Association Fraternelle des Anciens ÉLÉVES DE ... - Institution Robin

Cayenne, Maripasoula chez les Bonis, noirs marrons (de cimarron,
pour Michèle Broduriès), à la limite du territoire des Indiens Wayanas,
Sinnamary, Saint-Laurent du Maroni. Je passe le Capeps et suis
finalement nommé en collège à Kourou en 92.
Michèle Broduriès m’a gentiment demandé d’expliquer comment je
suis arrivé en Guyane et mes raisons d’y rester. Cela me paraissait
difficile sans mentionner ce qui précède.
Je ne vais pas faire le tour de ce que proposent tous les media sur ce
département d’Amérique du sud (la forêt amazonienne, la faune, la
flore, les fleuves, le Centre Spatial, la (bio) diversité, l’immigration…).
Je n’échapperais pas aux clichés.
Alors, qu’en dire ?
Nous y retrouvons la métropole avec un pan de son histoire, ses lois à de rares exceptions près,
son administration, nombre de ses habitudes bourgeoises ou paysannes, ses contacts humains
plutôt tièdes (qui connaissons-nous vraiment dans notre voisinage ?), de plus en plus de commerces
et services des mêmes enseignes, la sécu, les allocs, le SMIC, le RMI/RSA, des prix en hausse,
internet…
L’eau, l’électricité et le téléphone normalement partout, la scolarité obligatoire, des services de
santé qui deviennent performants, de plus en plus de voitures. Tout cela a un côté rassurant et
on peut se sentir chez soi.
J’ai pu continuer sans problème la pratique de mon métier d’enseignant avec enthousiasme et
passion.
Il y a aussi une certaine idée de l’Afrique centrale, par le climat et la nature exubérante, l’Atlantique
marron, les couleurs de la population, le contraste entre la ville et les petites communes isolées
(de brousse, mais ce n’est pas le terme usité ici) sans parler des immenses zones inhabitées, les
difficultés économiques qui rendent parfois problématique l’application des lois et règlements.
Malgré la très importante croissance démographique, le nombre d’habitants a triplé en 25/30 ans,
la Guyane est fort peu peuplée. Moins de 300 000 habitants pour 81,000 km2. Dès qu’on quitte les
zones habitées du littoral, en particulier Cayenne et les agglomérations
proches, on se trouve rapidement en pleine nature.
J’ai construit en 89 un carbet en peine forêt, à 45 minutes de mon
domicile, par la route puis en barque (il n’existe plus, les termites
ont mis 18 ans pour en venir à bout). Et là, plus rien des assurances
précédentes. En cas de pépin, on se débrouille seul. Le pendant,
c’est qu’on n’a de compte à rendre à quiconque.
Cela procure une grande sensation de liberté et on veut se sentir
chez soi.
Rassuré et libre à ma sauce, je suis donc chez moi.
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