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Le P52 (P. Rylands.Gr.457) contenait-il un nomen sacrum pour "Jésus" ?

Examen de la présence ou non des nomina sacra dans le plus ancien manuscrit grec du Nouveau Testament.

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III P. Berlin 17213 123 x (?)<br />

25<br />

codex<br />

<strong>un</strong> espace plus large est prévu <strong>pour</strong> le<br />

nom divin (ou kurios<br />

entièrement ?), mais est resté vide.<br />

Ces exemples sont cités parmi d’autres. Ils rendent diffic<strong>il</strong>e toute interprétation définitive car <strong>il</strong> n’est pas<br />

aisé de déterminer si <strong>un</strong> manuscrit est juif ou chrétien d’origine (ou judéo-chrétien ?) 124 . Ce que l’on<br />

constate cependant, c’est que dans les cas assez clairs d’origine juive (P.Oxy.656, 4443 et P. Berlin 17213)<br />

les blancs sont destinés à recevoir le tétragramme en écriture ancienne (ainsi, P.Oxy.3522) 125 , ou à défaut<br />

<strong>un</strong>e forme non abrégée en grec. <strong>Le</strong> cas le plus épineux, non cité ici (cf. annexe 11 11), 11<br />

est celui du document<br />

4Q126, d’origine juive indiscutable, où <strong>il</strong> semble que ku et kurios soient tous deux employés. Côté<br />

chrétien, la situation est relativement incertaine : le P. Oxy.1007 semble bien avoir été complété par <strong>un</strong>e<br />

seconde main, de même que le P. Oxy. 1075.<br />

Ce que nous pouvons positivement déduire de ces exemples, c’est que les scribes ne restaient pas<br />

indifférents à la question du Nom et des « noms sacrés » : <strong>un</strong> choix s’imposait s’imposait, s’imposait<br />

quelle que soit la pratique<br />

(écriture ancienne, blanc, mot entier ou abrégé).<br />

Cela étant, le cas du P. Oxy. 1007 (II/III II/III II/III e s. s.) s.<br />

est intéressant à plus d’<strong>un</strong> titre. L’origine juive ou<br />

chrétienne de ce parchemin est débattue 126 . Pour le nom divin, <strong>il</strong> présente double yod traversé d’<strong>un</strong>e barre<br />

horizontale qui fait dire à M. Delcor :<br />

Il y a intérêt à noter que cette forme est la même que celle de la Michna ָיְי, dont la vocalisation<br />

paraît bien représenter celle du nom araméen de substitution אָמְשׁ, le Nom. D’autre part, יי n’est<br />

que l’abréviation de la forme היהי que l’on trouve par exemple, dans le Vaticanus, 749, f. 8<br />

[cf. annexe 9], dans l’opuscule des noms divins. Cette forme est à l’origine du curieux ΠΙΠΙ. C’est<br />

aussi la forme ההי en caractères archaïques et non הוהי que l’on trouve dans les fragments<br />

d’Aqu<strong>il</strong>a du Caire. Cela prouve que la prononciation d’Aqu<strong>il</strong>a était déjà Yeya tout comme dans le<br />

texte de la Michna à peu près contemporain 127 .<br />

Ces remarques appellent quelques observations : le le double yod est clairement <strong>un</strong>e abréviation du<br />

tétragramme tétragramme et s’<strong>il</strong> s’avérait que le P. Oxy. 1007 était d’origine juive, le fait d’y trouver et cette abréviation,<br />

et les nomina sacra, suggérerait leur invention par des scribes juifs (mais la date est assez tardive au regard<br />

de l’émergence probable des nomina sacra fin I er /début II e s.). En faveur de cette hypothèse, on peut ajouter<br />

que les documents retrouvés à Qumrân ont fait état d’<strong>un</strong>e pratique qui relève également de l’abréviation :<br />

dans l’Écrit de Damas, interdiction était faite de jurer « ni par aleph et lamed, ni par aleph et daleth » 128 ,<br />

c’est-à-dire, ainsi que l’explique M. Delcor : « Ce sont les deux premières lettres de םיהלא et de ינודא. La<br />

Michna, au traité des Schebu’oth [IV,3], ajoute qu’<strong>il</strong> est défendu de jurer par yod et par hé, c’est-à-dire par<br />

les premières lettres du tétragramme, par Shaddai, par Sabaoth ou par <strong>un</strong> des attributs divins » 129 .<br />

123 Tov signale cette curiosité mais penche plutôt <strong>pour</strong> <strong>un</strong>e pause de fin de section : “The scribe of P.Berlin 17213 of Genesis 19 (3 CE)<br />

possibly left a space for κύριος, which was not f<strong>il</strong>led in, but more likely the space denotes a closed paragraph after Gen 19:18” (2009 :<br />

208). Voir aussi sa mention « possibly space left for divine name » in Hiebert et al. 2001 : 131.<br />

124 De provenance incertaine (cf. Hurtado 2006 : 19n12), citons également le P.Oxy.IX 1166 (III e s.) où l’on trouve les nomina sacra.<br />

125 Cette pratique se retrouve à Qumrân, par exemple dans IQIs a ou le Commentaire d’Habacuc.<br />

126 Cf. Hurtado 2006 : 210.<br />

127 Delcor 1955 : 150. Sur les fragments d’Aqu<strong>il</strong>a, cf. annexe 8.<br />

128 La Bible - Écrits intertestamentaires, éd. Pléiade, p.180.<br />

129 Delcor 1955 : 159.

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