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LES MILLE ET UNE NUITS - Tome I - CRDP

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« Le vieillard ne demeura pas longtemps assis. Il se leva et<br />

sortit ; mais il revint quelques moments après, apportant le souper<br />

des dix seigneurs, auxquels il distribua à chacun sa portion<br />

en particulier. Il me servit aussi la mienne, que je mangeai seul,<br />

à l’exemple des autres, et sur la fin du repas, le même vieillard<br />

nous présenta une tasse de vin à chacun.<br />

« Mon histoire leur avait paru si extraordinaire qu’ils me la<br />

firent répéter à l’issue du souper, et elle donna lieu à un entretien<br />

qui dura une grande partie de la nuit. Un des seigneurs faisant<br />

réflexion qu’il était tard, dit au vieillard : « Vous voyez qu’il<br />

est temps de dormir, et vous ne nous apportez pas de quoi nous<br />

acquitter de notre devoir. » À ces mots, le vieillard se leva et<br />

entra dans un cabinet, d’où il apporta sur sa tête dix bassins,<br />

l’un après l’autre, tous couverts d’une étoffe bleue. Il en posa un<br />

avec un flambeau devant chaque seigneur.<br />

« Ils découvrirent leurs bassins, dans lesquels il y avait de la<br />

cendre, du charbon en poudre et du noir à noircir. Ils mêlèrent<br />

toutes ces choses ensemble, et commencèrent à s’en frotter et<br />

barbouiller le visage, de manière qu’ils étaient affreux à voir.<br />

Après s’être noircis de la sorte, ils se mirent a pleurer et à se<br />

frapper la tête et la poitrine en criant sans cesse : « Voilà le fruit<br />

de notre oisiveté et de nos débauches ! »<br />

« Ils passèrent presque toute la nuit dans cette étrange occupation.<br />

Ils la cessèrent enfin ; après quoi le vieillard leur apporta<br />

de l’eau dont ils se lavèrent le visage et les mains ; ils quittèrent<br />

aussi leurs habits, qui étaient gâtés, et en prirent d’autres,<br />

de sorte qu’il ne paraissait pas qu’ils eussent rien fait des choses<br />

étonnantes dont je venais d’être spectateur.<br />

Jugez, madame, de la contrainte où j’avais été durant tout<br />

ce temps-là. J’avais, été mille fois tenté de rompre le silence que<br />

– 236 –

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