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Cité de la m usique

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Chopin face à l’exil 12<br />

commandée par le roi <strong>de</strong> Prusse et qui requiert <strong>de</strong>ux<br />

sopranos et un chœur <strong>de</strong> femmes. Certains numéros sont<br />

<strong>de</strong>s mélodrames <strong>de</strong>stinés à soutenir l’action scénique,<br />

tandis que d’autres, purement instrumentaux, sont<br />

habituellement regroupés sous forme <strong>de</strong> suite orchestrale.<br />

Une légèreté d’elfe est tout à l’honneur dans Le Songe, où <strong>la</strong><br />

pure féerie (Scherzo, Nocturne) fait bon ménage avec <strong>la</strong><br />

bouffonnerie : du jeu pitoyable <strong>de</strong>s acteurs s’essayant à<br />

Pyrame et Thisbé raillé dans l’Intermezzo, à <strong>la</strong> marche<br />

funèbre « pour rire » du Finale qui boucle <strong>la</strong> boucle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

suite en revenant une <strong>de</strong>rnière fois sur les enchantements<br />

<strong>de</strong> l’Ouverture. Et n’oublions pas que <strong>la</strong> célébrissime<br />

Marche nuptiale était à l’origine <strong>de</strong>stinée à soutenir le<br />

cortège bouffon <strong>de</strong>s noces <strong>de</strong> <strong>la</strong> Reine Titania et Bottom<br />

affublé d’une tête d’âne…<br />

Jacqueline Waeber<br />

Fac-similé du piano-forte <strong>de</strong> Conrad Graf,Vienne,<br />

1826, Musée Vleeshuis d’Anvers,<br />

Christopher C<strong>la</strong>rke, n° 26, Donzy-le-National, 2001<br />

Collection particulière<br />

Sans conteste, <strong>la</strong> véritable révolution du facteur Conrad<br />

Graf (Riedlingen, 1782 – Vienne, 1851) se cache au cœur<br />

<strong>de</strong>s instruments. Il augmente <strong>de</strong> façon très sensible <strong>la</strong><br />

tension <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ses pianos (<strong>de</strong> trois tonnes, celle-ci<br />

passera à cinq) ce qui implique inévitablement un cadre en<br />

bois plus robuste. Il repense entièrement <strong>la</strong> table<br />

d’harmonie, <strong>la</strong> concevant <strong>de</strong>ux fois plus épaisse que celles<br />

<strong>de</strong> ses concurrents. Il <strong>la</strong> renforce par <strong>de</strong>s barres <strong>de</strong> table, <strong>de</strong><br />

manière à ce que les vibrations <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s se répan<strong>de</strong>nt<br />

d’une façon égale sur toute sa surface. Il alourdit <strong>de</strong><br />

manière conséquente ses marteaux al<strong>la</strong>nt jusqu’à les<br />

recouvrir <strong>de</strong> cinq couches <strong>de</strong> peau <strong>de</strong> daim, là où ses<br />

contemporains n’en utilisaient que <strong>de</strong>ux ou trois.<br />

Grâce à toutes ces transformations, et tout en conservant <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>rté et l’élégance <strong>de</strong>s pianos viennois c<strong>la</strong>ssiques, il<br />

aboutit à un timbre d’un volume et d’une profon<strong>de</strong>ur sans<br />

précé<strong>de</strong>nts un vrai son romantique, un son en puissance<br />

d’une infinité <strong>de</strong> modu<strong>la</strong>tions et <strong>de</strong> couleurs.<br />

Comme dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s pianos à queue viennois, une<br />

rangée <strong>de</strong> pédales modifie <strong>de</strong> différentes manières le<br />

timbre <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s pianos. La Verschiebung, ou trans<strong>la</strong>tion<br />

du c<strong>la</strong>vier (una corda), décale les marteaux afin qu’ils ne<br />

frappent que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s trois cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chaque note,<br />

produisant ainsi un effet aérien. Le Mo<strong>de</strong>rator (jeu céleste)<br />

glisse <strong>de</strong>s <strong>la</strong>nguettes en toile <strong>de</strong> <strong>la</strong>ine entre les marteaux et<br />

les cor<strong>de</strong>s, provoquant tout à <strong>la</strong> fois un assourdissement <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> sonorité et <strong>la</strong> transmission à celle-ci d’une qualité<br />

agréablement « rugueuse ». Le forte, quant à lui, lève les<br />

étouffoirs d’une manière tout à fait c<strong>la</strong>ssique. Le Fagottzug,<br />

ou jeu <strong>de</strong> basson, amène un rouleau <strong>de</strong> papier souple en<br />

contact avec les cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s basses, ce qui produit un<br />

bourdonnement qui rappelle le son du basson. Enfin, <strong>la</strong><br />

fameuse pédale « janissaire » dont sont munis beaucoup <strong>de</strong><br />

pianos <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> active simultanément une grosse<br />

caisse (<strong>la</strong> table d’harmonie en faisant office), une cymbale<br />

et <strong>de</strong>s clochettes.<br />

Ayant atteint là une réalisation d’exception, Conrad Graf<br />

fut très vite récompensé par un succès retentissant. De<br />

nombreux pianos-forte à queue construits dans son atelier<br />

sont parvenus jusqu’à nous. L’instrument pris comme<br />

modèle pour <strong>la</strong> réalisation du fac-similé est conservé au<br />

Musée Vleeshuis d’Anvers (n° inv. 163, VH 67.1.120). Il<br />

porte le numéro d’opus 995, ce qui correspond à peu près à<br />

<strong>la</strong> fin du premier tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong> Conrad Graf.<br />

Christopher C<strong>la</strong>rke<br />

étendue : CC – f4 (do – fa), 78 notes<br />

mécanique viennoise<br />

marteaux recouverts <strong>de</strong> peau<br />

étouffoirs en peau<br />

table d’harmonie en épicéa<br />

bi-cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> CC à EE, tri-cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> FF à f4<br />

fausse table en épicéa<br />

5 pédales : basson, una corda, céleste, forte, janissaire<br />

diapason : a1 = 430 Hz<br />

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