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MES CAS CONCRETS (à moi)

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<strong>MES</strong> <strong>CAS</strong> <strong>CONCRETS</strong> (<strong>à</strong> <strong>moi</strong>)<br />

Il s'agit ici de situations professionnelles, toutes vécues par <strong>moi</strong>-même, et non pas des fameux Cas Concrets qu'on trouve<br />

dans les examens du Diplôme d'État d'Infirmier.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N°1:<br />

L'Infirmière peut aider le médecin <strong>à</strong> adapter la thérapeutique.<br />

Cela se passe dans une Réanimation Hépato. Je m'y retrouve pour un après-midi, 13H30-21H30. J'ai <strong>à</strong> ma charge un patient<br />

lourd, opéré Abdo avec drains et poches et qui s'y trouve depuis un <strong>moi</strong>s.<br />

Le traitement comprend, entre autres, une seringue électrique de Catapressan® (Clonidine) <strong>à</strong> la dose de 3 Ampoules/24H pour<br />

l'HTA dont la vitesse avait été augmentée le matin de 2 <strong>à</strong> 3 puis <strong>à</strong> 4.<br />

Je fais le point des nombreux branchements, perfusions, drains, poches, câbles de monitoring.<br />

La prescription du jour n'a pas encore été mise en route, c'est <strong>à</strong> <strong>moi</strong> de l'exécuter. Le Catapressan passera <strong>à</strong> 6 ampoules par jour,<br />

la vitesse de la nouvelle seringue électrique sera en fonction de la Pression Artérielle afin d'obtenir une PA inférieure ou égale <strong>à</strong><br />

160 systolique.<br />

Les constantes de 14H montrent une PA de 200/95 alors que pendant la matinée elle a varié entre 150 et 175. Je me presse donc<br />

de refaire une seringue de Catapressan avec le nouveau dosage, mais je veux d'abord vérifier une chose: changer le brassard <strong>à</strong><br />

PA d'extrémité. Il se trouve <strong>à</strong> la cheville gauche pour une raison simple, le patient est perfusé aux deux avant-bras suite <strong>à</strong><br />

l'ablation de la voie centrale jugulaire pour fièvre.<br />

Je commence par vérifier la PA au bras droit et je trouve 116/87, ensuite je reprends la PA avec un appareil classique qui<br />

confirme.<br />

Je fais venir la réanimatrice qui vérifie = 90/60.<br />

Décision: arrêt du Catapressan et surveillance de la PA qui se stabilise en milieu d'après-midi autour de 130/70.<br />

L'erreur médicale résulte ici de l'excès de confiance que le médecin a en ses infirmières.<br />

L'erreur paramédicale vient ici de la non vérification des méthodes de surveillance d'une équipe <strong>à</strong> l'autre, c'est <strong>à</strong> dire de l'excès<br />

de confiance que l'infirmière peut avoir en ses collègues.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 2 :<br />

Le diagnostic infirmier peut aider le médecin.<br />

Je fais une nuit de Réanimation dite "Médicale", 20H-8H. Parmi les patients <strong>à</strong> ma charge se trouve une jeune femme de 30 ans<br />

admise il y a 5 jours pour Tentative de Suicide médicamenteuse. Elle aurait été retrouvée inconsciente chez elle et porte au front<br />

la trace d'un trauma crânien.<br />

On me précise pendant les transmissions infirmières qu'il s'agit d'une patiente assez difficile, qu'elle se plaint d'une douleur <strong>à</strong><br />

l'épaule pour laquelle elle demande trop d'Efferalgan® et de Di-Antalvic® et que je ne dois pas trop lui en donner.<br />

Vers 21H, l'aide soignante m'invite <strong>à</strong> l'aider installer les patients pour la nuit. Elle demande <strong>à</strong> la jeune femme de se mettre droite<br />

sur le dos pour tirer les draps.<br />

C'est alors que je remarque une asymétrie au niveau de l'épaule droite, le fameux signe de l'épaulière.<br />

J'en parle tout de suite au réanimateur qui demande une Radio.<br />

Résultat: Luxation de la tête humérale (...depuis 5 jours) <strong>à</strong> confier aux orthopédistes dès le lendemain matin.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 3 :<br />

L'infirmière peut parfois éviter au médecin la faute.<br />

Je suis Panseur dans une salle d'opération d'un Bloc ORL. Le chirurgien effectue sans aide une intervention nommée<br />

Stapedectomie, correction d'une otospongiose chez une patiente de 28 ans, avec prélèvement d'aponévrose temporale et implant<br />

d'un Piston. L'opération est réalisée sous microscope relié <strong>à</strong> une colonne vidéo pour que nous, les autres dans la salle, puissions<br />

suivre.<br />

Suit un geste de cautérisation au bistouri électrique <strong>à</strong> l'intérieur de l'oreille moyenne. Le chirurgien me demande de baisser la<br />

coagulation <strong>à</strong> 10, ce que je fais, mais ayant ses yeux rivés sur les binoculaires du Micro, il se trompe de bouton et effectue son<br />

geste avec le bouton jaune, celui de la Section, au lieu du bouton bleu, celui de la Coagulation.<br />

Les Bistouris Électroniques LAMIDEY et ERBE <strong>à</strong> affichage digital, <strong>à</strong> la différence du VALLEYLAB, se remettent <strong>à</strong> l'allumage


sur les réglages de l'intervention précédente.<br />

La section était <strong>à</strong> 60, et la canule métallique fine d'aspiration, par l'intermédiaire de laquelle le chirurgien effectuait son geste de<br />

cautérisation, a touché un nerf, la Corde du Tympan, qui traverse l'oreille moyenne comme une corde <strong>à</strong> linge non tendue. Une<br />

fois le geste effectué, le nerf touché est devenu droit, comme une corde <strong>à</strong> linge tendue.<br />

Quelles seront les conséquences <strong>à</strong> moyen ou long terme? Je n'en sais rien (*), mais j'aurais pu éviter cet incident en mettant<br />

simplement la section <strong>à</strong> zéro d'emblée.<br />

Mettez toujours la section <strong>à</strong> zéro et augmentez-la <strong>à</strong> la demande du chirurgien.<br />

Le plus souvent, la section est utilisée en surface (peau, muscles). Une fois que le chirurgien a atteint "l'intérieur" (cavités),<br />

remettez la section <strong>à</strong> zéro et ne l'augmentez qu'<strong>à</strong> la demande.<br />

(*)Les fibres sensorielles du Nerf Facial correspondent au territoire gustatif des 2/3 antérieurs de la langue et sont véhiculées par<br />

l'intermédiaire de la Corde du Tympan.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 4 :<br />

Essayer de négocier avec les médecins le confort du patient au Bloc.<br />

L'infirmière peut essayer de changer certaines habitudes pour le confort du patient.<br />

Cela se passe dans un bloc opératoire d'Orthopédie.<br />

L'un des anesthésistes, nouveau dans le service, pratique souvent des anesthésies locorégionales, et il est surtout fier de sa<br />

"hémi-rachi-anesthésie", une variante de la Rachi qui endort une seule jambe. Une merveille technique.<br />

J'ai cependant observé que lorsqu'il s'agit d'Arthroscopie de Genou, le patient étant installé les deux jambes <strong>à</strong> la verticale<br />

(fléchies <strong>à</strong> 90° en rabattant les pieds de la table d'opération*), la jambe non endormie souffre de telle position et le patient essaie<br />

parfois de la bouger en cherchant un soulagement <strong>à</strong> l'engourdissement. C'est alors que le chirurgien lui crie: "Monsieur, ne<br />

bougez pas !"<br />

J'ai donc abordé un jour le sujet avec l'anesthésiste en le félicitant pour sa technique. J'ai aussi ajouté que dans le cas précis de<br />

l'Arthroscopie de Genou, une Rachi classique serait plus indiquée vu la position des jambes pendant l'intervention. Il m'a fait<br />

savoir en riant que sa technique ne pouvait être négociée.<br />

J'ai donc essayé d'en parler avec certains chirurgiens, en leur demandant si ça ne les gênait pas trop si le patient gardait la jambe<br />

non opérée <strong>à</strong> l'horizontale pendant l'intervention, écartée un peu de la ligne médiane pour ne pas déranger l'opérateur.<br />

Un chirurgien (sur 9, dont 4 consultés) a accepté. Aucun ne savait au début qu'une seule jambe était endormie jusqu'<strong>à</strong> avoir vu le<br />

patient bouger l'autre.<br />

* Certains chirurgiens effectuent l'arthroscopie de genou les deux jambes <strong>à</strong> l'horizontale.<br />

Voir ce document: Comment les infirmières peuvent modifier les pratiques médicales.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 5 :<br />

Le Test de Beth-Vincent est <strong>à</strong> refaire.<br />

Je me retrouve pour deux après-midis de Week-end dans une unité stérile d'Hématologie en 13H30-21H30. Il fallait entrer le<br />

<strong>moi</strong>ns possible dans les chambres stériles en organisant les soins toutes les deux heures, <strong>à</strong> 14H, 16H, 18H et 20H, prises de<br />

constantes comprises.<br />

Je dois transfuser une patiente aplasique avec deux Culots Globulaires. Je ne peux pas faire entrer les flacons de sérums réactifs<br />

(qui sont au frigo) dans la chambre pour effectuer le Test de Beth-Vincent "au chevet du patient".<br />

Je fais donc le test du culot sur la paillasse <strong>à</strong> l'extérieur, puis pour tester le sang de la patiente je dépose les gouttes des trois<br />

réactifs sur le carton de test, je prends une lancette (de celles qu'on utilise pour faire une glycémie capillaire) ainsi que le culot<br />

globulaire, avec une tubulure de sang, et j'entre dans la chambre.<br />

Les doigts de cette patiente-l<strong>à</strong> n'étaient pas spécialement "juteux". J'obtiens un résultat correspondant au groupe AB<br />

(agglutination partout) alors que madame est du groupe A+. Je ne comprends pas. Je dois alors refaire le test, ce qui m'oblige <strong>à</strong><br />

me déshabiller, ressortir de la chambre, prendre un autre carton de test, y déposer de nouvelles gouttes de sérum, rentrer dans la<br />

chambre, me rhabiller... Cette fois-ci je dépose les gouttes de sang <strong>à</strong> côté des gouttes de réactif au lieu de les déposer<br />

directement dessus comme je l'avais fait. Le deuxième test est réussi.


Explication:<br />

En essayant de déposer une maigre goutte de sang au dessus d'une goutte de sérum réactif, le doigt a touché la goutte de sérum<br />

anti-B. Il y'a eu mélange entre les réactifs des trois cases B, A et AB, d'où agglutination partout.<br />

Ce problème n'aurait pas eu lieu:<br />

1. Si la banque du sang avait fourni avec les culots globulaires des kits de cartons de test accompagnés de leurs réactifs sous<br />

forme de petites tubulures de sérum <strong>à</strong> percer avec une aiguille. Ou bien de ces cartons de test où la goutte de sérum réactif est<br />

déj<strong>à</strong> pré-déposée sur le carton sous forme sèche. Le centre de transfusion sur place n'en possédait pas.<br />

2. Si j'avais d'abord déposé les gouttes de sang provenant du doigt de la patiente sur le carton sec, pour ensuite ressortir et<br />

effectuer les tests dehors. Mais cela suppose aussi devoir retourner dans la chambre pour poser le culot globulaire, <strong>à</strong> <strong>moi</strong>ns de<br />

faire les tests <strong>à</strong> 16H et la pose du culot <strong>à</strong> 18H, ce qui retarde la transfusion. Ceci est possible si la transfusion n'est pas urgente.<br />

La meilleure solution, <strong>à</strong> mon avis, faute de "kits" individuels, et la plus économique en "mouvements" (dans le cas précis de la<br />

chambre stérile) est celle de déposer la goutte de sang provenant du doigt du patient <strong>à</strong> côté de la goutte de réactif et non pas<br />

dessus.<br />

Vous pouvez aussi effectuer le test "patient", pour gagner du temps, dès que vous avez connaissance de la prescription. Par<br />

exemple: Si j'ai la prescription <strong>à</strong> 15H45. J'effectue le test "patient" en même temps que les soins de 16H. Puis en attendant d'être<br />

livré par la banque du sang, j'ai le temps d'effectuer le test "culot" une fois les poches reçues, pour poser la première poche <strong>à</strong><br />

18H et la deuxième <strong>à</strong> 20H.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 6:<br />

À jeun depuis bientôt 24H !<br />

L'une de mes patientes, âgée de 96 ans est <strong>à</strong> jeun depuis hier minuit. On doit l'opérer d'une fracture du col fémoral. Nous<br />

sommes le Samedi, il est 14H30 et je prends ses constantes. Je viens de prendre ma mission d'intérim dans le service "Porte" des<br />

Urgences d'un hôpital en 13H30-21H30. La patiente, très lucide et souriante, se plaint d'avoir faim. Je lui promet de me<br />

renseigner pour voir <strong>à</strong> quelle heure on la prendra au bloc.<br />

Dans mon poste de soins il y a deux grandes pancartes au mur qui affichent les numéros de téléphone de la plupart des services,<br />

laboratoires et de certains médecins. Aucun numéro de téléphone du bloc opératoire!<br />

Ni la surveillante, ni l'interne, ni mes collègues ne savent <strong>à</strong> quelle heure la patiente sera opérée.<br />

Je bipe l'interne d'Orthopédie, puis l'Anesthésiste. Pas de réponse. Ils sont sûrement occupés au bloc.<br />

Je fais le 9 (le standard) et je demande le Bloc Opératoire.<br />

-Quelle salle vous désirez?<br />

-La salle d'Orthopédie, SVP.<br />

-Il y a plusieurs salles d'Orthopédie.<br />

-Ah bon! Je ne sais pas... passez-<strong>moi</strong> n'importe laquelle.<br />

-On me passe une salle, puis une autre, aucune ne répond.<br />

Je décide de prendre les choses en main et d'aller voir personnellement. C'est au premier sous-sol. On n'est jamais mieux servi<br />

que par soi-même.<br />

Je n'avais que trois patients et <strong>à</strong> tout moment les urgences pouvaient m'envoyer d'autres. J'ai demandé <strong>à</strong> l'aide-soignante de<br />

surveiller et d'appeler ma collègue, celle de l'aile d'en face, si problème.<br />

À l'entrée du bloc il y a des tenues-pyjama en papier, des surchaussures, des bonnets, des masques. Je me déguise et j'entre. Il y<br />

a une dizaine de salles qui correspondent <strong>à</strong> plusieurs spécialités, une seule est allumée. J'y entre par les petit SAS de<br />

décontamination des instruments et je frappe <strong>à</strong> la vitre. La panseuse vient me voir. L'équipe de chirurgiens s'occupe<br />

apparemment d'une hanche. Je demande <strong>à</strong> quelle heure on prendra Mme X.<br />

-Pas tout de suite car il y aura un rachis <strong>à</strong> prendre avant.<br />

-Oui, mais elle a 96 ans et elle est <strong>à</strong> jeun depuis minuit !<br />

-On le sait, mais on doit prendre le rachis avant.<br />

-Si vous ne la prenez pas d'ici 6 heures, puis-je la faire manger tout de suite?<br />

-Oui, répond l'anesthésiste, après une hésitation.<br />

-Merci.<br />

Je retourne dans le service et demande <strong>à</strong> l'aide-soignante de trouver quoi donner <strong>à</strong> manger <strong>à</strong> la mamie. Celle-ci est ravie et<br />

mange tout ce qu'on a pu lui trouver dans le frigo du service: yaourt, petits-suisses, crème dessert.<br />

Il est 15H.<br />

J'écris dans les transmissions que la patiente est "bonne pour être opérée <strong>à</strong> partir de 21H", en respectant les 6 heures minimum<br />

de jeune pré-op.<br />

A 21H10, lors des transmissions avec l'équipe de nuit, le téléphone sonne. C'est le bloc. On demande de descendre Mme X.


En théorie, ce sont les médecins qui doivent pouvoir prévoir <strong>à</strong> quelle heure sera opérée Mme X, ce qui lui aurait permis de<br />

prendre le petit déjeuner et le déjeuner de midi. Dans la pratique c'est plus compliqué, <strong>à</strong> cause de l'imprévu et des priorités,<br />

surtout le Week-End où il n'y a pas de "programme opératoire" comme en semaine. Un rachis est plus urgent qu'une hanche.<br />

L'initiative de l'infirmière peut trouver la meilleure solution pour le patient.<br />

Aurais-je effectué la même démarche pour un jeune patient? Pas si sûr! Au <strong>moi</strong>ns j'aurais cherché <strong>à</strong> savoir <strong>à</strong> quelle heure il sera<br />

opéré...juste au téléphone.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 7:<br />

Une Pathologie qu’on ne traite pas d’habitude dans le service.<br />

Je suis en mission de Week-End dans un service de Neurologie médicale en 13H30-21H30. Parmi les patients <strong>à</strong> ma charge, un<br />

homme de 80 ans admis il y a une semaine pour Accident Vasculaire Cérébral avec déficit droit. C’est le côté neurologique de<br />

son état. Mais le patient présente aussi des urines rouges foncées depuis 6H du matin, après une notion d’hématurie il y a 48<br />

Heures.<br />

Ma collègue, n'ayant jamais vu ça, a passé une bonne partie de sa matinée <strong>à</strong> effectuer des lavages de décaillotage <strong>à</strong> la seringue <strong>à</strong><br />

embout conique par la sonde Folley 14 CH bouchée.<br />

Le patient venait d’arriver dans le service, de retour d’une échographie des reins et de vessie-prostate, lorsque je l’ai pris en<br />

charge. Le compte-rendu parle d’une image rénale gauche mais l’examen de la vessie n’a pas été possible car elle n’était pas<br />

pleine. Le Radiologue recommande d’effectuer une échographie <strong>à</strong> vessie pleine.<br />

L’interne d’urologie ne peut pas se déplacer, ni prendre le patient dans son service. Il recommande un lavage continu de la<br />

vessie.<br />

Je prends les choses en main et demande la permission au médecin-de-garde de resonder le patient. Je le fais prescrire par écrit<br />

le lavage continu.<br />

Dans le service il n’y a pas de quoi effectuer un lavage continu de vessie: Ni sonde <strong>à</strong> double courant, ni poches de sérum de 3<br />

litres, ni tubulures Y. J’ai trouvé juste des ampoules de vaseline et une poche de recueil stérile.<br />

Je téléphone d’abord <strong>à</strong> la pharmacie pour demander 4 cartons de 3 poches de sérum phy de 3 litres, ce qui fait 12 poches. La<br />

pharmacienne s’étonne de la quantité et du fait qu’on n’en ait pas dans le service, mais je lui explique la situation et j’obtiens ce<br />

que je demande. Puis je prends contact avec l’une des infirmières du service d’urologie et je lui demande de bien vouloir me<br />

fournir des sondes de 3 voies, béquillées ou pas, mais de différents calibres, ainsi que des tubulures en Y. Je fais deux bons de<br />

commande que je donne au garçon, qui heureusement fait vite. J’ai le matériel dans la demi-heure.<br />

A 14H15 le patient est sondé avec une sonde béquillée de 20CH (c’est le plus gros calibre que j’ai eu, j'aurais préféré une<br />

22CH) et le lavage est démarré.<br />

Les urines restent rouges foncé toute la soirée. La sonde se bouche malgré le lavage. Je dois la déboucher <strong>à</strong> la seringue et<br />

accélérer le lavage.<br />

Deux contrôles de NFS (*) sont rassurants.<br />

A 21H je constate que la poche de recueil des urines n’est pas trop remplie par rapport <strong>à</strong> la vitesse du lavage, tandis que l’aidesoignante<br />

découvre un globe vésical visible <strong>à</strong> l’oeil nu en enlevant la couverture. Je suis fier d’elle et <strong>moi</strong>ns fier de <strong>moi</strong>-même.<br />

J’effectue encore un lavage de vessie <strong>à</strong> la seringue <strong>à</strong> gros embout, et laisse vider celle-ci par paliers de quelques minutes<br />

d’intervalle, avant de confier le patient <strong>à</strong> la collègue de nuit.<br />

Le lendemain le patient a les urines plus claires, mais toujours rouges, le lavage a été ralenti <strong>à</strong> une poche de 3 litres par 4 heures.<br />

J'offre <strong>à</strong> l'aide-soignante un petit cadeau (du chocolat) pour la féliciter de sa découverte.<br />

Si vous avez un patient sous lavage vésical continu surveillez fréquemment la présence d’un globe vésical, en découvrant le<br />

patient. La constatation de la présence d’un globe se fait par 3 méthodes: l’observation <strong>à</strong> l’oeil nu qui est plus facile si le<br />

patient est maigre, la palpation et la percussion. Effectuez cette dernière comme le ferait un médecin, en posant la main<br />

gauche, doigts écartés, sur le bas ventre du patient et en tapant avec le bout du majeur de la main droite sur la deuxième<br />

phalange des doigts de la main gauche. Pour effectuer une percussion efficace il ne faut pas avoir les ongles longues.<br />

(*) NFS en France signifie: Numération Formule Sanguine.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 8:<br />

Mon Aide-Soignante est blessée au pouce.<br />

Dans le bloc opératoire d'un hôpital privé nous venons de finir une intervention chirurgicale. C'est un dimanche et il n'y a que<br />

<strong>moi</strong> comme panseur, avec une aide-soignante. Nous débarrassons la salle et la conditionnons pour la prochaine urgence.<br />

Pendant que <strong>moi</strong> j'asperge les surfaces avec le spray désinfectant, l'aide-soignante ferme les sacs poubelle lorsqu'elle se blesse<br />

au pouce <strong>à</strong> travers le plastique du sac. Le responsable de la blessure est une ampoule de Diprivan® dont le col cassé présente la


classique pointe en verre. Dans cet établissement l'équipe anesthésiste jette les ampoules vides dans un sac poubelle en plastique<br />

mis <strong>à</strong> leur disposition.<br />

Le lendemain, lundi, je décide d'en parler <strong>à</strong> l'équipe anesthésiste. Je commence par l'infirmière <strong>à</strong> laquelle je raconte l'histoire et <strong>à</strong><br />

qui je demande si ce n'est pas possible de mettre les ampoules vides dans le container <strong>à</strong> aiguilles. Elle dit que non. «La boîte <strong>à</strong><br />

aiguilles est faite pour les aiguilles!» (*).<br />

Plus tard je croise dans le couloir la surveillante des infirmières anesthésistes <strong>à</strong> qui je raconte la même histoire et <strong>à</strong> qui je pose la<br />

même question. Elle répond que les boîtes <strong>à</strong> aiguilles utilisées dans le bloc sont petites (2 litres de capacité). Je demande s'il<br />

n'est pas possible de se procurer des grandes boîtes <strong>à</strong> aiguilles comme j'en vois souvent dans les hôpitaux publics. «On verra<br />

mais je ne crois pas», dit-elle.<br />

Affaire <strong>à</strong> suivre, car je dois encore en parler aux anesthésistes ou au surveillant du bloc, le type de démarche que j'appelle<br />

souvent DQJMM ("De Quoi Je Me Mêle").<br />

Mardi je réussis <strong>à</strong> en parler au surveillant du bloc en profitant du fait qu'il a été informé de la blessure au pouce de l'aide<br />

soignante. Il en parle avec la surveillante des infirmières anesthésistes qui lui dit qu'il s'agit d' une «blessure exceptionnelle», car<br />

«il est rare que la cassure du col des ampoules donne une pointe».<br />

L'affaire en reste l<strong>à</strong>.<br />

Je décide donc unilatéralement, et uniquement dans la salle d'opération qui m'est assignée chaque jour, de mettre <strong>à</strong> la disposition<br />

de l'équipe anesthésiste le grand container en plastique rigide qui se trouve dans le SAS de décontamination de chaque salle et<br />

dans lequel nous éliminons d'habitude, <strong>à</strong> la fin de l'intervention, les pinces <strong>à</strong> usage unique de coelioscopie ou de chirurgie<br />

digestive. Encore faut-il pouvoir les convaincre de mettre leurs ampoules dedans, ce qui équivaut <strong>à</strong> un très grand et difficile<br />

changement d'habitudes.<br />

Pour les réfractaires je me charge de vider leur sac dans le dit container <strong>à</strong> la fin de l'intervention afin de protéger mes collègues<br />

aides-soignantes et agents hospitaliers.<br />

(*)La boîte <strong>à</strong> aiguilles est destinée <strong>à</strong> recevoir tout objet piquant ou tranchant.<br />

<strong>CAS</strong> CONCRET N° 9:<br />

L'Interne d'Anesthésie se mêle de ce qui ne la regarde pas.<br />

Je remplace l'instrumentiste sur le champ opératoire pour qu'elle aille déjeuner.<br />

Vers la fin de l'intervention chirurgicale nous demandons <strong>à</strong> la panseuse circulante de bien vouloir effectuer le compte des<br />

compresses. On vient de faire une oesophagectomie. Moi je compte les compresses marquées qui me restent sur le champ<br />

opératoire et j'attends, lorsque la collègue annonce qu'il manque une compresse.<br />

On déclenche l'opération "Recherche Avancée". Chacun cherche: La panseuse refait les baquets, regarde sous les pieds de<br />

l'équipe, <strong>moi</strong> au milieu de mes instruments et sous les champs posés sur les trois tables d'instruments dont je dispose, les<br />

chirurgiens dans les plis des champs opératoires ainsi que dans le ventre du patient, un peu gênés car les sutures sont tendues et<br />

ne peuvent pas aller fouiller dessous sans faire des dégâts.<br />

Rien.<br />

La panseuse demande des renforts, une deuxième panseuse arrive et cherche avec la première. On attend. Elles refont les<br />

baquets et commencent <strong>à</strong> faire les deux sacs de poubelle pleins.<br />

Rien.<br />

On décide de faire venir l'Ampli (l'appareil de radioscopie). On prend des vues de l'abdomen, du thorax, du cou. Personne n'est<br />

protégé, il n'y a aucun tablier en plomb dans la salle. On est pressés de trouver la compresse et on prend des rayons pour la<br />

bonne cause.<br />

Rien.<br />

On décide de faire venir le manipulateur radio pour une prise de plaque de grande taille, du cou jusqu'au bassin.<br />

L'équipe anesthésiste (médecin, interne et infirmière-anesthésiste) est trop occupée au chevet du patient, il ne va pas trop bien, la<br />

tension est basse. On remplit.<br />

Mais le sauveur est l<strong>à</strong>. La jeune et menue Interne en Anesthésie décide de quitter la tête du patient et de participer aux<br />

recherches. Elle commence par les baquets et trouve soudain une compresse marquée, pliée et imbibée de sang. C'est l'une des<br />

compresses qui ont servi comme "tampons montés"(*). Elle était bien cachée dans l'un des plis du sac poubelle en plastique<br />

recouvrant le baquet!!<br />

On est soulagés, mais le chirurgien est en colère, il a perdu du temps pour rien.<br />

On est tous en admiration devant ce petit bout de femme qui a décidé, contrairement aux habitudes, de se mêler de ce qui ne la<br />

regarde pas.


(*) Dans certains établissements l'instrumentiste garde les compresses dans une grande cupule et ne les donne <strong>à</strong> la panseuse que<br />

par 10.<br />

Cas Concret N° 10:<br />

La patiente est en hypothermie profonde.<br />

Nous sommes dans une Réa et j'ai <strong>à</strong> ma charge une patiente intubée-ventilée qui a subi un polytraumatisme il y a une semaine.<br />

Elle est porteuse d'un KT central <strong>à</strong> 3 voies, KT radial pour le monitorage de la Pression artérielle, une DVE (Dérivation<br />

Ventriculaire Externe) <strong>à</strong> déclamper 3 minutes si elle dépasse 20 de PIC.<br />

Pas de réaction neuro. Les pupilles sont moyennes mais sans aucune réactivité <strong>à</strong> la lumière. Elle est sous diverses drogues <strong>à</strong> la<br />

seringue électrique. Je dois régler la vitesse du Lévophed afin d'obtenir une PPC <strong>à</strong> 80.<br />

Elle est Hyperthermique <strong>à</strong> 39°C, ce matin <strong>à</strong> 38,2° et mise sous procédure de refroidissement avec des alèses mouillées, des<br />

poches de sérum froid sur les flancs et ventilateur en continu afin d'obtenir une T° <strong>à</strong> 35°C.<br />

Je la prends en charge, et lors du tour des constantes de15H la patiente présente une température au plus bas de l'échelle du petit<br />

thermomètre <strong>à</strong> mercure. Même en rectale celui-ci ne décolle pas. Je vais chercher un thermomètre long que je baisse jusqu'<strong>à</strong> 30°<br />

(il ne baisse pas au-del<strong>à</strong>) et que je mets dans l'aine. Il ne monte pas du tout, dans le rectum non plus.<br />

J'arrête tout le refroidissement, je couvre la patiente avec deux alèses et je décide d'installer un monitorage de la température. Je<br />

trouve la "brique" estampillée TEMP (pour le moniteur Hewlett-Packard), le câble qui va avec, mais il me manque la sonde. J'en<br />

profite pour biper le réanimateur, je lui explique la situation et je lui dis que je ne sais pas quelle est la température de la patiente<br />

et que j'aurais voulu la monitorer. Il me promet de venir avec une sonde naso-pharyngienne bleue (*) qu'il ira chercher au bloc<br />

ou en salle de réveil.<br />

Une fois le monitorage mis en place, la température de la patiente s'affiche enfin sur le moniteur: 30,7°C !! Celle-ci est passée<br />

de 38,2° le matin <strong>à</strong> une hypothermie profonde l'après-midi parce que la surveillance de la température se fait avec un petit<br />

thermomètre <strong>à</strong> mercure toutes les 3 heures.<br />

Je vais chercher une couverture chauffante et je couvre la patiente. Je règle le chauffage <strong>à</strong> 35°. Le réanimateur le met <strong>à</strong> 34°. Il<br />

faut obtenir une remontée de la température de pas plus d'un degré par heure.<br />

Il demande aussi d'arrêter le Penthotal car il produit une vasodilatation et donc une perte de chaleur. Un bilan Iono et GDS est<br />

prélevé.<br />

Commentaire du réanimateur qui a pris sa garde <strong>à</strong> midi: "Il faudrait toujours monitorer la température lorsqu'on se met <strong>à</strong><br />

refroidir un malade".<br />

(*) Le monitorage de la température peut aussi être fait avec une sonde vésicale dite "thermique" et que l'on branche <strong>à</strong> la même<br />

"brique" HP.<br />

Cas Concret N° 11:<br />

Je joue au Kiné.<br />

Dans une réanimation, un patient imposant par sa taille, parkinsonien, 80 ans, fébrile (pas ce matin) opéré il y a une semaine<br />

d'une colectomie gauche avec rétablissement immédiat de la continuité, se trouve assis au fauteuil après la toilette du matin. Il<br />

me pose une question:<br />

-Pensez-vous que je pourrais remarcher?, <strong>à</strong> quoi je réponds:<br />

-Mais pourquoi pas?<br />

-Parce que depuis l'opération je n'ai plus fait un pas, on me fait la toilette au lit et on m'installe au fauteuil.<br />

-Et le kiné n'est pas venu vous voir?<br />

-Si, hier. Pour m'aider <strong>à</strong> cracher.<br />

-Bon, dès qu'il arrive je lui dis de vous faire marcher, mais ça va être difficile avec tous ces fils et perfusions. Vous êtes un peu<br />

branché, quoi!<br />

Il est triste. Je décide donc de le préparer pour pouvoir marcher avec le Kiné. Je trouve une potence sur roulettes, <strong>à</strong> base lourde,<br />

sur laquelle je mets la poche de soluté avec sa machine compte-gouttes, la poche d'alimentation parentérale, les petites poches<br />

vides d'antibiotiques et la barrette <strong>à</strong> robinets qui étaient tous accrochés sur la potence du lit. Je ne trouve pas de déambulateur.<br />

Il est 9 heures du matin, le Kiné n'arrivera pas avant midi passé. Le patient insiste pour marcher. Il me demande au <strong>moi</strong>ns de<br />

l'aider <strong>à</strong> se lever pour rester debout <strong>à</strong> côté du lit dix minutes accroché <strong>à</strong> la barrière. Je l'aide, mais je finis par céder devant sa<br />

volonté de marcher.<br />

Je lui demande donc de saisir la potence d'une main et de la rouler devant lui, tandis que <strong>moi</strong>, avec mes petits gros muscles, je le<br />

tiens par l'autre bras. Nous faisons quelques pas autour du lit. Il veut faire le couloir!! On y va. Il réussit <strong>à</strong> faire, lentement <strong>à</strong>


cause de son Parkinson, tout le couloir aller-retour.<br />

Je suis subjugué par sa volonté de fer. Il a fait l'effort pour marcher, je me suis juste débrouillé pour lui donner les moyens<br />

techniques. Je suis conscient d'avoir pris un risque, celui de le voir tomber.<br />

A midi le kiné arrive pour l'aider <strong>à</strong> ...cracher. Je lui raconte la marche, il me promet de revenir avec un déambulateur. Le<br />

réanimateur ajoute "faire marcher" <strong>à</strong> côté de la prescription "Kiné respi".<br />

Cas Concret N° 12:<br />

Le patient a vomi toute la matinée.<br />

Il s'agit d'un service d'hospitalisation de Gastro-Entérologie. On est Dimanche et je prends ma mission <strong>à</strong> 13H30. La collègue du<br />

matin me fait les "trans" et me parle d'un patient qui n'a pas arrêté de vomir toute la matinée. Elle a certes eu le médecin au bout<br />

du fil qui lui a dit de faire un Primpéran® (Métoclopramide) en I.V.<br />

Depuis, elle n'a fait que vider des bassines et des bassines d'une matière fécaloïde.<br />

Je trouve un patient fatigué, deshydraté. Je pense <strong>à</strong> une occlusion et je dis <strong>à</strong> la collègue de faire venir le médecin de suite et de<br />

bien vouloir prendre les constantes. Moi je me précipite sur l'ar<strong>moi</strong>re <strong>à</strong> solutés et je pose 500cc de Ringer que je fais passer en<br />

vitesse. Ensuite je demande où se trouve la réserve <strong>à</strong> matériel et me procure un système d'aspiration faible que je branche au<br />

chevet du patient. Je lui pose une sonde gastrique que je mets en aspiration douce après avoir vidé l'estomac. Je pose une<br />

deuxième poche de Ringer 500 cc qui coule en vitesse. Ma collègue reprend les constantes lorsque le médecin arrive. Le patient<br />

est calme, soulagé. Le médecin l'examine et fait les prescriptions. Il est furieux de ne pas avoir été rappelé après l'administration<br />

du Primpéran.<br />

Cas Concret N° 13:<br />

Mais quelle est la bonne dilution?<br />

J'effectue une mission de bloc opératoire en chirurgie thoraco-pulmonaire. On pose, entre autres interventions, beaucoup de<br />

Chambres Implantables ou "Port-<strong>à</strong>-Cath" (PAC) pour la chimiothérapie. Systématiquement la panseuse doit servir sur la table<br />

d'opération, dans une cupule, de l'héparine diluée pour que le chirurgien puisse dans un premier temps purger, et un peu plus<br />

tard rincer, la chambre implantable et son cathéter afin d'éviter la coagulation du sang <strong>à</strong> l'intérieur suite au test de reflux.<br />

Sur le lieu de ma précédente mission de bloc opératoire (Chirurgie cardiaque, vasculaire, digestive, etc.) on utilisait toujours une<br />

dilution correspondant <strong>à</strong> 2 cc d'héparine* (10.000 UI) dans 500 cc de sérum phy. Dans un autre établissement c'était 1 cc<br />

d'héparine (5.000 UI) dans 500cc de sérum phy. Dans ce bloc de chirurgie thoracique et pulmonaire je me retrouve avec une<br />

dilution de 5 cc d'héparine dans 250 cc de sérum phy!!! Je suis choqué! Je trouve la dilution trop concentrée.<br />

Pour avoir le coeur net je décide de me renseigner, mais ceux <strong>à</strong> qui je pose la question dans ce bloc ne semblent pas être au<br />

courant. On me répond que l'on fait cela depuis si longtemps.<br />

Il ne me reste donc que la calculette. Pour effectuer mon calcul je prends comme référence les ampoules d'héparine spécial<br />

rinçage de KT dosées <strong>à</strong> 500 UI / 5 cc** que j'avais utilisées jadis dans un autre bloc, et j'effectue une "règle de trois simple":<br />

500 UI ------------------5 cc<br />

25.000UI---------------X<br />

Ce qui donne: X= (25.000 x 5) ÷ 500<br />

X= 125.000 ÷ 500<br />

X= 250 cc<br />

Je suis stupéfait! Je n'avais donc pas de raisons d'être choqué. La dose est la bonne ! Ce sont mes habitudes antérieures qui<br />

donnaient une dilution homéopathique, une héparine certes trop diluée mais tout de même efficace car nous n'avons jamais<br />

repris les patients au bloc pour PAC bouché en post-opératoire.<br />

J'ai donc appris que 5 cc (25.000 UI) dans 250 cc de sérum phy n'est pas une dose trop concentrée, c'est la dose juste, et que 1 ou<br />

2 cc dans 500 cc de sérum phy c'est tout de même une dose efficace.<br />

Mais tous les établissements n'utilisent pas le sérum hépariné pour rincer les Cathéters Centraux et les Chambres Implantables.<br />

Trois grands centres de Cancérologie, où l'on en pose beaucoup, pensent que cela est inutile. Il rincent tout simplement le KT ou<br />

la chambre avec 20 cc de sérum phy !<br />

(*)Héparines présentées dans un flacon de 25.000 UI dans 5 cc<br />

(**)Héparine Dakota Pharm, ampoules de 500 UI / 5 ml


Cas Concret N° 14:<br />

Je suis enrhumé!<br />

Il a suffi que j'enlève ma casquette aux vestiaires du bloc opératoire, juste sous une soufflette de climatisation au plafond, après<br />

un trajet <strong>à</strong> vélo, pour que je commence <strong>à</strong> éternuer et le nez se mette <strong>à</strong> couler !<br />

J'enfile donc deux bavettes et je fais 12 heures d'affilée, en prenant le soin de me laver les mains plus fréquemment que l'on ne<br />

le fait d'habitude dans un bloc opératoire et d'utiliser en salle d'opération le Stérilium®. Le soir je suis décomposé, j'arrive <strong>à</strong> la<br />

maison et pendant le dîner les miens commencent <strong>à</strong> éternuer <strong>à</strong> leur tour, c'est dire combien mon virus est virulent.<br />

Il faut bien que je retourne travailler le lendemain, cette fois-ci dans une salle de réveil, où l'on ne porte pas d'habitude de<br />

masque . Moi j'en porte ! J'en profite pour humidifier une compresse que j'interpose entre le masque et ma bouche-nez. Je<br />

change fréquemment de compresse humide, mais aussi de masque, que je jette dans un sac <strong>à</strong> déchets incinérables.<br />

Tout le monde me demande pourquoi je porte un masque et on en rigole, les collègues plus que les patients. Je leur explique que<br />

c'est pour les protéger. Je me lave donc fréquemment les mains et j'utilise souvent le Stérilium®.<br />

Toutes ces mesures sont peut-être insuffisantes mais au <strong>moi</strong>ns je suis sûr d'avoir fait de mon mieux, faute de pouvoir m'arrêter<br />

une semaine.<br />

Cas Concret N° 15:<br />

Je décontamine.<br />

En mission de bloc opératoire, je travaille en salle d'opération avec une équipe de plusieurs anesthésistes et une seule infirmière<br />

anesthésiste. L'IADE (*) n'est pas toujours avec <strong>moi</strong> en salle, dans ce cas je suis avec un médecin anesthésiste. J'observe que<br />

l'un d'entre eux (toujours le même) utilise pour ventiler le patient qu'il va intuber, le même masque qu'il a utilisé sur le patient<br />

précédent, sans mettre de filtre entre le masque et le ballon souple. Pourtant, après l'intubation, il met le filtre entre la sonde<br />

d'intubation et la machine d'anesthésie.<br />

J'ai deux choix, celui de le lui dire, et puis celui de me charger de la décontamination <strong>à</strong> la fin de chaque induction anesthésique,<br />

en plus de mon propre travail de panseur qui est déj<strong>à</strong> chargé. J'en parle tout de même <strong>à</strong> l'IADE, qui elle, lorsqu'elle est avec <strong>moi</strong><br />

en salle, elle endort les patients dans les règles de l'art hygiéniquement parlant, tout comme les autres médecins anesthésistes.<br />

Elle me dit que c'est comme cela et que celui-ci ne changera pas.<br />

Je me charge donc de récupérer le masque et le ballon souple (avec sa valve) après l'intubation et de les plonger dans un produit<br />

décontaminant, le temps de la durée de l'intervention. Mais pour faire sécher un ballon souple il faut le souffler <strong>à</strong> l'air comprimé.<br />

Pour m'éviter cette tache ingrate je prépare <strong>moi</strong>-même le matériel pour endormir le patient suivant. Avant l'entrée du patient en<br />

salle d'opération le masque et le ballon sont déj<strong>à</strong> montés avec un filtre <strong>à</strong> usage unique interposé. Je n'ai plus qu'<strong>à</strong> plonger<br />

uniquement le masque dans le produit décontaminant, sans le ballon! Évidemment je ne suis pas payé pour cela mais je le fais<br />

pour le patient.<br />

(*) IADE en France, signifie: Infirmière Anesthésiste Diplômée d'État.<br />

Cas Concret N° 16:<br />

La peau autour de la stomie est <strong>à</strong> vif.<br />

C'est le week-end, samedi matin, et j'ai <strong>à</strong> ma charge une patiente porteuse d'une iléostomie depuis des <strong>moi</strong>s. La poche de stomie<br />

est reliée <strong>à</strong> une poche d'urines d'une capacité de trois litres, car la patiente a la diarrhée, presqu'en continue malgré le traitement<br />

par Imodium® et Ultra-Lévure®. La peau autour de la stomie est rouge vif. Il n'y a plus d'épiderme. Aucune poche ne tient en<br />

place. Les fuites sont constantes et je n'arrive pas <strong>à</strong> comptabiliser les sorties en selles liquides. Rien que le fait de poser une<br />

nouvelle poche est extrêmement douloureux car il faut bien nettoyer la peau et la sécher avant de coller la poche, les produits<br />

protecteurs de la peau sous la forme de spray ou d'épongette imbibée ne m'aident pas <strong>à</strong> faire que l'anneau de la poche colle<br />

autour de la stomie. La peau <strong>à</strong> cet endroit suinte et empêche l'étanchéité.<br />

Les deux infirmières "stoma-thérapeutes" du service sont absentes.<br />

Je descends aux consultations avec la surveillante pour essayer de trouver des anneaux protecteurs pour la peau par dessus<br />

lesquels on pose la base collante de la poche. On trouve un seul modèle malléable, mais ça ne colle pas non plus sur la peau <strong>à</strong><br />

vif.<br />

Je pense que l'idéal serait de laisser la peau <strong>à</strong> l'air en lui appliquant de l'éosine, mais d'une part le service n'en dispose plus, car le<br />

produit est abandonné, et d'autre part: comment recueillir les selles?


Je retourne <strong>à</strong> la réserve où le matériel <strong>à</strong> stomie est stocké et je réfléchis... je réfléchis... Sur l'étagère d'<strong>à</strong> côté se trouve le matériel<br />

de ventilation: des sondes d'intubation, des canules de trachéo, des filtres et tubes pour respirateur... je regarde... je regarde...<br />

lorsqu'une idée me vient <strong>à</strong> l'esprit:<br />

Je pourrais "intuber" la stomie avec une sonde d'intubation trachéale, celle du plus gros calibre, et gonfler le ballonnet, puis<br />

relier la sonde <strong>à</strong> la poche de recueil.... si le ballonnet gonflé veut bien rester dans l'intestin!<br />

Je tente le coup. J'hésite entre une sonde d'intubation et une canule de trachéo. Je prends les deux. J'essaie avec la sonde. Elle<br />

reste dans la stomie grâce au ballonnet gonflé et sans être fixée <strong>à</strong> la peau par du sparadrap, d'ailleurs l'état de la peau ne l'aurait<br />

pas permis.<br />

Les selles liquides ne semblent pas boucher la sonde, j'y veille!<br />

La peau reste <strong>à</strong> l'air. Il n' y a pas de fuites.<br />

Je commande de l'éosine <strong>à</strong> la pharmacie et je l'applique sur la peau autour de la stomie. Dimanche soir la peau va mieux, elle ne<br />

suinte plus.<br />

La patiente sera prise en charge lundi par l'infirmière stomathérapeute.<br />

Cas Concret N° 17:<br />

Le fil du Ballonnet est coupé.<br />

Le réanimateur a fini de poser un KT Central sous-clavier droit et il s'apprête <strong>à</strong> enlever le champs stérile fenêtré autocollant en<br />

coupant le champs depuis la fenêtre vers la périphérie afin de libérer le KT déj<strong>à</strong> relié <strong>à</strong> une perfusion, lorsqu'il s'aperçoit qu'il a<br />

coupé le fil du ballonnet de la sonde d'intubation du patient! Le fil du ballonnet se trouvait <strong>à</strong> droite au niveau du cou et le<br />

champs fenêtré le cachait.<br />

Une fois le fil du ballonnet coupé, une fuite est apparue. Elle était facilement reconnaissable par le bruit de gargarisation que<br />

l'air produit en jouant avec les sécrétions pharyngiennes. Le respirateur n'a pas tardé <strong>à</strong> sonner l'alarme.<br />

Lui ayant servi le matériel pour la pose du KT j'ai eu le réflexe de prendre une seringue de 20cc et une aiguille <strong>à</strong> intramusculaire<br />

que j'ai introduite dans la section du fil venant de la sonde d'intubation, et j'ai injecté de l'air jusqu'<strong>à</strong> la disparition des bruits de<br />

fuite. J'ai donc réussi <strong>à</strong> regonfler le ballonnet... temporairement, pendant que le réanimateur amenait le chariot d'urgence pour<br />

réintuber le patient.<br />

Il en profite pour demander <strong>à</strong> l'interne s'il veut intuber. Il lui conseille de prendre un guide long en silicone qu'il introduit dans la<br />

trachée <strong>à</strong> travers la sonde d'intubation <strong>à</strong> remplacer. Moi je relâche la pression sur le piston de la seringue. L'interne enlève la<br />

sonde par glissement sur le guide vers le haut et la remplace par une nouvelle sonde en faisant glisser celle-ci sur le guide vers la<br />

trachée.<br />

Le patient est réintubé. On gonfle le ballonnet.<br />

Cas Concret N° 18:<br />

Objectif Proposer.<br />

C'est un service de soins palliatifs, et j'y suis en mission pour deux jours en 7H -15H.<br />

Dans ce service tout se passe en douceur, on a beaucoup de patience avec les malades, on attend longtemps qu'ils fassent un<br />

geste, on prend son temps... alors que <strong>moi</strong> je suis plutôt habitué <strong>à</strong> la vitesse. Je suis en admiration devant ma jeune collègue<br />

infirmière qui parle <strong>à</strong> une patiente avec des caresses sur les joues, un baiser sur le front et une douceur telle que ... je tombe<br />

amoureux!<br />

Parmi les patients <strong>à</strong> ma charge, les alités trop faibles, <strong>à</strong> qui il faut faire la toilette au lit, et les valides, qui font leur toilette devant<br />

le lavabo ou sous la douche, avec aide.<br />

*<br />

Monsieur X est l<strong>à</strong> depuis deux <strong>moi</strong>s, et d'habitude il fait sa toilette tout seul dans sa chambre. Il ne l'a d'ailleurs jamais quittée.<br />

La première journée se passe bien. Je ne m'occupe pas de ce patient concernant sa toilette, on le laisse dormir, et c'est bien ce<br />

qu'il aime faire, mis <strong>à</strong> part les levers pour déjeuner.<br />

Le lendemain, lors de la distribution des médicaments du matin <strong>à</strong> 8H je lui propose une "douche gratuite" en milieu de matinée.<br />

Il ne dit pas non. J'attends sa réponse et il finit par dire "d'accord, pourquoi pas". Vers 10H30 je viens l'inviter <strong>à</strong> la salle de bains,<br />

où il n'arrête pas de s'excuser de nous donner du travail. Il dit combien lui est difficile d'accepter d'être lavé par quelqu'un d'autre<br />

que lui même. Je lui dis que je comprends bien, et qu'il s'agit l<strong>à</strong> d'un sentiment bien normal et légitime, ... je lui dis aussi que<br />

nous avons l'habitude, et puis que nous sommes même formés et payés pour cela, ce qui l'a fait sourire.<br />

J'en profite pour lui dire que La Seine passe juste devant l'établissement et que j'aimerais bien l'amener au salon pour la regarder<br />

par la terrasse vitrée. Il s'agit en effet d'un beau salon, avec moquette rouge, beaux meubles, une bibliothèque dans une petite<br />

pièce adjacente, un piano, un aquarium et une grande baie vitrée séparant le salon de la terrasse, d'où on a une vue imprenable<br />

sur la rivière. Il refuse, obstinément.


On m'avait bien dit en arrivant que la priorité en soins palliatifs ne sont pas les soins en eux mêmes, mais la paix du patient.<br />

Donc après avoir renouvelé deux fois ma proposition, en essayant d'argumenter, je laisse tomber, fort déçu qu'on puisse se<br />

passer d'un tel salon et d'une telle vue. Je me demande même j'usqu'où il faut respecter la volonté du patient.<br />

Lors des transmissions entre les deux équipes (où sont présents infirmières, aide soignantes, agents hospitaliers, deux médecins<br />

et deux jeunes psycho-motriciennes) on qualifie la fameuse douche de "miracle" et de "première". Je minimise en disant que je<br />

n'ai jamais insisté et que je n'ai fait que la proposer au patient (je doute d'ailleurs qu'on la lui ait jamais proposée). Je parle<br />

cependant de ma tentative de le faire sortir vers le salon en disant que je les quitte sur un échec et que j'aurais souhaité que<br />

quelqu'un d'autre puisse réussir <strong>à</strong> ma place cette semaine.<br />

Je pars avec l'impression qu'ici on respecte la volonté du patient <strong>à</strong> la lettre. Or il y a aussi l'esprit de la lettre. Pour <strong>moi</strong> ce devrait<br />

être plutôt une histoire d'amour, comme dans la drague où une dose d'insistance est nécessaire.<br />

*<br />

Madame Y est une mamie alitée qui ne mange plus. On le lui proposait pourtant. Je l'ai abordée en disant:<br />

-Moi personnellement j'aime beaucoup le yaourt, ou le fromage blanc, mélangés <strong>à</strong> la compote de pomme.<br />

-Cela ne doit pas être mauvais, dit-elle.<br />

-Voulez-vous essayer?<br />

-Pourquoi pas?<br />

Je vais les chercher au frigo et la fille de la patiente, qui était présente, se propose de les lui donner. Elle met, <strong>à</strong> ma demande,<br />

dans le yaourt une petite cuillèrée de compote et la donne <strong>à</strong> sa mère qui dit que c'est bon. Je lui demande d'augmenter la quantité<br />

de compote dans le yaourt, et mamie finit par manger le tiers du yaourt et deux tiers de la compote. C'est suffisant pour ce midi.<br />

*<br />

Proposez, en expliquant pourquoi vous proposez. Essayez parfois de jouer sur les sentiments en disant que cela vous ferait, <strong>à</strong><br />

vous, tellement de plaisir. Zut, c'est justement ce que j'ai oublié de dire <strong>à</strong> Monsieur X !<br />

Quant <strong>à</strong> ma collègue, je disais que j'étais tombé amoureux d'elle, ou du <strong>moi</strong>ns amoureux de sa douceur envers les patients.<br />

J'aurais aimé pouvoir lui proposer mariage, mais je suis déj<strong>à</strong> marié !<br />

Les soins palliatifs c'est un monde <strong>à</strong> part, et le personnel qui y travaille, trop courageux <strong>à</strong> mon sens. Ce n'est pas un nouvel<br />

arrivant en dépannage pour deux jours qui leur apprendra quoi que ce soit en la matière. Au contraire c'est <strong>moi</strong> qui ai appris<br />

quelque chose concernant la ... douceur. Je retourne <strong>à</strong> mes blocs opératoires.<br />

Lire cet article sur la formation des soignants en soins palliatifs au Quebec.<br />

Cas concret N° 19:<br />

Bien se renseigner grâce <strong>à</strong> Internet.<br />

Abonné <strong>à</strong> un magazine papier en anglais, je reçois aussi sa Newsletter par E-Mail.<br />

La newsletter contient un aperçu des articles <strong>à</strong> paraître dans le prochain numéro de la revue, mais aussi quelques publicités.<br />

Mon attention est justement attirée par l'une d'elles, un encadré vertical au rouge vif, qui parle du Tylénol® (médicament<br />

américain) en affirmant qu'il est l'antalgique de choix dans l'asthme... (Quel rapport?) En tout cas ma curiosité est servie, surtout<br />

par le fait que la pub soit parue dans la newsletter d'un magazine si sérieux, le TIME.<br />

Voil<strong>à</strong> un médicament que je ne connaissais pas. Je décide de me renseigner <strong>à</strong> son sujet.<br />

L'avantage de nos jours est justement celui de pouvoir se renseigner sur tout, ou presque, depuis chez soi, bien installé dans son<br />

fauteuil.<br />

Ça remonte <strong>à</strong> très loin le temps où j'avais besoin d'une carte de bibliothèque....<br />

Je cherche d'abord dans le Vidal. Rien!<br />

Je clique donc sur la pub et me voici sur le site du Tylénol®.<br />

J'apprends qu'il s'agit de l'Acétaminophène.... (connais pas !!) et qu'il fait partie de la famille des "Pain Relievers", les<br />

Analgésiques. Il n'agit pas directement sur la cause de la douleur, contrairement <strong>à</strong> l'aspirine et aux AINS (Anti-Inflammatoires<br />

Non Stéroïdiens). Il relève le seuil de la perception de la douleur.... Il est le traitement de choix de la douleur et de la fièvre chez<br />

les asthmatiques, car il est le <strong>moi</strong>ns <strong>à</strong> même de pouvoir déclencher une crise, encore contrairement <strong>à</strong> l'aspirine et aux AINS.<br />

Ouahh!!! Je commence <strong>à</strong> comprendre... Puis le site vous détaille les nombreuses présentations et formes galéniques, mélangées<br />

ou pas <strong>à</strong> d'autres produits, pour enfants, pour adultes, pour le rhume, pour les rhumatismes, pour les douleurs musculaires, pour<br />

la nuit, pour l'allergie et les sinus, les formes <strong>à</strong> longue durée, etc.... Et en plus il baisse la fièvre... Cerise sur le gâteau: Non<br />

seulement il est très bien toléré par l'estomac, encore et encore contrairement <strong>à</strong> l'aspirine et aux AINS, mais il n'a pas besoin de<br />

prescription médicale car il fait partie des "Over-The-Counter Drugs", les "hors-liste".<br />

Je commence <strong>à</strong> préparer la Carte Bleue pour la commande en ligne lorsque j'apprends qu'il ne s'agit pas d'un nouveau<br />

médicament et qu'il continue <strong>à</strong> faire ses preuves depuis... 1955 !! Il fête d'ailleurs ses 50 ans.<br />

Je décide de quitter le site officiel et d'aller voir sur les moteurs de recherche. Je tombe sur des sites de pharmaceutique qui en<br />

parlent, je lis l'historique de la molécule découverte en 1873. On parle de l'épisode mortelle de 1982 où un lot avait été mélangé


au Cyanide (c'est quoi ça encore?) et qui avait coûté la vie <strong>à</strong> 7 personnes.<br />

Un autre site montre le dessin de la molécule dans l'espace et détaille ses différents noms:<br />

Acétaminophène, N-acetyl-para-aminophenol ou Para-acetyl-amino-phenol, ou encore... PARACETAMOL !!!!<br />

QUOI ?! Je tombe des nues: Du vulgaire Paracétamol ? Nos Doliprane®, Dafalgan® et autres Efferalgan® <strong>à</strong> nous???? Le<br />

Panadol® des Anglais...<br />

Sonné, je range la Carte Bleue.<br />

Si j'avais tapé "Acétaminophène" d'emblée dans un moteur de recherche j'aurais vu de suite qu'il s'agit du Paracétamol, mais j'ai<br />

tapé plutôt "Tylénol". Ma recherche aurait cependant tourné court et je n'aurai pas fait une connaissance approfondie avec la<br />

substance.<br />

Je viens donc de (re)faire connaissance, malgré <strong>moi</strong>, avec un médicament que j'utilise depuis des années et sur lequel je ne<br />

savais rien ou presque.<br />

Maintenant je connais son histoire, ses différents noms chimiques ou commerciaux, son mode d'action comparé <strong>à</strong> celui de<br />

l'Aspirine et des AINS, ses effets secondaires en cas de surdosage comme l'insuffisance hépatique aiguë menant direct <strong>à</strong> la<br />

greffe de foie. Ce n'est jamais tard...<br />

Moralité:<br />

1. Dites merci <strong>à</strong> Internet et profitez-en au maximum. C'est la Bibliothèque Universelle <strong>à</strong> la maison. Internet vous évitera de<br />

poser trop de questions au travail, donc de poser <strong>moi</strong>ns de colles <strong>à</strong> vos collègues, supérieurs, médecins... qui n'ont pas forcément<br />

la réponse.<br />

2. Ne dégainez jamais trop vite la Carte Bleue, surtout pas pour acheter des médicaments en ligne, qui sont la plupart du temps<br />

des placebos. D'ailleurs ne donnez jamais votre N° de CB en ligne, utilisez plutôt les "e-CB". C'est quoi? Demandez <strong>à</strong> votre<br />

banquier.<br />

Cas Concret N° 20:<br />

Retour aux Soins Infirmiers... Informatisés.<br />

Je ne fais plus autre chose que du bloc opératoire depuis deux ans déj<strong>à</strong>.<br />

Adieu les soins infirmiers en Hospit, Réa, Réveil...<br />

Je reçois un appel de ma société d'intérim pour les "dépanner" en Chirurgie Cardiaque.<br />

Certains collègues panseurs ne veulent plus entendre parler de soins infirmiers. Leur réponse est systématiquement NON<br />

lorsqu'ils sont appelés <strong>à</strong> la rescousse par leur société d'intérim.<br />

Les mises <strong>à</strong> jour de mon site web se faisant rares faute justement de missions en soins infirmiers, j'accepte, et me voil<strong>à</strong> parti<br />

pour trois jours, les deux premiers en Réa Post-Interventionnelle, le troisième en Hospitalisation, secteur post-opératoire postréa.<br />

En arrivant je me trouve avec un dossier médical "zéro papier". Il faut que je m'adapte <strong>à</strong> l'entrée des données sur ordinateur,<br />

aux passages du dossier médical au dossier infirmier, la validation des entrées, etc... Pas évident.<br />

Mon collègue d'unité est très patient et m'explique tout, malgré sa charge de travail.<br />

Je dois surveiller l'apparition de nouvelles prescriptions de médicaments et/ou de bilans sanguins et autres changements de<br />

prescriptions faites par le réanimateur... <strong>à</strong> distance... sans me prévenir !!<br />

Le bilan de la première journée est mitigé, le collègue a dû m'aider <strong>à</strong> avancer mon travail en retard.<br />

Je tape mes transmissions écrites... toujours sur ordinateur, bien après mon heure de fin de mission.<br />

Peut mieux faire !<br />

La deuxième journée se passe beaucoup mieux. Je suis au point pour l'informatique, je pose encore une ou deux questions sur<br />

des points qu'on m'avait pourtant déj<strong>à</strong> expliqués la veille.<br />

J'aurais aimé que les données du scope soient transférées automatiquement au dossier informatisé sans intervention de ma part,<br />

mais il n'y a aucun lien entre les deux écrans, dommage ! Il faut retranscrire le Pouls, PA, SaO2, PVC <strong>à</strong> chaque heure, en plus<br />

des données ne provenant pas du scope comme la T°, les entrées-sorties, les données du respirateur et celles du Pace-Maker<br />

externe.<br />

Je suis en retard dans l'entrée de tous ces chiffres. Heureusement que l'accès aux données sauvegardées au niveau du scope me<br />

permet de les recopier <strong>à</strong> tout moment en les affichant par heure au lieu d'un quart d'heure, mes collègues ne semblent pas<br />

connaître cette astuce.<br />

Entre les soins infirmiers habituels, changement de seringues auto-poussantes, glycémies au doigt, réfection de pansements,<br />

toilettes au lit, quantification des entrées-sorties, aspiration des sécrétions trachéales chez l'intubé, je gère les imprévus comme<br />

la fuite de selles juste après la toilette et le changement des draps, ou la chute d'une grosse boule de selles par terre au moment<br />

de lever un patient de son fauteuil pour le remettre au lit, ou bien le patient désorienté (non attaché) qui a arraché son "artère"...<br />

Ils ne veulent pas qu'on les attache...<br />

Je tape mes transmissions <strong>à</strong> l'heure.


La troisième journée je ne suis plus en Réa mais en Hospitalisation. La collègue revenue de repos veut sa place et ne veut pas<br />

aller en Hospit.<br />

Je retrouve des patients sortis de réa, et puis le même dossier informatique que je maîtrise déj<strong>à</strong> et qui est installé sur ordinateur<br />

portable sur le chariot de soins que je roule dans le couloir. C'est génial !!<br />

Les médicaments n'ont pas été préparés <strong>à</strong> l'avance pour être distribués, ce qui m'aurait bien avancé. Il n'y a pas de chariot de<br />

médicaments <strong>à</strong> tiroirs avec les noms des patients écrit sur chacun d'eux. Je dois relever les noms des médicaments per-os et<br />

injectables, ainsi que leurs doses, pour chaque patient sur l'ordinateur, puis aller dans les placards <strong>à</strong> pharmacie du service,<br />

chercher chaque médicament souvent par son nom générique... énorme perte de temps...<br />

Je dois encore surveiller l'apparition sur l'écran des prescriptions ajoutées par le cardiologue afin de les exécuter <strong>à</strong> temps.<br />

Bilan de la troisième journée: Bon pour le service !<br />

Comment feraient les collègues qui ne savent pas "allumer un ordinateur" comme ils disent?<br />

Tout évolue vers l'informatisation et l'intérimaire doit aussi s'y préparer... sur le tas, ne bénéficiant pas de la formation<br />

dispensée, sur une plus longue durée, aux collègues en poste fixe.

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