N°157 - Association des Marches Folkloriques de l'Entre Sambre et ...

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ASSOCIATION DES MARCHES FOLKLORIQUES DE L'ENTRE-SAMBRE ET MEUSE BLOC-NOTES D’UN BOURKÎ (suite de la page 11) aimaient trouver, presqu’à l’état pur, la grandeur de la confiance en Dieu au mépris de tous les appuis et de tous les prestiges humains. Comme il y avait les chevaliers errants, il y avait les saints errants. Dans une société aussi réglementée que la nôtre, ils sont devenus Autour de saint Roch ABBE MAX VILAIN - 1994 J’accompagne la Marche Saint- Roch à Ham-sur-Heure depuis bientôt vingt ans. En ma qualité de curé, les organisateurs m’invitent au château communal, à la réunion de préparation, quelques jours avant la fête qui a toujours lieu le dimanche après le 15 août et les jours suivants. Première expérience. Dès la première fois, le président me dit que l’on comptait sur moi pour maintenir le caractère religieux de la Marche, qui doit également rester une procession en l’honneur du saint. Avec autant d’inexpérience que de bonne volonté, j’ai alors vécu ces journées. J’avais tenté de me documenter quelque peu afin d’avoir quelque chose à dire sur la fête et sur saint Roch, mais ce fut absolument inutile, car à aucun moment je n’ai eu l’occasion d’adresser la parole aux Marcheurs. Aucun régiment ne venait à la messe du dimanche matin, mais tous défilaient à l’église immédiatement après, pour l’offrande, au son des tambours et des fifres, avec beau- 13 presque impensables... L’outrance apparente de ces existences mystérieuses de vieux saints familiers des grands chemins reste une interpellation qui vaut pour tous, pour la foule comme pour ceux qui cherchent un but plus élevé». ❏ coup de dignité. Spectacle remarquable ! L’après-midi tous les régiments se succédèrent sur la grand-place et commencèrent le tour de quelques kilomètres. J’accompagnais la statue du saint avec les pèlerins dont le nombre était fort réduit. Quelques interrogations. Je m’interrogeais. Que faire pour donner ume animation religieuse valable ? Il était difficile de lancer une prière à voix haute comme le chapelet, pratiquement impossible de chanter, pendant que l’on cheminait. Une halte devant une chapelle permit quelques invocations. Après un long «bivouac», on redescendit vers la localité avec les régiments reformés, on traversa la kermesse sur la place avant de rentrer à la chapelle dédiée au saint. Le dimanche, le lundi et le mardi soir, la foule forme un cortège aux flambeaux qui aboutit au même sanctuaire, toujours pour un défilé d’offrande. Le lundi matin, le programme annonçait une messe militaire à la chapelle. A ma grande surprise, (suite page 14)
14 AUTOUR DE SAINT ROCH (suite de la page 13) aucun membre des régiments n’y venait. J’ai célébré pour cinq ou six personnes, et l’on me fit comprendre qu’il fallait me hâter, car il ne fallait pas retarder... quoi ? l’offrande, bien sûr, suivie des tirs en mon honneur, du verre de l’amitié offert par le curé, et de l’aubade par les fanfares. Excellents moments, très chaleureux. Belles fidélités. Je sortais de cette première aventure avec la conviction d’avoir vécu un grand spectacle émouvant, amusant par de nombreux côtés. Mais on m’avait dit : «Vous verrez en ces jourslà beaucoup de gens qui n’entrent presque jamais à l’église, mais vous comprendrez que pour eux, saint Roch garde beaucoup d'importance !». Dans le petit groupe de pèlerins dont plusieurs portaient la statue pendant le tour, je ne retrouvais presque aucun paroissien. Sans nul doute, ils recevaient leur famille à la maison. Mais j’ai vu plus tard une grand-maman pratiquante, très inquiète pour la santé de son petitfils, faire seule tout le trajet de la Marche un autre jour, en priant, sous la pluie, pour obtenir la guérison qui ne tarda guère. Plusieurs pèlerins faisaient preuve d’une grande persévérance. L’un d’eux venait d’Olloy-sur-Viroin, logeait à Charleroi la veille, et venait porter la statue depuis dix-sept années, afin de remercier saint Roch pour une grâce obtenue. D'autres personnes venaient depuis 48 ans, et même... 60 ans ! Un problème résolu En 1976 ou 1977, il y eut un fléchissement chez ces pèlerins. Le vide se ASSOCIATION DES MARCHES FOLKLORIQUES DE L'ENTRE-SAMBRE ET MEUSE fit autour des quelques fidèles dont nous parlons, et en raison de l’âge de ces participants, j’ai dû prendre place moi-même à côté de trois autres porteurs dont l’un avançait péniblement. Je fus donc contraint d’avertir les responsables : sauf redressement, il serait sans doute impossible de faire venir saint Roch à la fin du cortège. Pauvre de moi ! Le bruit courut dans la localité : «L’curé n’veut plus laisser sortir saint Roch ! L’curé-là faut l’f... à la porte !» Tout finit par s’expliquer. Un régiment de Thuin, les Zouaves Pontificaux, escorta les pèlerins et put les épauler utilement. Plus tard, un léger renfort vint du groupe des pèlerins. Evolution actuelle. La chapelle Saint-Roch, longtemps vide et fissurée, a été fort bien restaurée. Avant les offrandes du soir et pendant la fête, les gens aiment la visiter, s’informer, se recueillir. Une permanence y est mieux assurée. Une notice sur ce sanctuaire classé, une autre sur la vie du saint et sa signification aujourd’hui sont mises à la disposition du public. L’Eglise ne boude pas ce genre de manifestation qui appartient à ce qu’on nomme la «religion populaire». Les racines en restent profondes. Il faut également comprendre mieux le sens de la fête, nécessaire plus que jamais en période de crises diverses. Quant à l’attirance de tant de gens pour les défilés, les uniformes, la parade, pourquoi n’y verrait-on pas une sorte de désir de «gloire», bien légitime quand la vie ordinaire est parfois si dure, si grise ? Actuellement, un nouveau régiment
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