qui parlent - Bibliothèque de Toulouse - Mairie de Toulouse
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LÀ VIE ET SON M À<br />
SOUvusws<br />
IDE CHINE<br />
UND fois la Chine, éternelle<br />
proie <strong>de</strong>s ambitions<br />
ENCORE étranger., est ravagée par la<br />
guerre. Il fallut la traie ce<br />
l'opium, l'incendie du Palais dute,<br />
pour forcer la Chine ù ouvrir ses<br />
ports aux étrangers, à leur cé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>,<br />
territoires, <strong>de</strong>s fi concessions ». Alose<br />
les marchandi.s anglaises envahirent<br />
le continent chinois. Aujourd'hui,<br />
c'est le tour do lapon. 1932<br />
guerre pour <strong>de</strong>s minerais du Nd<br />
1937 guerre peur le marathe <strong>de</strong>s cotonna:ces,<br />
que Le boycott a crcepro-<br />
Ces cotonna<strong>de</strong>s bleues forment Mea<br />
le bambou, le fond <strong>de</strong> tout payent<br />
chinois. Si le bambou est le centimecee<br />
élément <strong>de</strong> /a Chine, la cotonna<strong>de</strong><br />
bleue Semble en être <strong>de</strong>venue le<br />
sixième.<br />
Sues pistes, H long <strong>de</strong>s canaux,<br />
ales hommes et <strong>de</strong>s femmes on veste<br />
et pantalon <strong>de</strong> cotonna<strong>de</strong> bleue courent,<br />
le bàmbou sur l'épaule. Au<br />
bannaou s'accrocha la double charce<br />
d'eau, <strong>de</strong> fruits, <strong>de</strong> légumes, <strong>de</strong> pionnes,<br />
do ferraille ou <strong>de</strong> meubles.<br />
Sur les larges fleuves, les jonques<br />
aux voiles lattées <strong>de</strong> bambou ont Pair<br />
<strong>de</strong> gros papillons <strong>de</strong> nuit. Près<br />
Celles les petits sampans au toit <strong>de</strong><br />
bambou abritent <strong>de</strong>s familles entières.<br />
Hommes et femmes en cotonna<strong>de</strong><br />
bleue manient, les hautes perches<br />
da bambou...<br />
Dans les villages chinois, <strong>de</strong>vant<br />
les petites maisons <strong>de</strong> ba-mbou scelle<br />
ras, lessive due notonna<strong>de</strong>s bleues..,<br />
<strong>de</strong>s vêtements do travail <strong>de</strong> paysans<br />
ou do coolies.<br />
A Nankin se mêlaient dans la foce<br />
le si <strong>de</strong>nse les soldats, an costume<br />
gris et pantoufles noires et les coolies<br />
en pantalon bleu...<br />
La gomme <strong>de</strong>s cotonna<strong>de</strong>s ravage<br />
les villes chinois.. On bombar<strong>de</strong><br />
même les conce.ions étrangèrea. Je<br />
mage galAtelleession internationale<br />
<strong>de</strong> Chanraal que je traversais un<br />
jour avielfdlimi. -Chinoise d'une cul-<br />
tura et dicee finesse en<strong>qui</strong>ses. « Te.versons<br />
en jardin publie », lui dis-in.<br />
Mais en souriant, elle me répondit :<br />
if Si vous voulez le traverser. je<br />
vous <strong>qui</strong>tterai, car étant Chinoise, je<br />
n'ai pas le droit d'Y Pascer<br />
Les Chinois me disaient souvent<br />
4 Non, voulons bien recevoir ici les<br />
étrangers, mais nous voudrions nous<br />
sentir un peu chez nous, dans notre<br />
pays a.<br />
Et, IHant les journaux étrangers,<br />
j'avais chaque jcer l'impression que<br />
sur ie billard chinois une boule ce<br />
chassait une autre.<br />
Les Russes <strong>de</strong> Borodine venaimt<br />
d'être expulsés. Les AnglaiS<br />
obole.. Et déjà se <strong>de</strong>ssinait partout<br />
la haine du Papou. Quant airs<br />
Américains, leurs Missions et<br />
leurs collegcs somptueux s'étalaient<br />
dans les oilles et l'on raPpelait parfois<br />
aux missionnaires qu'ils étaient<br />
lb pour servir avant tout isa intérêts<br />
américains.<br />
JULIAN GORKIN<br />
par Marc BERNARD<br />
l'ai connu à e Mon<strong>de</strong> e. Il entrait dissent, et qu'ils adressaient â Gorkin<br />
dans la salle do rédaction, en com- comme us cecourspemem m es, ri.<br />
pagnM <strong>de</strong> Mamie ou <strong>de</strong> Miratviiles, muances,.<br />
et presque aussitôt se mette. Sotie. a/ais Julian levait à nouveau sa main<br />
cuter, avec ce curieux accent espagnol pais. eediteiy dpu, raie; eî comme sin<br />
<strong>qui</strong> change /es v b et Mversement. eua.,aitau., peu is<br />
r Je /Mule rien d'ais livre d,,r,sap. re aitve<br />
oir d'un homme. ' nu Gorkin reprenait son discours. Cou.<br />
UNE RUE DE CHANOHII<br />
par Camille<br />
DEVRET<br />
Aujourd'hui, la Chiue est eceore<br />
une fois ravagée. Les Elals-linis<br />
la Russie semblent lointains. L'Angleterre,<br />
directement menacée, laissera-traie<br />
le Japon a.ervir la<br />
Chine 2<br />
Je revois les paysages chinois infinis,<br />
les visages ceinois souriante<br />
ce graves. J'entends <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />
<strong>de</strong>s instituteurs ohinois, <strong>de</strong>s femmes<br />
me parler da la Renaissance chinoise<br />
J'entends <strong>de</strong>s jeunes pacifistes<br />
nous suppiler -- c'était en 1928<br />
<strong>de</strong> faims arrêter les Unvois d'armes<br />
dans laur pays.<br />
Bais jr revois aussi <strong>de</strong> jeunes Hudianms<br />
faire l'exercice en uniforme<br />
dans la cour do l'Université <strong>de</strong> Nanfrin.<br />
En à un. tous les pays se jattes, t<br />
dans le gouffre <strong>de</strong> la guerre. La Chine<br />
par &que, la Chine on Pou voyait<br />
dans les paniers, dans les Ingen<strong>de</strong>s,<br />
dans lus <strong>de</strong>ssins, le lettré plana hru<br />
haut et le soldat très h., la Chine<br />
armee tulle riese ses avions et ses<br />
canons contre les avions et les canons<br />
<strong>de</strong>s impérialistes japonais.<br />
Lue poignée <strong>de</strong> capitalistes japos<br />
nais veulent s'emparer du manhc<br />
chinois et c'est /a guerre.<br />
lit je revois <strong>de</strong>ux petits Sapin:<br />
que les femmes chinoises 'Hantèrent,<br />
avec nous non loin du tombeau<br />
<strong>de</strong> Sun-Vat-Sem<br />
Que sont <strong>de</strong>venues eee femmes<br />
chinoises, <strong>de</strong>puis que la guerre s'est<br />
abattue sur Mur pays 2 Cl nous, que<br />
faisons-nous pour que cesse celte<br />
nouvelle gomme 2<br />
P.ay.à<br />
pigietsu<br />
pJ di24 itab 1;rancis<br />
ANDRÉ<br />
toujours rêvé <strong>de</strong> pouvoir <strong>qui</strong> semble monter <strong>de</strong> la mer et<br />
j'AVAIS<br />
qm<br />
contempler la mer sur les côtes s'ébranle, par doubles rangées parait.<br />
breionn.. C'était en moi comme les, vers l'intérieur <strong>de</strong>s terres. Cette<br />
un vieux désir informulé' <strong>qui</strong> me impies.coa <strong>de</strong> force en mouvement, ine<br />
semblait monter <strong>de</strong> profond et <strong>de</strong> loin. mobilisée pennes petrification soudaine,<br />
Réminiscence <strong>de</strong> lectures ou bien ap- s'est profondément gravée dms lArnagipal<br />
nostalgique dimciene horizons per- nation <strong>de</strong> cette population côtière sans<br />
dus... ? Nous éprouvons parfois le be- cesse en butte, au cours <strong>de</strong>s iges, aux<br />
soin, nous aunes les gens <strong>de</strong> pleine invasions périodiques,<br />
terre, <strong>de</strong> pouvoir briser cette pecenteur, Après avoir <strong>qui</strong>tté Carnac, l'esprit<br />
cette immobilité centinentales <strong>qui</strong> se tout peup/é encore <strong>de</strong> ces tantôt/les ri-<br />
Mon figées autour <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s gi<strong>de</strong>s d'un passé <strong>de</strong>meuré mystérieux, la<br />
siècles, route nous introduit aussitôt dans. la<br />
A' quarante ans, il me fut enfin <strong>de</strong>n- presqu'ile <strong>de</strong> Quiberon.<br />
le vent du large. Quand une pierre vient ver... jusqu'au moment où la clarté ra.<br />
la rotor la remet en pi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s phares jaillissant au loin te<br />
01 <strong>de</strong> Pummis fSaliser nos ré<strong>de</strong>, to ré- Bleu et vert et moiré <strong>de</strong> soleil aven a tombe ' r on<br />
j<br />
. C'est H coutume ici, et nul ne tous les récifs du large, vint me dire<br />
1 soins d'aller trouver l'océan en l'un <strong>de</strong>s<br />
'se luseeuss' su Puis se<br />
thétiques <strong>de</strong> sa rencontre avec la terre <strong>de</strong> pécheurs aux voiles gonflées <strong>de</strong> lu- Les padtrions, les croyance et me- 0101 5 purée,ass<br />
peu golsnoe a faire lacement eue la nuit était venue, que l'union<br />
ceint. los Plus culminmia, les Plce Pas partout, jusqu'à Phorimn, <strong>de</strong>s barques g - -- ' il<br />
s'était faite entre ce ciel et la mer Mea<br />
,<br />
occi<strong>de</strong>ntale, Je choisis Quiberon, cette mi,re er dievemure.., me beaucoup <strong>de</strong> rites ancestraux sont<br />
ersi. or."'n. 'ild d'eus...,ad.? id Ce mi frappe surtout les yellX, sue <strong>de</strong>meurés vivaces ati,osur <strong>de</strong> cette mce, le suis tee... dm. mou PaYs. rai<br />
décision et la <strong>de</strong>nsité pénétrante , téne net infime lambeau <strong>de</strong> te,iroire éva<strong>de</strong> une <strong>de</strong>s plus anciennes du cOntinent, fait la temison et la moisson <strong>de</strong>mis.<br />
lame d'épée, dam le flet Man'qnni du emenent, ce sont les pierres <strong>qui</strong> l'ai vécu quelems jours parmi ces fa- Mais je <strong>de</strong>meure tout PMPlé <strong>de</strong> ms ima-<br />
Vue d'une fan ,,,,,,,,,,,,,,,, cette s'accumulent partout avec une écrasante milles <strong>de</strong> paysans, <strong>de</strong> maraîchers et <strong>de</strong> tract <strong>de</strong> ce prestigieux murmure. Pace<br />
région bre... sPearail "nni" un <strong>de</strong>nsité. Divisant les parcelles cultivées, pêcheurs, j'ai vu les uns s'acharner 10001 <strong>de</strong> Bretagne, mes fréres, te me<br />
suu's Ps's buusee'' C''''sd'eui suu es- mrPentmt se nanc <strong>de</strong>s Collinol eolif<strong>de</strong>e piocher, labourer leurs parcelles exiguës sens tout près <strong>de</strong> vous maintenant. Il y<br />
gardant <strong>de</strong> plus près, on ne tar<strong>de</strong> .pas <strong>de</strong> moulins désaffectés, <strong>de</strong>s murs, ou ou bien voiturer le goémon rejeté par a Sconses moi, dans /e temps et dans<br />
à constater que ce bocage n'est au une plutôt <strong>de</strong> grossiers alignements <strong>de</strong> pins. la marée et <strong>qui</strong> sert à fumer leur sol, l'étendue, bien <strong>de</strong>s éléments, bien <strong>de</strong>s<br />
illusion, qu'il est réellement constitué tes informes empilées les unes sur les J'ai vu les autres s'occuper à réparer, choses <strong>qui</strong> nous rapprochent, <strong>qui</strong> nous<br />
pis 1.. in...biei hal" vi'" linr"- autres, sillonnent la presqu'île ainsi que à faire sécher ceurs Mets, tandis que rassemblent. Votre sol affouillé par le<br />
1005. d'arb.<br />
.,',' oui "n",,.."' 1" li.- <strong>de</strong>s veines rorheuses surgies <strong>de</strong>s 000000e.e beurs cumpam m<br />
ons s'embarquaient, à la roc est ssi âpre et dur à vaincre que<br />
tit. PrnPoetée Paysannes, Et a mecere veinents primitifs <strong>qui</strong> ont créé et Con- pointe du MM, verS les Muantes plai- l'écorce schisteuse <strong>de</strong> nos plateaux. VOS<br />
qtte Pen s'approche <strong>de</strong> la côte, cette ditionné la Melte ambiante. Et po., nes maritim.. lointains ancêtres, les néolithiques dresvégétation<br />
se raréfie, <strong>de</strong>vient chétive et rapt pav mura apar paapvra ppm_ seurs <strong>de</strong> menhirs, étaient proches pas<br />
rabougrie, s'accroche avec une obstina- mes. irei iieepg les premiers eeee. Ensuite, je suis <strong>de</strong>scendu vers Quibe- pcecx mp vessies, pippieer lem,<br />
dos ", """" Sou "l, 0" pilots <strong>de</strong> ce sol restreint et ari<strong>de</strong> ont <strong>de</strong> 105, 5 "Xtlienité dn la if...11u".: 1e cetils et leurs armes <strong>de</strong> silex sur les<br />
Pen sent se bloquer sous ses racm.. as propvtamarp pois es asarp, la me suis aventuré parmi les énonnes parias, du Bradai, pu food <strong>de</strong> ms<br />
C'est le Mcebiltan, Pats <strong>de</strong> dure t.'rO possession. Ayant a peine con<strong>qui</strong>s leur ban" " ...ber., ".""P" 05 Lorraice. Et les Vénètes <strong>qui</strong> occupée<br />
<strong>de</strong> vie âpre. En mains endroits, la<br />
eareene, ils SC sant empressée. POP,<br />
les <strong>de</strong> os-entame. ,...l'e.« <strong>de</strong>r'«i'l'eS rent el défendirent celle MY. ...cent<br />
pierre affleure, crevant l'écorce <strong>de</strong> sol, Pieu 555.,e mon hier ei je défendre arètm <strong>de</strong>s brisants sur les<strong>qui</strong>els vient se e.aarra es far, muse& copra, me<br />
refoulant l'emprise <strong>de</strong>s hommes. Par- paapisis, <strong>de</strong> ramas_ heurter er retomber sans fin l'assaut <strong>de</strong>s hpaares robes <strong>de</strong> Trévires,<br />
ci, par-la, émergent quelques carrés <strong>de</strong> aor apr., d,epv sapa ren ararépa. ,lames. le me. suis assis, les pieds peu.<br />
Clseie qu'enclosent maintenant <strong>de</strong>s murs arts, à pros,0,, , .,,,,, : ,,,,,, dantS am<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s jaillissements dieelo Et lei, but O Of.l'''.. .<br />
au lidu <strong>de</strong> haies vives. Et <strong>de</strong> loin en rouira par me, le front baignant dans la brise ma- entrée dane mon etre mur in'. Dies<br />
si<br />
Min, surit g <strong>de</strong> l a lan<strong>de</strong> le g este br isé rva va ° . °<br />
rine. Pavais. <strong>de</strong>rrière moi tout le<br />
conti- /essart a. ja M als, M aintes fois, au Murs<br />
d'un menhir patiné et rongé par la '<br />
temps, Cette -opiniee cee fut d'ailleurs con- oral,<br />
Pe't'qUi t'v'e'rnel:ts sree'reoeorl bdr'i'sedd'euest,'Praisds'esr l'us: m'ont/di' ni<strong>de</strong>': et:<br />
' Çette âpreté, cette primitivite <strong>de</strong> .,sel, Cernée Pxr 1. Pn'ales <strong>de</strong>s P.Osans ace. panel:Morne tumulte les Sots., Et .d. sueur ta caresse fraternelle, je sais que<br />
Marcehatinaiù gui S'atténuent gurlqUe 91 cei'eatceE 11-bas, et à iltd le taise mn: mol, vivant et libre, Peepl'aInt ter. ru résumes et menneireS lieba., jii briiii<br />
Pen Mx MM... <strong>de</strong> Vmnes 0, d'SMnY, "n"""_l'in,"1"i "105" dn Ma na. ses lointaines du Nouveau-Mondh, Ce <strong>de</strong>s terres lour<strong>de</strong>s, et je salve tes i<strong>de</strong>s.ess<br />
eees je, jeireageeg avec uns inten,p, gnements.rorrenotorieues <strong>qui</strong> surchargent pen océm par ce s'en sent allés et par sages ' oui passent, /e vent, les mirent.<br />
plus hallucinante encore à Carnac, près le sot etr0orletiereet une entrave au bon on son, venus les coureurs d'aeenture, leux nuages <strong>de</strong> l'aube et du erepusrale...,<br />
<strong>de</strong> la côte. Du fond <strong>de</strong> la lan<strong>de</strong>, surgis_ fonctioncement <strong>de</strong>s ceeyerig ,icoles, tes navigateurt épiques <strong>qui</strong>, sans en avoir LoFd<strong>de</strong>n viendra Pmeomne, je retrou..<br />
sent eut à Conp tes mystérieux aligne- Ces murs sont là <strong>de</strong>puis toujours et e.-rames conscience, ont cherché irai' ta oignent, ton mouvement, ta vie<br />
monis mégalithiques <strong>de</strong> Ker-âAenee, noes les y laissons, me dirent les gens réaliser Suinté entre les hommes. Je dans l'innombrable rumeur dorée et décette<br />
géante armée <strong>de</strong> pierres levées i la dure face basanée par le soleil et suis <strong>de</strong>meuré là bien longtemps, à ce. ferlante <strong>de</strong> nos foréts.<br />
LA CENTRALE<br />
Récit contemporain<br />
enecanque par Albert SOUILLOU<br />
LA PRESQUILE DE QUIBERON<br />
PAGE<br />
LITTERAIRE<br />
VISAQES DE PARIS<br />
Vitrines dans les passages couverts<br />
par Charles VILDBAC<br />
Et nous aussi.. l'aimions vien sevronsI co Pommera 1 Tous les<br />
Nous l'aimions pour son courage paysans, tendue pom ne rien perdre<br />
tique l'avons vu <strong>de</strong>puis, a Mn <strong>de</strong> la valeur d'un argument, écoutaient,<br />
drid, sous les bombes, aussi ferme, silencieux, immobiles, sans détourner<br />
tran<strong>qui</strong>lle et maître <strong>de</strong> lui-même, m'un ose secon<strong>de</strong> les yeux.<br />
vieux grognard. Nous l'aimions pour le meeting achevé nous nous réunis.<br />
son optimisme chacune <strong>de</strong> ses vi- siens avec les militants <strong>de</strong> l'endroit<br />
sites il noue annonçait la chute <strong>de</strong> Pri- dans l'une <strong>de</strong> los extraordinaires sal.<br />
nt° <strong>de</strong> Rivera et 'instauration du so- ;es <strong>de</strong> café <strong>de</strong>s villages espagnols, vascialisme<br />
en Beim...<br />
tes, sonores et fraîches. Là. tout en<br />
Nous l'aimions enfin, et surtout, pour mangeant une poignée d'olives. ou une<br />
ce qu'il y avait en lui <strong>de</strong> généreux, trame, do eacelocen rcesc, fursd et<br />
d'ueiversellement ouvert a toute chose: terriblement epicé, Gorkin reprenait /a<br />
théâtre, poésie, littérature pour sa dise:melon. répondait aux questions. in-<br />
curiosité sans mese en éveil et, pour<br />
Muss dire, enfantine.<br />
taCt <strong>de</strong>nt la 're'l'on"valeragier'<strong>de</strong>eilsi<br />
Mals ce n'était là, alors, eue l'ébau-<br />
lage <strong>de</strong> seize ans alors qu'il apparté<br />
che du Gorkin Oeil <strong>de</strong>vait être, tel que resu<br />
le l'ai sauna 5 Valence, â PareelOne et<br />
à Madrid, pendant les élections <strong>de</strong> fi.<br />
vrier 1930, et <strong>de</strong>mis la début <strong>de</strong> l'insurrection.<br />
Je su'arratai durant quel,itiaeres:nenet<br />
a un<br />
Mons élect'ocr'al braient leur plei'n:<br />
Aussi, plusieurs fois Bar semaine, raocomPagnai<br />
Julien dans les vinages <strong>de</strong>s<br />
environs <strong>de</strong> Valence mille natale<br />
eh tous los paysans l'aimaient com<br />
me leur fils. a Julienne e l'appelaient<br />
les vieux aux visages extraordinairement<br />
maquelés, à la peau d'un brun<br />
<strong>qui</strong> tirait sur l'or et qu'animaient leurs<br />
yeux noirs a la dure clarté.<br />
J'ai gardé <strong>de</strong>nts meetings, <strong>de</strong> ces<br />
villages travereés la nuit, <strong>de</strong> ces routes<br />
bordées <strong>de</strong> champs d'orangers ou notre<br />
voiture filait toute résonnante <strong>de</strong> chan.<br />
sons <strong>qui</strong> élisaient notre espoir dans<br />
l'homme et dans le socialisme, un souvenir<br />
vivace et <strong>qui</strong> n'en pas prés <strong>de</strong><br />
s'effacer.<br />
Je revois Gorldn s'avancer sur une<br />
<strong>de</strong>s scênes <strong>de</strong> ce5 théâtres <strong>de</strong> villages,<br />
pleins as-Caquer <strong>de</strong> /mosans. Les mires<br />
serrent leurs enfante dans leurs bras;<br />
les hommes, les cou<strong>de</strong>s aux genoux,<br />
fixent l'orateur, pasoonnernent attela,<br />
tMa. Dès que Gorkin parait, la fouie se<br />
trémousse et applaudit. Les gens sou.<br />
rient, se regar<strong>de</strong>nt ils savent que le<br />
discoure, substautlef, aura <strong>de</strong>s traits<br />
amusant..<br />
Gorkin lève sa main mince, pâle, et<br />
se met à parler. n explique que l'Espagne<br />
est en friche <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s steel.;<br />
JI parle â ces pas-sens <strong>de</strong> la terre d'Eseamire;<br />
d dit ce que pourra en faire le<br />
emblismei il le dit sans démagogie<br />
en serrant <strong>de</strong> pris la réalité. Quand<br />
il parle <strong>de</strong> ail Robins, <strong>de</strong>s caciques, <strong>de</strong><br />
Juan Manih, <strong>de</strong> Saniurjo il a <strong>de</strong>s mots<br />
fulgurants <strong>qui</strong> mettent la salle en joie.<br />
Avec la spontanéité <strong>de</strong>s réflexes <strong>de</strong><br />
la foule esnagnole, après un long st.<br />
lence, quand Gorkin avait mené ces centainee<br />
<strong>de</strong> paysans valencians <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré<br />
en <strong>de</strong>gré, <strong>de</strong> palier en palier. jusqu'à<br />
l'un' <strong>de</strong>s points culminants <strong>de</strong> son ex.<br />
me; à l'un <strong>de</strong> ces moments 00 l'on<br />
sert que la foule est suspendue â la<br />
Pensée <strong>de</strong> l'orateur comme un essaim,<br />
les auditeurs explosaient en un ma,<br />
Znen I formidable, <strong>qui</strong> roulait, annonce<br />
eau La fausse culture<br />
couverts où l'on peut encore neau et <strong>qui</strong> lève. son verre m riant. On<br />
« Ceet en 91,1ete d'une doctrMe se<br />
entendre le bruit <strong>de</strong> ses pas ne peut pas voir l'intérieur <strong>de</strong> la bouxque.<br />
dionymt dans les veux emmena, les cern-<br />
pAssmes VérosDodat. Crced-Ced 11 y a une salle au premier. Qui vient Loieuelons<br />
et ms résumés Per,.. tuns<br />
er peu <strong>de</strong> tem, remplis leur mémoire <strong>de</strong><br />
enfouis dans le vieux coeur <strong>de</strong> Paris, ignoro ou se nourrir Si, dans la chau<strong>de</strong> obscus<br />
nea.0, <strong>de</strong> 0110Ses, mail, Ils n'en sortent<br />
rés <strong>de</strong>s monstres <strong>qui</strong> nous dévorent, la dis- nté, comme dans le <strong>de</strong>rnier repli du monni<br />
P. sapa meilleurs... Bien m congrâce<br />
<strong>de</strong> vos vitrines est acesi leur prioilege, ? Une yieille ouvreuse? La marchantraire-.<br />
Ils s'accoUtument admettre aveu-<br />
rien ne /es presse <strong>de</strong> mourir !<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong> fers à onduler ? L'inventeur malglement<br />
pautossé <strong>de</strong> totm les écrier., et<br />
ne font entre eus d'autre Omis que cemi<br />
Elles recèlent les plus exceptionnelles chance. <strong>de</strong> la semelle amovible ?<br />
Imenel l'esprit <strong>de</strong> parti les entra,. et<br />
fournitures, les spécialités les plus ignorées, Est-ce vraiment un restaurant ? Quelle<br />
amo, peu à peu. 10 se Meabituent d'us,<br />
les plus anciens, los plus méticu/eux nré- vénérable et obscure société tient ses<br />
droitement <strong>de</strong> /eur raison naturelle... Et<br />
<strong>de</strong>s leaassneirss pour cotillons, timbres en nions dans la sal/e du premier ?<br />
serTIM:<br />
comme es raie reines its se MM...,<br />
chacun <strong>de</strong>s militants <strong>de</strong>s moindres Cil. toment <strong>de</strong>eles, pnrce fosse..<br />
caoutchouc, perruques, étendards, lutherie, L'Amicale <strong>de</strong>s be<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> Paris ou celle<br />
leur mémelte Is.ucoup <strong>de</strong> ce sue d'autres<br />
optique, jeux <strong>de</strong> société. onguents, carnets <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> claque ?<br />
Gorkin se tournait vers moi et, sou, ont écrit, yr melte y croie., es .pro<strong>de</strong>n-<br />
<strong>de</strong> bal.<br />
tient<br />
riant- Ils veulent créer une cmpé-<br />
.e sottise extrême et une arr..<br />
C'est dins les vitrines <strong>de</strong>s passages que<br />
sative e. Ou ff Ce sont <strong>de</strong> brame gens,<br />
eau, vraiman pédagogie.,<br />
Ces vitrines sent comme les vieilles da- l'on fabrique les pipes. C'est toujours un<br />
me disait-il. Tu voie ?<br />
DESCARTES.<br />
mes à <strong>qui</strong> l'on d toujours connu la même piaisir que <strong>de</strong> voir se galber un fourneau<br />
mantille. Il y a quelques personnes au<br />
E craignait toujours que la qualité <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> bruyère ou défiler un tuyau d'ambce:<br />
mon<strong>de</strong> <strong>qui</strong> savent leur histoire et <strong>qui</strong> les<br />
ces âmes <strong>de</strong> persans ne Mechappet.<br />
que <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> près un petite mè<strong>de</strong><br />
fréquentent pour leur expérknce.<br />
Rra. Mus regagnions Valeme le<br />
d'acier en 'apparen<strong>de</strong> immobile <strong>qui</strong> rentre<br />
leur commettrait sar lever, parfois, <strong>de</strong> CONVERSATION<br />
C'est Jones qu'il s'agit lorsqu'on di, .clans l'écume <strong>de</strong> mer comme dans du<br />
man<strong>de</strong>s lumières ann bleu sombre glis-<br />
Voilà an méfie: <strong>qui</strong> se perd th eu gruyère en faisant tournoyer <strong>de</strong>s copeaux<br />
saient sur la pie. Castellar, ellenciem<br />
se, déserte.<br />
avec l'Italien<br />
n'y a qu'ira maison dans Paris où tninuscules et floconne..<br />
Corkin allait se coucher, épuisé par-<br />
vous trouver, cela à<br />
On peut resrer là longtemps, même s'il<br />
fois car il lui arrivait <strong>de</strong> promîmes le ternisse la gare <strong>de</strong> Lyon,<br />
A un tournant <strong>de</strong> la galerie, sous une pleut. Surtout oint. On ne risque pas<br />
trois ou quatre discours dans la méme<br />
journée mais heureux, souriant. Pen SURj'ai rencontré le touriste<br />
mate, à i'endreit le plus sombre, il y a <strong>de</strong> troubler les artisans <strong>de</strong> In pipe. Je pen-<br />
traM spécial., almée es visite<br />
ouvrier du socialisme <strong>qui</strong> sait que son<br />
parfois un restaurant minuscule dont lx <strong>de</strong>. se que<br />
à l'Emme:on, à son départ <strong>de</strong> Paris.<br />
ren<strong>de</strong> il ne leur déplaît pas d'avoir<br />
eefort portera ses fruits.<br />
Un, DM, cent ou mille, leurs propos<br />
venture, à cause <strong>de</strong> sa couleur et <strong>de</strong> ses un public st <strong>de</strong> lui présenter les<br />
Quand on pense que c'est cet homme étaient tons les memes.<br />
gran<strong>de</strong> centrale électrique la boucle du fleuve, la trouée vers vernis accumulda, fait penser à du boni'. tés du métier sans en avoir Pair. soit qu'ils<br />
uui est emprisonné en ce moment en Alors, êteî-vens satisfait <strong>de</strong> vo<br />
Espagne, on croit rèver.<br />
tee sojaes Paris vous art-11 LAaux saisissantes rangées <strong>de</strong> la verdure, vers la nature, vers lue gras. Dans sa vitrine, que cldt un ri<strong>de</strong>au forcent leur application, soit qu'ils exami-<br />
Satisfait, Enchanté, enthousdas- hautes cheminées s'élève l'air. Elle se campe avec la ferme- blanc, sur un lis <strong>de</strong> fibres <strong>de</strong> bois, il y a nent avec un peu trop <strong>de</strong> perplexité<br />
Et vous, camara<strong>de</strong> Indalecio Prieto, mé, <strong>de</strong> n'aurais jamais cru que oetiti<br />
mus sonvenemom <strong>de</strong> cet après-midi<br />
comme un dieu implacable et sité lour<strong>de</strong> d'un blockhaus. Ses un petit vigneron à cheval sur un tom ce mi les occupe.<br />
si beau Inet ples gran<strong>de</strong> satisfaction,<br />
que n'o<strong>de</strong> arma passé, tous trois, dans à vrai dire, date du moment où j'ai nistre. Elle se détache souvent en gran<strong>de</strong>s cheminées hérissées sont<br />
cette salle <strong>de</strong> café <strong>de</strong>s Cbamps-Elysées, posé les pieds sur le quai d'arrivée noir sur le fond lointain <strong>de</strong>s co- une herse.<br />
qeene affeotueuse amitié vous témoi, pensez done qu'on ne m'a pas hijoies<br />
a Gerais ? Vous savez qu'aujoun<br />
teaux boisés. Elle se dresse par-<br />
Mité... on ne m'a mante pus nîmePuié<br />
d'hui.01ae que sa vie encore, c'est son Et . sortant <strong>de</strong> la gare, je n'ai point <strong>de</strong>ssus les arbres au vert sali d'un<br />
Son nom n'a que peu d'impur<br />
honneur <strong>de</strong> militant nui est menacé. été pot dans une bouscula<strong>de</strong>, ce n'ai<br />
Nous ne vous <strong>de</strong>mandonr. a vous et aux pas da marcher dans <strong>de</strong>s rigoles <strong>de</strong><br />
quai bruyant ctd grues et se Pro-<br />
tance. Savoir qu'il est italien n'a-<br />
camara<strong>de</strong>s socialistes <strong>qui</strong> sont an pom sang, et, en fati <strong>de</strong> pétara<strong>de</strong>s, teat file sur le fond <strong>de</strong> collines que la<br />
joutera pas la moindre dose d'exo<br />
lamine<br />
voir, qu'une chose, que voue ne sauriez entendu que celles Mis feux d'artifice r eet le <strong>de</strong>s fabriques au paysage. Le tout est<br />
nom refuser Justice d Justice I Jus- <strong>de</strong> l'Expositiontice<br />
!<br />
- tipeest-ce <strong>qui</strong> vo555 a frappé M ruilent<br />
qu'il désespère <strong>de</strong> trouver du tra-<br />
plus ?<br />
vail. Mais cet émigré n'aime point<br />
place <strong>de</strong> la Concert., et, à un Vue du pied <strong>de</strong> ces collines, l'eau. Sans doute l'a-t-il trop long-<br />
mdre point <strong>de</strong> vue., l'autodiseiplum<br />
<strong>de</strong> vos conettoyees. Dire que je les al cette gran<strong>de</strong> construction <strong>de</strong>vient temps regardée et a- bit ma com-<br />
vus attendre l'autobus, à Versailles, gigantesque et prend avec sa forbien elle est putri<strong>de</strong>. Alors il- a<br />
SUR LA LECTURE faisant la queue. .tre <strong>de</strong>us chaules me massive haut dressée, avec ses regardé le ciel comme s'il en at-<br />
sans enéme un agent pour le contrôle,<br />
Formidable<br />
arêtes géométriques, avec ses rantendait la foudre. Et il a décidé<br />
e mel y a diessentio mus les livr.<br />
Le train a sifflé. Mon Italien a juste gées régulières <strong>de</strong> cheminées, d'aller au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>s esprits excellents n'est pas renfermé<br />
le temps <strong>de</strong> me aise, avant <strong>de</strong> fermer<br />
foudre<br />
m postière:<br />
élancées les unes, trapues les au Près <strong>de</strong>. l'usine électrique, il â<br />
en telle ou telle pens. que l'on en 'peut vous savez, chez nous, le 'm. tacs, l'eSpect autoritaire et solen- avisé un <strong>de</strong>s mâts extraite, mals ne en dégage quo du corps<br />
porteurs <strong>de</strong><br />
neOtte cresson kilo, le sucre lires,<br />
entier <strong>de</strong> l'ouvrage,<br />
le café 40... Et le salaire maximum nel <strong>de</strong> ces gros pylônes plantés <strong>de</strong> conduite. Il grimpe, grimpe<br />
< ce n'est pas du premier roi. et par d'un ouvrier spécialisé est <strong>de</strong> SO tires mâts <strong>de</strong>s portiques égyptiens. grimpe. Il tend le bras. On voit,<br />
une seule leeture, mais pou P peu per une<br />
lecture assIdue et souvent recommencée nue Par Jour-<br />
Un peu plus han dans le bruit <strong>de</strong>s Cette masse s'érige en effet com- non, on ne voit rien... c'est cem.<br />
nous nous en pénétrons et que nous con, wagons s'ébranlant, J'ai .tendu ces me le pylône gardien d'une large me l'éclair... On ramasse une lo-<br />
sertissons pour ainsi dire ees ee no- mots<br />
tre propre substan,. s Cela me fait mal au cmue <strong>de</strong><br />
Perle, d'un Passage <strong>qui</strong> surveille que <strong>de</strong> chairs rôties et d'os brisés<br />
DESCARTES. partir.<br />
LE PASSAGE DES PANORABLLS<br />
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