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9: 1960-1961 - Institut National du Patrimoine

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PARALIPOMENA PUNICA<br />

KL T (sic, avec un et) au lieu de KL H T. Quant à SGT c'est un substantif<br />

féminin, que nous retrouvons au masculin en hébreu tardif : s e yâg « clôture,<br />

enceinte ». B SGT HMQM signifie donc « dans l'enceinte <strong>du</strong> lieu sacré ».<br />

Au risque de m'écarter de mon sujet, je voudrais signaler d'autres problèmes<br />

encore, que soulève ce texte. Tout d'abord quelle en est la date?<br />

Clermont-Ganneau, pour des raisons d'ordre paléographique, le plaçait après<br />

les inscriptions 1 et 3; or ces deux inscriptions, à peu près contemporaines<br />

l'une de l'autre (même écriture et même mention <strong>du</strong> MZR mizra , sorte<br />

d'association cultuelle), seraient à situer d'après G. Picard (1) , entre 50 et 55<br />

après notre ère. Si l'on admet l'ordre chronologique des inscriptions soutenu<br />

par Clermont-Ganneau, il faudrait descendre pour l'inscription 2 jusqu'aux<br />

environs de 100 après notre ère, c'est-à-dire à une époque où Mactar est<br />

sinon romanisée, <strong>du</strong> moins en pleine romanisation, comme le prouve la<br />

célèbre inscription des juvenes, dès l'année 88. Une telle hypothèse se heurte<br />

selon moi à de graves difficultés. En premier lieu l'onomastique de ce texte<br />

est presque exclusivement punique et numide (2) : or dans l'inscription des<br />

juvenes (en + 88), comme dans l'inscription n° 1, la proportion des noms<br />

latins est beaucoup plus forte. Mais surtout comment admettre que le temple<br />

magnifique, décrit si complaisamment dans l'inscription n° 1 de Mactar (3) ,<br />

que G. Picard place aux environs de + 50, ait eu besoin, au bout d'une<br />

cinquantaine d'années, d'être rebâti si complètement qu'aucune mention<br />

n'en est faite dans le texte 2? Enfin la teneur même de l'inscription n° 2, telle<br />

que nous venons de l'élucider : « ... ont bâti ce temple... dans l'enceinte <strong>du</strong><br />

lieu sacré», semble bien indiquer qu'il s'agit d'une création ex nihilo.<br />

En résumé, à une date indéterminée, mais qui semble quelque peu antérieure<br />

au début de notre ère, quatre généreux donateurs, dont trois au moins<br />

(et peut-être tous les quatre) portent des noms puniques (deux et peut-être<br />

trois des pères sont dans le même cas), font construire un temple, sur un<br />

emplacement sacré, mâqôm, à une divinité carthaginoise Hô ermescar. Celle-ci<br />

était-elle déjà adorée sur ce mâqôm? Je n'en sais rien. Édifié avec des ressources<br />

limitées, ce bâtiment devait être assez mesquin. Il fut remplacé, vers le milieu<br />

<strong>du</strong> I er siècle de notre ère, entre + 50 et + 55, par un ensemble architec-<br />

tural (temple, chapelle, statue monumentale, etc.) : l'ampleur de la transformation<br />

explique que l'inscription qui décrit la nouvelle construction n'ait<br />

pas mentionné l'ancienne, qui fut probablement purement et simplement<br />

jetée à bas. Ce second temple fut construit aux frais <strong>du</strong> mizra , sorte d'asso-<br />

(1) Civ. Mact., p. 77 et suiv. Dans un article qui paraîtra prochainement, M. G.-Ch. Picard<br />

établira que la date exacte est comprise entre 50 et 55 de notre ère pour l'inscription n° 1.<br />

(2) Sur une quinzaine de noms propres figurant dans l'inscription, je n'en vois que deux qui<br />

puissent à la rigueur être latins : MSWLY (Massylius?) et QP Y.<br />

(3) Voir J.-G. FÉVRIER, Semitica, VI, p. 15-31.<br />

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