Cité de la m usique

Avant-propos 4
exécution était chez elle ; c’est là que résidait l’originalité de Chopin
pianiste. Il représentait la Pologne, sa patrie telle qu’il la rêvait, dans les salons
parisiens sous Louis-Philippe – salons que son point de vue lui permettait de
regarder comme une référence politique. Chopin a été l’unique pianiste
politique. Il incarnait la Pologne, il mettait en musique la Pologne ! »
Par delà tout contexte historique, Chopin incarne la figure de l’Exilé.
Il est l’homme venu d’ailleurs, celui dont l’idéal s’est trouvé exilé jusque
dans sa propre enveloppe corporelle.
Jean-Jacques Eigeldinger
Colloque Interpréter Chopin
En prélude aux concerts qui ont lieu du 26 au 29 mai sur
des instruments d’époque, ce colloque, placé sous la
direction scientifique de Jean-Jacques Eigeldinger, aborde
la notion centrale d’interprétation selon trois directions :
instruments, texte musical et enregistrements historiques.
Il s’intègre dans un champ nouveau de recherche en
musicologie : les Performance Studies, c’est-à-dire l’étude
des phénomènes de tous ordres liés à l’interprétation
musicale et à son histoire.
La première matinée aborde les enjeux liés à la facture
pianistique des années 1820-1850, mettant en évidence le
contexte social dans lequel s’est déroulée la carrière du
musicien. Des exemples musicaux donnés en direct vont
permettre au public d’apprécier les caractéristiques
techniques et sonores des instruments qu’a pratiqués
Chopin.
L’après-midi du même jour se consacre à divers aspects du
texte musical de Chopin, faisant apparaître dans l’écriture
du compositeur une dimension de work in progress liée à
son génie de l’improvisation. Ces réflexions rendent
compte des plus récentes recherches réalisées pour The
Complete Chopin. A New Critical Edition (Londres, Peters).
La seconde matinée prend comme objet d’étude quelques
enregistrements historiques des années 1903-1939. Leur
écoute comparée et commentée permet de reconstituer
certaines filiations et la transmission qui s’est opérée entre
certains disciples de Chopin (Mikuli, Mathias) et leurs
élèves (Michalowski, Maurycy Rosenthal, Koczalski,
Pachmann, Pugno), voire leurs contemporains (Diémer).
L’après-midi se consacre à l’art du discours chez Chopin,
notamment avec la délicate question du rubato.
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