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closky doc_Mise en p.. - FRAC Basse-Normandie

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LE <strong>FRAC</strong> BASSE-NORMANDIE PRÉSENTE<br />

CLAUDE CLOSKY<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

“À la fois proliférant, systématique et laborieux, l’art de Claude Closky <strong>en</strong> appelle à toutes les techniques et<br />

à tous les supports de la communication contemporaine. Du dessin au livre d’artiste, du collage à la photographie,<br />

de la vidéo au signal audio, de l’affiche au papier peint, d’internet au diaporama, de l’interv<strong>en</strong>tion<br />

dans la presse au briquet jetable, tout lui est bon dès lors qu’il peut y opérer détournem<strong>en</strong>ts et trafics de<br />

s<strong>en</strong>s. Ri<strong>en</strong> ne l’intéresse plus que ce qui touche au concept de communication, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du au s<strong>en</strong>s le plus large<br />

du mot : édition, <strong>doc</strong>um<strong>en</strong>tation, information, transmission, message, iconographie, etc.<br />

Énumération, classification, accumulation, ellipse sont les modes récurr<strong>en</strong>ts de son travail dans cette<br />

mesure où ils sont l’expression d’un vide. Du moins d’une forme de vanité contemporaine qu’illustre tant<br />

notre quotidi<strong>en</strong>, où nous sommes réduits à répéter les mêmes gestes, que notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, débordés<br />

que nous sommes par les objets et contraints à les stocker, les ranger et les classer. Closky ne cherche ri<strong>en</strong><br />

d’autre finalem<strong>en</strong>t qu’à interroger “la façon dont on perçoit le monde autour de soi “ et l’image que les<br />

médias nous r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t de nous –mêmes, de nos désirs et de nos fantasmes”.<br />

Philippe Piguet, extrait de “Claude Closky, des nombres, des mots, des images”, L’œil, n°548, juin 2003.<br />

SANS TITRE (BARTHEZ), 1999<br />

diapositives et projecteur de diapositives, 400 x 600 x 600 cm<br />

du 9 janvier<br />

au 12 février<br />

2 0 1 2<br />

tous les jours<br />

de 14h à 18h<br />

D. P. : Pourquoi la publicité et les médias<br />

constitu<strong>en</strong>t-ils pour toi cette sorte de<br />

paradigme idéal pour parler de notre<br />

rapport au monde ?<br />

C. L. : Parce que les médias sont omniprés<strong>en</strong>ts.<br />

Ils impos<strong>en</strong>t une grille de<br />

lecture à laquelle ri<strong>en</strong> ne semble échapper<br />

dans votre quotidi<strong>en</strong>. En créant de la<br />

valeur ajoutée à tel ou tel objet, ils sont<br />

source de frustration mais aussi de<br />

satisfaction. Ce que j’essaye de montrer,<br />

c’est une vision brute et subjective de ce<br />

quotidi<strong>en</strong>. Ensuite, au spectateur de faire<br />

la part des choses.<br />

Claude Closky, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec David<br />

Perreau, ars nova mediterranea, octobre<br />

2000, pp. 102-109<br />

“Je travaille les DIAPORAMAS comme mes VIDEOPROJECTIONS, <strong>en</strong> ram<strong>en</strong>ant à l’ess<strong>en</strong>tiel les variations<br />

<strong>en</strong>tre chaque vue. le DIAPORAMA est à l’image animée ce que le dessin est à la peinture. La DIA-<br />

POSITIVE, c’est la pellicule impressionnée sortie directem<strong>en</strong>t de l’appareil photo, sans recadrage ni<br />

retouche. Elle donne une appar<strong>en</strong>ce “vraie” à l’image et r<strong>en</strong>d l’objet qu’elle reproduit plus accessible.<br />

Pourtant, on compr<strong>en</strong>d au premier coup d’œil que les photographies que je projette sont issues de<br />

manipulations informatiques. Ce décalage nous r<strong>en</strong>voie à l’image que nous nous faisons du monde, qui<br />

s’appuie plus souv<strong>en</strong>t sur sa représ<strong>en</strong>tation photographique dans la presse, la publicité, le cinéma, etc.<br />

que sur notre expéri<strong>en</strong>ce vécue.” CLAUDE CLOSKY, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Bénédicte Ch<strong>en</strong>u et Frédéric Fournier,<br />

CRASH, hors série Art 2000, novembre 2000, pp. 26-27.<br />

9 rue Vaub<strong>en</strong>ard 14000 Ca<strong>en</strong> +33 (0)2 31 93 09 00 www.frac-bn.org ... / ...


MES 20 MINUTES PRÉFÉRÉES, 1993<br />

DVD PAL diffusé <strong>en</strong> continu sur moniteur, 20 mn<br />

“De l'une à l'autre, les collures sont quasi<br />

imperceptibles, à peine si le logo d'un<br />

plongeur qui symbolise l'étanchéité de la<br />

montre se déplace dans le cadre. Les minutes<br />

pass<strong>en</strong>t, on s'interroge sur la succession :<br />

aléatoire ? ordre caché ? Une suite cabalistique<br />

sous la forme du jeu, dont les règles<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t corps dans la subjectivité de<br />

Claude Closky. "Avec lui le temps devi<strong>en</strong>t<br />

vraim<strong>en</strong>t quelconque, ni historique, ni<br />

anecdotique, ni signifiant, ni vide. Un temps<br />

libéré de toute eschatologie…" 1 Pourtant,<br />

devant ce temps étrange qui défile sur le<br />

moniteur, le spectateur finit par trouver<br />

une forme d'harmonie : une certaine suite<br />

dans les chiffres, une symétrie dans les<br />

nombres, des répétitions. On traque les<br />

signes du destin, les coïncid<strong>en</strong>ces heureuses<br />

à l'intérieur même de ces formes insignifiantes.<br />

Perception du temps étrange, où les repères<br />

ordinaires se perd<strong>en</strong>t. Dans une société de<br />

plus <strong>en</strong> plus obsédée par la durée et la<br />

vitesse, par la conquête et la précision du<br />

temps, heure, minute, seconde, dixième,<br />

etc., Claude Closky nous met face à un<br />

temps intime, le si<strong>en</strong>. Chaque minute dure<br />

une minute, mais, l'ordre n'étant pas prévisible,<br />

il est impossible de savoir depuis combi<strong>en</strong><br />

de temps nous regardons ces minutes. Le<br />

classem<strong>en</strong>t de l'artiste détraque notre<br />

perception tout <strong>en</strong> nous émancipant du<br />

temps chronologique auquel notre quotidi<strong>en</strong><br />

nous soumet. Le temps de Claude<br />

Closky est du pur temps à consommer. Un<br />

temps qui r<strong>en</strong>voie à lui-même. Une succession<br />

d'instants qui illustr<strong>en</strong>t à merveille ce lieu<br />

commun : laisser du temps au temps.”<br />

Dominique Garrigues<br />

1 O. Zahm, Plaquette d'expositions De 1 à Z la philosophie<br />

de Claude Closky, <strong>FRAC</strong> Franche-Comté, 1994.<br />

Sources :<br />

http://www.newmedia-art.net/index.htm<br />

C<strong>en</strong>tre Georges Pompidou : http://www.cnac-gp.fr<br />

200 BOUCHES À NOURRIR, 1994<br />

dvd PAL diffusé <strong>en</strong> continu sur moniteur, <strong>en</strong> boucle<br />

“Des corps, des visages, des lèvres, bouches de solitaires, couples qui<br />

se nourriss<strong>en</strong>t, familles à table. Ça avale, ça mord, ça boit, des chocolats,<br />

du chewing-gum, des sandwiches, de la glace, des hamburgers<br />

et diverses boissons. Une mise <strong>en</strong> scène de l'être humain à travers<br />

ses regards et sa gestuelle : la publicité travaille les corps. Des<br />

<strong>en</strong>fants, des jeunes, des vieux, des roux, des bruns, des blonds, autant<br />

de beautés à la norme d'un signifiant télévisuel. Une vidéo qui reflète<br />

l'image idéalisée de la classe moy<strong>en</strong>ne des pays occid<strong>en</strong>talisés, une<br />

masse qui vit bi<strong>en</strong>, qui consomme ; une succession de chromos de<br />

vies humaines. Des images glacées qui vant<strong>en</strong>t la chaleur d'un monde<br />

prospère, qui attis<strong>en</strong>t l'esprit de convoitise et les soifs d'ambition.<br />

L'oeuvre est le résultat de trois jours de programmes télévisés<br />

<strong>en</strong>registrés <strong>en</strong> continu. Claude Closky <strong>en</strong> a prélevé les séqu<strong>en</strong>ces qui<br />

ont pour unique action l'absorption de nourritures, un rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t à<br />

la Perec où la publicité ti<strong>en</strong>t le beau rôle, celui d'offrir des images de<br />

paix et de bonheur - a contrario de la viol<strong>en</strong>ce de notre monde<br />

informationnel. Sous l'éclairage de ces représ<strong>en</strong>tations médiatiques<br />

qui s'offr<strong>en</strong>t comme modèles et vant<strong>en</strong>t les produits du monde des<br />

marchés, on plonge dans le conformisme des cultures. De cet<br />

universalisme publicitaire émerge un territoire : la géographie sans<br />

frontière des marques où communiqu<strong>en</strong>t les consommateurs. "[La<br />

consommation] instaure, grâce à sa qualité de pénétration totale dans<br />

le tissu social, une hyper-convivialité indiscrète, sans reste, sans<br />

échappatoire, que le sujet incorpore et qui lui procure sa substance la<br />

plus ordinairem<strong>en</strong>t actuelle" 1. L'indiffér<strong>en</strong>ciation qui gagne le monde<br />

circule dans cette vidéo.<br />

A contrario de son principe premier, cette imagerie finit par annuler<br />

toute illusion et donne à la fonction nourricière un air étrange,<br />

absurde. Une mise <strong>en</strong> boucle d'images jusqu'à l'indigestion visuelle.<br />

Claude Closky montre des petits gestes quotidi<strong>en</strong>s, anodins, mais qui,<br />

répétés inlassablem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> accus<strong>en</strong>t l'artificialité. Les images de<br />

diverses factures (vidéo ou photogrammes) ne subiss<strong>en</strong>t aucune<br />

retouche. Elles ont toutes la même valeur, ri<strong>en</strong> ne vi<strong>en</strong>t se détacher.<br />

Sinon un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t : le m<strong>en</strong>songe des messages ; ici les stéréotypes<br />

accolés à tous les produits r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t à la stupidité de l'esprit grégaire<br />

sollicité. Tout passe <strong>en</strong> boucle avec un air de déjà vu. Dans ce mixage<br />

publicitaire chaque image se munit d'un superlatif et noie le consommateur<br />

dans sa consommation.<br />

200 bouches à nourrir montre "une société où tout semble devoir être<br />

consommé, agitée par un principe d'autophagie fondam<strong>en</strong>tale : la<br />

société de consommation de soi." 2<br />

Dominique Garrigues<br />

1 Dominique Quessada, La Société de consommation de soi, éd. Verticales,<br />

1999.<br />

2 Ibid.

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