Association Fraternelle des Anciens ÉLÉVES DE ... - Institution Robin

DES NOUVELLES DU ROBIN D’HIER
Rubrique ouverte à tous. Quelques lignes, une anecdote, une photo…
Cela, sans vous, serait perdu.
Le Père GROS, présent de 1937 à 1975
On imitait son rire, sa signature (sans jamais l’utiliser) mais on le respectait et on l’aimait pour sa
générosité, sa tolérance, cette confiance qu’il plaçait en nous aussi longtemps qu’on ne le trompait
pas. Dans combien d’établissements, en 1955, les élèves de Terminale pouvaient-ils étudier librement
sans surveillance physique ? Ce fut dans ces conditions que les pensionnaires de notre promotion
54/55 préparèrent le bac avec succès. Entre les temps d’étude silencieuse, il y eu aussi d’âpres
discussions au cours desquelles s’opposaient des idées, mais toujours dans le respect et sans
agressivité. Ce fut souvent un jeu, l’occasion de mini-joutes oratoires sans prétention. D’ailleurs,
si la conversation venait à manquer d’opposition, il s’en trouvait souvent un pour jouer les avocats
du diable et relancer le débat, pour le plaisir.
Le Père Gros était très proche de ceux qui pratiquaient le foot dans l’équipe de l’Institution. Il savait
motiver, encourager, secouer aussi quand il le fallait. Son attitude paternelle et sa passion nous
amenaient à donner le meilleur de nous-mêmes. Il embarquait toujours quelques joueurs dans
sa 2CV lors des déplacements à l’extérieur. Je fus plusieurs fois l’un des passagers. Je le revois
encore, bien installé, lisant son bréviaire posé sur le volant, tout en conduisant au maximum des
possibilités de sa voiture… sous l’œil bienveillant et protecteur de la Providence !!!
Le Père Gros assurait l’Instruction religieuse dans quelques classes. Ni dogmatique ni abstrait, il
s’adressait à notre générosité et notre sensibilité. Il dispensait une morale appuyée sur le concret
et le quotidien. Sa définition du péché : « Toute action dont vous n’êtes pas fier et que vous tenez
cachée. » Il disait aussi : « Interrogez-vous pour savoir si vous avez fait tout ce que vous pouviez
faire de bien. »
J’ai encore en mémoire mon dernier contact pour lui annoncer mon départ de Robin, quelques
jours avant les vacances de Toussaint 55. Il avait été convenu que je poursuivrais mes études à
l’Institut Catholique d’Éducation Physique de Lyon, tout en assurant un service allégé à Robin.
Contrat moral, que je me devais de respecter… Le Père Gros n’a exercé aucune pression pour
me retenir. Il m’a simplement rappelé ce que je devais à Robin et m’a demandé d’interroger ma
conscience avant de prendre ma décision… Pas encore tout à fait sorti de l’adolescence, j’ai fait
la sourde oreille, j’ai fui, mais, en partant, je ne me sentais pas vraiment un « chic type », pour
reprendre une de ses expressions familières et, encore maintenant, je ne suis pas fier de la décision
prise il y a plus de 50 ans.
Maurice GONTARD (1955)
Le Père Gros : Supérieur de 1947 à 1969. Décédé en avril 1989. Le Bulletin 2008 lui a été consacré.
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