Jacques de Chartres, le maitre-charpentier de Charles V
Jacques de Chartres, le maitre-charpentier de Charles V
Jacques de Chartres, le maitre-charpentier de Charles V
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
4 t<br />
JACQUES DE CHARTRES<br />
LE MAITRE-ClIAR pENTIER DE CHARLES V<br />
PAR<br />
R. DELACHENAL<br />
Extrait <strong>de</strong> l'Annuaire-Bul<strong>le</strong>tin <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> l'HLstoire <strong>de</strong> France,<br />
année 1917.<br />
t<br />
C<br />
ri<br />
PARIS<br />
1918<br />
â
JACQUES DE CHARTRES<br />
LE MAITRE-CHARPENTIER DE CHARLES Y<br />
Raymond du Temp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> n <strong>maitre</strong>-maçon D <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s V, n'est<br />
un inconnu pour aucun <strong>de</strong> ceux à qui l'histoire du xiv 5 sièc<strong>le</strong><br />
est quelque peu familière'. IL en va autrement d'un homme,<br />
dont <strong>le</strong> nom est <strong>le</strong> plus souvent associé à celui <strong>de</strong> Raymond du<br />
Temp<strong>le</strong> et qui, <strong>de</strong> son vivant, n'eut peut-être ni moins<strong>de</strong> crédit,<br />
ni moins <strong>de</strong> notoriété. 3e veux par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> Barbel, dit<br />
aussi et plus ordinairement <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, bien oublié<br />
aujourd'hui, sans qu'on puisse dire si cet oubli est légitime<br />
ou injustifié. En tout cas, il n'implique pas nécessairement que<br />
Raymond du Temp<strong>le</strong> ait été un personnage d'une tout autre<br />
envergure que <strong>Jacques</strong> Barbe!. Il ne faudrait pas supposer la<br />
perte d'un bien grand nombre <strong>de</strong> textes, - et ces textes nous<br />
apprennent peu <strong>de</strong> chose en général, -pour que, du maRremaçon<br />
<strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s Y 1 il ne restât môme plus <strong>le</strong> souvenir. Le<br />
maître-<strong>charpentier</strong>, son contemporain et son collègue, n'a pas<br />
attiré d'aussi bonne heure l'attention <strong>de</strong>s chercheurs. Son dossier<br />
s'ouvre tardivement; il pourra s'enrichir quelque jour <strong>de</strong><br />
documents plus intéressants et plus explicites que ceux que j'ai<br />
réunis et utilisés.<br />
<strong>Jacques</strong> Barbel était évi<strong>de</strong>mment, par lui-même ou par sa<br />
famil<strong>le</strong>, originaire <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, comme <strong>le</strong> prouve la<br />
forme habituel<strong>le</strong> <strong>de</strong> son nom <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> 2. L'époque<br />
1. M. H. Stein a résumé tout ce qu'on sait â son sujet dans un artic<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
la Bibliothèque <strong>de</strong> l'Éco<strong>le</strong> <strong>de</strong>s chartes (t.. LXX, 1909, p. 440-455. Une<br />
expertise au XiV' sièc<strong>le</strong>, p. 450-451).<br />
2. Ancien mémorial D, fol. 64, <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> Paris<br />
(31 mars 1360). Prestation <strong>de</strong> serment <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> Isarbel, <strong>charpentier</strong> cl,<br />
maître s<strong>le</strong>s oeuvres et édifices du roi en la vicomié <strong>de</strong> I'aris (Arch. nat,,<br />
Document<br />
IULIU Ili IUIII D
-2—<br />
<strong>de</strong> sa naissance est inconnue, et l'on ne saurait m&me pas la<br />
resserrer avec certitu<strong>de</strong> entre <strong>de</strong>ux dates extrêmes.Voici ce qu'on<br />
peut conjecturer avec une assez gran<strong>de</strong> vraisemblance. Comme<br />
il est probab<strong>le</strong> que <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> avait au moins trente<br />
ans en 1360, lorsqu'il fut pourvu <strong>de</strong> l'emploi important qu'il<br />
<strong>de</strong>vait conserver presque toute sa vie', la date <strong>de</strong> sa naissance<br />
ne doit pas être postérieure à l'année 1330. El<strong>le</strong> ne doit pasêtre<br />
non plus antérieure <strong>de</strong> beaucoup à l'année 1315, car à l'avènement<br />
<strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s VI, en 1380, <strong>le</strong> <strong>charpentier</strong> du roi fut maintenu<br />
en fonction, ce qui n'eût sans doute pas été <strong>le</strong> cas si <strong>de</strong>puis<br />
longtemps il avait dépassé la soixantaine.<br />
Son nom se rencontre pour la première fois dans une note,<br />
extraite d'un ancien mémorial <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong><br />
Paris. Le 31 mars 1360, <strong>Jacques</strong> Barbel, <strong>charpentier</strong>, <strong>maitre</strong> <strong>de</strong>s<br />
oeuvres et édifices du roi en la vil<strong>le</strong> et vicomté <strong>de</strong> Paris, prêta<br />
serment, en cette qualité, <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s gens <strong>de</strong>s Comptes 2 . L'emploi<br />
qu'il allait tenir était <strong>de</strong>venu vacant, un peu moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
ans auparavant, dans <strong>de</strong>s circonstances tragiques. Au plus fort<br />
<strong>de</strong> la dictature révolutionnaire d'Étienne Marcel, <strong>le</strong> 29 mai 1358,<br />
PP 109, y. 431; Bibi. du Palais-Bourbon, col<strong>le</strong>ction Lenain, Tab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s<br />
registres <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes, t. i, p: 116). -<br />
Le 5 mai 1364, <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> est confirmé dans ses fonctions <strong>de</strong><br />
<strong>charpentier</strong> du roi à Paris (Mémorial D, fol-<br />
64; Arch. nat., PP 109,<br />
p. 456). Dans <strong>de</strong>s comptes relatifs à divers travaux exécutés à l'Hôtel <strong>de</strong>s<br />
monnaies <strong>de</strong> Paris (1365-1371), il est appelé tantôt <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>,<br />
tantôt <strong>Jacques</strong> Barbet (Areb. rat., V 913). Enfin, un texte du 26 février<br />
1392 est aussi explicite que possib<strong>le</strong> « I<strong>le</strong>re<strong>de</strong>s «eu .ausam hahentes<br />
<strong>de</strong>ffuncti Jacobi Barbe!, dicti <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, quondam magistricarPCfltarU<br />
Begis, etc. D (Arch. nat., JCK tS, fol. 140 y').<br />
1. Par une pente naturel<strong>le</strong>, ses attributions furent élargies dans la suite<br />
et il fui inaitre-<strong>charpentier</strong> du roi, non seu<strong>le</strong>ment à Paris et dans sa<br />
vicomté, mais encore dans tout, <strong>le</strong> royaume. Il n'en reste pas moins qu'il<br />
tenait dès 1360 un emploi très important.<br />
2. Bibi. du Palais-Bourbon, col<strong>le</strong>ction Lc,,ain, Ta-bits <strong>de</strong>s re gistres <strong>de</strong> <strong>le</strong><br />
Chambre <strong>de</strong>s comptes, t. I, p. 116 (Mémorial D, fol. 4): & <strong>Jacques</strong>, dict<br />
Barbet (Barbet), <strong>charpentier</strong> et maistre <strong>de</strong>s oeuvres et edifiees du Boy au<br />
comté <strong>de</strong> Paris (sic), a faiet serment <strong>le</strong> 31 mars 1350 ( y . s.). Il faut<br />
certainement corriger : en la vil<strong>le</strong> et vicomté <strong>de</strong> Paris.<br />
Areb. nul., PP 109, p. 431 : Autre [mention] <strong>de</strong> prestation <strong>de</strong> serment<br />
<strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> Barbel, <strong>charpentier</strong> et maître <strong>de</strong>s oeuvres du Boy... »<br />
(Mémorial D, fol. 4). La date n'est pas indiquée.
-3—<br />
avaient été punis du <strong>de</strong>rnier supplice, avec <strong>le</strong>s raffinements<br />
barbares alors en usage, <strong>le</strong> u maître du pont <strong>de</strong> Paris », Jean<br />
Péret, et <strong>le</strong> maître-<strong>charpentier</strong> du roi celui que <strong>le</strong>s Gran<strong>de</strong>s<br />
chroniques appel<strong>le</strong>nt je ne sais pourquoi f<strong>le</strong>uri Métret, car son<br />
vrai nom parait avoir été Thomas Fouquaut ou F'ouquant'.<br />
Quoiqu'il en soit, ce <strong>de</strong>rnier ne fut peut-être pas remplacé immédiatement<br />
après la rentrée du régent dans la capita<strong>le</strong>, et, si cette<br />
hypothèse est exacte, il aurait eu pour successeur <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Chartres</strong>. A 5011 avènement, Char<strong>le</strong>s V confirma <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Chartres</strong> dans la charge <strong>de</strong> u maître-<strong>charpentier</strong> » du roi à Paris',<br />
qu'il exerça pendant presque toute la durée du règne', et, après<br />
la mort du prince, pendant sept ou huit années encore, jusque<br />
en 4887 ou 1388. Au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> près d'un quart<br />
<strong>de</strong> sièc<strong>le</strong>, il est mentionné très fréquemment, sans qu'il soit possib<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> dégager rien <strong>de</strong> précis <strong>de</strong>s textes qui <strong>le</strong> concernent4.<br />
Presque toujours il figure en compagnie <strong>de</strong> Raymond du Temp<strong>le</strong>,<br />
sergent d'armes comme lui, etcollaborantauxinêmesentreprises<br />
1- Chronique <strong>de</strong>s règnes <strong>de</strong> Jean II et <strong>de</strong> Chartes V (Société <strong>de</strong> l'histoire<br />
<strong>de</strong> France), t. J. Paris, 1910, in-8', p - 179 et n, 2.<br />
2. Arch. net ., PP 109, p. 456 (8 mai? 1364); d'après <strong>le</strong> Mémorial D,<br />
IN. 64.<br />
3. On verra plus loin pourquoi je dis pendant presque toute la durée<br />
du règne.<br />
4. Mob. net., Ziin 913 (6 décembre 1370-22 juin 1371); J 151 n (24 avril<br />
1372); X2A 10, fol, 77-79 (15 et 17 mars 1379).— BibI. net ., P.O.364, dossier<br />
7369, BLANCHET, n' 9(24 septembre 1382); Clairambault, XXIX, u" 100<br />
et 101 (17 novembre 1386, 4 février 1387), etc. Que ses attributions se<br />
soient étendues à tout <strong>le</strong> royaume, On n'en a la preuve que par <strong>de</strong>s textes<br />
<strong>de</strong> date un peu tardive, remontant seu<strong>le</strong>ment au règne <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s VI,<br />
nnids je crois qu'il en fut ainsi <strong>de</strong> bien meil<strong>le</strong>ure heure, sinon dès l'origine.<br />
Ceci résulte au moins implicitement <strong>de</strong> ce qu'on lira plus loinn au<br />
sujet d'un procès criminel, que Sacques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> eut au par<strong>le</strong>ment <strong>de</strong><br />
Paris vers la lin du règne <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s V. Quoiqu'il en soit, voici comment<br />
il se qualifie dams <strong>de</strong>s quittances mIe 1386 et 1387 « ... Saques <strong>de</strong><br />
<strong>Chartres</strong>, sergent d'armes et maistre <strong>charpentier</strong> general. du Boy ,nostre<br />
sire per tout son royaume... » (Bibi. net ., Clairambault, XXiX, n" 100<br />
et loi; I? novembre 1386 et 4 février 1387). La <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pièces<br />
citées ici est scellée d'un sceau rond <strong>de</strong> vingt millimètres, portant une tête<br />
d'homme <strong>de</strong> profil à <strong>de</strong>xtre, dans un qùadrilobe orné <strong>de</strong> quatre f<strong>le</strong>urs <strong>de</strong><br />
lis; légen<strong>de</strong> détruite (G- Demay, Inventaire <strong>de</strong>s sceaux etc km col<strong>le</strong>ction<br />
Clairambault, t. I, w 2245).
-4—<br />
qualifié « <strong>maitre</strong>-<strong>charpentier</strong> a ou « <strong>charpentier</strong>" du roi, comme<br />
Raymond est appelé « <strong>maitre</strong>'maçon a ou « maçon D du roi. Nous<br />
savons qu'il fut employé à la construction ou à la restauration <strong>de</strong><br />
l'Hôtel <strong>de</strong>s monnaies <strong>de</strong> Paris, conjointement avec <strong>le</strong> célèbre<br />
maître-maçon <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s V'. Il travailla au Palais <strong>de</strong> la Cité 2 , au<br />
Grand .Pont 3 ,aux Hal<strong>le</strong>s 4 , à l'hôtel Saint.Po1 5 et enfin au château<br />
du Louvre 6, bien qu'il ne fail<strong>le</strong> pas <strong>le</strong> confondre avec un autre<br />
<strong>Jacques</strong>, dit parfois aussi <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, mais plus exactement<strong>Jacques</strong><br />
<strong>le</strong> Maçon, auteur d'une <strong>de</strong>s statues qui décoraient<br />
<strong>le</strong> grand escalier <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce roya<strong>le</strong> du Louvre 7 . Son rô<strong>le</strong> ne<br />
se bornait pas à faire exécuter <strong>le</strong>s travaux qu'on lui commandait,<br />
il avait, sous l'autorité d'un « visiteur général <strong>de</strong>s oeuvres<br />
du roi ', l'inspection <strong>de</strong>s bâtiments royaux, quels qu'ils fussent.<br />
C'est à ce titre que nous <strong>le</strong> voyons faire <strong>de</strong>s expertises 8, dresser<br />
<strong>de</strong>s états <strong>de</strong> lieux ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vis, presque toujours <strong>de</strong> concert avec<br />
Raymond du Temp<strong>le</strong>, chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux maîtres prenant dans<br />
l'oeuvre commune ce qui était <strong>de</strong> son métier'.<br />
Depuis fort longtemps, - au moins <strong>de</strong>puis l'avènement <strong>de</strong><br />
Char<strong>le</strong>s V, - <strong>le</strong> <strong>charpentier</strong> du roi avait sa <strong>de</strong>meure dans l'enceinte<br />
du Palais <strong>de</strong> la Cité'°, où il occupait une maison, <strong>de</strong>stinée<br />
1. Arch. nal., Zia 913 (il décembre 1370-22 juin 1371).<br />
2. BibI. tint,, P. 0.364, dossier 7869, BLANCHET, n'9 (24 septembre 1382).<br />
3. BibI. tint., ans. fr . 26002, tr 262 (1364).<br />
4. Ibid.<br />
5. F. Bournon, L'hôtel Saint-Pol; p. 78, n. 2.<br />
6. BibI. nat,, ms. fr. 26069, t," 827 et. 828.<br />
7. La statue du duo <strong>de</strong> Berry, sculptée en 1365 (A. <strong>de</strong> Champeaux et<br />
P. Gaucliery, Les travaux d'art exécutés pour Jean & 11'ance, duc <strong>de</strong><br />
Berry. Paris, Champion, 1894, in-4', p. 6,20-21,73,n. t, 91, 02). Jaoquès<br />
<strong>le</strong> Maçon résidait ordinairement k Bourges. S'il a Ôté appelé aussi, réel<strong>le</strong>ment,<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, - ce qui n'est peut.être qu'une erreur <strong>de</strong> Sauvai,<br />
auquel se référent <strong>le</strong>s auteurs précis (p. 73, n. 1),— il<br />
ne saurait<br />
cependant, et d'aucune façon, être i<strong>de</strong>ntifié avec <strong>le</strong> niaitre-<strong>charpentier</strong> <strong>de</strong><br />
Char<strong>le</strong>s V et <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s VI.<br />
8. Arch. nat., J ISIs (24 avril 1372).<br />
9. Arek. nul., Vs 10, fol. 77 r (17 mars 1379).<br />
10. Ibid. « <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> ChavIres.., dit qu'il a esté, environ XXII ans n<br />
passez, continuelinent et est elteores snaistre <strong>charpentier</strong> du Boy, et si<br />
est sergent d'armes, et si a eu sa <strong>de</strong>mourance, XVI ans ou environ, en<br />
la circuite du Palays, etc. »
peut- ètre d'ancienne date à loger <strong>le</strong>s titulaires du même emploi'.<br />
C'est à cette circonstance que nous <strong>de</strong>vons <strong>de</strong> <strong>le</strong> mieux connaitre<br />
et d'être p<strong>le</strong>inement renseignés sur une pério<strong>de</strong> très tragique<br />
<strong>de</strong> son existence 2 . -<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> se maria <strong>de</strong>ux fois. Sa première femme,<br />
dont il était veuf en 4374, avait pour. prénom Cal hcrine 3. Il<br />
épousa en secon<strong>de</strong>s noces, déjà mûr lui-môme, une a jeune<br />
fil<strong>le</strong> a, bien apparentée et <strong>de</strong> œ bonne renommée s, mais fort<br />
peu cultivée', qui s'appelait Guiot(c. Que fut cette union entre<br />
conjoints d'âges très différents et qui n'allait pas sans quelques<br />
risques? Il serait assez vain <strong>de</strong> <strong>le</strong> rechercher. Toujours est-il<br />
qu'el<strong>le</strong> fit naitre ou qu'el<strong>le</strong> exaspéra, chez <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>,<br />
un défaut, exagéré sans doute par <strong>de</strong>s adversaires médisants,<br />
niais qui cependant n'est pas niab<strong>le</strong> et lui eût coûté fort cher,<br />
si un protecteur, auquel on ne résistait pas, ne fut très opportunément<br />
intervenu en sa faveur. Il était jaloux <strong>de</strong> sa femme,<br />
jaloux <strong>de</strong> façon ridicu<strong>le</strong>, comme il advient d'ordinaire, et à un<br />
point tel qu'un éclat était fatal°. C'est en 1.378 que <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong><br />
se produisit.<br />
t. Arch. nat., XSA<br />
9, fol. 178 • Dicto Jacobo <strong>de</strong> Carnoto ex adverso<br />
proponen<strong>le</strong> et dicen<strong>le</strong> qund ipse viginti duobus annis vol cireiter chipais<br />
magister se,, superior earpentarius nos<strong>le</strong>r continue fuerat et adhuc oral,<br />
ipsumque tanquam -ydoneuni et bene merilum servientem nostruni armomin<br />
constjtueram,,s longoqvc<br />
tcrnpore in domo carpentarie dicti pa<strong>le</strong>cil<br />
nost-i ,no,onr paoiflcarn traxerat, etc. »<br />
2. AstI,. mi. , X-t 10, Tel. 77-79 (15 et 17 mars 1379); xis 1471,<br />
fol. 220v (7juil<strong>le</strong>t 1379); X2t 10, fol. 88 r (8 juil<strong>le</strong>t 1379), fol 92(4 novembre<br />
1379); X2s9, fol. 177-178v' (23 juin 1379).<br />
3. Arch. nat., 33166, fol. 72 y', n' 174 (31 octobre 1374) « Et <strong>de</strong>puis<br />
nous, par nez antres <strong>le</strong>ttres et pour <strong>le</strong>s causes contenues en ycel<strong>le</strong>s, ayons<br />
donné et ottroié à Jaques (<strong>le</strong> <strong>Chartres</strong>, nostre sergent d'armes et maigre<br />
<strong>de</strong> nez envies <strong>de</strong> charpenterie, tant à cause <strong>de</strong> Kat/serine sa femme, etc.<br />
(il s'agit <strong>de</strong> certains héritages criés et mis en veu<strong>le</strong> ).<br />
4. Arch. nat., X2 10, foi. 77 v « ... et si n esté et est mariez à une<br />
.jeune fil<strong>le</strong> (lui est <strong>de</strong> bonne renommée et <strong>de</strong> bons amis, et ont mené<br />
lionne vie ensemb<strong>le</strong>. » El<strong>le</strong> ne savait pas lire, ce qui à cette époque n'était<br />
ni choquant ni extraordinaire; « el<strong>le</strong> qui ne scet lire j , est-il dit à propos<br />
<strong>de</strong> messages prétendus qu'on lui aurait envoyés clan<strong>de</strong>stinement.<br />
5. Mob. ont., X2A 9, fol. 179 « ... una cum predicl.i Jacobi (<strong>de</strong> Cor_<br />
nom) et Guiote uxoris sue... <strong>de</strong>posiciouibus sen eorifessionibus, »<br />
C. Ibid., fol. 78 y' ,, Item (d-i.çenl tc.ç <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs) <strong>de</strong> tant que la
-6—<br />
Cette année-là, Char<strong>le</strong>s V était entré en possession du comté<br />
<strong>de</strong> Dreux, par la vente que lui en avaient faite Marguerite et<br />
Péronnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Thouars, héritières, par <strong>le</strong>ur frère Simon, décédé<br />
sans postérité, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers comtes <strong>de</strong> Dreux. Comme il était<br />
d'usage en pareil cas, <strong>le</strong> ii visiteur général » <strong>de</strong>s bâtiments<br />
royaux, Philippe Ogier, fut envoyé à Dr e ux , avec <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
maîtres <strong>de</strong>s oeuvres, Raymond du Temp<strong>le</strong> et <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Chartres</strong>,.pour visiter <strong>le</strong>s édifices qui, <strong>de</strong> même que <strong>le</strong>s terres<br />
du comté, se trouvaient réunis au domaine <strong>de</strong> la couronne 4 . Sa<br />
mission remplie, - au bout d'un mois à peu près, - <strong>Jacques</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> revint à Paris où, ainsi qu'il a été dit, il avait son<br />
domici<strong>le</strong> dans l'enceinte du Palais. Quand il voulut pénétrer chez<br />
lui, il trouva la porte close et fut obligé <strong>de</strong> « heurter longuement<br />
» avant qu'el<strong>le</strong> ne s'ouvrit. Mécontent, et peut-être déjà<br />
inquiet <strong>de</strong> cette attente inexpliquée, il essaie <strong>de</strong> faire par<strong>le</strong>r « la<br />
chambrière n. Mais cel<strong>le</strong>-ci se dérobe et <strong>le</strong> renvoie à sa maîtresse,<br />
qui lui dira pourquoi el<strong>le</strong> se gar<strong>de</strong> si bien'. Plus ou moins sponfemme<br />
<strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> est bonne et <strong>de</strong> bon lignage, et <strong>de</strong> tant <strong>de</strong>vait il avoir<br />
moins <strong>de</strong> souspeou, et toutesvoies en estait il jaloux par te<strong>le</strong> manicre<br />
qu'il ne souffrait pas que el<strong>le</strong> alast air messe, mais par long temps l'a<br />
tenue si estroicte que el<strong>le</strong> ne povoit pas aber à l'eglise ne soy confesser,<br />
et une foi; par <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> Pasques, la mena nus Augustins pour estre<br />
confessée et se tenoit tonsjours <strong>de</strong> costé el<strong>le</strong> jusques à tant que el<strong>le</strong> fis<br />
confessée, et si pres du prestre qu'il povoit, et In tist <strong>le</strong>ver <strong>de</strong> confesse<br />
avant que el<strong>le</strong> eust tout parfait, rnonstrant semblant que il lui <strong>de</strong>spiaisoit<br />
pour la <strong>de</strong>meure, et ne In laissoit nier plain pas (te voie que il ne<br />
feust empres el<strong>le</strong>. »<br />
I. Arch. rat., x9, fol. 77v' (VI mars 1379): « lient dit (<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Chartres</strong>) que quant <strong>le</strong> Boy et nagaires la conté <strong>de</strong> Dreux, maistre Plielippe<br />
Ogier mena à Dreux, IOuT visiter <strong>le</strong>s ouvrages, <strong>le</strong> dit Jaques,maistre<br />
<strong>charpentier</strong>, et maistre Rayonna, maistre masses du Boy, et y furent environ<br />
Un inoys. D<br />
-<br />
Philippe Ogier cumulait plusieurs emplois très lucratifs. Il n'était pas<br />
seu<strong>le</strong>ment n visiteur general <strong>de</strong>s oeuvres roya<strong>le</strong>s s, mais aussi secrétaire<br />
du roi, concierge du Palais, etc. (Chronique <strong>de</strong>s règnes <strong>de</strong> Jean II et <strong>de</strong><br />
Char<strong>le</strong>s 'V. Société <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> Fiance, t. Il, P. 223, n. 4). -<br />
Char<strong>le</strong>s V acquit <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Thouars un tiers du comté <strong>de</strong> Dreux<br />
et <strong>de</strong> Peronnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Thouars <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux autres tiers (23 janvier et 10 septembre<br />
1378) Voyez Duchesne, Histoire <strong>de</strong> la maison & ,Dreux, P. 304.<br />
2. Arch. ait., XSh 10. fol. 77 r : n ... et y furent (à Dreux) environ ut<br />
inoys. Et (tuant il retournerent à paris, clmascun d'eulz s'en nIa en sou
-1-<br />
tanément, la femme s'exécute et raconte que c'est pour échapper<br />
aux poursûites du chantre <strong>de</strong> la Sainte-Chapel<strong>le</strong>, Pierre <strong>de</strong><br />
Beaune,l'un <strong>de</strong>s notaires du roi, qu'el<strong>le</strong> a été contrainte <strong>de</strong> s'enfermer<br />
dans sa maison et <strong>de</strong> ne laisser ouvrir la porte qu'à bon<br />
escient'. Voilà une histoire dont la donnée - <strong>de</strong> pure invention,<br />
semb<strong>le</strong>-t-il, - est moins innocente que cel<strong>le</strong> du Lutrin et fait<br />
plutôt penser à un conte <strong>de</strong> Boccace. H faut dire que <strong>de</strong>puis longtemps<br />
la jalousie <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> s'en prenait, contre toute<br />
justice et toute vraisemblance, aux chanoines <strong>de</strong> la Sainte-Chapel<strong>le</strong>.<br />
IL proférait à <strong>le</strong>ur égard <strong>le</strong>s plus terrib<strong>le</strong>s menaces, - <strong>de</strong>s<br />
menaces <strong>de</strong> mort, - si bien qu'ils avaient obtenu du roi qu'interdiction<br />
fût faite à <strong>le</strong>ur dangereux voisin <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>r plu<br />
longtemps dans l'enceinte du Palais. Il était à craindre, en effet,<br />
que cet homme irascib<strong>le</strong>, égaré par une jalousie féroce, ne passât<br />
quelque jour <strong>de</strong>s paro<strong>le</strong>s aux actes et ne se livrât aux pires voies<br />
<strong>de</strong> fait'. Plusieurs chanoines, dont <strong>le</strong> trésorier, et aussi, semb<strong>le</strong>t-il,<br />
Pierre <strong>de</strong> Beaune, <strong>le</strong> plus grand dignitaire du chapitre<br />
après <strong>le</strong> trésorier, étaient venus notifier à <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong><br />
<strong>le</strong>s ordres du roi. La démarche avait eu lieu en sofa absence,<br />
hostel, et quant <strong>le</strong> dit Saques vint empres son ratel il trouva close la porte<br />
au <strong>de</strong>vant et y Imita moult longuement avant que l'en la lui ouvrist, et<br />
<strong>de</strong>manda â sa chanil,criere la cause pourquoy l'en li faisait si longuement<br />
muser A la porte, la quel<strong>le</strong> lui respondi que sa femme lui dirait la cause. »<br />
1. Arub, nul., XL 10, fol..77 v. - Le nom <strong>de</strong>,P. <strong>de</strong> Beaune se lit naturel<strong>le</strong>ment<br />
au bas don grand nombre d'actes qu'il a signés en qualité <strong>de</strong><br />
notaire royal, mais on ne sait rien <strong>de</strong> plus â son sujet.<br />
2. Arcb. nat., xs J, fol. 178 « Inva<strong>le</strong>scente autein et erescente zelotipie<br />
hujusmnodi <strong>de</strong>mencia seu sernione(?) nonnullis dicte capel<strong>le</strong> ndstre<br />
capellanis perpetuis, boue fume viteque laudabilis et oonversaeionis<br />
.honeste, minas terribi<strong>le</strong>s et horrendas pluries intu<strong>le</strong>rot, asserendo quasi<br />
ces interficeret et occi<strong>de</strong>ret. Quitus minis per eos<strong>de</strong>m capellanos dicto<br />
thesaurario superiori expositis et ex ejuséem tbesaurarii relatu ad nostram<br />
noticiarn <strong>de</strong>volutis, nos periculis que ex premissis suboriri passent<br />
obviare vo<strong>le</strong>ntes, predicto thesaurarie et Michacti <strong>de</strong> Foulards, presbitern<br />
capellano nostro dicteque capel<strong>le</strong> canonico, preceperamus ut dicte Jacobo<br />
ex parte nostra dicereot et injungerent quod ex toue dounum extra palaeii<br />
nostri aircuitum sihi queTeret, inlubendo ne ibi<strong>de</strong>m <strong>de</strong> cetera mnoraretur.<br />
Le trésorier <strong>de</strong> la Sainte-Chapel<strong>le</strong> était lingues Boucau, sous-aumônier<br />
do roi, auquel Char<strong>le</strong>s V avait donné, eu 1377, la succession d'Arnoul <strong>de</strong><br />
Grand-l'ont, décédé (BibI. ont., uns. lat. 47107, n' 29. Paris, 20 février 1377.<br />
Copie du 27 février 1377).
-8—<br />
mais <strong>le</strong> <strong>charpentier</strong> savait que <strong>le</strong>s chanoines avaient pénétré<br />
dans sa maison, lui absent et tandis que sa femme se trouvait<br />
seu<strong>le</strong>. Il en avait aussitôt conçu <strong>le</strong>s plus horrib<strong>le</strong>s soupçons et,<br />
• sur je ne sais quels indices, attribué à Pierre <strong>de</strong> Beaune un rô<strong>le</strong><br />
odieux'.<br />
Au dire <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, tout ce qu'il avait appris <strong>de</strong><br />
sa femme, en rentrant à son logis, lui fut répété <strong>le</strong> <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main<br />
• matin, sous la foi du serment'. Ce <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main, qui était un<br />
dimanche, - <strong>le</strong> dimanche après l'octave <strong>de</strong> la mi-août 1378, -<br />
il passa la majeure partie <strong>de</strong> son temps hors <strong>de</strong> chez lui, en<br />
compagnie <strong>de</strong> Raymond du Temp<strong>le</strong>, occupés l'un et l'autre à<br />
rédiger et à mettre au net <strong>le</strong> rapport qu'ils avaient à fournir à<br />
la suite <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur récente visite à Dreux'. Sa besogne terminée,<br />
vers l'heure du crépuscu<strong>le</strong> ou du couvre-feu 4 , il regagnait tran-<br />
• quil<strong>le</strong>ment sa <strong>de</strong>meure, sans plus songer au chantre, quand la<br />
fatalité voulut que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux hommes se trouvassent inopinément<br />
l'un en face <strong>de</strong> l'autre, <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> logis <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Beaune,<br />
qui se promenait sur la chaussée avec un chanoine <strong>de</strong> la<br />
Sainte-Cha$l<strong>le</strong>, Jean Roussel 5. Un hasard malheureux aurait<br />
donc été' la cause du drame qui allait ensanglanter l'enclos du<br />
• Palais. C'est du moins ce que <strong>le</strong> <strong>charpentier</strong> allégua plus tard<br />
pour sa défense; mais d'autres témoignages, contraires au sien<br />
I. Arch. rial., X2s9, fol 178.<br />
2. Arch, nat., X2A 10, fol. 18 « ... ta que<strong>le</strong> lui afferma par somment<br />
(<strong>le</strong>s choses susdites), à jeun cuer, en l 'a muni ore que el<strong>le</strong> avoit fait <strong>le</strong> soir<br />
prece<strong>de</strong>nt. i<br />
3. Ibid. « lient, dit que <strong>le</strong> dit <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main, qui fa <strong>le</strong> dimanche après <strong>le</strong>s<br />
otiaves (<strong>le</strong> la Miaoust, <strong>le</strong> dit Jaques et <strong>le</strong> tilt Raymon avoient fait mettre<br />
pat eseript <strong>le</strong>ur rapport <strong>de</strong>s diz ouvrages <strong>de</strong> Preux. »<br />
4. Arch. nat., X2a 9, fol. 177v' « ... bora noctis quasi iguitegii...<br />
fol. 178 r s Pie vero crastina, circa noetis erepuseulum... »<br />
5. Arch. nat., Xu 10, fol. 78 , •.. et au soir il cuira <strong>de</strong>dans la porte<br />
du Palays, pour s'en venir en son liostel et ne peusoit point au dit chantre,<br />
tuais il trouva ycellui chantre (L'aventure sur la chaussée en la court du<br />
Palays, au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> t'ostel du dit chantre.., n - XIA 9, fol. 177 r<br />
« ... vi<strong>de</strong>ns dicturn Petrum in curie sets planicie et ealceya palacii nostri<br />
predicti, p,'ope perrofltt'fl nostrurn et can<strong>le</strong>ram audiencie nos(re, bora<br />
noetis quasi igaitegii, cum Johanne Rousselli, capellano dicte capel<strong>le</strong>,<br />
toquentem et spaciantem... » ces <strong>de</strong>rnières précisions topographiques sont<br />
très intéressantes. Il s'agit ici du perron d'ang<strong>le</strong>, te perron d-nt roi, qui<br />
donnait accès dans la gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong>.
•<br />
-r,<br />
—9—<br />
et plus dignes <strong>de</strong> créance, semb<strong>le</strong>nt établir la préméditation.<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> cherchait l'occasion d'une mauvaise querel<strong>le</strong><br />
et il s'était mis en état <strong>de</strong> la soutenir'.<br />
Quoiqu'il en soit, et à supposer qu'il eût oublié <strong>le</strong>s révélations<br />
si troublantes <strong>de</strong> sa femme, el<strong>le</strong>s lui revinrent soudain à la<br />
mémoire, avec une précision terrib<strong>le</strong>,!! vit rouge et, tirant son<br />
couteau, - à l'entendre, un méchant couteau <strong>de</strong> quelques sous,<br />
d'après une autre version, une dague à lame triangulaire, -<br />
il en porta plusieurs coups à Pierre <strong>de</strong> Beaune avec un acharnement<br />
et une rage manifestes 2 . Le chantre n'en mourut pas,<br />
mais ses b<strong>le</strong>ssures étaient graves; <strong>le</strong>ur guérisoà <strong>de</strong>manda beaucoup<br />
<strong>de</strong> temps et <strong>de</strong>s soins très compliqués3.<br />
1, Arch. naL, XtÀ fl, fol. 177 V' « .,. et sub ce colore (<strong>le</strong>s prétendus<br />
griefs qu'il avait contre P. <strong>de</strong> Beaune) prefatus Jacobus, (Ilmûtus, iflstrUts<br />
prece<strong>de</strong>ntibn,s, associatus nonnuflis sais conlpiicibn,s, vi<strong>de</strong>ns dietom<br />
Petrum in curie sou planicie et calceyn palacil... Peurs ipsum gressus<br />
$005 dirigeas, eun<strong>de</strong>m Petrum per brachium, lingeas se crnn eu Ioqui<br />
voi<strong>le</strong>, ceperat et retro dicturn capellanum (avec <strong>le</strong>quel il se promenait)<br />
inodico spacio traxerat et statirn, nul<strong>le</strong> verbe sire votais prece<strong>de</strong>ntibus,<br />
eun<strong>de</strong>m Petrum... percusserat et vijtncraverat. ,<br />
2. Àrch. nul., %2A 10, fol. 78 t ... et, quant il <strong>le</strong> aperceut, <strong>le</strong> tuer lui<br />
fremi et eshoullu par <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s que sa dite femme lui avoit dit et la<br />
souspcçon qu'il avoit du dit chantre, et pour Ia • fureur qu'il avoit lori<br />
ycellui chantre d'un petit coutel qu'il avoit, <strong>de</strong> la va<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> environ un<br />
blanc <strong>de</strong> liii <strong>de</strong>niers, et n'estoit pas dague ne contel periHeux, ne si n'y<br />
et aguet appensé, ne aucunes armeures, et si n'avoit pas volonté (<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />
tuer,..<br />
Les adversaires <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, - car, bien entendu, cette<br />
affaire <strong>de</strong>vait aboutir A <strong>de</strong>s poursuites tant criminel<strong>le</strong>s que civi<strong>le</strong>s, - précisent<br />
<strong>le</strong> nombre <strong>de</strong>s coups cinq, et font <strong>de</strong> ce vulgaire couteau lino armé<br />
meurtrière . ...Jaques n lèru... V coups ou corps d'une dague... n (Ibid.,<br />
fol. 77) ... et neantmoins il <strong>le</strong> navra V plaies, et sera trouvé que c'estoit<br />
d'une dague ou conte] (lui equipo<strong>le</strong> à III costés, comme il pourroil<br />
apparoir par la trasso <strong>de</strong>s plaies et aussi par <strong>le</strong>s vestures du chantre qui<br />
furent pereiées (fol. 78 r). L'intérêt <strong>de</strong> ces distinctions était <strong>de</strong> savoir<br />
S'il y avait lieu ou non do faire application au coupab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la lui romaine,<br />
Lv qui ment ielo (Co<strong>de</strong>, livre IX, titre XVI, Ad <strong>le</strong>gem Co,'nelianr <strong>de</strong> SiearUs,<br />
consUl., 7), qui assimi<strong>le</strong> A l'homici<strong>de</strong> <strong>le</strong> fait d'être porteur d'une arme,<br />
qu'on a prise avec l'intention <strong>de</strong> tuer « Is qui cum tolu aml,ulaverit<br />
hominis necandi causa, aient is qui hominem occi<strong>de</strong>nt, vel- cujus dote<br />
moto factum cru co,nniissurn, <strong>le</strong>gis Gornelire (<strong>le</strong> sicariis prcna coercetur.<br />
Cf. Digeste, livre XLVIII, titre VIII, loi 1, pr., Ad <strong>le</strong>gem Cornaient <strong>de</strong><br />
siea,'iis et veneflcis.<br />
3. Aret. nat., X2s 10, fol. 77 ... dont il a esté loue temps mala<strong>de</strong>s,
- 40 -<br />
Qu'il eût agi <strong>de</strong> propos délibéré ou sous l'impulsion d'un sentiment<br />
vio<strong>le</strong>nt, qu'il avait été impuissant à réprimer, <strong>le</strong> maître<strong>charpentier</strong><br />
s'était mis dans ur très mauvais cas et avait encouru<br />
une très grosse responsabilité. Indépendamment <strong>de</strong> son caractère<br />
ecclésiastique, <strong>le</strong> chantre <strong>de</strong> la Sainte-Chapel<strong>le</strong> était, en<br />
raison <strong>de</strong> son titre <strong>de</strong> notaire royal, sous la protection et la<br />
sauvegar<strong>de</strong> spécia<strong>le</strong> du rot. Autre circonstance aggravante<br />
l'attentat avait été commis dans l'enclos du Palais, qui jouissait<br />
d'immunités particulières, et où s'é<strong>le</strong>vait la plus ancienne rési<strong>de</strong>nce<br />
roya<strong>le</strong>'. <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> ne pouvait se méprendre, ni<br />
se faire illusion sur <strong>le</strong>s conséquences <strong>de</strong> son acte. El<strong>le</strong>s lui apparurentavec<br />
une tel<strong>le</strong> évi<strong>de</strong>nce qu'après avoir déposé en lieu sûr ses<br />
biens <strong>le</strong>s plus précieux, il s'éloigna <strong>de</strong> Paris précipitamment, afin<br />
d'éviter une arrestation immédiate'. Il alla même très loin du<br />
en peril <strong>de</strong> mort, et encores n'estoit bien gari,.. fol. 78 r « Item, se<br />
<strong>le</strong> chantre est gariz, c'est <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> Dieu tant seu<strong>le</strong>ment. » -<br />
X2s 9, fol. 177 r-178 u ... pro quihus vulueracionibus dictus Petrus,<br />
(<strong>le</strong> CUJUS morte festina habebatur ah omnibus ipsum visitantibus opium<br />
pocius pinta <strong>de</strong> vita, <strong>le</strong>eto jacuerat egritudinis, per medicos sen phisicos<br />
et cirurgicos expertes coin oportunis et custodibus accessariis,<br />
tain <strong>de</strong> die quam <strong>de</strong> Doc, tribus inensihus et amplius, cura pervigili<br />
visitatus et eeiam custoditus. Ex ipsoruinque vulnerum <strong>le</strong>sione et<br />
sanguinis effusione ruerai dictus Pet-rus suis v.irihus vacantes nec pris-<br />
Imam potuerat recuperare sanitatein, sert egritudine in en remanente<br />
dolores inmensos, adveniente renovacione sets mutacione temporis, in dieterme<br />
veineront cicatricibus sustinebat. Ex quo certa ligamenta, mcdicorum<br />
sen cirurgicorum expertorum artificio studioso composita, supei<br />
loca dictorum vulnerumIigata sen posita <strong>de</strong>ferre et habere frequenter et<br />
quasi continue necessario cogebatur, senciens vite sue fore tempora breviata<br />
plus <strong>de</strong>bito naturali. » Je reproduis la version <strong>de</strong> la partie adverse.<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> et son avocat atténuent naturel<strong>le</strong>ment beaucoup ta<br />
gravité <strong>de</strong>s b<strong>le</strong>ssures.<br />
I. Arch. nul., XU 10, fol. 70 e Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs proposent que <strong>le</strong> dit<br />
<strong>de</strong> Beaune estoit notoirement en la sauve gar<strong>de</strong> du Roy comme chantre<br />
et chanoinne, et aussi comme notaire du Roy que il est. D<br />
Item, proposent l'immunité du Palais auquel <strong>de</strong>mouroient <strong>le</strong>s diz <strong>de</strong><br />
Beaune et Jaques. Et ,ieantn,oins Jaques a fera en trayson, <strong>de</strong> nuit,<br />
<strong>de</strong><strong>de</strong>ns <strong>le</strong> ei-rcuite du Palais, etc.<br />
2. Aret. Rit., X2Â 10, fol. 78 « ... et quant il et feru <strong>le</strong> dit chantre il<br />
se n,ist en chemin en aient vers son hostcl, et toutevoies il s'en retourna<br />
vers la porte et yssi hors du Palays, et ala en ta vil<strong>le</strong> pour goy shuver<br />
qu'il ne fenst prins. »
- •l .1 -<br />
premier coup, car c'est; en Languedoc, auprès du duc d'Anjou,<br />
pour <strong>le</strong>quel il avait travaillé et qui lui voulait du bien, qu'il<br />
chercha un conseil et un appui 1 . Le duc <strong>le</strong> rassura <strong>de</strong> son mieux,<br />
l'engageant à reprendre ses occupations habituel<strong>le</strong>s, comme si<br />
rien ne s'était passé s , et en effet <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong>, racontant l'affaire<br />
à sa manière, la ramenait aux proportions d'un inci<strong>de</strong>nt presque<br />
négligeab<strong>le</strong> s . Louis d'Anjou écrivit même en faveur <strong>de</strong> son<br />
protégé au roi, au chancelier et à quelques-uns <strong>de</strong>s chambellans<br />
<strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s V, vraisemblab<strong>le</strong>ment au premier <strong>de</strong> tous et <strong>le</strong> plus<br />
influent, Bureau <strong>de</strong> la Rivière.<br />
Cependant l'orage s'amassait sur la tête <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>.<br />
Ainsi qu'il était à prévoir, <strong>le</strong> chapitre <strong>de</strong> la Sainte-Chapel<strong>le</strong> se<br />
considéra comme atteint par l'injure faite à l'un <strong>de</strong> ses dignitaires<br />
4 , et <strong>de</strong> divers côtés l'action publique fut mise en mouvement.<br />
Le prévôt <strong>de</strong> Paris, - il est à peine besoin <strong>de</strong> rappe<strong>le</strong>r<br />
qu'il s'agit ici du célèbre Hugues Aubriot, - cita <strong>le</strong> <strong>maitre</strong><strong>charpentier</strong><br />
à comparaitre <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> tribunal du Châte<strong>le</strong>t, et, la<br />
citation étant <strong>de</strong>meurée stns effet, prononça contre <strong>le</strong> défaillant<br />
la peine du bannissement s. <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> avait ignoré la<br />
En réalité, il aurait mis moins <strong>de</strong> précipitation à se sauver et n'aurait<br />
pas négligé <strong>de</strong> prendre certaines précautions ... et <strong>de</strong>in<strong>de</strong>, bonis suis<br />
a dicta domo <strong>de</strong>portotis et quo veinerai positis, red<strong>de</strong>ns se fugitivuni,<br />
etc. s (X2& 9, fol. 177 r).<br />
I. Arch. ont., Xli 9, fol. 177 y' . .. ... red<strong>de</strong>ns se fugitivurn et <strong>de</strong> pre-<br />
,dictis culpabi<strong>le</strong>ni, M plura et diversa Inca a villa nostra Parisins longe<br />
distancia, et presertim cd partes lingue occitane pcnes carùsirnunz<br />
germanum et in eis<strong>de</strong>rn partibus tocn.rn tenente,n ,zostrun2 duce,n An<strong>de</strong>gavensem,<br />
accesserat, etc. »<br />
2. Arch. mat., Xli 10, fol. 78 cc dit que il est a<strong>le</strong>z <strong>de</strong>vers <strong>le</strong> duc<br />
d'Anjou au quel il a servi, <strong>le</strong> quel lui tist bonne chlore et obtint <strong>de</strong> lui<br />
<strong>le</strong>ttres adrecans au Boy adiin que il cust pardon du fait, et aussi <strong>le</strong>ttres à<br />
Mon», <strong>le</strong> chancelier et à iluseurs chambellans du Roy, et lui dist <strong>le</strong> duc<br />
qu'il retournast seuremeùt <strong>de</strong>vers <strong>le</strong> Boy pour poursuir sa besoigne, etc. »<br />
5. Arch. mat., Xli 10, fol. 79.<br />
4. Ibid., fol. 77(15 mars 1379) u Entre <strong>le</strong> procureur du Boy tendant A<br />
toutes lins, et ,naistre Pierre <strong>de</strong> Beaune, chantre et chanoinne <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong><br />
royal du ratais Ù Paris, et <strong>le</strong>s tresorier et chanoinnes <strong>de</strong> la dite chapel<strong>le</strong>,<br />
pour tant comme à chascun touche, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d'une part, etc.<br />
5. Arch. ont., Xli 10, foi. 178 « Preterca proponebant (actores) quod<br />
hujusmodi ma<strong>le</strong>ticiis ad preposili nosiri Parisiensis noticiain <strong>de</strong>volutis,<br />
i<strong>de</strong>m prepositus, ut sue inenhuerat officie, corain ipso dictuin Jacobum,
- 42 -<br />
sentence rendue contre lui en son absence. Au lien d'y obéir en<br />
s'exilant lui-môme du royaume, il s'apprêtait à rentrer à Paris,<br />
comme <strong>le</strong> duc d'Anjou <strong>le</strong> lui avait conseillé, quand il fut arrêté<br />
à Meaux, en rupture <strong>de</strong> ban, et' conduit <strong>de</strong> là au Chàte<strong>le</strong>t <strong>de</strong><br />
Paris', où <strong>de</strong>s commissaires du Par<strong>le</strong>ment vinrent l'interroger 2•<br />
Ses propres aveux, obtenus sans contrainte, attestèrent chez<br />
lui <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssein arrêté et persistant <strong>de</strong> se venger du chantre'. Il<br />
y avait donc eu, au moins aux yeux <strong>de</strong>s plaignants, préméditation<br />
et guet-apens.<br />
L'affaire fut plaidée à la Chambre criminel<strong>le</strong>, où cite venait .à<br />
la poursuite du procureur général. Les chanoines <strong>de</strong> la Sainte-<br />
Chapel<strong>le</strong> s'étaient portés partie civi<strong>le</strong>, pour <strong>le</strong>ur propre compte,<br />
en môme temps que <strong>le</strong> principal intéressé. Dans <strong>le</strong>urs conclusions,<br />
ils <strong>de</strong>mandaient une peine corporel<strong>le</strong> contre <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Chartres</strong>, - ce qui était empiéter sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du ministère<br />
publie, comme <strong>le</strong>ur avocat <strong>le</strong> reconnut par la suite', - et à plus<br />
juste titre réclamaient <strong>de</strong>s réparations mora<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> grosses<br />
pluries ne per <strong>de</strong>bita et competencia interval<strong>le</strong>, et in lods assuetis, sub<br />
penabannimenti, fecerat evocari, et qua non venerat sed coifiparere contempserat,<br />
ipse, suis exigentibus contumaciis et <strong>de</strong>fectibus, per ser<strong>de</strong>nciqm<br />
stve judiciun dicti preposi(i n regno nos fro exciusus fuerat et<br />
ba.nnitns...<br />
I. Arch. net., X2s 9, foi. 177 r: « Qui qui<strong>de</strong>m Jacobus, preilictas lit.-<br />
teras (ducis An<strong>de</strong>gavensis) afferens, fuerat in villa Mel<strong>de</strong>nsi propter hue<br />
raptus et carceri mancipatus, nepostmoduni (<strong>le</strong> mandata nostro in dietum<br />
Castel<strong>le</strong>tum nostruin Parisius prisionarius adduetns, super predieti?<br />
per dictam nostram curium puniendus...<br />
X2A 10, fol. 78 « ... et avant qu'il soit venuz <strong>de</strong>vers <strong>le</strong> Roy, il a esté<br />
nrrestez prisonnier à Meaulz et 'se meut orques riens do ban<br />
2. Arch. nul., X2s 10, fol, 77 n Il dient que Jaques a confessé <strong>le</strong> fait<br />
<strong>de</strong> sa bouche, en Ohastel<strong>le</strong>t, sana contrainte, par <strong>de</strong>vant mess. <strong>de</strong> ceans,<br />
etc. o<br />
3. Xt 10, fol. 78 v°79 e ... et encores e menacié à Meaulx, en Chastel<strong>le</strong>t<br />
et ail<strong>le</strong>urs, que, se. il eschape, il tuera <strong>le</strong> chantre. Et si a dit à<br />
Meaulx, prçsens pluseurs' bonnes gens, que <strong>le</strong> <strong>de</strong>ab<strong>le</strong>, qui l'a par lune<br />
temps conseillié et par <strong>le</strong>quel il s vesqi', lui avait fait navrer <strong>le</strong> dil.<br />
chantre, et qu'il l'avait fait en esperance et vo<strong>le</strong>nté <strong>de</strong> <strong>le</strong> tuer. »<br />
4. Ibid., fol. 78 Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs repliquent et font <strong>de</strong>claration <strong>de</strong><br />
<strong>le</strong>urs conclusions, disses que <strong>le</strong>s crirnine<strong>le</strong>s sont pour <strong>le</strong> procureur du<br />
Roy tant seu<strong>le</strong>ment et ne ten<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> chantre et croix <strong>de</strong> la ehape<strong>le</strong> que à<br />
fin civi<strong>le</strong> tant seu<strong>le</strong>ment, et ainsi doit estre entendu. » Cette mise au<br />
point. avait sans doute étérendue nécessaireparla plaidoirie <strong>de</strong> l'avocat<br />
du <strong>maitre</strong>-<strong>charpentier</strong> « ficin e merveillé <strong>de</strong>s conclusions crirnine<strong>le</strong>s
L.<br />
-13--<br />
in<strong>de</strong>mnités pécuniaires pour Pierre <strong>de</strong> Beaune et pour eux-mêmes<br />
en tant que chapitre. Le procureur général, <strong>de</strong> son côté, requérait<br />
que <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong> fili puni dans sa personne et dans ses biens<br />
dans sa personne, au moins par l'ablation du poing; dans ses<br />
biens, par la condamnation à une amen<strong>de</strong> au profit du roi l.<br />
Les plaidoiries prononcées à l'audience, et dont on a un bref<br />
résumé dans <strong>le</strong> registre criminel du Par<strong>le</strong>ment, ne sont pas <strong>de</strong><br />
nature à éclairer notre religion. Les <strong>de</strong>ux versions <strong>de</strong> l'événement,<br />
présentées tour à tour par l'avocat <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs et<br />
celui du défen<strong>de</strong>ur, sont aussi dissemblab<strong>le</strong>s que possib<strong>le</strong>; el<strong>le</strong>s<br />
se contredisent sur tous <strong>le</strong>s P eints ". Pour <strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs, la<br />
culpabilité <strong>de</strong> Sacques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, non seu<strong>le</strong>ment ne fait pas <strong>de</strong><br />
doute, mais est encore accrue par <strong>le</strong>s circonstances aggravantes<br />
qu'ils se plaisent à énumérer. L'attentat ne saurait se justifier;<br />
par son âge comme par son caractère, Pierre <strong>de</strong> Beaune aurait<br />
dû être à l'abri <strong>de</strong>s soupçons, que <strong>de</strong> faux rapports ont inspirés<br />
à un mari notoirement jaloux 3. Le <strong>maitre</strong>-<strong>charpentier</strong> a brutalisé<br />
sa femme pour lui arracher, sous Tes coups, un récit mensonger<br />
<strong>de</strong> faits qui n'ont jamais existé. Bref, <strong>le</strong>s accusations<br />
portées contre <strong>le</strong> chantre ont été forgées délibérément par <strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux époux, dans <strong>de</strong>s conditions qui enlèvent toute va<strong>le</strong>ur au<br />
témoignage <strong>de</strong> la dénonciatrice 4 . La tentative <strong>de</strong> meurtre a été<br />
faites par<strong>le</strong> chantre et ceuix <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong>, etc. » Cet etc. nous empêche<br />
mal heureusement d'en savoir plus long.<br />
j . Foi. 77 « Si concluent (<strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs), consi<strong>de</strong>ré <strong>le</strong> fait dampjiab<strong>le</strong><br />
et <strong>le</strong> ban, que Jaques soit con<strong>de</strong>rnpnez et punis en corps et en Lieus,<br />
ou au inohis ait coppé <strong>le</strong> poing, etc. Item, pour <strong>le</strong> chantre et ceuiz <strong>de</strong> la<br />
chapel<strong>le</strong> en amen<strong>de</strong> honorab<strong>le</strong> ceans et sur <strong>le</strong> lieu, du ma<strong>le</strong>fice, etc., ù<br />
mettre en la chapel<strong>le</strong> M ages (l'argent à perpetuel meinoire et amen<strong>de</strong><br />
rolilab<strong>le</strong> au chantre '<strong>le</strong> mil livres parisis, et autant à la chapel<strong>le</strong>, donmages<br />
et interés du chantre, et <strong>de</strong>spens au chantre et à la chapel<strong>le</strong>, et<br />
qu'ilz soient lutiez avant toute contiscacion, etc. j<br />
2. Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs déposèrent et développèrent <strong>le</strong>urs conclusions <strong>le</strong><br />
mardi 15 mars 1379. L'avocat <strong>de</strong> Sacques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> y répeôdit <strong>le</strong> sur<strong>le</strong>n<strong>de</strong>main.<br />
Celui <strong>de</strong> la partie adverse répliqua dans la même audience.<br />
3. Fol. 78 r « ... et, se Saques estoit jaloux <strong>de</strong> sa femme, il ne s'en<br />
<strong>de</strong> voit prendre au chantre, qui est homme <strong>de</strong> bonne vie, et homme d'assez<br />
ancien ange, et salis Souspecon... »<br />
4. Ibid. à «item, il a batue et <strong>de</strong>inené ru<strong>de</strong>ment sa femme t'eut lui dire<br />
<strong>le</strong>s choses <strong>de</strong>ssus dites, etc., et aussi <strong>le</strong>s ont forgées ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>pùis <strong>le</strong><br />
fait avenu, etc.
- 44 -<br />
préméditée; el<strong>le</strong> a constitué un véritab<strong>le</strong> guet-apens'. El<strong>le</strong> a eu<br />
lieu <strong>de</strong> nuit, dans l'enceinte <strong>de</strong> ce Palais, qui n'a pas cessé d'être<br />
une rési<strong>de</strong>nce roya<strong>le</strong>. La victime a reçu plusieurs b<strong>le</strong>ssures<br />
graves, faites avec une arme très dangereuse et qui pouvait fort<br />
bien causer la mort 2. Le chantre étant placé sous la sauvegar<strong>de</strong><br />
spécia<strong>le</strong> du roi 3 , c'était commettre <strong>le</strong> crime <strong>de</strong> lèse-majesté que<br />
<strong>de</strong> l'atteindre dans sa personne ou dans ses biens.<br />
L'avocat <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> ne concéda pas grand chose<br />
aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs. Pour lui, la responsabilité <strong>de</strong> son client n'existe<br />
presque pas. D'abord <strong>le</strong> cas n'est pas criminel 4 , et tout au plus<br />
une in<strong>de</strong>mnité pécuniaire, très modérée, pourrait-el<strong>le</strong> être due<br />
au plaignant s . Les faits allégués par la femme sont tenus polir<br />
exacts, et par conséquent on conçoit que <strong>le</strong> mari outragé n'ait<br />
pas été <strong>maitre</strong> <strong>de</strong> lui en apercevant <strong>le</strong> suborneur'. Les coups<br />
qu'il a portés n'ont fait que <strong>de</strong>s b<strong>le</strong>ssures insignifiantes, guéries<br />
au bout <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> temps, tel<strong>le</strong>s que pouvait <strong>le</strong>s faire un couteau<br />
d'aussi mince va<strong>le</strong>ur'. L'acte pour <strong>le</strong>quel il est poursuivi<br />
n'a pas été commis dans <strong>le</strong> Palais proprement dit, « en haut u,<br />
I. Fol. 78 r Et. si appert bien que ce lu daguet. appensé, eonsi<strong>de</strong>rii<br />
•La nature du fait et comment . il print <strong>le</strong> dit chantre pal la main, ainsi qu'il<br />
voulsist par<strong>le</strong>r à lui <strong>de</strong> conseil, et <strong>le</strong> navra comme <strong>de</strong>ssus est dit, et loi!,<br />
l'en user en ceste inatiere <strong>de</strong> la loy Es qui eum teln.<br />
2. Ibid. Item, il est moult à noter que <strong>le</strong> dit laques ne voulait<br />
lias tant, seu<strong>le</strong>ment haire <strong>le</strong> dit chantre, mais <strong>le</strong> voutoit murtrir mauvaisement,<br />
car il <strong>le</strong> feri es parties <strong>le</strong>s plus perif<strong>le</strong>uses <strong>de</strong> son eorps que pourvoient<br />
yrnaginer touz <strong>le</strong>s me,licins et mortiers qui sont ou mon<strong>de</strong>, etc. »<br />
3. Fol. 77 e Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs proposent que <strong>le</strong> dit <strong>de</strong> Beaune estait<br />
notoirement en la sauve gar<strong>de</strong> du Itoy, comme chantre et chaneinne et<br />
aussi comme notaire du Roy que il est. s<br />
4. Fol. 78 « Item, <strong>le</strong> Cas n'est pas criminel, car <strong>le</strong> chantre est gariz,<br />
et si ne use l'on pas au royaume <strong>de</strong> ta dite loy (Is qui cum telo). 1-<br />
mais n'y a que simp<strong>le</strong> <strong>de</strong>bat civil et non criminel... »<br />
5. Ibid. : « Si conclut qu'il ne soit pas puniz criminelment, caria matiere<br />
est pure civi<strong>le</strong>, sans crime aucun, et qu'il ne soit tenuz à faire amen<strong>de</strong><br />
honorab<strong>le</strong> ne ymages, etc., et que partie n'y face à recevoir, et, se amen<strong>de</strong><br />
y a, que el<strong>le</strong> soit pecuniaire et petite, et sans tenir prison et qu'il soit<br />
<strong>de</strong>livrés ou au moins eslargiz, etc. »<br />
6. Fol. 78 Item, dit que il n'y et aguet appensé, mais tu en aventure,<br />
par cha<strong>le</strong>ur, qui peut cheoir en tout homme marié, en tel cas, et<br />
si n'y ot aucuns port l'armes; si n' s lieu la 10)' h qui citer (etc.<br />
7. c'est du moins ce qu'il aurait essayé <strong>de</strong> faire accroire au due d'Anjou<br />
(fol. 79), Car son avocat ne va pas aussi loin pour justifier son client,<br />
Il se borne à dire que <strong>le</strong> chanoine est guéri.
15 -<br />
mais sur la chaussée, en aval », et d'ail<strong>le</strong>urs, à ce moment-là,<br />
<strong>le</strong> roi ne résidait pas dans la Cité 4.<br />
Les débats judiciaires sont plutôt favorab<strong>le</strong>s à la femme par<br />
la discrétion qu'ils observent à son endroit. il est visib<strong>le</strong> que,<br />
terrorisée par un mari ombrageux et brutal, el<strong>le</strong> s'est laissé<br />
arracher <strong>le</strong>s déclarations mensongères <strong>de</strong> la première heure,<br />
et n'avait pas pris d'el<strong>le</strong>-môme <strong>le</strong>s précautions extraordinaires<br />
par où el<strong>le</strong> feignait <strong>de</strong> défendre une vertu, qui n'était<br />
pas menacée.<br />
L'arrêt du Par<strong>le</strong>ment, rendu <strong>le</strong> 23 juin 13792, fit justice <strong>de</strong>s<br />
imputations dirigées contre Pierre <strong>de</strong> Beaune, mais il fut moins<br />
sévère pour <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> qu'on n'aurait pu s'y attendre,<br />
puisque en somme rien ne justifiait son agression, ni <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nces<br />
auxquel<strong>le</strong>s il s'était livré. C'est qu'au cours du procès un<br />
fait nouveau s'était produit, - <strong>le</strong> q raït du prince », - et que<br />
ta liberté <strong>de</strong>s juges n'était plus entière. A <strong>de</strong>ux reprises, Char<strong>le</strong>s V<br />
était intervenu en faveur <strong>de</strong> son <strong>charpentier</strong>, auquel il portait<br />
évi<strong>de</strong>mment beaucoup d'intérêt et dont <strong>le</strong>s services lui étaient<br />
nécessaires. Tout d'abord, par <strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres closes, il avait notifié<br />
aux magistrats sa volonté formel<strong>le</strong> que <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong><br />
n'encourût ni la peine <strong>de</strong> mort, ni la perte d'un membre, -<br />
en l'espèce l'ablation du poing. Une secon<strong>de</strong> fois, par <strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres<br />
patentes, - équivalant presque à <strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres <strong>de</strong> rémission, -<br />
il avait fait d'une affaire criminel<strong>le</strong> une affaire purement civi<strong>le</strong>,<br />
<strong>de</strong> façon qu'au regard du roi el<strong>le</strong> ne comportât qu'une condamnation<br />
à l'amen<strong>de</strong>-. Les conseil<strong>le</strong>rs du Par<strong>le</strong>ment n'avaient<br />
1. Areb. na, X2Â 10, foi. 78v' « Item., <strong>le</strong> Boy n'estoit pas pour lors<br />
ou Palays. Si ne doit pas estre entendue l'immunité si largement comme<br />
s'il y eud esté, muais n'y n que simp<strong>le</strong> c<strong>le</strong>bat civil et non criminel, et 'nosbernent<br />
que <strong>le</strong> fait ne lu pas fait ou Palays en bauD, mais sur la chaussée,<br />
en la court, par aval, »<br />
7. Areb. nul., Xla 9, fol. 177-178 y'. L'arrêt fut Prononcé par <strong>le</strong> iremier<br />
prési<strong>de</strong>nt du Par<strong>le</strong>ment, Arnaud <strong>de</strong> Corbie. Les plaidoiries s'Ôtnient<br />
l.ern,inées te Ii mars, et cejour-là la cour avait donné l'appointemnertt<br />
suivant e Finnb<strong>le</strong>mem,t appointiez sont que la court verra te bannissement,<br />
la confession <strong>de</strong> Jaques et <strong>de</strong> sa femme, et consi<strong>de</strong>rera <strong>le</strong>s faix et<br />
raisons <strong>de</strong>s parties et fera droit. » En marge « En arrest. - Fait. »<br />
3. Areh. ont., X2s 9, fol. 179 ... partibus ad p<strong>le</strong>num auditis et in<br />
arresto per dictam nostram curiam appunctuatis, coin per certas nostras<br />
litteras dansas dicte oestre curie, certis <strong>de</strong> causis nos ad hoc moventi-
t<br />
- 16 -<br />
qu'à se conformer à <strong>de</strong>s « instructions » aussi nettes, d'autant<br />
plus que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs eux-mêmes, après quelques protestations<br />
platoniques, se déclaraient, <strong>de</strong> plus ou moins bonne grâce,<br />
prêts à déférer aux désirs du roi'.<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> fui condamné 40 à faire amen<strong>de</strong> «houorab<strong>le</strong><br />
et publique D au procureur du roi, à Pierre <strong>de</strong> Beaune,<br />
au trésorier et aux chanoines <strong>de</strong> la Sainte- Chapel<strong>le</strong>; 2 0 . à<br />
payer à Pierre <strong>de</strong> Beaune, à titre <strong>de</strong> réparation et d'in<strong>de</strong>mnité,<br />
500 livres tournois; 30 payer au roi, à Litre d'amen<strong>de</strong>proprement<br />
dite, 1,000 livres tournois'. Défense lui fut faite d'avoir<br />
bus, ,nandasseïnus causant hujusmodi judkari absque dicti Jacobi morte<br />
sec perdicione n,etnbrorun,, CL <strong>de</strong>in<strong>de</strong> per certas nostras jitteras. in Mis<br />
sericis et cers viridi sigillatas peflam sou putliciOneln crimina<strong>le</strong>m, quani<br />
occasioue prelnissorum erga nos potucraL indurriSse vol incidisse, <strong>de</strong><br />
dort» nostra sciencia et auctoritate regia graciaque speciali convertisse-<br />
'nus sec irn,Lavisse,nus in civi<strong>le</strong>in, dietuinque bannum unadum omnibus<br />
io<strong>de</strong> .secutis adnullassetnus omnino, procuratori nostro si<strong>le</strong>nciuin perpe-<br />
Luuin super hoc imponendo et dict.um Jacobum ad regnuni nostrum<br />
bonarnque famam guam an houa sua l'on confiscata reponendo, .hoc<br />
mediante quod ipse Jacobus dicto procuratori nostro et prefatis petto,<br />
thesaurario et carlonicis emeitdam so<strong>le</strong>noem cL noLabi<strong>le</strong>in faceret et preslard.,<br />
dictoque Petro <strong>de</strong> sua interesse satisfaceret ail arbitrium nostre<br />
curie su1,radicte, prout premissa in ci s<strong>de</strong>m nostris litteris p<strong>le</strong>nius sont<br />
express»... s<br />
1. Arcb. naL, XSs 9, fol. 179 « ... quas qui<strong>de</strong>m JitLeras nostras [coin]<br />
dicta nostra «cria predictis actoribus ostendi fecisset ut cas ionjiugnarent<br />
et contra ipsas et earum tenorein et el<strong>le</strong>ctum (licerent et propouerent<br />
quidquid eis vi<strong>de</strong>retur expedire, prefatis actoribus respon<strong>de</strong>ntibus et<br />
dicentibus quod, tiret dicte nustrc liltere verila<strong>le</strong>in dictonrnr ina<strong>le</strong>ficiOn4n,<br />
non continerent, rai subrtpti& pluribus «(flUis et ,aciouibus<br />
dici sou judicari <strong>de</strong>berent, ipsi tamen pro expedicione hujusmodi negocii<br />
no<strong>le</strong>ntes se Iongis sou prolixis litigiis involvere nec audienciain curie<br />
nostre propter hoc oceupare, <strong>de</strong> et super tenore predictarum nostrarum<br />
litteraruin ac super eorum jure in predictis discrecioni, disposicioni et<br />
ordivacioni ejus<strong>de</strong>in nostre curie se totaliter submittebant, jus super<br />
preniissis sibi tien coin instancia requirendo.<br />
2. Ibid., fol. 179-179 r ii l'redicta nostra «uns littenis nostnis an<strong>le</strong>dictis,<br />
eidcm Jacobo <strong>de</strong> Carnoto, ut predicitur, concessis obtemperando,<br />
prefatutti Jacobuin ad faciendum, plicandum et gagiandum emendam<br />
honorabitem et publicain, in tunica sine capucio et zona, f<strong>le</strong>xisque gentbus,<br />
tain in dicta nostra cunia, predictis procuratoni nostro, Potin <strong>de</strong><br />
I<strong>le</strong>Ina, t]wsaurario et canonidis, quam super Iocum obi dictus I'ctrus<br />
vuineratus ertitit, ut prefertur, eis<strong>de</strong>m Petro, thesauranio, et canonicis<br />
nec000 erg» dietum Petrum <strong>de</strong> loba pro suis injuriis, dampnis, lute-
s,<br />
- 'li -<br />
son habitation dans l'enclos du Palais, d'où il fut expulsé à perpétuité'.<br />
Le paiement <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 500 livres tournois et<br />
<strong>de</strong> l'amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1,000 livres était gagé sur <strong>le</strong>s biens du coupab<strong>le</strong>,<br />
qui <strong>de</strong>meurerait « en prison fermée » tant qu'il ne serait pas<br />
acquitté <strong>de</strong> sa doub<strong>le</strong> <strong>de</strong>tte, et envers Pierre <strong>de</strong> Beaune et envers<br />
<strong>le</strong> roi'.<br />
En conséquence, après avoir fait « amen<strong>de</strong> honorab<strong>le</strong> et<br />
publique à tous ceux auxquels il <strong>de</strong>vait cette réparation<br />
mora<strong>le</strong> 3 , Sacques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> se constitua prisonnier au ChâLe<strong>le</strong>t'.<br />
Sa détention ne fut pas <strong>de</strong> longue durée. La sentence du<br />
Par<strong>le</strong>ment avait été rendue <strong>le</strong> 23 juin; dès <strong>le</strong> 7juil<strong>le</strong>t suivant,<br />
<strong>le</strong> <strong>charpentier</strong> du roi était « élargi » dans Paris ou, comme on<br />
<strong>le</strong> disait alors, e <strong>de</strong>dans <strong>le</strong>s basti<strong>de</strong>s », c'est-à-dire à la condition<br />
<strong>de</strong> ne pas dépasser la limite <strong>de</strong> l'enceinte fortifiée. Pierre<br />
<strong>de</strong> Beaune avait consenti, en ce qui <strong>le</strong> touchait, à cet « élargissement<br />
n , <strong>le</strong>quel <strong>de</strong>vait durer jusqu'au vendredi après la Toussaint<br />
(4 novembre), et il est faci<strong>le</strong> d'imaginer pour quels motifs<br />
il se montrait aussi conciliant 1 . La Toussaint passé, <strong>le</strong> roi<br />
cesse et expensis in summa quingentarum librarum turonensium et ad<br />
tenendum carcereni firmatuin quousque <strong>de</strong> ipsa somma p<strong>le</strong>narie satisfecent,<br />
et ergs nos in emenda mil<strong>le</strong> libraruin turonensiucn per arresturn<br />
c&n<strong>de</strong>tnpnavit et con<strong>de</strong>inpnat. »<br />
1. ArS. net., XIs 9, lb!. 179 r.<br />
2. Ibid.<br />
3. Ibid. n Emendas aute,n bonorabi<strong>le</strong>s antedictas, i<strong>de</strong>m Jacobus modo,<br />
forma et lods antedictis gagiavit atque fecit.<br />
4. Ârch. nat., Xs 10, fol. 8S(8 juil<strong>le</strong>t 1379); fol. 923 novembre 1379).<br />
5. Àrcb. rat., XI- 1471, 'foi. 220 r (7 juil<strong>le</strong>t 1379) « Ce jour maistre<br />
Pierre <strong>de</strong> Beaune, chantre <strong>de</strong> la Saincte Chappel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris, a consenti<br />
que Jaques <strong>de</strong> Chantres, <strong>charpentier</strong>, soit elargis eu tant que li touche<br />
jusques au vendredi après la Toussains prochain avenir, senz prejudice<br />
<strong>de</strong> son nrrest et lors pourra faire executer son arrest, comme il eut peu<br />
faire par avant. »<br />
XIs 10, fol. 88 (8 juil<strong>le</strong>t) « Jaques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, <strong>charpentier</strong>, prisonnier<br />
au Chastel<strong>le</strong>t do Paris, pour la somme <strong>de</strong> V frans adjugée â maistre<br />
Pierre <strong>de</strong> Beaune, chantre <strong>de</strong>- la chapel<strong>le</strong> roya<strong>le</strong>, et pour la somme <strong>de</strong><br />
mil frans adjugée au Boy nostre sire, par arrest <strong>de</strong> ceans, pronuncié l<br />
xxizr jour <strong>de</strong> juing <strong>de</strong>rr. passé, est eslargis parlai la vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris<br />
jusques au vendredi après la Toussaint prochain venant, du consentenient<br />
du dit <strong>de</strong> Beaune et par vertu [<strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres] <strong>de</strong> nosseigneurs <strong>le</strong>s conseilliers<br />
sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>mainne et tresoriers <strong>de</strong> France, etc.
â<br />
t<br />
t 'Y,<br />
.. 4".<br />
- 18 -<br />
intervint <strong>de</strong>rechef et, en termes encore plus impérieux; il « voulait<br />
que son <strong>charpentier</strong> continuât à jouir <strong>de</strong> la même liberté<br />
relative, u iour entendre s, c'est-à-dire pour vaquer e à ses<br />
ouvrages D. l'homme nécessaire fut donc élargi <strong>de</strong> nouveau,<br />
jusqu'au <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main <strong>de</strong> Quasimodo (30 avril 1380 1 ). Cette<br />
fois ce dut être l'élargissement définitif. Quant à l'amen<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
1,000 livres, il est bien probab<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> ne fut lamais payée.<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> n'encourut donc pas <strong>de</strong> disgrâce pour<br />
avoir attenté à la'vie <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Beaune. A vrai dire, tant qu'il<br />
fut sous <strong>le</strong> coup <strong>de</strong> poursuites criminel<strong>le</strong>s, il <strong>de</strong>meura eu fait<br />
comme en droit privé <strong>de</strong> sou emploi <strong>de</strong> maltre-<strong>charpentier</strong> du<br />
roi 2 . Cc ne fut toutefois qu'une suspension temporaire, qui prit<br />
fin officiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s mai 1380, peu <strong>de</strong> mois avant la mort <strong>de</strong><br />
Char<strong>le</strong>s V 3 . Char<strong>le</strong>s VI maintint en fonction ce mo<strong>de</strong>ste et uti<strong>le</strong><br />
serviteur, dont soit appréciait <strong>le</strong> mérite et auquel il n'avait<br />
jamais retiré sa confiance. <strong>Jacques</strong> vivait encore en 1387, lors<br />
du duel célèbre entre <strong>Jacques</strong> <strong>le</strong> Gris et Jean <strong>de</strong> Carouge. C'est lui<br />
qui construisit <strong>le</strong>s lices à l'intérieur <strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s se mesurèrent<br />
<strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux champions 4. Vers la fin <strong>de</strong> 4388, il avait un successeur,<br />
Robert Fouchicr , mais sa mort paraît avoir , été postét.<br />
Arch. rial., X2A 10, fol. 92 (3 novembre 1379) « ... consi<strong>de</strong>ré aussi<br />
que <strong>le</strong> Boy veuit son eslargissement, pour entendre à ses ouvragez... »<br />
2. Ibid., fol. 77 (15 mars 1379) « Entre <strong>le</strong> procureur du Roy, etc., et<br />
Jaques <strong>de</strong> Chantes, prisonnier ou chastel<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Paris, nagaircs maistrc<br />
<strong>charpentier</strong> du Boy, <strong>de</strong>ffen<strong>de</strong>ur, d'autre (part)... n<br />
3. Arch. ont., PP 109, p. 514 (S mai 1380). Lettres <strong>de</strong> retenue <strong>de</strong> <strong>Jacques</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, maUre-<strong>charpentier</strong> à Paris. D'après <strong>le</strong> Mémorial D, foi. 206 r,<br />
<strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes.<br />
4. Bibi. nul., Clairambault, XXIX, n' lOt (4 février 1387). Quittance <strong>de</strong><br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, « sergent d'armes et mai g re <strong>charpentier</strong> general du<br />
.Roy nostre sire par tout son royaume n, à Jean <strong>de</strong> la Folie, « receveur <strong>de</strong><br />
Paris u, <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong> 120 livres parisis, à lui « or<strong>de</strong>nés prendre -et<br />
avoir par <strong>le</strong> Boy nostit sire sur la recepte <strong>de</strong> Paris, et par ses <strong>le</strong>ttres<br />
données <strong>le</strong> x111 jour <strong>de</strong> <strong>de</strong>cembre <strong>de</strong>rrenierement passé, pour employer<br />
et' la façon <strong>de</strong>s lices aagaires faites pour <strong>le</strong> champ <strong>de</strong> batail<strong>le</strong> qui a esté<br />
fait en yccl<strong>le</strong>s <strong>de</strong> messire Jehan <strong>de</strong> Carouges et <strong>de</strong> Jaques <strong>le</strong> Gris s. Sur<br />
ce duel célèbre, voyez Areb. rial., Xis Il, fol. 206, 211, 212, et l'arrêtiste<br />
Jean <strong>le</strong> coq, Quoestiones, LXXVI, LXXVII et LXXXV:<br />
5. Àrcb. est., PP 109, p. 548 (d'après <strong>le</strong> mémorial E, fol. 107 V', <strong>de</strong> la<br />
chambre <strong>de</strong>s comptes) « Autre [mention d'institution] <strong>de</strong> Robert Fouchier,<br />
su' <strong>charpentier</strong> du Boy. • Cetté c institution est certainement <strong>de</strong>
4'.<br />
- 19 -<br />
rieure <strong>de</strong> quelques années (1391 ou 392). On ignore s'il laissa<br />
une <strong>de</strong>scendance.<br />
Fut-il, comme Raymond du Temp<strong>le</strong> parait l'avoir été, un<br />
véritab<strong>le</strong> artiste et non Pas seu<strong>le</strong>ment un entrepreneur expérimenté<br />
et habi<strong>le</strong>? On ne peut que poser la question, en attendant<br />
que <strong>de</strong>s textes nouveaux permettent d'y répondre. Mais il est<br />
vraisemblab<strong>le</strong> qu'à une époque où la sculpture sur bois tenait<br />
une si large place dans la décoration <strong>de</strong>s édifices publics et privés,<br />
<strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> a dû attacher son nom à <strong>de</strong>s créations origina<strong>le</strong>s,<br />
à <strong>de</strong>s oeuvres intéressantes, malheureusement fragi<strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur nature et dont <strong>le</strong> souvenir même ne s'est pas conservé.<br />
Ex'riun's DRS REGISTRES .1)11 PARLurEr'r DE PARIS.<br />
I.<br />
(Arch. .rat., Vs 10, foi. 77-79; 15 et 17 'flan 1370.)<br />
Entre <strong>le</strong> procureurdu Boy tendant à toutes fins, et maistre Pierre<br />
<strong>de</strong> Beaune, chantre et chanoinne <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong> royal du Palais<br />
à Paris, et <strong>le</strong>s tres.orier et ehanoinnes <strong>de</strong> la dite chapel<strong>le</strong>, pour<br />
tant comme à cliascun touche, tendans à lin civi<strong>le</strong>, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />
d'une part, et Jaques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, prisonnier ou Chastel<strong>le</strong>t <strong>de</strong><br />
Paris, nagaires maistro <strong>charpentier</strong> du Boy, <strong>de</strong>ffen<strong>de</strong>ur d'autre.<br />
Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs proposent que <strong>le</strong> dit <strong>de</strong> Beaune estoit notoirement<br />
en la sauve gar<strong>de</strong> du Boy comme chantre et chanoinne, et<br />
aussi comme notaire du Boy que il est. Item, proposent l'immul'année<br />
1388 et probab<strong>le</strong>ment postérieure au 15 mai et antérieure au<br />
10 août. Le 18 novembre 1388, <strong>le</strong> <strong>maitre</strong>-<strong>charpentier</strong> du roi est bien<br />
Robert Fouchier (H. Stem, Une expertise au Xlv' sièc<strong>le</strong>, dans Bibi, <strong>de</strong><br />
lÉc, <strong>de</strong>s chartes, 1909, L. LXX, p ' 446-455). II est qualifié sergent d'armes,<br />
comme <strong>Jacques</strong> <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> l'avait été.<br />
t. Arcli nal.., XX 13 2, fol. 140 r cliere<strong>de</strong>s sen causam babentes dclfuncti<br />
Jobannis Barbe], dicti <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, quondam magistri carpentarli<br />
Regis, pro <strong>de</strong>nariis <strong>de</strong> ipsis in<strong>de</strong>bite redditis per thesaurum sali ultirna<br />
[die] junii ultime [preteritil (1392) pro niagistro Ludovico Blancheti,<br />
secretario Regis, cul nichil solverunt, prout constitit per cedulani nostram<br />
<strong>de</strong> redditione predicta hic reddit.arn, pro eo<strong>de</strong>m VIIxx XVIII l.Xl.s. X d. p. »
- 20 -<br />
nité du Palais ouquel <strong>de</strong>mouroiint <strong>le</strong>s dis <strong>de</strong> Beaune et Jaques.<br />
Et neantmoins Jaques a fcru en trayson, <strong>de</strong> nuit, <strong>de</strong><strong>de</strong>ns <strong>le</strong> circuite<br />
du Palais, V coups ou corps d'une dague, dont il s esté (Pierre <strong>de</strong><br />
Beaune) lonc temps mala<strong>de</strong> en peril <strong>de</strong> corps, et encores n'est pas<br />
bien gens, etc. Item, aien t que pour ce fait il a esté bannis du<br />
royaume par <strong>le</strong> prevost <strong>de</strong> Paris et, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> ban, a esté pris à<br />
Meauls et admenez en Ohastel<strong>le</strong>t pour estre punis par la court<br />
<strong>de</strong> ceans, selon l'exigence (lu cas. Si concluent, considéré <strong>le</strong> fait<br />
dampnab<strong>le</strong> et <strong>le</strong> ban, que Jaques soit con<strong>de</strong>mpnez et punis en corps<br />
et en biens, ou au moins ait coppé <strong>le</strong> poing, etc.<br />
Item, pour <strong>le</strong> chantre et coula <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong> eh amen<strong>de</strong> honorab<strong>le</strong>,<br />
ceans et sur <strong>le</strong> lien du maléfice, etc., et à mettre en la<br />
chapel<strong>le</strong> ymages d'argent à perpétuel memoire, et amen<strong>de</strong> profitab<strong>le</strong><br />
an chantre <strong>de</strong> mil livres pariais, et autant k la chapel<strong>le</strong>,<br />
dommages et interés du chantre, et <strong>de</strong>spens au chantre et à la chapel<strong>le</strong>.,<br />
et qu'ils soient paies avant toute confiscacion, etc. Il aient<br />
que Jaques a confessé <strong>le</strong> fait, <strong>de</strong> sa bouche, en Chastel<strong>le</strong>t, sans<br />
contrainte, par <strong>de</strong>vant mess. <strong>de</strong> ceans, etc.<br />
Le dit Jaques est renvoies prisonnier en Chastel<strong>le</strong>t et or<strong>de</strong>nnera<br />
la court se il sera ois par conseil en pLainne audience, ou non.<br />
Jeudi xvlla jour <strong>de</strong> mars MCCCLXXVIII. Paillart et la Grange.<br />
Jaques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong> respont contre <strong>le</strong> procureur du Roy, <strong>le</strong> chantre,<br />
tresonier et <strong>le</strong>s chanoinnes <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong>, et dit qu'il a esté,<br />
environ XXII ans a passez, continue<strong>le</strong>ment, et est encore maistre<br />
<strong>charpentier</strong> du Boy, et si est sergent d'armes, et si a eu sa démonrance<br />
XVI ans ou environ en la cireuite <strong>de</strong> Palays, et si a esté et<br />
est mariez à une jeune fil<strong>le</strong>, qui est <strong>de</strong> bonne renommée et <strong>de</strong><br />
bons amis, et ont mené bonne vie ensemb<strong>le</strong>, item, dit que, quant<br />
<strong>le</strong> Boy et nagaires la conté <strong>de</strong> Dreux, maistre Phelippe Ogier<br />
mena à Dreux, pour visiter <strong>le</strong>s ouvrages, <strong>le</strong>dit Jaques, maistre<br />
<strong>charpentier</strong>, et maistre Raymon, maistre unisson (lu Roy, et y<br />
furent environ un moys. Et quant ils retourneront à Paris, chascun<br />
d'eulz s'en nIa en son hostel, et quant <strong>le</strong> dit Jaques vint empres<br />
son ostel, il trouva close la porte au <strong>de</strong>vant et y hu;ta moult longuement<br />
avant que l'en la lui ouvrist, et<strong>de</strong>manda à sa chambeniere<br />
la cause pourquoy l'en Le faisoit si longuement muser à la porte,<br />
la qiie<strong>le</strong> lui respondi que sa femme lui diroit la cause. Et quant<br />
il Lu entré en son hostel, sa femme lui dist que la porte avoit esté<br />
tenue fermée affin que l'en ne peust entrer ens ne a<strong>le</strong>r par <strong>de</strong>vers<br />
el<strong>le</strong> <strong>de</strong> par <strong>le</strong> dit chantre, qui l'avait fait requenir <strong>de</strong> vil<strong>le</strong>nie <strong>de</strong> son
- 21 -<br />
corps, dès environ <strong>de</strong>mi an auparavant, et lui avoit fait presenter<br />
par femmes et jeunes milans, en plusieurs lieux, en Yeglise Saint<br />
l3erthe<strong>le</strong>my et ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>ttres, <strong>le</strong>s que<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>, qui ne scet lire et<br />
qui ne s'i vouloit accor<strong>de</strong>r, avait gelé là aval. Et affin qu'el<strong>le</strong> ne<br />
feust plus sollicitée <strong>de</strong> par <strong>le</strong> dit <strong>de</strong> Beaune, el<strong>le</strong> en avait laissié à<br />
a<strong>le</strong>r oit <strong>le</strong> service <strong>de</strong> Dieu en la chapel<strong>le</strong> en bas et à Saint Michiel<br />
par lonc temps. Pour <strong>le</strong>s que<strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s <strong>le</strong> dit Jaques fu esmeuz,<br />
et <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main au matin il conjura sa femme <strong>de</strong> lui dire venté sur<br />
<strong>le</strong>s choses <strong>de</strong>ssus dites, la que<strong>le</strong> lui afferma par serement, a jeun<br />
cuer, en la maniere que el<strong>le</strong> avoit fait <strong>le</strong> soir prece<strong>de</strong>nt. De quoy<br />
il fu doulant et esn<strong>le</strong>u plus que <strong>de</strong>vant. Item, dit que <strong>le</strong> dit <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main,<br />
qui lu <strong>le</strong> dimanche aptes <strong>le</strong>s ottaves do la miaoust, <strong>le</strong> dit<br />
Jaques et <strong>le</strong> dit Baymon avaient fait mettre par escript <strong>le</strong>ur rapport<br />
<strong>de</strong>s dia ouvrages <strong>de</strong> Dreux, et au soir il entra <strong>de</strong>dans la porte<br />
du Palays pour s'en venir eu son hostel, et ne pensait point au<br />
dit chantre, mais il trouva ycellui chantre d'aventure sur la.<br />
chaussée, en la court du Palays, au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> Postel du dit<br />
chantre, et, quant il <strong>le</strong> aperceut, <strong>le</strong> ruer lui fremi et esboutlu,<br />
pour <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s que sa dite femme lui avait dit et la souspeçon<br />
qu'il avait du dit chantre, et pour la fureur qu'il avoit feri ycellui<br />
chantre d'un petit conte[ qu'il avait, <strong>de</strong> la va<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> environ un<br />
blanc <strong>de</strong> quatre <strong>de</strong>niers, et n'estoit pas dague ne coutel peril<strong>le</strong>ux,<br />
ne si n'y et aguet appensé ne aucunes armeures, et si navoit pas<br />
volonté <strong>de</strong> <strong>le</strong> tuer, et quant il et féru <strong>le</strong> dit chantre il se mist en<br />
chemin en alant vers son hostel, et toutevoies il s'en retourna<br />
vers la porte, et yssi hors du Palays et ala en la vil<strong>le</strong> pour soy<br />
sauver qu'il ne feust prins. Item, dit que il est a<strong>le</strong>z <strong>de</strong>vers Je duc<br />
d'Anjou, auquel il a servi, <strong>le</strong> quel lui flstbonne chiere, et obtint <strong>de</strong><br />
lui <strong>le</strong>ttres adreçans au Roy, afin que il eust pardon du fait, et aussi<br />
<strong>le</strong>ttres à Mons. <strong>le</strong> chancellier et à pluseurs chambellans du Roy.<br />
Et lui dist <strong>le</strong> duc que il retournast seurement<strong>de</strong>vers <strong>le</strong> Roy pour<br />
poursuir sa besoigne, et avant qu'il soit venuz <strong>de</strong>vers <strong>le</strong> Roy il<br />
a esté attestez prisonnier à Meaulz et ne sceut onques riens du<br />
ban, car se il eu oust eu cognoissance il ne se feust pas volontiers<br />
tenez ou royaume. Item, dit que il n'y et aguét appensé,<br />
mais fa en aventure, par cha<strong>le</strong>ur qui peut cheoir en tout homme<br />
marié en tel cas, et si n'y et aucun port d'armes; si n'y a lieu<br />
la loy la qui cuva teto. Item, <strong>le</strong> cas n'est pas criminel, car <strong>le</strong><br />
chantre est gariz, et si ne use l'on pas ou royaume <strong>de</strong> la dite loy.<br />
Item, <strong>le</strong> Roy n'estoit pas pour lors ou Palays; si ne doit pas<br />
estre entendue l'immunité si largement comme S il y eust esté.
- 22 -<br />
Mais n'y a que simp<strong>le</strong> <strong>de</strong>bat civil et non criminel, et mesmement<br />
que <strong>le</strong> fait ne lu pas fait ou Palays en hault, mais sur la chaussée,<br />
en la court, par aval. Item, a merveil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s conclusions crimine<strong>le</strong>s<br />
faites par <strong>le</strong> chantre et ceulx <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong>, etc Si conclut<br />
qu'il ne soit pas punis criminelment, car la matiere est pure civi<strong>le</strong>,<br />
sans crime aucun, et qu'il ne soit tenus à faire amen<strong>de</strong> honorab<strong>le</strong><br />
ne ymages, etc., et que partie n'y face à recevoir et, se amen<strong>de</strong> y<br />
s, que el<strong>le</strong> soit pecuniaire et petite, et sans tenir prison, et qu'il<br />
soit <strong>de</strong>livrés ou au moins eslargiz, etc.<br />
Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs repliquent et font <strong>de</strong>claration <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs conclusions,<br />
disans que Les crimine<strong>le</strong>s sont pour <strong>le</strong> procureur du Roy<br />
tant seu<strong>le</strong>ment, et ne ten<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> chantre et ceuix <strong>de</strong> la chape<strong>le</strong> que<br />
à fin civi<strong>le</strong> tant seu<strong>le</strong>ment, et ainsi doit estre entendu. Item,<br />
dient que Jaques, en ce cas qui est <strong>de</strong> ma<strong>le</strong>fice, <strong>de</strong>ust respondre,<br />
par <strong>le</strong> sti<strong>le</strong> <strong>de</strong> ceans, eu personne, mais la court a ycellui examiné<br />
à part, d'office, et ne peut varier sa confesion Si n'est pas nocessite<br />
qu'il en par<strong>le</strong> <strong>de</strong> sa bouche à proscrit, et <strong>le</strong> dit <strong>le</strong> procureur<br />
du Roy, pour <strong>le</strong>s assistans, pour <strong>le</strong> temps avenir, etc. Item,<br />
<strong>de</strong> tant que la femme <strong>de</strong> Jaques est bonne et <strong>de</strong> bon lignage, et<br />
<strong>de</strong> tant <strong>de</strong>voit il avoir moins <strong>de</strong> souspeçon, et touteveies en estoit<br />
il jaloux par tels maniere qu'il ne souffroit pas que el<strong>le</strong> alast oir<br />
messe, mais par loue temps l'a tenue si estroicte que el<strong>le</strong> ne pouvoit<br />
pas al<strong>le</strong>r à l'eglise ne soy confesser, et une fois, sur <strong>le</strong> temps<br />
<strong>de</strong> Pasques, la mena ans Augustins, pour estre confessée, et se<br />
tenoit touzjours <strong>de</strong> resté el<strong>le</strong> jusques à tant que el<strong>le</strong> lu confessée,<br />
et si pres du prestre qu'il povoit, et la fist <strong>le</strong>ver dé confesse avant<br />
que el<strong>le</strong> eust tout parfait, monstrant semblant que il lui <strong>de</strong>splaisoit<br />
pour la <strong>de</strong>meure, et ne la laissoit a<strong>le</strong>r plain pas <strong>de</strong> voie que il ne<br />
feust empres el<strong>le</strong>. Item, il a batue et <strong>de</strong>mené ru<strong>de</strong>ment sa femme<br />
pour lui dire <strong>le</strong>s choses <strong>de</strong>ssus dites, etc., et aussi <strong>le</strong>s ont forgées<br />
ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> fait avenu, et ' bien appert, car il y a grant<br />
differance entre <strong>le</strong>urs confessions ou <strong>de</strong>posicions, etc., et aussi<br />
<strong>le</strong>s <strong>de</strong>fenses <strong>de</strong> Jaques ne sont que paliations controuvées, qui n'ont<br />
aucune cou<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> venté, car la femme dit que el<strong>le</strong> ne cognoist<br />
ceuls qui lui apportoient <strong>le</strong>s messages du chantre, et si ne scet<br />
quelx joyaux, ne si ne monstre <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres, et, se Jaques estoit<br />
jaloux <strong>de</strong> sa femme, il ne s'en <strong>de</strong>voit pas prendre au chantre, qui<br />
est homme <strong>de</strong> lionne vie et homme d'assez ancien sage et sans<br />
souspeçon, et neantinoins il <strong>le</strong> navra V plaies, et sera trouvé que<br />
c'estoit d'une dague ou coutel qui equipo<strong>le</strong> à ni costés, comme il<br />
pourroit apparoir par la tresse <strong>de</strong>s plaies, et aussi par <strong>le</strong>s vestures
- 23 -<br />
du chantre qui furent perciées. Et si appert bien quo ce tu d'aguet<br />
appensé, censi<strong>de</strong>ré la nature du fait et comment il print <strong>le</strong> dit<br />
chantre par la main, ainsi qu'il voulsist par<strong>le</strong>r à lui <strong>de</strong> conseil,<br />
et <strong>le</strong> navra comme <strong>de</strong>ssus est dit, et doit l'en user en ceste mtiere<br />
<strong>de</strong> la loy h qui cuni telo. Et si en a l'en usé et use souvent, comme<br />
il advint d'un homme, qui fut espié à la porte Bau<strong>de</strong>t à Paris, et<br />
lu feruz et <strong>le</strong> cuida l'en avoir tué; si lu gariz et neantmnins celui<br />
qui <strong>le</strong> navra fu penduz. Et aussi pour mendre cas s'ensuit punicion<br />
crimine<strong>le</strong>, comme d'un asseurement enfraint par une butTe,<br />
etc. item, il est moult à noter que <strong>le</strong> dit laques ne vouloit pas<br />
tant seu<strong>le</strong>ment battre <strong>le</strong> dit chantre, mais <strong>le</strong> vouloit murtrir mauvaisement,<br />
car il <strong>le</strong> feri es parties <strong>le</strong>s plus peril<strong>le</strong>uses <strong>de</strong> son corps,<br />
que podrroient ymaginer toua <strong>le</strong>s medicins et murtriers qui<br />
sont au mon<strong>de</strong> et encores a menacié à Meaulx, en Chastel<strong>le</strong>t et<br />
ail<strong>le</strong>urs, que, se il esehape, il tuera <strong>le</strong> chantre etc. Et si a dit à<br />
Meaulx, presens pluseurs bonnes gens, que <strong>le</strong> <strong>de</strong>ab<strong>le</strong>, qui l'a pas<br />
lonc temps conseillié et par <strong>le</strong>quel il a vesqu, lui avoit fait navrer<br />
<strong>le</strong> dit chantre, et qu'il l'avoit fait en esperance et vo<strong>le</strong>nté <strong>de</strong> <strong>le</strong> tuer.<br />
Item, se <strong>le</strong> chantre est garis, c'est <strong>de</strong> la vo<strong>le</strong>nté <strong>de</strong> Dieu tant seu<strong>le</strong>ment.<br />
item, se Jaques n'a riens sceu du ban, ce ne doit prejudicier<br />
ans <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs, car il ne <strong>le</strong> povoient (sic povoit) ignorer,<br />
veu ce que il a confessé, et si est <strong>le</strong> ban fait bien et <strong>de</strong>uement, et<br />
si appert que il n'est pas yssu hors du royaume. Item, il ne exposa<br />
pas la venté du fait au duc d'Anjou, qui a singuliere affeccion à<br />
la chapel<strong>le</strong> et y a es<strong>le</strong>u sa sepulture, car il lui dist que il avait<br />
seu<strong>le</strong>ment haillié un cop à un chanoine <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong>, dont il<br />
avoit esté gariz <strong>le</strong> rn jour après, et te dit chantre en avait geu au<br />
lit plus <strong>de</strong> trois maye, et si n'en escript onques <strong>le</strong> duc d'Anjou<br />
au Roy, mais à aucuns ses chambellains, et au cas <strong>de</strong>ssus dit, etc.<br />
Et ne peut <strong>le</strong> duc, ne autre que <strong>le</strong> Boy, donner congié à un banny<br />
<strong>de</strong> converser au royaume, etc. item, que l'immunité du Palays est<br />
notoire, supposé que <strong>le</strong> Boy n'y soit pas, car touz jours y est ta<br />
court souveraine, qui represente sa personne, et y 'par<strong>le</strong> l'en ou<br />
nom du Roy en tontes <strong>le</strong>ttres, etc.; et est certain que aute<strong>le</strong><br />
immunité est paravat en la court que en la gran<strong>de</strong> sa<strong>le</strong> en haut, etc.<br />
Item, quant à un homme qui lu batuz <strong>de</strong> vergés sans autre punition,<br />
pour une bateure faite en la court du Palays, dient que un<br />
malfaiteur, qui avoit un jeune enfant avec lui, portant son espée,<br />
bati, en la court du Palays, <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rc ou var<strong>le</strong>t d'un receveur, et'<br />
s'en fouy <strong>le</strong> malfaiteur principal, et son va<strong>le</strong>t fu prins, et par <strong>le</strong><br />
<strong>de</strong>bat <strong>de</strong> la eognoissance d'entre Je prevost <strong>de</strong> Paris et <strong>le</strong> con-
- 24<br />
cierge du Palays, la court cogneu <strong>de</strong> la besoigne, et lu <strong>le</strong>dit var<strong>le</strong>t<br />
batuz <strong>de</strong> verges ou Palays, et par <strong>le</strong>s quarreîours <strong>de</strong> Paris, et<br />
par mi ce lu <strong>de</strong>livrés, car il n'avait pas fait <strong>le</strong> matefice, ne si n'en<br />
estait coulpab<strong>le</strong> autrement que <strong>de</strong> porter l'espée après son dit<br />
maistre, etc. Si n'y fait riens se cas, etc. Concluent comme <strong>de</strong>ssus.<br />
Finab<strong>le</strong>ment appointiez sont que la court verra <strong>le</strong> bannissement,<br />
la confession <strong>de</strong> Jaques et <strong>de</strong> sa femme et consi<strong>de</strong>rcra <strong>le</strong>s<br />
faix et raisons <strong>de</strong>s parties et fera droit.<br />
A la marge e En arrest. .<br />
II.<br />
(Arch. cal., XU 9, fol. 177479 r; 23 juin 1379.)<br />
Gonstitutis in nostra parlamenti curie, procuratore nostro generali,<br />
pro nobis ad omnes fines, et di<strong>le</strong>cto c<strong>le</strong>rico et notarlo nostro<br />
magistro Petro <strong>de</strong> Belna, sacre capel<strong>le</strong> castre palatii nostri regalis<br />
Parisius canonico et cantore, necnon di<strong>le</strong>ctis nostris tbesaurario<br />
et canonicis predicte capel<strong>le</strong>, prout eorum quemlibet tangebat et<br />
tangit, ad fluera civi<strong>le</strong>m dunitaxat ten<strong>de</strong>ntibus, actoribus ex uns<br />
parte, et Jacobo Barbelli, alias <strong>de</strong> Carnoto, carpentario, prisionario<br />
in Castel<strong>le</strong>to nostro Parisius, <strong>de</strong>fensore ex altera, pro parte<br />
dictorum actorum contra dictum <strong>de</strong>fensorem extitit propositum<br />
quod dictus Jacobus, dura superior sou magister carpentarins noster<br />
tuerait et in domo nostra carpentarie 1 , sita in circuitu nostri<br />
palatii Parisius, morabatur, <strong>de</strong> sua uxore a<strong>de</strong>o zelotipus extiterat<br />
quod ipsam uxorem suam ad ecc<strong>le</strong>siam, ut in ce<strong>le</strong>bracione divini<br />
servicii interesset, vix et coin maxima semel in trium2<br />
vol quatuor annorum spacio acce<strong>de</strong>re permiserat. Inva<strong>le</strong>scente<br />
autem et crescente zelotipie hujusmodi <strong>de</strong>mencia sen sernione3,<br />
nonnullis dicte capel<strong>le</strong> nostre capellanis perpetuis, bone lime<br />
viteque landabilis et conversacionis honeste, minas terribi<strong>le</strong>s et<br />
horreudas pLanes intu<strong>le</strong>rat, asserendo quod eus interficeret et<br />
occi<strong>de</strong>ret. Quibus minis per cos<strong>de</strong>m capellanos dicte tbesauranio<br />
superiori expositis,' et ex ejus<strong>de</strong>m thesauranii relatu ad nostram<br />
noticiam <strong>de</strong>volutis, nos periculis, que ex premissis suhoriri passent<br />
1. Registre carpentElriO.<br />
2. Ibid. tritium.<br />
3. On pourrait lire sei'rnoue, mais ce mot n'aurait ici aucun sens.<br />
Sernione pour .se"nia, se,'i'eunu, doit signifier démangeaison, prurit,<br />
etc.
- 25 -<br />
abviare, veloutes, predicto thesaurario et Michaeli <strong>de</strong> Fontanis,<br />
preshitero capellano nostro dicteque capel<strong>le</strong> canonico 1 , preceperamus<br />
ut dicta Jacobo ex parte nostra dicerent et injungerent quod<br />
ex tunc domum extra palacii nostri circuitum sibi quereret, inhibendo<br />
ne ibi<strong>de</strong>m <strong>de</strong> cetero moraretur et pro hujusmodi precepto<br />
nostro exequendo dicti tiiesaurarius et Michael, associati suis<br />
gentibus et quibusdam 2 ejue<strong>de</strong>m capel<strong>le</strong> capellanis, ad predictam<br />
domum dicti Jacobi accesserant, ipsoque Jacobo non invente,<br />
et eie<strong>de</strong>m thesaurario, Michae<strong>le</strong> et secum existentibus abin<strong>de</strong> rece<strong>de</strong>ntibus,<br />
dictes Jacobus, cognito quod ipsi thesaurarius et Michael<br />
ac nonnulli alii in domo sua fuerant, ut prefertur, ad eun<strong>de</strong>m<br />
thesaurariuin accesserat et sibi quam plues, elata et comminatoria<br />
verba dixerat et protu<strong>le</strong>rat, eo<strong>de</strong>m thesaurario precepta prodicta<br />
per nos, ut predicitur, ordinata dicto Jacobo faciente. Quibus<br />
sic actis, dictus Jacobus, <strong>de</strong> predictis ad iram communs, no<strong>le</strong>ns<br />
contra dictas thesaurarium et Michae<strong>le</strong>m, eu qua nobis servientes<br />
in hospicio nostro continuepersonaliter resi<strong>de</strong>bant, rancorem quem<br />
in cordis interioribus 3 confovebat osten<strong>de</strong>re, sed contra dictum<br />
Petrum <strong>de</strong> Belna, quem suspicahatur in domo sua unacum thesaurario<br />
et Michae<strong>le</strong> predictis, occasi000 premissorum, extitisse,<br />
sub falso et ficto zelotipie sue velamine ad ulcionem via fiai ternerani<br />
proce<strong>de</strong>re 4, dixerat, licet falso et mendaciter, quod i<strong>de</strong>m<br />
Petrus uxorem dicti Jacobi pluries et sollicite requiriri (sic) et<br />
exhortari fecerat ut eam carnaliter cognosceret, et sub eu colore<br />
prefatus Jacobus, armatus, insidiis prece<strong>de</strong>ntibus, associatus nonnullis<br />
suis-complicihus, -vi<strong>de</strong>ns dictum Petrum in curte sen plunicie<br />
et calceya palacii nostri predicti, prope perronum nostrum<br />
et cameram audiencie nostre, hora noctis quasi ignitegii, cum<br />
Johanne Rousselli, capellano dicte capel<strong>le</strong>, loquentem et spaciantem,<br />
Feues ipsum gressus suas dirigera, eun<strong>de</strong>m Petrum per brachium,<br />
fingenè se cum eu Ioqui veHe, ceperat et retro dictum<br />
capeltanum modico spacio traxerat, et statiin, nullo verbe sive<br />
minis prece<strong>de</strong>ntibus, eun<strong>de</strong>m Petrum, <strong>de</strong> hoc sibi nullatenus prot.<br />
Miche! <strong>de</strong> Fontaines, chapelain du Roi, qualifié même premier chapelain<br />
en 1378 (L. Delis<strong>le</strong>, man<strong>de</strong>ments et actes divers <strong>de</strong> Char<strong>le</strong>s V,<br />
n- 1734).<br />
2. Registre quibus<strong>de</strong>un.<br />
3. Ibid. in cor<strong>de</strong> interioribus.<br />
4. La phrase est mal construite, quoique <strong>le</strong> sens s'en dégage suffisamment.<br />
Il semb<strong>le</strong> qu'il y manque un mot entre scd et contra sed<br />
Ivo<strong>le</strong>nsi contra. -
--26-<br />
caventem sed penitus ignorantem, quadam dagua son cultello cuspi<strong>de</strong>o<br />
et acutissimo, une ictu in portera, nue ictu subtus brachium,<br />
et duobus ictibus in ventre percusserat et vuineraverat. Ex quibus<br />
ictibbs seu vu]neracionibus <strong>le</strong>talibus dictus Petrus vu]neratus, ad<br />
terram tanquam mortuus corners ceci<strong>de</strong>rat, eumque sic ad terram<br />
prostratum prefatus Jacobin quinto vuinere in partibus inferioribus<br />
inter coxam et veutrem dicte cultello cru<strong>de</strong>liter et enormiter<br />
vuineraverat, ere<strong>de</strong>ns et firmiter tenons dicturn Petrum ibi<strong>de</strong>m<br />
occidisse et morti tradidisse. E<strong>le</strong>ngatus autem paululum, audito<br />
per eum voce sen clamera dicti Petri, ad ipsum Petrum confestim<br />
et impetuose revenus fuerat, volons et satagens perversum, premeditatum<br />
et inceptum propesitum suum effectualiter adimp<strong>le</strong>re et<br />
mortem ipsius Petri nequiter properare, quem statim occidisset<br />
nid in hoc ex amicabili verborum prefati capetiani reprehensiono<br />
fuisset refrenatus. Quibus sic actis, dictes Jacobus a' predicti<br />
palacli nostri circuitu rece<strong>de</strong>ns et votuntatem suam perversam et<br />
precogiLtam,vl<strong>de</strong>licet occi<strong>de</strong>ndi dictum Petrum, verbis suis osten<strong>de</strong>ns,<br />
tristicia son furore rep<strong>le</strong>tus ex en quod dictus Pètrus non<br />
erat portuus, exciamando dixerat quod ipso c<strong>le</strong>fecerat cure<br />
Petrus non esset totaliter interfectus, et <strong>de</strong>in<strong>de</strong> bonis suis a dicta<br />
domo <strong>de</strong>portatis et que voluerat posit.is, red<strong>de</strong>ns se fugitivum et<br />
<strong>de</strong> predictis culpabi<strong>le</strong>m, ad plura et diversa loca a villa nostra<br />
Parisius longe distancia, et presertim ad partes lingà occitane<br />
penes carissimum germanum et in eis<strong>de</strong>m partibus locumtenentem<br />
nostrum, ducem An<strong>de</strong>gavensem, accesserat, et ah co<strong>de</strong>ra germano<br />
nostro litteras inipetraverat ut ail remittendum 2 dicte Jacebo<br />
predicta ma<strong>le</strong>ticia moveremur. Qui qui<strong>de</strong>m Jacobin, predictas litteras<br />
afferens, fuerat in villa Mel<strong>de</strong>nsi propter hoc captus et carceri<br />
mancipatus, ac postmodum (<strong>le</strong> mandato riostro in dictera Gastel<strong>le</strong>tum<br />
nostrum Parisius prisienarius arlductus, super predictis per<br />
dictam nostram curiam puniendus. Pro quibus vulneracionibus<br />
dictus.Pctrus, <strong>de</strong> cujus morte festina habebatur ah omnibus ipsum<br />
visitantibus opinio pecius quam <strong>de</strong> vita, bote jacuerat egritudinis,<br />
per medicos son phisices et eirurgicos expertes cura mcdicaminibus<br />
oportunis et custodibus neccessariis, tara <strong>de</strong> die quam<br />
<strong>de</strong> nocte, tribus mensibus et amplius, cura pervigili visitatus et<br />
eciam custoditus. Ex ipsorumque vuluerum <strong>le</strong>sione et sauguinis<br />
effusione fucrat dictes Petrus suis virihus vacuatus nec pristinam<br />
t. Registre ad.<br />
2. Ibid. reinittendo.
- 27 -<br />
potuerat recuperare sanitatem sed egritudine in co remanente<br />
dolores inmensos, adveniente renovacione sen mutacione temporis,<br />
in dictorum vuinerum cicatricibus sustinebat. Ex quo certa<br />
ligamenta, medicorum sen cirurgicorum expertoruin artificio Mudioso<br />
composita, super loca dictorum vuinerum ligata Leu posita<br />
<strong>de</strong>ferre et babere frequenter et qdasi continue necessario cogebatur,<br />
senciens vite sue fore tempora breviata plus <strong>de</strong>bito naturali.<br />
Que fada fuerant et erant in rei perniciose exmp1um justicieque<br />
<strong>le</strong>sionAn, scandalum et offensant, armorum <strong>de</strong>lacionem, vire<br />
et prodicionem commictendo, immunitatem sou franchisiam<br />
et 'securitatem predicti palacE nostri, per quant pena sen punicio<br />
amissionis et abscisionis pugni in violatorem Leu ma<strong>le</strong>factorem<br />
inliigi <strong>de</strong>bebat et consueverat, ac savam gardiam contant, in et sub<br />
qua fuerat et erat notorie dictus Petrus, ausu temerario infringere<br />
non vercndo,et alias muttipliciter <strong>de</strong>ïinquendo,in dictorumque(sic)<br />
Petri, thessurarii et canonicorurn maximam injuriam, pejudicium<br />
atque dampnum. .Preterea proponebant quod hujusmodi<br />
ma<strong>le</strong>ficiis ad prepositi nostri Parisiensis noticiam <strong>de</strong>volutis, i<strong>de</strong>m<br />
prepositus, ut suc incubuerat ofllcio, coram ipso dictum Jacobum,<br />
pluries se per <strong>de</strong>bita et competencia intervalla, et in loris assuetis,<br />
sub pena bannimenti, fecerat evocari, et quia non venerat sed comparere'<br />
èontempserat, ipso, suis exigentihus contumaciis et <strong>de</strong>fectibus,<br />
per sentenciam sive judicium dicti prepositi, a regno nostro<br />
exciusus fuerat et bannitus. Et idcirco petebant et requirebant,<br />
vi<strong>de</strong>licet dicti Petrus, thesaurarius et canonici, predictum Jacohum<br />
erga ipsos in emenda honorabiti, notahili et publica, tant in<br />
dicta nostra curia quam super iocum uhi dictus Petrus vulneratus<br />
extiterat, ut prefertur, ad arbitrium dicte nostre curie facienda, et<br />
ergs dictum Petrum in emenda utili mil<strong>le</strong> librarum Parisiensium,<br />
in suisque dampnis et interesse, et ad ponendum in dicta capella<br />
ymagines argenteas ad perpetuam memoriam predictorum, necnon<br />
erga dictes thesaurarium et canohicos in emenda proflcua<br />
mil<strong>le</strong> librarum Parisiensium, ac in ipsorum Petri, thesaurani<br />
et canonicorum expensis, in prosecucione premissorum factis<br />
et faciendis, et ad tenendum carcerem firmatum douce <strong>de</strong> premissis<br />
satisheret, con<strong>de</strong>mpnari et con<strong>de</strong>mpnatum comelli, ac <strong>de</strong><br />
omnibus ois propter hoc adjudicandis sibi <strong>de</strong> et super bonis dicti<br />
Jacobi satisheri p!enarie, penitus et ante omrjem adjudicacionem,<br />
confiscacionem vel emendam, nob<strong>le</strong>; aut quibuscumque alus prop-<br />
1. Registre :cemperare.
- 28 -<br />
ter bec faciendam. Petebat .insuper dictus procurator noster quod<br />
dictas Jacobus, attentis premissis, unacum certa confessione per<br />
eum curare certis nostris et predicte oestre curie consitiariis <strong>de</strong> et<br />
super predictis ma<strong>le</strong>ficiis spontance facta, incorpore et in bonis<br />
erga nos, vel saltem in amissione vol abscisione pugni aut alias<br />
ad arbitrium dicte nostre curie con<strong>de</strong>mpnaretur et puniretur, ad<br />
hujusmodi fines factis et racionibus predictis et nonnullis allis<br />
p<strong>le</strong>nius al<strong>le</strong>gatis. Dicte Jacobo <strong>de</strong> Carnoto ex adverse proponente<br />
et dicente quod ipse, viginti duobus annis vol circiter élapsis,<br />
magister seu superior carpentarius noster continue fuerat et adhuc<br />
eiat, ipsumque tanquam ydoneum et bene meritum servientm<br />
nostrum armorum constitueramus, lèngoque tempore in domo<br />
carpentarie dicti palacii nostri murera pacificam traxerat, ac cum<br />
quadam uxore juvene et honesta, ab honestis et probisparentibus<br />
extracta, fuerat et erat conjugatus, cum qua vitam pacificain<br />
duxerat et ducebat; dicente eciam quod quodam sero ipse Jacobus,<br />
qui circi edificiorum nostrorum negocia vacaverat, ad donnera<br />
suam acce<strong>de</strong>ns, certam portam prions ingressus, ipsa bora claudi<br />
minime consuetam clausam invenerat etflrmatam. Ex cujus c!ausure<br />
festinacione dictus Jacohus admirans causam interrogaverat,<br />
oui dicta ejus uxor dixerat, respon<strong>de</strong>rat et asserucrat quod ipsam<br />
portant lune clausam et firmatam teneri fccerat et faciebat, ad<br />
finem quod dicte Petro <strong>de</strong> .Eelna et suis nunciis, si qui superveairent,<br />
<strong>de</strong>negaretur 'ici impediretur ingressus. Nam dictes Petros<br />
cana plur,ies per certes nuncios sues, tare juvenes c<strong>le</strong>nicos quam<br />
mulieres antiquas, requiri et exortari fecerat, ac per litteras ei<strong>de</strong>m<br />
uxori per ipsum super hoc transmissas requisivérat ut cum es carnali<br />
copula conimisceret. Vo<strong>le</strong>ns autem dicta uxor prefati Petri<br />
seducciones et requestas inhonestas evitare et probitatem suam<br />
juxta (<strong>le</strong>bitum matrimonium 4 fi<strong>de</strong>liter observare, dictant portam<br />
ante horam consuetam firmani et caudi fecerat. Mane autem ad ycniente,<br />
predicta uxor per prefatum Jacohum, ejus manitum, cum<br />
juramento requisita, verba predicta <strong>de</strong> dicte Petro et ejus sollicitaclone<br />
predicto Jacobo asse.ruerat esse vera. Ex quo dictus Jacobus<br />
intra se s ad iram commotus extiterat,sicut humana nature conjugatorum<br />
ad iram in talibus faciliter inclinatur. Die vero crastina,<br />
circa noctis crepusculum, prefatus Jacobus, intrans dicti palacii<br />
nostni portam, sperans ad domum suam acce<strong>de</strong>re, ut ibi<strong>de</strong>m more<br />
I. Sic juxta <strong>de</strong>bitum inatrimonil?<br />
2. Sur <strong>le</strong> registre, on lit plutôt introre, ce qui ne donne pas (<strong>le</strong> sent
- 29 -<br />
solito pernoctaret, nul<strong>le</strong>s armaturas habens vol <strong>de</strong>ferens, nec <strong>de</strong><br />
dicte Petro tente aliqualiter reco<strong>le</strong>us, ipsum Petrum' a casu, in planicie<br />
curtis scu ca]ceya dicti nostri palacli, reppererat, et eo vise<br />
verbisque uxoris sue, que vera credi<strong>de</strong>rat et cre<strong>de</strong>bat, mewoiter<br />
cogitatis, fremitu sanguinis interveniente, dictum Petrum quodain<br />
parvo cultello miniini valons, non periculoso, non cuspi<strong>de</strong>o, nec<br />
pro facto arinoruin preparato a]iqualitèr vol aptato, et absque insidUs,<br />
percusserat, nec propter hoc occi<strong>de</strong>ndi dictum Petrum habuerat<br />
voluntatem, dictoque Petro sic percusso ipso Jacobus ad portam<br />
2 dornus sue grosses sues paucis passibus direxerat. Timens<br />
tamen corporis capcionem, a palacie oestre predicto recesserat; et,<br />
tractu temporis penes germanum nostrurnacce<strong>de</strong>ns, ab en litteras,<br />
oobis directas, obtinuerat, cd bern quod hujusmodi factum remictenemus<br />
ei<strong>de</strong>m, sibique prefatns germanus noster dixerat ut penes<br />
nos absque timorejusticie reverteretur, regressuh securum ei verbaflter<br />
conce<strong>de</strong>ndo. Et hoc non obstante ipse ad nos propter hoc<br />
acce<strong>de</strong>us in villa Mel<strong>de</strong>nsi captes extiterat, dictumque bannum<br />
penitus ignoraverat et ignorabat, neque ad ipsius noticiam <strong>de</strong>venerat;<br />
dicente pretereaquod ex hujusmodi percussione sen <strong>de</strong>!icto<br />
<strong>le</strong>vi sen simplici subsequi non <strong>de</strong>bebat mortis punicio sen membri<br />
perdicio vol abscisio, aut quevis alia criniinalis punicio, actentis<br />
premissis per eum propositis, actento eciam quod dictus Petrus<br />
ex suis vuinerihus sanctus existebat cc notorie vigebat corporea<br />
sanitate, nec eciam in Ioco ipsius <strong>de</strong>licti dici sou notari poterat<br />
iminunitas, cure in aula vol alus Iocis ejus<strong>de</strong>m pa]aeii nostri,<br />
quibus erat imrnunitas predicta, nollatenus evenisseut, nec protunc<br />
personaliter resi<strong>de</strong>rernus in uostro palacio supradicto; dicente<br />
ulterius quod, supposito quod dictes Petrus ad prosequendum<br />
injuriam quam proponebat admitteretur, dieu tamen tbesaurarius<br />
et canonici <strong>de</strong> predietis nullam prosecucionem facere seu intentare<br />
poterant, nec ad hoc admitti <strong>de</strong>bebant, cure dictus Jacobus in<br />
predictis injuriam'seu mo<strong>le</strong>stacionem vel offensam eisinferre nultatenus<br />
cogitasset sou voluisset 3, vel aliqualiter intendisset. Quaro<br />
petebat dictes actores et precipue dictes thesaurarium et canonicos<br />
ad proposita et requesta per ipsos non admitti, ac eniendam,<br />
si que propter hoc contra ipsum adjudicaretur, minimam et civi<strong>le</strong>m,<br />
non autem crimina<strong>le</strong>m, et sine <strong>de</strong>tencione prisionis dici et<br />
1. Registre ipsum et Petrinu.<br />
2. Ibid. partein.<br />
3. Ibid voluissent.
- 30 -<br />
<strong>de</strong>clarari, eumqun a carcere liberari vol saltem elargari, quantpures<br />
raciones ad hos fines lacius al<strong>le</strong>gando.<br />
Super'quibus predictis et alus, que dicte partes hinc ja<strong>de</strong>, tam<br />
agePdc et <strong>de</strong>fen<strong>de</strong>nclo quant replicando et duplicândo, dicere,<br />
proponere, petere et requirere voluerint, dictis partibus ad p<strong>le</strong>num<br />
auditis et in arresto per dictam nostram cu rium appunctuatis,<br />
cure certas nostraà litteras c]ausas 1 dicte nostre curie,<br />
certis <strong>de</strong> causis nos ad hoc moventibus, mandassemus causant<br />
1ujusmodi judicari absque duai Jacobi morte seu perdicione mcmbrorum,<br />
et <strong>de</strong>in<strong>de</strong> per certas nostrgs litteras in fuis sentis et cera<br />
viridi sigillatas penam sen punicionem crimina<strong>le</strong>m, quant occasione<br />
premissorum erga nos pottierat incurrisse vol incidisse, <strong>de</strong><br />
certa nostra sciencia et auctoritate regia graciaque speciali convertissemus<br />
sert rnuta'vissemus in civi<strong>le</strong>m, dictumquc bannum<br />
une eum omnibus mUe secutis aduullassemus omnino, procuratori<br />
nostro su<strong>le</strong>ncium perpctuum super hoc imponendo, et dictum<br />
Jacobum ad regnum nostrum bonamque famam suant ac bona<br />
sua non confiscata reponendo, hoc ,nediante quod ipso Jacobus<br />
dicte procuratori nostro et prefatis Petro, thesaurariO et canonicia<br />
emendam so<strong>le</strong>nnem et notabi<strong>le</strong>m faceret et prestaret, dictoque<br />
Petro <strong>de</strong> eue interese satisfaceret, ad arbitrium nostre curie<br />
supradidte, prout premissa in eis<strong>de</strong>m nostris litteris p<strong>le</strong>nius sont<br />
expressa; quas qui<strong>de</strong>m ]itteras nostras dicta nostra caria predictis<br />
actoribus ostendi fecisset ut cas impugnarent, et contra ipsas et<br />
Parom tenorem et effectum dicerent et proponerent quidquid ais<br />
vi<strong>de</strong>retur expedire, prefatis actoribus respou<strong>de</strong>ntibus et, dicentiL<br />
bus quod, lien dicte nostre littere veritatem dictoruin rna<strong>le</strong>6cuorum<br />
non continerent, sed subrepticie pluribus causis et racionibus<br />
dici sen judicari <strong>de</strong>berent, ipsi tamen pro expedicione hujusmcdi<br />
negocii no<strong>le</strong>ntes se longis sen prolixis litigiis involvere nec<br />
audienciam curie nostre propter hoc occupare, <strong>de</strong> et super tenore<br />
predictarum nostrarum litûcrarum ac super eorum jure in predictis<br />
discrecioni, disposicioni et ordinacioni ejus<strong>de</strong>m rustre curie<br />
se totaliter submittehant 2, jus super premissis sibi fieri cure<br />
instancia requirendo. Tan<strong>de</strong>m, auditis dictis partibus in omnibus<br />
que circa premissa dicere et proponere voluerunt, visisque<br />
per dictam nostram curiam banniunento et litteris uostris, <strong>de</strong><br />
quibus superius habetur mencio, unacum predicti Jacobi et Guiote,<br />
I. Registre causas.<br />
2. Ibid subrnittebat.
- 31 -<br />
uxoris sue, per ipsam curiam nostram ex oflicio super predittis<br />
examinatorum, <strong>de</strong>posicionibus seu confessionibus, consi<strong>de</strong>ratisque<br />
et rdtentis matera <strong>de</strong>liberacione omnibus circa hoc atten<strong>de</strong>ndis<br />
et que (lictam nostram curiam movere poterant et <strong>de</strong>hebant, prodicta<br />
nostra curia, litteris nostris antedictis, ci<strong>de</strong>m Jacobo <strong>de</strong><br />
Carnoto, ut predicitur, concesais, obtemperando, prefatum Jacohum<br />
ad faciendum, plicanduin et gagiandum emendam honorabi<strong>le</strong>in<br />
et puhiicam, in tunica sine capucio et zona, f<strong>le</strong>xisque<br />
genibus, tam in dicta nostra curia predictis procuratori nostro,<br />
.Petro <strong>de</strong> Beina, thesaurario et canonicis, quam super locum ubi<br />
dictes Petrus vuineratus extitit, ut prefertur, cis<strong>de</strong>m Petro, thcsaurario<br />
et canonicis, necnon; erga dictum Petrum <strong>de</strong> Beina, pro<br />
suis injuriis, dampnis, interesse et expensis, in somma quingentarum<br />
4 librarum turonensium et ad tenenduin carcereni firmatuni<br />
quousque <strong>de</strong> ipsa summa p<strong>le</strong>narie satisfecerit, et erga nos<br />
in emenda mil<strong>le</strong> librarum turonensium per arrestum con<strong>de</strong>mpuavit<br />
et con<strong>de</strong>mpnat.<br />
Ejuendas autem honorabi<strong>le</strong>s antedictas i<strong>de</strong>m Jacobus modo,<br />
forma et locis antedictis gagiavit atque fecit. Ordinavit eciam et<br />
ordinaL dicta caria nostra quod <strong>de</strong> et super bonis dicti Jacobi lieret<br />
executio et dicte Petro iategra satisfactio <strong>de</strong> dictis quingentis<br />
libris, primitus et antequam pro nehis occasions predicte ernen<strong>de</strong><br />
nostre super ipsis bonis aliquid exigatur seu <strong>le</strong>vetur. Et unacum<br />
hoi prefatum Jacobum ab babitacione et mansione palacii nostri<br />
predicti et c]ausure seu circuitus ejus<strong>de</strong>m per i<strong>de</strong>m arrestum perpetue<br />
expulit et privavit, et expellit atque privat.<br />
Pronunciatum XXII!' die junii W CGC LXXIXo,<br />
Tu.<br />
(AMI. nat., X 1471, fol. 220 V'; 7juil<strong>le</strong>t 1379.)<br />
COSHIE.<br />
Ce jour, maistre .Perre <strong>de</strong> Beaune, chantre <strong>de</strong> la Saincte-Chappel<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> Paris, a consenti que Jaques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, <strong>charpentier</strong>,<br />
soit elargis en tant que li touche jusques au vendredi après la<br />
Toussains prochain avenir, senz prejudice <strong>de</strong> son arrest, et lors<br />
pourra faire executer son arrest, comme il eut peu faire par avant.<br />
1. Registre quingarum.<br />
2. Ibid. satislhcerit.
- 32 -<br />
1V.<br />
(Areb. ruai, x.A lii, fol. 88; 8juil<strong>le</strong>t I379.<br />
Jaques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, <strong>charpentier</strong>, prisonnier au Chastel<strong>le</strong>t <strong>de</strong><br />
Paris pour la somme <strong>de</strong> V' francs, adjugée à maistre Pierre <strong>de</strong><br />
Beaune, chantre <strong>de</strong> la chapel<strong>le</strong> roya<strong>le</strong>, et pour la somme <strong>de</strong><br />
mil francs adjugée au Boy nostre sire, par arrest <strong>de</strong> ceans, pronuncié<br />
<strong>le</strong> xxiii jour <strong>de</strong> juing <strong>de</strong>rr. passé, est eslargis parmi La<br />
vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris jusques au 'vendredi après la Toussains prochain<br />
venant, du consentement du dit <strong>de</strong> Beaune et par vertu {<strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres<br />
<strong>de</strong> nos seigneurs <strong>le</strong>s conseiltiers sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>inainne et tresoriers <strong>de</strong><br />
France. Et est cest eslargissement enregistré ou registre ciil <strong>de</strong><br />
ceans et aussi par <strong>de</strong>vers <strong>le</strong> prevost <strong>de</strong> Paris.<br />
En marge « Eslargissement. »<br />
V.<br />
(Àrch. nat., X2 10, fût. 92; 3 novembre 1379.)<br />
Jaques <strong>de</strong> <strong>Chartres</strong>, <strong>charpentier</strong> du Roy nostre sire, qui sest<br />
rendu prisonnier ou Chastel<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Paris, pour <strong>le</strong>s sommes adjuger<br />
au Boy et à maistre Pierre <strong>de</strong> Beaune, comme il est escripi<br />
cy <strong>de</strong>ssus, <strong>le</strong> nu' jour <strong>de</strong> juil<strong>le</strong>t, consi<strong>de</strong>rd <strong>le</strong> consentement du dit<br />
(<strong>le</strong> Beaune, qui en ce s'est consentis par <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres que <strong>le</strong> Boy lia<br />
escriptez sur ce, consi<strong>de</strong>ré aussi que <strong>le</strong> Roy veuit son e'dargisement,<br />
pour entendre à ses ouvragez, si comme Le prr'vost <strong>de</strong><br />
Paris <strong>le</strong> m'a fait relater par Andrieu <strong>le</strong> Preus, suit est<br />
eslargis parmi la vil<strong>le</strong> et <strong>de</strong><strong>de</strong>ns <strong>le</strong>s basti<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Paris jusques à<br />
<strong>le</strong>n<strong>de</strong>main <strong>de</strong> Quasimodo prochain venant, en La Inaniere et souz<br />
Les submissions et obtigacions qu'il est escript cy <strong>de</strong>ssus e dit<br />
y"0 jour <strong>de</strong> juil<strong>le</strong>t.<br />
En marge « Eslargissement.<br />
Nogent-<strong>le</strong>-Rotrou, imprimerie DAapsLny_GOUS'L(SEITR