Association Fraternelle des Anciens ÉLÉVES DE ... - Institution Robin

LES ANTILLES
Il est bien difficile de résumer en quelques lignes quarante ans de vie, étant
précisé que cette vie n’est pas celle d’expatriés au sens strict du terme car
elle s’est déroulée en Guadeloupe puis à la Martinique, colonies depuis le
17 ème siècle et départements d’outre-mer depuis 1946.
En 1970, le service militaire était obligatoire, exclusivement masculin, et
durait 16 mois.
Lorsque l’opportunité s’est présentée de le faire en qualité de Volontaire à
l’Aide Technique, (les VAT étaient les coopérants dans les départements et
territoires d’Outre Mer), nous avons saisi l’occasion et, en tant qu’inspecteur des Impôts, j’ai été affecté
à la direction des Services Fiscaux de la Guadeloupe à Basse-Terre.
Et nous avons ainsi débuté la découverte des communautés antillaises dont les origines sont diverses
–Europe, Afrique et Inde principalement– multi-raciales et multi-culturelles chacune avec une histoire
riche, une forte personnalité et un passé encore douloureusement ressenti par certains. Cette diversité
humaine a aussi été fortement influencée par les contraintes dues à l’isolement naturel créé par
l’insularité et l’influence des métropoles coloniales hispanique, hollandaise et française.
À titre anecdotique, la France et l’Angleterre ont conquis à tour de rôle quatorze fois l’île de Sainte-Lucie,
située à quarante kilomètres de la Martinique… Ces différents éléments ont généré des communautés
humaines originales, diverses, dynamiques et créatives.
Est-il utile de rappeler l’importance des sportifs d’origine antillaise anglophone aussi bien que francophone
sur les stades mondiaux ?
Comment ne pas mentionner l’extraordinaire richesse de la peinture haïtienne appréciée par André
Breton et André Malraux ?
Et sur un autre plan, si la Martinique est la terre d’Aimé Césaire, d’Edouard Glissant -prix Renaudot en
1958- et de Patrick Chamoiseau -prix Goncourt en 1992- la Guadeloupe est l’île natale d’Alexis Saint
Léger, plus connu sous le nom de Saint John Perse, secrétaire général du quai d’Orsay et prix Nobel
de littérature en 1960, sans oublier que Sainte-Lucie, petite île de 150 000 habitants, a été gratifiée de
deux prix Nobel, l’un d’Economie attribué à Sir Arthur Lewis en 1979 et l’autre de littérature à Derek
Walcott en 1992.
Quant à la création musicale, la richesse de ces îles est importante ; du Chevalier de Saint Georges,
mulâtre de la Guadeloupe au 18ème siècle, au Reggae de Bob Marley à la Jamaïque, au Compas d’Haïti,
au zouk de la Guadeloupe avec Kassav et Malavoy ou Philippe Lavil à la Martinique sans oublier le
steel-band à Trinidad ou le meringué en République Dominicaine.
C’est pour tout cela que nous avons gardé nos yeux et nos oreilles grands ouverts aux Antilles depuis
quarante ans.
Nos tribulations au cours de ces années, que ce soit à titre professionnel ou dans le cadre de nos
loisirs, ont facilité la découverte de ces territoires et de leurs habitants.
Après notre atterrissage à Pointe-à-Pitre le 8 décembre 1970, nous avons été accueillis par un ami
« VAT fiscal » pendant quelques jours, le temps de trouver un logement et un moyen de locomotion ;
notre vie de militaire en civil a alors commencé.
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