer. Les conquêtes <strong>du</strong> roi, d’une part, face aux<br />
souverains anglais et germaniques, permettent au royaume <strong>de</strong> s’affi rmer. Les réformes étatiques, d’autre<br />
part, avec l’invention d’une administration centrale régissant <strong>de</strong>s agents envoyés en province, établissent<br />
un maillage serré <strong>du</strong> territoire et limitent, pour un temps, les ambitions <strong>de</strong>s princes apanagistes.<br />
Document 1 : Carte <strong>du</strong> domaine royal avant/après le règne <strong>de</strong> Philippe Auguste (1180-1223)<br />
La puissance <strong>de</strong> l’Église<br />
Dans ce contexte, l’Église est le seul facteur puissant d’unité sociale et culturelle. Puissance fi n ancière,<br />
économique, elle exerce un grand pouvoir symbolique : elle seule peut assurer aux fi dèles leur<br />
salut après la mort ; <strong>de</strong> nombreux seigneurs cè<strong>de</strong>nt ainsi à l’Église <strong>de</strong>s terres afi n que <strong>de</strong>s moines s’y<br />
établissent et intercè<strong>de</strong>nt en leurs noms auprès <strong>de</strong>s saints. Les dotations en nature et en numéraire<br />
dont les nobles familles gratifi ent l’Eglise renforcent l’assise fi nancière et territoriale <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière.<br />
En 909, le <strong>du</strong>c d’Aquitaine abandonne une partie <strong>de</strong> ses terres à une communauté <strong>de</strong> moines obéissant à la<br />
règle <strong>de</strong> saint Benoît : cette donation constitue l’acte <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Cluny. On pratique dans les monastères<br />
une vie communautaire ponctuée d’offi ces religieux et <strong>de</strong> travail. Mais <strong>de</strong>s voix s’élèvent au XI e siècle<br />
pour revenir à un idéal <strong>de</strong> vie beaucoup plus ascétique. Robert <strong>de</strong> Molesme fon<strong>de</strong> en 1098 l’abbaye <strong>de</strong> Cîteaux,<br />
qui reforme la règle <strong>de</strong> saint Benoit et crée à son tour un réseau d’abbayes rattachées à son autorité dans toute<br />
l’Europe. La vie y est ascétique et recluse. Les monastères rattachés à Cluny se caractérisent par une architecture<br />
décorative élaborée, richement sculptée, tandis que l’architecture <strong>romane</strong> cistercienne est résolument dépouillée.<br />
Les chemins <strong>de</strong> la foi : une aire <strong>de</strong> diffusion privilégiée<br />
Le maillage <strong>de</strong>s édifi ces religieux a constitué un vecteur <strong>de</strong> transmission et <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’architecture<br />
<strong>romane</strong>. Le XI e siècle voit l’apparition <strong>de</strong> mouvements <strong>de</strong> piété et <strong>de</strong> dévotion autour <strong>de</strong>s reliques <strong>de</strong>s saints. Sur<br />
les chemins <strong>de</strong> Saint-Jacques <strong>de</strong> Compostelle, Conques et Vézelay sont <strong>de</strong>s hauts lieux <strong>de</strong> pèlerinage : lieux<br />
<strong>de</strong> vie religieuse et <strong>de</strong> dévotion, les monastères ont également vocation à <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s étapes sur les routes<br />
<strong>de</strong> la foi. Celles qui con<strong>du</strong>isaient à Saint-Jacques <strong>de</strong> Compostelle sont décrites dans le Gui<strong>de</strong> <strong>du</strong> Pèlerin (XII e<br />
siècle). La Via Turonensis passe à l’ouest <strong>du</strong> Massif central (Paris-Orléans-Blois-Poitiers-Bor<strong>de</strong>aux). La Via<br />
Lemovicensis traverse le Massif central (Vézelay-Limoges-Périgueux). Le sud <strong>du</strong> Massif central est coupé par<br />
la Via Podiensis (Le Puy-Conques-Figeac-Cahors-Moissac), tandis que la Via Tolosana longe la Méditerranée.<br />
L’architecture <strong>romane</strong> trouve son épanouissement à l’ouest d’une ligne allant <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Jumièges (Normandie)<br />
jusqu’à Marseille, en passant par Fontenay, Cîteaux et Cluny. Aux XI e et XII e siècles, le succès <strong>de</strong> ces « chemins <strong>de</strong> foi »<br />
est tel que <strong>de</strong> grands chantiers <strong>de</strong> construction sont engagés, rénovant, agrandissant et créant <strong>de</strong> nouveaux édifi ces.<br />
Document 2: Les chemins <strong>de</strong> Compostelle<br />
3
LA GENÈSE ARCHITECTURALE ROMANE<br />
Un plan symbolique<br />
Bien qu’il n’existe pas <strong>de</strong> plan « type » à proprement parler, étant donné l’éten<strong>du</strong>e temporelle et spatiale <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />
<strong>romane</strong>, on distingue certaines caractéristiques pérennes qui se rattachent aux principes organisationnels <strong>de</strong><br />
la basilique paléochrétienne. Le plan <strong>de</strong>s églises se fi xe, c’est celui d’une croix latine ; le principe organisationnel<br />
<strong>de</strong>s édifi ces vise à faciliter la circulation <strong>de</strong> la foule afi n que chaque pèlerin puisse vénérer les reliques <strong>de</strong>s saints.<br />
On entre dans l’édifi ce par un portail le plus souvent érigé à l’ouest, suivi d’une nef principale fl anquée <strong>de</strong> bas-côtés.<br />
Entre le portail et la nef se trouve parfois un espace transitoire nommé avant-nef. Cette <strong>de</strong>rnière est l’héritière<br />
<strong>du</strong> narthex antique et paléochrétien qui jouait le rôle symbolique d’un lieu <strong>de</strong> purifi cation pour les catéchumènes<br />
ne pouvant pas pénétrer dans l’édifi ce. Dans les églises <strong>de</strong> pèlerinage, ce lieu sert d’intermédiaire<br />
entre le mon<strong>de</strong> profane extérieur et la maison <strong>de</strong> Dieu. Le transept est un vaisseau transversal qui coupe<br />
la nef ; l’ensemble forme une croix. Le chœur est la partie essentielle <strong>de</strong> l’église. Un déambulatoire autorise<br />
la circulation <strong>de</strong>s pèlerins autour <strong>du</strong> chœur liturgique réservé aux clercs et <strong>de</strong>ssert les chapelles rayonnantes<br />
dans lesquelles peuvent être exposées les reliques. les reliques. Le chœur est orienté à l’est, en direction <strong>de</strong><br />
Jérusalem ; sous cette partie <strong>de</strong> l’édifi ce peut se trouver une crypte aménagée pour la vénération <strong>de</strong>s reliques.<br />
Document 3 : plan d’une église <strong>romane</strong><br />
L’équilibre <strong>de</strong>s forces : voûtes en berceau et contreforts<br />
Une <strong>de</strong>s innovations majeures <strong>de</strong> l’architecture <strong>romane</strong> consiste à remplacer la charpente <strong>de</strong> bois <strong>de</strong>s bâtiments<br />
par une voûte <strong>de</strong> pierre. Le recours à ce matériau, sensé limiter les risques d’incendie, et les recherches sur le<br />
voûtement, sont <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> l’architecture <strong>romane</strong>. La voûte appareillée constitue un ensemble monolithique<br />
solidaire qui n’exerce d’autre force que son propre poids. Le problème majeur que les bâtisseurs <strong>de</strong><br />
cette époque ont dû résoudre consiste justement dans la répartition <strong>de</strong> ce poids qui couvre la gran<strong>de</strong> nef centrale.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier exerce une force d’écartement (ou poussée latérale et oblique) sur les murs qui supportent la voûte.<br />
Les bâtisseurs romans vont expérimenter diverses solutions pour contrebalancer la poussée exercée par la voûte.<br />
Ce sont notamment les contreforts, l’épaississement <strong>de</strong>s murs porteurs, les bas-côtés ou les tribunes. Les édifi ces<br />
pourront ainsi gagner en ampleur grâce aux tribunes, qui peuvent par exemple accueillir les fi dèles et sont percées<br />
d’ouvertures qui éclairent l’intérieur <strong>du</strong> bâtiment. Les différents types <strong>de</strong> voûte, notamment la voûte en berceau<br />
(consolidée par l’adjonction, à intervalles réguliers, d’arcs transversaux ou doubleaux), et la voûte d’arêtes (le<br />
croisement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux berceaux) répartissent les charges sur les piliers supportant la voûte. Face au phénomène <strong>de</strong><br />
la poussée, la nef <strong>romane</strong> est ainsi transformée en une structure complexe d’absorption et <strong>de</strong> déviation <strong>de</strong>s forces.<br />
Document 4 : les forces et les charges Document 5 : schéma élévatoire <strong>de</strong> l’abbatiale <strong>de</strong> Vézelay<br />
Document 6 : forces et contrebutements<br />
Étapes <strong>de</strong> la construction d’un arc en plein cintre<br />
4
LA SCULPTURE DANS L’ARCHITECTURE ROMANE<br />
Une partie <strong>du</strong> bâti<br />
La sculpture <strong>romane</strong> fait partie intégrante <strong>de</strong> l’architecture <strong>du</strong> bâtiment. La sculpture à l’époque <strong>romane</strong> ne se conçoit<br />
pas comme une sculpture autonomes. Le sculpteur travaille à même le mur ou au sol les éléments qui sont ensuite<br />
assemblés. Toute la diffi culté rési<strong>de</strong> donc dans le surgissement <strong>du</strong> relief. Le sculpteur incise d’abord le contour <strong>de</strong> la<br />
fi g ure puis creuse le fond <strong>de</strong> la dalle plate. Le relief <strong>de</strong> la fi gure peut être atténué par rapport au fond : il est alors en méplat.<br />
La sculpture se concentre prioritairement au niveau <strong>de</strong>s portails (tympans, linteaux, voussures et trumeaux) et les<br />
chapiteaux <strong>de</strong>s colonnes. Ces <strong>de</strong>ux éléments architecturaux constituent la majeure partie <strong>de</strong>s moulages <strong>du</strong> Musée<br />
<strong>de</strong>s Monuments Français. Bien que le dépouillement <strong>de</strong> l’ordre cistercien gagne l’Europe au XIII e siècle, la richesse <strong>de</strong><br />
la sculpture clunisienne persiste encore et offre un bon exemple <strong>du</strong> principe <strong>du</strong> décor sculpté roman. La sculpture est<br />
ainsi parfaitement intégrée à l’ordonnance architecturale. Elle souligne les lignes <strong>de</strong> l’architecture et ses points clés.<br />
Document 7 : schéma d’un portail<br />
Une iconographie aux infl uences variées<br />
La sculpture <strong>romane</strong> est un art didactique : les fi dèles doivent pouvoir lire avec facilité les représentations<br />
qui tiennent lieu <strong>de</strong> catéchisme. Il s’agit parfois d’effrayer les fi dèles en leur représentant les dangers auxquels<br />
ils s’exposent en s’écartant <strong>de</strong> la voie <strong>de</strong> la foi. Les chapiteaux s’inspirent <strong>de</strong> l’Ancien et <strong>du</strong> Nouveau<br />
Testament. La vie et les miracles <strong>de</strong>s saints sont illustrés; l’enfance <strong>du</strong> Christ et les premiers chapitres <strong>de</strong> la<br />
Genèse sont également représentés. L’inspiration biblique est déterminante pour les bâtisseurs romans mais il<br />
existe d’autres sources d’inspiration : cultes locaux (Saint-Nectaire), les fables (Bourges, Saint-Pierre d’Aulnay).<br />
Stylistiquement la sculpture témoigne <strong>de</strong> différentes infl uences. La sculpture <strong>romane</strong> puise son inspiration<br />
dans <strong>de</strong>s sources multiples, tant spatialement que temporellement. Ainsi les rosaces, rinceaux et<br />
feuilles d’acanthe représentés sur certains chapiteaux (Saint-Gilles <strong>du</strong> Gard) sont <strong>de</strong>s modèles prisés par les<br />
bâtisseurs <strong>de</strong> l’Antiquité grecque et romaine. Les reliefs <strong>de</strong> vannerie, bâtons brisés, et autres motifs géométriques<br />
appartiennent au vocabulaire plastique celte et anglo-saxon, hérité <strong>de</strong>s invasions barbares <strong>de</strong>s<br />
siècles postérieurs à la chute <strong>de</strong> l’Empire romain. Les monstres sculptés comme les griffons ou dragons se<br />
rattachent à l’art oriental ; leurs fi g ures se sont probablement répan<strong>du</strong>es par l’intermédiaire <strong>de</strong>s récits, ou <strong>de</strong>s<br />
tissus brodés. Un chapiteau d’Aulnay représente aussi un éléphant, sculpté d’après une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’animal.<br />
Document 8 : tympan <strong>de</strong> Conques<br />
Un portail ouvragé<br />
Au cours <strong>de</strong>s XII e et XIII e siècles, le portail roman, auparavant <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste, <strong>de</strong>vient plus monumental<br />
et est richement décoré. Le tympan est la pièce maitresse autour <strong>de</strong> laquelle tout s’organise. De forme<br />
semi-circulaire, on y représente souvent <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> l’Apocalypse et <strong>de</strong> la vie <strong>du</strong> Christ; celui-ci est souvent<br />
présenté revenant au <strong>de</strong>rnier jour entre les quatre évangélistes, ou au jour <strong>du</strong> Jugement Dernier, surplombant<br />
dans sa mandorle les âmes sauvées et les damnés, qui donnent à voir <strong>de</strong>s images effrayantes.<br />
Le tympan <strong>de</strong> Conques présente ainsi les péchés mais aussi les Justes accueillis dans le royaume céleste.<br />
Le trumeau fait son apparition, qui supporte le poids <strong>du</strong> tympan ; entre le tympan et le trumeau, le linteau<br />
joue également le rôle <strong>de</strong> support. Toutes ces pièces sont richement sculptées. Les voussures qui encadrent<br />
le tympan représentent les anges, les vieillards <strong>de</strong> l’Apocalypse ou les apôtres. La monumentalité <strong>de</strong> l’ensemble<br />
s’explique par le caractère symbolique <strong>du</strong> portail, qui représente le passage <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> laïc au mon<strong>de</strong><br />
religieux et l’entrée <strong>de</strong> la Jérusalem céleste pour les pèlerins. Le portail, premier élément visible par les<br />
fi d èles, représente logiquement <strong>de</strong>s scènes bibliques essentielles. Dans l’ouest <strong>de</strong> la France, cependant,<br />
il n’y a ni linteau, ni tympan : la baie est seulement surmontée d’une succession <strong>de</strong> cordons <strong>de</strong> voussures.<br />
Document 9 : église abbatiale Saint-Pierre, Moissac Document 10 : portail <strong>de</strong> Saintes<br />
L’art <strong>du</strong> Moyen-âge, dominé par l’architecture, ne doit pas seulement être considéré sous le prisme d’une<br />
logique constructive, d’un équilibre <strong>de</strong>s forces ou d’une expression d’un courant monastique. L’architecture<br />
médiévale et les arts qui en dérivent constituent la langue commune <strong>de</strong> la chrétienté occi<strong>de</strong>ntale.<br />
5
LIENS AVEC LES PROGRAMMES SCOLAIRES<br />
Enseignement primaire<br />
Cycle <strong>de</strong>s apprentissages fondamentaux : CP – CE1<br />
Découverte <strong>du</strong> mon<strong>de</strong><br />
Se repérer dans l’espace et dans le temps<br />
Pratiques artistiques et Histoire <strong>de</strong>s arts<br />
Cycle <strong>de</strong>s approfondissements : CE2, CM1 et CM2<br />
Histoire<br />
Le Moyen Âge<br />
Histoire <strong>de</strong>s Arts<br />
Pério<strong>de</strong> historique : le Moyen Âge<br />
<strong>Archi</strong>tecture religieuse (une cathédrale gothique, une abbaye)<br />
Bâtiments et sites militaires et civils (un château fort, une cité fortifi ée<br />
Une sculpture gothique<br />
Collège<br />
6 e<br />
É<strong>du</strong>cation civique<br />
Étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> <strong>patrimoine</strong><br />
Mathématiques<br />
Prendre <strong>de</strong>s mesures, appréhen<strong>de</strong>r les différents espaces<br />
5 e<br />
Histoire-Géographie<br />
Moyen-Âge: une église, une abbaye, une cathédrale, un château fort<br />
Histoire <strong>de</strong>s arts<br />
Pério<strong>de</strong> historique : <strong>du</strong> IX e siècle à la fi n <strong>du</strong> XVII e siècle<br />
Mathématiques<br />
Proportionnalité, échelle<br />
3 e<br />
Mathématiques<br />
Proportionnalité, pourcentage, calcul <strong>de</strong> volumes<br />
Histoire <strong>de</strong>s arts<br />
Thématique « Arts, mythes et religions »: l’œuvre d’art et le sacré<br />
Lycée<br />
Secon<strong>de</strong><br />
Histoire <strong>de</strong>s arts, <strong>de</strong> l’Antiquité au milieu <strong>du</strong> XIX e siècle<br />
La ville médiévale, les édifi ces religieux et leurs décors<br />
Histoire<br />
Naissance et diffusion <strong>du</strong> Christianisme<br />
Histoire <strong>de</strong>s arts<br />
Thématique « Arts et sacré » : l’art et les grands récits − l’art et le divin − l’art et les croyances<br />
Thématique « Arts, sciences et techniques » : l’art et les innovations scientifiques et techniques <strong>du</strong> passé<br />
6
DOCUMENTS<br />
Document 1 : La reconquête <strong>du</strong> Royaume <strong>de</strong> France sous Philippe II Auguste<br />
©CAPA/MMF/Droits réservés<br />
Document 2 : Chemins <strong>de</strong> Saint-Jacques <strong>de</strong> Compostelle<br />
©CAPA/MMF/Droits réservés<br />
7
Document 3 : Plan d’église <strong>romane</strong><br />
©CAPA/MMF/Droits réservés<br />
Document 4 : Les forces et les charges<br />
©CAPA/MMF/Droits réservés<br />
Document 5 : Schéma élévatoire <strong>de</strong> l’abbatiale <strong>de</strong> Vézelay<br />
Nef <strong>de</strong> l’abbatiale <strong>de</strong> Vézelay. (Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné <strong>de</strong> l’architecture française <strong>du</strong> XIe au XVIe siècle,<br />
Paris, A.Morel, 1868-1873, Tome 1, <strong>Archi</strong>tecture religieuse)<br />
8<br />
Voûtes d’arêtes<br />
Fenêtres hautes<br />
Gran<strong>de</strong>s arca<strong>de</strong>s
Document 6 : Forces et contrebutements romans<br />
Voûte en <strong>de</strong>mi-berceau<br />
Tribune<br />
Collatéral ou bas-côté<br />
L’église Notre-Dame-<strong>du</strong>-Port à Clermont-Ferrand. (Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné <strong>de</strong> l’architecture française<br />
<strong>du</strong> XIe au XVIe siècle, Paris, A.Morel, 1868-1873, Tome 1, <strong>Archi</strong>tecture religieuse.)<br />
Document 7 : Le portail roman<br />
©CAPA/MMF/Droits réservés<br />
9
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
Document 8 : Tympan <strong>de</strong> Conques<br />
CONQUES (AVEYRON), ÉGLISE ABBATIALE SAINTE-FOY<br />
Tympan <strong>du</strong> portail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale<br />
Le Jugement <strong>de</strong>rnier, vers 1125-1135<br />
Ce tympan, dont l’original est fait <strong>de</strong> calcaire d’un ton ocre jaune,<br />
met en scène, pour la première fois à l’époque <strong>romane</strong>, le thème<br />
<strong>du</strong> Jugement <strong>de</strong>rnier. Le bras <strong>du</strong> Christ dirigé vers le ciel désigne<br />
la promesse <strong>de</strong>s Élus ; l’autre, pointé vers l’enfer, condamne les<br />
Réprouvés. La multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> châtiments infernaux cherche à susciter<br />
l’effroi et le repentir <strong>du</strong> fi dèle. Ce moulage est l’un <strong>de</strong>s rares<br />
<strong>de</strong> la collection <strong>du</strong> musée à restituer la polychromie existante sur<br />
l’original. L’estampage <strong>du</strong> portail a été proposé dès 1890, mais la<br />
totalité <strong>du</strong> moulage n’est achevée qu’en 1940.<br />
Document 9 : Moissac (Tarn-et-Garonne),<br />
Église abbatiale Saint-Pierre<br />
Document 10 : Saintes (Charente-Maritime),<br />
Abbaye aux dames<br />
10
Chronologie<br />
Histoire<br />
909 : Fondation <strong>de</strong> Cluny par Guillaume d’Aquitaine<br />
987-996 : Règne d’Hughes Capet, fondateur <strong>de</strong> la dynastie<br />
capétienne<br />
996-1031 : Règne <strong>de</strong> Robert II dit le Pieux<br />
1032-1044 : Pontifi cat <strong>de</strong> Benoit IX<br />
1033 : Intégration <strong>du</strong> royaume <strong>de</strong> Bourgogne à l’Empire<br />
germanique<br />
1073-1085 : Pontifi cat <strong>de</strong> Grégoire VII et réforme grégorienne<br />
(lutte contre la simonie et le nicolaïsme)<br />
1084-1105 : Henri IV, empereur <strong>du</strong> Saint-Empire. Querelle<br />
<strong>de</strong>s investitures<br />
1088-1099 : Pontifi cat d’Urbain II<br />
1095-1099 : Première croisa<strong>de</strong><br />
1098 : Fondation <strong>de</strong> l’ordre cistercien<br />
1108-1137 : Règne <strong>de</strong> Louis VI, conseillé par l’abbé<br />
Suger<br />
1122 : Le Concordat <strong>de</strong> Worms met fi n à la querelle <strong>de</strong>s<br />
Investitures<br />
1180-1223 : Règne <strong>de</strong> Philippe II Auguste<br />
1190-1196 : Troisième croisa<strong>de</strong><br />
1214-1223 : Croisa<strong>de</strong> contre les albigeois<br />
Glossaire<br />
Arts<br />
Arc plein-cintre : arc en segment égal ou semi égal au <strong>de</strong>mi-cercle.<br />
963 : Travaux <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> l’abbaye Cluny II<br />
1020 : Adalbéron <strong>de</strong> Laon dédie son Poème au roi Robert<br />
le Pieux et décrit la partition ternaire <strong>de</strong> la société<br />
(« oratores, laboratores, bellatores » : ceux qui prient,<br />
ceux qui travaillent et ceux qui combattent)<br />
1023 : Début <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> l’église <strong>du</strong> Mont<br />
Saint-Michel<br />
1026 : Raoul Glaber rédige ses Histoires, décrivant les<br />
bouleversements millénaristes<br />
1041 : Construction <strong>de</strong> Sainte-Foy <strong>de</strong> Conques<br />
1063 : Consécration <strong>de</strong> l’abbatiale Saint-Pierre <strong>de</strong><br />
Moissac<br />
1075-1080 : Construction <strong>de</strong> Saint-Jacques <strong>de</strong> Compostelle<br />
1096 : Début <strong>de</strong> reconstruction <strong>de</strong> Vézelay<br />
1109 : Début <strong>de</strong> reconstruction <strong>de</strong> Paray-le-Monial<br />
1110-1130 : Portail occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong> Moissac et tympan <strong>de</strong><br />
l’apocalypse<br />
1132-1175 : Construction <strong>de</strong> Saint-Gilles <strong>du</strong> Gard<br />
1190 : Perceval ou le roman <strong>du</strong> Graal (Chrétien <strong>de</strong><br />
Troyes)<br />
Bas-relief : sculpture formant une saillie représentant moins <strong>de</strong> la moitié <strong>du</strong> volume réel d’un corps ou d’un objet.<br />
Bas-côté : collatéral peu élevé, ayant approximativement l’importance d’un rez–<strong>de</strong> chaussée.<br />
Chœur : partie <strong>de</strong> l’église réservé aux clercs, comprenant généralement le sanctuaire.<br />
Contreforts : organe d’épaulement et <strong>de</strong> raidissement formé par un massif <strong>de</strong> maçonnerie en saillie sur le mur ou le<br />
support qu’il épaule.<br />
Croisée <strong>du</strong> transept : travée <strong>de</strong> plan déterminé par l’intersection <strong>du</strong> vaisseau central <strong>du</strong> transept avec le vaisseau<br />
central longitudinal.<br />
Église <strong>de</strong> type basilical : par analogie avec la basilique paléochrétienne, toute église <strong>de</strong> plan allongé à plusieurs vaisseaux,<br />
dont le vaisseau centrale est directement éclairé par <strong>de</strong>s fenêtres hautes.<br />
Haut-relief : type <strong>de</strong> sculpture proche <strong>du</strong> bas-relief mais où la fi gure est fortement saillante par rapport au fond.<br />
Nef : partie <strong>de</strong> l’église comprise entre le massif antérieur et l’entrée <strong>du</strong> chœur. Cette partie est ouverte aux fi dèles.<br />
Ron<strong>de</strong>-bosse : la fi gue est sculptée en complet volume, détachée <strong>du</strong> fond et autour <strong>de</strong> laquelle on peut tourner.<br />
Transept : corps transversal formant une croix avec le corps longitudinal <strong>de</strong> l’église.<br />
Vaisseau : espace intérieur caractérisé par son développement dans la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la hauteur.<br />
Vaisseau central : vaisseau au milieu d’une composition comprenant <strong>de</strong>s collatéraux (vaisseaux latéraux).<br />
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SÉLECTION D’ŒUVRES : GALERIE DES MOULAGES<br />
Languedoc roman<br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
La Bourgogne <strong>romane</strong><br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
MOISSAC (Tarn-et-Garonne), ÉGLISE ABBATIALE SAINT-PIERRE<br />
Portail<br />
L’apparition <strong>du</strong> Christ au jour <strong>du</strong> Jugement <strong>de</strong>rnier, 1120-1130<br />
Ce portail marque l’apogée <strong>de</strong> l’art roman languedocien. Les basreliefs<br />
sur les murs latéraux - l’enfance <strong>du</strong> Christ et la parabole <strong>du</strong><br />
mauvais riche - complètent la vision <strong>de</strong> l’Apocalypse <strong>du</strong> tympan. Le<br />
sculpteur a respecté le texte <strong>de</strong> l’Évangile <strong>de</strong> Jean : le Christ est entouré<br />
<strong>de</strong>s symboles <strong>de</strong>s Évangélistes et <strong>de</strong>s vingt-quatre Vieillards.<br />
Le linteau, orné <strong>de</strong> rosaces, est soutenu par un trumeau animé <strong>de</strong><br />
lionnes. Les <strong>de</strong>ux portes, encadrées d’un côté par les prophètes<br />
Isaïe et Jérémie et <strong>de</strong> l’autre par les apôtres Pierre et Paul, symbolisent<br />
la réunion <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> l’Ancien et <strong>du</strong> Nouveau Testament.<br />
CONQUES (Aveyron) , ÉGLISE ABBATIALE SAINTE-FOY<br />
Tympan <strong>du</strong> portail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale<br />
Le Jugement <strong>de</strong>rnier, vers 1125-1135<br />
Ce tympan, dont l’original est en prise <strong>de</strong> calcaire d’un ton ocre jaune,<br />
met en scène, pour la première fois à l’époque <strong>romane</strong>, le thème<br />
<strong>du</strong> Jugement <strong>de</strong>rnier. Le bras <strong>du</strong> Christ dirigé vers le ciel désigne la<br />
promesse <strong>de</strong>s Élus ; l’autre, pointé vers l’enfer, condamne les<br />
Réprouvés. La multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> châtiments infernaux cherche à susciter<br />
l’effroi et le repentir <strong>du</strong> fi dèle.<br />
AUTUN (Saône-et-Loire), CATHÉDRALE SAINT-LAZARE<br />
Tympan <strong>du</strong> portail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale<br />
Le Jugement <strong>de</strong>rnier, vers 1125-1135<br />
Le Christ-Juge est entouré à sa droite <strong>de</strong>s élus accueillis par saint<br />
Pierre. A sa gauche, saint Michel, face aux démons, pèse les âmes<br />
<strong>de</strong>s damnés. A chaque extrémité les anges <strong>de</strong> l’Apocalypse annoncent<br />
le temps <strong>du</strong> Jugement. Le nom <strong>du</strong> sculpteur, à qui est également<br />
attribué l’essentiel <strong>du</strong> décor <strong>de</strong> la cathédrale, est gravé<br />
sur la ban<strong>de</strong> supérieure <strong>du</strong> linteau. Le tympan, masqué et amputé<br />
<strong>de</strong> ses sculptures en 1766, est retrouvé en 1837 sous une couche<br />
<strong>de</strong> plâtre. La remise en place <strong>de</strong> la tête <strong>du</strong> Christ redécouverte<br />
en 1948 permet <strong>de</strong> compléter le moulage l’année suivante.<br />
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© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
CLUNY (Saône-et-Loire), ÉGLISE ABBATIALE SAINT-PIERRE-SAINT-<br />
PAUL<br />
Église abbatiale <strong>de</strong> Cluny III, fi n XI e - début XIII e siècle<br />
Cette maquette, établie d’après les recherches <strong>de</strong> l’archéologue<br />
Kenneth J. Connant, montre les parties subsistantes et celles démolies<br />
entre 1798 et 1823 <strong>de</strong> la Maior Ecclesia. Commencée à la<br />
fi n <strong>du</strong> XI e siècle et achevée au début <strong>du</strong> XIIe siècle, l’église <strong>de</strong> Cluny<br />
III était la plus majestueuse <strong>de</strong> la Chrétienté occi<strong>de</strong>ntale, avant la<br />
reconstruction <strong>de</strong> Saint-Pierre <strong>de</strong> Rome, cinq siècles plus tard. Le<br />
bras sud <strong>du</strong> grand transept coiffé <strong>du</strong> clocher dit <strong>de</strong> « l’Eau Bénite »,<br />
une partie <strong>du</strong> bras sud <strong>du</strong> petit transept et <strong>de</strong>s murs gouttereaux qui<br />
relient les <strong>de</strong>ux croisillons, comptent parmi les éléments préservés.<br />
VEZELAY (Yonne), ÉGLISE DE LA MADELEINE<br />
Portail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, vers 1125-1130<br />
Ce tympan tra<strong>du</strong>it la perception <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> chrétien au XII e siècle<br />
: les peuples <strong>de</strong> la terre s’adjoignent aux apôtres, investis <strong>de</strong>puis<br />
la Pentecôte d’une mission d’évangélisation. Les races monstrueuses<br />
qui se mêlent aux hommes évoquent les mon<strong>de</strong>s inconnus<br />
aux marges <strong>de</strong> la terre habitée, lieux <strong>de</strong> tous les fantasmes.<br />
L’église <strong>de</strong> la Ma<strong>de</strong>leine a été sauvée <strong>de</strong> la ruine grâce à l’action<br />
<strong>de</strong> Prosper Mérimée et d’Eugène Viollet-le-Duc. Ce chantier, engagé<br />
dès 1840, compte parmi les premiers travaux <strong>de</strong> l’architecte.<br />
PARAY-LE-MONIAL (Saône-et-Loire), ÉGLISE ABBATIALE<br />
Chœur, transept et <strong>de</strong>rnière travée <strong>de</strong> la nef, début <strong>du</strong> XII e siècle.<br />
La basilique <strong>de</strong> Paray-le-Monial reprend, dans <strong>de</strong>s dimensions<br />
plus mo<strong>de</strong>stes, les principes architecturaux <strong>de</strong> Cluny III. La nef,<br />
formée <strong>de</strong> trois travées et couverte d’un berceau brisé, est séparée<br />
<strong>de</strong>s collatéraux par <strong>de</strong>s piliers cruciformes à colonnettes.<br />
Son élévation est à trois niveaux : gran<strong>de</strong>s arca<strong>de</strong>s brisées,<br />
triforium, puis fenêtres hautes. La croisée <strong>du</strong> transept en forte<br />
saillie est coiffée d’une coupole sur trompes. Une absidiole se<br />
situe à l’extrémité <strong>du</strong> bras nord <strong>du</strong> transept. Le chœur en hémicycle<br />
est ceinturé d’un déambulatoire à chapelles rayonnantes.<br />
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Poitou-Saintonge roman<br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
L’Auvergne <strong>romane</strong><br />
© David Bor<strong>de</strong>s/CAPA/MMF<br />
SAINTES (Charente-Maritime), ÉGLISE ABBATIALE SAINTE-MARIE,<br />
ABBAYE AUX DAMES<br />
Portail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale, vers 1120-1130<br />
La porte <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> l’abbaye aux Dames est entourée <strong>de</strong> voussures<br />
richement travaillées infl uencées par l’art somptuaire musulman.<br />
Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte, la main <strong>de</strong> Dieu, entourée <strong>de</strong> six anges, bénit<br />
les fi dèles. Le second cordon montre l’Agneau et la croix qui évoquent<br />
le sacrifi ce <strong>du</strong> Christ, entre les symboles <strong>de</strong>s Évangélistes. Au troisième<br />
cordon, consacré au massacre <strong>de</strong>s Innocents, se succè<strong>de</strong>nt bourreaux,<br />
mères et enfants. La gran<strong>de</strong> voussure <strong>du</strong> sommet accueille les<br />
vieillards <strong>de</strong> l’Apocalypse munis <strong>de</strong> leurs instruments <strong>de</strong> musique.<br />
CLERMONT-FERRAND (Puy-<strong>de</strong>-Dôme), ÉGLISE NOTRE-DAME-DU-<br />
PORT<br />
Deuxième et troisième travées <strong>de</strong> la nef, XII e siècle<br />
Cette maquette rend compte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s cinq travées <strong>de</strong> la nef <strong>de</strong><br />
l’église Notre-Dame-<strong>du</strong>-Port. La nef aveugle est couverte d’un berceau<br />
cintré et les collatéraux d’arêtes. Le contrebutement <strong>de</strong> la voûte<br />
centrale est assuré par les voûtements en quart <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong>s tribunes.<br />
La restitution <strong>de</strong>s baies trilobées <strong>de</strong> la tribune nord ainsi que <strong>de</strong>s<br />
chapiteaux n’est pas conforme à la réalité. Dans l’édifi ce original, la<br />
première travée, la plus proche <strong>du</strong> transept, est coiffée d’une coupole<br />
octogonale et communique avec la nef par <strong>de</strong>ux baies plus petites.<br />
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LA VISITE<br />
Préparer la visite<br />
Une présentation <strong>de</strong>s documents proposés dans le dossier pédagogique peut servir <strong>de</strong> base (chronologie, glossaire…)<br />
<strong>de</strong> préparation à la visite.<br />
Plus généralement le contexte pourra être abordé par la lecture <strong>de</strong> textes, <strong>de</strong> romans historiques évoquant<br />
l’époque <strong>romane</strong>.<br />
Quelques pistes <strong>de</strong> lecture :<br />
Brian Jacques, Coffret Rougemuraille, Paris, Mango, 2000<br />
Brisou-Pellen Évelyne, Les pèlerins maudits, (et toute la série <strong>de</strong>s aventures <strong>de</strong> Garin Trousseboeuf) Paris, Gallimard<br />
Jeunesse, 1999<br />
Brisou-Pellen Évelyne, Les cinq écus <strong>de</strong> Bretagne, Paris, Hachette, 1993<br />
Brisou-Pellen Évelyne, Les portes <strong>de</strong> Vannes, Paris, Hachette, 1993<br />
Chrétien <strong>de</strong> Troyes, Perceval ou le Roman <strong>du</strong> Graal, Paris, Folio Junior, 1999<br />
Activités proposées à la <strong>Cité</strong><br />
Visites animées<br />
Ces visites laissent une large part à l’observation et à l’expérimentation, en s’appuyant sur différents supports<br />
<strong>de</strong> médiation pour les petits et grands : carnets <strong>de</strong> voyage et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin, création d’animaux hybri<strong>de</strong>s, dispositif<br />
<strong>de</strong> mise en couleurs d’une cathédrale, maquettes <strong>de</strong> structures d’architectures et <strong>de</strong> charpentes manipulables…<br />
Les bâtisseurs <strong>du</strong> Moyen Âge<br />
Cathédrales, abbayes, châteaux, font l’objet <strong>de</strong> grands chantiers <strong>de</strong> construction au Moyen Age. Les collections<br />
<strong>du</strong> musée (moulages, maquettes, peintures murales) et la manipulation <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s maquettes permettent <strong>de</strong><br />
rencontrer les différents corps <strong>de</strong> métiers et <strong>de</strong> s’initier aux techniques <strong>de</strong> construction et aux spécifi cités <strong>de</strong><br />
l’art médiéval : <strong>de</strong> l’arc en plein cintre roman à la voûte sur croisée d’ogive gothique, en passant par les différentes<br />
charpentes ou les techniques <strong>de</strong> vitraux.<br />
Niveau scolaire : <strong>du</strong> CP au collège<br />
Découverte <strong>de</strong> l’architecture à travers les collections <strong>de</strong> la <strong>Cité</strong><br />
Initiation à quelques gran<strong>de</strong>s notions qui traversent l’architecture <strong>du</strong> XIIe siècle à nos jours : conception et références,<br />
construction et matériaux, fonctions et symboles sont les mots-clés qui accompagnent cette lecture <strong>de</strong><br />
l’architecture dans nos collections.<br />
Niveau scolaire : <strong>du</strong> collège à l’enseignement supérieur<br />
Découverte <strong>de</strong> l’art médiéval<br />
Cette visite permet <strong>de</strong> découvrir l’évolution <strong>de</strong>s grands principes architecturaux aux époques <strong>romane</strong>s et gothiques.<br />
Grâce à la richesse <strong>de</strong> nos collections, cette évolution est mise en relation avec la sculpture et les peintures<br />
murales médiévales.<br />
Niveau scolaire : <strong>du</strong> collège à l’enseignement supérieur<br />
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Ateliers<br />
Les thématiques développées dans les ateliers permettent d’abor<strong>de</strong>r, par l’expérimentation, les différentes pratiques<br />
artistiques, les techniques <strong>de</strong> construction.<br />
A la recherche <strong>de</strong>s animaux fantastiques<br />
Au Moyen Âge, les animaux sont très fréquemment représentés. Qu’ils soient fantastiques ou qu’ils symbolisent<br />
<strong>de</strong>s sentiments, <strong>de</strong>s vertus… ils se cachent dans les recoins <strong>de</strong>s chapiteaux ou s’affi chent sur les portails et les<br />
peintures murales. Les enfants partent à leur découverte dans les salles <strong>du</strong> musée et choisissent leur animal<br />
fétiche… Chacun l’observe et le <strong>de</strong>ssine avant <strong>de</strong> le mo<strong>de</strong>ler en atelier sur un carreau d’argile. Ils pourront ainsi<br />
créer tous ensemble une voussure telle que celle d’Aulnay <strong>de</strong> Saintonge…<br />
Niveau scolaire : <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> section maternelle au CM2<br />
Histoires sculptées<br />
De nombreuses histoires hantent les portails sculptées <strong>de</strong>s églises. Les enfants regar<strong>de</strong>nt et décryptent les principaux<br />
thèmes et les différents styles, choisissent une histoire pour ensuite l’interpréter sur <strong>de</strong>s carreaux d’argiles,<br />
en relief, ron<strong>de</strong>-bosse, etc.…<br />
Niveau scolaire : <strong>du</strong> CP à la 5 e<br />
Visites et parcours libres<br />
Vous pouvez venir visiter librement les collections <strong>du</strong> musée avec votre classe ou votre groupe. Pour vous faciliter<br />
cette démarche, la <strong>Cité</strong> vous propose différents dispositifs <strong>de</strong> visite en autonomie grâce, notamment, à <strong>de</strong>s<br />
parcours et carnets <strong>de</strong> visite.<br />
Parcours Expérimental : découvrir l’architecture avec les yeux et avec les mains !<br />
Muni <strong>du</strong> plan général <strong>du</strong> musée, les enfants sont invités à manipuler les dispositifs <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong> décoration<br />
mis à disposition dans les galeries. Créés par <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>signers, Matali Crasset et Philippe Velu, ces<br />
dispositifs sont en interaction avec les œuvres et permettent <strong>de</strong> mettre en pratique les principes <strong>de</strong> l’architecture<br />
<strong>romane</strong> et gothique : le bestiaire fantastique, arc en plein cintre, croisée d’ogive, charpentes et vitraux…<br />
4-10 ans<br />
Parcours Aventure Galerie <strong>de</strong>s moulages « Sauvez l’alchimiste ! <strong>Archi</strong>bald le Chat» d’Evelyne Brisou-Pellen<br />
Ce parcours a été créé par Evelyne Brisou-Pellen spécialiste <strong>de</strong> littérature jeunesse policière sur la pério<strong>de</strong> médiévale.<br />
En résolvant <strong>de</strong>s énigmes pour sauver <strong>Archi</strong>bald le chat dans la galerie <strong>de</strong>s moulages, les enfants sont amenés<br />
à observer, chercher, découvrir <strong>de</strong>s aspects surprenants, étonnants <strong>de</strong> l’architecture médiévale !<br />
7-12 ans<br />
Parcours disponible aux caisses dans le hall <strong>du</strong> musée. Prix <strong>de</strong> vente : 1,50€<br />
Prolonger la visite<br />
Suggestions <strong>de</strong> visites extérieures :<br />
Musée national <strong>du</strong> Moyen-Âge, Hôtel <strong>de</strong> Cluny, 6 place Paul Painlevé, 75005 Paris<br />
Clocher et chevet <strong>de</strong> Saint-Germain l’Auxerrois, 2 place <strong>du</strong> Louvre, 75001 Paris<br />
Abbaye Saint-Martin-<strong>de</strong>s-Champs, CAM, 60 rue Saint-Martin, 75003 Paris<br />
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INFORMATIONS PRATIQUES<br />
Adresse<br />
<strong>Cité</strong> <strong>de</strong> l’architecture et <strong>du</strong> <strong>patrimoine</strong><br />
1, place <strong>du</strong> Trocadéro et <strong>du</strong> 11 novembre<br />
75116 Paris<br />
Informations générales<br />
Standard : 01 58 51 52 00<br />
Internet : www.citechaillot.fr<br />
Rubrique Scolaires<br />
Accès<br />
Palais <strong>de</strong> Chaillot<br />
1, place <strong>du</strong> Trocadéro et <strong>du</strong> 11 novembre - 75116 Paris<br />
Accessibilité pour personnes en situation <strong>de</strong> handicap<br />
La plupart <strong>de</strong> nos activités sont accessibles aux personnes en situation <strong>de</strong> handicap. Pour connaître les visites<br />
et ateliers adaptés, se renseigner au service réservation groupes : groupes@citechaillot.fr ou 01.58.51.50.19.<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s galeries et <strong>de</strong>s activités est accessible aux personnes à mobilité ré<strong>du</strong>ite. Accès par le pavillon<br />
<strong>de</strong> tête, 1, place <strong>du</strong> Trocadéro. Elévateur au niveau <strong>de</strong> l’escalier principal.<br />
Transports<br />
Métro : Trocadéro (lignes 9 et 6) et Iéna (ligne 9)<br />
RER : Champs <strong>de</strong> Mars Tour Eiffel (RER C)<br />
Bus : 22, 30, 32, 63, 72, 82<br />
Batobus : Tour Eiffel<br />
Dépose car : place <strong>du</strong> Trocadéro<br />
Horaires d’ouverture au public<br />
Lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche : 11h à 19h<br />
Jeudi : 11h à 21h<br />
Fermeture hebdomadaire le mardi<br />
Fermeture le 25 décembre, le 1 er janvier, le 1 er mai et le 15 août<br />
Fermeture <strong>de</strong>s caisses une <strong>de</strong>mi-heure avant la fermeture <strong>de</strong> la <strong>Cité</strong><br />
Heure d’ouverture spéciale pour les groupes scolaires et centres <strong>de</strong> loisirs<br />
Accueil sur réservation entre 9h-11h pour les visites-animées et les visites-ateliers préalablement réservées.<br />
Tarif <strong>de</strong>s activités scolaires et centres <strong>de</strong> loisirs<br />
Conseil : pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans nous vous recommandons d’effectuer les activités en classe dédoublée<br />
(groupes <strong>de</strong> 15).<br />
Activités Scolaires Horaires Tarifs<br />
Visite animée 9h-18h en semaine (sauf le mardi) 95€ par groupe (entrée musée<br />
comprise)<br />
Visite libre 11h15-19h tous les jours sauf le<br />
mardi<br />
Gratuité jusqu’à 18 ans<br />
Gratuité pour l’accompagnateur<br />
dans la limite d’un a<strong>du</strong>lte pour 10<br />
élèves<br />
Visite-atelier 9h et 14h en semaine 95€ par groupe (entrée musée non<br />
comprise)<br />
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