le théâtre des farces au moyen age-la confrérie des conards de rouen

, .
LA CONFRERIE DES .
CONARDS DE ROUEN
textes de farces
documents d'archives,
...
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LE TtlEATRE
DES FARCES
EN FRANCE AU MOYEN AGE
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LA CONFRERIE DES CONARDS DE ROUEN
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5 INTRODUCTION
16 ICONOGRAPHIE
SOMt-1AIRE
24 DOCUMENTS D'ARCHIVES
111 FARCE
118 FARCE
135 FARCE: LES VEAUX
LES DEUX SOUPIERS DE MONVILLE
LES PAUVRES DIABLES
150 EPITRE DES ENFANTS DE PARIS ENVOYEE
AUX ENFANTS DE ROUEN .
159 CHANT ROYAL SUR L'ABUS DE CONARDIE
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Ce dossier est le résultat de
lentes et parfois décevantes recher­
ches. L'accueil que j'ai trouvé à
Rouen m'a rendu les séjours que j'ai
faits dans cette ville très agréables .
Je tiens à inscrire ici les noms de
François Burckard, Directeur des
Archives départementales, de Vivienne
Mi gu e t et Alain Roquelet, Conserva­
teurs, qui m'ont beaucoup facilité
le travail par leur compréhension
et leur expérience. Le personnel
qui eut à satisfaire ma boulimie de
do s s i e r s a droit a ma reconnaissance
la plus v ive. Mme G. Lhermitte et
M. Dubuisson, à la Bibliothèque
municipale, firent preuve de beau­
coup de patience et m'apportèrent
une a ide non mesurée, je les en
remercie chaleureusement.
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l N T R 0 DUC T IO N
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La confrérie des Conards de Rouen apparaît souvent
comme un des éléments les plus marquants de l'histoire du
théâtre à la fin du Moyen Age. On cite la bazoche, on cite les
Enfants Sans Souci, on cite les Conards. Or il se trouve que
la troupe parisienne des Enfants Sans Souci est pure rêverie,
et que les Conards n'eurent sans doute pas le rôle déterminant
qu'on leur attribue. L'histoire du théâtre s'écrit bien plutôt
avec les troupes de bateleurs et de farceurs dont on voit l'im­
portance en consultant les documents de mon Ripertoire. Les
Conards, eux, n'étaient pas "cette société de vrais comédiens"
dont parle Gosselin (1).
Mais il s'en faut que cette confrérie soit sans inté­
rêt ; le théâtre ne lui est pas étranger, et je publie ici quel­
ques pièces qu'on peut à coup sûr lui imputer, mais elle est
surtout connue par la chevauchée qu'elle organisait le dimanche
gras et par l'attribution de la crosse qui se décidait le mar­
di gras au cours de festivités joyeuses.
L'histoire des Conards a beaucoup intéressé le XIXe
siècle. Floquet, puis Gosselin, entreprirent de l'écrire. Ils
étaient tous deux bien placés pour le faire, l'un archiviste,
l'autre greffier à la cour de Rouen. Et tout ce qu'on savait
des Conards jusqu'ici leur était dû. Car, l'on a des traces
nombreuses de l'activité de la confrérie dans les archives du
parlement. Cependant, j'ai pensé que de nouvelles recherches
pouvaient être entreprises, et j'en livre ici la première éta­
pe : les documents que j'ai rassemblés. Ils ne sont pas tous
inconnus, et je dois un bel hommage à Gosselin qui avait repé­
ré dans les registres du parlement un bon nombre de pièces
concernant les Conards. Cependant j'avais éprouvé, au cours de
recherches entreprises sur une représentation théâtrale donnée
à Rouen en 1556, qu'il n'hésitait pas à enjoliver ou à drama­
tiser la réalité. J'ai pu constater la même chose à propos
des Conards. Pour ne citer qu'un exemple, il souligne, après
Floquet, l'existence des Conards avant 1509 "puisque, cette
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Elle occupe dans la cité une place éminente dont té­
moigne sa présence dans les processions solennelles (4 février
1535, 18 juin 1542). Qui sont donc ses membres? Une décision
du parlement remet en liberté, le 27 mars 1542, onze membres
de la compagnie des Conards et annule les poursuites engagées
contre eux par le bailli et les échevins, en présence de
l'abbé de la compagnie. C'est un document inespéré: il nous
livre le nom ae l'abbé et de onze membres de la confrérie. Je
m'attendais à de longues et vaines recherches pour essayer de
les situer. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que
ces Conards arrêtés en 1542, je les retrouvais dix ou vingt
ans après dans les plus hautes charges de la ci±é, et comptés
parmi les citoyens les plus riches et les plus importants ;
Jehan de la Croix et Noël Cotton figurent parmi les soixante
quinze noms retenus pour faire les frais d'équiper un "enfant
d'honneur à cheval" pour l'entrée du Roi (19 juillet 1550) ;
Jehan de la Croix, Na ud i n Baillart et Ysaac Jean, sont en bon
rang parmi les bourgeois de la ville qui suivent le "chariot
du triomphe" (1er octobre 1 5 50 ) ; Jehan Baillart y apparaît
comme "quartenier" (chef de quartier). D'autres documents
que je n'ai pas reproduits, conduisent aux mêmes constatations
à propos des Conards dont l'arrêt de 1542 nous a révélé les
noms : en 1565 je trouve Guillaume Lejeune, qui en 1542 était
abbé des Conards, dans un recensement des principaux marchands
destiné à lever une cotisation o Il y est imposé pour cent
sous, ce qui est la cotisation la plus fréquente. Jacques
Langlois figure, lui, pour sept livres et demie, en qualité de
"pingnere" (4). Tous deux sont d'ailleurs recensés à Cauchoise
qui est le quartier aisé de la ville. Jehan Baillart est pro­
posé en 1550 par le quartier de Martinville pour être des
"conseillers nouveaux" de la ville (il y en a 24), il n'est
pas retenu finalement, mais il sera élu quartenier de Martin­
ville (5). Mais l'exemple le plus frappant est peut-être celui
de Noël Cotton que nous avons vu figurer en 1550 parmi les ci­
toyens "les plus riches et les plus notoires" ; le 3 mai 1556,
il accomplit une démarche au nom du bureau des pauvres pour
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demander l'interdiction des "joueurs et bastelleurs". On ne
s'attend pas à cela d'après ce que l'on croit des Conards.
Mais il est bien possible qu'à cette époque il ne fît plus
partie de l'association. En 1562 il est échevin de la ville,
c'est un protestant actif. Il est protestant et reste en place
lorsque les Réformés prennent le pouvoir. Il le paiera de sa
vie lorsque la ville sera reprise.
Nous connaissons aussi Jacques Sireulde "bon Conard
et jadis bel huissier" disent les Triomphes en 1541 il est
huissier au parlement, et un certain nombre d'actes concernent
un différend qu'il eut avec un conseiller. Il écrivit à cette
occasion un libelle diffamatoire intitulé L'asne a l'asnon
(5 juillet 1547) qui devient une "comédie ou satire" sous la
plume de Gosselin. Il est probable que l'huissier mis en cause
dans,Les soupiers de Monville s'identifie avec lui: il aurait,
selon la farce, refusé de reconnaître l'autorité de l'abbé.
Pour les quelques noms de Conards qui nous sont par­
venus, voilà un sondage révélateur, qui va à l'encontre de
bien des idées reçues et ne confirme pas l'analyse de Natalie
Z.Davis qui supposait que l'élite urbaine ne participait pas
aux sociétés joyeuses et qui avançait que les Conards ne pro­
venaient pas des "meilleurs familles" (7). Il semble bien que
ce soit exactement l'inverse o Si besoin était d'en donner
d'autres preuves, la délibération des chanoines du 17 mars
1546 à propos de l'affaire De la Houssaye nous en fournirait
une : les chanoines qui ont obtenu un arrêt du parlement en
leur faveur, craignent que les Conards n'agissent auprès du
roi ou de son chancelier pour que l'arrêt soit rapporté. Les
craintes des chanoines nous font mesurer l'influence que les
Conards pouvaient avoir.
Ce n'est pas une société très ouverte. On a parlé
de 2000 Conards. En fait ils sont soixante-six en 1542 (18
juin 1542) et les Triomphes confirment ce chiffre, puisque
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ft . .'" A
pour avolr Joue sa femme a Bayeux aux dez". Ne melons pas
les choses comme on le fait souvent la crosse dont on confie
ilIa garde et maîtrise l1 à une personne qui a manqué aux règles
du comportement admis en matière sexuelle ne lui conférait
pas la dignité d'abbé de la confrérie. C'était une marque de
réprobation, dont la signification est probablement proche du
charivari ; comme pour les manifestations du charivari, la
victime pouvait sans doute le prendre bien ou mal, en rire ou
s'en fâcher. Car on lui portait la crosse à domicile, et la
cérémonie, menée par des gens masqués, devait rappeler sur
plus d'un point la coutume du charivari. L'expérience en était
sans doute redoutable, et j'ai joint à ce dossier un arrêt du
parlement qui concerne la coutume de la crosse, mais à Vire,
où l'on voit un boulanger, qui se sent menacé de se voir
attribuer la crosse, en appeler à la protection du parlement.
,
Mais les Conards de Rouen ne se limitent pas dans
leur chevauchée à ces sanctions. Leur satire vise plus large
et plus haut, on s'en rendra compte en lisant la description
de leur cortège, et maintenant que l'on a décelé la présence
de riches marchands et de gens de robe dans la confrérie, l'on
ne s'étonnera pas de les voir attaquer assez vivement l'Eglise
et la noblesse. Ma i s la liberté de propos est d'institution
en ces jours-là, et les paroles d'Ombre de folie dans le cor­
tège de 1541, nous en situent bien le point d'application,
puisque c'est le roi lui-même qui pourrait prendre ombrage
de leurs audaces :
Et Conards sont permis tout dire
Tant en ces jours qu'en Rouvaisons,
Sans encourir du prince l'ire.
En fait, le roi, loin de s'en fâcher, demandera
même en 1550 lorsqu'il viendra à Rouen en octobre, que les
Conards renouvellent pour lui leur chevauchée. Mais on peut
,
Il
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supposer qu'ils en expurgèrent alors les éventuelles audaces
qui l'auraient irrité, ce qui n'empêcha pas le rire de se dé­
ployer (9 octobre 1550).
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Parmi les victimes de choix de leurs railleries,
on compte les Parisiens. En relation constante, économiquement
liées, les deux villes aimaient à se poser en rivales. La
farce des Veaux en témoigne, de même que l'Epistre aux enfants
de Rouen.
Le théâtre n'est pas l'essentiel de leur chevau­
chée, même si les formes qu'elle prend s'apparentent à l'art
dramatique. Mais il semble que, lors de leur banquet du mardi
gras, (largement ouvert), les Conards se soient plu à faire
représentation de moralités et de farces. On pourra juger, par
les trois farces que je joins à ce dossier, de la visée de ces
représentations.La farce s'y déploie en satire des états de la
société rouennaise -ou parisienne, avec alacrité, mais dans la
bonne humeur; la satire l'emporte sur l'action et les réfé­
rences d'actualité qui faisaient leur sel, n'ont plus pour
nous le même intérêt.
Je terminerai en mentionnant un aspect insolite de
l'activité des Conards: il semble qu'ils aient joui d'une
certaine autorité intellectuelle et morale, non seulement à
Rouen, mais bien au-delà. Et c'est sans doute ce qui explique
l'intervention de l'abbé des Conards dans la querelle Marot­
Sagon (les pages de titre des opuscules publiés alors figurent
dans la section Iconographie). C'est peut-être aussi ce qui
motive la dédicace de la Friquassée crotestilonnée de Jacques
Caillart au supérieur des Conards. Ce recueil de formulettes
enfantines, de chansons attachées à des activités et des
fêtes calendaires, de devinettes, de comptines, témoigne d'une
philosophie implicite proche de celle de Rabelais : sous le
scatologique, le non-sens, et les mots pour le rythme, se
cache une sagesse qui ne doit pas être méprisée. Mais c'est
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NOTES
1 Recherches, p. 554.
2 Ibidem, p. 45.
)
3 Les documents sont classés par ordre chronologique ; je
donne donc pour référence la date du document auquel je
renvoie.
4 Arch. dép. Seine-Maritime, C 216. Fiat de la cotisation
faite sur les marchands de la ville de Rouen pour rem­
bourser le nommé Marcias et faire achat d'une'place pour
assembler les marchands et tenir la juridiction.' Jacques
Langlois est répertorié p. l, Guillaume Lejeune, p. 8.
5 Comptes-rendus des échevins de Rouen, avec des documents
relatifs à leur élection, éd. par J.Felix, vol. l, 1409­
1620, Rouen 1890, p. 42.
6 5 juillet 1547, 14 novembre 1547, 26 novembre 1547, 28
novembre 1547.
7 Les cultures du peuple, p. 179.
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BIBLIOGRAPHIE
A. Floquet, "Histoire des Conards de Rouen", Bibliothèque
de l'Ecole des Chartes, 1 (1839), p. 105-123.
E. Gosselin, Recherches sur les origines et l'histoire du
théâtre à Rouen avant Pierre Corneille, Rouen, 1868
(Extrait de la Revue de Normandie, années 1867-1868)
Philippe Deschamps, Il La chevauchée des Conards et la farce
des Veaux (Un épisode de l'entré 7 de Henri II à Rouen)"
Discours de réception à l'Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Rouen , lI! février 1970,
Précis analytique des travaux de l'Académis de Rouen,1970,
Fécamp - Paris, 1972, p. 23-34.
Natalie Z. Davis, "La règle à l'envers", chap. IV des
Cultures du peuple, rituels, savoirs et résistances au
16e siècle, traduit de l'américain par Marie-Noëlle Bourguet,
Paris, 1979, (Collection historique), p. 159-209.
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l CON 0 G R A PHI E
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Nous possédons quelques documents iconographiques
concernant les Conards. Nous les reproduisons ici.·Ce sont
1 - Le sceau de la confrérie, datant du XVIe siècle, sceau
rond de 39 mm de diamètre.
La matrice en est conservée au Musée des Antiquités
de Rouen (Inv. N° 2876). Et je remercie Madame Elizabeth
Chirol et Madame Jacqueline Delaporte, conservateurs des
Musées départementaux de la Seine-Maritime, grâce à qui j'ai
pu disposer d'un moulage de ce sceau.
Le sceau a été acquis en 1924 parmi 12 pièces de la
collection Lormier, qui ont été publiées dans les Procès­
verbaux de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure,
1920-1931, t. XVIII 1; p.143 - 154.
Voir aussi G.Demay, Inventaire des sceaux de la Nor­
mandie, Paris, 1881, p. 354, col. 2, N° 3138.
2 - Le char de l'abbé pour la chevauchée.
Bois gravé qui figure à la fin de l'édition originale
des Triomphes de l'abbaye des Conards, Rouen, 1587.
Il n'a pas été reproduit dans l'édition donnée par
Marc de Montifaud en 1874.
L'abbé des Conards tient dans sa main, non pas un
arbuste, mais une ramure (une corne) de cerf.
3, 5 - Des opuscules publiés lors de la querelle Marot-Sagon.
Sur le bois de titre de l'Appologie est reproduite
une scène qui est sans doute censée représenter la procla­
mation des ordonnances conardes.
Sur le bois de titre de La première leçon des matines
ordinaires, on voit un personnage qui souffle dans une corne.
Il est peut-être dans l'attitude de celui qui convoque les
Conards.
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DOC U ME N T S DIA R CHI V E S
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1514 n. st., lundi 16 janvier. Rouen
Interdiction des masgues.
Masgues defendus (a). Le 7 janvier 1513 fut par la Cour
arresté que les ordonnances d'icelle Cour du 28 mars 1508
seroient reiterees par lesquelles il estoit deffendu à toutes
personnes de quelque estat et condition qu'elles fussent de
porter, vendre ne achepter aucuns faulx visages, masques ,
barbes fausses sur peine de cent livres d'amende et de
punition corporelle.
!. * Bi b l i ot h è q u e de la Cour d'appel, Rouen. Recueil des
arrests notables du Parlement de Normandie depuis le 22
decembre 1500 jusques en 15 .. , p.70. (Microfilm déposé aux
Arch. dép. de la Seine-Maritime, cote 1 mi 342).
=======
(a) indication donnée en marge.
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1535 n.st. , jeudi 4 février. Rouen
Les Conards dans la procession solennelle.
Ensuit l'ordre de la procession faicte le jeudy
quatriesme jour de fevrier mil cinq cens trente et quatre
par ordonnance de la court, lequel sera solemnizé comme
le jour de dimanche. (f.263)
/ .. . / Les croix et bann i e r e s de t oultes les fra ­
ries d e ceste ville / ... / (f .265 va)
A. *Arch. comm. Rouen. DélibératioŒ en l'hotel c ommun de la
ville d e Rouen . Registre A 13, 1528-1534 . Dé l ibéra t ion en
date d u 9janvier.
I Le conseil de ville, dans ses· projets d'organisation de
cette procession, ne donnait pas le détail des " f r a r y e s " .
Mais la procession est décrite d a n s une chronique de l 'é­
poque : 1
Le quartier de Cauchoise : apres , la croix et les
chandeliers de l'association de Jhesu Maria f ondée a Bonnes
Nouvelles , vulgairement dicte l'association des Conartz.
Marchaient aprez les chevaliers de lad. association portantz
torches dont il y en avait six vestus de cottes d'armes de
taffetas bleu , a iant en chascune torche ung escuchon aux
armes d e IHS M, j us que au nombre de s o i x a nt e et seize.
b. * A. Héron , Deux chroniques de Rouen , p.151.
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1536 ; samedi 20 mai. Rouen
Manifestations conardes interdites.
La Court advertye que aucuns eulx disans et
nommans conars et leurs complices et alliez se sont
vantez et vantent faire quelques amatz et prepar.atifz
pour deshonnorer, injurier et scandaliser aucuns bons
personnages de la ville par libelles diffamatoires et
autrement en lieux publiques. Et sur ce oy le procureur
general du Roy , a ordonné et ordonne que inhibicions
seront et sont faictes ausd. eulx disans conars, leurs
complices, adherens et alliez qu'ils n'aient a injurier
ou scandaliser par parolles diffamatoires ne de faict,
par effigie ou painctures ne autrement, en lieux publi­
ques ne autres, aucunes personnes quelz qu'ilz soient
sur peine de punicion corporelles, amendes et autres
peines a la discrection de lad. Court. Et enjoinct lad.
Court aù bailly de Rouen ou son lieutenant de faire
publier et signiffier ce present arrest a tous ceulx
et ainsi qu'il appartiendra, et proceder incontinent et
sans delay contre les transgresseurs ou delinquens par
emprisonnement e t detention de leurs personnes et autres
voyes deues e t r a i s o nn a b l e s et faire entierement obser­
ver et garder l e contenu e n ce present arrest.(1)
A. * Ar c h . dép. Sei n e - Ma r i t i me . Registres du Parlement,
1 BP 9100 , Registre d'arrêts , 7 avril 1536-30 mai 1536.
=======
1 Cet arrêt n'est pas classé à sa date exacte mais avant
celle-ci. Au verso de la dernière page de la feuille
pliée en deux qui contient l'arrêt on trouve inscrit
conartz, chaque lettre:disposée en fonction d'un trait en
croix :
c 0
n a
r tz
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Ladite responce apportee au conseil du sieur abbé
ne leur fut grandement aggreable pour la denegation de la
masque de nuict , ce qui est plus occasion de provocquer maint
jeune Conard a comparer en bon esquipage a la monstre du
sieur abbé qu'autre liberté qu'on aye. Pourquoy fut deliberé
ne faire aucune chose pour l 'annee en la ville de Rouen, mais
a Fescamp ou Saint Gervais. Telle conclusion venue a la co­
gnoissance de Jacques Syreulde, bon Conard et jadis bel
huissier en ladite court, comme vray protecteur des risees
communes , presenta a la dite court le dizain qui ensuit
A Nossieurs de la court de Rouen,
Honneur et mieux, le bon jour et bon an.
Requiert l'abbé, son conseil et supposts,
Que confermez l'ordonnance derniere,
Ou autrement ils vont mettre en des pots
Au plus offrant, crosse , mitre et banniere.
Par quoy , nossieurs, la monstre tant planiere
Ne permettez abolir !et 'casser
Mais jours et nuicts les veuillez dispenser
Masques porter d'invention nouvelle
En ce faisant vous le verrez passer
Sur beaux charrois en memoire immortelle.
Signé: Le gras conseil.
Au dessoubs dudit dizain estoit la responce de ladite court ,
comme e n s u i t
Permis vous est , souffert et toleré,
Gros pere abbé , vos barons et marquis ,
Aller masqué, triomphant , phaleré ,
Les jours et nuicts en triomphes exquis
Phiffres, tabours, charrois, flambars requis j
Ne soyent en riens par aucuns empeschez.
Sans faire mal qu'apres n'en soit enquis
En gloire et paix vos actes depeschez.
Fait par la Court en tranquille sejour
L'an mil cinq cens quarante ce matin,
Mois de febvrier vingt et unieme jour,
En vers françois retirez du latin.
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Dispense aux conards mariez
Conard ayant femme en gesine
Cependant pourra se pourvoir ,
S'il a besoing, faisant devoir
Avec sa servante ou voisine .
Aux gros chrestiens
Ordonnons a tous les nostres,
Appellans du droit escript ,
Eux fier en Jesu Christ
Un petit plus qu'aux Apostres.
1 ... 1
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Rapporter au greffe les courtiers nouveaux
des cartiers veneriens
Nos mortepayes et courtiers
Du Lyon, Gredil et Rouvray,
Feront aux hauts jours rapport vray
De ceux qui hantent leurs cartiers.
Semblable rapport se fera des cas conards
A un chacun nostre cousin
Mandons rapporter en chapitre
Tous cas pour e n fair e registre ,
Tant s oit il parent ou voysin.
De ne bailler remission
Nostre chancelier inutille
Ne donnera r emissions ,
S i n o n par nos permissions
Ou pour la l iberté civille.
De franchise et lieu d'immunité
Franchise et lieu d'immunité
N'auront lieu pour faits de reproche,
Sinon en accollant la crosse
Avec grace et humanité.
1.. ·1
A tout nostre gras conseil Cc)
En lieu de mercurialles ,
Nos consuls seront tenus
Traitter des faits de Venus
Aux festes abbatiales.
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1541 n. st., samedi 26 février. Rouen
L'abbé envoie faire une criée par la ville
Le samedy xxvj. jour dudit mois , veille du dimenche
gras , qui est le grand , gros, gras, haut et magnifique jour de
nostre dit sieur abbé , fust par luy envoyé le sergent a masse ,
accompagné de huit vingts neuf gens a cheval masquez, a compter
les portefalots, tabours et phiffres, faire ;un e criee par la
ville , telle qui ensuit
De par l'abbé tenant ce jour 'chapitre
Et les supposts de la Crosse et du Mittre,
Considéré de nos supposts le nombre
Qui se dispose et prepare soubs umbre
De la licence octroyee et donnee
De par la Cour , et par nous ordonnee,
Voulans ces jours par vray et.,Conard zele ,
Tant au gentil dame que dam0Qselle
Donner plaisir , est dit que le grand jour
Commencera pour triompher autour
Demain midi ou plus tost, non plus tard.
Outre , l'abbé , nostre prince Conard,
Veut e t v o us prie estre prests a dix heures ,
S i vous n'avez opinions meilleures.
Que vos falots , phiffres, tabours et trompes
Soye n t e s q u i ppez en triomphes et pompes,
Si que chacun nous face obstention
De s cas Conards , e n l'obstentation
Du pere abbé , pour e n forme estre mis
Et declarez obstant aucuns amis.
Fait au conseil logé au bois Saint George,
Present l'abbé, l equel trempoit sa gorge.
Ainsi signé : Regnaud Tirelardon,
La tantirely mirely guodon.
Ceste criee faite , il estoit heure de soupper, pour quoy fut
l'eau. cornee pour laver. Environ le dessert arriverent plusieurs
postes, courriers, herauts, legats, ambassadeurs et messagers,
les uns s'adressans aux maistres des requestes, autres aux
cardinaux et gens du privé conseil , lesquels mirent tant de
nouveaux cas en avant que l 'on ne sçavoit ausquels entendre.
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De vray , s' estoit un desordre que de donner audience a
tant de survenans , qu'il n' ensuivit que confusion , tout fut
r envoy é jusque s au mardi gras . Et adieu jusqu'a demain !
a . * Le s triomphe s de l'abbaye des Conards , Rouen , 1587.
( Bi b l i ot h è q ue nationale , Z Res 4371)
b. Les triomphes de l'abbaye des Conards avec une notice sur
la fête des Fous , par Marc de Montifaud , Paris , 1874 ,
p.27-29.
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46
Ceste compagnie p a s s e e , marchoyent e n bon o r dre
trente homme s a c heval, accoustrez de robbe s d e s atin blanc
a pourfillure s de fin o r , les affuls d e figure de teste d e
l yon 1.· .1 Devant e ux vingt six falot s flambans , six tabour s
et un phi f fre , a vec l e port e enseigne a cheval , a c c o u s t r e z d e
l eur pareure , e n laquelle e s t a i t e s c r i t , Le s e s t o nn e z du
monde .
.. .... ............. ... ....... ............... ... ...... ........
Apres , marchoyent plusieurs compagnies , au nombre
d e deux c ens hommes a cheval ou au dessoubs, accoustrés de
differents abi t s , chaaun a yant sa devise , avec grand nombre
de falot s , t a b o u r s, c ymballes , cornemuses , cornets , hautsbois
et bedon s chos e plaisan t e a voir , e n c o re plus a ouyr.
Apres ma rchait e n grand grace la bande des prophe t e s ,
vestu s d e l o ngs a bis de ver g ay, couvert d e quentill e de f in
o r , a ma nches de satin c r amo isi , decouppez , renouez d e fer e t s
d'or , bouffans de taffetas incarnat e t e n r i c h i s de brouderi e
leurs affuls d e grand invention e n mod e d e prophet es ; leurs
chevaux a yant caparensons a g r osses houppe s d e fil d 'or.
Tant cheminerent qu'ils arriverent au pont d e Robe c ,
auquel lieu avait un e c h a f f a ut d e dans lequel estoyent j oueurs
d ' ins t r ume n s , sonnans melodieusement pour l ' a r r i vee d u sieur
a b bé et d e sa compagnie . 1 • • • 1
Plusieurs desdites bande s a voyent des p e t i ts
sachets d e drage e , qu'ils donnoyent a ux d ame s qui estoyent
aux bout ique s et fenes t res , avec autres ron deaux et d i zains
joyeux , e n part icul i er s a n s s candalle, qui n' a e sté possibl e
de recouvrer. Et n'ay veu ce jour a voir t ant souffert d e
p e ine c omme l e s c hevaux, e nten d u que d e t outes les bandes il
y e n avai t tous j ours d e bondissans e n l'air , selon les lieux
et e n d r oits , l e s uns plus que l es autres.
Le jour de l adi t e monst r e a insi fait , s e r etirerent
les bande s et c ompagnies e n d i vers lieux, ten a n s ma isons
ouvert e s , a yans falots flambans aux f ene s t r es. Et apres
s o u pper se delibererent aller en masque voir l'un l'autre e t
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Venez , Conards , en ceste neuve halle,
Et ne craignez de chaut ou froid le hasle
Vous y verrez novices et convent
Logez au large , hors la pluye et le vent ,
Pour recevoir des gens un million,
Plus que n'avons de coustume au Lyon.
Fait au conseil, a l'ombre de nos pots ,
Signé de nous et de nos bons supposts.
Furent affichez en grosse lettre plusieurs escriteaux audit
lieu , contenant ces mots
Pallais pour l'abbé
Le lendemain, Mardi gras, le disner preparé audit
lieu, a dix heures de matin , se mirent sus une compagnie
masquez , portans la crosse parmi la ville, ayans falots et
tabours pour sonner et semondre ledit disner, ainsi qu'il
est accoustumé. Incontinent se trouverent les tables pleines
de nombre d e g ens inestimable , sans autres qui ne sceurent
avoir place , l esquels furent contraints eux retourner.
L'ordre du disner estoit telle: il y avoit six
tables tout d'une longueur , et là estoyent .assis tout d'un
cos té , e n fo rm e de convent , ayant l e r egard l'un vers l'autre.
Au mili eu y . a voi t un esc h a f f a ut pour jouer les farces ,
comedies et mor i sque s , fa i t d e sorte qu'on pouvoit passer
par dessoubs pour le . s e r v i c e dudit disner et dessus y
a voi t un pers onna g e abillé e n hermite , assis sus une chaire ,
l eque l , e n lieu de bible , l isoit continuellement durant ledit
d isner , la Cronique Pantag ruel.
Au bout d e , ladite salle y avoit un theatre haut
e s levé, richement tapissé , sur l equel estoit le sieur abbé
au millieu , et aux deux costez , le chancellier , patriarche,
et cardinaux , vestus de leurs abits pontificaux, son huissier
tenant sa verge en un bout, et le sergent a l'autre pareil­
lement tenant sa masse , en bon ordre et gravité. Aux deux
bouts, les trompettes et haubois, et en bas estoyent les
phiffres et tabours ; a l'un des costez , espinette organisee
jouant avec chantres de musique. De vous escrire la diver­
sité des viandes, mets , entremets , ce seroit temps perdu,
car c'est chose ordinaire; pour quoy viendrons a la fin du
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1545 n. st. , lundi gras 16 février. Rouen
Les Conards sien prennent au chanoine Restout.
De scandalo per trajediatores Conardisie facto (a). Posito
in medium de scandalo die hesterna per trajediatores Conar­
dlsie hujus civitatis perpetrato in scandalum capituli et
ecclesie , in hoc quod indueverant quemdam hominem superlicio
et albutia ad modum canonici, et dicebant ilIum quamplurimum
offendisse , ratione cujus ad mortem condemnaverunt et tortori
cruciandum tradiderunt. Quod factum fuisse dicebatur pro
domino Restout. De quo conqueritur et suplicatio adjunxionem
ex parte capituli sibi impartiri concluditur quod ubi dictus
dominus Restout querimoniam hujusmodi injurie facere et pro­
sequi voluerunt auxilium et favorem sibi esse impartiendum
et non alias , et differatur negotium usque ad diem Mercurii
propter metu novi scandali.
A. *Ar c h . dép. , Seine-Maritime. Délibérations du chapitre de
la cathédrale , Registre G 2158, fOl17 Vo - 11 8 rO.
= = = = ===
a. inscrit en marge.
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1547, samedi 26 novembre. Rouen
Les lettres de rémission de Sireulde sont entérinées
Monsieur Morelon, procureur general du Roy, est
entré, et referé qu'ilz avoient veu ce qui avoit esté faict
contre Sireulde, huissier, a l'instance de monsieur Luillier,
conseiller, depuis la presentation des lettres dud. Sireulde
par lesquelles le Roy luy a remis la suspense de son office
de huissier ordonnee par arrest de la Court a la pousuite
dud. sieur Luillier, et avoit bien trouvé qu'il avoit dit
qu'il pourroit encores bien avoir une robe rouge, mays par
son examen avoit mescongneu l'avoir dit pour faire injure
aud. sieur Luillier et ne l'entendoit ainsi qu'on le voulloit
interpreter, autre chose n'entendoit dire sinon qu'il
pourroit estre quelque fois premier huissier et, a ce moyen,
avoir une robe rouge, et si leur avoit dit qu'il bailleroit
tesmoins que par diverses foys lacessitus fuerat injuria
par les gens dudit sieur Luillier, qui seroit une involution
de proces ; par quoy avoient lesd. gens du Roy conclud entre
eulx qu'il ne bailleroient aucune conclusion par escript et
seulement feroit la presente remonstrance a la Court ,
requerant que ledit Sireulde feust mandé et a luy baillé
estroicte reprimende a la discretion de la Court et que, ce
fait, ses lettres luy feussent enterinees, le tout pour
eviter circuit et longueur de proces.
!. * Ar c h . dép. , Seine-Maritime. Registres du Parlement,
1 BP 1501 , Registre sec r e t 1546-1547, fol. 69.
B. Bibliothèque municipale de Rouen. Extraits des registres
du Parlement de Rouen , ms Y 214 , vol. III , p.420.
C. Arch. nat. , Paris. Extraits des registres des délibérations
secrètes du Parlement de Normandie, ms U 760, fol. 116 va.
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1547 , lundi 28 novembre. Rouen
J a c ques Sireulde : entérinement des l e t tre s d e r émi s s ion et
réprimande .
A esté c o n c l u d que s uiv a nt la conclus ion du pro ­
cureur general du Roy , l edit Sireu l d e sera fait venir pour
luy bailler l a r eprimande , e t que ses lettres ser o nt enteri­
nées.
Et ledit Sireulde fait venir et entré , a esté fort
increpé par monseigneur le Premier President luy remonstrant
qu'ayant sent y la bonté du Roy qui luy avoit remis la
suspension de son office d'huissier c ombien qu'il eust esté
suspendu pour bonnes causes, il se rendroit bien ingrat d'en
abuser e t estre recidive , luy disant outre plusieur bonnes
. useroit
et grandes r emons t rances que encores pour cette f01s l'on
de grace e nvers l uy, et a l uy deffendu a peine de punition
de son estat et de pri son et autre peine arbitraire de par
cy apr e s proferer a ucunes parolles problematiques , e s c r i re
libelles d i f f ama t o i r e s ny a u c unement directement n y i n d i ­
rectement sugiller l'honneur dudict sieur Luill ier ny
autres de messieurs les pre s idens e t conseillers.
A. *A r c h . dép. Seine-Maritime . Re gistres secrets du Parlement.
1 BP 150 1 , 1546-1547 , f .70 -70v o .
B. Extra i t s d e s registres du Parlement de Rouen. Bibliothèque
mun icipal e , Ms. Y 214 , vol .III, 420-421.
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1542 n.st. , lundi 27 mars. Rouen
Elargissement de Conards d é t e n u s .
Du lundy xxvii e jour de mars , l'an mi l vCxli . Entre Jehan
Creppel , menuysier appelant de sa d e t e n c i o n et emprisonne­
ment , Jehan et Noel diz Cotton , Jehan et Naudin ditz Baillard ,
Robert Fouquet , Jehan de la Croix , Ysaac Jehan , Pierre Cave­
let , Philippes Cailloux Ca), Jehan Jure Cb ) , appelans du
mandement de capiatis contre eulx de c e r n é par Me JehanMauger ,
lieutenant general du baily de Rouen, De l e s sar t p o u r p r o c u ­
reur, d'une part; et les conseillers echevin s mod ernes de
la ville de Rouen intimez, les auc uns d' eul x p r e s e n s , et par
Legay leur procureur d'aultre, a ce p r e s e nt Guillaume
Lejeune , soy disant abbé de la compagnie des Cornards, pour
l 'interest d'icelle conardye , pour eulx et p r e s e nt d'aultre.
Parties oyes , aussi le procureur general du Royen
ce qu'il a voulu dire et requerir, la cour a mi s et met l'ap­
pellation et c e dont est appelé au n e a n t , sans a mende et sans
despens d e la cause d'appel ; et pour certaines causes et
considerations a ce la mouvant , a retenu et r e t i e nt a elle
l a cognoi s s ance d u p r incipal d' entre les parties; e t a or­
donné et ordonne q u e par les conseillers a ce commis et dep­
pute z , l e p r oces e n c ommencé contre lesd. parties sur la
plaint e d e sd. i ntimez ser a faict et parfaict ; cependant
ordonne la cour que l ed. Creppel sera eslargy de lad. prison
a telle c a ution q u e pourra bailler , se pour autre cause n'est
d e t enu , et les autres a ppel a ns esl a r g i z de l'arrest a eulx
donné p a r la ville a la c autio n l ' un d e l'autre et en eulx
s ubmetta nt au greffe d' eulx r establir et representer en
ladicte cour ou de vant les ditz commissaires totiens quotiens
eslisans domicile et constituans procureur a insi q u e en tel
cas est acoustumé. Et en interignant la requeste cy d e s s u s
dud. procureur general , ordonne la cour que les inhibitions
et defences contenues en l'arrest donné en i celle le ix e
jour d1avril avant Pasques l'an mil v C xxxvii , seront et sont
retenues tant aux ditz appelans que a tous aultres qu'il
a ppartiendra , et oultre leur est i nhibé et de f e n d u , inhibe et
d e fen d d e f a i r e escrire n e i mprimer pour publy e r ne faire
aucuns escripteaux, d i x a ins n e a utres d i t t e z ou libelles
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sans permission de justice, sur les peines au cas appartenans
et d'en estre pugnis comme desobeissans et rebelles.
A. *Arch . Dép. Seine-Maritime. Registres du Parlement.
1 BP 19, Registre d'audience, février-mars 1541.
=======
(a) ou Cailleux.
(h) ou Ivre.
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1550, jeudi 17 juillet. Rouen
La basoche et l'entrée du Roi.
67
Monsieur Mustel, advocat du Roy au baillage de
Rouen a remonstré que le roy de la bazoche et regent du
palais a presenté requeste a la court tendant afin d'estre
receu avec sa compaignye a l'entree du Roy. Sur quoy leur
a esté ordonné communiquer lad. requeste au procureur du
Roy et aux conseillers de lad. ville. (f.91)
Décision du conseil de ville
Et en aultre instance a esté ordonné que les
bourgeois de ceste ville notoirement riches / ... / seront
Ipunisl en cas de reffuz de assister a lad . entrée, en estat
et habit d'enfant d'honneur, et ou cas qu 'ilz ne seroient
de l'aage et disposition d'exercer en personne ledit acte
d'honneur, ilz seront contrainctz y envoyer ung de leurs
enffans, et ou cas qu'ilz n'auroient enffans d'aage, pre­
sens en ceste ville, ou bien qu'ilz n'en auroient aucuns qui
seroient de qualité pour faire led. service, ilz seront
contrainctz y envoyer l'un de leurs nepveux ou aultre leur
prochain parent, et s'ilz n'avoient aucuns parens, ilz seront
contrainctz y envoyer homme ydoine, suffisant et capable.
Item a esté ordonné que le regent du palais ou
roy de la bazoche sera esconduit de la requeste par luy
faicte d'aller en ceste qualité avec lad. ville en lad.
entree. Et que au contraire, deffenses luy seront faites
d'y aller pendent le temps que le Roy sera en cested. ville,
parce que luy et les gens de sa compaignye seront permys
aller avec les gens de pied, s'ilz advisent que bon soit,
et oultre que deffenses seront faictes a toutes personnes
de faire theatres sans la licence et permission des con­
seillers de lad. ville. (f.92-92 va)
A. *Arch. comm. Rouen. Délibérations en l'hostel commun de
la ville de Rouen. Registre A 16, 1547-1554.
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1550, samedi 19 juillet. Rouen
Dispositions pour l'entrée du Roi. a) la basoche.
68
A esté mys en deliberation scavoir si l'on doibt
declarer au regent du palais que l'intention de la ville
n'est poinct qu'ilz assistent a l'entree du Roy ou si l'on
doibt tcinir la chose en dissimulation. Et pour ce que toute
la compaignye a esté d'advis que l'on leur debvoit presen­
tement declarer la resolution de la derniere deliberation ,
il a esté ainsy conclud. Et en la presence dud. regent luy
a esté ainsy declaré. (f.95 va)
b) mention de bourgeois connus comme Conards.
Conformément aux décisions du 17, le conseil de
ville fait la liste des "noms et surnoms de plusieurs per­
sonnes des plus riches et notoirement solvables de lad.
ville." (f.95 va). On relève dans les soixante quinze noms
ainsi retenus pour équiper un "enfant d'honneur à cheval",
dans "Cauchoyse" , qui est le quartier aisé de Rouen ,
"Jehan Robert de la Croyx blanche de Cauchoyse" et No e l
Cotton ( f . 9 6) dont les noms figuraient parmi ceux des
Conards emprisonnés en 1542.
A. * Ar c h . comm. Rouen. Délibérations en l'hostel commun de
la ville de Rouen. Registre A 16, 1547-1554.
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1550, mercredi 8 octobre. Rouen
Parodie de plaidoiries par le fol Brusquet après
une séance présidée par le roi.
Nota hic que aprez toute la compaignye desemparee
et qu'il n'y avoit plus personne au grand pretoire ou l'acte
cy dessus enregistré a esté celebré, la Royne, la royne d'Es­
pagne, madame Marguerite, seur du Roy, madame la duchesse de
Guyse, madame la duchesse de Valentinoys et autres dames et
damoiselles de lad. compaignye sont sortyes du theatre a
elles preparé pour veoir le Royen son siege de jastice et
plaider devant luy. Et pour le passe temps s'est mise la
Royne au siege ou avoir esté le Roy, et les princesses et
dames des deux costez d'elle et elles estant en cest ordre,
Brusquet s'est mis au barreau des advocatz et a plaidé plu­
sieurs causes tant pour le demandeur que defendeur, appellant
et intimé, et faisoit rage d'alleguer loix, chapitres et
decisions, et luy croissoit le latin en la bouche comme le
cresson a la gueulle d'un four. Et cela faict se sont lesd.
dames pourmenees, veu et visité tout le palais et encore
autres lieux estans en la Tournelle, et regardans les pri­
sonnyers, portes , fenestres ; la Royne a fait donner ausd.
prisonnyers la somme de cent livres dont j'ay bien voulu
icy faire mention pour la memoire de l'acte.
A. * Ar c h . dép., Seine-Maritime. Registres du Parlement,
1 BP 1502 , Chambre des vacations, registre du 9 septembre
1549 jusques et y compris celle de 1556, fol. 96.
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1550, .. octobre Rouen
Représentation d'une farce devant le roi
On lit , au titre d'une farce contenue dans le
Recueil La Vallière IILa farce des Veaux jouee devant le
roy en son entree a Rouen ll
• Divers indices montrent que
cette farce fut composée par les Conards pour l'entrée
du roi Henri II.
A. * Bi b l i ot h è q u e nationale, Paris, Ms. fr. n024314,
f ol. 179.
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1551 n. st., dimanche 1e r février.
Gouberville va voir les Conards
73
Rouen
J'eume a disner chez Le Prevost, Lamare de Caligny.
Apres disner je m'en allé a Saint Julian hors la ville
voyer les Conars, ledit Lamare et Adam avecque moy. Il fist
fort beau temps tout le jour. Il estoyt soleil couchant
avant que rentrissions a Rouen. J'emmené ledit Lamare a
souper et coucher chez Le Prevost.(I)
b. *Journal de Gilles de Gouberville pour les années 1549,
1550, 1551, 1552, publié d'après le ms. original découvert
dans le chartrier de Saint-Pierre-L 'Eglise Ipar le comte
A. de Blangyl, Caen, 1895 (Mémoires de la Société des
antiquaires de Normandie, t.XXXII), p.134.
=======
1. Cette année-là, Pâques tombait le 29 mars. Il ne s'agit
donc pas du dimanche gras qui était le 8 février, mais du
dimanche précédent (Sexagésime). Cette manifestation qui se
déroule hors de la ville n'est pas la chevauchée, mais la
proclamation des ordonnances.
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1551 n. st. , . mardi 10 février (Ma r di gras). Rouen
Les Conards et la Basoche.
Abbé d e s Conards ( a) . Le 10 février. Mardy gras. Arrest
donné e nt r e l'abbé des Conards et Il e l regent d u Palais
pour l e decord Idu l possessoire de ladite abbaye impetree
par devolu. ( 1)
A. * Bi b l i ot h è que d e la Cour d'appel , Rouen . Re cueil des
arrests notables du Parlement de Norma ndie depuis le 22
decembre 1500 jusques en 15 .. , p . 177. (Microfil m 1 mi 342
déposé aux Arch. dép. de la Seine-Maritime .)
=======
( a ) i n d i c a t i o n donnée en marge.
1 Cet arrêt n e s e retrouve pas dans les Extraits d e s r e g i s t r e s
secrets du Parlement de No r ma n d i e , 1549-1555. (Voir février
1551 aux pages 357-360), ni dans les Registres d ' a r r ê t s o ù
le registre de février 1551 commence a u 16 février .
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1551, vendredi 24 avril. Rouen
Somme allouée au Régent du palais et ses suppôts
La Court pour consideration du contenu en la
requeste a elle presentee par le Regent du palays et ses
suppostz , et oy sur icelle le procureur general du Roy , a
ordonné et ordonne du consentement dud. procureur general
que lesd. supplians auront et leur adjuge la somme de
soixante quinze livres tournois a prendre sur les amendes
de lad. Court pour ayder a subvenir aux frays necessaires
a faire par lesd. supplians pour leurs monstres et jeux
qu'ilz entendent jouer durant les prochains jours a eulx
ordonnez pour ce faire, laquelle somme de lxxv livres
tournois sera allouee auxd. 1 ••• 1 (a) du receveur desd.
amendes par tout ou il appartiendra.
A. * Ar c h . dép. , Seine-maritime. Registres du Parlement ,
1 BP 9199 , Registre d'arrêts , 7 avril- 15 mai 1551.
== ===== =
a. No u s n'avons pu déchiffrer le mot qui manque ici.
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1556 n. st., jeudi 14 janvier. Rouen
Interdiction des manifestations de carnaval
Règlement de police tendant à règlementer la
morale publique: "Pour aucunement obvier a l'effrenee et
insatiable gulosité et empescher et faire cesser les accous­
tumees voluptés et jeux illicites et deffenduz de plusieurs
artisans, serviteurs de boutiques, manouvriers ... "
A. Arch. communales , Rouen. Délibérations de l'hôtel de
ville.
b. * Ch . Robillard , Inventaire sommaire des archives commu­
nales de Rouen , p.185 b.
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1556 , d imanche 3 mai. Rouen
Le bureau des pauvres demande l 'interdiction
des farceurs et bat eleurs
Le 3 mai 1556 , le bureau des pauvres ordonnait
que "les t hes a uriers Cotton et HaIlé se r etireroient par
devers l e l i eut enant general du bailly de Rouen , luy
remonstrer qu' il n1 eust a donner congé aux joueurs d e
farce e t bast eleurs de jouer en la ville, si ce n'estoit
en cas qu'ils jouassent quelques mi s t ere s saincts et
c hoses sainctes , comme la Passi on , l 'A cte de s Apostres" .
A. Arch . dép . , Seine-Maritime . Pl umi t if du b u r eau d e s
pauvres.
b. -l:- Ch. de Beaurepaire, Il Introduction Il : Jac ques Sireulde,
Le tresor i mmortel t iré de l'Ecriture sainte, publ i é avec
une introduction par Ch. deBeaurepaire , Rouen, 1899 ,
( So c i é t é des bibliophiles normands) , p . L .
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deputé, tout consideré,
Il sera dict que la chambre a permys et permet
ausd. supplians achever leur jeu ainsy par eulx commencé
par ce qu'ilz ne feront leurd. jeu que apres vespres et ne
feront sonner le tabourin par la ville ne autre instrument
faisant bruict pour assembler le peuple, et aussy qu'ilz ne
joueront la farce du Retour de mariage, et que en tous
leurs jeuz jusques a l'achevement d 'iceulx se y conduiront
'h o nn e s t e me nt et mo de s t e me nt ainsy qu' i l a ppartiendra, et
deffenses faictes, lad. mo r a l i t é achevee de j oue r sans
permission de lad. chambre ou de la Court de Parlement.
A. *Arch. dép., Seine-Maritime. Registres d u Parlement,
Registre d'arrêt.
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1558 n. st. , jeudi 27 janvier. Rouen
82
Moralités et farces interdites ainsi que toutes
l es réjouissances habituelles des jours gras
Veue par l a Court la requeste a elle presentee de
la part de Pierre le Pardonneur , Nicollas Michel dict
Martainville , Nicollas Coquevent dict le Boursier, Jacques
Caillart et l eurs compaignons , narrative que de tout temps
il a esté accoustumé en ceste ville de Rouen jouer moralitez
et farces pour la recreation du peuple et habitans d'icelle ,
suivant laquelle coustume les supplians se seroient retirez
par devers le juge de la police de cested. ville afin d'avoir
parmission de jouer en chambre aux jours de feste moralitez
e t farces , qui leur avoit esté accordé par ce que en prealable
ilz se retireroient par devers la Court, tendans lesd.
supplians lad. permission estre aucthorisee par icelle Court ,
a yant esgard que e s d . farces et moralitez ne se trouvera
aucun scandalle ,
La Cour t , o y le procureur general du Roy , e t veu
l'arrest donné en l a chambre ordonnee par le Roy, durant les
vaccacions , l e vingt quatriesme jour d'octobre mil cinq cens
c inquante s i x a debout é et deboute lesd. supplians de l'effet
et e nterinement de leurd. r equeste , leur faisant expresses
inhibi t ions et de f f ense s d e jouer farces ne moralitez ne
faire sonner t a b o urin s par la ville ne autres instrumentz
faisans bruict pou r assemb l e r l e peuple, et suivant les
a r r estz donn e z e n icelle les huicti esme de janvyer mi l cinq
c ens treize , vingt quat r i esme de novembre mil cinq cens
t rente six, vingt deux i e sme d e decembre mil cinq cens
c inquante et vingt et ungniesme jour de janvyer mil cinq
c ens cinquant e et un g considerant les grandes , vaines et
inutilles despenses qui se sont par cy devant faictes a
cause des masques , mommons , habitz dissoluz et desguisez qui
se portent indifferamment en ceste ville de Rouen et ailleurs
soubz ce ressort par gens de toutes qualitez contre et au
prejudice des inhibitions et deffenses mentionnees esd.
arrestz publiees et reiterees a son de trompe et cry public
par tout ou besoing a esté , sans avoir esgard par ceulx qui
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font telles superflues et inutilles despenses qu'elles
seroient en tout ou partie, trop mieulx employees a la
subvention des povres qui sont en grand nombre en ceste
province et autres urgentes necessitez de la chose publicque
ainsy que chacun peult voir et congnoistre ; considerant
aussy autres grandz inconveniens qui adviennent de ce que
toutes manieres de gens portent indifferanment contre lesd.
deffenses dagues , espees et autres bastons invasiz, aussy
que toutes personnes sont plus adonnez a jeux de cartes, dez
et autres jeux de hazard prohibez et deffenduz, dont
seroient advenuz et adviennent plussieurs inconveniens au
grand scandalle de justice et du peuple et pourroient
encores cy apres advenir s'il n'y estoit pourveu par multi­
plication et exageration de peines, tant contre les delin­
quentz que ceulx qui les admettent et recellent ; a lad.
Court ordonné et ordonne que inhibitions et deffenses seront
et sont faictes et reiterees a son de trompe et cry public
par les carrefourgs et autres lieux publicques de cested.
ville a toutes personnes de quelque estat ou condition
qu'elles soient de porter masques par lad. ville ne aillieurs,
directement ou indirectement, en quelque maniere et pour
quelconque occasion que ce soit, et a tous autres de les
recevoir en leurs maisons ou autrement sur peine de troys
cens livres d'amende et de confiscation de tous les habitz de
ceulx qui auront porté masque et de deux cens livres d'amende
contre les r eceptateurs , et sy deffend la Court a tous
merciers et tous autres d'exposer en vente masques sur peine
de cent livres d'amende, esquelles amendes et confiscation
d'habitz la Court a des a present condamné et condamne les
contrevenans respectivement et lesquelles seront payees sans
aucune dissimulation et sy tiendront les infracteurs prison
ferme jusques au plain payement a applicquer, scavoir est
la tierce partie d'icelles amendes et confiscation d'habitz,
au Roy, la tierce partie aux povres, et autres tiers au
denonciateur, et s'aulcuns se tiennent infracteurs qui
n'ayent moyen de payer lesd. amendes seront puniz corpo­
rellement a la discretion de la Court, semblablement de
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1562 , jours gras , f évrier. Rouen
Le menu peuple , sous l 'influence des réformés ,
e mpê c he l e s mani f e stat ions des Conards .
Le vingt septi e s me dudit mois fut publié l 'Edict
de janvier à Rouan , e t suivant iceluy fut d r e s s é l'exercice
d e ceux de la religion aux fauxbourgs e n t oute obeissance,
et avec tel fruict , q u ' e s t a nt chose a c oustumée en la ville
de faire infinies insolences et mascarades, la semaine
precedante .l e Caresme , par une compagnie qu'ils appellent
les Conards , tout cela cessa d'un c ommu n c onsentement d u
peuple , condamnant telles folies et mechance t é s , h o r mi s q u e
quelques uns , plus effrontés que tous les a utres e ntreprin­
drent de faire quelque chose , qui furent tantost rembarrés
par le menu peuple , mesmes a coups d e p i e r res . 1 • •• 1 Mais
nonobstant ce que dessus , fut celebree la sainc t e Ce n e
paisiblement le vingt neufiesme dudi t moi s Imarsl es
fauxbourgs de Marti nvi l l e, et ce par trois d i v e r s jours,
tant estoit g rande l a mul titude , en la maison No ë l Cotton ,
sec r éta i re du Roy e t esc h e vin de la ville , et du sieur de
Berthonville , qui depuis ont seellé la verité de Di e u p a r
leu r sang. ( 1)
a. Histoire e c clésiastique de s é glises r éformées au royaume
d e France , Antwerp , 1580 . * Ed i t i o n nouvelle par G. Baum et
Ed . Cuni t z , Par i s , t. I I , 188 4, p. 7 13- 7 14 .
=======
1. Noël Cot ton et le sie ur de Berthonville n e font qu'un
e n r éal ité. Il faisait parti e des Conards arrêtés en 1542.
86
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1569, samedi 26 février. Rouen
Interdiction des festivités publiques
La Court , apres avoir veu certains advertissemens
donnez aux conseillers eschevins de l'hostel commun de ceste
ville· de Rouen et en avoir communiqué au sieur de Carouges ,
lieutenant general du Roy , a faict et faict expresses inhi­
bitions et defenses a toutes personnes de quelque qualité ou
condition qu'ilz soient, de porter masques, sonner ne faire
sonner le tabour apres la garde assise, sur peine de la hard,
et a toutes personnes de les recourir a peine de cinq cens
livres d'amende des a present adjugee au Roy, et que ce
present arrest sera publié a son de trompe par les quarre­
fourqs de cested. ville, afin que aucun n'en puisse pretendre
cause d'ignorance .
A. * Ar c h . dép. , Seine-Maritime. Registres du Parlement,
1 BP 9280, Registre d'arrêts, Il janvier-1 avril 1569.
87
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1570, vendredi 3 fevrier. Rouen
Autorisation de la chevauchée des Conards
88
Sur la requeste presentee a la Court par l'abbé
des Conardz et ses suppostz tendant afin qu'il leur soit
permis durant ces prochains jours gras user d e leurs
faceties et jouyeusetez acoustumees, et que d e f f ens e s soient
faictes a toutes personnes aultres que de leur s ocieté et
adveu , porter masques par la ville durant lesdictz jours gras ,
Veue par la Court ladicte requeste, avec le consen­
tement du procureur general du Royen cons equence d e la
p e rm i s s i o n octroyee aud. a bbé et ses suppostz par l e s ieur
de Carrouges lieutenant du Roy, en tant q u e a l uy est,
ensemble la requeste presentee aud . sieur de Ca rro u g e s a ve c
sadicte permission du vingt deuxieme j a n v i er de rni e r ,
Ladicte Court ayant esgard a u s dictes r eque s t es ,
consentement et permission dudict sieur de Carrouge s , et
pour aulcunes causes et considerations a ce la mouvant , a
permis et permet ausdictz abbé et ses suppotz faire leurs
chevauchees , mascarades et jeux acoustumez sans scandale et
sans offenser le publicq directement ou indirectement, a
la charge toutesfoys de se retirer a dix heures d e soir
chacun en sa maison sur les peines au cas appartenans et
a ladicte Court faict et faict expresses inhibitions et
deffenses a toutes personnes de quelque estat, qualité et
condition qu'elles soient , aultres que de la societé desdictz
Conards e t advoue z par le dict abbé , de se ingerer de porter
masques, fair e sonner phifre ne tabourin, durant les jours
que ledict abbé et ses suppostz ont acoustumé user de leurs
faceties et jouyeusetez , sur les peines contenues es arrestz
sur ce donnez et aultres peines et amendes arbitraires ; et
sera ce present arrest publié a son de trompe et cry public
afin qu'il soit notoire a tous et que aulcune personne n'en
p r e t e nde cause d ' i g n o r a n c e.
!. * Ar c h . dép., Seine-Maritime . Re g i s t r e s d u Parlement,
1 BP 9283 , Registre d'arrêts , 3 octobre 1569-28 février 1570.
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1570, jeudi 23 février. Rouen
89
Confirmation des droits de la Régence du Palais
Veue par la Court la requeste a elle presentee
par les procureurs et antiens suppostz de la Regence du
Pallais d'icelle, de laquelle la teneur ensuict
A Nosseigneurs de Parlement
Les antiens suppostz de la noble regence
Ont de long temps congneu la doulceur et clemence
Dont vous avez usé, Nossieurs de Parlement,
Pour conserver leurs droictz ensuivans leur patent,
Le confermant encor par mainct arrest en forme
En tout son contenu audit patent conforme,
Et suivant icelluy, evitans tous debatz,
Presenté le passé mainctz plaisirs et ebatz.
Lors qu'un certain malheur courant par nostre France
Au lieu de tout plaisir a produict deplaisance,
Ayant faict pululler mainte espece de veaulx,
Qui se font appeller praticiens nouveaulx,
Et semblent a bien veoir tant sont pleins d'inconstance,
Que conduictz de fureur, ilz tombent en demence.
Si l'un scait colorer ses deceptifs propos,
Pour tromper ung chacun l'autre ne prend repos
Jusqu'a tant qu'il ait eu et l'argent et la bourse,
Et par ces beaulx moiens a d'argent une source;
Maint presbtre on veoit souvent plus le pallais hanter
Pour y soliciter qu'eglises frequenter ;
Le soldat de sa part se plaist plus a conduire
Ung nombre de proces que veoir armes reluire ;
L'artisan d'autre part est tousjours par chemyn,
Quictant la son mestier pour brouiller parchemyn
Si que non repoulsez, on en veoit plus de mille
Venir de toutes partz en ceste noble ville,
Et, non contens, s'en vont a la Bouille et mainctz lieux
Fripper lettres royaulx, trompans jeunes et vieulx,
Butinans finement soit teston ou monnoie
Que le pauvre plaideur a son conseil envoie,
Puis le plus fin d'entre eulx luy va dire a l'ecart
Qu'il gouverne Messieurs, au moins la plus grand part,
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1573 , samedi 10 janvier. Rouen
Autorisation de la chevauchée des Conards
Sur la r equeste presentee a la Court par l'abbé des
Conardz et s es suppostz , tendant a fin qu'il leur soit permis
durant ces prochains jours gras , user de leur faceties et
joyeusetez acoustumees , et que defenses soient faictes a
toutes personnes autres que de leur societé et adveu , porter
masques par la ville durant lesd. jours gras,
Veu par la Court lad. requeste, conclusion et
consentement du procureur general du Roy,
Ladicte Court ayant esgard a lad. requeste et pour
aucunes causes et consederations a ce la mouvant, a permis
et permet ausd. abbé et ses suppostz faire leurs chevauchees ,
mascarades et jeux acoustumez sans scandale et sans offenser
le public directement ou indirectement, a la charge de se
retirer a dix heures de soir chacun en sa maison sur les
peines au cas appartenans, et a lad. Court faict et faict
expresses inhibitions et defenses a toutes personnes de
quelque estat , qualité ou condition qu'elles soient autres
que de la societé desd. abbé Conard, suppostz et advouez par
iceluy abbé , de se ingerer aucunement de porter masques,
faire sonner phiffres ne tabours durant les jours que lesd.
abbé e t ses suppostz ont acoustumé user de leursd. faceties
et joyeusetez , e t du jour de la publication de ce present
arrest , sans l'expresse permission , congé et licence dud.
abbé , sur les peines contenues es arrestz sur ce donnez et
autres peines et amendes arbitraires et sera ce present
arrest publié a son de trompe et cry public afin qu'il soit
notoire a tous et que aucune personne nlen pretende cause
d'ignorance.
A. * Ar c h . dép. , Seine-Maritime. Registres du Parlement,
1 BP 9295 , Registre d'arrêts , Il septembre 1572-31 janvier
1573.
92
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1579, samedi 21 mars . Rouen
L'association Nostre Dame de Bonnes Nouvelles
Sur la requeste presentee par les maistres et
freres de l'association Nostre Dame de Bonnes Nouvelles
demandant ung enfant de coeur pour representer ung ange et
chanter ave maria mercredy prochain en l'eglise du lieu de
Bonnes Nouvelles aprez en avoir conferé au maistre desd.
enfantz de coeur, a esté conclud que lad. requeste ne
leur pourroit estre accordee. (1)
A. *Arch. dép., Seine-Maritime. Plumitif du c h apitre,
G 2173 , fol. 29vo.
========
1. Le mercredi suivant , 25 mars, était donc le jour où
se fêtait l'Annonciation à la Vierge Marie. L'association
Notre Dame de Bonnes Nouvelles est le nom officiel de la
confrérie des Conards. :
93
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1 586 , samedi 15 janvier. Rouen
Autorisati o n d e la chevauchée des Conards.
Sur la' r eque s t e pre s ent e e par 11 abbé de s Conardz et
ses s u p postz , tendant a fin qu' il l eur soi t permis , durant ces
prochains jours gras user de l eur facet i es et joyeusetez
accoustume z , et que defenses soient faictes a toutes personne s ,
autres que d e l eur societé et adveu , porter masques par l a
ville durant lesd. jours gras
Veu par la Court lad. requeste , autre requeste
presentee au sieur de Carouges , l 'un d e s lieutenans pour le
Royen ce pais de Normandie , le huictiesme d e ce mois d e jan­
vier, conclusion et consentement du procureur general dud.
seigneur , tout consideré ,
Ladicte Court , a yant esgard a lad. requeste et
pour aulcune s causes a c e l a mouvans, a permis et permet
ausd. abbé et ses s u p p ostz fair e leurs chevaulchees ,
mascarade s et jeux accous tumez , s a n s scandalle et sans
offense r le publ ic d i r ect ement ou indirectement , a la charge
d e se retirer a d i x heur e s de s o i r chacun en sa maison sur
les peine s a u cas a p partenans, et a icelle faict e t faict
i n h i bit i ons et de f ense s a t outes personnes de quelque
quali t é ou condi t ion qulilz s oient, autres que de la societé
d e sd. abbé Conard , s u p postz et advouez par icelluy abbé , de
se ingerer aulcunement de porter masques , faire sonner
phiffre s n e tabours durant les jours que lesd. abbé e t ses
s u p postz ont accoustumé use r d e l eursd. faceties et
j oyeusetez , d u jour d e la publ icat ion de c e present arrest ,
s a ns l' e xpr e s congé et licence dud. abbé , sur l es peines et
amende s arbitraires ; et s era c e present arrest leu et publié
a son de trompe et cry public afin qu'il soyt notoire a tous
e t que aulcune personne n' en pretende cause d'ignorance.
A. * Ar c h . dép. , Seine- Mariti me . Registres du Parlement ,
1 BP 9 355 , Registre d'arrêts , 2 dècembre 1585-2 8 février
1586 .
95
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1586 , lundi 12 décembre. Rouen
L'abbé donne l'autorisation d'imprimer les Triomphes
des Conards.
Extraict du Privilege de l'Abbé
Il est permis à Ni c o l a s Dugord et Loys Petit, libraires,
d'imprimer ou de faire imprimer les Triomphes de l'abbaye
des Conards , tant ce qui s'est passé jusques à aujourd'huy ,
que de ce qui se passera en l'abbaye, jusques à six ans
finis et accomplis, sans que durant ce temps, il soit permis
à aucun autre , de quelque qualité ou condition qu'il soit ,
imprimer ou faire imprimer , vendre ne distribuer aucun desdits
livres, sur peine de cent marcs de Brelingues de sept sols,
comme il est plus à plain contenu en nostre privilege pour
ce donné à l'Escu de France , au marché aux veaux, le 12 de
décembre 1586.
Ainsi signé: ne courez plus le trot,
Beuvez tout beau , et attendez Fagot.
a. * Le s triomphes de l'abbaye des Conards, Rouen, 1587.
( Bi bliot h è que national e , Z Res 4371)
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1588, lundi 12 février.
Rouen
99
La chevauchée du Père de Sobriété est autorisée
Sur la requeste presentee par le Pere de Sobrieté
et ses suppostz tendant a fin qu'il leur soit permis durant
ses prochains jours gras user de leurs faceties et joieuset ez
accoustumez, et que defenses soient faictes a toutes
personnes autres que de leurs societé et adveu porter
masques par la ville durant lesd. jours gras, et a tous
imprimeurs et autres de imprimer aulcuns dictons et a toutes
personnes d'en porter sans le congé et licence dud. Pere de
Sobrieté et de ses suppostz sur les peynnes au cas apparte­
nans.
Veu par la Court lad. requeste, autre· requeste
presentee au sieur de Carrouges, l'un des lieutenans pour
le Royen ce pays de Normandie, le xje de ce moys, conclu­
sion ' e t .c o n s e n t e me nt du procureur general dud. seigneur;
tout considéré ,
Ladicte Court , ayant esgard a lad. requeste et
pour aucunes cause s a ce la mouvans, a permis et permet
ausd. Pere de Sobrieté et sesd. suppostz faire leurs che­
vaulchees , mascarades et jeuz acoustumez sans scandalle et
sans offenser le public directement ou indirectement a la
charge de se retirer a dix heures de soir chacun en sa
maison , sur les p e ynes au cas appartenans ; et a icelle
faict et faict inhibitions et defenses a toutes personnes
de quelque quali té ou condition qu'ilz soient, autres que
d e la soci e t é dud. Pere , suppostz et advouez , de se ingerer
aulcunement d e porter masques , faire sonner phiffres ne
tabours durant les jours que led. Pere et sesd. suppostz
ont acoustumé user de leursd. faceties et joieusetez
acoustumez du jour de la publication de ce present arrest
sans l'expres congé et licence dud. Pere et sesd. suppostz,
sur les peynes contenues es arrestz sur ce donnez et autres
peynes et amendes arbitraires , et a tous imprimeurs et
de imprimer aulcuns dictums et a toutes personnes d'en
porter sans les avoir communiquez aud. Pere et suppostz ,
sur semblables peynes que dessus ; et sera ce present arrest
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leu et publié a son de trompe et cry public a fin qu'il
soit notoire a tous et que aulcun n'en pretende cause
d 'ignorance.
!. * Ar c h . dép. , Seine-Maritime. Registres du Pa r l e me nt ,
1 BP 93 6 6 , 1 e r decembre - 23 février 1588.
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1588, dimanche gras 18 février. Rouen
La chevauchée des Conards
La bande des Conards qui par deux années avoit
101
discontinué de faire selon sa coutume, recommença en cette
année 1588, avec autant de pompes que jamais on avoit vu ;
toutesfois, les mots desquels lesdicts Conards usoient dans
la circonstance, et les ceremonies touchant les honneurs de
l'eglise, furent retranchés par MM. od e la Cour, de sorte
qu'ils n'userent plus de ce mot Abbé au lieu duquel ils
prirent celui de Pere de Sobrieté ; au lieu de ce mot
d'abbaye, ils userent de ce mot la Maison item du mot
de Cardinaux, ils userent : Peres du Conseil et de suppostz.
Item ils ne porterent plus de mittre comme auparavant, ils
ne firent plus de benedictions de la main; ils s'en abstin­
drent et d'autres choses par l'arrest de la Cour. Lesdits
Conards firent leur chevauchee par plusieurs fois parmi la
ville au precedent le dimanche gras, et le dimanche gras
firent la grande chevauchee en cette maniere et ordre qu'il
ensuit (1)
Premierement marchoient les tambours de la Maison
de Sobrieté, en grand nombre, vestus de frize (a) rouge
et perse, selon la livree de la Maison; apres eux marchoient
le (b) porte rebus et le guidon de la Maison, vestus d'habits
moitié rouges et moitié verts (c).
Item marchoient apres les huissiers tant jeunes
que vieils de ladite Maison, revestus des mêmes habits que
que le porte guidon (d).
Item apres eux marchoient les autres officiers de
la Maison selon leurs grades et qualités vestus d'habits
fort riches et somptueux.
Item apres tous les officiers etoit tiré un chariot
par plusieurs chevaux, dans lequel etoient, sur le devant,
plusieurs personnes vestues d'habits noirs portant le
babouin (é) en la tête, pleurant sur un fagot, et par là
donnoient a connoître au peuple le deuil qu'ils faisoient
de leur bon abbé Fagot Loiselleur (f), qui auparavant que
les Conards fussent relevés etoit trespassé ; en ce chariot
et sur les têtes des babouins (e) etoient pendues plusieurs
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cages sans oiseaux , montrant par là qu'il n'y avoit plus
d'oiseleurs pour nourrir les oiseaux; et en la seconde
partie dudit chariot etoient quatre personnes revestues
102
d'habits fort riches au dessus des quelles estoit pendu un
bâton en forme de sceptre auquel etoient attachees quatre
chaines qu'un chacun des quatre tiroient a eux pour montrer
la contrarieté , la convoitise et l'ambition (g) de plusieurs
qui veulent parvenir au sceptre (non seulement Conards).
Ledit chariot etoit suivi d'un autre chariot dans lequel
etoit la musique instrumentale de la conarde maison. Lesdits
chariots etoient suivis de plusieurs bandes (h) desquelles
etoit la bande des Conseillers vestus de longues robes de
velours bleu (i) celeste et rouge (j). Item la bande des
Bourgeois vestus de fort belle toile blanche et bien fine,
la tocque de velours orangé en la tête tenant le bâton (k)
en la main. Item la bande des Enfants fourrés de Malice (1)
ayant la tocque de satin blanc en la tête, le court manteau
de taffetas blanc fourré d'hermines (m) sur lesquelles
etoient semees des testes de femmes, de singes, de renards,
de loups engregiés ( n ) de même matière, et la bas d'estame
blanc ; item la bande des Restaurateurs vestus de longues
robbes de taffetas rouge. Item la bande des Oysons bridés
a yant la longue robe de taffetas verdoyant, et sur la tête
une forme d'oyson qui avoit une bride au bec. Item la bande
des Vieux Fols ( 0) raffolés vestus en habits de Pantalon
avec la marotte en la main. Item la bande des Cuisiniers
du roy Soulbrin ( p ) vestus en bel equipage ; item la bande
des Fols en nage , portant une navire (q) sur la teste. Item
la bande des Batteurs en grange vestus en la forme villa­
geoise de creseau blanc (r) tenant le fleau en la main et
le van sur l'epaule. Item la bande des Verds Faucheurs
ayant la casaque volante verte, sur laquelle etoit peinte
la faux, la fourche et autres ustensiles de faucheries (s),
et tenant la faux en la main. Plusieurs autres bandes
suivoient au nombre de seize a dix huit, lesquelles firent
la tournee, comme c'est la coutume, par toute la ville (t).
A. Manuscrit non retrouvé (2).
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1598, mardi 24 janvier. Rouen
La crosse des Conards.
108
Sur la requeste presentee par Christophe Ludot ,
bourgeois de Rouen, tendant pour les causes et considera­
tions y contenues a ce que inhibitions et defenses soient
faictes (a) aux Conardz de ceste ville de Rouen et leurs
adherentz d'aller ou envoyer en la maison dud. Ludot,
le mollester ny travailler en sa personne ny mesme aucun
de ses domestiques en quelque manière que ce soit sur les
peines au cas appartenans ;
Vue par la Court lad. requeste avec les pieces
joinctes a icelle et conclusion du procureur general du
Roy, et oy le rapport du conseiller commissaire,
La Court, en aiant esgard a lad. requeste et
conclusion dud. procureur general du Roy, a faict et
faict inhibitions et deffenses ausd. Conardz de molester
ny travailler led. Ludot, ses domestiques et autre bour­
geois de lad. ville de Rouen, ains eux comporter modeste­
ment et sans scandalle , suivant les arrestz d'icelle sur
les peynes y contenues.
A. * Ar c h . dép., Seine-Maritime. Registres du Parlement,
1 BP 9400 , Registre d'arrêts, 17 décembre 1597 - 28 fé ­
vrier 1598.
=======
été
a. Nous avons restitué faictes qui avait bmis par le copiste.
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1609 , jeudi 3 février.
Autorisation de la chevauchée des Conards.
110
Rouen
Sur la requeste presentee par les suppostz de la maison
Conarde tendant a ce. qu'il leur soit permis durant les
prochains jours gras user de leurs faceties et joyeusetez
accoustumees, et que deffenses soient faictes a toutes
personnes autres que de leur maison et par leur adveu
de porter masques par la ville durant lesd. jours gras
Veu par la Court lad. requeste, arrestz d'icelle
des vingt quatre janvier mil cinq cens quatre vingt seize
et vingtieme decembre mil V C iiijXX xvii (1), conclusion du
procureur general du Roy, tout consideré,
Lad. Court , du consentement dud. procureur
general, et pour certaines causes et considerations a
ce la mouvantz , a permis et permet ausd. suppostz faire
leur chevauchees et jeux ordineres pendant les jours gras
prochains sans se servir, ny user d'aucun noms ou habitz
ecclesiasticques , et a la charge de se contenir sans scan­
dalle ny offenser le public ou particulier directement ou
indirectement", n y" mesme exiger aucune chose de quelque
personne que ce soit , sur les peines au cas apartenans
et autres charges contenues aux arrestz precedentz ; et
a faict et faict inhibitions et deffenses a toutes per­
sonnes , de quelques qualité et condition qu'ilz soient,
de s'ingerer aucunement de porter masques, faire sonner
phiffres ne tambours durant les jours que lesd. suppostz
ont accoustumé d'user de leursd. faceties et joyeusetez
du jour de la publication du present arrest sans leur con­
gé et l icence sur les peines contenues ausd. precedentz
arrestz et ordonne que le present arrest sera leu et pu­
blié a son de trompe et cry public afin que aucun n'en
pretende cause d'ignorance.
A. * Ar c h . dép. Seine-Maritime. Registres du Parlement,
1 BP 9471 , "Re g i s t r e d'arrêts.
=======
1 Arrêts non retrouvés. Le registre d'arrêts octobre à décembre
1597 s'arrête au 16 décembre.
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LES D E U X SOU PIE R S D E
M ON VI L L E
FAR C E
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Farce nouvelle a c inq personnages , c' est a scavoir.
des deulx soupiers d e Monville , la femme soupiere ,
l'huysier e t l'abé.
5
10
15
LE PREMIER SOUPIER commence
Je voys boyre a la compaignye,
puysque nous sommes asemblés.
LA SOUPIERE servant sur table
Compere , Dieu vous en benye !
LE DEUXIEME SOUPIER
Je voys boyre a la compaignye
Ainsy c'un homme qui se nye.
LA SOUPI ERE
Vo u s a vés les espris troublés ?
LE PREMIER SOUPIER
J e v oy boyre a la compaignye ,
puysqu e nous s ommes asemblés.
LE DEUXI EME SOU PI ER
Ap orte, h au ! Margot des Blés ,
d e la s o upe, va, s a n s qu'on tarde.
LA FEMME SOUPIERE
Et , voicy des gens e n de a blés .
Le f e u s ain c t Ant h oe i n e vous arde
LE PREMI ER SOUPIER
Que te fault il , faulse l ezarde ?
Apaiser te fault t es caqués.
Ap orte l ard, b euf et moutarde ,
biere et c ervoyse a plains baqués.
LA FEMME SOUPIERE
L' o n vous prepare des banqués
d'estrange mais.
EE DEUXIEME SOUPI ER
Et de quel sorte ?
113
371 v
== =====
Titre: deulx est rajouté dans l'interligne.
Moville 12 saine. Après avoir écrit tarde
le copiste a biffé le t initial et ajouté vous
dans l'interligne. 18 de bien estrange
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20
25
30
35
40
LA FEMME SOUPIERE
L'abé qui passe par la p o r t e
de son palays , l e voy tu pas ?
LE PREMIER SOUPIER
Jamais ne feray bon repas
tant que luy aye crié me rcy .
LE DEUXI EME SOUPIER
A d e u l x g e nou l x , pas a pres pas ,
jamais ne feray b o n repas .
LA FEMME SOUPIERE
Obel huissyer, b i e n m' y t r ompas
C'est tout par toy .
LE DEUXIEME SOUPIER
Il est a i nsy
jamais ne feray bon repas
tant que luy aye crié me rcy .
L 'HUISYER entre
Dont vient cela? Et, qu'esse cy ?
Voicy bien un peuple e nragé
LA FEMME SOUPIERE
Le voela baté et sanglé !
Prenés le g a l a nt, mes amys ,
car c' est celuy qui nous a mys
e n tel e r r e u r que vous voyés .
L'HUISIER
Vous este s bien g ens desvoyés
de me i mp r o p e r e r telle injure .
LA FEMME SOUPIERE
Le veulx tu renyer , parjure?
Par Dieu , tu nous y a induictz .
LE PREMIER SOUPIER
Bel huisyer, y n 'y a p oinc t d' h uy s
pour sortir hors d e ceste place.
LE DEUXIEME SOUPIER
y te convyent demande r grace ,
et nous ausy ; ma i s ofencé
t u as ainsy c 'un i nsencé
d' a voi r prins a l ' a bé debat .
114
372
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45
50
55
60
65
70
LA FEMME SOUPIERE
Huisier, on te guete au rabat
d'avoir esmouvé telle noyse.
L'UISIER
S'a esté donq vostre cervoise
qui m'a faict les espris troubler.
LE PREMIER SOUPIER
Huisier, c'est a toy a trambler,
car de par toy tremble Monville.
LA FEMME SOUPIERE
Tu luy faictz ses maulx redoubler
huisier, c'est a toy a trembler.
LE DEUXIEME SOUPIER
Et, douleur sur douleur doubler,
ce n'est pas faict d'enfant de ville.
LA FEMME SOUPIERE
Huisier , c'est a toy a trembler,
car de par toy tremble Monville.
LE PREMIER SOUPIER
Blamer , esse chosse siville,
en desnigrand hommes et femmes,
et en semer plusieurs difames
par epistres et par adieux.
LE DEUXIEME SOUPIER
Cela a tous est odieux,
blamer aucuns qui sont sans vice ,
qui te vouldroyent faire service
en ce pays et en tous lieux.
LA FEMME SOUPIERE
Cela est a tous odieux,
blamer l'abé que voyés sy,
lequel nous veult prendre a mercy
es tu pas trop injurieulx ?
L'UISIER
Cela est a tous odieulx
abé, je vous en dis ma coupe,
et maudis l'heure que la soupe
de Monville je vis jamais.
=======
57 sy ville
115
372 v
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75
8 0
8 5
90
95
100
Ilz se metent a genoulx devant l'abé.
LE PREMIER SOUPIER
Abé , qui tous les cas remés ,
c e jour , en ta nouvelle anée ,
v e r s toy l'ofence perpetree
nous soyt pardonnee et remyse ,
et que Monville soyt submyse
au pouvoir de ta digne croche,
la gardant d'injure et reproche ,
ainsy que tes petis amys.
L'abé dira ces mos faisant la benedition.
L'ABE
Ton cas est se jour d'uy remys.
LE DEUXIEME SOUPIER
Abé , bon pere et reverent ,
sy j'ey esté inreverent
v e r s vous , prenés moy a mercy ;
j'en a y l e coeur de deuil noircy
d'avoir t o u c h é la majesté
e t mes godés ainsy gecté
a pres vostre predecesseur
dont a present faictes moy seur
des c a s que j'ey vers luy commys.
L'ABE
Ton cas t'est ce jour d'uy remys.
LA FEMME SOUPIERE
Abé, ne me v e u i lés desdire ,
sy contre vous fus plaine d'yre
quant a Monville, en pasant temps ,
vintes pour voir les asistens :
t o u s mes biens qu'avois amasés,
et pos et plas, furent casés
sans avoir nulle recompence.
Mais toutes foys , quant bien gly pence
a vostre pouvoir , je fremys.
L'ABE
Ton cas t'est ce jour d'uy remys.
116
== =====
95 les asistens remplace les passe temps biffé.
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105
110
115
120
125
L'UISIER
Abé nouveau, nouveau recours ;
humblement devers toy recours
a deulx genoulx, non pas deboult,
sachant que pardonnes par toult.
Pardonne moy mes lours exces
dont en commun verbal proces
je suys agité en tous lieux,
tant a raison des faulx adieux,
des faulx blasons, faulces espitres,
dont femmes tiennent leurs chapitres,
et tant d'aultres males façons
dont plusieurs monstrent les leçons,
en sorte que, pour faire court,
je n'ose sortir de la court,
suplyant amendrir l'amende
pourveu que de bref je m'amende,
ainsy qu'a tous je l'ay promys.
L'ABE
Ton cas t'est se jour d'uy remys.
L'UISIER
Graces vous rens, abé notable.
LE PREMIER SOUPIER
Retournons donc a nostre table,
car y nous fault vyder nos pos.
Chantons sans avoir nul repos .
S us, abé, ore començon
de dire tost une chanson.
= == ====
124 or
Finis
Finis. cent xxvij lignes.
373
117
Université Rennes 2 - SCD - 2009

LES
FAR C E
PAU V RES DIA BLE S
118
Université Rennes 2 - SCD - 2009

119
Les pauvres diables est la 16e farce du recueil
La Vallière (fol. 68 vO-74 va). Elle a été publiée en
1837 dans le t. l (no15) du Recueil de farces de Le Roux
de Lincy et F. Michel.
Cette farce offre une parenté remarquable de
dessein et de propos avec La Réformeresse, autre pièce
du même recueil qui n'est séparée des Pauvres diables que
par un "moral". Toutes les deux sont fondées sur une revue
des "états" de la société. E. Picot les date des années
1540, je montrerai que c'est à peu près la date qui me
paraît convenir. On s'attendrait donc que le personnage
ainsi nommé, devant qui comparaissent les divers person­
nages interpellés, ait quelque lien avec la Réforme. Il
n'en est apparemment rien. La Réformeresse est celle qui
corrige, qui rectifie et améliore les gens qu'on lui amène.
E. Picot voulait que les deux pièces aient même auteur.
Leur parenté même me semble plaider en faveur d'une hypo­
thèse inverse. Une pièce qui a du succès suscite vite des
imitateurs.
Devant la Réformeresse comparaissent successive­
ment un prêtre, un avocat, une fille "esgarée" (c'est-à-dire
une prostituée), un amoureux vérolé et un moine. Chaque
comparution est l'occasion de faire le procès des abus et
des manquements qui se produisent dans une couche sociale.
La satire reste cependant toujours souriante et ne vise pas
à s'aliénier les corps sociaux mis en cause. Le problème de
la Réformeresse est de faire rentrer dans sa caisse les "dé­
cimes et les rentes" qui lui permettront de nourrir sa
famille et d'entretenir ses chevaux et son chariot. Ce sont
typiquement les préoccupations du trésorier des Conards
avant la chevauchée. Et la fin de la pièce s'adresse direc­
tement aux Conards :
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du début d'un libelle de la querelle de Marot-Sagon, paru
pour attaquer l'abbé des Conards de Rouen qui avait voulu
121
faire la paix entre les deux adversaires en publiant l'Appo­
logie faicte par le grant abbé des Conards sur les invectives
Sagon, Marot.... La réplique s'intitulait: Responce a
l'abbé des conars de Rouen, et était parue chez Jehan
Morin à Paris, en 1537. Voici le début de cet opuscule
"Ha, ha, vrayment, c'est bien corné
J'en ay le nez tout escorné
De cest Abbé de Conardie,
Qui a tant la corne harcie,
5 De la lancer en descornant
Dessus Marot, trop mieulx cornant
Va, va, Abbé de Conardiere,
Avec ta ryme Regnardiere,
Et ton cueur plus encor regnard
la Rimer sur quelque tien Conard
Sans corner sur le grand Corneur
Car tu n'euz onc loz encor, ne eur,
Par corner si bien comme il corne.
Garde toy que dessus ta corne
15 Il ne souffle ung ton de son cors,
Estonant ta corne et ton corps.
Abbé Conard, escorniflé,
Abbé Regnard et reniflé,
Penses tu avoir ton Cornet
20 Si digne et comme son cors net
Qui si bien corne et cornera
Que possible ung tel cors n'aura
Jamais la France tant aornée ?"
J'ai conservé la répartition des majuscules dans l'original.
On observe donc ici encore la juxtaposition du renard et des
Conards. Mais l'hésitation n'a plus lieu, l'auteur semble
bien jouer sur le n om de l'abbé des Conards (v.8 et v. 18).
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122
En ce cas il serait possible de dater Les pauvres diables
et Le Cousturier et son Varlet, soit de 1537, soit d'une
année voisine. Il ne semble pas en effet que l'abbé ne soit
élu que pour une année: on le voit par Guillaume Lejeune
qui apparaît sous son seul prénom dans les actes prépara­
toires à la chevauchée de 1541 publiés dans Les triomphes,
et que l'on retrouve intervenant ès qualités le 27 mar3
15A2 pour l'élargissement des Conards emprisonnés. Les
pauvres diables seraient ainsi antérieurs à 1540 à coup
sûr.
Note
Ian Maxwell, dans son excellent ouvrage, French farce and
John Heywood ( Melbourne - London, 1946) propose de dater
Les pauvres diables de 1520 (p.145-155). Son argumentation
bien étayée n'emporte cependant pas la conviction.
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5
10
15
20
25
Farce nouvelle a sept personnages ,
123
68 VO
c'est a savoir la Reformeresse , l e Sergent ,
l e Prebstre , l e Praticien , la Fille desbauchee ,
l' Amant verolé et le Mo ynne la Reformeresse
commence ; e t se nomme
LA FARCE DES POVRES DEABLES .
LA REFORMERESSE commence
A bien parlat bien besongnat ,
dict l'auvergnat Jehan de Souesons.
En ce lieu veulx monstrer mon ard ,
dire ma harengue et raisons.
De faire c ent comparaisons
et des a utr e s serimonyes ,
j' en l aise a ma seur Symonye
a son de g r é d' en usurper.
Mais moy je me veux acointer
selo n ma reigle et mon compas
a reformer gens, et non pas
les b i ens viva n s ( e n leur estas
je n 'y t ouc he), mais un grand tas
de razés , t o n dus et barbus :
je veux qu' i me facent tribus.
Car congneu que s ur t o u s on prend
et inventio n o n apr end
d e ronger, mordre , d'afiner ,
e nfo ndrer , abas tre et myner
et du t o ut bouter e n ruyne ,
pour nourir ma mere Propine ,
ausy ma seur et ma cousine ,
e t moy donc , qui suys Proserpine ,
nourisse du grant Astarot.
Mes chevaulx et mon chariot
ne seront poinct entretenus ?
1 Nous avons repris en tête de cette réplique la rubrique
qui se t rouve lOn s e' r é e dans les éléments de titre.
6 serimonye
13 touch
69
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30
35
40
45
50
55
Je veulx , moy , qu'i ne passe nus
de ceulx qui me doyvent hommage
qui ne m'aportent mon havage.
Ou es tu , Proserpin , mon sergent ?
As tu pas esté diligent
fair e ce jour d'uy mes contrainctes
pour avoir des decimes mainctes ,
mais rentes , mes droictz, mes aveux
des grans et des petis reveux ?
As tu faict tes sommations ?
LE SERGENT
J' en a y bien cent relations
et autant de prinses de corps.
Tené s , voués en cy les recors ,
faict es en ce qu'il vous plaira
s'on veu l t, on les apelera.
Je les a y ajournés a ban ,
l e s mal espargneurs de Rouen.
FolIés mal comp l e t i o nn és,
je vous s ommes que vo u s v e n é s
apo r t e r a l'eure presente
vostre decime et vost re rente
a Proserpine l a desse
d' En f e r , d' Astarot la metresse.
Elle tient aujourduy ses jours haulx
comparés y sans nus defaulx ,
sur paine d' e s t r e e n forfaicture.
LE PREBSTRE
Je me veulx mectre a l'avanture
d' e s v i t er l'inconvenient.
Helas , j'ay e s t é sy nient
que j e n'ay disme ne campart
pour luy aporter pour sa part
du droict qu' el dict sur nous a voir.
Puys donc qu'el nous faict asavoir
60 que s e jour d'uy el nous reforme ,
47 vostre disme
j'ey bien craincte qu'el ne m'asomme.
124
69 VO
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65
70
75
80
85
73 hault a ine
Chascun y p l a ide r a sa caus e .
Je m'yen voys , sans faire p a u s e.
Le premyer seray eschauldé .
Monssieur , vous nous avés mandé ,
sommé , et par vous faict les cris
que nous aportons les escrips ,
comptes, q uict ance s et de schar g e s
de ce que nou s avons l es char g e s .
Mais je n e m'os e pre s enter
car je n'ay d e quoy contempt er
vous ne la metress e h a u l t a i n e.
LE SERGENT
Mon amy, elle est sy s o u da i ne,
sy colere , que c'est pit yé.
Sans le tiers ou sans l a moytié ,
el sera de vous mal contente .
Ma dame , vouecy qui se presente ,
craintif , honteux et ma l en ordre .
Et pourquoy ?
LA REFORMERESSE
LE SERGENT
Il y a desordre
a luy en venant ad ordos.
Quel e s t a t ?
LA REFORMERESSE
LE SERGENT
Povre sacerdos ,
povre prebstre peu prebendé ,
de ver t u assés mal bendé .
y vous requiert , dame honorable ,
congneu qu'il est un povre d e a b l e ,
que luy donnés encor un terme .
LA REFORMERESSE
Leve la ma i n et parle ferme .
Jure dir a s tu verité ?
LE PREBSTRE
Et ouy , par ma virginité.
70
125
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90
9 5
100
10 5
110
115
98 a putroque
109 na que
115 casser
LE SERGENT
Sans faire sy haultain serment,
demandés luy par exament
s ' i l a poinct crainct sa consience
d'aler plusieurs foys au dimence
a Sainct Mor ou a Bausecours
Chanter , puys revenir -Le cours ,
le hault trot , a Bonne Nouvelle
pour dire messe solennelle ,
prenant argent ab utroque.
LA REFORMERESSE
Jure moy , as tu pratiqué
deulx paymens pour une journee ?
LE PREBSTRE
Et ouy bien , pour une journee
y n'est despesche qu'au matin.
LE SERGENT
y n ' e s t de spesche qu'au matin!
Ma dam e , y l e s t bon deablotin.
LA REFORMER ESSE
De ablotin ? mais deable parfaict
Et de c e gaing qu' en as tu faict ?
Sa , ma droicture pour l'usurfruict.
LE SERGENT
Qu'il en a faict ? il a tout frist !
Vous voyés qu' i n'a plus que frire.
LE PREBSTRE
Je penseray myeul x me conduyre ,
se Di eu plais t , ma dame, messouen.
LA REFORMERESSE
Et quoy ! les prebstres de Rouen
font y e uvr e s s y e x e c r a b l e s ?
LE SERGENT
Il Y a de bons povres deables
cestuy cy ne fault tracasser.
Plaise vous le laisser passer
verité dict , s'on luy demande.
126
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215
220
225
230
235
240
229 bougois
LA FILLE
Ma foy , je le vous diray bien.
Ma dame , y n'y a guere rue
ou y n'y ayt des seurs segretes.
Cela retarde que nos debtes
ne sont bien payés en temps du.
Et comment ?
LA REFORMERESSE
N'a y pas esté deffendu,
et par l'estatu de justice,
que chascun endroict soy sortisse
et se retire au grand convent ?
LA FILLE
Les commandeurs le plus souvent
eux mesmes les vont visiter,
recouvrir et soliciter :
voyela de qooy je me mutine.
LE SERGENT
Je tIen croy , povre deablotine.
Ma fo y , tu as bon coeur , 0, va !
Jamais la pye qui te couva
ne fut brullee de feu gregoys.
LA FILLE
Les moynes et filz de bourgoys,
l es sergens et gens de justice
les vont v o ue r jusque a leur boutique
au s o uer e t faire leur tripot.
LE SERGENT
Il y vont a muche ten pot
d e peur qu'i n'y ayt trop grand presse.
Et passe, passe ! povre deablesse ,
va t'en avec les deabloteaux.
L'AMOUREUX VEROLLE entre
En quelques paines et travaulx
que j'aille, presenter me fault.
Avés vous tous ratiffyé ?
Prest je suys et ediffyé,
73
130
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245
2 50
2 55
260
2 65
sans soubt , sans targe et sans escu ,
quoy que n'ey l e tiers d'un e s c u,
d e me vo ul o i r e x a myner .
LE SERGENT
Vo us n e povés plus chemyner
sans avoir le baston au poing.
LE VEROLE
Ausy en a y ge, seigneur, besoing.
LA REFORMERESSE
Quel estat est l e malureux
qui a s e mal entre deulx y e ux,
qui faict tant de gemissemens ?
LE VEROLE
So ndeu r suys de bas instrumens ,
en amours vray chevalereux.
LE SERGENT
Yl est du mestier d'amoureux
je l 'entens san s c'un seul mot tousse.
LA REFORMERESSE
Je n' a y p a s a ssés grande bourse
pour la de c i me e n recepvoir.
LE VEROL E
Le deable y p u i sse part a voir
a la de s ime e t a la disme !
Je n'y ay gaigné que l a rime ,
la tous, les g oustes nompareill es ,
et assourdy de s deulx horeilles ,
la verolle, le mal d e s yeulx,
et la pelade , qui n e vault myeulx
j'ey tout l e corps ulceryé.
LE SERGENT
Sy t u .t e fuss e maryé ,
tu n'usses pas s y b ien comprins
LE VEROL E
J e vo u s l e s quictes pour le pris.
Maudictz souent les troux dangereux
242 que l e tiers du nes cu
255 pour la disme
257 a la desme
131
73 V O
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L A FAR C E DES V EAU X
JOUEE PAR LES CONARS EN 1550 POUR L'ENTREE DU ROI
135
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"Conars, ayés a subvenir
a l'abbé e t ses conardeaux
payés la disme de voz veaux .
Si n ' e s t e s de payer dispos
vous serés certes contra nos."
(v. 248-252)
C'est déjà une indic a t i on: on ne sait guère quelle était
137
l 'activité de s Conards en 1485 : existaient-ils seulement?
C'est probable , sous le nom de confrérie des Coqueluchers
mais on ne con n a î t rien sur eux .
Une indicati on plus solide nous est fournie par
l a sat i r e des Parisiens :
"Les veaux des bada ux de Paris
qui baillent leurs femmes et cons
a garder aux soulda r s gascons,
lorsque sans c a use n e raisons
habandonnerent l e u r s maisons
pour la peur, de cen t l ieues loing. "
(v. 57-62)
Or il Y eut dans l'histoire de Pa r i s une panique célèbre.
C'était en 1544. Les troupes de Charles-Quint arrivèrent
tout près de Paris : elles étaient à Me a ux et à Lagny. Affo­
lés les Parisi en s c omme n c è r e n t à s'enfuir. Charles-Quint
n e s ' avança pas davanta g e et signa la paix le 18 septembre.
On a beaucoup e t longtemps parlé de cette panique. Noël Du
Fai l l'évoque dans ses Contes et discours d'Eutrapel :
" non pas comme toy, qui vendis dés Palaiseau
t0n braquemard , revenant de Pa r i s , lorsque la
peur s'y vint loger, à l'enseigne de l'armee de
Charles le quint".
(Oeuvres facétieuses, éd . Assézat, II,p.203 )
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138
L ' h i storien lyonnais, Claude de Rub i s , en parle encore il
raconte comment l e Baron de Poulliville ravage le pays
autour de Ly on :
"Or la nouvelle arrivant à Lyon de ceste armée
qu'ils voyoyent se venir descharger sur eux,
estonna tellement ceux de Lyon, que pour en dire
la vérité, et ne point desguiser le faict, (car
j 'en peux parler comme celuy qui lors estois sur
le l i e u , ayant ma bonne part de la peur), les
Parisien s ne furent point plus effrayez et es­
perdus, l o r s qu e l 'empereur vint à Chasteau
Thierry e n l 'an 154 4 que furent à ce coup les
Lyonnois"
(Histoire vérita b l e de la ville de Ly on,
Lyon, 1604, liv r e troisième, ch. 54, p.381 )
Le s faits rapportés remontent à 1 55 7 , on voit qu'il n'y a
rien d'étonnant que l e s Rouennais se gaussent en 1550 de
leurs compatriotes parisiens pou r la peur qu'ils eurent
s ix années plus t ôt .
Enfin, la date n ou s est confirmée par les moque­
ries adressées à la basoche :
"Les veaulx du rege nt du Palais
lesquelz on t e s t é sy dyos
de paindre douze chario s ,
pensant a l' entre e estre veus
mais il estoyent sy despourveus
d'argent que tous leurs beaux pourtrais
ne servent plus qu'a leurs retrais,
qui est une grosse reproche
a se regent de la basoche."
(v. 101-109)
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On trouvera aux dates du 17 et du 19 juillet 1550 dans
139
notre dossier, la relation des péripéties de cette affaire.
Les basochiens voulaient participer au cortège de l'entrée,
ils n'en eurent pas l'autorisation pour des raisons que nous
ignorons. En tous cas, il ne fait aucun doute que la farce
fut bien composée pour l'entrée du roi Henri II en 1550.
Au reste, il avait demandé que les Conanjsrecommencent
spécialement pour lui en ce début d'octobre leur chevau­
chée des jours gras. C'est donc dans ce contexte que fut
écrite la farce des Veaux.
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LA FARCE DES VEAULX
179
jouee devant le Royen son entree a Rouen .
que
qui
No u s
5 quoy
10
15
dont
LE RECEPVEUR commence :
Mo n s s i e ur, je me viens prendre a vous
les veaux ont mengé les loups ,
est pour l'abbé un grand sisme.
n'avons aucuns veaux de disme,
que tout estas nous en doybvent ,
l'abbé et convent reçoyvent
grand fain , grand perte et grand dommage.
L'abbé nlauroyt pas un fourmage,
pas cent escus prés a compter.
On lesse les veaulx tant teter
qu'i sont qua sy derny toreaulx ;
c' est pour ,quoy nous n'avons nus veaulx
a nostre abbaye excellente ,
et sy on nous en doibt de rente
p l us qul i n'est de vaches au monde.
Me t é s y ordre , ou que tout fonde ;
j e suys povr e et l'abbé destruict.
L'OFICIAL
Promoteur, estes vous i n s t r u i c t
de la p l aincte du r ecepveur
20 de l aiser perdre sy grand f r u i c t
25
30
3 une grand
qui tant a nostre convent duict ?
Se seroyt nost r e deshonneur,
il luy f a ult bien porter f a v e u r
afin que nos veaulx souent dismés.
LE PROMOTEUR
Sus , recepveur , icy nommés
qui sont a l'abbé redevables
commencés aux plus honorables
et nlespargnés grans ne petis.
LE RECEPVEUR
Je feray a voz apetis ,
messieurs , c'est ce que je desire .
140
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35
40
45
50
Les veaux de disme de l'empire
du grand êonseil premierement.
LE PROMOTEUR
I l z sont grand nombre.
LE RECEPVEUR
L'OFICIAL
Ouy , veulent ilz contenir?
Qui les a gardés de venir
A, ouy , vrayment.
dismer leurs veaux ? scavoir le veux.
LE RECEPVEUR
C'est a raison de leurs beaux jeux
qu'ilz ont faictz au couronnement
de leur empereur sotement,
se cernant a leur honte et blasme
de la couronne Nostre Dame
a Ponthoisse ses jours passés.
LE PROMOTEUR
y nou s e s t du des veaux assés ,
pas n' e s t que quelc'un n'en aporte.
Hola , hau
LE BADIN
L'OFICIAL
On heurte a la porte
ouvré s , c' est quelque cas nouveau.
LE BADIN
Monsieur , j'aporte un gras veau
pour l 'emper e u r du grand conseil
e n pesanteur n'a son pareil
y m'a rompu tout l'estomac.
LE RECEPVEUR
Pour quoy l'as tu mys dens se sac?
LE BADIN
Craignant luy fere trop d'excés ,
car il est noury de procés
il m'eust bien peu menger ou mordre.
141
179 VO
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55
60
65
70
75
8 0
62 lieux
L'OFICIAL
L'abbé et moy y metrons ordre.
Recepveur , s uyvés vos escriptz .
LE RECEPVEUR
Les veaux des badaux de Paris
qui baillent leurs femmes et cons
a garder aux souldars gascons ,
lorsque sans cause ne raisons
habandonnerent leurs maisons
pour la peur de cent lieues loing.
LE MALOTIN
Ma foy , le voiecy a ce coing.
Voire , que dictes vous du veau?
Sa i n c t Anthoine ! yI a gros mureau.
y v a ult bien t r a s frans tras dourains.
Arés, il est b eau , mes courains.
Vous prendr é s e n gré , s y vous plaist.
L ' OFICIA L
Or a prés, voyons quel il e s t .
o ! q u 'il est f esu, gros et gras
LE MALOTIN
y m' a tant chié s u r les bras
c omme j e r evenoys de la foyre
et j'aliens a Sainc t Magloire.
Mais j e vo us jure par sainct Pierre ,
y m'a pens é r uer par terre ;
voyés comme j e s uys breneux.
LE BAD I N
Se nom demourera pour eux :
f oureux e t badaulx tout ensemble.
L 'OFICIAL
Aprés, que l e reste on asemble ,
e t l es apelés en briefz mos.
LE RECEPVEUR
Le gras veau du prince des sos ,
qui sa femme a bien acoustree
pour du Roy venir veoir l'entree ,
180
142
180 VO
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85
90
95
100
105
luy par terre et l'autre par eau.
Esse pas le faict d'un gros veau
pour un des subjectz de l'abé ?
LE PROMOTEUR
Y fault bien qu'i vienne a jubé
d'estre party sans c on g é prendre
du convent et a l'ab bé rendre
l'hommage tel qu 'i luy est deu .
L'OFICIAL
Despeschés, c'est trop atende u.
Ou est ce veau, qu'i s oyt d i sm é ?
LE MALOTIN
Monssieur, qu'i ne soyt p a s b l a s mé
le voisy dedens ceste hotte.
Il est
LE RECEPVEUR
Qui n'a poinct de cerveau en teste .
LE MALOTIN
Pourtant esse une grosse beste .
Le veau luy pouroyt resembler.
L'OFICIAL
Les aultres convient asembler
par devant nous apelés les.
LE RECEPVEUR
Les veaulx du regent du Palais
lesquelz ont esté sy dyos
de paindre douze charios,
pensant a l'entree estre veus
mais il estoyent sy despourveus
d'argent que tous leurs beaux pourtrais
ne servent plus qu'a leurs retrais ,
qui est une grosse reproche
a se regent de la basoche .
86 labbe remplace la ville q u i a été rayée .
99 courent asembler
143
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110
115
120
125
130
1 3 5
11 9 clache
LE BADIN
Voiecy le plus gros veau d u monde .
Dismé est pour une douzaine
de l'engresser on a prins paine
du labeur de s soliciteurs.
LE RECEPVEUR
Les veaux de noz c o nars me s s i e u r s
de chapitre, qu' i l z s e comparent
et que la disme tost preparent
sans delay et sans i nter v a l le.
LE BADIN
En voiecy un en ceste malle ,
ou je l'ay par craincte c l anch é ,
craignant payer le pié fo urch é
comme on faict payer par la voye.
LE PROMOTEUR
Ouvre la malle qu'on le voye
s ' il e s t t e l qu'il est ordonné .
LE RECEPVEUR
y a i l long temps qu'il est né ?
Dy le nous.
LE BADIN
Il fust né ce a oust.
LE PROMOTEUR
Sa ng bieu, il a chié partout
et a gast é malle et habis .
LE RECEPVEUR
Et s es gros raminas grobis ,
quant pairont il le demourant ?
LE BADIN
Contentés vous pour maintenant ;
Les aultres s'engressent tousjours.
LE RECEPVEUR
Les veaux de s souveraines cours
et finances de l 'abbaye
qui trop ont rendue esb aye
nostre c onar de r epublique.
181
1 44
181 VO
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140
145
150
155
160
136 merite
LE PROMOTEUR
Y meritent bien qu'on les pique,
car il ont tres mal besongné
d'atendre que tout fut ruyné
pour garder l'honneur de leur prince.
En voecy un.
LE BADIN
LE RECEPVEUR
Dieu! qu'il est minse
pour donner en sy gros prelat !
LE BADIN
Qu'il a le ventre vide et plat
y n'est pas noury a derny.
LE PROMOTEUR
Chascun tire a soy, mon amy.
LE BADIN
Cela procede d'avarice
dont y sont de mere nourice
chascun le peult apercepvoir.
y ne font de disner debvoir
en tous lieux ny en toutes places.
LE RECEPVEUR
Chascun congnoist bien leurs falaces
par les chans, ausy par les voeys.
Les generaux veaulx des monnoyes
maintenant riches du billon.
LE BADIN
J'en ay un a mon corbillon
c'est un veau de l'an des merveilles.
LE RECEPVEUR
Et comment? y n'a poinct d'oreilles
en tel estat ne le veulx poinct. 182
LE BADIN
Iorigner l'ont faict a leur apoinct.
Tel qu'il est, y le vault mieux prendre.
LE PROMOTEUR
y n'en sont pas moingtz a reprendre
a la fin tout se congnoistra.
145
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165
170
175
180
185
LE RECEPVEUR
Aveq les aultres ne sera.
Metés lay hors de nostre compte.
C'est un veau dismé de grand honte ,
Tout escourté, ort, sale et ville.
Les veaux non dismés de la ville ... ?
LE PROMOTEUR
Reservés les jusques a cras.
L'OFICIAL
Je les remés a nos jours gras.
LE RECEPVEUR
Or sus, or sus! prenons courage.
Prenons les veaux de bailliage.
LE BADIN
Il en y a un sy grand nombre
tout par tout, qu'i nous font encombre.
Laisés les entrer en bonté.
LE RECEPVEUR
Aprés , les veaux de viconté
criant et bellant tous ensemble
sy fort qu'aux bonnes gens il semble
que leur cause doibt estre bonne.
L'OFICIAL
Laissés les la jusque a l'autonne,
et durant ceste mession
n'en faictes poinct de mention
car ilz sont trop mesgres et sés.
LE BADIN
On ne les a que par procés
c'est leur fason au temps qui court.
LE RECEPVEUR
La disme des veaulx de court
c'estimans savans sans scavoir.
LE BADIN
On n'en peult congnoisance avoir
pour ce qu'i contrefont les sages ,
146
182 VO
167R le scribe avait d'abord écrit le recepveur qu'il a rayé.
171 il y en ya
176 gens semble
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190
195
20 0
205
210
197 a nobtys
ma i s on voit bien a leurs visages
qu' i sont veaulx parfaictz de nature.
LE PROMOTEUR
Tenés , vo e c y pour leur droycture ;
contentés vous , c'est pour le myeux .
LE BADIN
Que ce beau veau est glorieux,
brave d'estomac et gentil!
Mais je croy qu'il est p e u subtil,
couard et foyble de courage .
LE RECEPVEUR
Les v e a u l x des gens de l abourage
anoblys par force d 1a r g e nt
pour leur possesion acroistre .
LE PROMOTEUR
y s o nt petis , laissons les croiestre
et alecter cheux le bouvier.
LE BADIN
On n e faict poinct d 'un esprevier
un busart e n ville ne champs.
Pou r suys.
L ' OFI CI AL
LE RECEPVEUR
Le s veaulx des marchans ,
lesquelz aym e nt mieux trop cher vendre
que b a i l l er a credict ne prendre
d e credict, car credict ne vault rien ,
sy l e comptant ; vous scavés b i e n
aucune foys le plus souvent
cela s 'en va avant le vent
et se font povres , somme toute.
LE BADIN
De leurs veaulx vous font b a nqu e route.
Cherchés voz dismes aultre part.
L10FICIAL
Au reste , a bregés , il est tard.
183
147
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215
220
225
23 0
235
240
LE RECEPVEUR
Les veaulx de ses maris coqus
qui soublz ombre de vieux escus
ont donné ou disné bague ,
e n d u r e nt detacher la brague
pour estre veaux coqus parfaictz.
LE PROMOTEUR
Ostés ses veaulx , y sont infaictz ,
car trop a de telz sur la terre
qu'ilz font l 'un contre l 'autre g u e r r e .
Leur punaisye infaicte l ' air
y ne valent pas en parler :
leurs veaulx desplaisent aux Conars.
LE RECEPVEUR
Les v e a ux des gros moynes soulars
qui contrefont des papelars
d e vant les gens, et en de r i e r e
i lz ont l a grosse chamberiere ,
l a quelle y senglent jour et nuict.
L 'O FICIAL
Apelés l e s , sans faire bruict
l ' abbé c est e chosse supporte.
LE BADIN
Tenés, monssieur , setuy j' a p o r t e
qui e n vault plus de dixseneuf
u n j o u r sera a usy gros beuf
que nostre a bbé, n'en faictes doubte.
LE PROMOTEUR
Pa s n'est besoing qu'on le reboutte
i l est de prinse et recepvable.
LE RECEPVEUR
C'est mon , ou je vous donne au deable ,
monssieur , pour la disme des veaulx.
LE PROMOTEUR
Puys qu'en avés de bons et beaulx ,
contentés vous p o u r le p r e s e nt .
222 infaicte en lair
23Rl 'indication LE BADIN a été rajoutée par nous.
148
183 VO
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245
250
L'OFICIAL
L'abbé est maintenant exempt
d'avoir des veaulx necessité,
car au monde n1y a cité
ou il ne prenne le dimage
et sy en aura davantage
et de plus gras pour l'avenir.
LE BADIN
Conars, ayés a subvenir
a l'abbé et ses conardeaux
payés la disme de voz veaux.
Sy n'estes de payer dispos,
248 tous conars
250 payer
Finis ii c C i x lignes
v o u s serés certes contra nos.
Finis
149
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150
L'Epitre des enfants de Paris envoyée aux enfants de Rouen
Ce texte date de 1532. Nous avons peu de témoi­
gnages sur les Conards à cette période, aussi accueillons­
nous avec JOle cette médiocre pièce de rimes. On y voit
un moment de la rivalité littéraire et culturelle des
deux cités liées par le grand chemin d'eau de la Seine.
L'occasion de cette épître est probablement une
satire un peu vive des parisiens par les Conards lors de
leur montre des jours gras. La raillerie paraît être de
rigueur chez les Rouennais qui jalousent peut-être un
peu leurs rivaux. La farce des Veaux sacrifie au même
thème quelques années plus tard.
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5
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20
25
L'acteur I f . 1 vo l
Ce moys de May qui nous produyt verdure ,
Joly et gay , plaisant et gracieux ,
Esbatz prenons pour ce que le vert dure
Quant le soleil ne rend trop grant ardure
Chascun se trouve en amour fort joyeux
D'or ne d'argent ne sommes soucieux;
Raison pourquoy ? nous n'en avons besoing,
Et ne vouldrions d'aulcuns estre envieux.
De son malheur bon se faict tenir loing.
Prenant esbas ung quidam me vint dire
"Mon bon amy , si tu scavois les saultz
Que l'on a faict puys ung peu, contredire
Tu ne vouldrois certes a me dire
De rescripre pour le Prince des Sotz
Aux Rouennois , lesquelz par maintz assaulx
Faintisement luy veullent faire injure."
C'est tro p mal faict , vous estes ses vassaulx
Bien l 'a monstré , par la foy j'en jure.
Et ce voyant leur ay couché ce tiltre,
A la requeste des enfans de Paris
Leur e nvoyer ces t e petite epistre,
Sa ns ma l pens er , mais seullement par ris.
L' epi s tre d e s e n f a n s de Paris aux enfans de
Rouen
No b l e s enfans , qui desirez honneur ,
Gentz et courtois , ainsy que voulez dire?
Chascun de nous de ce vous est donneur ,
Avec louenge sans deshonneur,
Apres Dieu, ainsi l'entendons. De ire
Qui vous esmeut , pour vouloir contredire
Au faict royal qui nous fut commandé ?
152
I f. 21
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4 5
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60
Vous en pourriez assez galler et rire,
Mais vostre bruit et grant renom empire.
Bon f aict donner ains qu'on ait demandé ,
Car qui a t out e n son sain gourmandé
Est reput é deshonneste et infame.
De sagesse chascun est prebendé :
nous es men e,
Ent re vous t ous , cela t d'
Gardez , gardez perdre la grant fame
Qu'atribuez a vostre corps et ame.
Tr o p g rant orgueil est meu ce demendé.
Qui v ous v ould r oit larder ' de tous les cas
Qu'avez commis, que seroit ce de vous,
Ta nt cons e i l l i e rs , procureurs que advocatz
Et chicane urs _? Voz Cosnars qui sont coux,
As s e z y a pour r eprendre tous coups
Ta nt soit de bont que de voIlee :
Quant on a bien le peliss o n escoux ,
On d i c t la po uldre s ien est allee.
Qui vous esmeut a vostre cosnardise ,
Foulx et non sotz , e osnard i s e r tel vice
De v ant le Prince qui t o ut voit et advise
Pour corriger tout h o nte e t malefice ;
Sy mal faisons : et b i en , qu'i nous pugnisse
S 'avez vous d i c t : a ussy lia ainsy faict,
Honnestement et pa r bonne justice :
Qui a bon sens , il c o ngno i s t son malfaict.
Vo u s avez faict le f aict et le deffaict,
Nous de s c a r t e lant par voz trop faulx esdis.
Pour vray, messieu r s, vostre faict est infect
Plus e n pensons que nlescripvons noz dictz.
Quas i nouS f e us me s tous interdictz ,
C'estoit p i tié , on ne nous congnoissoit.
Tout faintement certes on nous fessoit ,
Parmy voz rues , de vous foulx estourdis.
=== = = ==
30 pourreiz 31 graut 39 men
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56 faict le faict le faict et le deffaict 62 fessoir
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49
50
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53
48-54
pouldre : poussière.
157
foulx et non sotz : l'auteur distingue entre les sots
(qui ont l'intention de faire rire , comme les sots de
la basoche ) et les fous (qui le sont de nature ). Henri
Estienne fait la même distinction "Car le fol est
sot quand et quand, mais tout sot n'est pas fol."
(Apologie pour Herodote, éd. Le Duchat, La Haye ,
1735 , p. 26).
devant, au sens temporel: avant.
tout est une graphie du féminin qui rend compte de
l'élision de l 'e final.
S': graphie du démonstratif ce.
Nous proposons pour ce passage au style pour le moins
confus une ponctuation dont la fragilité et l'arbi­
traire ne nous échappent pas. Nous croyons ne pas '
devoir nous dérober et nous proposons la traduction
sui vant e "Qu' est-ce qui vous a poussé aux sottises
que v o us avez faites , fous et non point sots , en
e xerçant v os sarcasmes conards contre telle mauvaise
conduite , a vant le Prince qill voit et règle tout ,
afin d e corriger toute honte et toute vilenie Si nous
agissons mal: e t bien, qu'il nous punisse! Voilà
c e que vous avez dit , voilà ce qu'il a fait, honnê­
tement et e n bonne j u s t i c e . "
55 congnoi st: r econnaît.
56 Méta p hore e mp r u nt ée de l'art des bateleurs (voir le
v. 1 7 de la f a r ce du Bateleur) au propre, il s'agit
sans doute d'un "saut périlleux" avant suivi d'un
"saut périlleux" arrière. E. Huguet (Dictionnaire... ,
s.v. defait) attribue à la locution le sens de
"faire deux choses contraires". Il semble que cette
expression signifie plutôt "faire l'impossible,
remuer ciel et terre , avoir recours à toutes ses
ressources , mettre tout en oeuvre."
57 Nous descartelant nous mettant en pièces le verbe
descarteler n'a pas été relevé par E. Huguet
esdis : ce que l'on dit ou écrit.
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59 Le rôle syntaxique de nos dictz n'est pas clair
est-ce une sorte de complément d'objet interne
d'escripvons (en nos poèmes) ?
62 f aintement faussement; fesser : dénigrer.
158
63 de introduit les agents de ces dénigrements vous
est l'adjectif possessif (vos).
69 Gros Dos, chef d'une bande d'aventuriers qui ravagea
la Normandie. Il semblerait qu'une expédition montée
par les Rouennais en 1525 pour s'en emparer , n'ait
abouti qu'à casser des cruches de lait. Voir les
renseignements que donne sur cet épisode, E. Philipot
dans son introduction à L'aventureux (Six Farces,
p. 189-191). Il y cite ce passage qu'il juge peu
clair et note que Doguet était une "sorte d'idole
grotesque que les basochiens de Rouen avaient instal­
lée dans le Palais de Justice" (p. 191). Ces indica­
t i o n s sont tirées de notre poème , mais il n'est pas
sûr qu'il faille confondre Doguet avec l'idolle du
v . 77. Dans l es Triomphes de l'Abbaye des Conards,
e n 1541 , on trouve dans les enseignes de la compagnie
des " Estonnez du monde" , l'écriteau suivant
J e m1estonne , veu le bon guet
Qui a peu desrober Doguet.
(p. 66 de l'édition
d e Marc de Montifaud qui a lu à tort Duguet.)
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CHANT ROYAL SUR L'ABUS DE CONARDIE
PRESBNTE AU PUY DES PALINODS
Ce chant royal figure dans un manuscrit en
159
dépôt à la bibliothèque municipale de Rouen et qui appar­
tient à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts
de Rouen. Il est inédit à ma connaissance.
Son mérite littéraire est bien mince. Mais
il nous offre de connaître un moment de la vie anecdo­
tique de la cité. Il attaque l'abbé des Conards, et l'on
se doute que les activités de la confrérie devaient faire
des mécontents.
Je n'ai pas su le dater. Si j'avais l'audace de
certains chercheurs du XIXe siècle, je proposerais d'y voir
l'oeuvre de Jacques Sireulde, et d'en faire la cause du
différend qui l'opposa à l'abbé tel que la farce des
Deux soupiers de Monv i l l e nous en informe. Mais c'est pure
rêverie.
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50
55
60
65
70
Gentilz conardz suyvez aultre pratique
Et que chacun de vous la Vierge invoque.
S ' a u c un d e vous a faict cas erratique ,
De son erreur soudain qu'il se revoque :
El vous mectra hors du villain registre
Du fier Sathan qui voz maulx enregistre ,
Tousjours tendant avec luy vous haller
Pour ( du soleil) vous garder de haller
Et desormais chacun vray conard dye
Sa juste cause : on a faict tresaller
Le gros abuz de la grand conardie.
Envoy
Prince du puy, il m'a fallu veiller
Et a bastyr ce doulx chant traveiller
Ou par long temps j'ay mys mon estudie
En esperant voz espritz resveiller
Et mectre au neant du tout vous conseiller
Le gros abuz de la grand conardye.
=======
Composé par le vieillentin
En ung dymenche bien matin
Esperant faire son paquet
Envers le prince du parquet
Pour de son vin boyre ung tatin.
52
161
70 p r a nce. Ce t t e correction s'autorise de l'envoi
d' une bal l ade gui suit
Prince au parquet seul exempt d'imprudence
Et a u quel regne infalible prudence
La ' Vi erge estoit d'eternel prescavoir.
F. 56 rO
Ce poème f igure dans un manuscrit qui rassemble
des poésies présentées au Puy des Palinods. Ce
manuscrit de 80 f f . appartient à l'Académie
des sciences , belles-lettres et arts de Rouen et
est déposé à la bibliothèque municipale de Rouen ,
dans une "malle noire". La première ballade commence
par le vers "Assemblez vous et faictes
comparence".
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