SYLLABUS DE DICTÉES
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Texte 3<br />
S’il est vrai que Rome et Florence furent de tous temps visités par les gentlemen de<br />
tous les pays pour leurs passés, leurs monuments, et pour les chefs-d’œuvres de leur<br />
musée, capitales de l’esprit et de la culture, Paris ne fût pas moins, au court des âges,<br />
apprécié des amateurs d’art. Au début de ce Siècle, à Saint-Rémi-Sur-Saône, situé en<br />
saône-supérieure, au demeurant une charmante petite ville, le notaire se piquait de<br />
compté parmis de tels gens qui, habituées dès l’enfance à vivre dans un cadre choisi,<br />
ont l’instinct du beau. Les mardis et vendredis de chaque semaine, il trouvait sur son<br />
écritoire laqué, dans un courier abondant où se mêlait parfois des timbres-poste<br />
évocateurs d’antipodes inconnues, une revue qui faisait ses délices assurées : c’était,<br />
imprimés des avants-veilles, les « mémoires des Antiquaires de Paris », un<br />
périodique luxueux. Ces jours-là, tout en suçant machinalement quelques réglisses<br />
retrouvées au fond de sa poche pour appaiser la brûlure des ses aphtes mal<br />
cicatrisées, il tournait avec gourmandise les pages évocatrices.<br />
Ses yeux au cerne bistré accusaient sa fatigue de miope mais il n’en avait cure :<br />
oubliants les soldes impayées, les ares versées en vain et dix-milles autres pensums<br />
dont la mémoire auraient pu l’accablé, le bon-homme consultait fébrilement<br />
l’éphémérride posée sur le bureau et supputait chaques fois la date où il verrait<br />
enfin au Musée du Louvre les Davids, les Ingres, les Delacroix dont il rêvait dans sa<br />
lointaine province. Il fermait son étude les lundis et pouvait ainsi libèrer deux jours,<br />
relâche calculé au plus juste car le voyage en chemins de fer était long à cette époque<br />
lointaine. Il fallait aussi compté avec les désidérata et les contres-ordres toujours<br />
possibles d’une épouse tyranique qui voudrait l’accompagner, ne serais-ce que pour<br />
aller voire les bijous de la rue de la paix et pour entendre plusieurs grands-messes<br />
dans diverses églises ; elle adorait les pleins-chants. Comment concilier tous ses<br />
contretemps et fréquenter à la fois les gardien-chef des musées et les bedauds de nos<br />
Basiliques ? Aussi notre homme cherchait-il quelques échappatoires pas trop usées<br />
qui lui permit d’assurer ses arrière.<br />
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