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Chimiothérapie antivirale - Revue de Médecine Vétérinaire

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<strong>Chimiothérapie</strong> <strong>antivirale</strong><br />

H. SEBBAG<br />

Ecole nationale vétérinaire <strong>de</strong> Nantes, Département <strong>de</strong> Pathologie Générale, Unité <strong>de</strong> Microbiologie-Immunologie Route <strong>de</strong> Gachet - B.P. 40706 - 44307 NANTES CEDEX 03 France.<br />

E.Mail: sebbag@vet-nantes.fr<br />

RÉSUMÉ<br />

En une à <strong>de</strong>ux décennies, la chimiothérapie <strong>antivirale</strong> a connu <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s<br />

modifications, liées aux progrès <strong>de</strong>s connaissances sur la multiplication<br />

virale, mais aussi aux nouveaux moyens d’obtention et d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

molécules actives et <strong>de</strong> leurs cibles, ainsi qu’aux efforts déployés dans la<br />

lutte contre le VIH. Après quelques rappels généraux, l’auteur passe en<br />

revue les mo<strong>de</strong>s d’action <strong>de</strong>s principales molécules utilisées actuellement,<br />

leur activité et leur utilisation, avant d’envisager les perspectives d’évolution<br />

<strong>de</strong>s thérapeutiques <strong>antivirale</strong>s, et <strong>de</strong> leur extension éventuelle au domaine<br />

vétérinaire, sur laquelle la médicalisation croissante <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong>s<br />

pays industrialisés pourrait ouvrir, comme semble l’indiquer la récente disponibilité<br />

en mé<strong>de</strong>cine vétérinaire <strong>de</strong> moyens thérapeutiques plus sophistiqués<br />

(et plus coûteux), jusqu’alors réservés à l’homme, comme les interférons.<br />

Mots-clés : thérapie <strong>antivirale</strong> - nouvelles molécules -<br />

perspectives - usage vétérinaire.<br />

Introduction<br />

On entendra ici par chimiothérapie <strong>antivirale</strong> l’utilisation<br />

thérapeutique <strong>de</strong> molécules chimiquement synthétisées<br />

capables d’interférer avec le métabolisme du virus pour inhiber<br />

plus ou moins complètement son cycle <strong>de</strong> multiplication<br />

(N.B. : Nous ne traiterons pas ici <strong>de</strong>s interférons, bien que<br />

certains protocoles les associent à la chimiothérapie).<br />

Actuellement réservée à l’homme, elle utilise surtout <strong>de</strong>s<br />

substances actives sur les virus à ADN, à l’exception -<br />

notable- <strong>de</strong>s traitements apparus suite à la mobilisation<br />

contre l’épidémie humaine <strong>de</strong> VIH (Virus <strong>de</strong><br />

l’Immunodéficience Humaine).<br />

Les possibilités sont beaucoup plus limitées que pour la<br />

lutte antibactérienne. La particule virale libre, inerte, n’a pas<br />

d’activité métabolique inhibable, ce qui nécessite le plus<br />

souvent d’intervenir au niveau <strong>de</strong> son cycle cellulaire. Les<br />

virus, à la différence <strong>de</strong>s bactéries, n’ont pour la plupart pas<br />

(ou très peu) <strong>de</strong> voies métaboliques propres: ils utilisent la<br />

machinerie enzymatique cellulaire. Il est donc quasi-impossible<br />

d’agir sur la multiplication <strong>de</strong>s virus sans modifier le<br />

métabolisme cellulaire, et la plupart <strong>de</strong>s agents antiviraux<br />

sont très toxiques. La limite d’acceptation <strong>de</strong> cette toxicité<br />

dépend donc <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> la maladie. Les effets cytotoxiques<br />

se manifesteront en particulier sur les cellules en<br />

multiplication active, ce qui est souvent une limite importante<br />

à l’usage par voie générale, mais laisse parfois une possibilité<br />

d’action locale.<br />

Le principe général est cependant d’interférer avec les parties<br />

spécifiques du métabolisme viral, donc avec l’action<br />

d’enzymes virales spécifiques. Notons que ceci implique une<br />

interférence très spécifique d’un virus donné, donc un diagnostic<br />

préalable.<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, , 5, 237-250<br />

SUMMARY<br />

Antiviral therapy. By H. SEBBAG.<br />

Within ten to twenty years, antiviral therapy showed important changes,<br />

related to knowledge progress on viral multiplication, and to new methods<br />

to obtain and study active molecules and their targets, as much as a result of<br />

emphasising research on HIV. After some general consi<strong>de</strong>rations, the author<br />

reviews the mechanisms of action of the most used molecules, their activity,<br />

and their therapeutic use, the possible emergence of new antiviral therapeutic<br />

methods and the future possibility of their veterinary use, as suggested<br />

by the growing importance of animal care in industrialised countries and<br />

by the recent availability of more sophisticated (and expensive) therapeutics,<br />

previously reserved to human use, such as interferons.<br />

Keywords : antiviral therapy - new molecules - prospects<br />

- veterinary use.<br />

Ces différents aspects expliquent les limites d’emploi <strong>de</strong><br />

ces thérapeutiques :<br />

- La nécessité d’un diagnostic virologique précis implique<br />

<strong>de</strong>s coûts et <strong>de</strong>s délais, rarement compatibles avec le traitement<br />

d’une infection aiguë, et rarement envisageables dans<br />

le domaine vétérinaire.<br />

- La balance entre effets thérapeutiques et toxiques les<br />

réservera à <strong>de</strong>s maladies graves.<br />

- Les virus les mieux ciblés sont les virus à ADN disposant<br />

<strong>de</strong> réplicases propres, ainsi que le VIH.<br />

Des alternatives à la chimiothérapie sensu stricto, outre<br />

l’emploi d’interférons, existent cependant :<br />

- agir avant l’entrée du virus dans l’organisme, soit par <strong>de</strong>s<br />

antiseptiques (pour une revue en milieu hospitalier et médical,<br />

[12] ; notons que l’emploi local <strong>de</strong> viruci<strong>de</strong>s serait une<br />

voie efficace contre la transmission sexuelle du VIH [32]),<br />

soit par le renforcement d’une immunité locale spécifique à<br />

la porte d’entrée (moins bien maîtrisée actuellement,<br />

quoique l’objet <strong>de</strong> recherches actives).<br />

• Empêcher la fixation du virus par neutralisation <strong>de</strong> la particule<br />

(par <strong>de</strong>s anticorps spécifiques ou <strong>de</strong>s récepteurs<br />

solubles).<br />

• Cibler par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> génie génétique les aci<strong>de</strong>s<br />

nucléiques eux-mêmes, ou <strong>de</strong>s gènes <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> l’activité<br />

<strong>de</strong> la cellule infectée.<br />

Mo<strong>de</strong> d’action <strong>de</strong>s molécules<br />

employées<br />

Pour se multiplier, la particule virale pénètre dans une cellule<br />

: elle peut alors être neutralisée par <strong>de</strong>s anticorps présents<br />

dans l’organisme, ou par <strong>de</strong>s analogues <strong>de</strong> récepteurs,


238 SEBBAG (H.)<br />

avant qu’elle ne se lie au récepteur membranaire spécifique<br />

d’une cellule sensible, ce qui provoque l’internalisation<br />

(endocytose par récepteur), l’acidification <strong>de</strong> la vacuole permettant<br />

le passage dans le cytoplasme (figure 1, encadré 1).<br />

Pour les virus enveloppés, représentés à part, <strong>de</strong>s protéines<br />

permettent la fusion <strong>de</strong> l’enveloppe virale avec la membrane<br />

cellulaire, libérant la nucléocapsi<strong>de</strong> dans le cytoplasme.<br />

(Leur libération impliquera un phénomène inverse, <strong>de</strong>s protéines<br />

virales s’insérant dans la membrane cellulaire et provoquant<br />

son bourgeonnement autour <strong>de</strong> la nucléocapsi<strong>de</strong><br />

pour former l’enveloppe). Lors <strong>de</strong> la phase d’éclipse, les<br />

enzymes spécifiques du métabolisme viral, seront les cibles<br />

<strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s molécules actives, notamment lors du point<br />

ACTION SUR L’ENTRÉE DU VIRUS DANS LA CEL-<br />

LULE<br />

Neutralisation du virus / Compétition pour les récepteurs<br />

Rappelons que la présence d’anticorps neutralisants peut<br />

empêcher le virus <strong>de</strong> se lier à son récepteur cellulaire (figure<br />

1 et encadré 1). Diverses molécules peuvent aussi agir à ce<br />

sta<strong>de</strong>, par exemple <strong>de</strong>s analogues structuraux entrant en<br />

compétition avec le récepteur cellulaire au virus. Si certains<br />

autres récepteurs viraux ont été également étudiés [50], c’est<br />

le VIH qui a <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années suscité le plus d’investiga-<br />

central commun à tous les virus, la réplication du génome.<br />

Pour cette réplication, la plupart <strong>de</strong>s virus à ADN (sauf<br />

Papovaviridae et Parvoviridae) possè<strong>de</strong>nt une DNA polymérase<br />

propre, qu’on cherchera à inhiber. Les possibilités<br />

d’action sur les autres phases dépendront étroitement <strong>de</strong>s<br />

particularités <strong>de</strong> chaque cycle viral (ex pour les<br />

Retroviridae : synthèse d’un ADN copie du génome et intégration,<br />

synthèses protéiques, coupure <strong>de</strong> précurseurs protéiques<br />

par <strong>de</strong>s protéases pour donner <strong>de</strong>s protéines fonctionnelles,<br />

etc.). La spécificité d’action restera toujours relative,<br />

les enzymes virales n’étant pas très différentes <strong>de</strong>s enzymes<br />

cellulaires, d’où un risque <strong>de</strong> toxicité par voie générale par<br />

inhibition <strong>de</strong>s synthèses cellulaires.<br />

FIGURE 1. et ENCADRÉ 1. — Schéma du cycle <strong>de</strong> multiplication cellulaire <strong>de</strong>s virus et cibles <strong>de</strong>s molécules anti-virales. Les étapes <strong>de</strong> multiplication propres au<br />

métabolisme viral sont autant <strong>de</strong> cibles pour la chimiothérapie.<br />

tions, ouvrant <strong>de</strong>s perspectives séduisantes, malgré l’absence<br />

<strong>de</strong> molécules actuellement utilisées en routine.<br />

Anticorps neutralisants<br />

Le danger a priori <strong>de</strong> leur usage dans le cas du VIH est<br />

qu’ils risquent <strong>de</strong> favoriser la pénétration par opsonisation<br />

dans les macrophages, lesquels permettent la multiplication<br />

du virus. On envisage l’usage <strong>de</strong> fragments d’anticorps neutralisants,<br />

dépourvus <strong>de</strong> la propriété d’opsonisation (Fab, Fv,<br />

etc.). En outre, dans le cas du VIH, le rôle <strong>de</strong> ces anticorps ne<br />

semble pas déterminant pour contrôler l’évolution <strong>de</strong> l’infection<br />

installée, même si leur présence lors <strong>de</strong> la primo-infec-<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250


CHIMIOTHERAPIE VIRALE 239<br />

tion pourrait empêcher cette installation [3] : leur intérêt<br />

semble surtout justifié dans l’optique <strong>de</strong> recherches vaccinales.<br />

Il faut noter aussi que la variabilité du virus est un obstacle<br />

à l’évaluation du pouvoir neutralisant <strong>de</strong>s anticorps, qui<br />

ne serait réalisable que sur <strong>de</strong>s isolats primaires <strong>de</strong> virus, et<br />

non sur <strong>de</strong>s souches entretenues, modifiées par l’adaptation à<br />

la culture cellulaire [3].<br />

Compétition avec les récepteurs<br />

L’inhibition <strong>de</strong> la fixation du VIH par l’usage <strong>de</strong> CD4<br />

soluble (utilisé par le virus pour se lier aux lymphocytes T<br />

auxiliaires), outre les effets possibles à terme sur le système<br />

immunitaire du fait du rôle du CD4 dans la coopération cellulaire<br />

et l’activation lymphocytaire, s’est pour l’instant<br />

révélée inutilisable du fait <strong>de</strong> la trop courte <strong>de</strong>mi-vie (certains<br />

essais ont cependant été réalisés il y a quelques années).<br />

Ce point pourrait être amélioré par la liaison par recombinaison<br />

avec <strong>de</strong>s protéines telles que <strong>de</strong>s fragments Fc d’immunoglobulines,<br />

pour constituer une véritable immunoadhésine.<br />

Cette liaison permet en outre la traversée du placenta, et<br />

augmente la reconnaissance immune [15], mais est-ce là un<br />

avantage, ou cela va-t-il au contraire contribuer à l’endocytose<br />

du virus par <strong>de</strong>s cellules sensibles, comme les macrophages<br />

? Quant aux effets immunologiques sur le ligand <strong>de</strong><br />

CD4 (les molécules du CMH <strong>de</strong> classe 2), on cherche pour<br />

les éviter à utiliser plus précisément la fraction <strong>de</strong> la molécule<br />

se liant à la gp120 du virus [16].<br />

Parmi les voies <strong>de</strong> recherche figurent aussi celles concernant<br />

les co-récepteurs (autres que le CD4) d’entrée du virus<br />

[61], notamment les récepteurs <strong>de</strong> chémokines (MIP1,<br />

RANTES, etc.). Il semble en effet que lors <strong>de</strong> l’entrée du<br />

virus, la liaison <strong>de</strong> la gp 120 virale au récepteur cellulaire<br />

CD4 induise une modification <strong>de</strong> conformation permettant le<br />

contact avec ces co-récepteurs, eux-mêmes induisant l’accessibilité<br />

à la membrane du pepti<strong>de</strong> <strong>de</strong> fusion <strong>de</strong> la gp41<br />

[3]. L’inhibition compétitive <strong>de</strong> l’entrée par <strong>de</strong>s formes<br />

modifiées <strong>de</strong> ces chémokines, (RANTES par exemple), peut<br />

être une piste [27 , 37]. D’autres molécules étudiées inhiberaient<br />

l’entrée du virus en se liant à la gp120 d’enveloppe<br />

[43]. D’autres éléments peuvent bloquer la liaison du VIH au<br />

récepteur, comme les polyanions, le <strong>de</strong>xtransulfate, ou l’héparine<br />

[16]. Mais ils semblent augmenter la libération <strong>de</strong> la<br />

p24, à l’origine d’effets secondaires.<br />

Inhibition <strong>de</strong> fusion membranaire<br />

D’autres agents visent par diverses stratégies à inhiber les<br />

fusions membranaires nécessaires à la pénétration <strong>de</strong>s virus<br />

enveloppés (figure1b). Ainsi l’enfuvirti<strong>de</strong> [11] est un polypepti<strong>de</strong><br />

inhibant la fusion membranaire du VIH (récemment<br />

approuvé par la FDA), recours possible sur <strong>de</strong>s souches<br />

résistantes, malgré <strong>de</strong>s inconvénients d’utilisation (coût <strong>de</strong><br />

production, administration parentérale obligatoire...). La suramine,<br />

comporte <strong>de</strong>s groupements chargés agissant aussi sur<br />

l’adhésion, et les polymères sulfatés, peu toxiques mais peu<br />

absorbés, ont <strong>de</strong>s effets secondaires. Certaines lectines inhiberaient<br />

aussi la fusion membranaire du VIH [16].<br />

Autres mo<strong>de</strong>s d’inhibition d’entrée<br />

Parmi les rares substances utilisées en pratique (bien que<br />

<strong>de</strong> manière limitée), certains, comme le zanamivir, inhibent<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250<br />

l’action <strong>de</strong>s neuraminidases du virus grippal, qui lors <strong>de</strong> la<br />

diffusion et <strong>de</strong> la pénétration évitent la neutralisation <strong>de</strong>s<br />

hémagglutinines virales par le mucus [31]. Des recherches se<br />

poursuivent sur <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> la neuraminidase tels que<br />

oseltamivir et zanamivir [24], déjà autorisés selon les pays<br />

[60]. Ils semblent cependant sélectionner <strong>de</strong>s résistances par<br />

mutation sur la neuraminidase, mais aussi sur l’hémagglutinine<br />

[2].<br />

L’action <strong>de</strong> l’amantadine et <strong>de</strong> la rimantadine (figure 2)<br />

diminuerait l’acidification <strong>de</strong>s vacuoles, et la fusion membranaire<br />

permettant l’internalisation du virus (figure 1, 1b)<br />

[25 , 57], mais on a décrit selon les doses <strong>de</strong>s effets secondaires,<br />

neuropsychiques ou digestifs [8]. L’amantadine à très<br />

forte dose, inhiberait aussi la déformation <strong>de</strong>s membranes<br />

cellulaires lors <strong>de</strong> la fusion. Elle doit pour être efficace être<br />

utilisée très précocement pendant la phase asymptomatique,<br />

voire en usage préventif [64], ce qui limite son intérêt. Il<br />

existe <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> résistance, liés à la protéine M2<br />

[29], sur laquelle agirait la molécule [47]. Active sur les<br />

virus <strong>de</strong> type A uniquement, présentant <strong>de</strong>s effets secondaires<br />

mineurs, utilisable surtout en prévention, elle reste<br />

peu employée. La rimantadine, plus active et bien tolérée<br />

selon certains auteurs, a été surtout utilisée dans les pays <strong>de</strong><br />

l’est.<br />

FIGURE 2. — Inhibiteurs d’entrée du virus : Amantadine et rimantadine,<br />

(anti-Orthomyxoviridae).<br />

INHIBITION DES ENZYMES DE RÉPLICATION<br />

VIRALES<br />

C’est surtout lors <strong>de</strong> la phase d’éclipse qu’interviennent<br />

<strong>de</strong>s enzymes virales spécifiques, cibles <strong>de</strong> la chimiothérapie.<br />

Cependant leur ciblage sans toxicité cellulaire est difficile et<br />

nécessite un choix très précis <strong>de</strong> la dose et <strong>de</strong> la molécule par<br />

rapport à l’enzyme (donc au virus), impliquant un diagnostic<br />

virologique précis. Enfin les molécules inhibitrices ne le<br />

seront que sur <strong>de</strong>s virus en multiplication active (pas d’action<br />

sur les infections latentes comme celles d’Herpesviridae<br />

ou <strong>de</strong> Retroviridae) : l’action est uniquement virostatique.<br />

Outre le criblage <strong>de</strong> molécules pour leurs effets antiviraux<br />

(par tri <strong>de</strong> molécules d’origines variées, on obtient parfois<br />

<strong>de</strong>s activités <strong>antivirale</strong>s potentiellement intéressantes,<br />

comme celle d’extraits <strong>de</strong> Cyanobactéries contre l’activité<br />

protéasique du virus grippal [66]), une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en<br />

plus utilisée est la conception rationnelle d’inhibiteurs à partir<br />

<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> en cristallisation <strong>de</strong>s enzymes virales visées,<br />

réplicases, réverse-transcriptase <strong>de</strong>s Retroviridae, ou protéases<br />

virales [36, 52, 5].<br />

D’une manière générale, les transcriptases virales sont <strong>de</strong>s


240 SEBBAG (H.)<br />

enzymes assez particulières, surtout pour les virus à ARN,<br />

vu leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> réplication, et on peut espérer les inhiber<br />

plus ou moins spécifiquement. Pourtant (à part le cas du<br />

VIH), on dispose actuellement <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> molécules, par rapport<br />

à celles actives sur les polymérases <strong>de</strong> virus à ADN.<br />

Dans le cas <strong>de</strong>s Retroviridae, notamment du VIH, une cible<br />

majeure est la rétrotranscriptase qui leur est propre.<br />

Parmi les composés utilisés, beaucoup sont <strong>de</strong>s analogues<br />

<strong>de</strong> nucléosi<strong>de</strong>s.<br />

Inhibition <strong>de</strong>s réplicases ou transcriptases virales par<br />

<strong>de</strong>s analogues structuraux <strong>de</strong> métabolites (nucléosi<strong>de</strong>s et<br />

dérivés)<br />

Il en existe plusieurs sortes, <strong>de</strong> plusieurs générations.<br />

Mo<strong>de</strong> d’action général<br />

Un certain nombre <strong>de</strong>s agents actifs dont le mécanisme<br />

d’action est connu sont <strong>de</strong>s inhibiteurs métaboliques, en particulier<br />

<strong>de</strong>s analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s, qui perturbent la synthèse<br />

d’aci<strong>de</strong>s nucléiques viraux (figure 3). Pour ce faire, ils<br />

FIGURE 3. — Analogues <strong>de</strong> nucléosi<strong>de</strong>s ou nucléoti<strong>de</strong>s à sucre ou base azotées modifiés. a : composants normaux - b :<br />

Analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s à sucre modifié par remplacement du ribose par arabinose - c : Analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s à<br />

sucre modifié par perte <strong>de</strong> groupement OH - d : base azotée modifiée et divers.<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250


CHIMIOTHERAPIE VIRALE 241<br />

doivent le plus souvent être au préalable phosphorylés dans<br />

la cellule. (une triple phosphorylation est nécessaire pour<br />

qu’ils entrent en compétition avec les métabolites « normaux<br />

»).<br />

En général, ils agissent par compétition avec le substrat <strong>de</strong><br />

l’enzyme, inhibition stérique ou termination <strong>de</strong> la synthèse<br />

d’ADN. Cette terminaison résulte <strong>de</strong> l’incorporation dans la<br />

chaîne en élongation d’un analogue structural, à base azotée<br />

ou à sucre modifié, dépourvu d’un OH en 3’ capable <strong>de</strong> se<br />

lier avec le nucléosi<strong>de</strong> suivant.<br />

Beaucoup cumulent plusieurs <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s d’action. Par<br />

exemple, la zidovudine ou AZT (figure 3) joue le rôle d’inhibiteur<br />

compétitif au niveau du site actif <strong>de</strong> l’enzyme du<br />

VIH, et son incorporation dans la chaîne d’aci<strong>de</strong>s nucléiques<br />

inhibe l’élongation ultérieure du fait <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> groupement<br />

3’OH permettant la liaison à un autre nucléoti<strong>de</strong>.<br />

Molécules : analogues <strong>de</strong> nucléosi<strong>de</strong>s à base azotée ou<br />

sucre modifiés<br />

On trouve parmi ces composés un certain nombre <strong>de</strong> molécules<br />

utilisées contre le VIH.<br />

Ces substances à spectre étroit, imparfaitement spécifiques<br />

<strong>de</strong>s enzymes virales, ont souvent une certaine toxicité<br />

pour les enzymes cellulaires. Leur activité découle <strong>de</strong><br />

diverses modifications :<br />

• Substitution du sucre :<br />

La cytarabine, cytosine-arabinosi<strong>de</strong> (l’arabinose est un<br />

analogue structural du ribose), soluble dans l’eau mais<br />

toxique, active sur les virus herpès et varicelle-zona, est utilisable<br />

par voie générale (figure 3). La vidarabine, adéninearabinosi<strong>de</strong><br />

(figure 3), dérivé proche du précé<strong>de</strong>nt, moins<br />

actif, moins soluble dans l’eau, est employée par voie locale<br />

ou générale (IV lente) pour les encéphalites herpétiques et<br />

les complications <strong>de</strong> zona, voire les hépatites virales (le couplage<br />

à l’albumine humaine lactosaminée permet la pénétration<br />

<strong>de</strong> l’hépatocyte [68].<br />

• Perte d’un groupement OH :<br />

Elle empêche l’élongation <strong>de</strong> la chaîne d’ADN naissante,<br />

après incorporation <strong>de</strong> la molécule.<br />

Exemple : didéoxyinosine ou ddI, didéoxycytidine ou<br />

ddC, didéoxyadénosine ou ddA (figure 3), lamivudine, ou<br />

3TC (analogue lévogyre <strong>de</strong> la didéoxycytidine, utilisée<br />

contre le virus <strong>de</strong> l’hépatite B, figure 3) ...<br />

• Addition d’un groupement azi<strong>de</strong> :<br />

Exemple : AZT, azido-désoxythymidine, ou zidovudine<br />

(figure 3), analogue <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>, inhibiteur compétitif du<br />

site actif <strong>de</strong> l’enzyme, et terminateur <strong>de</strong> synthèse d’ADN.<br />

Cette molécule est une <strong>de</strong>s plus employées contre le VIH<br />

(encadré 4).<br />

• Autres modifications :<br />

L’idoxuridine ou 5-iodo-2-désoxyuridine (figure 3), antiherpétique<br />

<strong>de</strong> 1e génération analogue <strong>de</strong> la thymidine (pyrimidine<br />

halogénée), bloquant l’ADN polymérase, fut un <strong>de</strong>s<br />

premiers antiviraux utilisés (traitement local uniquement en<br />

pomma<strong>de</strong>), comme la méthisazone [30]. Des dérivés<br />

proches (bromodéoxyuridine, trifluridine, aeduridine) ont<br />

été utilisés pour la kératite herpétique humaine [26], voire<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250<br />

dans <strong>de</strong>s essais animaux [46, 28]. La méthisazone (figure 3)<br />

a été utilisée dès 1964 dans la chimioprophylaxie <strong>de</strong> la<br />

variole et les complications <strong>de</strong> la vaccination anti-variolique<br />

[30, 64]. La ribavirine : (figure 3), analogue synthétique <strong>de</strong> la<br />

guanosine, à spectre plus étendu, agit per os, et inhibe<br />

l’ARN-polymérase <strong>de</strong> différents virus à ARN ( Spectre d’activité<br />

: cf Encadré 2). Elle montre cependant une importante<br />

toxicité par voie générale. Elle agirait aussi selon d’autres<br />

voies, en diminuant la concentration en GTP et en inhibant la<br />

formation <strong>de</strong> la coiffe <strong>de</strong>s ARNm [47].<br />

Les analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s avec perte <strong>de</strong> structure<br />

cyclique<br />

• Particularités du mo<strong>de</strong> d’action<br />

Dans ce cas (figure 4), la première <strong>de</strong>s phosphorylations<br />

intracellulaires nécessaires à l’activité ne peut être réalisée<br />

que par <strong>de</strong>s enzymes virales spécifiques <strong>de</strong>s Herpesviridae :<br />

thymidine-kinase <strong>de</strong> l’Herpes simplex ou phospho-transférase<br />

du Cytomegalovirus. Les cellules non infectées ne sont<br />

donc quasiment pas touchées, d’où une bien moindre toxicité,<br />

mais aussi un spectre d’action très étroit (en outre le<br />

virus peut muter et <strong>de</strong>venir résistant par perte <strong>de</strong> l’enzyme).<br />

Ainsi, l’acyclovir et ses dérivés <strong>de</strong> première génération, non<br />

phosphorylés et relativement peu toxiques, ont un spectre<br />

d’action limité à quelques Herpesviridae possédant une<br />

enzyme adéquate.<br />

• Molécules<br />

L’acyclovir, antiherpétique <strong>de</strong> 2e génération, analogue<br />

acyclique <strong>de</strong> la guanosine (figure 4), est phosphorylé par la<br />

thymidine-kinase virale et associe donc forte activité et toxicité<br />

faible. En outre la molécule phosphorylée inhibe davantage<br />

la polymérase virale que l’enzyme cellulaire et interrompt<br />

la synthèse <strong>de</strong> l’ADN par son incorporation.<br />

Le gancyclovir, dérivé du précé<strong>de</strong>nt, est phosphorylé par<br />

la thymidine-kinase virale, mais aussi par les enzymes cellulaires,<br />

d’où sa toxicité supérieure. Valacyclovir (figure 4) et<br />

famcyclovir sont <strong>de</strong>s dérivés à la biodisponibilité orale améliorée<br />

par rapport aux gancyclovir et pencyclovir [3].<br />

Analogues acycliques <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s avec groupement<br />

phosphonate<br />

• Particularités du mo<strong>de</strong> d’action<br />

Des dérivés nucléotidiques plus récents (figure 4 : adéfovir,<br />

cidofovir, ténofovir...) , porteurs d’un groupement phosphonate<br />

chargé, lié à la partie acyclique par une liaison P-C<br />

stable (non clivée par les estérases cellulaires, contrairement<br />

à la phosphorylation dans les nucléoti<strong>de</strong>s « naturels ») ne<br />

nécessitent plus la kinase virale : le groupement phosphonate<br />

constitue un analogue du premier groupement <strong>de</strong> phosphorylation,<br />

et ne nécessite donc que 2 phosphorylations (au lieu<br />

<strong>de</strong> 3) pour permettre une inhibition compétitive lors <strong>de</strong> l’incorporation<br />

à l’aci<strong>de</strong> nucléique. Ils ont donc un spectre d’activité<br />

beaucoup plus large, sur <strong>de</strong> nombreux autres virus à<br />

ADN, notamment les Hepadnaviridae (ex : virus <strong>de</strong> l’hépatite<br />

B), et sur les Retroviridae, dont le VIH. Sous leur forme<br />

diphosphorylée, ils ont par ailleurs une meilleure affinité<br />

pour les polymérases virales que pour les polymérases cellulaires<br />

(d’où une moindre toxicité).<br />

Leur groupement chargé rend plus difficile le passage


242 SEBBAG (H.)<br />

FIGURE 4. — Analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s acycliques et à groupement phosphonate, et analogues <strong>de</strong> groupements phosphates.<br />

a : Composants normaux - b : Analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s avec perte <strong>de</strong> structure cyclique. c : analogues <strong>de</strong> nucléoti<strong>de</strong>s à<br />

groupement phosphonate. d : Analogues <strong>de</strong> groupement phosphate.<br />

transmembranaire pour l’absorption orale ou la pénétration<br />

dans les cellules, ce qui peut cependant être compensé par<br />

l’association à <strong>de</strong>s composés dipivoxil ou disoproxil permettant<br />

l’obtention <strong>de</strong> prodrogues orales [18].<br />

Curieusement, certaines <strong>de</strong> ces molécules, censées inhiber<br />

l’ADN polymérase virale, sont actives sur <strong>de</strong>s virus dépourvus<br />

d’une telle enzyme spécifique (comme le cidofovir sur<br />

les Polyomavirus et Papillomavirus. [1, 18].<br />

• Analogues acycliques <strong>de</strong> nucléosi<strong>de</strong>s avec groupement<br />

phosphonate<br />

Adéfovir (ou PMEA, analogue <strong>de</strong> l’adénosine)<br />

C’est un inhibiteur compétitif <strong>de</strong> la rétrotranscriptase agissant<br />

aussi en stoppant l’élongation <strong>de</strong> la chaîne nucléotidique,<br />

actif sur les herpèsvirus [16].<br />

Spectre d’activité : cf Encadré 2.<br />

Bien qu’étudié initialement pour la lutte contre le VIH, sa<br />

néphrotoxicité est un handicap pour cette utilisation (traite-<br />

ment à long terme). Il est cependant approuvé officiellement<br />

pour le traitement <strong>de</strong> l’hépatite B chronique [18]. Le traitement<br />

ne semble pas induire l’apparition <strong>de</strong> résistances.<br />

Cidofovir (ou HPMPC, analogue <strong>de</strong> la cytosine) :<br />

(figure 4)<br />

Contrairement aux dérivés <strong>de</strong> l’acyclovir, son action serait<br />

beaucoup plus prolongée (jusqu’à 7 jours au lieu <strong>de</strong> quelques<br />

heures). Son absorption peut être améliorée par estérification<br />

du groupement phosphonate, augmentant l’activité contre les<br />

Orthopoxvirus et Herpesvirus [18]. Le traitement ne semble<br />

pas induire l’apparition <strong>de</strong> résistances (en tout cas moins que<br />

d’autres anti-herpétiques), mais sa néphrotoxicité nécessite<br />

<strong>de</strong>s précautions lors <strong>de</strong> traitements [48].<br />

Spectre d’activité : cf Encadré 2.<br />

Ténofovir (ou PMPA, analogue <strong>de</strong> l’adénosine) :<br />

Le Ténofovir (figure 4), analogue nucléotidique utilisé<br />

(sous forme <strong>de</strong> prodrogue) comme inhibiteur <strong>de</strong> la rétrotranscriptase<br />

du VIH (le premier approuvé en Europe [51]),<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250


CHIMIOTHERAPIE VIRALE 243<br />

moins toxique sur les mitochondries que d’autres analogues<br />

nucléosidiques, est également actif contre l’hépatite B [23].<br />

Spectre d’activité : cf Encadré 2.<br />

Il est utilisé (généralement en association avec d’autres<br />

antiviraux) contre le VIH. L’apparition <strong>de</strong> mutations en<br />

cours <strong>de</strong> traitement induit une résistance à <strong>de</strong> plus fortes<br />

concentrations <strong>de</strong> la molécule, mais ne semblerait pas empêcher<br />

le contrôle <strong>de</strong> l’infection, ni justifier l’interruption du<br />

traitement [18].<br />

Analogues <strong>de</strong> groupements phosphates<br />

L’aci<strong>de</strong> phosphonoformique ou foscarnet, <strong>de</strong> même que<br />

l’aci<strong>de</strong> phosphonoacétique, inhibe l’ADN polymérase <strong>de</strong>s<br />

Herpesviridae et du virus <strong>de</strong> l’hépatite B.<br />

Inhibiteurs non nucléosidiques <strong>de</strong> transcriptases<br />

(INNTI)<br />

Ces molécules agissent <strong>de</strong> manière non compétitive sur la<br />

rétrotranscriptase <strong>de</strong>s Retroviridae, notamment du VIH. Les<br />

TIBO (tétrahydro-imidazo-benzodiazépinones, figure 5)<br />

dérivés <strong>de</strong> benzodiazépines, à la spécificité supérieure, d’où<br />

leur moindre toxicité, après essais cliniques, ont donné <strong>de</strong>s<br />

molécules utilisables. Ils seraient efficaces seulement sur le<br />

VIH 1 [16].<br />

La névirapine, issue d’un screening <strong>de</strong> molécules, (dipyridodiazépinone,<br />

figure 5), serait synergique <strong>de</strong> l’AZT, sans<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250<br />

présenter <strong>de</strong> réaction croisée avec d’autres polymérases cellulaires<br />

[16]. Elle se lie <strong>de</strong> manière non compétitive à la<br />

rétrotranscriptase. Elle est à présent utilisée contre le VIH<br />

[17, 21]. Après la névirapine, d’autres molécules similaires<br />

ont été décrites, et pour certaines employées dans les trithérapies,<br />

telles la <strong>de</strong>lavirdine ou l’efavirenz (figure 5).<br />

INHIBITION D’AUTRES ENZYMES VIRALES<br />

Inhibiteurs <strong>de</strong> protéases<br />

Mo<strong>de</strong> d’action<br />

Il existe d’autres enzymes originales, pouvant constituer<br />

<strong>de</strong>s cibles <strong>de</strong> choix : ainsi beaucoup <strong>de</strong> cycles viraux montrent<br />

une synthèse <strong>de</strong> précurseurs protéiques <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille,<br />

clivés ensuite par <strong>de</strong>s protéases spécifiques en produits fonctionnels,<br />

l’exemple le plus typique étant peut-être celui <strong>de</strong>s<br />

Picornaviridae, avec un seul précurseur pour toutes les protéines<br />

virales.<br />

Les protéases virales sont donc <strong>de</strong>s cibles potentielles<br />

explorées dans diverses familles [31, 52], Mais c’est seulement<br />

dans la lutte contre le VIH qu’il existe actuellement <strong>de</strong>s<br />

applications thérapeutiques ciblant la protéase, indispensable<br />

à la synthèse fonctionnelle <strong>de</strong>s enzymes codées par les<br />

gènes POL et GAG [34] : les antiprotéases sont à présent largement<br />

utilisées dans la trithérapie contre le VIH. Elles agissent<br />

sur le creuset du site actif <strong>de</strong> l’enzyme ou sur les parties<br />

mobiles qui le bor<strong>de</strong>nt [5].<br />

FIGURE 5. — Inhibiteurs non nucléosidiques <strong>de</strong> la transcriptase inverse (INNTI) du VIH : TIBO, tétrahydro-imidazo- benzodiazépinediones.<br />

HEPT, hydroxyéthoxyméthylphénylthiothymines.


244 SEBBAG (H.)<br />

Inhibiteurs <strong>de</strong> protéase du VIH<br />

On peut citer en exemple <strong>de</strong> molécules actuellement utilisées<br />

(figure 6) saquinavir, lopinavir, indinavir, amprenavir,<br />

nelfinavir. Leur pharmacocinétique implique souvent plusieurs<br />

prises quotidiennes pour éviter la sélection <strong>de</strong> résistances<br />

par une baisse <strong>de</strong> concentration sérique entre les<br />

prises [53]. D’autres encore sont disponibles [38] : ritonavir,<br />

tipranavir, atazanavir.<br />

Cependant <strong>de</strong> nouvelles molécules (ou <strong>de</strong>s améliorations<br />

<strong>de</strong>s anciennes) restent l’objet <strong>de</strong> recherches continuelles, vu<br />

l’évolutivité du virus. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong> la spécificité<br />

d’action sur l’enzyme (et <strong>de</strong> cette perte <strong>de</strong> spécificité par<br />

mutation) utilise parfois <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> virus animaux<br />

proches, tels celui du virus <strong>de</strong> l’immunodéficience féline<br />

(FIV) [44].<br />

Des voies <strong>de</strong> recherche explorent également d’autres<br />

moyens d’inhiber la protéase du VIH, en inhibant la dimérisation<br />

<strong>de</strong>s monomères constitutifs <strong>de</strong> l’enzyme fonctionnelle,<br />

par ciblage d’une partie présentant moins <strong>de</strong> mutations<br />

que le site actif [5].<br />

Inhibiteurs d’autres activités enzymatiques<br />

L’intégrase <strong>de</strong>s rétrovirus reste aussi une cible potentielle,<br />

bien que peu souvent sujet <strong>de</strong> communications [33]. Des<br />

FIGURE 6. — Inhibiteurs <strong>de</strong> protéases du VIH.<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250


CHIMIOTHERAPIE VIRALE 245<br />

inhibiteurs d’enzymes <strong>de</strong> la morphogenèse sont également<br />

étudiés, pour le HBV par exemple [2]. D’autres voies <strong>de</strong><br />

recherche explorent la possibilité d’inhiber la fonction<br />

RNase <strong>de</strong> la transcriptase, empêchant alors la synthèse du<br />

<strong>de</strong>uxième brin d’ADN en préalable à l’intégration du provirus.<br />

D’autres composés peuvent agir sur la libération virale,<br />

comme, pour le VIH, la castanospermine, inhibiteur <strong>de</strong> glycosylation<br />

indispensable aux protéines <strong>de</strong> surface et bloquant<br />

la sortie <strong>de</strong>s virus et leur infectivité. Beaucoup, comme<br />

celle-ci, se sont révélés parfois décevants à l’usage. Des inhibiteurs<br />

au niveau <strong>de</strong>s protéines Gag, <strong>de</strong> la myristoilation<br />

indispensable à l’assemblage, sont aussi recherchés [16]<br />

On envisage encore <strong>de</strong> cibler l’étape <strong>de</strong> glycosylation du<br />

VIH, indispensable à l’acquisition <strong>de</strong> la conformation fonctionnelle<br />

<strong>de</strong>s gp 160 et gp41 [22].<br />

STRATEGIES D’UTILISATION<br />

DES MOLECULES<br />

CHOIX EN FONCTION DE L’ACTIVITÉ<br />

Etendue du spectre d’activité<br />

Rappelons que l’action s’exerce uniquement <strong>de</strong> manière<br />

virostatique, sur les virus en multiplication. Le spectre est<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250<br />

ENCADRÉ 2. — Molécules à spectre large.<br />

variable, <strong>de</strong>puis un spectre « large » (qui reste très relatif)<br />

pour ribavirine, ou foscarnet (actif sur les Herpesviridae, le<br />

virus <strong>de</strong> l’hépatite B, et dans une certaine mesure sur le<br />

VIH), « moyen » pour l’acyclovir (sur les Herpes Simplex 1<br />

et 2, et le virus <strong>de</strong> la varicelle-zona) voire très étroit (TIBO et<br />

VIH 1).<br />

La majorité <strong>de</strong>s molécules ont donc un spectre très limité,<br />

nécessitant un diagnostic virologique précis. Les composés<br />

acycliques à groupement phosphonate font figure d’exception,<br />

avec un spectre très étendu pour certains : celui, exceptionnel,<br />

du cidofovir sur <strong>de</strong> nombreux virus à ADN , ainsi<br />

que ceux <strong>de</strong>s composés voisins sont rassemblés dans l’ encadré<br />

2. Les encadrés suivants indiquent les molécules<br />

employées contre quelques virus ciblés chez l’homme.<br />

Résistance acquise<br />

N.B. Comme pour l’antibiorésistance <strong>de</strong>s bactéries, il<br />

existe <strong>de</strong>s souches virales résistantes à la chimiothérapie.<br />

Les résistances peuvent être acquises par mutation, d’autant<br />

plus que les réplicases virales sont souvent moins fidèles que<br />

les enzymes cellulaires, source importante d’erreur <strong>de</strong> réplication.<br />

On citera la résistance à l’acyclovir, le plus souvent<br />

par perte <strong>de</strong> la thymidine-kinase virale (TK-), ou par perte<br />

d’affinité <strong>de</strong> la TK ou <strong>de</strong> l’ADN polymérase pour la molécule,<br />

ou la résistance à l’AZT par mutation sur la rétrotranscriptase.<br />

Pour les inhibiteurs <strong>de</strong> protéases du VIH, la sélection <strong>de</strong>


246 SEBBAG (H.)<br />

mutants à résistance augmentée est fréquente. Selon les inhibiteurs,<br />

elle peut (ou non) faire intervenir une succession<br />

précise dans le temps <strong>de</strong> mutations bien i<strong>de</strong>ntifiées et caractérisables<br />

par génotypage <strong>de</strong> la souche virale [13]. Les résistances<br />

sont souvent croisées entre molécules dans ce cas<br />

(ex : résistance à l’indinavir croisant avec ritonavir et nelfinavir).<br />

Dans le cas du VIH, le suivi à long terme <strong>de</strong> l’évolution ou<br />

le choix du traitement après échec pourraient faire une place<br />

croissante aux tests <strong>de</strong> résistance aux molécules utilisées,<br />

malgré les limites <strong>de</strong> ces tests (manque <strong>de</strong> standardisation,<br />

faible sensibilité lors <strong>de</strong> basse charge virale, ou <strong>de</strong> présence<br />

<strong>de</strong> variants mineurs).<br />

ENCADRÉ 3. — Molécules à spectre plus restreint.<br />

Evaluation <strong>de</strong> la sensibilité ou <strong>de</strong> la résistance<br />

Elle implique soit <strong>de</strong>s tests génotypiques mettant en évi<strong>de</strong>nce<br />

la présence <strong>de</strong> mutations <strong>de</strong> résistance connues [14 ,<br />

9], soit <strong>de</strong>s tests phénotypiques, évaluant in vitro les concentrations<br />

inhibitrices <strong>de</strong> la multiplication virale [13]. Ceci<br />

peut être réalisé in vitro (évaluation <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la multiplication<br />

virale par mesure d’une CI 50% ou CI 90%), ou in<br />

vivo (mais la spécificité d’espèce <strong>de</strong>s virus nécessiterait <strong>de</strong><br />

tester cela sur une espèce sensible (problèmes d’éthique chez<br />

l’homme). Elle peut notamment ai<strong>de</strong>r au suivi <strong>de</strong> l’activité<br />

<strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> protéase du VIH.<br />

Notons qu’une résistance constatée in vitro ne justifiera<br />

pas forcément d’arrêter le traitement. Précisons aussi que<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250


CHIMIOTHERAPIE VIRALE 247<br />

l’évaluation <strong>de</strong> la charge virale plasmatique dans le cas du<br />

VIH est également un bon indicateur <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s<br />

patients [34].<br />

STRATÉGIES D’EMPLOI<br />

Association <strong>de</strong> molécules<br />

Elle peut rechercher :<br />

• Une synergie d’action (ex : foscarnet + gancyclovir sur le<br />

Cytomegalovirus)<br />

• Une baisse <strong>de</strong> toxicité (ex : AZT + ddI ou ddC)<br />

• Une diminution <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong> résistance par mutation,<br />

selon le même principe que certaines associations d’antibiotiques<br />

dans la lutte antibactérienne (ex : AZT + ribavirine).<br />

On sait que dans le cas du VIH, une telle association est<br />

indispensable - cas <strong>de</strong>s « trithérapies » - vu les capacités <strong>de</strong><br />

mutation du virus<br />

• Voire une potentialisation par action pharmacocinétique<br />

(voir plus loin la notion <strong>de</strong> « boosting »).<br />

Pour certaines indications, l’association avec l’interféron<br />

α s’est montrée intéressante (voir encadré sur les hépatites<br />

virales, et essais sur les rétroviroses et la péritonite infectieuse<br />

félines).<br />

Mo<strong>de</strong> d’administration<br />

La voie générale expose à la toxicité <strong>de</strong>s molécules.<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250<br />

ENCADRÉ 4.— Molécules contre le V.I.H. ( et autres retroviridae).<br />

Lorsque l’administration locale est possible (selon localisation<br />

<strong>de</strong> l’infection), elle permet <strong>de</strong> limiter les effets secondaires<br />

généraux (ex : pomma<strong>de</strong> ophtalmique ou cutanée pour<br />

les herpèsviroses humaines, voire inhalation pour les viroses<br />

respiratoires).<br />

Certains [56] envisagent comme une perspective d’utiliser<br />

aussi le transport rétroaxonal propre à la toxine tétanique<br />

pour procé<strong>de</strong>r à la délivrance in situ <strong>de</strong> principes actifs dans<br />

le système nerveux central, et peut-être même, à terme, <strong>de</strong><br />

permettre une compétition pour les récepteurs cellulaires<br />

(qui sont les mêmes) entre le fragment C et le virus rabique,<br />

dans le cadre d’un traitement <strong>de</strong> la rage, permettant d’envisager<br />

d’entraver la dissémination du virus.<br />

Protocoles d’emploi<br />

Le « boosting » (par exemple par le ritonavir à faibles<br />

doses dans le traitement anti-VIH) est une métho<strong>de</strong> qui permet<br />

d’améliorer les caractéristiques pharmacocinétiques <strong>de</strong>s<br />

inhibiteurs <strong>de</strong> protéase (par association avec une autre molécule)<br />

en augmentant les concentrations plasmatiques résiduelles<br />

et maximales, au risque parfois d’augmenter en<br />

même temps les effets secondaires. Pour certains inhibiteurs,<br />

la prise du repas elle-même peut jouer ce rôle <strong>de</strong> « boosting »<br />

[53].<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’infection par le VIH, au vu <strong>de</strong> la toxicité<br />

<strong>de</strong>s antiviraux actuellement utilisés et <strong>de</strong> l’impossibilité <strong>de</strong><br />

l’élimination du virus par leur usage, diverses autres voies


248 SEBBAG (H.)<br />

sont explorées, outre la recherche <strong>de</strong> nouveaux traitements,<br />

on évalue aussi le bénéfice <strong>de</strong> l’interruption momentanée du<br />

traitement, classiquement prescrit à vie (notamment dans le<br />

cas <strong>de</strong> primo-infection), ou <strong>de</strong> l’association avec d’autres<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées à rétablir le taux <strong>de</strong>s lymphocytes CD4<br />

et la réponse aux infections opportunistes, telles que l’immunothérapie<br />

par <strong>de</strong>s cytokines (IL2, IFNα, ...), ou par <strong>de</strong>s candidats<br />

vaccins à visée thérapeutique [58].<br />

QUELQUES VOIES DE RE-<br />

CHERCHE OU DE REFLEXION<br />

AUTRES VOIES THÉRAPEUTIQUES DANS LA LUTTE<br />

CONTRE LE VIH<br />

On sait les abondantes recherches dont le VIH (et son traitement)<br />

a fait et fait encore l’objet. On ne sera donc pas surpris<br />

<strong>de</strong> le voir cité comme principal exemple ici. Cependant<br />

certains principes sont utilisables pour d’autres virus, et <strong>de</strong>s<br />

essais ont parfois été faits.<br />

Moyens immunologiques et immunomodulation<br />

Une possibilité est la <strong>de</strong>struction sélective <strong>de</strong>s cellules<br />

infectées, par exemple à l’ai<strong>de</strong> d’immunotoxines, ou <strong>de</strong><br />

toxines liées, dans le cas du VIH, à la molécule CD4, mais<br />

elle nécessite une détection précoce <strong>de</strong> la cellule infectée<br />

avant que le virus n’ait réalisé son cycle ; or la plupart <strong>de</strong>s<br />

antigènes protéiques viraux ne sont exprimés à la surface<br />

cellulaire qu’à un sta<strong>de</strong> assez tardif. En outre il y a le risque<br />

lors d’usage du CD4, <strong>de</strong> tuer les cellules <strong>de</strong> l’organisme présentant<br />

son ligand physiologique, aux fonctions immunologiques<br />

importantes. Une éventualité serait une action « préventive<br />

» sur <strong>de</strong>s cellules cibles saines modifiées.<br />

Précisons enfin les voies <strong>de</strong> recherche concernant l’immunomodulation<br />

contre le VIH, soit en vue d’un vaccin (prophylactique<br />

ou thérapeutique), soit par utilisation <strong>de</strong> diverses<br />

cytokines (IL2, IFNα,...) en parallèle ou en alternance avec<br />

l’emploi <strong>de</strong>s molécules <strong>antivirale</strong>s (l’IFNα seul semble d’un<br />

intérêt limité, du fait <strong>de</strong> sa toxicité, mais il peut être employé<br />

avec l’AZT), dans le but <strong>de</strong> restaurer les populations immunitaires<br />

(lymphocytes CD4 notamment) et/ ou <strong>de</strong> favoriser la<br />

réponse contre le VIH (l’IL3 peut être utile pour combattre la<br />

leucocytopénie résultant <strong>de</strong> l’infection) et son élimination à<br />

terme [58]. De telles stratégies peuvent aussi être associées<br />

aux possibilités offertes par le génie génétique et la thérapie<br />

génique sur les cellules cibles du virus.<br />

Biologie moléculaire et thérapie génique<br />

L’immunisation cellulaire consiste à conférer (par introduction<br />

<strong>de</strong> gènes) une résistance particulière contre le virus<br />

aux cellules infectées (en particulier à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cellules<br />

immunocompétentes modifiées) [40]. On peut introduire <strong>de</strong>s<br />

protéines virales mutées non fonctionnelles, entrant en compétition<br />

avec les protéines natives régulatrices, comme tat et<br />

rev, structurales comme env et gag, ou enzymatiques comme<br />

la protéase, ou encore <strong>de</strong>s molécules interférant avec les<br />

aci<strong>de</strong>s nucléiques viraux, notamment les ARNs. Outre <strong>de</strong>s<br />

ARNs leurres, entrant en compétition avec l’ARN viral, on<br />

envisage l’usage d’ARN anti-sens ou <strong>de</strong> ribozymes.<br />

Interaction avec les aci<strong>de</strong>s nucléiques viraux<br />

ARN anti-sens : Un ARN complémentaire <strong>de</strong> l’ARN<br />

viral, introduit dans les cellules (atteintes ou cibles potentielles<br />

du virus), pourrait s’y apparier et le neutraliser, voire<br />

être couplé à <strong>de</strong>s séquences favorisant sa dégradation. De<br />

tels ARNs, à faible pénétration intracellulaire, <strong>de</strong>vraient être<br />

produits par la cellule elle-même, par introduction d’un<br />

gène.<br />

Ribozymes : Ces fragments d’ARN sont capables <strong>de</strong><br />

reconnaître spécifiquement et <strong>de</strong> couper enzymatiquement<br />

certaines séquences nucléotidiques. Des essais dans ce sens<br />

ont été faits (ribozyme dirigé contre le gène gag, ou ARN<br />

sens codant pour TAR, la cible <strong>de</strong> la protéine Tat, <strong>de</strong>stiné à<br />

piéger cet activateur). Le problème rési<strong>de</strong>rait dans la délivrance<br />

<strong>de</strong> ces molécules in situ.<br />

L’utilisation d’ARN interférence [6] apparaît comme une<br />

variante où un ARN bicaténaire interagit avec <strong>de</strong>s ARNs<br />

cibles <strong>de</strong> séquence homologue pour favoriser leur dégradation,<br />

indépendamment d’une action interférogène, dans le<br />

cas du VIH1.<br />

Interaction avec les protéines virales<br />

On recherche aussi par criblage <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> certaines<br />

protéines régulatrices, comme Tat, protéine activatrice<br />

(incorporation d’un mutant <strong>de</strong> Tat, inhibant la transactivation<br />

du LTR), ou Rev, transporteur d’ARNm (l’incorporation<br />

d’un gène mutant du gène Rev inhiberait par compétition sa<br />

fonction normale <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s ARNms viraux du noyau<br />

au cytoplasme), ou <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> nucléocapsi<strong>de</strong> intervenant<br />

dans la dimérisation et l’encapsidation du génome .<br />

L’introduction d’un gène <strong>de</strong> CD4 soluble (ou d’un anticorps<br />

monoclonal neutralisant les protéines d’enveloppe)<br />

s’inscrit aussi dans le cadre <strong>de</strong> telles stratégies (le gène <strong>de</strong><br />

synthèse intracellulaire du CD4 piégerait la gp120 dans les<br />

cellules et inhiberait ainsi la fusion avec les membranes<br />

d’autres cellules et leur infection).<br />

Induction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s cellules infectées<br />

Une stratégie assez proche <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte consisterait en<br />

l’introduction d’un gène d’IFN β, ou d’un gène suici<strong>de</strong><br />

codant pour une toxine, à l’expression déclenchée par l’infection<br />

virale, ou encore l’introduction du gène <strong>de</strong> la thymidine-kinase<br />

herpétique, capable <strong>de</strong> convertir une molécule<br />

comme l’acyclovir en substance active. Ce gène, introduit<br />

sous le contrôle du LTR, lui-même peu actif seul, serait<br />

exprimé en présence <strong>de</strong> la protéine virale Tat, lors d’infection<br />

<strong>de</strong> la cellule, rendant celle-ci sensible à l’acyclovir, et induisant<br />

sa <strong>de</strong>struction. Une telle stratégie utiliserait une autogreffe<br />

génétiquement modifiée <strong>de</strong> cellules médullaires précurseurs<br />

<strong>de</strong>s cellules hématopoïétiques cibles du virus, qui<br />

resteraient alors fonctionnelles et se « suici<strong>de</strong>raient » dès<br />

qu’infectées.<br />

Enfin, l’emploi <strong>de</strong> cellules <strong>de</strong>ndritiques (présentatrices<br />

d’antigène) liées à <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s conservés du VIH pourrait<br />

induire <strong>de</strong>s lymphocytes T CD8+ cytotoxiques nouveaux<br />

chez <strong>de</strong>s individus infectés [40].<br />

Si ces stratégies multiples apparaissent séduisantes, les<br />

obstacles à vaincre restent encore nombreux, <strong>de</strong>puis le choix<br />

<strong>de</strong>s cibles virales et <strong>de</strong>s gènes les plus efficaces jusqu’à celui<br />

<strong>de</strong>s cellules cibles, <strong>de</strong>s vecteurs, en tenant compte d’effets<br />

secondaires imprévus sur les patients. De telles stratégies<br />

sont évi<strong>de</strong>mment à spécificité d’action très étroite (<strong>de</strong> par les<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250


CHIMIOTHERAPIE VIRALE 249<br />

mo<strong>de</strong>s d’inductions ciblés sur la régulation du cycle viral),<br />

mais le principe pourrait être appliqué à d’autres virus. La<br />

réalisation pratique reste complexe.<br />

POSSIBILITÉS D’APPLICATIONS À D’AUTRES VIRUS<br />

ET/OU AU DOMAINE VÉTÉRINAIRE<br />

Outre les recherches concernant les virus VIH, diverses<br />

molécules sont encore explorées pour <strong>de</strong>s activités sur<br />

quelques autres virus, dont certains d’intérêt vétérinaire :<br />

Sur le virus BVDV, le composé 1453 inhiberait la réplication<br />

in vitro [59]. Sur le virus <strong>de</strong> la varicelle-zona, <strong>de</strong>s analogues<br />

à spectre étroit (inactifs sur d’autres Herpesviridae)<br />

<strong>de</strong> la N—méthylbenzyl-N’-arylthiourée ont montré une activité<br />

inhibant la réplication et/ou l’assemblage, par interaction<br />

avec la protéine orf54 [62].<br />

Parmi les molécules déjà étudiées, les essais ou le tri sur<br />

l’activité vis-à-vis d’autres virus que les cibles actuelles peuvent<br />

se révéler intéressants, voire ouvrir <strong>de</strong>s perspectives<br />

d’utilisation vétérinaire, comme l’a montré l’emploi récent<br />

chez le cheval <strong>de</strong> l’acyclovir contre l’EHV1 [65], ou <strong>de</strong>s<br />

essais plus anciens d’idoxuridine (contre les herpèsviroses<br />

<strong>de</strong> chat), <strong>de</strong> ribavirine (en combinaison avec l’interféron,<br />

dans la péritonite infectieuse féline), ou <strong>de</strong> l’AZT dans les<br />

rétroviroses félines [63, 46, 28].<br />

L’adénine-arabinosi<strong>de</strong>, active sur les Retroviridae, serait<br />

aussi [19] active in vitro sur le virus <strong>de</strong> la stomatite vésiculeuse<br />

et le virus <strong>de</strong> la rage.<br />

L’AZT, déjà citée, est aussi active sur d’autres<br />

Retroviridae que le VIH, comme le virus du Visna <strong>de</strong>s ovins,<br />

<strong>de</strong> même que la suramine [4].<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> molécules contre le VIH utilise parfois <strong>de</strong>s<br />

modèles <strong>de</strong> virus animaux proches, tels celui du FIV pour les<br />

antiprotéases [44] ou du Visna-Maedi [18]. Bien qu’éloignées<br />

<strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> ces recherches, <strong>de</strong>s applications vétérinaires<br />

pourraient un jour en résulter, d’autant que , contrairement<br />

à l’usage <strong>de</strong>s antibiotiques dans la lutte antibactérienne,<br />

on peut penser que la spécificité d’espèce <strong>de</strong> ces virus<br />

évitera les problèmes <strong>de</strong> sélection chez les animaux <strong>de</strong> résistances<br />

susceptibles d’interférer avec les traitements <strong>de</strong>stinés<br />

à l’homme. Bien entendu, un examen pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s risques<br />

s’impose avant tout emploi à gran<strong>de</strong> échelle.<br />

Bien que le coût d’une chimiothérapie <strong>antivirale</strong> reste dans<br />

ce domaine un obstacle, les quelques (rares) essais <strong>de</strong> molécules<br />

à usage humain cités plus haut se sont révélés encourageants.<br />

Reste aussi à savoir, <strong>de</strong>puis la récente disponibilité<br />

d’interféron ω félin sur le marché vétérinaire, quelle possibilité<br />

pourrait s’avérer la plus intéressante, thérapeutiquement<br />

et économiquement.<br />

Enfin, certaines <strong>de</strong>s stratégies sophistiquées envisagées<br />

contre le VIH sont aussi utilisables contre d’autres cibles.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’immunomodulation, citons la lactoferrine,<br />

récemment créditée d’une activité anti-hantavirus [49].<br />

A aussi été décrite l’action in vitro sur divers virus <strong>de</strong> la limitine,<br />

un analogue <strong>de</strong>s interférons α et β, utilisant leurs récepteurs,<br />

mais ne possédant pas leurs effets sur la prolifération<br />

cellulaire. Ce pourrait constituer une voie d’avenir [35].<br />

De même, les stratégies utilisant l’ARN interférence pour<br />

cibler les ARN viraux homologues pourraient aussi s’appliquer<br />

à d’autres infections, comme la <strong>de</strong>ngue, la poliomyélite,<br />

l’hépatite C... [6].<br />

<strong>Revue</strong> Méd. Vét., 2005, 156, 5, 237-250<br />

Conclusion<br />

Au total, la multiplication <strong>de</strong>s virus est si étroitement<br />

dépendante <strong>de</strong> la machinerie cellulaire qu’il est difficile<br />

d’empêcher l’une sans léser l’autre, ce qui explique le peu <strong>de</strong><br />

possibilités <strong>de</strong> traitements spécifiques. Ces <strong>de</strong>rnières décennies<br />

ont vu en mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’homme progresser tant les<br />

connaissances fondamentales que le choix <strong>de</strong> molécules<br />

actives (et moins toxiques), mais ces progrès restent limités,<br />

par les quelques virus particulièrement ciblés, par une toxicité<br />

néanmoins encore importante, et par un prix <strong>de</strong> revient<br />

élevé. Malgré tout, l’emploi <strong>de</strong> modèles animaux pour les<br />

étu<strong>de</strong>s humaines, les essais vétérinaires réalisés, et l’évolution<br />

du contexte <strong>de</strong> la pratique vétérinaire elle-même (avec<br />

une médicalisation croissante <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> compagnie)<br />

permettront peut-être d’envisager d’employer une thérapeutique<br />

<strong>antivirale</strong> chez nos animaux domestiques.<br />

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