PHILOSOPHIE - Cours Legendre
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<strong>PHILOSOPHIE</strong><br />
b) Quels bénéfices l’homme retire-t-il de cette posture ?<br />
Sujet 24<br />
En n’accordant pas la conscience à l’animal, il ne le prive pas de celle-ci, il ne<br />
la lui reconnaît pas (redéfinition du terme «prive»).<br />
Sur le plan pratique, il peut utiliser l’animal comme moyen en vue de ses<br />
propres fins (utilisation en vue de ses propres besoins fondamentaux, mais aussi<br />
comme instrument de travail, objet de recherches scientifiques, exutoire à sa<br />
violence).<br />
Sur le plan intellectuel, il fait de la conscience le seul propre de l’homme qui<br />
justifie alors sa supériorité sur tous les plans, allant jusqu’à refuser l’humanité à<br />
ceux qui n’ont pas la même façon de vivre, de penser, de croire (ethnocentrisme,<br />
Lévi-Strauss).<br />
Il tire orgueil et puissance de cette position conférée et légitimée non<br />
seulement par la conscience mais aussi par une certaine nature de conscience<br />
Il n’accorde aucun intérêt et aucune valeur à ce qu’il pourrait observer s’il<br />
n’était doté de préjugés solidement ancrés.<br />
Il se dispense alors de penser l’animal, de repenser le statut de celui-ci, de sa<br />
position à son égard, et par là même se dispense de remettre en question ce qui le<br />
fait homme et «humain». A quoi renvoie une telle attitude ?<br />
c) Que nous révèle cette attitude de l’homme envers l’animal ?<br />
Une attitude d’abord intellectuelle : comprendre ce qu’est l’homme et définir<br />
des caractéristiques qui lui seraient propres (nécessité de classifier, ordonner le<br />
vivant) et établir des hiérarchies.<br />
Sur le plan des croyances : nécessité de se croire (et non de se penser) audessus<br />
des autres éléments de la nature (être un empire dans un empire, ce que<br />
contestera Spinoza).<br />
Doter l’homme d’une faculté royale : celle de pouvoir se penser, et disposer<br />
dès lors d’une maîtrise sur lui et son avenir (question du libre-arbitre).<br />
L’impossibilité de concevoir des formes de conscience autres que celles<br />
traditionnellement analysées : conscience comme faculté de se penser, de se<br />
remettre en question, de s’exprimer avec des mots.<br />
La théorie darwinienne, considérée comme la «deuxième blessure<br />
narcissique» par Freud, est encore mal acceptée pour beaucoup, précisément<br />
parce qu’elle décentre l’homme et le fait chuter dans l’ordre animal.<br />
3) Conclusion<br />
« Pourquoi refuser la conscience à l’animal ?» Question essentielle portant sur le<br />
statut de l’animal, mais bien plus fondamentalement sur celui de l’homme. La<br />
conscience de soi, avec ses possibilités de questionnement sur soi et sur le monde, de<br />
maîtrise de soi et de son avenir, d’expression de soi et de communication avec autrui,<br />
semble être l’ultime frontière qui sépare l’homme de l’animal. Dénier à celui-ci le<br />
pouvoir de se penser, de communiquer, c’est se conforter dans l’idée, peut-être la<br />
dernière illusion humaine, d’être à part, un élu, un fils du démiurge ou démiurge soimême.<br />
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