14.07.2013 Views

Martinez de la Rosa, ses oeuvres et sa vie - Bibliothèque numérique ...

Martinez de la Rosa, ses oeuvres et sa vie - Bibliothèque numérique ...

Martinez de la Rosa, ses oeuvres et sa vie - Bibliothèque numérique ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

11ALITINEZ PELA ROSA<br />

SES OEUVRES ET SA VIE<br />

PAR<br />

LÉON GODA1Ib<br />

Cuando leneinos en sinesira mano <strong>la</strong> bber<strong>la</strong>d<br />

ô <strong>la</strong> ese<strong>la</strong>vilnd <strong>de</strong> unesiros liijos , <strong>la</strong> sucrÉe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

patrie, <strong>la</strong> e<strong>sa</strong>ltacion ô cl vilipendio <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion<br />

do nuesiros padres, i pudierarnos, sin ennicter<br />

cl mayor crirnen , escucliar <strong>la</strong> voz <strong>de</strong> <strong>la</strong>s pasiones?<br />

PARIS<br />

E. PENTU, ÉDITEUR<br />

MARTINEZ DE LA ROSA.<br />

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES'<br />

Document<br />

1111111111 III IJIJ Ili I II 1111111<br />

0000005543755<br />

PALaIS-nOVAI • 13 T 17. Ostasis DOSIÂASÇS<br />

1862


EXTRAIT DE LA CRITIQUE FRANÇAISE.<br />

(Mai <strong>et</strong> juin )862.)


MARTIMZ DE LA ROSA<br />

SES OEUVRES ET SA VIE.<br />

Au mois (le février <strong>de</strong>rnier mourait en Espagne tin homme qui<br />

y occupait à bien <strong>de</strong>s litres une p<strong>la</strong>ce considérable.<br />

II fut orateur <strong>et</strong> poéce, homme d'État <strong>et</strong> homme <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres.<br />

Entré dans <strong>la</strong> <strong>vie</strong> politique dès avant les fameu<strong>ses</strong> Cortés <strong>de</strong>Cadix,<br />

il s'y vit, pendant cinquante années, ballotté <strong>de</strong> ministère en exil<br />

<strong>et</strong> d'exil eu ministère; il fut prési<strong>de</strong>nt du conseil d'État, ambas<strong>sa</strong><strong>de</strong>ur<br />

à Paris, où il avait été auteur dramatique, <strong>et</strong> où il avait<br />

présidé l'institut historique; <strong>et</strong> <strong>la</strong> mort en le frappant le trouvait<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Codés, du conseil <strong>de</strong> l'université <strong>et</strong> secrétaire<br />

perpétuel rie l'Académie espagnole.<br />

Il semble qu'un tel homme, mourant à soixante-treize ans après<br />

une carrière si remplie, doive <strong>la</strong>isser un vif souvenir dans l'esprit<br />

<strong>de</strong> tous. Et pourtant - vanité <strong>de</strong> <strong>la</strong> gloire vis-à-vis <strong>de</strong>s peuples<br />

oublieux - à peine en France, en <strong>de</strong>hors dt mon<strong>de</strong> politique <strong>et</strong><br />

diplomatique, en <strong>de</strong>hors du cercle restreint <strong>de</strong> ceux que tout<br />

homme <strong>de</strong> valeur intéresse, quelle que soit <strong>sa</strong> patrie; à peine en<br />

France, se sou<strong>vie</strong>nt-on <strong>de</strong> M. <strong>Martinez</strong> Je <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>.<br />

Son nom n'est cependant pas <strong>de</strong> ceux qu'il faut oublier.<br />

Don Francisco <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> naquit à Grena<strong>de</strong> le 10 mars<br />

1787 ou .1789; il fit en son pays natal <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s bril<strong>la</strong>ntes qui lui<br />

perm<strong>et</strong>taient d'obtenir à vingt ans <strong>et</strong> au concours une chaire Je<br />

philosophie à l'université. a A los veinte aiios tenia conc!uidos<br />

sus estudios <strong>de</strong> <strong>de</strong>recho, y se hab<strong>la</strong> cargo <strong>de</strong> una catedra <strong>de</strong> moral


en <strong>la</strong> nusma universidad, ainsi s'exprime l'anonyme espagnol<br />

qui •a écrit <strong>la</strong> biographie p<strong>la</strong>cée en tôle <strong>de</strong>s <strong>oeuvres</strong> <strong>de</strong> M. Mar-<br />

tinez, publiées à Paris en 1845 (1).<br />

En ce temps-là l'Espagne, occupée en partie par les armées<br />

françai<strong>ses</strong>, commençait à se soulever <strong>de</strong> toutes parts; le jeune<br />

professeur, patriote non moins ar<strong>de</strong>nt qu'éloquent orateur, Fit <strong>de</strong><br />

<strong>sa</strong> chaire appel à tous les bras <strong>et</strong> à tousles coeurs. Bientôt même<br />

il fonda un journal pour exciter le peuple à <strong>la</strong> résistance à<br />

outrance.<br />

Pour un instant <strong>de</strong>vançant les événements <strong>et</strong> intervertis<strong>sa</strong>nt<br />

l'ordre (les temps, nous allons <strong>la</strong>isser M. Martiuez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> ap-<br />

précier <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Péninsule à c<strong>et</strong>te époque <strong>de</strong> 1808, <strong>et</strong><br />

nous dire d'une façon parfois n<strong>et</strong>te <strong>et</strong> vigoureuse, <strong>et</strong> parfiis lin port<br />

singulière aussi peut-étre , quels sentiments animaient alors le<br />

peuple espagnol, <strong>et</strong> pour quelles cau<strong>ses</strong> celui-là qui, d'étape en<br />

étape, avait triomphé <strong>de</strong> tous les obstacles <strong>et</strong> <strong>de</strong> tous les goliver-<br />

nenients européens, <strong>de</strong>vait inévitablement échouer en Espagne<br />

Le soulèvementt <strong>de</strong> I' Espagne (2) était d'une telle nature qu'il <strong>de</strong>vait<br />

néces<strong>sa</strong>irement imprimer, h c<strong>et</strong>te guerre un caractère tout particulier.<br />

Dans Ioules celles que Napoléon avait soutenues jusqu'alors, Loti triantplie<br />

avait toujours été non moins prompt que décisif; il avait employé<br />

<strong>la</strong> même tactique partout, aussi bien dans ]il militaire que dans<br />

<strong>la</strong> partie politique. Son système à lui était tout simple il attaquait avec<br />

nue gran<strong>de</strong> impétuosité, il culbutait l'armée principale <strong>et</strong> s'ouvrait un<br />

pas<strong>sa</strong>ge jusqu'à <strong>la</strong> capitale du royaùme ennemi. Là il profitait <strong>de</strong> l'abattenien<br />

L <strong>de</strong>s esprils <strong>et</strong> (le <strong>la</strong> faibleùe <strong>de</strong>s Gouvernements pour leur dicter<br />

les conditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix.<br />

n Mais dans <strong>la</strong> guerre d'Espagne, on ne pouvait pis employer ces<br />

moyens, <strong>et</strong>, quand môme on aurait pu le faire, ils auraient été tout à<br />

fait inefficaces. Il était d'une mince importance <strong>de</strong> s'emparer <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale,<br />

cornue on venait <strong>de</strong> le voir il n'y avait pas longtemps, <strong>et</strong> comme<br />

on l'avait vu plus d'une fois pendant <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> succession. Le principe<br />

vital <strong>de</strong> l'État ne se trouvait point concentré dans le coeur ni dans<br />

<strong>la</strong> tête; il était répandu à lit<br />

dans les membres tes plus éloignés; il<br />

(f) Obras coniple<strong>la</strong>s <strong>de</strong> D Francisco Martitiez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>. 5 vol. in-8°. -<br />

Colcecion <strong>de</strong> -<strong>la</strong>s mejores antores ' espafioles. paris, Baudry, 1845. -<br />

(2) Espiritu <strong>de</strong>! sigle. Vol. VI, eh. ter. —1843.


-7—<br />

ne suffi<strong>sa</strong>it donc pas <strong>de</strong> frapper un grand coup, il fal<strong>la</strong>it frapper partout<br />

tour â tour.<br />

C'était <strong>la</strong> première fois que Napoléon se trouvait vis-à-vis d'une<br />

nation, <strong>et</strong>, pour son malheur, il ne sut pas 'e comprendre. Ii était<br />

entré trop tard sur <strong>la</strong> scène politique durant <strong>la</strong> révolution <strong>de</strong> <strong>sa</strong> patrie;<br />

il n'avait pas pu apprécier par lui-même I' en traînemen t popu<strong>la</strong>ire<br />

, qui avait imprimé d'abord à c<strong>et</strong>te révolution une force si merveilleuse.<br />

Bien au contraire, Napoléon avait vu <strong>de</strong> <strong>ses</strong> yeux, dans plus d'une<br />

occasion mémorable, avec quelle facilité 1e peuple avait été vaincu en<br />

s'engagea n t contre les troupes. Élevé dans les camps, <strong>et</strong> ayant triomphé<br />

en très-peu <strong>de</strong> jours (les nations les plus belliqueu<strong>ses</strong> 1 il ne pouvait pas<br />

concevoir qu'une multitu<strong>de</strong> presque <strong>sa</strong>ns armes, <strong>sa</strong>ns chefs, <strong>sa</strong>ns discipline,<br />

pût soutenir l'aspect <strong>de</strong> <strong>ses</strong> légions. Ce qu'il ne eomprnait pas<br />

(parce que c'était pour lui quelque chose d'insolite <strong>et</strong> d'extraordinaire)<br />

c'est qu'il ne s'agis<strong>sa</strong>it pas <strong>de</strong> vaincre <strong>de</strong>s armées, niais <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre sous<br />

le joug une nation. La première tâche était aisée, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> impossible.<br />

Dans d'autres guerres, n ue bataille décidait (le toute une campagne<br />

une campagne décidait du sort (l'un BÉat, f<strong>la</strong>ns <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Péninsule,<br />

les armées espagnoles étaient vaincues une <strong>et</strong> plusieurs fois • <strong>sa</strong>ns<br />

que l'ennemi fût inaitre même <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre qu'il fou<strong>la</strong>it aux pieds. Une<br />

armée était-elle dissoute, on en voyait renaître d'autres comme par enchantement.<br />

Chaque maison était une forteresse, chaque sillnn un fossé,<br />

chaque monceau <strong>de</strong> terre un mur <strong>de</strong> défense. La résistance était gênéraie,<br />

continuelle; <strong>de</strong> toutes les heures, <strong>de</strong> tous les moments; elle ces<strong>sa</strong>it<br />

sûr un point, elle renais<strong>sa</strong>it sur un autre.... Il n'y avait pas au mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> forces capables d'en triompher. mm - -<br />

A Grena<strong>de</strong>, comme partout où n'était pas l'ennemi, faute d'une<br />

direction imprimée par un gouvernement central inexistant, il<br />

s'était formé une junte d'armement <strong>et</strong> <strong>de</strong> défense. C<strong>et</strong>te junte<br />

donna k U. <strong>Martinez</strong> mission d'aller à Gibraltar solliciter <strong>de</strong>s secours<br />

du gouvernement ang<strong>la</strong>is. .<br />

Bientôt (juill<strong>et</strong> 1808) le malheureux général Dupont subis<strong>sa</strong>it<br />

<strong>la</strong> catastrophe <strong>de</strong> f<strong>la</strong>ylen, journée fatale où <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong>s fautes<br />

, vint prêter son ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> mauvaise fortune; niais M. Thiers lui-<br />

même l'a écrit Après Bayonne nous ne méritions pas d'être<br />

heureux. »


-8-<br />

A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> 1808, le roi Joseph rentrait dans Madrid. En '1809,<br />

après Wagratn, l'Empereur avait résolu d'en finir avec l'Espagne;<br />

<strong>et</strong> pirtout .vakncue, soumise nulle part, 1a malheureuse nation<br />

espagnole n'avait plus qu'un coin 51e terre où elle pût lutter<br />

encore....<br />

I;ajunte suprême, après avoir passé â Séville tonte Vannée 1809,<br />

s'était vue obligée <strong>de</strong> reculer jusqu'à Cadix (levant les armées<br />

françai<strong>ses</strong> victorieu<strong>ses</strong>, <strong>et</strong> <strong>de</strong> se réfugier dans File <strong>de</strong> Léon. A<br />

peine installée à l'abri du canon ennemi, elle dut, selon le<br />

voeu unanime <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation, abdiquer le gouvernement <strong>et</strong> faire<br />

appel aux Cortès, qui se réunirent à Cadix le 24 septem-<br />

bre 1810.<br />

;M. 1\<strong>la</strong>rtinez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>, auquel son âge ne perm<strong>et</strong>tait point<br />

encore <strong>de</strong> siéger dans c<strong>et</strong>te assemblée, était parti -pour l'Angle-<br />

terre, où, tout en servant son pays, jI étudiait le jeu <strong>de</strong>s institutions<br />

ang<strong>la</strong>i<strong>ses</strong>, c<strong>et</strong>te école aux enséigriements On peu surfaits d'ail-<br />

leurs, mais oh il semble que tous les politiques <strong>de</strong> notre temps<br />

doivent aller taire un premier stage.. -<br />

De r<strong>et</strong>our à Cadix en 1811 , il mit <strong>sa</strong> plume au service <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

patrie cii danger, <strong>de</strong>vint secrétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission (extraparlementaire)<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse, publia tout d'abord un chant<br />

épique intitulé Zaragoza, en l'honneur <strong>de</strong>s immortels défenseurs<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville héroïque; réédita un Précis historique <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolution<br />

d'Espagne, déjà impriméà Londres,. <strong>et</strong> fit représenter avec<br />

grand succès, sous le titre Lo quèpue<strong>de</strong> un cntpleo (Dc <strong>la</strong> puis<strong>sa</strong>nce<br />

d'nnepiace) (I), une comédie <strong>sa</strong>tirique <strong>de</strong>stinée à flétrir c<strong>et</strong>te manie<br />

(1) En aMe <strong>de</strong> celle comédie, l'auteur n pincé un court avertissement que<br />

nous croyons utile (le traduire ici<br />

Le vif désir <strong>de</strong> m<strong>et</strong>l,c en scène une certaine c<strong>la</strong>sse d'hypocrites politiques,<br />

qui se couvrent di, n<strong>sa</strong>nteau <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion pour faire une sour<strong>de</strong> opposition aux<br />

réformes les pins néces<strong>sa</strong>ires, m'a poussé entreprendre, comme un utile passe—<br />

temps, <strong>la</strong>-composition <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te comédie. Ce premier es<strong>sa</strong>i <strong>de</strong> ma plume en un<br />

art si airnk a été conçu <strong>et</strong> terminé dans le court bspnee d'une semaine; je ne<br />

puis donc lui croire aucun mérite littéraire; mais comme il o élé reçu au 1l,éâtr<br />

par <strong>de</strong>s app<strong>la</strong>udisseruenls que je n'avais point osé espérer, comme il est parvenu<br />

Ù faire rire (le ceux qui, par ignorance Ou mauvaise foi, es<strong>sa</strong>yent <strong>de</strong> discréditer


—'9--<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction qui dévore l'Espa'gne co;e <strong>la</strong> France <strong>et</strong>- beaucoup<br />

d'autres nations; <strong>de</strong>stinée surtout à démasquer <strong>et</strong> k combattre<br />

c<strong>et</strong>te sour<strong>de</strong> opposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> routine, qui, sous le manteau d i, respect<br />

dû aux cho<strong>ses</strong> <strong>sa</strong>inteà, repousse comme <strong>sa</strong>c rilège toute té<br />

forme nouvelle. Après Io que prte<strong>de</strong> un empièo; l'ôeriajn -donna<br />

<strong>sa</strong> tra8édie <strong>la</strong> -Viud<strong>de</strong> Pad-iiia (<strong>la</strong> Veuve <strong>de</strong> Padil<strong>la</strong>).<br />

Ici -<strong>la</strong>issons pai'ier M. A (le Latour, 'l'un <strong>de</strong>s écivaiùs ks'pliis<br />

autorisés du temps actuel, eu égard à-ce qui regar<strong>de</strong> l'Eipaghe<br />

<strong>et</strong> s'a littérature. II dii - -<br />

e L'oeuvre <strong>de</strong> <strong>Martinez</strong> (J) est une tragédie diassique... Des:<br />

huée à r<strong>et</strong>racer l'agonie d'une révolution ancienne, elle -fut ellemême<br />

composée <strong>et</strong> représentée au milieu <strong>de</strong>s lia'<strong>sa</strong>ds d'un-révolution<br />

mo<strong>de</strong>rne. Elle cm presque autant d'aventures que cèlle- qui<br />

en était l'héroïne. C'était en- 1812, à Cadix, iln'atsiégeait alors<br />

une armée étrangère, <strong>et</strong> i'aueiir, 'élicore tout jdune', prenait déjà<br />

une part active aux affaires <strong>de</strong> son iay. Comme il le raconte luimême<br />

dans une courte <strong>et</strong> intéres<strong>sa</strong>nte préface, il venait dé lire<br />

Aifieri, <strong>et</strong> séduit par <strong>la</strong> fause gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ce drame <strong>la</strong>conièn,<br />

ujoins touché encore peut-être (le <strong>ses</strong> beautés iittéràires que d'<strong>ses</strong><br />

maximes' libérales , il fut tenté d'écriré une tragédie dans ce ysL<br />

tème. Et, pour un pètejéune,at<strong>de</strong>nt, patriote, assiégé dansCadix<br />

avec ],il liberté même <strong>de</strong> son pays, quel suj<strong>et</strong> adhirah1e qué c<strong>et</strong>te<br />

veuve d'un héros, assiégée élle-niêuïe dais'Tôlè<strong>de</strong>,<strong>et</strong> défendant<br />

<strong>la</strong> liberté expirante <strong>de</strong> <strong>sa</strong> patrie contré <strong>de</strong>s -agresseurs en 'partie<br />

étrangers! De sorte que si le système dans lequel Martine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>Ro<strong>sa</strong></strong> écrivait était d'importation étrangère, le suj<strong>et</strong> du moins qu'il<br />

choisit <strong>et</strong> Je sentiment qui l'inspira n'eurent rien que <strong>de</strong> national.<br />

,, Écrite à Cadix, <strong>la</strong> Veuve <strong>de</strong> J'ad-illh trouvait à Cadix même<br />

<strong>ses</strong> pe<strong>et</strong>àteui's natureli; mais où représenter <strong>la</strong> tragédie noivelIe?<br />

Le théâtre <strong>de</strong> Cadis était exposé aux feux <strong>de</strong> Partillerie ennemie,<br />

<strong>et</strong>, très-peu <strong>de</strong> temps auparavant, une bombe, en éc<strong>la</strong>tant sur le<br />

nos nouvelles institutions, je me suis décidé à le titrer' !'impression, désirant<br />

contribuer par Ions moyens à faire conuaitre à tous-les ennemis <strong>de</strong> nos]ibcriés, ,<br />

(1) Tolè<strong>de</strong> <strong>et</strong> tes bords du l'age. Nouçdlles étu<strong>de</strong>s sur l'Espagne, par Ant.<br />

<strong>de</strong> Latour, - Paris, Miche! Lévy,1860.


- 10 -<br />

toit <strong>de</strong> l'édifice, avait failli le détruire <strong>et</strong> causer <strong>la</strong> mort d'un grand<br />

nombre <strong>de</strong> personnes. On construisit sur un point mieux abrité bn<br />

théâtre provisoire pour y représenter c<strong>et</strong>te oeuvre si ifupatiemnient<br />

attendue. La représentation eut lieu au mois <strong>de</strong> juill<strong>et</strong> 1812. Elle<br />

n'avait pas besoin pour éveiller un vif enthousiasme d'être sortie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> plume dégante <strong>et</strong> déjà célèbre <strong>de</strong> don Francisco <strong>Martinez</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>. Le succès fut immense, <strong>et</strong> ce succès s'est renouvelé<br />

<strong>de</strong>puis à diver<strong>ses</strong>.repri<strong>ses</strong>.<br />

» Mais l'intérêt qui soutenait c<strong>et</strong>te tragédie à l'époque où:elle<br />

fut composée a-t-il survécu aux circonstances qui <strong>la</strong> virent<br />

naître?...<br />

Née à côté, e( on pourrait dire sous l'inspiration (le <strong>la</strong> constitution<br />

<strong>de</strong> 1812, celte tragédie... en a toute <strong>la</strong> rigueur logique.;<br />

mais, comme à ce document célèbre, cc qui lui manque aujourd'hui,<br />

c'est <strong>la</strong> <strong>vie</strong>, c'est <strong>la</strong> réalité historique.. . »<br />

Après c<strong>et</strong>te digression littéraire, reprenons le cours <strong>de</strong>s évé-<br />

nements.<br />

- La constitution est faite, celte constitution aussi fameuse<br />

qu'impraticable, <strong>de</strong>venue <strong>de</strong>puis l'obj<strong>et</strong> ou le prétexte <strong>de</strong> tant (le<br />

vicissitu<strong>de</strong>s pour l'Espagne. Les Cortès constituantes se r<strong>et</strong>irent<br />

pour faire p<strong>la</strong>ce aux Cortès légis<strong>la</strong>tives <strong>de</strong> 1813. itT. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>Ro<strong>sa</strong></strong> a vinftt-cinq ans, <strong>et</strong> il <strong>vie</strong>nt représenter Grena<strong>de</strong> • en c<strong>et</strong>te<br />

assemblée nouvelle; où il se fait l'apologiste éloquent <strong>de</strong>s idées<br />

libérales (le <strong>la</strong> constitution.<br />

Mais le temps a marché, les aimées françai<strong>ses</strong> ont quitté l'Espagne,<br />

les Cortès siègent à Madrid., <strong>et</strong> en mars 1814, Ferdinand<br />

\ll, délivré. par Napoléon lui-même <strong>de</strong> <strong>sa</strong> prison <strong>de</strong> Valençay,<br />

rentre dans sou royaume aux cris enthousiastes <strong>de</strong>s<br />

popu<strong>la</strong>tions, qui ne <strong>sa</strong>vent guère ce que leur prom<strong>et</strong> un tel souverain..<br />

A peine le roi est-il rentré dans <strong>sa</strong> capitale qu'il frappe <strong>de</strong><br />

condamnation ou d'exil tous les Espagnols qui ont pris une part<br />

quelconque au , gouvernement pendant <strong>la</strong> domination <strong>de</strong>s Français;<br />

puis <strong>vie</strong>nt le tout <strong>de</strong>s défenseurs (te Cadix <strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux qui ont cru<br />

k <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> l'établissement d'une constitution <strong>et</strong> d'un régime<br />

constitutionnel en Espagne. M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>, cucu-


— 11 -<br />

pris parmi ces <strong>de</strong>rijiers , se vit condamné à huit ans <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>s,'<br />

c'est-à-dire <strong>de</strong> bagne, <strong>et</strong> fut envoyé en Afrique sur<strong>la</strong> côte du Riif;<br />

en un endroit appelé Et Peijon <strong>de</strong> 1/elez <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cornera. Gràce à<br />

un gouverneur bimain, le jeune député ne fut pas confondu avec<br />

les. misérables qui peuplent ce bagne, <strong>et</strong> put chercher, <strong>de</strong>s conso<strong>la</strong>tions<br />

dans le travail. Bientôt même, sollicité par quelques<br />

officiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> -garnison <strong>de</strong>venus <strong>ses</strong> amis, il fonda avec eux une<br />

compagnie dramatique, <strong>et</strong> l'on joua <strong>la</strong> comédie aux prési<strong>de</strong>s.<br />

Ce fut k <strong>la</strong> Gomera que, notre auteur traduisit en vers l'O<strong>de</strong><br />

aux Pisons ) d'Horace, <strong>et</strong> compo<strong>sa</strong> une Poétique imitée <strong>de</strong> Boileau.<br />

" A .ce poème, dit M. <strong>de</strong> Loménie (1), M. <strong>Martinez</strong> a joint<br />

un commentaire en prose qui occupe tout le second volume <strong>de</strong><br />

<strong>ses</strong> <strong>oeuvres</strong> ,'<strong>et</strong> qui est peut-être d'une valeur supérieure au poème<br />

lui-même. Ce travail, mo<strong>de</strong>stement qualifié d'appendice sur le<br />

poème didactique, l'épopée, <strong>la</strong> tragédie <strong>et</strong> <strong>la</strong> comédie, n'est rien<br />

moins qu'une véritable histoire critique <strong>de</strong> ces quatre branches <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ]itlérature espagnole, <strong>de</strong>puis le premier âge littéraire <strong>de</strong> l'Espagne<br />

jusqu'à <strong>la</strong> fin du <strong>de</strong>rnier siècle; histoire écrite <strong>de</strong> main <strong>de</strong><br />

maître, avec un jugement sûr, un goût délicat, une gran<strong>de</strong> élévation<br />

d'idées <strong>et</strong> une immense érudition.,,<br />

La révolution <strong>de</strong> 1820 rendit ah prisonnier <strong>la</strong> liberté; mais elle<br />

ne put lui rendre <strong>sa</strong> bonne <strong>sa</strong>nté, altérée par six années <strong>de</strong> captivité.<br />

Quelle qu'ait été en eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> bienveil<strong>la</strong>nce du gouverneur<br />

vis-à-vis du condamné confié à <strong>sa</strong> gar<strong>de</strong>, elle n'avait pu lui épargner<br />

bien, <strong>de</strong>s douleurs, <strong>et</strong> en particulier les souffrances d'une<br />

ma<strong>la</strong>die d'yeux contractée sous le ciel d'Afrique. M. Martirez<br />

revint en Espagne mal portant; une mè<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>ses</strong> cheveux avait<br />

b<strong>la</strong>nchi, <strong>et</strong> j<strong>et</strong>ée ait <strong>de</strong> <strong>sa</strong> chevelure noire <strong>et</strong> épaisse, elle<br />

donnait, nous dit un <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> celui dont nous parlons, quelque<br />

chose d'étrange <strong>et</strong> d'attrayant à <strong>sa</strong> physionomie sympathique.<br />

A Grena<strong>de</strong>, (les ovations popu<strong>la</strong>ires accueillirent Je r<strong>et</strong>our dc<br />

l'ancien- député ; --un arc <strong>de</strong>- triomphe avait été élevé en son<br />

honneur. . .<br />

(I) Galerie <strong>de</strong>s contemporains illustres, par un homme <strong>de</strong> rien.


- 12 -<br />

Grâce au sou]èvementIicui'eux (lu commandant Riego, <strong>la</strong> constitution<br />

<strong>de</strong> 1812 venait d'être rMahlïe, <strong>et</strong> ce fut en vertu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

constitution que M. <strong>Martinez</strong> fut réélu député aux Lortès.— Niais<br />

bientôt les modérés, comme le représentant<strong>de</strong> Grena<strong>de</strong>, sont dépassés<br />

<strong>et</strong> paraissent tiè<strong>de</strong>s même à quelques-uns <strong>de</strong> leurs parti<strong>sa</strong>ns.Le<br />

promoteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolution <strong>de</strong> 1820, Riego, enivré <strong>de</strong><br />

son premier triomphe que plus fard il payera <strong>de</strong> <strong>sa</strong> <strong>vie</strong>,. poussé<br />

par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> <strong>la</strong> soldatesque indisciplinée, se m<strong>et</strong> à <strong>la</strong> têtè<br />

d'un mouvement nouveau, <strong>et</strong> 1e <strong>sa</strong>ng coule dans les rues <strong>de</strong> Madrid.<br />

Ai. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>, qui d'une voix énergique flétrit les<br />

excès <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partis extrêmes, les • coniuneros <strong>et</strong> les serviles,<br />

vent opposer son influence au désordre crois<strong>sa</strong>nt; il ne fait que<br />

comprom<strong>et</strong>tre <strong>sa</strong> popu<strong>la</strong>rité <strong>et</strong> risquer <strong>sa</strong> <strong>vie</strong>. -En 1822, Rjego<br />

est nommé prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Cortès; c'est alors que le roi . Ferdinand<br />

songe au proscrit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gomera comme à un <strong>sa</strong>uveur, <strong>et</strong> lui offre<br />

<strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseil <strong>et</strong> le portefeuille <strong>de</strong>s affaires étrangères.<br />

Longtemps Al. <strong>Martinez</strong> refuse. Il <strong>sa</strong>it tontes les difficultés qu'il<br />

va rencontrer dans <strong>la</strong> défiance du roi <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité violente<br />

<strong>de</strong>s Cortés. Pressé par <strong>ses</strong> amis <strong>et</strong> tous les gens 4e bien, sollicité<br />

<strong>de</strong> plus en plus vivement par Ferdinand III!, il accepte enfin,<br />

mais <strong>de</strong>ux conditions 1° choisir lui-même <strong>ses</strong> collègues; 2° ne<br />

recevoir aucune rôcômpense pour <strong>ses</strong> fonctions, pas même les<br />

appointements ordinaires qui y étaient aflbctés. Le roi, prêt à<br />

tout consentir, accepta surtout <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière condition imposée<br />

par son ministre futur; il ordonna pourtant que c<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>use'<br />

si extraordinairement désintéressée serait mentionnée dans <strong>la</strong><br />

Ga.due <strong>de</strong> Madrid ( le journal officiel) après <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong><br />

M.<strong>Martinez</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>.<br />

Dès lors <strong>et</strong> pendant <strong>de</strong> longs mois c'est une lutte contre l'imr -<br />

possible qu'a à soutenir le nouveau ministre, conciliateur égalenient<br />

peu écouté <strong>de</strong>s parties à concilier. —Partoutce sont <strong>de</strong>s<br />

troubles,, <strong>de</strong>s émeutes, <strong>de</strong>s rencontres entre les troupes <strong>et</strong> <strong>la</strong> mi<br />

lice; nous arrivons ainsi jusqu'à <strong>la</strong> clôture <strong>de</strong>s Cortés <strong>de</strong> 1822<br />

(juin) <strong>et</strong> à c<strong>et</strong> engagement entre le peuple <strong>et</strong> <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> royale qui<br />

amena <strong>la</strong> rébellion <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière. La crise déterminée par c<strong>et</strong>te


- 13 -<br />

révolte dura six jours. Pendant six jours, les quatre bataillons<br />

révoltés <strong>de</strong> <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> restèrent en armes au Pardo, tandis que <strong>la</strong><br />

milice .commandée par les exaltés <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité occupait <strong>la</strong><br />

ville; Le roi <strong>et</strong> <strong>ses</strong> conseillers intimes virent Jans ces troubles une<br />

occasion <strong>de</strong> res<strong>sa</strong>isir le pouvoir absolu, <strong>et</strong> es<strong>sa</strong>yèrent d'en profiter,<br />

tandis que les ministres constitutionnels, isolés au milieu <strong>de</strong>s<br />

partis extrêmes qui les haïs<strong>sa</strong>ient également, étaient r<strong>et</strong>enus prisonniers<br />

au Pa<strong>la</strong>is. On dit même que pendant trois jours ils furent<br />

enfermés <strong>sa</strong>ns qu'on leur eût apporté <strong>de</strong> nourriture, <strong>et</strong> que peutêtre<br />

<strong>la</strong> déso<strong>la</strong>tion n'eût pas été gran<strong>de</strong> si on les avait trouvés<br />

morts <strong>de</strong> faim.<br />

• Après le triomphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> milice, les ministres re<strong>de</strong>venus libres<br />

purent donner leur démission, mais le danger pour eux n'était<br />

point passé. t En vertu, dit M. Joseph Lavallée (1), d'une loi<br />

d'exception votée par les Cortès extraordinaires que le roi fut contraint<br />

<strong>de</strong> réunir en octobre, on instruisit un procès contre les auteurs<br />

<strong>de</strong>s événements du 7 juill<strong>et</strong>, <strong>et</strong> le procureur fiscal Paredès<br />

requit <strong>la</strong> mise en accu<strong>sa</strong>tion <strong>de</strong>s anciens ministres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autorités<br />

qui gouvernaient à c<strong>et</strong>te époque. Les anciens ministres, qui <strong>sa</strong>traient<br />

bien à quel excès pouvait atteindre <strong>la</strong> fureur <strong>de</strong> leurs rouem<br />

is, s'enfuirent ou se cachèrent k temps. M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>Ro<strong>sa</strong></strong> ne s'enfuit ni ne se cacha, mais il reçut l'ordre <strong>de</strong> quitter<br />

Madrid dans les vingt-quatre heures <strong>et</strong> <strong>de</strong> se rendre en exil à<br />

Grena<strong>de</strong>. Il refu<strong>sa</strong> <strong>de</strong> partir; une fois encore on l'al<strong>la</strong>it (rainer en<br />

pdson, quand <strong>ses</strong> amis parvinrent à lui faire accepter un compromis.<br />

Il obtint, sur <strong>sa</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, un passe-port pour l'étranger,<br />

afin d'aller y rétablir <strong>sa</strong> <strong>sa</strong>nté.<br />

Le mouvement <strong>de</strong> juill<strong>et</strong> (1822), l'arrivée auj pouvoir <strong>de</strong>s<br />

exaltés, <strong>et</strong> les troubles <strong>sa</strong>ns fin qui agitaient l'Espagne, amenèrent<br />

<strong>de</strong>s représentations diplomatiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, <strong>de</strong><br />

l'Autriche, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prusse <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Russie. Les ministres patriotes<br />

reçurent assez mal ces conseils menaçants, qui <strong>de</strong>mandaient en<br />

termes plus ou moins ambigus <strong>la</strong> modification profon<strong>de</strong>, sinon<br />

(1) L'Espagne <strong>de</strong>puis l'expulsion <strong>de</strong>s 3/anies jus qu'ei l'année 1847.


- 14<br />

l'abandon compl<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te constitution <strong>de</strong> 1812, <strong>de</strong> nouveau<br />

rétablie.<br />

Dès lois, les chargés d'affaires <strong>de</strong>s quatre puis<strong>sa</strong>nces quittèrent<br />

Madrid, <strong>et</strong> bientôt (avril 1823) l'armée française entra en<br />

Espagne.<br />

M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>, ne vou<strong>la</strong>nt point habiter un pays en<br />

lutte armée avec le sien, gagna l'italie <strong>et</strong> s'établit à Rome où il<br />

séjourna jusqu'au moment où, <strong>la</strong> guerre terminée, il crut pouvoir '<br />

icnii se fixer à Paris. Il s'y livra presque exclusivement durant<br />

plusieurs années à <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres.<br />

Sin embargo, dit le biographe anonyme déjà cité, <strong>la</strong> vida<br />

<strong>de</strong>l sciior <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> lit foc durante aquel<strong>la</strong> epoea principalmente<br />

literaria. Habian renacido los gustos <strong>de</strong> su j uveutud, y<br />

<strong>la</strong> erudicion y <strong>la</strong> l)oèsia Ilenaban <strong>la</strong>it y tau <strong>de</strong>socupados<br />

aios. Las bibtiotecas <strong>de</strong> Paris fuerou su perdurable recreo, apenas<br />

inlerrunipido para esplorar <strong>la</strong>s <strong>et</strong>ernas ruinas <strong>de</strong> Roma y <strong>et</strong> ma-<br />

Uni lice erater <strong>de</strong>! %Jesuvio,»<br />

C'est à c<strong>et</strong>te époque qu'il commença chez Didot <strong>la</strong> publication<br />

<strong>de</strong> <strong>ses</strong> Œuvres littéraires (1), où l'on trouve, outre <strong>sa</strong> Poétique,<br />

son poème <strong>de</strong> Saragosse <strong>et</strong> <strong>sa</strong> tragédie <strong>la</strong> Veuve (le Padil<strong>la</strong>, <strong>sa</strong><br />

traduction en vers <strong>de</strong> l'Épître aux Pisons, une fort jolie comédie<br />

<strong>de</strong> moeurs souvent imitée <strong>de</strong>puis sur notre théâtre : <strong>la</strong> Fille à <strong>la</strong><br />

maison <strong>et</strong> <strong>la</strong> mère au bal (<strong>la</strong> TtJiiia en ca<strong>sa</strong> y <strong>la</strong> madre en <strong>la</strong><br />

mascara), <strong>de</strong>ux tragédies, OEdipe <strong>et</strong> Aforayrna, <strong>et</strong> enfin un<br />

drame, l'oeuvre, parait-il, <strong>la</strong>plus popu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>-l'auteur <strong>la</strong> Conjuracion<br />

<strong>de</strong> Venecia, drama historico. - Aiio<strong>de</strong> 1310.<br />

Laissons le biographe espagnol apprécier c<strong>et</strong>te composition <strong>et</strong><br />

nous expliquer son succès. Il dit.: « Nous voulons nous arrêter un<br />

instant sur ce drame, non pas tant à cause <strong>de</strong> <strong>sa</strong> valeur réelle<br />

qu'à dause dcl'influencc qu'il exerça sur <strong>la</strong> littérature dramatique<br />

espagnole... Si grands que soient l'intérêt, <strong>la</strong> beauté du style <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> nouveauté <strong>de</strong>s situations qui font (le ce drame une oeuvre <strong>de</strong><br />

premier ordre, il est certain cependant que c'est à <strong>la</strong> disposition<br />

(1) Oh,'as literarias, l'aria, Didot (18274834). 5 vol. in-12.


-15 -<br />

particulière <strong>de</strong> l'esprit public k l'époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation qu'il<br />

faut attribuer une part (le l'enthousiasme avec lequel <strong>la</strong> popti<strong>la</strong>tion<br />

madrilène en accueillit l'apparition<br />

Les idées <strong>de</strong> là nouvelle école romantique commençaient à<br />

se répandre en Espagne; Victor Hugo <strong>et</strong> Pumas y avaient <strong>de</strong>s<br />

admirateurs <strong>et</strong> même <strong>de</strong>s disciples, mais nul encore n'avait osé -<br />

appliquer leurs doctrines à notre scène; celle gloire était réservée<br />

à ItT. tiartinez (le <strong>la</strong>'<strong>Ro<strong>sa</strong></strong>; <strong>sa</strong> Conspiration <strong>de</strong> Venise, représentée<br />

en 1834, inaugura l'ère romantique sur notre théâtre. Le même<br />

homme qui, peu d'années auparavant, 'avait fait app<strong>la</strong>udir avec<br />

frénésie (con fi'enesi) <strong>la</strong> pur<strong>et</strong>é c<strong>la</strong>ssique en soif sut arracher<br />

au publie <strong>de</strong>s app<strong>la</strong>udissements non moins énergiques par<br />

une oeuvre essentiellement romantique.<br />

Vivant à Paris au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> société française, M. <strong>Martinez</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> conçut l'idée hardie d'écrire un draine en français, <strong>et</strong><br />

en juill<strong>et</strong> 1830 il fai<strong>sa</strong>it représenter, non <strong>sa</strong>ns succès, à <strong>la</strong> Porte-<br />

Saint-Martin, son Abcn-Hurneya ou <strong>la</strong> Révolte <strong>de</strong>s 411'anres sous<br />

Philippe H.<br />

C'est dans c<strong>et</strong>te oeuvre que l'on trouve c<strong>et</strong>te jolie chanson tub-<br />

resque, pleine <strong>de</strong>s regr<strong>et</strong>s mé<strong>la</strong>ncoliques <strong>de</strong> l'exilé; loin du ciel<br />

radieux <strong>de</strong> Grena<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s splen<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> l'Alhambra, il fait chan-<br />

ter <strong>sa</strong> douleur par' <strong>de</strong>s exilés comme lui<br />

Cité d'amour, paradis <strong>de</strong>s fontaines<br />

Heureux <strong>et</strong> fier dans ton seiis je vécus...<br />

Je vais mourir sur les riveslûiiitaines<br />

Hé<strong>la</strong>s! hé<strong>la</strong>s! je ne le verrai plus!<br />

L'orage dc 1830 vint interrompre les représentations du draine<br />

<strong>et</strong> rej<strong>et</strong>er l'auteur dans les agitations <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique.<br />

A ka fin <strong>de</strong> 1831, M. It<strong>la</strong>rtinez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> rentra dans <strong>sa</strong> patrie;<br />

tout d'abord il gagna Grena<strong>de</strong>, car Madrid lui était toujours in-<br />

terdit, publia le recueil <strong>de</strong> <strong>ses</strong> Poésies lyriques, <strong>et</strong> un travail histo-<br />

rique fort estimé, <strong>la</strong> Vie <strong>de</strong> 1-lernan Perez <strong>de</strong>l Pulgar (1), l'un <strong>de</strong>s<br />

(i) Bernais Ferez <strong>de</strong>l Pulyar, Besquejo hisldrico con <strong>la</strong>s hazatss. <strong>de</strong>l<br />

grau Capi<strong>la</strong>n.


- 16 -<br />

héros-espagnols les plus renommés (lu quinzième siècle, l'homme<br />

<strong>de</strong>s proues<strong>ses</strong>, comme on l'appelle en son pays. Il m<strong>et</strong>tait <strong>la</strong> <strong>de</strong>r-<br />

nière main k c<strong>et</strong>te oeuvre, quand (jan<strong>vie</strong>r 1834) <strong>la</strong> reine régente,<br />

Marie-Christine,, l'appe<strong>la</strong> à <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseil <strong>et</strong> ait<br />

<strong>de</strong>s affaires étrangères, en remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> M. Zea-lier-<br />

mutiez, l'inventeur du système politique qu'il avait lui-même<br />

qualifié le <strong>de</strong>spotisme éc<strong>la</strong>iré (<strong>de</strong>spotismo illustrado).<br />

Peut-être n'est-il pas hors <strong>de</strong> propos <strong>de</strong> raconter rapi<strong>de</strong>ment ici<br />

les <strong>de</strong>rniers événements du régne <strong>de</strong> Ferdinand Vil <strong>et</strong> l'origine <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> royauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine I<strong>sa</strong>belle Il. Ce sont <strong>de</strong>s faits contemporains<br />

peu ou.mal -connus chez nous, <strong>et</strong> que pourtant il y a intérêt à<br />

.connaitre. On me pardonnera une digression d'ailleurs courte <strong>et</strong><br />

utile àl'éejaircissement <strong>de</strong> mon récit. -<br />

Le roi Ferdinand VII était veuf pour <strong>la</strong> troisième fois, <strong>et</strong> veuf<br />

<strong>sa</strong>ns enfants. N'ayant jamais en qu'une médiocre affection pour <strong>sa</strong><br />

famille, il ne voyait pas <strong>sa</strong>ns chagrin <strong>la</strong> couronne promise après<br />

lui à l'infant don 'Carlos, son frère <strong>et</strong> son héritierprésomptif;<br />

aussi voulut-il tenter d'échapper par un quatrième mariage à c<strong>et</strong>te<br />

ét'entualitè .menacante. -<br />

- Le 11 décembre 1829, il épou<strong>sa</strong>it <strong>sa</strong> nièce, <strong>la</strong> princesse Marie-<br />

Christine <strong>de</strong>s Deux-Siciles. Les popu<strong>la</strong>tions accueillirent avec<br />

transport c<strong>et</strong>te reine jeune, belle <strong>et</strong> fille (l'une mère espagnole.<br />

"Avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isirs (1), Marie-Christine lira <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> <strong>la</strong> tristesse<br />

où elle <strong>la</strong>nguis<strong>sa</strong>it <strong>de</strong>puis si longtemps; ce fut un changement -<br />

compl<strong>et</strong> dans les habitu<strong>de</strong>s du pa<strong>la</strong>is. Une reine qui ne se conten-<br />

tait pas - <strong>de</strong> fêtes religieu<strong>ses</strong>, qui aimait le bal, une reine qui<br />

dan<strong>sa</strong>it, fut- pour les Espagnols une étonnante nouveauté. En<br />

voyant Ferdinand, k <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> <strong>sa</strong> jeune épouse, secouer <strong>la</strong> mo-<br />

notonie <strong>de</strong> Sa <strong>vie</strong> habituelle, les apostoliques (les parti<strong>sa</strong>ns (le<br />

doit c'est-k-dire, les absolutistes fanatiques) <strong>de</strong>vinèrent<br />

l'empire qu'elle al<strong>la</strong>it exercer sur son esprit; <strong>et</strong> les plus c<strong>la</strong>ir-<br />

voyinÉs jugèrent que ce n'était pas seulement nue veine, mais une<br />

révolution qu'on avait inaugurée: »<br />

(1) .Joseplt Lavali<strong>de</strong>.— Voir aussi, re<strong>la</strong>tivement è ces événements <strong>et</strong> aux scènes<br />

qui vont suivre, Une année en Espagne, par Chartes Didier.


17 -<br />

La gros<strong>ses</strong>se te <strong>la</strong> rèit]evint inspirer <strong>de</strong> nouvelles a<strong>la</strong>rmes aux<br />

amis <strong>de</strong> l'infant; pourtant vu espoir leur restait : une fille pouvait<br />

naitre, <strong>et</strong> <strong>de</strong>puis Philippe <strong>et</strong> les Codés <strong>de</strong> 1713 <strong>la</strong> loi <strong>sa</strong>lique<br />

régis<strong>sa</strong>it l'Espagne. Sans doute,- Charles 1V, il' accord avec- les<br />

Cortés <strong>de</strong> 1789, avait voulu rendre aux femmes le droit <strong>de</strong> succé-<br />

<strong>de</strong>r' ail trône, mais <strong>la</strong> loi édictée par lui n'avait point été poinul-<br />

guée. Ferdinand, ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>et</strong> redoutant une mort prompte, voulut<br />

au moins que le but qu'il avait poursuivi par le mariage fût<br />

atteint, <strong>et</strong> que son enfant quel qu'il fût lui succédât. Il reprit doue<br />

l'idée <strong>de</strong> Charles IV, <strong>et</strong> publia <strong>sa</strong> fameuse Pragmatique <strong>sa</strong>n<strong>et</strong>jon<br />

du 9 mars 1830, qui n'est autre chose que celle préparée en 1789.<br />

Eu faveur <strong>de</strong> son enfant k naître, il répudiait <strong>la</strong> loi <strong>sa</strong>lique im-<br />

portée en Espagne par le p<strong>et</strong>it-fils <strong>de</strong> Louis XIV, <strong>et</strong> rétablis<strong>sa</strong>it<br />

le mo<strong>de</strong> d'hérédité que les Castil<strong>la</strong>ns avaient reçu <strong>de</strong>s Goths<br />

leurs ancêtres (J).<br />

Le parti carliste ne se tint pas pour battu. La <strong>sa</strong>nté du roi dé-<br />

clinait <strong>de</strong> plus en plus, <strong>et</strong> avec <strong>sa</strong> <strong>sa</strong>nté <strong>sa</strong> volonté; on entreprit, -<br />

ce qui -ne présentait pas gran<strong>de</strong> difficulté, <strong>de</strong> séduire Calomar<strong>de</strong>,<br />

un val<strong>et</strong> <strong>de</strong>venu ministre <strong>et</strong> favori, qui avait toujours exercé sur<br />

l'esprit <strong>de</strong> Ferdinand une gran<strong>de</strong> influence. Calomar<strong>de</strong> parvint à<br />

arracher au moribond <strong>la</strong> révocation <strong>de</strong> <strong>sa</strong> Pragmatique. Grand<br />

émoi chez <strong>la</strong> reine; mais le roi re<strong>vie</strong>nt à <strong>la</strong> <strong>sa</strong>nté, s'aperçoit qu'il<br />

a'élé joué, <strong>et</strong> après <strong>de</strong> violentes récriminations <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s uns<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres par-<strong>de</strong>vant Ferdinand, <strong>la</strong> reine triomphe définitive-<br />

(1) t II S difficile, dit M. <strong>de</strong> Loménie, <strong>de</strong> comprendre les arguments <strong>de</strong>s<br />

hommes <strong>de</strong> <strong>la</strong> royauté <strong>de</strong> droit divin contre <strong>la</strong> légiiiini(é d'i<strong>sa</strong>belle Il. De trois<br />

cho<strong>ses</strong> l'une ou le roi <strong>de</strong> drôit divin, maître <strong>de</strong> changer à son gré <strong>la</strong> loi fondamentale<br />

<strong>de</strong> l'lttat, ne doit compte <strong>de</strong> <strong>ses</strong> actes qn'à Dieu; <strong>et</strong> alors pourquoi<br />

Ferdinand VII n'aurait-il pas eu 'es mêmes droits que sou tri<strong>sa</strong>ïeul Philippe V?<br />

ou <strong>la</strong> loi fondamentale d'un Etat ne peut jamais être changée, <strong>et</strong>, dans ce second<br />

cas, tout le mon<strong>de</strong> <strong>sa</strong>it que <strong>la</strong> loi <strong>sa</strong>lique n'est pas <strong>la</strong> loi fondamentale <strong>de</strong> <strong>la</strong> monarchie<br />

espagnole; on enfin <strong>la</strong> ratification du peuple est néces<strong>sa</strong>ire, <strong>et</strong> ' dans ce<br />

<strong>de</strong>rnier cas, personne n'ignore que les Cortés dégénérées <strong>de</strong> 1713, qui ratifiévent<br />

l'acte <strong>de</strong> Philippe V, ne va<strong>la</strong>icut ni plus ni moisis que les Cortés dégénérées<br />

<strong>de</strong> 4833, qui ratifièrent l'acte <strong>de</strong> Ferdinand Vil, <strong>sa</strong>nctionné d'ailleurs d'une<br />

manière bien pins poitive que le premier par <strong>de</strong>s cariés postérieures réunies<br />

en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d'élection <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge que l'Espagne ait jamais possédée.


- 18 -<br />

ment; <strong>la</strong> Pragmatique est <strong>de</strong> nouveau confirmée; Marie-Christine<br />

est niénie nommée régente par anticipation.<br />

Calomar<strong>de</strong> • re<strong>de</strong>venu <strong>la</strong>quais pour un moment, est traité<br />

comme tel par l'infante Louise-Charlolte, qui <strong>de</strong> <strong>sa</strong> main royale<br />

lui administre un vigoureux souffl<strong>et</strong> pour clore toute discussion;<br />

<strong>et</strong> le roi meurt sur ces entrefaites.<br />

Disons à l'honneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Christine que son premier acte<br />

comme régente; son mari vivant encore, avait été une proc<strong>la</strong>mation<br />

d'amnistie générale.<br />

Revenons maintenant à M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>; nous avons vu<br />

que <strong>la</strong> régente l'avait appelé à <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseil <strong>de</strong>s<br />

ministres. I-<br />

La situation était presque aussi critique qu'en 1822; <strong>la</strong> guerre<br />

civile envahis<strong>sa</strong>it <strong>la</strong> Navarre; l'Espagne, irritée (les résistances du<br />

<strong>de</strong>rnier ministère, réc<strong>la</strong>mait ]a convocation <strong>de</strong>s Cortès; une sour<strong>de</strong><br />

fermentation régnait partout, <strong>et</strong> les comuneros comme les absolutistes<br />

relevaient <strong>la</strong> tête. En présence <strong>de</strong> ces difficultés si gran<strong>de</strong>s,<br />

le ministère nouveau se hâta, pour calmer tout au moins <strong>la</strong> partie<br />

<strong>sa</strong>ine <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong> donner une constitution à l'Espagne,<br />

<strong>et</strong> le 10 avril 1834, il publia l'Est atuto. R€dl, sorte <strong>de</strong> compromis<br />

entre-<strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> 1812 <strong>et</strong> les précé<strong>de</strong>nts absolutistes du<br />

gouvernement <strong>de</strong> Ferdinand , dontIes ternies, peu explicites <strong>et</strong> le<br />

silence sur plusieurs points importants, ne <strong>sa</strong>tisfirent personne.<br />

Dès son arrivée aux affaires, M. <strong>Martinez</strong> avait proposé à, <strong>la</strong><br />

reine <strong>de</strong> rompre avec don Miguel (l'usurpateur en Portugal <strong>de</strong>s<br />

droits . <strong>de</strong> <strong>sa</strong> nièce), près duquel don Carlos s'était réfugié. L'expédition<br />

<strong>de</strong>Portugal ayant réussi, le nouveau prési<strong>de</strong>nt du conseil<br />

conçut <strong>et</strong> réali<strong>sa</strong> entre <strong>la</strong> Franco, l'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> le Portugal, délivré<br />

<strong>de</strong> don Miguel, <strong>la</strong> quadruple alliance, pour contrc-hà<strong>la</strong>ncer<br />

l'influence <strong>de</strong>s puis<strong>sa</strong>nces 'du Nord (l'Rutriche<strong>et</strong> <strong>la</strong> Rusie), favorables<br />

aux prétentions <strong>de</strong> don Carlos.<br />

• Malgré ces mesures, M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> <strong>et</strong> le ministère<br />

qu'il présidait se tirent insuffi<strong>sa</strong>nts k dominer une position <strong>de</strong><br />

plus en plus difticile <strong>et</strong> le 7 juin 1835, abreuvé <strong>de</strong> dégoûts,<br />

M. <strong>Martinez</strong> donnait <strong>sa</strong> démission.


La reine, qui ne se séparait qu'avec regr<strong>et</strong> <strong>de</strong> son ministre,<br />

voulut lui donner une preuve éc<strong>la</strong>tante <strong>de</strong> <strong>sa</strong> reconnais<strong>sa</strong>nce, <strong>et</strong><br />

prenant une mesure <strong>sa</strong>lis exemple, elle fit insérer à <strong>la</strong> Gaz<strong>et</strong>te<br />

(officielle) <strong>de</strong> Madrid un décr<strong>et</strong> par lequel elle accordait ii<br />

M. lt<strong>la</strong>rtinez <strong>de</strong> lit telle p<strong>la</strong>ce qu'il désirerait, ouvrant ainsi<br />

un ch'amp <strong>sa</strong>ns limite à l'ambition <strong>de</strong> l'homme d'État. li ne voulut<br />

rien que son siège <strong>de</strong> député, qu'il reprit bientôt.<br />

Un an après environ, le 12 août 1836, le Statut royal tombait<br />

<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> révolution militaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Granja , (fui rètablil une fois<br />

encore <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> 1812 <strong>et</strong> enfin, en 1840, après le Pronunciamiento<br />

<strong>de</strong> Barcelone, le général Espartero étant <strong>de</strong>venu<br />

régent, M. <strong>Martinez</strong> (le <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> quitta l'Espagne <strong>et</strong> revint à Paris.<br />

N'est-ce pas le cas <strong>de</strong> répéter ici ce que dit, avec urne vérité un<br />

peu naïve peut-ètre, le biographe espagnol que déjà plusieurs fois<br />

nous avons cité; c'est après <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> 1822 qu'il s'écrie<br />

e Cuanta materia hahia <strong>de</strong> reflexiones en <strong>la</strong> vida <strong>de</strong>l sei'aor Mirlimez<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong>! Ningun hombre piiblico <strong>de</strong> aquellos tiempos<br />

presentaba tantas y tan singu<strong>la</strong>res alternativas. El mismo que,<br />

arrancado <strong>de</strong>l Peiion, hab<strong>la</strong> entrado en Granada bajo ait<br />

<strong>de</strong> triuinfo, conte penoniticacion <strong>de</strong>l sistema constitucional, era<br />

buscado â lus dos aûos en nombre <strong>de</strong> este misino sistema, como<br />

nu enemigà â quien se necesitaba lierir <strong>de</strong> mu<strong>et</strong>te. La enroua <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> gloria tornâbase o tra yez en enroua <strong>de</strong> persecucion y <strong>de</strong><br />

tirid. El potier absoluto le habia hechosu victinia; y ahora estaha<br />

en poco que taunbien Io bicisse el po<strong>de</strong>r liberal... (J).<br />

Ce à quoi nous <strong>de</strong>vons ajouter ces paroles caractéristiquesd'un<br />

autre biographe espagnol z<br />

eNotis avons entendu raconter, dit Al. Pacheco, qu'en 1821<br />

(1) Que <strong>de</strong> réflexions doit inspirer in <strong>vie</strong> dc M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> ta l4o<strong>sa</strong>! Est-il<br />

r homme publie <strong>de</strong> notre temps qui se soit trouvé ikiis autant <strong>et</strong> <strong>de</strong> si sing.i-<br />

hères alternatives? Au r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>s, il entre à Grena<strong>de</strong> sous 'in are <strong>de</strong><br />

triomphe , comme <strong>la</strong> glorieuse personnification du système en,istitnti enlie!; <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans après, ait nom <strong>de</strong> ce mème système, il se voit poursuivi comme un<br />

ennemi digne <strong>de</strong> mort. La couronne <strong>de</strong> gloire <strong>de</strong>venait une couronne d'épices.<br />

Le pouvoir absolu cn avait fait <strong>sa</strong> victime, <strong>et</strong> il s'en fal<strong>la</strong>it <strong>de</strong> peu que le «ou-<br />

i- voir libéral ne lui réservât 'e même sort.<br />

n


M. Itiailinez avait réuni une coIl<strong>et</strong>ioncurieuse <strong>de</strong> lithographies<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> caricatures toutes re<strong>la</strong>tives à <strong>sa</strong> personne. On le voyait dans<br />

l'une d'elles fêté dès <strong>ses</strong> premiers pas dans <strong>la</strong> carrière politique<br />

avec une exagération tout orientale. Venait ensuite l'image <strong>de</strong><br />

son emprisonnement comme traître <strong>et</strong> <strong>la</strong> désignation du supplice<br />

dont il- <strong>de</strong>vait mourir, Le Peijon <strong>de</strong> Co»,e*a, avec son triste<br />

aspect <strong>et</strong> <strong>ses</strong> forçats, fai<strong>sa</strong>it le suj<strong>et</strong> d'une autre estampe. Puis<br />

voits passiez sbus l'arc do triomphe que Grena<strong>de</strong> lui élevait au<br />

Printem ps <strong>de</strong> 1820; au ortir du bagne. Enfin <strong>la</strong> galerie se termi-<br />

nait par une <strong>de</strong>s caricaturés publiées contre lui à l'époque <strong>de</strong> <strong>sa</strong><br />

secon<strong>de</strong> députation, dans <strong>la</strong>quelle on l'accu<strong>sa</strong>it d'être vendu au<br />

monarque, it l'aristocratie <strong>et</strong> aux cours étrangères. An i)as <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te cdllection, dont il avait tapissé son cabin<strong>et</strong>, il avait écrit<br />

o Ni 10 und; ni 10 Otto racrecia o.<br />

Et je n'ai rnérit6<br />

Ni c<strong>et</strong> excèo (l' honneur, ni c<strong>et</strong>te indignité<br />

C'est aux travaux <strong>de</strong> l'esprit que l'ancien ministre va <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> nouveau les seules joies que puisse goûter un exilé qui n'a<br />

Point <strong>de</strong> famille. Il se rem<strong>et</strong> avec ar<strong>de</strong>ur à son livre <strong>de</strong> l'Esprit<br />

du siècle, dont le premier volume avait paru en 1835, <strong>et</strong> dont le<br />

sixième <strong>et</strong> <strong>de</strong>rnier ne <strong>de</strong>vait être publié qu'en 1851. El Espiritu<br />

<strong>de</strong>l sigbo est une vasteéomposition historique <strong>et</strong> philosophique<br />

qui embrasse en toutes <strong>ses</strong> pha<strong>ses</strong> le mouvement révol titi oint aire<br />

mo<strong>de</strong>rne, niais qui s' .attàche plus particulièrement l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

révolution française <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>ses</strong> conséquences sur le présent<strong>et</strong> l'ave-<br />

nir <strong>de</strong> l'Europe. C'est alors aussi, croyons-nous, que M. <strong>Martinez</strong><br />

dut composer son Livre <strong>de</strong>s enfants (ICi libro <strong>de</strong> los nihos), <strong>et</strong><br />

qu'il mit <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière main ii sou roman historique <strong>de</strong> Doha I<strong>sa</strong>bel<br />

<strong>de</strong> Softs, reina <strong>de</strong> Cranada. Ce livre avait été conçu à Paris,<br />

comme nous le dit l'auteur en son Adverjencja; « Hal<strong>la</strong>ndome en<br />

Paris, haee puces aijos, me ocurié, por primera vez el pensia-<br />

mento <strong>de</strong> escribir una nove<strong>la</strong> hisl6rica, <strong>et</strong> selon toute apparence<br />

il fut terminé à Paris.<br />

Non content <strong>de</strong> ces travaux solitaires, il s'associe bientôt à ceux<br />

n


- 21<br />

<strong>de</strong> l'institut histôrique <strong>de</strong> Paris, <strong>et</strong> nous le voyons dès-1841 apporter<br />

à c<strong>et</strong>te société <strong>sa</strong>vante, dont il est membre, soit<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>beurs. -<br />

Il y débute par un discours, en français, bien entendu, qui<br />

porte ce litre Quels sont les secours que Christophe Colomb a<br />

trouvés dans les connais<strong>sa</strong>nces géographiques antérieures à son<br />

époque, pour réaliser <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> l'Amérique? Dans une<br />

défiance <strong>de</strong> <strong>ses</strong> forces qui n'a rien <strong>de</strong> fondé, l'orateur es<strong>sa</strong>ye tout<br />

d'abord <strong>de</strong>justifier son audace, il dit - - -<br />

u Messieurs, je commence d'abord par vous faire <strong>de</strong>s excu<strong>ses</strong> c'est<br />

trop <strong>de</strong> hardiesse <strong>de</strong> ma port que <strong>de</strong> prendre <strong>la</strong> parole en ces lieux;..:.<br />

111e trouvant hors <strong>de</strong> ma pairie, je n'ai pas <strong>de</strong> livres, <strong>de</strong> documents,<br />

d'amis t consulter...;. Il y a aussi <strong>de</strong> bien longues années que j'ai été<br />

forcé <strong>de</strong> renoncer à ce genre <strong>de</strong> travaux aussi i.nportant§ que paisibles<br />

........... .Mais ce qui m'effraye le plus, c'est <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> m'exprimer<br />

dans une <strong>la</strong>ngue étrangère ..... pour vous, c'çst un instrument -<br />

docile; il se plie à merveille dans vos mains; Vidée <strong>et</strong> <strong>la</strong> parole naissent<br />

en même temps ce sont <strong>de</strong>ux soeurs jumelles qui vont très-bien<br />

ensemble.....Quant à moi, je suis obligé d'abord <strong>de</strong> jaisir <strong>la</strong> pensée<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépouiller ensuite <strong>de</strong> son costume national, pour <strong>la</strong> -revêtir bon<br />

gré mal gré d'une robe empruntée ..... .r -- -<br />

- Nous trouvons dans le journal <strong>de</strong> l'Institut historique <strong>de</strong> 184<br />

<strong>et</strong> 1843 d'autres discours ou articles <strong>de</strong> M. <strong>Martinez</strong>, traitant <strong>de</strong><br />

questions diver<strong>ses</strong> telles que celles-ci Quelle est l'ivjiue-zipe <strong>de</strong><br />

l'esprit actuel sur <strong>la</strong> littérature. - De l'eprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature<br />

actuelle <strong>et</strong> du géiie <strong>de</strong> Lope <strong>de</strong> Vega, <strong>et</strong> enfin plusieurs fragments<br />

- * -<br />

<strong>de</strong> son Esprit du siècle. -<br />

Appelé en 1843 à l'honneur <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>r c<strong>et</strong>te société ,IU. Mar-<br />

tinez prononce à l'ouverture du neuvième congrès (15 mai) tin<br />

discours sur <strong>la</strong> civili<strong>sa</strong>tion au dix-neuvième siècle, où l'on remarque<br />

les pas<strong>sa</strong>ges suivants -<br />

Ces congrès scientifiques établis tout récemment en- Franfe, en<br />

Italie cl dans d'autres contrées <strong>de</strong> l'Europe, en m<strong>et</strong>tant en rapport les<br />

liomùis <strong>de</strong>-l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> plusieurs NY5 peuvent <strong>de</strong>venir - fort utiles aux<br />

progrès <strong>de</strong> l'esprit humain. Ils contribueront, en outre , à entr<strong>et</strong>enir ces<br />

'sentiments <strong>de</strong> bienveil<strong>la</strong>nce, c<strong>et</strong>te tolérance mutuelle qui ren<strong>de</strong>nt plus


- -<br />

faciles <strong>et</strong> plus profitables les communications entre individus aussi bien<br />

qu'entre nations....<br />

Une circonstance, qui m'est pour ainsi dire personnelle, <strong>vie</strong>nt confjrrner<br />

à mes yeux c<strong>et</strong>te tendance <strong>de</strong> notre âge c'est l'honneur inattendu<br />

<strong>de</strong> nie trouver à votre tête:<br />

Sans que ce<strong>la</strong> diminue (il s'en faut bien) le sentiment <strong>de</strong> profon<strong>de</strong><br />

reconnais<strong>sa</strong>nce que c<strong>et</strong>te marque d'estime n gravé dans moi ' coeur, je<br />

crois entrevoir, dans le choix que l'institut historique <strong>vie</strong>nt <strong>de</strong> faire,<br />

un but <strong>de</strong> plus haute portée que le désir <strong>de</strong> récompenser ma passion<br />

pour l'étu<strong>de</strong>...... passion qui a fait <strong>la</strong> conso<strong>la</strong>tion, le bonheur <strong>de</strong><br />

ma<br />

- » On a voulu <strong>sa</strong>ns doute ajouter ce nouveau témoi 8nage <strong>de</strong> l'esprit<br />

éminemment hospitalier qui honore <strong>la</strong> Fronce. On a voulu peut-être<br />

aussi montrer combien elle contribue, pour <strong>sa</strong> part, à établir une sorte<br />

<strong>de</strong> communauté entre tous ceux (lui cultivent dans quelque cciii <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

terre les sciences, les l<strong>et</strong>tres, les beaux-arts ....... ..<br />

De r<strong>et</strong>our en Espagne en 1843, après <strong>la</strong> chute d'Espartero,<br />

M. Martincz <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> entra au ministère avec le maréchal Nar-<br />

vaéz, <strong>et</strong> ne le quitta qu'avec lui en février 1846. - Bientôt après<br />

il Lut nommé ambas<strong>sa</strong><strong>de</strong>ur à Paris, où il se trouvait lors <strong>de</strong>s mariages<br />

espagnols (octobre 1846).<br />

M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> lis quitta Paris pour aller remplir à Rouie<br />

les fonctions d'ambas<strong>sa</strong><strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Sa Majesté Catholique près le <strong>sa</strong>int-<br />

siège. C'est 1h que le trouva le mouvement européen <strong>de</strong> 1848.<br />

Il aida le pape à gagner Gaète, <strong>et</strong> l'y accompagna.<br />

A partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque, nous entrons dans <strong>de</strong>s faits encore<br />

trop rapprochés <strong>de</strong> nous pour que nous .lyons . à les apprécier;<br />

nous nous contenterons donc d'une énumération rapi<strong>de</strong>.<br />

En 1852, M. <strong>Martinez</strong> fut nommé prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Cortés, <strong>et</strong><br />

en 1857, après <strong>la</strong> réapparition au pouvoir <strong>et</strong> <strong>la</strong> chute successives<br />

d'Espartero <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1arvaéz, il fut, pendant le ministère Armero-<br />

Mon, premier secrétaire d'État pour les affaires étrangères. En<br />

juill<strong>et</strong> 1858, le maréchal O'flonnell étant aux affaires, M. Marti-<br />

nez fut p<strong>la</strong>cé comme prési<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> tète (lu conseil d'État, <strong>et</strong> en<br />

décembre <strong>de</strong> <strong>la</strong> même année, il fut appelé <strong>de</strong> nouveau à <strong>la</strong> prési-<br />

<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s Cortés, ayant toujours refusé <strong>de</strong> siéger à <strong>la</strong> Chambre


- 23 -<br />

hante. « C'est, à dit, je'ci-ois, M. Viardot, ],a estime <strong>de</strong> tous<br />

les partis qui l'avait dès longtemps porté <strong>et</strong> maintenu à <strong>la</strong> prési-<br />

<strong>de</strong>nee.<strong>de</strong>s Cortès; renonçant k tout rôle actif <strong>et</strong> jouis<strong>sa</strong>nt enfin <strong>de</strong><br />

l'olium cunz diqnita(c, si justement dû à son âge <strong>et</strong> à <strong>ses</strong> traVaux<br />

il exer çait c<strong>et</strong>te liante fonction avec nuecomplète impartialité <strong>et</strong><br />

un talent lotit plein <strong>de</strong> courtoisie.<br />

Le 7 Février 1862, M. Mariniez <strong>de</strong> ],a terminait <strong>sa</strong> longue<br />

carrière, aimé <strong>de</strong> Ions autant qu'il en était honoré.<br />

Sa mort a été pour l'Espagne l'obj<strong>et</strong> d'un <strong>de</strong>uil public. La tri-<br />

bune <strong>et</strong> le, bureau du congrès furent voilés d'un crêpe, les minis-<br />

tres <strong>et</strong> tons les députés prirent les vêtements <strong>de</strong> grand <strong>de</strong>uil (1).<br />

Le roi, l'infant don Sébastien, le corps diplomatique, les minis-<br />

tres, les sénateurs, les députés, <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Madrid tout entière<br />

assistèrent à <strong>ses</strong> funérailles.<br />

«ujourd'liui 10 février, dit unjournal espagnol (2), les obsèques<br />

<strong>de</strong> M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> ont absorbé l'attention générale, para-<br />

lysé toutes les affaires, <strong>et</strong> fait oublier pour un moment toutes les<br />

questions politiques. Madrid n'a pas souvenir d'une plus complète<br />

ovation Funèbre. Toutes les c<strong>la</strong>s<strong>ses</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> société ont voulu rendre<br />

un tribut aux restes mortels <strong>de</strong> D. F. <strong>Martinez</strong> (le <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> comme<br />

un hommage dû au patriotisme <strong>et</strong> à l'amour <strong>de</strong>s libertés pu-<br />

bliques.<br />

Le jour le plus froid <strong>de</strong> l'année a été impuis<strong>sa</strong>nt à contenir dans<br />

leurs maisons. <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> personnes (liii affluaient <strong>de</strong> toutes<br />

parts pour assister au pas<strong>sa</strong>ge du triste cortège.<br />

Quoique J'ekistcnce politique <strong>de</strong> M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> ait été <strong>de</strong>s<br />

plus agitées, <strong>et</strong> que son libéralisme modéré ait soulevé autour <strong>de</strong> lui<br />

jusqu'à <strong>de</strong>s cris <strong>de</strong> mort, pourtant <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> intégrité <strong>de</strong> son carac-<br />

tère, son honnêté <strong>sa</strong>ns défail<strong>la</strong>nces ont écarté <strong>de</strong> lui <strong>la</strong> calomnie,<br />

c<strong>et</strong>te lèpre <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique, c<strong>et</strong>te fille <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong> parti. li a su<br />

imposer l'estime même à <strong>la</strong> haine,. <strong>et</strong> c'est là une preuve irré-<br />

fragable <strong>de</strong> l'irréprocbabilité <strong>de</strong> <strong>sa</strong> <strong>vie</strong>. ci Pdète illustre, orateur<br />

(1) Correspon<strong>de</strong>ncia, 9 février 186.<br />

(2) Correspon<strong>de</strong>ncia.


- 24 -<br />

irrésistible, homme d'État, homme <strong>de</strong> bien ', c'est ainsi que le<br />

qualifie M. <strong>de</strong> Latour.<br />

Quelque critiques, <strong>et</strong> elles le furent souvent, qn'4ient été les<br />

circonstances <strong>de</strong> <strong>sa</strong> <strong>vie</strong> politique, jamais on ne vit chanceler son<br />

courage, jamais s'altérer <strong>la</strong> sérénité <strong>de</strong> son esprit, jamais faiblir<br />

l'intégrité <strong>de</strong> <strong>ses</strong> principes constitutionnels, ni <strong>sa</strong> droiture pro -<br />

verhiale.<br />

Pourtant, s'il n écrit c<strong>et</strong>te parole aussi bien p<strong>la</strong>cée en <strong>sa</strong> bouche<br />

que dans celle <strong>de</strong> Fernand <strong>de</strong> Valor son héros.: IL No, hija, no...,<br />

]os homhres no liemb<strong>la</strong>n janias I ,, (Non, ma fille, non, les hom-<br />

mes ne tremblent pas), nous ne <strong>de</strong>vrons pas moins répéter avec<br />

M. Pacheco : Es <strong>de</strong> <strong>la</strong> familia <strong>de</strong> los inartires, pero no es <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

familia <strong>de</strong> los eroes n (il est <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s martyrs, il n'est<br />

pas <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s héros). - Empruntons encore i M. <strong>de</strong> Loménie,<br />

l'un <strong>de</strong> nos meilleurs gui<strong>de</strong>s en c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, surtout à soir<br />

une appréciation du caractère <strong>de</strong> M. <strong>Martinez</strong> qui complétera<br />

notre tableau; il écrivait en 1843<br />

M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> est <strong>sa</strong>ns contredit un <strong>de</strong>s plus élo-<br />

quents orateurs, un <strong>de</strong>s hommes d'État les plus distingués <strong>et</strong> peut-<br />

être le caractère le plus noble, le plus honnête, le plus pur <strong>de</strong><br />

l'Espagne mo<strong>de</strong>rne mais il est essentiellement dépourvu d'une<br />

qualité politique néces<strong>sa</strong>ire partout, <strong>et</strong> en Espagne plus que par-<br />

tout je veux parler <strong>de</strong> l'énergie d'action; non pas que M. Ittar-<br />

tinez <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>Ro<strong>sa</strong></strong> manque <strong>de</strong> ferm<strong>et</strong>é, tant s'en faut nul homme,<br />

n'a donné <strong>de</strong> plus nombreu<strong>ses</strong>, <strong>de</strong> plus éc<strong>la</strong>tantes preuves <strong>de</strong> <strong>sa</strong>ng-<br />

froid <strong>et</strong> <strong>de</strong> courage; mais c<strong>et</strong>te ferm<strong>et</strong>é, ce <strong>sa</strong>ng-froid, ce courage •<br />

sont d'une nature complètement passive; ainsi il fera face à une<br />

émeute avec une tranquillité étonnante : quand le succès <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

révolte militaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Granja poussera vers <strong>la</strong> frontière tous les<br />

chefs du parti modéré, il ira fumer un cigare au Prado; si <strong>de</strong>s<br />

siffl<strong>et</strong>s l'interrompent à <strong>la</strong> tribune, il se redressera <strong>de</strong> toute <strong>sa</strong><br />

hauteur, <strong>et</strong> puisera dans c<strong>et</strong> inci<strong>de</strong>nt même un beau mouvement<br />

d'éloquence. - En un mot, tant qu'il s'agit <strong>de</strong> résister purement,<br />

simplement, M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> est admirable; mais quand<br />

il faut passer <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance à l'initiative, quand il faut conserver


- 25 -<br />

<strong>et</strong> réformer b propos, contenir d'une main <strong>et</strong> agir <strong>de</strong> l'autre, ap-..<br />

payer <strong>la</strong> modération sur <strong>la</strong> force, trouver <strong>de</strong>s expédients, <strong>de</strong>s<br />

ressources pont- les difflcultésimpréuues, prévenir <strong>et</strong> étouffer <strong>de</strong>s<br />

complots, organiser, conduire, discipliner une majorité; quand<br />

il faut enfin gouverner, dans le sens le plus compl<strong>et</strong> du mot;<br />

M. Marthiez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> ne trouve plus en loi que <strong>de</strong>s facultés pas-.<br />

sives, <strong>et</strong> une gran<strong>de</strong>, noble, belle, mais stérile éloquence.....<br />

Et plus loin M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> bril<strong>la</strong> plus d'une fois encore<br />

dans les tournois oratoires sur <strong>de</strong>s questions 4e politique gé-<br />

nérale, il fit résonner les voûtes du pa<strong>la</strong>is (les Cortès <strong>de</strong>s mots<br />

paix, ordre, justice, qui al<strong>la</strong>ient bien à <strong>la</strong> modération (le son<br />

caractère <strong>et</strong> à <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> <strong>sa</strong> <strong>vie</strong>, mais qui n'étaient que <strong>de</strong>s<br />

mots. Souvent <strong>sa</strong> voix pure <strong>et</strong> sonore, <strong>sa</strong> parole facile, élégante<br />

<strong>et</strong> imagée, son doux regard <strong>de</strong> poéle, l'aspect <strong>de</strong> <strong>sa</strong> flottante che-<br />

velure b<strong>la</strong>nchie dans l'exil, <strong>de</strong> <strong>sa</strong> pâle, grave <strong>et</strong> longue figure <strong>de</strong> -<br />

vétéran politique, imposèrent silence aux passions tumultueu<strong>ses</strong><br />

d'une opposition <strong>de</strong> plus en plus ar<strong>de</strong>nte; mais l'impression s'effa-<br />

çait avec le bruit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières paroles <strong>de</strong> l'orateur, <strong>et</strong> tout ce<strong>la</strong><br />

n'empêchait ni le ministère <strong>de</strong> se disloquer chaque matin, ni le<br />

pouvoir <strong>de</strong> s'amoindrir à vue d'œil, ni les Cortès <strong>de</strong> se traîner <strong>la</strong>n-<br />

guis<strong>sa</strong>ntes. o<br />

Appréciation que le biographe espagnol anonyme confirme en<br />

ces termes<br />

Este Isériodo <strong>de</strong> <strong>la</strong> vida <strong>de</strong>l sciior <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> es el<br />

<strong>de</strong>l apogeo <strong>de</strong> su gloria cocon orador; nunca se levanié e mayor<br />

altura <strong>de</strong> eloquencia, <strong>de</strong> v3lentia y <strong>de</strong> dominacion sobre su par-<br />

lido. Sus itumensos esfuezos sin embargo fueron inutiles.. (1).<br />

Toute <strong>sa</strong> <strong>vie</strong> politique, M. It<strong>la</strong>rtinez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> l'employa à<br />

m<strong>et</strong>tre en pratique l'idée qu'il formu<strong>la</strong>it ainsi dans l'introduction<br />

<strong>de</strong> son Esprit du siècle « Les théories extrêmes sont aujourd'hui<br />

discréditées; <strong>la</strong> génération actuelle est exclusivement vouée à <strong>la</strong><br />

(4) Celle pério<strong>de</strong> (1837-4840) (le <strong>la</strong> <strong>vie</strong> <strong>de</strong> M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> est<br />

celle <strong>de</strong> l'épanouissement (le <strong>sa</strong> gloire comme orateur; jamais il ne s'éleva à une<br />

plus gran<strong>de</strong> hauteur d'expression , <strong>de</strong> courage, jamais il n'exerça sur son parti<br />

sine action plut gran<strong>de</strong>. Ses efforts immen<strong>ses</strong> furent pourtant inutiles .... s


- 26 -<br />

solution <strong>de</strong> ce problème, le plus important <strong>de</strong> tous quels sont<br />

lei moyens d'unir fraternellement (liermanar) l'ordre <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

liberté?<br />

Et son grand acte, son oeuvre politique, celle qui lui appartient<br />

en propre <strong>et</strong> dont il faut lui <strong>sa</strong>voir un gré extrême, c'est d'avoir<br />

créé en Espagne le parti modéré. « Entre estos cl que mas esclusivamente<br />

le pertenece.. es <strong>la</strong> creacion <strong>de</strong>l parttdo mo<strong>de</strong>rodo<br />

en Espaiia.<br />

Le prince (le <strong>la</strong> Paix, dans <strong>ses</strong> Mémoires, nomme M. <strong>Martinez</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> parmi les membres <strong>de</strong> l'Institut <strong>de</strong>s sciences <strong>et</strong> bellesl<strong>et</strong>tres<br />

<strong>de</strong> Santa-Cruz <strong>de</strong> Grena<strong>de</strong>, cule traducteur <strong>de</strong> don Manuel<br />

Godoï • M. Esménard, dit en note, quelque peu dédaigneusement<br />

C'est ce même M. <strong>Martinez</strong> (le <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> qui présidait l'avant<strong>de</strong>rnier<br />

ministère espagnol (1836) ; il a travaillé aussi à Paris<br />

pour les théâtres du boulevard; il a fait <strong>de</strong>s mélodrames <strong>et</strong><br />

l'Estatuto Real !»<br />

Contrairement à ce que nous avons avancé d'après <strong>de</strong> nombreux<br />

témoignages, l'auteur d'une Année en Espagne, M. Charles Didier,<br />

prête avec plus d'esprit que <strong>de</strong> sérieux d'ailleurs à M. Marlinez<br />

<strong>de</strong>s opinions rétrogra<strong>de</strong>s en contradiction i<strong>la</strong>graàte avec toute <strong>sa</strong><br />

<strong>vie</strong>; il dit Il me fai<strong>sa</strong>it l'autre jour un raisonnement qui re<strong>vie</strong>nt<br />

à ceci les abus ont <strong>de</strong>s inconvénients, c'est vrai ,mais ces inconvénients<br />

sont connus, tandis que <strong>la</strong> réforme peut en entraîner qui<br />

ne Je sont point <strong>et</strong> qu'on ne <strong>sa</strong>urait prévoir; or, le connu a moins<br />

<strong>de</strong> périls que l'inconnu, donc l'abus vaut mieux que <strong>la</strong> réforme.»<br />

Que ce paradoxe spirituel soit échappé à l'auteur du Mari dans <strong>la</strong><br />

cheminée, en un jour <strong>de</strong> mi<strong>sa</strong>nthropie souriante, que c<strong>et</strong>te bouta<strong>de</strong><br />

comme tant d'autres, il l'ait prononcée en une causerie intime,<br />

ce<strong>la</strong> est possible. Tous ceux qui ont connu M. <strong>Martinez</strong> <strong>sa</strong>vent<br />

qu'il ne se fai<strong>sa</strong>it pas faute <strong>de</strong> <strong>sa</strong>illies piquantes, <strong>et</strong> que <strong>sa</strong> vivacité<br />

narquoise se jouait assez volontiers aux audaces <strong>de</strong> <strong>la</strong> • raillerie;<br />

mais que ce soit là un propos sérieux <strong>de</strong> l'homme d'État qui<br />

durant cinquante années fut en Espagne le représentant du libéralisme,<br />

c'est ce que nous ne <strong>sa</strong>urions adm<strong>et</strong>tre. D'ailleurs, à côté<br />

<strong>de</strong> ce mot, nous avons à p<strong>la</strong>cer un acte qui lui fait contre-poids <strong>et</strong>


- 27 -<br />

qui prouve <strong>sa</strong>ns réplique que si M. l%jartinez <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> apil pr-<br />

fois dans <strong>ses</strong> paroles <strong>la</strong>isser libre bri<strong>de</strong> à son esprit fin, douce-<br />

ment fron<strong>de</strong>ur <strong>et</strong> acceptant le paradoxe, dans les faits tout au<br />

moins il était toujours d'accord avec lui-même, <strong>et</strong> que les théories<br />

libérales, que si souvent il avait soutenues <strong>de</strong> <strong>sa</strong> voix éloquente dans<br />

les assemblées politiques <strong>de</strong> son pays, il <strong>sa</strong>vait les meure en pra-<br />

tique, alois que c<strong>et</strong>te pratique n'était ni commune ni facile.<br />

Comme aîné <strong>de</strong> <strong>sa</strong> famille, M. <strong>Martinez</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ro<strong>sa</strong></strong> en avait re-<br />

cueilli tout 1'héritge; <strong>et</strong> fai<strong>sa</strong>nt (le son libre mouvement ce qu'il eût<br />

voulu voir faire à <strong>la</strong> loi, il partagea <strong>ses</strong> biens <strong>et</strong> en remit <strong>la</strong> moitié<br />

à son frère.<br />

- - 0qs a-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!