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Français - Bruno Manser Fonds

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Lettre circulaire Septembre 1996<br />

<strong>Bruno</strong>-<strong>Manser</strong>-<strong>Fonds</strong><br />

Association pour les peuples de la forêt pluviale<br />

BMF, Heuberg 25, CH-4051 Bâle, Suisse


Editorial<br />

De tous côtés, nous recevons des marques<br />

d’estime pour notre engagement en faveur de<br />

la protection des forêts pluviales. Nous devons<br />

cependant constater, avec un certain<br />

désenchantement, que malgré cet engagement<br />

du BMF, pas le moindre kilomètre carré<br />

de forêt vierge n’a été placé sous protection<br />

chez les Penan du Sarawak. Guère de progrès<br />

à signaler, non plus, en ce qui concerne<br />

la déclaration obligatoire pour les produits en<br />

bois. Nous avons parfois le sentiment décourageant<br />

de piétiner.<br />

Récemment, un voisin et ami, qui avait<br />

pourtant lu mon livre et vu le reportage vidéo,<br />

a placé un banc de jardin en bois tropical devant<br />

la maison. D’accord, la forme du banc<br />

ne manque pas d’élégance. Toutefois, les vis<br />

sont ancrées si profondément que l’eau va inévitablement<br />

stagner dans les trous, et dans<br />

ces conditions, même le meilleur des bois tropicaux<br />

est condamné à pourrir.<br />

C’est une firme américaine, la «Berkeley-<br />

Products Inc.», qui produit ces bancs: elle fait<br />

fabriquer les parties métalliques en Chine,<br />

achète en Indonésie des planches de bois tropical<br />

à bas prix et envoie le tout en Europe<br />

pour la vente. En Suisse, les bancs sont propo-<br />

Impressum<br />

<strong>Bruno</strong>-<strong>Manser</strong>-<strong>Fonds</strong> (BMF)<br />

Association pour les peuples de la forêt pluviale<br />

Heuberg 25, CH-4051 Bâle<br />

Téléphone 061/261 94 74<br />

Téléfax 061/261 94 73<br />

E-mail: bmf@bmfonds.links.ch<br />

Pour les dons:<br />

Coop-Bank, CH-4002 Bâle, compte<br />

421329.29.00.00-5<br />

La Poste (France), Strasbourg, compte postal<br />

n o 2.604.59 T<br />

Rédaction: Roger Graf, <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Auteurs: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, Roger Graf, Julia Kraus, Cecil<br />

sés en promotion par la Coop (Do-it-yourself)<br />

au prix de 99 francs (au lieu de 129 francs).<br />

Les clients se sont précipités, et mon ami a pu<br />

acquérir de justesse le dernier banc qui restait.<br />

Ce commerce est avantageux pour tout le<br />

monde: les compagnies exploitant le bois en<br />

Indonésie, les exportateurs, le gouvernement<br />

indonésien, le producteur, les importateurs, la<br />

Coop et finalement les consommateurs, qui<br />

paieraient le double pour un banc en bois de<br />

hêtre indigène.<br />

Mais l’opération profite-t-elle vraiment à<br />

tous? Qu’en est-il des animaux qui vivent depuis<br />

des milliers d’années dans la jungle? Estce<br />

que la voix des gibbons est entendue dans<br />

les ministères concernés de Jakarta, Kuala<br />

Lumpur et Kuching? Est-ce que les populations<br />

locales et les peuples indigènes, qui vivent de<br />

chasse, de pêche, de la cueillette et de petites<br />

cultures sont écoutées, leurs traditions et leurs<br />

droits fonciers coutumiers respectés?<br />

Etre le porte-parole de l’écosystème forêt<br />

pluviale doit rester notre tâche prioritaire,<br />

malgré tous les revers et les frustations accumulées.<br />

Peut-être devrons-nous parler un peu<br />

plus fort à l’avenir …<br />

<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Banc de jardin en bois<br />

tropical de la Coop, au prix<br />

spécial de 99 francs<br />

Photo: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Rajendra<br />

Collaboration: Dieter Ammann, Dr. Ernst Zürcher<br />

Photographies: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, Jonathan Pearce,<br />

Dagmar Werner, Len Sirman Press<br />

Traductions: Robert Gogel (français), Mary-Louise<br />

Mettler (anglais)<br />

Couverture: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Tirage: 5500 exemplaires (3000 en allemand,<br />

2000 en français et 500 en anglais)<br />

Paraît trois fois par an: en juin, septembre et décembre<br />

L’abonnement à la lettre circulaire est GRATUIT<br />

Les contributions et les dons sont les bienvenus<br />

Composition et impression: Gremper, Emminger & Co,<br />

Bâle


Nouvelles de Malaysia<br />

La parole est aux ministres<br />

Extraits d’un discours prononcé à Kuala<br />

Lumpur par le Prime Minister Yang Amat<br />

Berhormat Dato Seri, D r Mahathir bin<br />

Mohamad, à l’occasion de l’ouverture de la<br />

«Crystal Rainforest Awareness Week» (Semaine<br />

de la forêt pluviale), le 30 mars 1996.<br />

Nous citons:<br />

«Le pillage incontrôlé des ressources de la<br />

forêt pluviale aura pour inévitables conséquences<br />

la disparition d’espèces animales et<br />

végétales, la dégradation des ressources naturelles,<br />

la désertification, la destruction des<br />

écosystèmes et le chaos climatique – bref, un<br />

holocauste biologique à l’échelle planétaire.<br />

Le fait que des machines modernes permettent<br />

de déboiser d’immenses surfaces à une vitesse<br />

jamais atteinte ne constitue pas, en soi,<br />

une catastrophe. En revanche, les conséquences<br />

de ces déboisements et de ces dévastations<br />

sont potentiellement catastrophiques<br />

pour l’environnement. Au cas où une telle tragédie<br />

se produirait, l’humanité serait perdante<br />

…»<br />

«Nous sommes ici pour garantir que nous<br />

ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger<br />

et pour conserver notre héritage naturel. Le<br />

gouvernement a explicitement pris sur lui de<br />

garantir que la moitié au moins de la surface<br />

totale de la Malaysia restera couverte de forêt<br />

…»<br />

«Nous devons réapprendre à respecter notre<br />

environnement. Et nous devons le faire<br />

maintenant. De manière efficace et ciblée –<br />

seuls s’il le faut …»<br />

«En définitive, l’action immédiate est de<br />

loin préférable à tous les débats sur la nécessité<br />

de protéger l’environnement – débats<br />

complexes, chargés d’émotion, et finalement<br />

contreproductifs …»<br />

«La Terre est très précieuse. Nous devons<br />

la préserver de toutes nos forces, de toute notre<br />

puissance et de tout notre cœur – pour<br />

nous, pour nos enfants et pour le futur …»<br />

Le BMF se réjouit du changement d’avis du<br />

D r Mahathir, et espère que ces belles paroles<br />

seront bientôt suivies d’actes concrets.<br />

Tirée du «New Straites Times» du 16 janvier<br />

1996, cette déclaration de Datuk Leo<br />

Chai, State Director of Forestry:<br />

«Le gouvernement de Sarawak a l’intention<br />

de déclarer officiellement 20% du territoire<br />

de l’Etat «Totally Protected Areas» (aire<br />

totalement protégée). Aucune coupe de bois<br />

D r Mahathir bin Mohamad, Prime Minister<br />

de Malaysia<br />

Photo: Len Sirman Press, Genève<br />

et aucune autre activité liée au développement<br />

n’y seront tolérées.»<br />

Dans le périodique «Bornéo Post» du 3 mai<br />

1996, nous avons pu lire la déclaration<br />

suivante, du Vice Chief Minister Tan Sri<br />

Datuk Amar, D r Wong Soon Kai:<br />

La conservation de la biodiversité est une<br />

exigence essentielle de la gestion forestière,<br />

car la diversité biologique est à la base des<br />

ressources alimentaires des animaux sauvages.<br />

Elle joue aussi un rôle capital en tant que<br />

source de produits forestiers secondaires, produits<br />

largement utilisés par les communautés<br />

locales.»<br />

Pour terminer, une déclaration tirée du<br />

«New Straits Times» du 24 juillet 1995, émanant<br />

de Jayl Langub (Government<br />

Ceremonial Council Secretary):<br />

«Les Penan mettent l’accent sur une exploitation<br />

durable des ressources naturelles de la<br />

forêt et n’abattent pas les arbres sans discernement.»


Malaysia<br />

Voix d’un poète malaysien<br />

La liberté d’expression n’est pas précisément<br />

une notion malaysienne: pour paraître,<br />

les éditeurs de journaux doivent demander<br />

chaque année de nouvelles autorisations, et<br />

ceux qui se sont montrés trop critiques vis-à-vis<br />

du gouvernement n’en obtiennent plus. Tout<br />

simplement.<br />

Par ailleurs, plusieurs délégués des autochtones<br />

ne sont plus autorisés à quitter le pays<br />

parce qu’ils ont participé à des séminaires<br />

étrangers consacrés aux droits de l’homme ou<br />

à la protection de l’environnement. Raison officielle:<br />

le passeport malaysien est un privilège,<br />

non un droit.<br />

La loi sur la sécurité intérieure («Internal Security<br />

Act» ou ISA) est particulièrement dure:<br />

les personnes accusées d’atteinte à la sécurité<br />

de l’Etat peuvent être internées pendant des<br />

mois ou des années sans aucune forme de<br />

procès. Le droit de réunion est également limité<br />

par l’ISA.<br />

A l’origine, cette loi était destinée à combattre<br />

les désordres raciaux (entre musulmans<br />

indigènes et immigrés d’origine chinoise),<br />

mais elle est rapidement devenue un moyen<br />

de lutte contre les divers adversaires du gouvernement:<br />

opposants politiques, syndicalistes,<br />

militants des droits de l’homme, protecteurs<br />

de l’environnement …<br />

Dans son «Décret sur les insectes et autres<br />

animaux», le poète malaysien Cecil Rajendra<br />

(lui-même privé de passeport) voit les choses<br />

ainsi:<br />

Enfin, pour garantir une sécurité intérieure absolue,<br />

ils adoptèrent l’état d’urgence et le code de<br />

comportement<br />

des insectes et autres animaux.<br />

En vertu du nouveau décret, il est interdit<br />

aux vaches, aux buffles et aux chèvres<br />

de se réunir à plus de trois pour brouter.<br />

Les attroupements d’oiseaux et d’abeilles…<br />

sont dorénavant déclarés illégaux.<br />

Dépourvues d’une autorisation préalable,<br />

les guêpes sauvages et les hirondelles ont été sommées<br />

d’évacuer les lieux dans les plus brefs délais,<br />

leurs habitations à caractère subversif étant privatisées.<br />

Les singes et les mynahs ont été mis en demeure<br />

de renoncer à la retransmission de leurs bruyantes<br />

prières matinales, ceci jusqu’à l’obtention<br />

d’une autorisation officielle et spéciale du Ministère.<br />

En ces temps d’état d’urgence national, les communications<br />

non surveillées représentent le plus grand des périls.<br />

Ainsi, les pics ont dû cesser de diffuser leurs dépêches<br />

en les martelant en morse sur les cocotiers et les chempakas.<br />

Tous les messages font l’objet d’une censure minutieuse<br />

des autorités compétentes.<br />

Les hirondelles de Java ont été appréhendées<br />

par essaims entiers, pour avoir répandu des rumeurs.<br />

Soupçonnés de conspiration, des chats sont consignés<br />

chez eux à partir de 21 heures.<br />

Les cigales et les grillons ont reçu l’ordre<br />

de réduire leur volume sonore.<br />

A certaines heures, il est interdit<br />

aux canards de cancaner et aux dindons de<br />

glouglouter.<br />

Dois-je encore ajouter que tous les chiens<br />

– bergers, teckels, terriers, chiens d’arrêt<br />

et même griffons nains – ont été muselés.<br />

Et conformément à l’article 4, paragraphe 2 bis,<br />

alinéa 16,<br />

il est strictement interdit aux éléphants<br />

de lâcher des vents entre 18 et 6 heures.<br />

Le bruit de leurs pets pourrait être pris pour des coups<br />

de canon et déclencher une insurrection…<br />

Un mois après la publication officielle du décret,<br />

les oiseaux et les insectes ont commencé à émigrer<br />

vers le sud, d’autres animaux vers le nord,<br />

et un angoissant silence s’est abattu sur les forêts.<br />

La sécurité est maintenant absolue.<br />

Poème de Cecil Rajendra, tiré du recueil «Rêves<br />

brisés», paru aux éditions Horlemann,<br />

Bad Honnef (1992).<br />

Reproduit et adapté en français avec l’aimable<br />

autorisation de l’éditeur.<br />

Dessin de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>


Infos bois<br />

Réunies par Roger Graf<br />

Bravo!<br />

Depuis la dernière lettre circulaire (mai<br />

1996), la commune suisse de Zermatt VS et<br />

les communes alsaciennes de Beinheim, Blotzheim,<br />

Erstein, Fort-Louis, Forstfeld, Hagenthalle-Haut,<br />

Hesingue, Kauffenheim, Kembs, Knoeringue,<br />

Leymen, Michelbach-le-Bas, Molsheim,<br />

Rhinau, Sermersheim et Souffelweyersheim à<br />

leur tour décidé de renoncer à l’emploi<br />

de bois tropicaux dans les constructions et<br />

les services publics communaux.<br />

Par ailleurs, la Migros ne s’en tiendra pas<br />

à la désignation de l’origine et de l’essence<br />

des produits en bois qu’elle vend. Dès que<br />

possible, elle ne proposera plus – à peu d’exceptions<br />

près – que du bois et des produits en<br />

bois provenant de zones tempérées et de forêts<br />

dont l’exploitation durable est dûment<br />

contrôlée. En dehors du balsa costaricien et<br />

de l’okoumé gabonnais, qui proviennent tous<br />

deux de plantations (voir page suivante), les<br />

bois tropicaux disparaîtront complètement de<br />

l’assortiment Migros. Aux dires de son administration,<br />

seule la coopérative genevoise<br />

vend encore d’autres bois tropicaux (des variétés<br />

africaines d’ayous).<br />

Dans l’édition 1/96 de son bulletin «Konsum<br />

und Umwelt», le WWF communique<br />

quelques noms de firmes qui vendent des<br />

meubles de jardin écocompatibles. Les entreprises<br />

suivantes proposent des meubles de<br />

jardin en robinier faux-acacia plutôt qu’en<br />

teck, trop problématique (voir lettre circulaire<br />

de juin 1995), ou qu’en cèdre canadien (exploité<br />

par coupes rases): Ecodeco (Lupsingen),<br />

Metanoia (Uerikon), Linth Möbel (Kaltbrunn)<br />

et Pfister-Meubles (divers magasins).<br />

Honteux!<br />

Chez Loeb, à Berne, les produits en bois<br />

sont vendus sans aucune déclaration. Lorsque<br />

Caricature: Nebelspalter (7/96)<br />

nous avons demandé de quel bois étaient faits<br />

les cadres pour tableaux, on nous a répondu:<br />

«En bois de peuplier.» Analysé par l’EPF de<br />

Zurich, ce bois s’est avéré être du ramin malaysien!<br />

Scandalisé, le BMF a immédiatement<br />

écrit au conseiller national PRD François Loeb,<br />

délégué du conseil d’administration de la<br />

Loeb Holding SA. François Loeb est un adversaire<br />

acharné de l’obligation de déclarer les<br />

produits en bois: au Conseil national, il s’est<br />

opposé à l’adoption du postulat allant dans<br />

ce sens. Le BMF attend maintenant de François<br />

Loeb qu’il déclare spontanément l’origine<br />

exacte de tous les bois mis en vente et qu’il limite<br />

dorénavant son assortiment aux bois provenant<br />

d’exploitations durables. Le BMF ne<br />

cédera pas et répétera ses contrôles dans un<br />

certain temps.<br />

Sous l’appellation «Precious Woods»,<br />

Ulrich Bremi et Fritz Leutwiler exploitent une<br />

plantation de teck au Costa Rica et commenceront<br />

prochainement une coupe de bois au<br />

Brésil, dans une zone de forêt vierge du bassin<br />

amazonien. Depuis des années, «Precious<br />

Woods» s’efforce de se revêtir de vert et diffuse<br />

des slogans du genre: «Chacune de<br />

nos actions est un bulletin de vote en<br />

faveur de la protection des forêts tropicales.»<br />

Pour le parc aquatique du nouveau<br />

centre de congrès de Lucerne, «Precious<br />

Woods» s’apprêtait à livrer le bois de teck nécessaire<br />

à la construction des passerelles.<br />

Mais la ville de Lucerne, préoccupée par le<br />

risque de changements climatiques, a explicitement<br />

renoncé à l’emploi de bois tropicaux<br />

dans les constructions publiques, et le projet<br />

de «Precious Woods» est parti en fumée… Les<br />

deux passerelles du centre de congrès seront<br />

construites en bois de mélèze valaisan!


Du bois écologique gabonnais?<br />

Publication d’un rapport sur la<br />

concession Leroy<br />

Par Roger Graf<br />

Dans les discussions sur l’existence de bois<br />

tropicaux écologiques, l’industrie du bois se<br />

réfère fréquemment au «cas spécial du Gabon».<br />

On justifie le statut particulier du Gabon<br />

par la très faible densité de sa population,<br />

comparée à celle d’autres Etats<br />

africains: sauf autour des grandes villes, la<br />

pression exercée sur les forêts peut donc y<br />

être qualifiée de négligeable. Dans beaucoup<br />

de pays tropicaux, l’ouverture de voies de pénétration<br />

pour l’abattage du bois est la cause<br />

de l’envahissement progressif, par des gens<br />

venus d’ailleurs, de zones forestières jusque<br />

là préservées. Une étude de la «World Society<br />

for the Protection of Animals» (WSPA),<br />

publiée en mai 1996, montre que des problèmes<br />

existent même au sein du «sylvobusiness»<br />

gabonnais.<br />

Cercopithèque<br />

(Cercopithecus<br />

solatus) sur<br />

un marché de<br />

Libreville<br />

Photo: Jonathan<br />

Pearce<br />

(WSPA)<br />

En 1990, le Gabon a produit env. 1,7<br />

million de m 3 de bois, dont 90% ont été exportés.<br />

Cet Etat ne dispose que de 5 zones<br />

de protection, dont la superficie totale correspond<br />

à 6,9% de celle du pays, mais d’aucun<br />

parc national. Les propositions de l’International<br />

Union for Conservation of<br />

Nature (IUCN), visant à la création de 15<br />

nouvelles réserves, n’ont pour l’instant pas<br />

été concrétisées. Dans les 5 réserves existantes,<br />

du bois a été ou est exploité, spécialement<br />

dans la réserve de Lopé, où la firme<br />

française Leroy possède une concession de<br />

plus de 88 000 hectares. Le bois d’okoumé<br />

est exporté en Europe – notamment en<br />

Suisse – par la société Isoroy, qui appartient<br />

à 95% au groupe allemand Glunz. Le bois<br />

est commercialisé sous le label «Euro-<br />

koumé». Pour le BMF, vendre sous un label<br />

«écologique» du bois abattu dans une réserve<br />

n’est pas sérieux. Le fait que Leroy ait<br />

une concession «légale» pour couper du<br />

bois dans la réserve de Lopé ne rend pas le<br />

«label» plus crédible.<br />

Un autre problème réside dans la durée de<br />

la concession (17 ans) dont Leroy dispose<br />

pour exploiter 380 000 hectares au total. Des<br />

ingénieurs forestiers reconnus estiment qu’il<br />

faut un répit de 50 ans, après une coupe,<br />

pour que la forêt puisse plus ou moins se rétablir.<br />

Le rapport de la WSPA n’est pas en mesure<br />

de juger de manière définitive si Leroy<br />

(ou une autre société active au Gabon) peut<br />

avoir intérêt à une gestion durable et un travail<br />

soigneux dans le cadre d’un contrat de si<br />

courte durée.<br />

Mais le problème le plus important dans<br />

les concessions Leroy – comme dans de larges<br />

secteurs de l’ensemble de l’Afrique centrale –<br />

reste le braconnage. Au Gabon, la viande<br />

sauvage se paie moins cher que la viande<br />

d’élevage, et les Gabonnais la préfèrent. Les<br />

camions des entreprises de bûcheronnage<br />

constituent un important moyen de transport<br />

des animaux braconnés vers les marchés citadins.<br />

Dans le village ouvrier des concessions<br />

Leroy (1200 âmes), une étude a fait apparaître<br />

que 4543 kg de viande sauvage ont été<br />

consommés en 2 mois (1993). Des 1037 animaux<br />

sauvages concernés, 41% étaient des<br />

singes (dont 3 gorilles et 35 chimpanzés). Leroy<br />

affirme maintenant que la chasse commerciale<br />

est interdite sur ses concessions depuis<br />

avril 1995, que ses camions ne sont plus autorisés<br />

à transporter des animaux sauvages et<br />

qu’un poste de contrôle a été installé en limite<br />

de concessions. Mais sur un marché de la capitale,<br />

Libreville, l’équipe d’enquête WSPA a<br />

vu un cercopithèque en vente en avril 1996.<br />

Il s’agit d’une espèce récemment découverte<br />

(Cercopithecus solatus) et menacée d’extinction.<br />

L’aire de distribution de ce singe est très<br />

limitée et couvre partiellement les concessions<br />

Leroy. Il n’est pas possible de savoir si ce cercopithèque<br />

vient des concessions, mais des<br />

présomptions existent.<br />

Le rapport WSPA de 18 pages (en anglais)<br />

peut être obtenu au BMF au prix de 5 francs.


Un projet pour la<br />

protection des iguanes en<br />

Amérique centrale<br />

Par Julia Kraus<br />

Dans la nature, l’iguane vert (Iguana<br />

iguana) d’Amérique centrale est menacé de<br />

disparition en raison de la destruction progressive<br />

de son milieu vital, la forêt pluviale,<br />

et d’une chasse excessive, sa chair étant très<br />

appréciée. L’Allemande Dagmar Werner, spécialiste<br />

des iguanes, est à l’origine d’un projet<br />

de gestion durable des populations de l’espèce.<br />

Ce projet, qui a débuté au Panama il y<br />

a une quinzaine d’années, est basé sur la collaboration<br />

des populations locales: on estime<br />

que si les iguanes représentent pour elles une<br />

source durable de revenus, elles auront intérêt<br />

à la survie de l’espèce et à la conservation de<br />

son milieu vital, la forêt pluviale.<br />

Contrairement au poulet (à sang chaud),<br />

l’iguane est un animal à température variable<br />

(hétérotherme), donc moins gourmand en<br />

énergie: il se contente de 3% seulement de<br />

l’énergie nécessaire à un poulet de même<br />

poids. L’élevage d’iguanes en captivité serait<br />

donc plus intéressant que celui du poulet<br />

(puisqu’il exige beaucoup moins de nourriture),<br />

s’il ne fallait pas 3 ans environ à un<br />

iguane pour devenir adulte (6 mois pour un<br />

poulet). Or, à 3 ans, l’iguane mesure 1,50 m<br />

de longueur, mais ne pèse pas davantage<br />

qu’un poulet. Il fallait donc trouver une astuce.<br />

L’originalité du projet consiste à ne garder<br />

les jeunes iguanes en captivité que pendant les<br />

8 premiers mois, puis de les lâcher dans la forêt,<br />

où ils peuvent se débrouiller sans l’aide de<br />

l’homme. Avantages: le taux de survie à 8 mois<br />

L’iguane vert (Iguana iguana)<br />

– le «poulet» des bois<br />

Photo: Dagmar Werner<br />

est de 95% en captivité (de 5% seulement dans<br />

la nature), et la durée d’élevage est à peine<br />

plus longue que celle du poulet! Pour qu’une<br />

population sauvage d’iguanes reste stable malgré<br />

la chasse, il faut la renforcer par un apport<br />

supplémentaire de jeunes représentant 20 à<br />

40% du taux de rajeunissement naturel.<br />

Au Panama, beaucoup de campesinos<br />

(paysans) pratiquent déjà ce genre d’élevage.<br />

Au Costa Rica, en revanche, le projet<br />

n’en est encore qu’à la phase d’étude. La plupart<br />

des paysans ne possèdent pas suffisamment<br />

de forêt et doivent d’abord se regrouper<br />

en coopératives comptant jusqu’à une dizaine<br />

de membres. Ils sont aidés par la «Fondación<br />

pro Iguana Verde» (FPIV) et par l’instance<br />

nationale de protection de la nature<br />

«Vida Silvestre», qui mettent des surfaces forestières<br />

à leur disposition et les soutiennent<br />

dans la préparation et la commercialisation<br />

de leur produit.<br />

Cette nouvelle génération de projets offre<br />

l’immense avantage d’associer les populations<br />

locales à la protection des espèces et de<br />

la forêt pluviale. Cela rend ces expériences<br />

particulièrement fascinantes.<br />

Pour des informations complémentaires,<br />

s’adresser à:<br />

FPIV<br />

Apdo. 692-1007<br />

San José<br />

COSTA RICA<br />

Fax: 00506/235 20 07


Notions élémentaires<br />

de connaissance du bois<br />

Par <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Ces quelques pages ont pour but d’aider<br />

les acheteurs et bricoleurs attentifs – enfants et<br />

adultes – ainsi que les vendeuses et vendeurs<br />

à évaluer eux-mêmes la provenance et la qualité<br />

du bois et des produits en bois (dans les<br />

magasins ou ailleurs), avec l’espoir qu’ils<br />

éprouveront aussi davantage de respect envers<br />

les arbres.<br />

Dans les zones climatiques à saisons bien<br />

marquées des deux hémisphères terrestres,<br />

tous les troncs d’arbres présentent des cernes<br />

de croissance concentriques permettant de<br />

connaître avec précision l’âge atteint par ces<br />

plantes: les anneaux étroits et foncés correspondent<br />

à la période de repos de la végétation<br />

(saison froide), les anneaux clairs et plus<br />

larges à la phase de croissance (saison<br />

chaude). Selon l’espèce et la station, il peut y<br />

avoir d’importantes différences: sur un sol riverain<br />

riche en humus, un saule ou un peuplier<br />

peut croître 150 fois plus vite qu’un buisson<br />

de genévrier installé sur un sol rocheux et<br />

séchard! En fait, la vitesse de croissance est<br />

non seulement fonction de l’espèce, mais<br />

aussi de la température ambiante, de l’humidité<br />

disponible et de la fertilité du sol.<br />

En montagne et dans le Grand Nord, vers<br />

la limite des arbres, l’été est court, la période<br />

de croissance brève. L’épaisseur des cernes<br />

varie néanmoins chaque année en fonction<br />

du climat: si l’été est sec et froid, la croissance<br />

sera particulièrement faible. Sur une souche,<br />

les variations climatiques de ces derniers siècles<br />

apparaissent clairement à la «lecture»<br />

des cernes.<br />

Les essences à croissance lente vivent souvent<br />

plus longtemps. Sous le glacier d’Aletsch<br />

(Valais/Suisse) se dresse un arole (ou pin<br />

cembro) millénaire. Dans la région de Grenoble<br />

(France), un mélèze atteint 1100 ans. Le<br />

plus vieil if connu, en Angleterre, aurait 3500<br />

ans: grâce à ses toxiques, il ne figure pas au<br />

menu des larves xylophages. Les plus vieux<br />

arbres du monde se trouvent aux USA: ce sont<br />

des pins à queue de renard (Pinus aristata longaeva),<br />

dont l’âge dépasse 4000 ans.<br />

On ne sait pas grand chose de l’âge qu’atteignent<br />

les arbres tropicaux. Près de l’équateur,<br />

les saisons sont en général peu marquées,<br />

et la croissance des arbres est<br />

relativement constante: ils forment rarement<br />

des cernes bien discernables. Mais le teck, si<br />

apprécié dans la construction navale et la fabrication<br />

de meubles de jardin, en est souvent<br />

pourvu, car il provient fréquemment des forêts<br />

vierges subtropicales de Birmanie, où la différence<br />

entre période sèche et période de mousson<br />

est très marquée. Il se reconnaît à l’odeur<br />

caractéristique qu’il dégage quand on racle<br />

légèrement le bois avec la lame d’un couteau.<br />

De manière générale, la présence de cernes<br />

sur le front de coupe des planches caractérise<br />

le bois venu de zones tempérées.<br />

Dessins de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>


Chez nous, les arbres ne devraient être<br />

abattus qu’en hiver, quand la sève est redescendue.<br />

Le bois coupé sèche alors plus rapidement,<br />

se déforme moins et résiste mieux<br />

aux parasites. Avant d’être travaillé, il doit<br />

être entreposé durant 5 à 8 ans (pour les planches,<br />

on compte en principe 2 ans + 1 année<br />

par centimètre d’épaisseur). Pour chaque type<br />

d’usage, il existe une essence spécialement<br />

appropriée. Les menuisiers expérimentés<br />

connaissent bien les caractéristiques des différents<br />

bois et savent les utiliser à bon escient.<br />

Les branches<br />

Si une planche contient un ou plusieurs<br />

«nœuds» (traces de branches), il s’agit généralement<br />

d’un bois résineux<br />

indigène (ou du<br />

Canada, de Finlande,<br />

de Sibérie): seuls les résineux<br />

ont des branches<br />

jusqu’au bas du<br />

tronc. Sur les arbres tropicaux<br />

comme sur les<br />

feuillus de chez nous,<br />

on ne prélève en principe<br />

que la partie du tronc dépourvue de<br />

branches.<br />

Le cœur et l’aubier<br />

Sous les tropiques comme chez nous, il<br />

existe des essences dont le bois est de couleur<br />

foncée au centre (cœur), mais plus claire en<br />

direction de l’écorce<br />

(aubier). Trop<br />

vulnérable aux parasites,<br />

l’aubier des<br />

bois tropicaux est<br />

systématiquement<br />

enlevé, comme sur<br />

quelques-uns de<br />

nos arbres indigènes.<br />

Un morceau de<br />

bois à bande large<br />

foncée nettement<br />

délimitée d’une bande étroite plus claire est<br />

donc probablement originaire de chez nous<br />

(par ex. pin, mélèze ou frêne). Dans certains<br />

cas, l’aubier convient bien à la fabrication de<br />

manches d’outils, grâce à son élasticité. Pour<br />

ses manches de haches, le Penan de la jungle<br />

emploie l’aubier du «pa» comme nous utilisons<br />

celui du frêne.<br />

Dessins de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

Les essences<br />

De la centaine d’espèces d’arbres et d’arbustes<br />

d’Europe occidentale, seule une bonne<br />

douzaine sont couramment utilisées dans les<br />

métiers du bois. Avec un peu d’exercice, ces<br />

essences sont faciles à reconnaître. Une tournée<br />

en compagnie d’un forestier ou un livre<br />

de détermination (1) permettent déjà de progresser<br />

dans la connaissance des différentes<br />

espèces de chez nous. De plus, un menuisier<br />

acceptera certainement de se séparer de<br />

quelques déchets de bois d’essences diverses:<br />

une collection d’échantillons est idéale pour<br />

apprendre à distinguer les caractéristiques de<br />

chaque bois (par les sens et à l’emploi).<br />

La diversité des espèces tropicales est extraordinaire.<br />

Rien qu’au Sarawak, 785 essences<br />

différentes (23% de la flore) sont aptes à<br />

fournir du bois. Même les experts ont parfois<br />

de la peine à identifier certains bois! Moyennant<br />

rémunération, l’EPF de Zurich (2) détermine<br />

les espèces avec une grande précision,<br />

en s’aidant du microscope.<br />

(1) Polunin O.: «Arbres et arbustes d’Europe», éd.<br />

Delachaux et Niestlé<br />

(2) Contacter: Prof. D r Ladislav J. Kucera<br />

EPFZ Zurich-Centre<br />

Chaire des sciences du bois<br />

8092 Zurich<br />

Tél. 01/632 32 27


Vrai et faux bois massif<br />

«Une étagère en sapin au prix exceptionnel<br />

de 49 francs!» pouvait-on entendre récemment<br />

dans l’un des trois plus grands magasins<br />

do-it-yourself de Suisse. «Quoi, un beau bois<br />

veiné à ce prix? Incroyable!» A y regarder de<br />

plus près, quelle déception! Le bois de sapin<br />

n’était que de l’aggloméré couvert d’une<br />

Conseils pour l’achat de bois<br />

– acheter moins de bois, mais de<br />

meilleure qualité<br />

– préférer le bois massif: sa longue durée<br />

de vie justifie un prix plus élevé<br />

– opter pour des produits en bois indigènes,<br />

de manière à contribuer à la protection<br />

des dernières forêts vierges et à<br />

la lutte contre le gaspillage d’énergie lié<br />

au transport des bois exotiques<br />

– ne recourir qu’exceptionnellement aux<br />

bois nobles plaqués (examiner le bois<br />

au préalable)<br />

feuille de plastique adhésif imitation sapin. A<br />

considérer la quantité d’énergie qu’il a fallu<br />

pour fabriquer ce produit de mauvais goût, on<br />

se dit qu’il devrait être vendu plus cher que le<br />

bois véritable! L’examen de la tranche d’un<br />

morceau de bois permet généralement de savoir<br />

s’il s’agit de bois massif, de contre-plaqué<br />

ou d’une duperie quelconque.<br />

Dessins de <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

– renoncer, si possible, aux contre-plaqués<br />

et aux bois agglomérés (gaspillage<br />

d’énergie, substances nocives<br />

pour l’environnement)<br />

– le bois naturel non traité reflète le mieux<br />

les caractères spécifiques de chaque arbre<br />

– le supermarché ne vend que des objets<br />

industriels: seul le menuisier du voisinage<br />

peut vous préparer un produit original<br />

et unique, fait sur mesure


Nouvelles du BMF<br />

Rapport annuel 1995<br />

Par <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

En 1995, le BMF n’a pas lancé de campagnes<br />

de protestation: son action publique a<br />

essentiellement consisté à informer de manière<br />

sérieuse sur le thème de la forêt pluviale<br />

et des bois tropicaux. Son bureau bâlois est<br />

devenu un important centre de documentation<br />

pour les écoliers et les étudiants, et un centre<br />

de consultation pour experts.<br />

Au Musée ethnographique de Genève,<br />

l’exposition de dessins tirés de mes carnets et<br />

d’objets empruntés à la culture des Penan<br />

(15 janvier au 30 avril 1995) a contribué, par<br />

son succès, à une meilleure compréhension<br />

pour les beautés de la jungle et la valeur culturelle<br />

des peuples qui l’habitent. A Strasbourg<br />

(15 décembre 1995 au 30 mars<br />

1996), l’exposition a été complétée par des<br />

animaux naturalisés (faune de Bornéo – collection<br />

du Musée zoologique) et par la construction<br />

d’une hutte de nomades traditionnelle.<br />

Dans notre bureau bâlois, la bibliothèque<br />

a été agrandie, et les coupures de presse (auparavant<br />

amoncelées sans ordre) ont été systématiquement<br />

archivées par Boris Treyer. Les<br />

deux lettres circulaires publiées en 1995 témoignent<br />

d’une visite au Sarawak et informent<br />

sur les thèmes droits et culture des peuples<br />

indigènes/économie forestière, pillage/<br />

commerce du bois et politique suisse. Une version<br />

anglaise et une version japonaise du livre<br />

«Voix de la forêt pluviale» sont actuellement<br />

en préparation, de même qu’un rapport sur<br />

l’étude de récentes photographies de Sarawak<br />

réalisées par satellite. Enfin, à l’aide<br />

d’images vidéo tournées à Sarawak<br />

(1987–1990), une documentation est en préparation<br />

sur le thème «sagou».<br />

En 1995, nous avons effectué 24 exposés<br />

(dans des écoles, des universités, des communes,<br />

des entreprises, des syndicats et des institutions<br />

religieuses), participé à 4 émissions télévisées<br />

(TSI/TSR/Euronews/France 3) et 12<br />

émissions radiophoniques, et accordé 12 interviews<br />

à des journalistes de périodiques<br />

germanophones et francophones.<br />

Le comité du BMF s’est réuni une fois par<br />

mois en 1995. Il y a eu, par ailleurs, 23 réunions<br />

de concertation avec d’autres organisations,<br />

5 avec des industriels et des commerçants<br />

(bois et produits en bois) et une<br />

douzaine avec des représentants du monde<br />

politique (Conseil de l’Europe/Conseil fédéral/Ambassadeur<br />

de Malaysia/Parlementaires/Autorités<br />

locales). La participation à plusieurs<br />

conférences et séminaires (IWGIA,<br />

ERM, Natursession Bern, Binding-Symposium,<br />

Pax Christi & Europarat, Spiritualité et Environnement)<br />

a permis de fructueux échanges<br />

d’idées en vue d’actions futures.<br />

Quelques événements marquants de l’année<br />

1995: la pétition des enfants de Rehetobel,<br />

la session des jeunes et leur pétition en faveur<br />

d’une déclaration obligatoire, l’adoption<br />

de directives contre l’emploi de bois tropicaux<br />

dans les bâtiments publics d’Aadorf TG, Gelterkinden<br />

BL, Lucerne, Münsingen BE, Olten<br />

SO, Rehetobel AR, Wetzikon ZH, et la décision<br />

de l’importateur Dennis Bourquin SA<br />

(Genève) de renoncer complètement à l’importation<br />

de bois malaysien.<br />

Le moment est venu pour moi de remercier<br />

très cordialement le comité du BMF pour son<br />

endurance lors des séances, ainsi que tous les<br />

collaborateurs du bureau (Catherine Nicola,<br />

Peter Rudin, Roy Richner, Roger Graf), les traducteurs<br />

(Mary-Louise Mettler, Robert Gogel)<br />

et tous ceux qui, par leur contribution financière,<br />

ont permis notre engagement – en particulier<br />

Franz Hohler, Maria Becker, Markus<br />

Braun et Annemarie Duttweiler, qui ont fait<br />

don de leur recette au BMF. Nos remerciements<br />

vont tout spécialement à Peter et Barbara<br />

Nathan-Neher pour leur généreux don<br />

de 30 000 francs, qui nous a permis d’équilibrer<br />

le déficit 1994. Avec fr. 217 305.54 de<br />

recettes et fr. 240 200.80 de dépenses, le<br />

compte 1995 du BMF s’est à nouveau soldé<br />

par un déficit (fr. 22 895.26), toutefois un peu<br />

inférieur à celui de 1994.<br />

Pendant ce temps, sur le territoire des Penan,<br />

la destruction des dernières forêts vierges<br />

se poursuit, malgré notre engagement et<br />

la résistance qui s’exerce sur place. Les miracles<br />

ne se produisent que si l’on y croit: quand<br />

un désir est partagé par beaucoup de gens, il<br />

a de grandes chances de se réaliser.


Nouvelles du BMF<br />

Finances<br />

Bilan au 31.12.1995 (en francs suisses)<br />

Caisse 1 506.85<br />

Compte postal, Bâle 9 479.95<br />

Compte postal, Strasbourg 473.20<br />

Compte bancaire, Bâle (Coop-Bank) 126 884.89<br />

Equipement de bureau 2 550.40<br />

Stocks 16 122.80<br />

Débiteurs 5 165.30<br />

Créanciers 46 901.45<br />

Capital propre 138 177.20<br />

162 183.39 185 078.65<br />

Déficit 1995 22 895.26<br />

185 078.65 185 078.65<br />

Compte d’exploitation 1995<br />

Recettes<br />

Dons 153 487.30<br />

Vente de matériel 39 004.44<br />

Intérêts des comptes (banque et poste) 2 439.85<br />

Manifestations 18 073.70<br />

Droits de reproduction 2 300.25<br />

Divers 2 000.—<br />

Dépenses<br />

Achat de matériel 22 595.70<br />

Projets 24 821.05<br />

Manifestations 9 221.25<br />

Publicité 889.75<br />

Documentation 9 578.60<br />

Lettres circulaires 50 027.75<br />

Matériel d’information 7 288.60<br />

Salaires 63 299.15<br />

Prestations sociales 13 554.10<br />

Matériel de bureau 6 257.30<br />

Frais de comptes (banque et poste) 864.40<br />

Loyers (bureau et dépôt) 6 693.20<br />

Electricité 340.05<br />

Frais d’acquisition 1 592.05<br />

Photocopies 1 958,70<br />

Téléphone et fax 7 113.90<br />

Frais de port 9 735.50<br />

Assurances 189.—<br />

Amortissements 3 482.80<br />

Divers 697.95<br />

217 305.54 240 200.80<br />

Déficit 1995 22 895.26<br />

240 200.80 240 200.80<br />

L’assemblée générale du 1 er juin 1996 a adopté les comptes 1995 du BMF et reporté le déficit<br />

au bilan (voir ci-dessous).


Publications<br />

Par Roger Graf<br />

Exploitation des forêts:<br />

un livre très actuel du WWF<br />

Nigel Dudley, Jean-Paul Jeanrenaud &<br />

Francis Sullivan: «Bad Harvest? The Timber<br />

Trade and the Degradation of the World’s Forests»;<br />

WWF Grande-Bretagne; publié en langue<br />

anglaise par Earthscan Publications Limited,<br />

120 Pentonville Road, London N1 9JN;<br />

1995, 204 pages; prix: £ 12,95.<br />

Depuis des années, l’industrie du bois désigne<br />

la consommation de bois de feu et le défrichement<br />

au profit de l’agriculture comme<br />

les principaux responsables de la destruction<br />

des forêts. L’étude WWF publiée dans le livre<br />

«Bad Harvest?» arrive à une autre conclusion:<br />

le commerce du bois porte gravement atteinte<br />

à la biodiversité, beaucoup plus que toutes les<br />

autres causes, car il touche le plus souvent des<br />

forêts encore intactes ou de vieilles forêts secondaires.<br />

La moitié<br />

des 223 forêts<br />

du monde présentant<br />

la plus grande<br />

diversité végétale<br />

sont menacées par<br />

l’exploitation commerciale<br />

du bois.<br />

De plus, les coupes<br />

illicites jouent un<br />

rôle important dans<br />

plusieurs pays (Kenya,<br />

Zaïre, Thaïlande,<br />

Philippines,<br />

Cambodge, Laos,<br />

Vietnam, Indonésie,<br />

Brésil, Bolivie, Equateur et Russie). Ainsi,<br />

au Brésil par exemple, près de la moitié de<br />

l’acajou exporté jusqu’à ces dernières années<br />

l’a été illégalement.<br />

Différents chapitres du livre décrivent en<br />

outre le commerce mondial du bois et l’exploitation<br />

des forêts naturelles, avec des exemples<br />

de Russie, du Canada, d’Alaska, du Surinam<br />

et du Cameroun. D’autres chapitres sont<br />

consacrés à l’industrie du papier et proposent<br />

des solutions aux niveaux politique et économique<br />

(économie de marché), ainsi qu’au<br />

plan du management. Le livre oppose des arguments<br />

fondés aux semi-vérités sur la crise forestière<br />

mondiale affichées par les milieux politiques<br />

et l’industrie du bois, et suggère des<br />

solutions considérées comme judicieuses par<br />

le WWF.<br />

Un nouveau livre sur<br />

la forêt pluviale de Bornéo<br />

Florian Siegert: «Borneo – Leben im Regenwald»;<br />

publié en langue allemande; éd.<br />

Staatl. Museum für Völkerkunde München;<br />

1995, 114 pages; prix: 20 francs suisses<br />

(+ frais d’envoi); commande: BMF, Heuberg<br />

25, CH-4051 Bâle.<br />

Ce magnifique ouvrage décrit l’écosystème<br />

forêt pluviale, les peuples qui l’habitent<br />

et l’avenir des forêts tropicales. Un important<br />

chapitre est consacré à l’île de Bornéo et aux<br />

habitants des forêts de l’île. La vie dans les<br />

longues maisons des Dayak est décrite de manière<br />

détaillée. Le livre est illustré d’un grand<br />

nombre de superbes photographies en couleur<br />

et d’anciennes photos noir/blanc, ainsi<br />

que de nombreux croquis à caractère documentaire.<br />

Un bulletin spécialisé<br />

sur les forêts pluviales et les<br />

problèmes qui s’y rapportent<br />

«World Rainforest Report» est publié en<br />

langue anglaise par le Rainforest Information<br />

Centre, P.O. Box 368, Lismore NSW2480,<br />

Australie; 2 bulletins d’une trentaine de pages<br />

par année; abonnement annuel: 25 dollars<br />

australiens, frais d’envoi compris (en Australie:<br />

15 dollars).<br />

Ce bulletin contient des informations sur les<br />

problèmes liés aux forêts pluviales et à leurs<br />

habitants autochtones d’Asie, d’Amérique du<br />

Sud, d’Afrique et d’Australie: articles de fond<br />

et brefs comptes-rendus d’événements actuels;<br />

sur 4 pages sont exposées les différentes possibilités<br />

de soutien (par exemple: lettres de<br />

protestation); cette publication est indispensable<br />

aux personnes qui veulent être informées<br />

de manière détaillée et actualisée sur les questions<br />

touchant aux forêts pluviales.


Photo: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong><br />

L’abonnement à la lettre circulaire est GRATUIT.<br />

Les dons sont toujours les bienvenus.

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