FRANÇAIS - Cours Legendre

5 FRANÇAIS
ème Sujet 87
Durée : 2 heures
(1 ère partie)
Enoncé du devoir _______________________________________________
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LE LION DOMPTÉ
Le chevalier Yvain avait promis à Laudine de revenir au bout d’une année mais, trop occupé à
tournoyer, il oublie sa promesse et ne rentre pas à la date fixée. Laudine envoie une jeune fille dénoncer
cette trahison devant la cour du roi Arthur et récupérer la bague qu’elle avait confiée à Yvain. Elle ne
veut plus le revoir. Fou de douleur, Yvain erre et tombe inanimé dans une forêt. Il est secouru par un
ermite, puis il est recueilli et soigné par la dame de Noroison, la châtelaine de l’endroit. Pour la
remercier, Yvain la défend contre les attaquants mais refuse de l’épouser car il est toujours amoureux
de Laudine. Il reprend sa route.
Messire Yvain cheminait 1 pensif par la forêt profonde. Il erra tant qu’il ouït au loin
un long cri douloureux. Il se dirigea de ce côté, et il vit dans un essart un lion aux prises avec
un serpent qui vomissait des flammes ; le serpent l’avait saisi par la queue, et il lui brûlait
toute l’échine. Messire Yvain ne regarda pas longtemps cette merveille. Il se demanda auquel
des deux il aiderait, et il se décida pour le lion, car on ne doit faire de mal qu’aux êtres
venimeux et pleins de félonie 2 . Aussi tuera-t-il tout d’abord le serpent ; si le lion l’assaille
ensuite, il le trouvera prêt à la bataille, mais quoi qu’il advienne 3 , messire Yvain portera
secours à la noble bête, comme la pitié l’y invite.
Il tira l’épée, mit l’écu devant sa face pour se garantir du feu que le serpent ruait 4 par
la gueule, plus large qu’une oule 5 , et il frappa, et il attaqua la bête félonne : il la trancha en
deux moitiés et frappa et refrappa tant qu’il la dépeça 6 en mille morceaux. Mais pour
délivrer le lion, il dut lui couper un morceau de la queue.
Il crut que le lion allait fondre 7 sur lui, et il se prépara à se défendre. Mais cette idée
ne vint pas au lion. Oyez ce que fit la bête franche et débonnaire 8 . Elle tint ses pieds étendus
et joints, et sa tête inclinée vers la terre, et s’agenouilla par grande humilité, mouillant sa face
de larmes.
Messire Yvain comprit que le lion le remerciait d’avoir tué le serpent, et de l’avoir
délivré de la mort. Cette aventure lui plut fort. Il essuya son épée pleine de venin et de bave,
et l’ayant reboutée au fourreau, il se remit à la voie 9 . Alors le lion s’en fut à ses côtés, et le
suivit car il ne veut plus se séparer de son sauveur : il le gardera et le servira fidèlement toute
sa vie.
Chrétien de Troyes
1 cheminait : marchait.
2 félonie : traîtrise.
3 advienne : arrive.
4 ruait : lançait violemment.
5 oule : marmite.
6 dépeça: coupa.
7 fondre : se jeter.
8 débonnaire : bonne.
9 se remit à la voie : se remit en route.
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ème Sujet 87
Durée : 2 heures
I COMPREHENSION (un point sera donné si les réponses sont correctement rédigées)
Le narrateur et l’action.
1) Quel est le statut du narrateur ? Justifie. (1 point)
2) Relève une expression qui montre que les destinataires du roman sont des auditeurs et
non des lecteurs. (1 point)
3) Donne le schéma narratif du texte. (2 points)
Le parcours du chevalier.
4) Pourquoi Yvain intervient-il en faveur du lion ? Justifie. (1 point)
5) Le texte s’intitule «Le lion dompté». Explique pourquoi. (1 point)
6) De quelles qualités Yvain fait-il preuve lorsqu’il intervient ? Justifie. (2 points)
7) En quoi Yvain représente-t-il le parfait chevalier ? Justifie. (2 points)
Les symboles et le merveilleux.
8) Quelle est la particularité du combat dans lequel Yvain intervient ? (1 point)
9) Relève les mots et expressions qui désignent et caractérisent le serpent puis le lion.(2 points)
10) A quel animal merveilleux le serpent te fait-il penser ? (1 point)
11) De quoi le serpent est-il le symbole ? Quel texte fondateur en est à l’origine ? (1 point)
12) Face au serpent, de quoi le lion est-il le symbole ? (1 point)
13) Dis en quoi le lion se comporte comme un animal mais aussi comme un humain.(1,5 points)
14) Précise les relations et les sentiments qui s’instaurent entre Yvain et le lion. (1,5 points)
II ORTHOGRAPHE / GRAMMAIRE
Exercice 1 __________________________________________________________________
Dans le texte suivant, souligne tous les verbes conjugués : entoure le sujet correspondant. (5 points)
Lancelot et son compagnon arrivent chez la tante de ce dernier, qui les logera pendant le tournoi…
Quand ils furent descendus de cheval et que la dame reconnut son neveu, elle l’accueillit
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avec une joie sans pareille, car elle ne l’avait pas vu depuis son adoubement 1 . «Cher neveu,
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lui dit-elle, où avez-vous été depuis que je ne vous ai vu, et où avez-vous laissé votre frère ?
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Ne viendra-t-il pas à ce tournoi ? – Non, dame, il ne peut pas, nous l’avons laissé chez nous un peu
souffrant.»
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1 Cérémonie qui donne le statut de chevalier.
LA MORT DU ROI ARTHUR (1215-1235), § 16,
traduction de Marie-Louise Ollier, © Éditions 10/18, 1992.
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ème Sujet 87
Durée : 2 heures
Exercice 2 __________________________________________________________________
Donne la nature et la fonction des groupes soulignés (5 points)
Yvain est parti seul pour venger l’honneur de son cousin Calogrenant, battu par un chevalier.
Il retrouve sur son chemin les différents éléments que Calogrenant avait rencontrés avant son combat.
Il arriva le lendemain aux champs défrichés, ...................................................................................................................................................................
et il vit les taureaux et le rustre 1 , .....................................................................................................................................................................................................
qui lui indiqua le chemin. ........................................................................................................................................................................................................................
Cependant il se signa plus de cent fois
de l’étonnement qu’il éprouva, .........................................................................................................................................................................................................
en voyant comment Nature avait su produire ................................................................................................................................................................
une œuvre aussi laide et aussi hideuse ....................................................................................................................................................................................
Puis il se dirigea jusqu’à la fontaine ............................................................................................................................................................................................
et il vit tout ce qu’il voulait voir .......................................................................................................................................................................................................
1 Paysan qui garde du bétail.
CHRETIEN DE TROYES (environ 1135-1183),
Le Chevalier au Lion ou le roman d’Yvain (environ 1177), § 791-799,
traduction de David F. Hult, © Librairie générale française, 1994.
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5 FRANÇAIS
ème Sujet 87
Durée : 2 heures
(2 ème partie)
Aide méthodologique ___________________________________________
Chapitres et leçons à connaître ou à réviser :
- Savoir repérer un verbe et son sujet
- Savoir donner la nature et la fonction d’un mot ou d’un groupe de mots
Pièges et erreurs à éviter :
- Il faut bien lire le texte plusieurs fois et ne pas se précipiter, après une seule lecture, sur les
questions de compréhension. Imprègne-toi bien du texte.
Les bonnes questions à se poser face au sujet :
- Lis bien toutes les questions afin de ne pas répondre, de manière anticipée, à une question à
venir. Cela t’évitera de te répéter ensuite. Essaie de deviner ce que l’on veut te faire dire.
- Les titres qui précèdent les séries de questions te donnent parfois des indices sur les réponses
attendues.
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ème Sujet 87
Durée : 2 heures
(3 ème partie)
Corrigé du professeur ____________________________________________
I COMPREHENSION
Le narrateur et l’action
1) Le narrateur est omniscient dans ce texte. En effet, la personne employée est
« il ». (3 ème personne du singulier) et celui qui l’utilise n’est pas un personnage de
l’histoire.
2) L’expression qui montre que les destinataires du roman sont des auditeurs et non
des lecteurs est « Oyez ce qui fit la bête… » (L.12). « Oyez » est l’impératif du
verbe ouïr, issu du latin audire et qui signifie « entendre ».
3) Le schéma du texte est le suivant :
- Situation initiale : annoncée dans le chapeau avec la phrase « Il reprend sa
route », on peut considérer qu’elle se limite à la première phrase du texte :
« Messire Yvain cheminait pensif par la forêt profonde. ».
- Elément perturbateur : de la ligne 1 (« Il erra tant qu’il ouït ») à la ligne 7
(« la pitié l’y invite »). Yvain est interpellé par des cris et observe la situation
avant de passer à l’action.
- Péripéties : de la ligne 8 (« Il tira l’épée ») à la ligne 13 (« mouillant sa face de
larmes »). Yvain attaque le serpent, délivre le lion et celui-ci lui signifie sa
reconnaissance.
- Elément de résolution : de la ligne 14 (« Messire Yvain ») à la ligne 16 (« il se
remit à la voie »). Yvain comprend qu’il n’a rien à craindre du lion et range
son épée, le conflit est terminé.
- Situation finale : la dernière phrase du texte, lignes 16-17. Yvain quitte les
lieux, accompagné du lion.
Le parcours du chevalier
4) Des deux animaux, c’est le serpent qui est venimeux et perfide. Or Yvain n’a le
droit d’attaquer que ce type d’animaux : « car on ne doit faire de mal qu’aux êtres
venimeux et pleins de félonie » (l.4-5). Par la suite, Yvain envisage de se défendre
si le lion l’attaque, mais la démarche est alors différente.
5) Après qu’ Yvain lui ait sauvé la vie, le lion s’incline de lui-même. Il accomplit ce
geste sans qu’ Yvain ne le lui ait demandé, c’est un acte de respect et de
soumission : le lion « tint ses pieds étendus et joints, et sa tête inclinée vers la
terre, et s’agenouilla par grande humilité ».
6) Lorsqu’ Yvain intervient, il fait preuve de spontanéité et de vaillance. En effet,
celui-ci décide très vite de secourir le lion mal en point alors qu’il ne s’agit pas
d’un combat entre humains. Pourtant sa réaction est immédiate, car cela fait
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ème Sujet 87
Durée : 2 heures
partie des codes de la chevalerie que de défendre un être en détresse : « Messire
Yvain ne regarda pas longtemps cette merveille ».
D’autre part, après avoir observé la situation, il passe à l’action sans se demander
si cela peut être dangereux pour lui. Son courage le pousse à agir, malgré le « feu
que le serpent ruait par la gueule ». Ainsi, les verbes d’actions montrent son
combat : « attaqua », « trancha », « frappa », « refrappa » (L.10)…
7) Yvain représente le parfait chevalier dans la mesure où il vient au secours des
êtres démunis ou en danger. Dans le chapeau du texte, cette idée était déjà
exprimée (avec la dame de Noroison), elle l’est à nouveau avec le lion auquel il
sauve la vie. Ainsi, il se bat, sans craindre la mort, il est fidèle à son serment. Un
chevalier est adoubé et alors chargé de respecter à jamais un code précis
(combattre la corruption, être loyal, respecter les valeurs religieuses…). En outre,
il ne tue pas aveuglément, comme on l’a vu (cf L.4-5). Il ne s’attaque qu’aux êtres
mauvais et menaçants.
Les symboles et le merveilleux
8) La particularité du combat dans lequel Yvain intervient est qu’il oppose deux
animaux et non deux êtres humains. En outre, l’un des deux, le serpent, n’est pas
un animal qui appartient au monde réel (celui-ci crache du feu).
9) Les mots et expressions qui désignent le serpent sont : « êtres venimeux et pleins
de félonie » (L.5), « bête félonne » (L.9). Ceux qui désignent le lion sont : « noble
bête » (L.7), « bête franche et débonnaire » (L.12), « grande humilité » (L.13).
10) Le serpent fait ici penser au dragon, animal merveilleux par excellence : « un
serpent qui vomissait des flammes » (L.2-3).
11) Le serpent est le symbole du diable, du mal en général. Il rappelle le serpent du
jardin d’éden, celui qui incita Eve à manger le fruit interdit. Il est l’image de la
tentation et de la perfidie. Ce récit fait partie de la Genèse, texte capital de la Bible.
12) Le lion, lui, est le symbole de la sagesse et du pouvoir. Ici, il est aussi caractérisé
par sa noblesse et sa fidélité (« noble bête », « il […] le servira fidèlement toute sa
vie »).
13) Le lion se comporte comme un animal en ce qu’il suit Yvain à la manière d’un
chien fidèle à son maître. En outre il est doté d’une « queue » (L.3 et 10) et d’une
« échine », attributs typiques du lion. Cependant, il se comporte également
comme un humain car on le voit pleurer : « mouillant sa face de larmes » et le
narrateur nous parle de ses « pieds » (L.12).
14) Après le geste spontané et désintéressé d’Yvain, le lion lui voue une éternelle
reconnaissance en se mettant à son service. Le lion décide en effet de lui rester
fidèle afin de pouvoir peut-être un jour le secourir à son tour : « il ne veut plus se
séparer de son sauveur : il le gardera et le servira fidèlement toute sa vie ». C’est
un rapport de confiance et d’entraide qui se tisse dès lors entre eux.
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ème Sujet 87
II QUESTIONS DE GRAMMAIRE
Durée : 2 heures
Exercice 1 __________________________________________________________________
VERBES SUJETS
« arrivent » « Lancelot et son compagnon »
« logera » « qui » (mis pour « tante »)
« furent descendus » « ils »
« reconnut » « dame »
« accueillit » « elle »
« avait vu » « elle »
« dit » « elle »
« avez été » « vous »
« ai vu » « je »
« avez laissé » « vous »
« viendra » « il »
« peut » « il »
« avons laissé » « nous »
Exercice 2 __________________________________________________________________
NATURE FONCTION
« les taureaux » Groupe nominal C.O.D. de « vit »
« lui » Pronom personnel tonique
(3ème personne du singulier)
C.O.S. de « indiqua »
« le chemin » Groupe nominal C.O.D. de « indiqua »
« produire une
œuvre aussi laide
et aussi hideuse »
Groupe infinitif C.O.D. de « avait su »
« tout ce qu’il Proposition subordonnée C.O.D. de « vit »
voulait voir » complétive
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