Les Sept Dons du Saint-Esprit, Souvenir de - CatholicaPedia
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C'était le don <strong>de</strong> la crainte filiale qui tenait les saints dans une si gran<strong>de</strong> humilité, une si gran<strong>de</strong> défiance d'euxmêmes,<br />
et leur faisait attribuer à Dieu seul le bien qui était en eux. Un compagnon <strong>du</strong> séraphique saint François d'Assise<br />
découvrit dans une vision la place glorieuse <strong>de</strong>stinée dans le ciel à cet illustre patriarche. Quelques moments après, il<br />
<strong>de</strong>manda au saint ce qu'il pensait <strong>de</strong> lui-même ; et l'humble serviteur <strong>de</strong> Dieu répondit : «Mon cher frère, je ne crois pas<br />
que la terre porte un plus grand pécheur que moi. - Comment donc, Père bien-aimé, dit le compagnon, pouvez-vous dire<br />
quelque chose <strong>de</strong> semblable sur votre compte sans blesser la vérité, puisqu'il y a <strong>de</strong>s voleurs , <strong>de</strong>s fornicateurs, <strong>de</strong>s assassins<br />
et d'autres criminels qui, sans comparaison, ont commis <strong>de</strong>s fautes bien plus graves que vous ? » Alors François<br />
lui répondit par ces paroles remarquables : «Ce que je sais très bien, c'est que si ces personnes dont vous parlez eussent<br />
reçu <strong>de</strong> Dieu d'aussi gran<strong>de</strong>s grâces que moi, il n'y a pas <strong>de</strong> doute qu'elles n'y eussent mieux coopéré que je ne l'ai<br />
fait, et s'en seraient montrées plus reconnaissantes envers Dieu. Ainsi je crois certainement que si Dieu retirait un moment<br />
sa main protectrice <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssus moi, je m'enfoncerais dans les crimes les plus honteux et je <strong>de</strong>viendrais le plus méchant<br />
<strong>de</strong>s hommes».<br />
VIII. - EFFETS DU DON DE CRAINTE.<br />
10<br />
La crainte <strong>du</strong> Seigneur chasse le péché. (Eccl., I, 27.)<br />
Le don <strong>de</strong> crainte pro<strong>du</strong>it une gran<strong>de</strong> retenue <strong>de</strong>vant Dieu tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.<br />
Cette retenue tient l'âme, en la présence <strong>de</strong> Dieu, dans un très grand respect et une très profon<strong>de</strong> révérence. Ainsi<br />
l'âme très sainte <strong>de</strong> Notre-Seigneur se tenait, pendant qu'il était mortel, et se tient encore et se tiendra à ;jamais là-haut<br />
au ciel, dans un extrême respect <strong>de</strong>vant la Divinité. Aussi saint Paul a-t-il écrit que Jésus-Christ a été exaucé en ses<br />
prières à cause <strong>de</strong> la parfaite révérence avec laquelle il les faisait. (Hebr., V, 7.) Plus une âme connaît la gran<strong>de</strong>ur et la<br />
majesté <strong>de</strong> Dieu, plus elle a <strong>de</strong> respect pour lui ; c'est pourquoi, comme l'âme <strong>de</strong> Notre-Seigneur en a une connaissance<br />
infiniment plus claire et plus parfaite que tous les anges et tous les hommes, elle est incomparablement plus respectueuse<br />
en sa présence. Ainsi les âmes qui possè<strong>de</strong>nt le vrai <strong>Esprit</strong> <strong>de</strong> Jésus-Christ, et ont reçu le don <strong>de</strong> crainte en un<br />
haut <strong>de</strong>gré, sont extrêmement retenues et craintives <strong>de</strong>vant Dieu ; elles le révèrent avec <strong>de</strong>s sentiments si humbles et si<br />
profonds, qu'elles se sentent comme fondre et anéantir, se souvenant seulement qu'il les regar<strong>de</strong>». (<strong>Saint</strong>-Jure, ch. III,<br />
sect. 16, art. 4).<br />
Le don <strong>de</strong> crainte rend respectueux envers les hommes, comme étant <strong>de</strong>s créatures très excellentes <strong>de</strong> Dieu.<br />
«En effet, si le Sage a dit à Dieu : Seigneur, encore que vous ayez tout pouvoir et que vous soyez infiniment grand,<br />
vous nous con<strong>du</strong>isez toutefois avec une gran<strong>de</strong> révérence (Sag., XII, 18), combien, nous, n'avons-nous pas plus <strong>de</strong> sujet<br />
<strong>de</strong> traiter les hommes avec respect». (<strong>Saint</strong>-Jure, ch. III, sect. 16, art. 4) ..- «Ce respect qu'inspire à l'âme le don <strong>de</strong><br />
crainte s'étend à tous les hommes ; mais rien n'égale sa vénération pour tous ceux qui sont d'une manière spéciale les<br />
représentants <strong>de</strong> Dieu. L'homme <strong>de</strong> foi s'incline sans contrainte <strong>de</strong>vant ces majestés créées. C'est ce don <strong>de</strong> crainte qui<br />
fait <strong>du</strong> catholicisme la gran<strong>de</strong> école <strong>du</strong> respect ; c'est par lui que l'enfant apprend à honorer son père, le sujet à respecter<br />
son roi, le fidèle à révérer tous les ministres <strong>du</strong> Seigneur, et, entre tous, celui qui est le Pasteur <strong>de</strong>s pasteurs, et le plus<br />
auguste représentant <strong>de</strong> la souveraine Majesté». (P. Belot, p. 73).<br />
Le don <strong>de</strong> crainte nous donne une appréhension extrême <strong>de</strong> la moindre offense <strong>de</strong> Dieu, et nous fait fuir très<br />
soigneusement toutes les occasions <strong>du</strong> péché.<br />
«Il nous donne une aversion, une haine mortelle <strong>de</strong> tout péché, et il nous fait fuir très soigneusement toutes les occasions<br />
qui y peuvent porter. Le péché est à ces âmes craintives le seul objet <strong>de</strong> leur haine et <strong>de</strong> leur horreur ; elles aimeraient<br />
mille fois mieux se lancer dans les flammes et dans tous les tourments <strong>de</strong> l'enfer, que d'en commettre un seul ; les<br />
bienheureux choisiraient plutôt <strong>de</strong> sortir <strong>du</strong> paradis, <strong>de</strong> perdre leur félicité, et d'être à jamais misérables, que <strong>de</strong> dire seulement<br />
une parole oiseuse». (<strong>Saint</strong>-Jure, ch. III, sect. 16, art. 4).<br />
Le don <strong>de</strong> crainte inspire une soigneuse vigilance sur soi-même.<br />
«Il porte à faire <strong>de</strong> fréquents retours sur soi-même, pour reconnaître l'état <strong>de</strong> son intérieur et voir ce qui s'y passe<br />
contre la fidélité <strong>du</strong> parfait service <strong>de</strong> Dieu. Ceux qui ont ce don n'ont pas besoin d'examen particulier, parce qu'ils ne font<br />
pas la moindre faute, qu'ils n'en soient aussitôt repris et qu'ils ne la voient, marchant toujours dans la lumière <strong>du</strong> <strong>Saint</strong>-<br />
<strong>Esprit</strong>, qui les con<strong>du</strong>it». (P. Lallemant, IV è princ., ch. IV, art. 7).<br />
Si je voyais d'un côté la mer remplie <strong>de</strong> feu, et <strong>de</strong> l'autre le moindre péché, je me jetterais plutôt mille fois dans ce feu que <strong>de</strong> commettre<br />
ce péché. (<strong>Saint</strong>e Catherine <strong>de</strong> Sienne.)<br />
C'est par les impressions <strong>du</strong> don <strong>de</strong> crainte filiale que nous voyons les Louis <strong>de</strong> Gonzague, les Stanislas, les Berchmans,<br />
baignés <strong>de</strong> larmes aux pieds <strong>de</strong> leurs confesseurs, s'accusant avec la plus vive contrition <strong>de</strong>s fautes les plus légères.<br />
On lit dans la vie <strong>du</strong> B. Alphonse Rodriguez, religieux coadjuteur <strong>de</strong> la compagnie <strong>de</strong> Jésus, que, chaque fois qu'il<br />
passait en un certain endroit <strong>du</strong> collège <strong>de</strong> Majorque, où il <strong>de</strong>meura quarante années, il se jetait à genoux en pleurant et<br />
en soupirant, et <strong>de</strong>mandait pardon à Notre-Seigneur d'un regard <strong>de</strong> curiosité qui lui était échappé en ce lieu. Le don <strong>de</strong><br />
crainte filiale lui faisait ainsi expier cette légère offense par <strong>de</strong>s larmes mille fois renouvelées.<br />
IX. - MOYENS POUR OBTENIR LE DON DE CRAINTE.