Pêche aux anguilles sur le lac Begnas - Népal Sherpa Sig
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<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s crêtes. Beaucoup plus sauvage que<br />
celui de Pokhara, il est fréquenté quasi<br />
exclusivement par <strong>le</strong>s autochtones.<br />
La pêche au népalais<br />
C’était notre premier jour. Munis de<br />
deux lancers, avec des <strong>le</strong>urres neufs brillants<br />
de mil<strong>le</strong> feux, semblab<strong>le</strong>s à autant de feux<br />
d’artifices, nous ne pouvions imaginer qu’un<br />
pauvre poisson népalais pu résister. C’était <strong>le</strong><br />
monde de la technologie occidenta<strong>le</strong>, de la<br />
révolution industriel<strong>le</strong> contre dame nature, <strong>le</strong>s<br />
premiers ne pouvant que gagner. Ce viatique<br />
en tête, nous décidâmes de faire nos<br />
premières armes <strong>le</strong> long de la berge. El<strong>le</strong>s<br />
furent rapidement couronnées de succès audelà<br />
de nos espérances puisque mon ami et<br />
moi, nous pêchâmes dans une synchronie<br />
quasi parfaite un fi<strong>le</strong>t. Oui un fi<strong>le</strong>t, un grand et<br />
lourd fi<strong>le</strong>t qui, insidieusement, avait été posé<br />
parallè<strong>le</strong>ment à la digue à une dizaine de<br />
mètres de cel<strong>le</strong>-ci. Dame nature n’avait pas<br />
voulu du rendez-vous. Notre rencontre se<br />
transformait en rencontre technologie<br />
occidenta<strong>le</strong> contre technologie népalaise, avec<br />
pour une fois et cela n’est pas si fréquent,<br />
une victoire népalaise. Première <strong>le</strong>çon<br />
d’humilité. La deuxième intervint quand un<br />
baigneur très gentiment se proposa d’al<strong>le</strong>r<br />
décrocher nos lignes. Je vécus alors un grand<br />
et long moment de solitude pendant <strong>le</strong>quel un<br />
grand dadais d’occidental, tout de propre<br />
encore vêtu, tirait <strong>sur</strong> une petite canne à pêche<br />
qui ployait pour maintenir à la <strong>sur</strong>face <strong>le</strong> <strong>le</strong>urre<br />
accroché au fi<strong>le</strong>t et au bout duquel s’ébattait<br />
un népalais. N’aurait été la vue discrète du<br />
fi<strong>le</strong>t, on aurait pu croire que je l’avais pêché. Il<br />
nous libéra. Tout honteux, nous remîmes au<br />
<strong>le</strong>ndemain notre quête piscico<strong>le</strong>.<br />
La pêche au fi<strong>le</strong>t<br />
Nous avions loué un bateau en même<br />
temps que la chambre. Les bate<strong>aux</strong> de<br />
<strong>Begnas</strong>, tous <strong>sur</strong> <strong>le</strong> même modè<strong>le</strong>, sont<br />
parfaitement symétriques avec proues et<br />
poupes effilées semblab<strong>le</strong>s à des navettes de<br />
machine à tisser. Pas de moteur si ce n’est<br />
humain, à savoir un pagayeur assis <strong>sur</strong> la<br />
pointe de son choix et une pagaie maniée<br />
alternativement d’un côté ou de l’autre selon la<br />
direction souhaitée. <strong>Sig</strong> déjà expert nous servit<br />
de maître pour un savoir-faire acquis en<br />
quelques traversées de <strong>lac</strong>. Il était évident<br />
pour nous : ce ne pouvait être qu’un travail<br />
d’homme. Grossière erreur : <strong>sur</strong> <strong>le</strong> <strong>lac</strong> de<br />
<strong>Begnas</strong>, ce sont <strong>le</strong>s femmes qui manient la<br />
pagaie et posent <strong>le</strong>s fi<strong>le</strong>ts, marque<br />
d’émancipation féminine me direz-vous ; pas<br />
du tout car participant <strong>aux</strong> plus rudes tâches y<br />
compris dans <strong>le</strong> bâtiment, la femme népalaise<br />
n’est rien. Ce n’est pas <strong>le</strong> PIB mais… <strong>Sig</strong> doit<br />
raconter El<strong>le</strong>s sont de l’ethnie Majhi, l’ethnie<br />
des pêcheurs et pêcheuses... Pour revenir à<br />
nos bate<strong>aux</strong>, chaque jour dès quinze heures,<br />
un essaim d’embarcations s’éparpillait <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />
<strong>lac</strong>. Chargée ras la gueu<strong>le</strong> de fi<strong>le</strong>ts<br />
soigneusement disposés, chacune rejoignait la<br />
zone de pêche probab<strong>le</strong>ment réfléchie et pas<br />
toujours identique. Quel que soit <strong>le</strong> jour, la plus<br />
forte densité se situait près du débordoir. On<br />
en déduisit que c’était là que devait résider la<br />
plus forte densité de poissons. Peut être à<br />
cause de l’existence d’un courant ou d’une<br />
température de l’eau différente. Quoiqu’il en<br />
soit arrivée au point de départ souhaité, la<br />
pécheresse puisque ce ne sont que des<br />
pécheresses (et dieu sait qu’el<strong>le</strong>s étaient<br />
nombreuses) s ‘accroupissait à l’une des<br />
extrémités du bateau près de sa montagne de<br />
fi<strong>le</strong>ts. Saisissant la pagaie au plus près de la<br />
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