PHILOSOPHIE - Cours Legendre
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T le ES<br />
<strong>PHILOSOPHIE</strong><br />
Sujet 24<br />
(1 ère partie)<br />
Enoncé du devoir ________________________________________________<br />
SUJET : Pourquoi prive-t-on l’animal de conscience ?<br />
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T le ES<br />
<strong>PHILOSOPHIE</strong><br />
Sujet 24<br />
(2 ème partie)<br />
Aide méthodologique ____________________________________________<br />
1) Thèmes à exploiter<br />
La conscience, le langage<br />
2) Les pièges et erreurs à éviter<br />
Axer uniquement le développement sur les recherches scientifiques actuelles concernant<br />
l’animal et énumérer des exemples tendant à affirmer que l’animal « pense »<br />
3) Les bonnes questions à se poser face au sujet<br />
S’interroger sur le sens du pourquoi : devons nous comprendre le « pourquoi » dans sa<br />
dimension causale autrement dit quelles sont les causes qui expliqueraient cette attitude de<br />
l’homme face à l’animal ? Pouvons-nous également appréhender le « pourquoi » en faisant<br />
référence aux buts et enjeux (« pour quoi », en vue de quoi, quels sont les apports d’une telle<br />
position et pour qui ?)<br />
Le « on » requiert une attention particulière : que recouvre ce « on » ? S’agit-il des hommes en<br />
général (nous les hommes, hommes contemporains comme ceux du passé), de quelques uns en<br />
particulier ? Si oui qui sont-ils ? Des philosophes ? Des religieux ? Des savants ? Mais<br />
surgissent les questions suivantes, à examiner ultérieurement : avancent-ils des preuves<br />
indubitables, ou bien ont-ils une telle position au regard de leurs valeurs (lesquelles ?) de<br />
leurs préjugés (acceptation de normes, critères et valeurs sans remise en question) ?<br />
Mais au-delà de ces questions d’ensemble et valables pour tout énoncé qui comporterait ces<br />
termes, il convient d’approfondir le libellé. En effet, si « on » prive l’animal de conscience cela<br />
suppose une action délibérée, la volonté de supprimer, d’ôter quelque chose à quelqu’un qui a<br />
cette chose ou qui pourrait en disposer. Ainsi, le présupposé qu’induit le verbe d’action<br />
« priver » laisserait entendre que l’animal aurait bel et bien cette conscience. Or ce présupposé<br />
est lui aussi à questionner.<br />
Enfin l’animal pourrait paraître un sujet d’interrogation bien peu intéressant pour un sujet de<br />
philosophie si nous ne le rapprochions de l’homme. Autrement dit, quel intérêt pouvons nous<br />
dégager de la comparaison (classique) entre l’homme et l’animal ? Qu’est-ce que cela peut<br />
nous apprendre non sur l’animal en tant que tel, mais sur l’attitude intellectuelle et pratique<br />
de l’homme vis-à-vis de l’animal ?<br />
Si l’on résume succinctement le bilan de cette analyse, nous voyons émerger des directions ou<br />
des axes importants constitutifs de notre développement : quelles sont les raisons qui<br />
justifient la négation de la conscience animale ? (Nous débutons par cette approche parce<br />
qu’elle se révèle à la fois traditionnelle et évidente). Quels sont alors les bénéfices d’une telle<br />
position pour l’homme ? (Nous examinons l’impact sur l’homme et pour l’homme de cette<br />
négation posée a priori). Que révèle cette position, de l’homme ? (Nous élargissons le débat en<br />
montrant sur quoi -valeurs, préjugés, critères, mentalités- repose une telle attitude).<br />
L’introduction présente une problématique (issue de l’analyse de la question) inscrite dans un<br />
contexte. Cette introduction peut opposer des points de vue, des thèses, des situations, faire<br />
référence à des aspects communs afin de les relativiser, ou bien partir de la doxa pour en<br />
montrer les limites.<br />
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T le ES<br />
<strong>PHILOSOPHIE</strong><br />
Sujet 24<br />
(3 ème partie)<br />
Corrigé du professeur_____________________________________________<br />
PLAN DETAILLE<br />
Voici un exemple possible d’introduction pour ce sujet et les axes choisis.<br />
1) Introduction<br />
« Qu’est-ce que l’homme ? » est une des questions fondamentales de la<br />
philosophie avant de devenir le sujet central de toutes les sciences. Afin<br />
d’appréhender cet homme si énigmatique, il semble légitime de le comparer à<br />
l’animal, autre créature vivante et douée de mouvement. Dès lors, au-delà des<br />
caractères semblables, apparaît un critère spécifique à l’homme, propre à en faire sa<br />
marque distinctive : la conscience et ce qui en relève, le langage.<br />
Cependant, si la philosophie, quoique reconnaissant à l’homme une part<br />
d’animalité -concernant ses besoins, notamment- s’en est tenue longtemps à cette<br />
position, rejoignant en cela les religions monothéistes, les travaux de Darwin ont non<br />
seulement brisé la séparation nette entre homme et animal, mais ont contribué à<br />
ouvrir des espaces de recherches novatrices sur l’animal. Ainsi, les frontières<br />
deviennent de plus en plus floues et les critères distinctifs moins patents. Toutefois,<br />
ce n’est pas tant de cette conscience animale qu’ il est question ici que des raisons,<br />
multiples, pour lesquelles le penseur s’est refusé (et se refuse encore) à concevoir une<br />
conscience chez l’animal. Autrement dit, ce n’est pas la légitimité d’une telle position<br />
qu’il faut examiner. Mais bien : qu’apprenons nous sur les modalités de la réflexion<br />
humaine par le biais de sa conception de l’animal ?<br />
2) Développement<br />
a) Pour quelles raisons l’homme n’accorde-t-il pas de conscience à l’animal ?<br />
Contrairement à l’homme, qui construit sa société et la fait évoluer en<br />
réfléchissant sur le bien ou mieux vivre ensemble, sur le Droit et par le biais des<br />
lois, l’animal est inscrit d’emblée dans une organisation structurée et identique<br />
(Aristote).<br />
L’animal n’est pas doté de langage, or l’homme parle parce qu’il pense<br />
(Descartes).<br />
Si l’animal ne peut évoluer c’est parce qu’il n’a pas conscience de ce qui était<br />
ou est ou deviendra. Pas de conscience temporelle et historique : il est<br />
anhistorique et incapable de perfectibilité (Rousseau).<br />
Sur le plan religieux, le monothéisme, s’appuyant sur la Genèse, considère<br />
l’homme comme un être élu, la dernière création de la puissance divine, placé audessus<br />
des autres, au centre de l’univers.<br />
Observations empiriques et mythe religieux s’accordent pour reconnaître à<br />
l’homme une place et nature spécifiques dans le règne du vivant. La conscience<br />
devient alors le critère de choix instituant une séparation homme-animal. Dès<br />
lors, les positions philosophiques et religieuses génèrent de multiples<br />
conséquences et enjeux.<br />
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T le ES<br />
<strong>PHILOSOPHIE</strong><br />
b) Quels bénéfices l’homme retire-t-il de cette posture ?<br />
Sujet 24<br />
En n’accordant pas la conscience à l’animal, il ne le prive pas de celle-ci, il ne<br />
la lui reconnaît pas (redéfinition du terme «prive»).<br />
Sur le plan pratique, il peut utiliser l’animal comme moyen en vue de ses<br />
propres fins (utilisation en vue de ses propres besoins fondamentaux, mais aussi<br />
comme instrument de travail, objet de recherches scientifiques, exutoire à sa<br />
violence).<br />
Sur le plan intellectuel, il fait de la conscience le seul propre de l’homme qui<br />
justifie alors sa supériorité sur tous les plans, allant jusqu’à refuser l’humanité à<br />
ceux qui n’ont pas la même façon de vivre, de penser, de croire (ethnocentrisme,<br />
Lévi-Strauss).<br />
Il tire orgueil et puissance de cette position conférée et légitimée non<br />
seulement par la conscience mais aussi par une certaine nature de conscience<br />
Il n’accorde aucun intérêt et aucune valeur à ce qu’il pourrait observer s’il<br />
n’était doté de préjugés solidement ancrés.<br />
Il se dispense alors de penser l’animal, de repenser le statut de celui-ci, de sa<br />
position à son égard, et par là même se dispense de remettre en question ce qui le<br />
fait homme et «humain». A quoi renvoie une telle attitude ?<br />
c) Que nous révèle cette attitude de l’homme envers l’animal ?<br />
Une attitude d’abord intellectuelle : comprendre ce qu’est l’homme et définir<br />
des caractéristiques qui lui seraient propres (nécessité de classifier, ordonner le<br />
vivant) et établir des hiérarchies.<br />
Sur le plan des croyances : nécessité de se croire (et non de se penser) audessus<br />
des autres éléments de la nature (être un empire dans un empire, ce que<br />
contestera Spinoza).<br />
Doter l’homme d’une faculté royale : celle de pouvoir se penser, et disposer<br />
dès lors d’une maîtrise sur lui et son avenir (question du libre-arbitre).<br />
L’impossibilité de concevoir des formes de conscience autres que celles<br />
traditionnellement analysées : conscience comme faculté de se penser, de se<br />
remettre en question, de s’exprimer avec des mots.<br />
La théorie darwinienne, considérée comme la «deuxième blessure<br />
narcissique» par Freud, est encore mal acceptée pour beaucoup, précisément<br />
parce qu’elle décentre l’homme et le fait chuter dans l’ordre animal.<br />
3) Conclusion<br />
« Pourquoi refuser la conscience à l’animal ?» Question essentielle portant sur le<br />
statut de l’animal, mais bien plus fondamentalement sur celui de l’homme. La<br />
conscience de soi, avec ses possibilités de questionnement sur soi et sur le monde, de<br />
maîtrise de soi et de son avenir, d’expression de soi et de communication avec autrui,<br />
semble être l’ultime frontière qui sépare l’homme de l’animal. Dénier à celui-ci le<br />
pouvoir de se penser, de communiquer, c’est se conforter dans l’idée, peut-être la<br />
dernière illusion humaine, d’être à part, un élu, un fils du démiurge ou démiurge soimême.<br />
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