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"Supermarket Lady" de

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La composition <strong>de</strong> la sculpture : L’association femme/caddie, en fait le miroir réel <strong>de</strong> la société américaine, <strong>de</strong> « L’American way of life ». Cette femme vient d’un<br />

milieu mo<strong>de</strong>ste. C’est un sujet récurrent <strong>de</strong> Duane HANSON, montrant la pauvreté, les contradictions <strong>de</strong> cette société. Ce choix <strong>de</strong> sujets tabous dérangent mais<br />

nous interpellent.<br />

On peut tourner autour <strong>de</strong> cette sculpture, ce qui permet d’avoir <strong>de</strong>s angles <strong>de</strong> vue différents.<br />

L’effet recherché est d’avoir une vision très réaliste <strong>de</strong> l’œuvre. Nous pourrions croiser cette femme dans n’importe quel supermarché, faire nos courses avec elle.<br />

Nous éprouverions <strong>de</strong>s sentiments réels, allant peut-être, <strong>de</strong> la moquerie, au sentiment <strong>de</strong> ridicule, à la pitié, à la critique… Où même l’indifférence…Car elle peut<br />

nous ressembler…<br />

Le caddie et les objets le remplissant font partie entière <strong>de</strong> la sculpture. Ils lui donnent son sens. Nous lancent sur les pistes <strong>de</strong> l’interprétion.<br />

L’objet <strong>de</strong>vient un moyen d’expression, témoignage <strong>de</strong> l’époque.<br />

L’introduction <strong>de</strong>s objets dans les œuvres est progressive au XXème siècle. Les peintres cubistes le collaient sur leurs toiles (tissus, jute, journal...). Des<br />

sculpteurs, comme Duchamp, Man Ray, utilisent <strong>de</strong>s objets tout faits, les « ready ma<strong>de</strong> », utilisés par la suite dans le Pop art, reproduction d’une série <strong>de</strong> boites<br />

<strong>de</strong> soupes Campbell, chez Warhol, objet à échelle monumentale, comme une brosse à <strong>de</strong>nt chez Ol<strong>de</strong>nbourg, ou en série, détruits, chez Arman (Nouveau réalisme).<br />

Duane HANSON utilise <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> silicone pour mouler les corps <strong>de</strong> ses modèles. Puis il y coule la résine <strong>de</strong> polyester. Ce qui permet <strong>de</strong> représenter les détails.<br />

Il les peint ensuite à l’acrylique, puis à l’huile, <strong>de</strong> « manière vériste » (fidèle), en ne négligeant aucun détail (couleur <strong>de</strong> peau, veines, ri<strong>de</strong>s, taches <strong>de</strong> rousseur,<br />

poils…). Il ajoute e vrais cheveux, <strong>de</strong>s yeux <strong>de</strong> verre. Les personnages ont presque l’air vivant…<br />

Les couleurs sont vives, rose du tee-shirt, bleu <strong>de</strong> la jupe, turquoise <strong>de</strong>s chaussons. Elles renforcent la vulgarité <strong>de</strong> cette femme, habillée sans recherche, sortant<br />

faire ses courses, comme elle était à la maison, sans se changer, avec ses bigoudis et ses chaussons.<br />

Multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s couleurs <strong>de</strong>s emballages dans le caddie. Elles sont réalistes, celles <strong>de</strong> la vie quotidienne.<br />

La technique est celle du moulage, pris directement sur le modèle.<br />

Il n’y a pas, <strong>de</strong> cette manière, <strong>de</strong> distance par rapport à l’œuvre. Elle accentue le réalisme, voulu par HANSON. Nous observons sans médiation, <strong>de</strong> manière brute.<br />

INTERPRETATION : "Le peuple, les ouvriers, les personnes âgées, tous ces gens que je vois avec <strong>de</strong> la sympathie et <strong>de</strong> l'affection. Ce sont ces gens qui se sont battus<br />

avec les affres <strong>de</strong> la vie et qui laissent apparaître la frustration et le dur labeur. Il s'agit <strong>de</strong> l'activité humaine, la vérité et nous en arrivons tous là." Duane Hanson<br />

« Je remplis mon caddie, je remplis mon frigo, on se remplit la panse, je tire la chasse, je fais le plein d’amis, je fais plein <strong>de</strong> rencontres, on me fait plein d’histoires, je<br />

vi<strong>de</strong> mon sac, je remplis mon Ipod, je remplis mon appart, on me remplis mon verre, je me vi<strong>de</strong> la tête, je fais plein <strong>de</strong> voyages, je fais plein <strong>de</strong> photos, on fait plein <strong>de</strong><br />

sauvegar<strong>de</strong>s, je vi<strong>de</strong> ma mémoire, je remplis <strong>de</strong>s critères, je remplis ma mission, on me remplis mon chèque, je vi<strong>de</strong> mon compte, je conserve, j’entasse, j’accumule, je<br />

collectionne, je fais le vi<strong>de</strong>. » Duane HANSON.<br />

Duane HANSON montre la société américaine, telle qu’il la voit. Il ne représente pas le « rêve américain ». C’est une représentation du quotidien. C’est un<br />

personnage que l’on peut croiser tous les jours.<br />

C’est une représentation <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> consommation, dans son excès. Le caddie symbolise le supermarché, lieu où tout est rassemblé. Il présente le<br />

consommateur comme un « drogué », le regard vi<strong>de</strong>, errant dans les rayons, en poussant son caddie, qu’il remplit machinalement, sans réfléchir.<br />

Duane HANSON porte un regard critique sur la société américaine <strong>de</strong>s années 60, où l’émergence <strong>de</strong> ce fait est apparu en premier et qui a servi d’exemple au<br />

mon<strong>de</strong>. Dans son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> consommation, son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, dans les produits consommés…<br />

Il dénonce l’uniformisation du mon<strong>de</strong>. Il nous le montre sous une forme <strong>de</strong> lai<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> vulgarité. Cette grosse femme, avec ses bigoudis et sa cigarette au bec,<br />

poussant son caddie débordant.<br />

Nous ressentons un sentiment <strong>de</strong> malaise, car où est la marge entre le réel et la reproduction ? Cela nous dérange, nous interpelle. Est-ce un œuvre d’art ? Peutelle<br />

être dans un musée ?<br />

Mais en même temps, il nous tend avec humour un miroir. Nous pourrions être cette femme, dans son excès <strong>de</strong> consommation.<br />

Il traite son sujet, certes avec lucidité, mais aussi avec tact, compassion et sympathie, car cette femme est fragile, elle est peut-être battue. Elle est vulgaire,<br />

mais peut-elle être autrement ?

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