02.07.2013 Views

Le Serment des Limbes

Le Serment des Limbes

Le Serment des Limbes

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Besançon, sous les premières lueurs du jour.<br />

La ville était construite dans un trou, sur les vestiges d’une<br />

forteresse. À mesure qu’on <strong>des</strong>cendait vers le centre, ce n’était<br />

plus que remparts, douves et créneaux, entrecoupés de jardins.<br />

<strong>Le</strong> tout évoquait un parcours d’entraînement commando, où il<br />

faut courir, grimper, sauter, s’abriter...<br />

Je m’installai dans un café, attendant le complet lever du<br />

jour. Je dépliai mon plan de la ville, à la recherche du Tribunal<br />

de Grande Instance. En fait, c’était le bâtiment fortifié situé<br />

juste en face de moi. Ce hasard me parut de bon augure.<br />

J’avais tort : l’édifice était en réfection. <strong>Le</strong> Parquet était<br />

provisoirement installé à l’autre bout de la ville, sur la colline de<br />

Brégille. Je repris ma route et trouvai l’endroit après une demiheure<br />

d’errance. <strong>Le</strong> tribunal avait pris ses quartiers dans une<br />

ancienne usine de montres. Un bâtiment industriel, enfoncé<br />

dans les bois de la colline.<br />

Sur les portes d’entrée, le logo « France Ébauche » était<br />

encore gravé. À l’intérieur, tout rappelait l’activité industrielle :<br />

les murs en ciment peint, les couloirs assez larges pour laisser<br />

passer les fenwicks, le monte-charge qui faisait office<br />

d’ascenseur. Des autocollants indiquaient le nouveau rôle de<br />

chaque pièce : permanence, greffier, cour d’appel... Je pris<br />

l’escalier et grimpai à l’étage <strong>des</strong> juges d’instruction. En croisant<br />

le bureau du substitut du procureur, je me décidai pour un petit<br />

détour, afin d’évaluer la température.<br />

La porte était ouverte. Un jeune homme était installé<br />

derrière un bureau, encadré par deux femmes. L’une tapait sur<br />

son clavier d’ordinateur, l’autre menait une conversation<br />

téléphonique sur haut-parleur, en prenant <strong>des</strong> notes.<br />

— Un suicide. T’es sûr ?<br />

Je fis signe à l’homme, qui se leva en souriant. Je me<br />

présentai sous un faux nom et une fausse profession :<br />

journaliste. <strong>Le</strong> substitut m’écouta. Il était vêtu d’un pantalon<br />

moulant en velours vert et d’une chemise couleur feuillage, qui<br />

lui donnaient un air de Peter Pan. Quand je prononçai le nom<br />

de Sylvie Simonis, son expression se figea :<br />

— Il n’y a pas d’affaire Simonis.<br />

Derrière lui, la greffière se penchait sur son téléphone :<br />

-148-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!